1Notre enquête a porté sur une maison à atrium toscan faisant partie d’un ensemble de demeures implantées sur le côté nord du decumanus maximus, à proximité immédiate du forum (fig. 18). La maison étudiée n’est séparée du forum que par une autre demeure dotée d’un atrium (Ambrosetti 1958). Ces deux habitations ouvrent sur la rue dont le trottoir est abrité par un portique. Il semble probable que ce portique supportait une avancée des pièces du premier étage, comme on le voit fréquemment à Herculanum (Maiuri 1958, p. 46-48).

2L’atrium (P4) est flanqué à l’est par deux salles équipées de cuves coniques (P1 et P12), au sud par une boutique (P2), à l’ouest par le moulin hydraulique (P3). Après les restaurations des années 1950 durant lesquelles les murs ont été reconstruits sur une hauteur de 0,50 m au moins, il n’est plus possible de déceler un passage entre le corps central (boutique 2, atrium 4 et pièce 5) et l’ensemble des pièces occupées dans la phase finale par le moulin hydraulique. Il est toutefois probable, à cause de la symétrie du plan et des dispositions de la maison voisine au nord-ouest, que la maison comportait originellement trois boutiques en façade et que, dans la phase finale, le moulin faisait partie du même ensemble. Le moulin était peut-être relié à la salle des cuves par un passage situé au nord des pièces 5, 10 et 11, dans la zone non fouillée car hors des terrains publics ; il est aussi possible qu’une porte n’ait pas été reconnue lors de la reconstruction des ruines.

3À l’ouest, l’ensemble formé par les pièces 3, 7, 8, 9, 10, 11 est rendu confus par l’accumulation de murs dont les restaurations rendent quasi impossible la lecture diachronique. Il semble que les murs 30-34 et 35-37-38 dessinent des pièces qui pourraient appartenir à la phase initiale de la maison : la pièce 7 mesure 3,25 × 3 m ; la pièce 10 est large de 1,66 m, le couloir 9 abritait un escalier conduisant à l’étage et dont la première marche est conservée (Se36). À une deuxième phase appartiendraient les murs 31, 32, 33 et 39. Les parties restaurées incluent des blocs de grand appareil qui sont peut-être de remploi ou tout aussi bien erratiques et abusivement accolés aux murs antiques.

4La partie méridionale est occupée par un moulin hydraulique qui occupe l’essentiel de la pièce 3 mesurant 9,00 × 6,47 m. Le canal d’amenée de l’eau et le coursier de la roue hydraulique sont creusés dans le trottoir à une époque postérieure à la construction de la maison, car le creusement du coursier a détruit la façade d’une boutique préexistante.

5Le corps central comprend une boutique P2 mesurant 6,40 × 5,90 m, ouverte totalement sur la rue par un seuil à rainure. De cette boutique, on accédait à l’atrium P4 par l’intermédiaire d’un seuil en pierre large de 2,20 m, aujourd’hui très restauré (fig. 19). L’impluvium est formé d’un dallage de calcaire reposant sur un lit de béton et entouré d’une bordure en blocs de calcaire. Cette bordure présente une moulure en forme de talon renversé (fig. 20).

6Le type de moulure rapproche cet impluvium de ceux en tuf de type A de Pompéi, datés principalement du ii^e siècle av. J.-C. (Fadda 1975 ; Dessales 2013, p. 334-337), mais la moulure elle-même, comportant un listel associé au talon, le matériau (calcaire) et la chronologie diffèrent, ce qui montre que les modèles de Pompéi ne sont pas directement applicables dans le Samnium.

7Du fond de l’impluvium, anciennement détruit, ne subsistent que le lit de béton et les arrachements des dalles en périphérie. L’évacuation de l’eau se faisait par un trop-plein ménagé dans la margelle, au niveau de l’angle sud (fig. 21). L’eau s’écoulait dans un tuyau fait de tuiles qui s’enfonce à la verticale dans le sol et que nous n’avons pas pu suivre.

8Au nord-est de l’atrium, la pièce 5, mesurant 4,90 × 3,54 m, était desservie par un couloir menant à l’arrière de la maison où devait se situer un espace ouvert. Une porte ouvrant sur le couloir mettait en communication la maison et la salle 1 mesurant 19,40 m de longueur pour une largeur de 7 m, si le mur 62 forme bien la limite orientale. Cette salle, à l’origine dotée d’un puits, comportait au moins six cuves tronconiques, probablement abritées par des auvents. Au nord s’étendait la pièce 12, large de 7 m mais dont la longueur est inconnue car elle s’étend sous un champ voisin. Cette salle abritait aussi des cuves tronconiques dont une a pu être fouillée.

Pièces 1 et 12

Murs et canalisations

9Ces deux pièces font partie d’un même ensemble artisanal doté de cuves tronconiques (fig. 22). La pièce 1 mesure 19,40 m de long et 6,85 m de large. La pièce 12 est plus étroite (4,50 m) et sa longueur est inconnue. La majeure partie de la pièce 1 a été dégagée dans les années 1950. La limite atteinte alors a été marquée par la construction du mur 45, qui chevauche les murs 8 et 42, la cuve 1 et le caniveau 6 (fig. 23). En 2007, l’extension de la fouille au nord-est du mur moderne a permis de dégager le mur 63, qui séparait dans l’Antiquité la pièce 1 de la pièce 12, ainsi que de découvrir le puits 65 et un réseau de canaux (fig. 24).

10Les murs 8 et 63 délimitent la pièce qui ouvrait sur la rue à portique par un large seuil à rainure 10-11. Les murs 7, 8 et 9 ont totalement été reconstruits lors des restaurations. Au-delà du mur 45, le tronçon du mur 8 qui a conservé son parement originel est en opus vittatum. Le mur 46 prolongeant le mur 7 n’a pas été restauré pour une raison inconnue. Son arase donne le niveau moyen des murs de la maison avant les restaurations. À son extrémité nord, un bloc de calcaire (58), intégré dans un tronçon de mur transversal, supportait probablement un poteau ou un pilier. Une autre base de poteau (Pi 58) est située dans l’alignement du mur 9. Les deux pourraient supporter les poteaux d’un portique.

11Le mur 62, en opus vittatum lié au mortier de chaux blanchâtre, forme la limite sud-est de la pièce 1 (fig. 24). Il est longé par le caniveau 61 qui se poursuit vers le sud, et il est percé dans une phase ultérieure pour laisser passer une arrivée d’eau pure se jetant dans le caniveau 61 (fig. 25). Le coude formé par cette nouvelle conduite provoquait des remous et des dégazages qui ont entraîné des dépôts de lamines de calcaire au niveau du coude. Un aqueduc a donc emprunté ce parcours à une époque relativement tardive.

12Le caniveau 64 est un aménagement tardif dont le fond est fait de tuiles et les bords de blocs de remploi liés au mortier jaunâtre. Sa construction a bouché la partie nord du caniveau 61. La fonction de cette structure n’est pas claire car elle bute contre le mur 62 et semble présenter une pente vers le puits. Il pourrait s’agir d’une surverse.

13Le caniveau 61 suit le mur 62 vers le sud, puis forme un coude pour rejoindre le caniveau 6. Ce dernier, au fond construit en tuiles, vient aussi du secteur du puits, longeant le mur 42, mais la liaison avec le puits n’a pas été trouvée : il pourrait s’agir de l’évacuation d’un bassin ultérieurement détruit. Bien que construits différemment (l’un en tuiles, l’autre en dalles), les deux caniveaux semblent contemporains : la tuile de jonction du caniveau 6 semble avoir été taillée avec précision pour s’ajuster aux dalles du 61. Le caniveau 6 est coupé par la cuve 5 (fig. 26). Après la jonction des deux caniveaux, le caniveau appelé 43 se dirige plein sud et passe sous le seuil 10 pour aller se jeter dans l’égout longeant la rue (fig. 27). Dans ce tronçon, son fond et sa couverture sont recouverts de dalles calcaires (fig. 28).

14Le mur 63 était percé en son centre par un large seuil fait de deux blocs provenant d’un seuil antérieur et réemployés (fig. 29). Les deux blocs Se 59 sont en calcaire blanc et présentent des encastrements pour des montants de bois et des crapaudines de bronze. Le mur lui-même est en opus vittatum incluant quelques tuiles et lié au mortier de chaux blanchâtre. Son extrémité nord-ouest est détruite par une fosse tardive ; elle devait s’appuyer contre le mur 8. Son extrémité sud-est est formée par un bloc bien équarri qui est bâti sur l’arase du puits 65, détruit pour la circonstance, et sur le mur 24/60 qui semble lui aussi avoir été rasé.

15Le mur 42/60 est construit en opus vittatum lié au mortier de chaux jaunâtre. Sa partie médiane inclut le puits 65 sans qu’on puisse assurer qu’il soit contemporain.

16Le puits 65 est chemisé en blocs calcaires de moyenne dimension, sans liant sauf pour les dernières assises qui forment la base d’une margelle (fig. 25). Cette base est liée, d’une part, à un pavement de dalles calcaires qui semble constituer la base d’un bassin et, d’autre part, au caniveau 61-43 qui devait évacuer l’eau. Les dalles de fond du bassin, qui devait servir de réserve d’eau ou de bac de lavage, portent des traces de piquetage aux endroits où devaient être scellées les plaques verticales qui le limitaient.

17Dans la zone comprise entre les murs 8, 9 et 47, certaines structures sont antérieures aux cuves qui les recoupent (fig. 31). Sur une fosse comblée avec des gravats provenant de la démolition de bâtiments incluant des enduits hydrauliques (01-028), sont construits les murs 9 et 47 associés au sol 01-029 fait de tuiles retournées. L’une des tuiles est éclatée par le feu et la terre alentour est rubéfiée : il y avait donc là un foyer. Cette structure pourrait correspondre soit à un four, soit au praefurnium d’une salle thermale mais l’absence de briques de pilettes d’hypocauste dans les remblais rend cette hypothèse improbable.

Cuves et dolium

18Sept cuves ont été mises au jour : six dans la pièce 1 et une (n^o 7) dans la pièce 12 (fig. 30). Dans la pièce 1, six cuves ont été dégagées dans les années 1950. Leur revêtement interne, originellement enduit de mortier de tuileau, a disparu aujourd’hui laissant voir leur structure. Au fond se trouve une bassine en céramique renforcée d’agrafes en plomb (fig. 32-33). Le rebord de la bassine supporte une paroi oblique construite en fragments de tuiles. Le parement interne de ces cuves montre deux appareils légèrement différents. La partie inférieure, au profil tendu, est composée de tuiles liées au mortier de chaux jaunâtre. La partie supérieure, haute d’une vingtaine de centimètres, est formée de tuiles liées par un mortier grisâtre. Cette réfection est liée au remblai 01-002 qui recouvre l’arase et le comblement de la cuve 6. Comme ce remblai contenait un mobilier datable de la fin du iii^e-début du iv^e siècle, il nous a semblé, lorsque nous avons fouillé ce secteur en 2004, que cette réfection était attribuable à un redimensionnement de l’installation au cours du Bas-Empire (Brun 2005, p. 339 ; 2006, p. 375 ; 2007, p. 306). Après avoir réexaminé plus en détail la qualité du mortier et l’avoir comparé à celui utilisé lors des restaurations modernes, nous concluons désormais que cette réfection et le remblai 01-002 sont attribuables aux travaux de reconstruction (fig. 34-35). Les cuves de la salle 1 étaient donc toutes arasées comme la cuve 6 et leur profondeur conservée était d’environ 0,55 m. Or, la cuve 7, totalement conservée, présente une profondeur de 1,05 m. Le sol correspondant, probablement en mortier de tuileau comme le sol 1-064, devait être situé 0,50 m au-dessus de l’arase de la cuve. Il a dû être détruit lors de la mise en culture de la zone.

19Il faut donc considérer qu’il n’y a qu’un seul état antique des cuves et que toutes fonctionnaient en même temps. L’étude du remplissage des deux seules cuves trouvées intactes, la 6 et la 7, montre qu’elles ont été comblées de gravats pour établir des sols après l’abandon de l’installation artisanale.

20Dans la pièce 12, la cuve 7 présente une construction identique au six cuves de la salle 1 (fig. 36). Son fond est fait d’une bassine en céramique (sans réparation au plomb). Sa paroi est construite en éclats de tuiles liés avec un mortier jaunâtre et elle est recouverte d’un enduit de mortier de tuileau épais de 2 cm environ. Tronconique, elle est profonde de 1,05 m et présente un diamètre de 1,30 m. Elle s’appuie contre le mur 63 et semble contemporaine du sol 1-064.

21Entre le mur 8 et la cuve 1, dans la pièce 1, une fosse US 1-026 contenait de grands fragments d’un dolium qui devait y être implanté (fig. 37).

Stratigraphie (fig. 38-40)

22US 01-001 : couche superficielle brune hétérogène et meuble dans laquelle ont été découvertes deux monnaies de 50 et 100 lires (1978) ainsi que des fragments de bouteilles de bière.

23US 01-002 : remblai brun et meuble composé de pierres, de tuiles, de déchets de bronze et de plomb, de céramique et de deux monnaies de Claude II le Gothique. Cette couche, située sous l’US 1-001 et sur l’US 1-008, recouvrait le comblement de la cuve n^o 6. Malgré l’absence d’intrusion moderne et la présence de monnaies romaines, ce remblai a été apporté lors des travaux de restauration des années 1950 en liaison avec la surélévation des parois des cuves.

24US 1-003 : comblement moderne de la cuve n^o 1.

25US 1-004 : préparation d’un sol constituée d’éclats de calcaire mis de chant. Cette couche est conservée le long du canal n^o 6, dans l’angle nord-est de la pièce 1. Il est possible qu’il s’agisse d’un lambeau du statumen du sol antique disparu.

26US 1-005 : remblai composé de terre brune meuble et de fragments de tuiles et de pierres, situé sous l’US 1-004 et sur l’US 1-006.

27US 1-006 : remblai constitué de terre brune meuble, de fragments de tuiles et de vaisselle, de quelques charbons et de mortier de chaux, situé sous l’US 1-005 et sur l’US 1-007.

28US 1-007 : couche de terre brun clair, située sous l’US 1-006.

29US 1-008 : comblement de la cuve 6. Ce remblai est constitué de terre noire, d’éclats de calcaire et de fragments de tuiles. L’US 1-008 est située sous l’US 1-002 et sur les US 1-009 et 10.

30US 1-009 : éléments de cloison en briques crues (5 cm d’épaisseur) jetés dans la cuve 6 au moment de son comblement. L’US 1-009 se trouve sur l’US 1-010 et sous l’US 1-008.

31US 1-010 : remblai constitué de terre charbonneuse, de fragments de tuiles et d’éclats de calcaire. L’US 1-010 est située sous l’US 1-008 et 1-009, et repose sur l’US 1-011.

32US 1-011 : remblai composé de terre charbonneuse, de pierres, d’éclats de taille, de chaux, de tessons et de quelques os. L’US 1-011 repose au fond de la cuve 6.

33US 1-012 : sol ( ?). Ce niveau est situé sous l’US 1-002 et repose sur l’US 1-013.

34US 1-013 : couche constituée de pierres et de cailloutis calcaires, située sous l’US 1-012 et sur l’US 1-014.

35US 1-014 : couche de terre noire géologique stérile avec quelques petites pierres.

36US 1-015 : couche d’occupation sur le niveau 1-016 au sud du mur 46. Terre noire, charbons de bois, éclats de calcaire.

37US 1-016 : couche d’occupation sur le remblai 1-021 : terre noire, charbons de bois, éclats de calcaire, fragments de tuiles.

38US 1-017 : remblai de terre noire le long du mur 45, correspondant au remplissage de la tranchée de fondation du mur moderne.

39US 1-018 : remplissage du caniveau 43. Terre noire, grosses pierres.

40US 1-019 : remplissage du caniveau 6. Terre noire, éclats de calcaire.

41US 1-020 : remblai d’éclats de taille de calcaire calant les parois du caniveau 6.

42US 1-021 : remblai de pierres et d’argile marron.

43US 1-022 : couche d’argile marron et de pierres roulées (= 1-013).

44US 1-023 : sol perforé par le creusement des cuves.

45US 1-024 : fosse creusée dans le sol 1-023. Terre noire, charbons de bois.

46US 1-025 : remblai du sol 1-023. Terre argileuse jaunâtre, mortier de chaux, pierres, cailloutis.

47US 1-026 : fosse de logement d’un dolium, comblée de fragments du dolium qui était implanté.

48US 1-027 : remblai de la tranchée périphérique de la cuve 3, coupant le sol 1-029. Terre argileuse marron.

49US 1-028 : comblement d’une fosse 1-030 creusée le long du mur 8. Le comblement est formé de pierres, d’éclats, de tuiles, de briquettes, de blocs de béton de tuileau, de fragments de mortier de chaux. Le mur 47 et le sol 1-029 sont posés sur le comblement de cette fosse.

50US 1-029 : sol formé de tuiles plates retournées. L’une d’elles est éclatée par le feu.

51US 1-030 : creusement de la fosse comblée par 1-028.

52[Les n^os 1-031 à 1-049 n’ont pas été attribués.] US 1-050 : couche remaniée liée à la construction du mur moderne 45.

53US 1-051 : couche de destruction formée de terre noire, de moellons de murs et de fragments de tuiles, recouvrant l’arase des murs et remplissant la fosse ayant détruit l’angle des murs 8 et 63.

54US 1-052 : couche de destruction identique à la précédente mais située entre les murs 60 et 62 et recouvrant l’arase du puits.

55US 1-053 : couche de terre noire sous 1-051 couvrant le seuil 59 et l’arase du mur 63.

56US 1-057 : comblement du puits 63 formé de terre noire contenant des pierres.

57US 1-059 : couche de destruction recouvrant l’arase de la cuve 1 : terre noire contenant des pierres.

58US 1-060 : couche d’argile claire déposée contre le mur 63 sur l’US 1-059.

59US 1-061 : niveau de gros blocs de calcaire dans le puits (sous 1-057).

60US 1-062 : couche de destruction au nord du mur 63, recouvrant l’arase de la cuve 7 : terre noire, rares petites pierres.

61US 1-063 : fin niveau d’occupation sur le sol 1-064 et sur le hérisson 1-066 (en fait, partie inférieure de l’US 1-062).

62US 1-064 : sol en opus signinum lié au mur 63 et au seuil 59.

63US 1-065 : radier du sol 1-064 formé d’éclats de calcaire de chant ou inclinés.

64US 1-066 : radier complétant l’US 1-65 au niveau du comblement de la cuve 7 (éclats de calcaire de chant ou inclinés).

65US 1-067 : comblement de la cuve 7 formé de terre noire, de pierres calcaires, d’éclats de tuiles, de fragments de l’enduit et des parties supérieures de la cuve.

66US 1-068 : remblai sous le hérisson 1-065 : terre argileuse, chaux, quelques pierres. Le mur 63 présente une fondation en bourrage de tranchée creusée dans ce remblai. L’US 1-068 s’appuie contre le ressaut de fondation du mur 60.

67US 1-072 : remblai de pierre comblant la fosse 1-073 qui coupe le remblai 1-068. Cette fosse semble contemporaine du creusement de la cuve 7 et immédiatement antérieure au hérisson 1-065.

68US 1-074 : remblai de terre argileuse, d’éclats de taille et de mortier de chaux sous le remblai 1-068 et coupé par la fosse 1-073.

69US 1-076 : remblai de terre argileuse, d’éclats de taille et de tuiles, passant sous le mur 60.

70US 1-080 : remplissage du puits formé de gros blocs de calcaire, de grands fragments de tuiles, de briques en quart de rond dans une terre marron contenant des nodules de chaux et de nombreux charbons.

71US 1-081 : remplissage du puits formé de mortier de chaux, de pierres et de tuiles.

72US 1-082 : remplissage du puits formé de terre très charbonneuse contenant des vases quasiment complets, des ossements et des pierres calcaires.

73US 1-083 : remplissage du puits formé de gravats, d’éclats de taille de blocs calcaires, de tuiles et de mortier de chaux.

74US 1-084 : remplissage du puits formé d’éclats de taille, de graviers, de tuiles, contenant des plats en sigillée italique, des vases en céramique commune et des os. En septembre 2006, lors de la fouille du puits, la nappe phréatique affleurait à ce niveau.

75US 1-085 : remplissage du puits formé d’éclats de taille et de fragments de tuiles.

76US 1-086 : couche de fonctionnement du puits : cruches et cols d’amphores dans une matrice de vase.

77US 1-087 : gros blocs de calcaire et quelques tuiles tombés au fond du puits.

78[Les n^os 1-088 à 1-099 n’ont pas été attribués. Les US 1-100 à 1-111 correspondent à un sondage effectué au sud de la pièce en 2008.]

79US 1-100 : terre noire remaniée correspondant aux travaux de restauration.

80US 1-101 : remblai de pierres calcaires et de tuiles dans une terre noire, probablement apporté pour niveler le sol lors des restaurations.

81US 1-102 : couche d’occupation sur le sol 103, terre noire contenant des charbons.

82US 1-103 : sol sur remblai de terre brune argileuse, avec pierres et fragments de tuiles.

83US 1-105 : remplissage d’une fosse formé de terre sableuse, de pierres, de tuiles. Stérile en matériel archéologique.

84US 1-106 : fosse mesurant 0,90 × 0,40 m.

85US 1-107 : remplissage d’un trou de poteau formé de terre sableuse et de pierres. Stérile en matériel.

86US 1-108 : trou de poteau.

87US 1-109 : remplissage de la tranchée de mise en place du caniveau 43 qui passe sous le mur 7.

88US 1-110 : tranchée de mise en place du caniveau 43.

89US 1-111 : terrain naturel dans lequel est creusée la tranchée du caniveau : terre marron, pierres calcaires émoussées.

Mobilier

90Monnaies

91US 1-001

92AE3 de Constance II, usé
A/ Buste diadémé à droite CO[NSTANTIVS] PF AVG
R/ Deux victoires [VICTORI] AE DD AVGGQ [NN] / —
RIC 72 ; date : 347-348.

93AE de Julien, en bon état
A/ Buste casqué cuirassé avec lance à gauche [DN] FL CL [IVLIA] NVS PF AVG
R/ Couronne avec inscription VOT/X/MUL/XX / ?
RIC 328 ; date : 361-363.

94AE3 de Constans ?
A/ Buste cuirassé diadémé à droite [CO] NSTAN-S PF AVG
R/ Deux victoires [VICTORIAE] DD AGGQ NN

95AE3 de Constance II
A/ Buste diadémé à droite CO[NSTANTivS] PF AVG
R/ Deux victoires [VICTORI] AE DD AVGGQ [NN] /—
date : 347-348.

96AE4, buste diadémé à droite, avec petite tête, fruste.

97AE3, tête à droite, fruste.

98US 1-002

99Antoninianus de Claude II, en bon état
A/ Buste cuirassé radié à droite IMP C CLAV-DIVS AVG
R/ Soldat tenant une branche et une lance, bouclier au pied VIRTVS [AVG] / —
RIC 109 ; BMC 313 ; date : début 269, frappé à Rome.

100Antoninianus de Claude II, en bon état
A/ Tête radiée à droite IMP CLAVDIVS AVG
R/ Jupiter tenant le foudre et un sceptre IOVI VICTORI / N
RIC 55 ; BMC 131 ; date : 269, frappé à Rome.

101US 1-006

102Antoninianus de Claude II, usé
A/ Buste radié à droite [IMP] CLAVDIVS AVG
R/Soldat tenant une branche et une lance, bouclier au pied [VIRTV] S AVG /—
RIC 111 ; BMC 318 ; date : 269, frappé à Rome.

103US 1-009

104As de Tibère, en bon état
A/ Tête laurée à gauche TI CAESAR DIVI AVG F AVGVST IMP VIII
R/ Caducée, PONTIF MAXIM TRIBVNICIA POTEST XXXVI/ S C
RIC 53 ; BMC 107 ; date : 34-35, frappé à Rome.

105US 1-015

106As d’Antonin le Pieux, usé
A/ Tête laurée à droite [ANTONINVS AVG PIVS P P TR P]
R/ Allégorie appuyée à une colonne.

107AE3 de Valentinien
A/ Buste cuirassé diadémé [DN VALENTINI-ANVS] P F AVG
R/ Empereur tenant le labarum et traînant un captif [GLORIA RO] MANORVM / R / SIS ( ?) date : 367-375, frappé à Siscia (?).

108US 1-016

109Antoninianus de Claude II divinisé
A/ Tête radiée à droite [DIVO CLAVDIO]
R/ Autel et flammes [CONSECRA] TIO date : 270-271.

110US 1-050

111Antoninianus d’Aurélien
A/ Buste cuirassé à droite IMP AVRELIANVS AVG

112R/ Soleil n^o 4 avec prisonnier à gauche ORIENS AVG / S
RIC LV-385-408 ; date : fin 273, frappé à Rome 6^e émission.

Objets en métal, céramique, verre et os

Phasage des pièces 1 et 12

113L’évolution de la salle 1 peut être synthétisée en six phases s’insérant dans la chronologie relative générale (voir infra p. 87).

Phase A

114Construction des murs 8 et 62, remblais 1-013, 1-021

115Cette phase correspond à la construction de la demeure. Le mur 8 en fait sûrement partie ; il est probable que le mur 62, qui limitait la maison vers le sud-est, appartient à la même phase. La couche la plus ancienne (niveau de pierres et d’argile 1-013 nivelé lors de la construction de la maison) a livré des tessons de céramique commune et d’amphore punique.

116Il est possible que le puits 56 ait été creusé dès ce moment ; néanmoins, étant intégré dans le mur 42/60 à moins qu’il ne le recoupe, il appartient plus probablement à la phase B.

Phase B

117Remblais 1-028, 1-030, 1-076, 1-074, 1-068, murs 42/60 et 47, caniveau 6, puits 56

118Lors de la phase B, plusieurs aménagements qui semblent liés ont été effectués. Une fosse 1-030, creusée le long du mur 8, est comblée avec des gravats provenant de la démolition de bâtiments (US 1-028). Sur cette fosse, qui a livré un mobilier datable du deuxième quart du i^er siècle, sont construits les murs 9 et 47 associés au sol 1-029 fait de tuiles retournées. L’une des tuiles a éclaté sous l’action du feu et la terre alentour est rubéfiée : ce foyer pourrait être soit un four, soit le praefurnium d’une salle thermale privée qui aurait été ultérieurement détruite par les cuves.

119Le mur 42/60, bordé par le caniveau 6, fait partie de ces aménagements. Le mobilier trouvé dans les remblais liés à sa mise en place (1-076, 1-074, 1-068) comprend un fragment de lampe à volutes, de la céramique à vernis noir, mais aussi de la sigillée italique et de la céramique à paroi fine dont une forme Mayet 35 qui commence à être produite sous Tibère et devient courante sous Claude.

120Le puits est vraisemblablement creusé et parementé à cette époque. Il est associé aux caniveaux 6 et 61/43, qui semblent fonctionner ensemble dans cette phase. La nature du mobilier fixe la datation de la phase B dans le deuxième quart ou vers le milieu du i^er siècle.

Phase C

121US 1-087 et 1-086

122À la fin de la phase B, le puits n’est plus entretenu régulièrement (des pierres et des détritus sont jetés ou tombent au fond), mais il continue d’être utilisé (US 1-087 et 1-086). Le mobilier de ces couches est datable du troisième quart du i^er siècle apr. J.-C.

Phase D

123Construction du mur 63, comblement du puits 56 par les remblais US 1-080 à 1-085 et 1-061, construction des cuves 1 à 7, fosse 1-073, remblai 1-072, radier de pierres 1-065, sols 1-064 (et 1-004 ?), dallage, caniveau 43/61

124La phase D est caractérisée par la mise en place de cuves de part et d’autre du mur 63. Le mur 63 inclut un seuil de remploi qui permettait de passer d’une salle à l’autre. À l’ouest du mur, six cuves au moins prennent place ; à l’est, la découverte d’une cuve identique témoigne de l’existence d’un ensemble qui doit se développer sous un champ situé au nord, qu’il n’a pas été possible d’explorer. Toutes les cuves sont faites sur le même modèle. L’homogénéité de leur conception comme de leur construction indique un seul et même projet. À cette phase appartient également la mise en place d’un dolium contre le mur 63, au niveau de la cuve 1 (1-026 et 1-030).

125Bien que la liaison entre la cuve 7 et le sol en opus signinum 1-064 ait été détruite à une époque tardive, il est certain que les deux font partie du même ensemble. Un fragment d’enduit incluant un morceau de tuile provient de la partie sommitale de la cuve 7 au niveau du raccord avec l’enduit d’un mur, probablement du mur 8. Le matériel trouvé dans le comblement de la fosse 73 et dans le radier 1-065 du sol 1-064 est analogue à celui des remblais de la phase précédente et doit être tenu pour résiduel : les tessons les plus récents sont des sigillées italiques Conspectus 3.2 et 20, datables de la première moitié du i^er siècle apr. J.-C., et un gobelet à paroi fine dont la production commence dans les années 30.

126En même temps que la construction des cuves, le puits fut bouché par les remblais US 1-085 à 1-080, 1-061. Ces remblais ont été déposés en une seule fois. Leur nature diffère peu, ils contiennent des blocs de pierre, des tuiles, des éclats de taille, du mortier de chaux et un mobilier contemporain de l’ultime couche d’utilisation du puits (1-086).

127Ce mobilier est par ailleurs similaire à celui qui a été trouvé dans les remblais sous le sol 1-064. Il est clair que le comblement du puits correspond à la phase de construction de l’installation artisanale et non à son utilisation. Le mobilier trouvé dans le comblement du puits donne la datation la plus précise, concordante avec celle du mobilier découvert dans les remblais : vers 70-90 apr. J.-C.

128La construction de la cuve 5 a provoqué la destruction partielle du caniveau 6 qui avait perdu sa raison d’être avec le comblement du puits. Désormais la canalisation 61-43, que l’on suit jusqu’à la rue, reste seule en fonction. Les dépôts de calcaire situés dans le coude du tronçon 61 montrent que c’est de l’eau pure qui coulait dans ce conduit. Cela signifie donc probablement qu’il était alimenté par l’aqueduc ; l’arrivée de l’eau de l’aqueduc a probablement rendu inutile le puits, entraînant son comblement. Au cours d’une phase postérieure mais non datable, le mur 7 a été édifié ; il est possible que sa construction soit liée à celle du moulin, mais on ne peut en donner l’assurance.

Phase E

129Continuation de l’utilisation des cuves ; recreusement du puits ; transformation des canalisations 61 et 64

130Au cours de cette phase, une tentative de curage du puits a été réalisée. Les travaux ont été abandonnés après avoir enlevé environ deux mètres de sédiments. Le caniveau 64, qui coupe le caniveau 61, appartient probablement à la même époque. Cela indiquerait que le puits fut recreusé, non pour atteindre la nappe phréatique mais pour recueillir des eaux. Le puits a été recomblé par la suite (US 1-057).

Phase F

131Mur 46, US 1-016, 1-063, 1-062, 1-059, 1-069, 1-102, 1-103 ; comblement des cuves 6 et 7 par les remblais 1-008, 1-009, 1-010, 1-011, 1-067, radier 1-066

132Le comblement des cuves 6 et 7, ainsi probablement que des autres cuves, doit être rapporté à un changement d’usage des pièces. La datation reste imprécise car les couches de comblement n’ont livré que peu de mobilier datable (un fragment de plat Hayes 50A dans l’US 1-008).

133Le remblai 1-067 et le radier 1-066 qui le surmonte contenaient un mobilier analogue à celui de la phase B : il s’agit certainement de fragments résiduels provenant des sédiments voisins réutilisés comme remblais. La couche d’abandon (US 1-062) qui les surmonte offre un mobilier du iv^e siècle avancé, mais il ne permet pas de préciser la datation du début de la phase D car ce mobilier lui-même pourrait être résiduel.

134Après l’abandon de l’installation, se sont déposés progressivement des niveaux de terre noire contenant notamment de la céramique sigillée claire C et D, dont des formes Hayes 61A, 61B et 81B courantes au v^e siècle.

135Dans la partie sud de la pièce, cette phase est matérialisée par la couche 1-016, sol de terre noire associé au mur 46 qui est construit à ce moment-là entre le pilier 57 et le mur 8. Au niveau du seuil 10 ouvrant sur la rue, le sol 1-103 est établi. Il est recouvert par la couche de terre noire 1-102 qui a livré un matériel indatable sauf un fragment de verre à pied Foy 21 à décor de filets ; ce dernier indique que la formation de cette couche a duré après la fin du v^e ou le début du vi^e siècle apr. J.-C.

Phase G

136Démantèlement des murs : US 1-051

137La phase G correspond à la destruction des murs suivie d’un nivellement des terrains. Cette phase n’est pas datable ; elle pourrait être liée à la mise en culture du site au cours du haut Moyen Âge, voire de l’époque moderne.

Phase H

138Restaurations de la fin des années 1950 : US 1-002

139Au cours des restaurations, la partie supérieure des cuves 1 à 5 a été reconstruite et le terrain a été nivelé en apportant le remblai 1-002, dont la fouille a livré des céramiques et des monnaies antiques.

Pièce 2

140La pièce 2 correspond à une boutique mesurant 6,40 × 5,90 m (ig. 51, 53). Dans une première phase, elle ouvrait largement sur la rue par un seuil à rainure fait de blocs de calcaire juxtaposés. Dans une phase ultérieure, l’ouverture a été partiellement bouchée du côté occidental par le mur 19, bâti légèrement en retrait du seuil. La boutique communiquait avec l’atrium 4 par un seuil 17 ménagé dans le mur 16. Large de 2,20 m, il est composé de trois blocs de calcaire.

Murs et aménagements

141Les murs 8, 15 et 16 ont été totalement reconstruits dans les années 1950 ; ils devaient être bâtis en opus vittatum formé de moellons de calcaire local liés au mortier de chaux, comme on peut le voir à leur base (fig. 52).

142Le mur 19 mesure 2,75 m de longueur, il réduit d’autant l’ouverture de la boutique dont le seuil a été réaménagé. L’élévation aujourd’hui visible résulte de la reconstruction des années 1950 (fig. 51-52).

143Le mur 66 est formé de grandes pierres calcaires à peine équarries, sans liant de chaux (fig. 54). Seule la fondation étant préservée, il est possible que l’élévation ait été liée au mortier de chaux.

144Les murets 55 et 72 sont construits en moellons de récupération. Postérieurs à la destruction de la mosaïque 2-002, ces murets et le remplissage qu’ils contiennent délimitent une banquette située entre eux et les murs 15 et 19. Cette structure aujourd’hui arasée pourrait avoir supporté un foyer de forge. Les trous de poteaux 2-014 et 23, symétriquement disposés de part et d’autre de la structure 67, pourraient faire partie d’un aménagement de cette banquette.

145Le socle 67, mesurant 0,80 × 0,60 m, est formé de pierres bâties au mortier de chaux (fig. 55-56). Au centre se trouve une dépression hémisphérique portant l’empreinte d’un fond de bassin, en métal probablement. C’est vers cette structure que se dirigent le tuyau d’amenée d’eau en plomb 69 et le tuyau d’évacuation 68. Il semble donc que cette structure, postérieure à la mosaïque 2-002, portait un bassin.

146La canalisation 68, formée d’imbrices maçonnées, servait à l’évacuation des eaux. Elle devait récupérer les eaux du bassin 67 et les évacuer vers l’égout dans la rue. Au milieu de la pièce, la canalisation plonge et n’a pas pu être suivie (fig. 57).

147Le tuyau 69 est une conduite en plomb présentant une soudure médiane et un raccord soudé entre deux tronçons. Il a été cassé et récupéré à ses deux extrémités (fig. 58).

148Le tuyau en plomb 70 est perpendiculaire au précédent, amenant l’eau depuis la conduite dans le trottoir. Au niveau du seuil se trouve une soudure entre deux tronçons (fig. 59-60). Le tronçon qui s’engage dans le trottoir a été anciennement cassé et récupéré, peut-être lors du creusement du canal d’amenée d’eau au moulin. Le tuyau porte l’inscription : Verus Saepin(atium) fecit (fig. 61-62). Verus était un artisan, esclave public de la cité. Un tuyau provenant de Saepinum porte une inscription identique. Il est daté du début du i^er siècle apr. J.-C. mais on ne sait sur quelles bases1. Nous verrons plus loin qu’il fut installé dans la maison au cours du iii^e siècle, mais c’était peut-être une récupération.

Stratigraphie (fig. 63-66 et 70)

149US 2-001 : terre végétale remaniée.

150US 2-002 : sol de mosaïque grossière blanche partiellement conservé en plusieurs endroits de la pièce.

151US 2-003 : remblai du sol US 2-002.

152US 2-004 : comblement d’une fosse coupant le sol en mosaïque 2-002 : tuiles, moellons de calcaire, charbons, scories de fer.

153US 2-005 : couche de destruction (fragments de tuiles) sur le sol 2-002.

154US 2-006 : comblement d’une fosse à l’angle des murs 15 et 16.

155US 2-007 : comblement de fosse : tuiles, pierres.

156US 2-008 : creusement de fosse.

157US 2-009 : comblement de la fosse 2-008 : terre noire, charbons, tuiles, pierres.

158US 2-010 : creusement d’une fosse comblée par l’US 2-011.

159US 2-011 : comblement de la fosse 2-011 : terre noire, charbons, scories de fer et de bronze, tuiles.

160US 2-012 : socle formé de fragments de tuiles liés au mortier de chaux ayant détruit le sol en mosaïque 2-002.

161US 2-013 : couche de destruction recouvrant le socle 2-012 et ses abords : pierres, tuiles, scories.

162US 2-014 : calage de tuiles verticales dans la fosse 2-016 qui perfore la mosaïque ; symétrique du trou de poteau 2-023.

163US 2-015 : mortier de chaux de la structure 67.

164US 2-016 : remplissage de la fosse 2-020 dans laquelle était fixé un poteau : pierres, tuiles, scories, charbons.

165US 2-018 : remblai compact situé au nord-est du mur 66, coupé par le mur 16.

166US 2-019 : remblai compact situé au sud-est du mur 66, sous l’US 2-003 : terre marron, nombreux charbons de bois, traces de foyers.

167US 2-020 : creusement de la fosse comblée par l’US 2-016.

168US 2-021 : remblai situé entre les murs 55-72 et 19 : tuiles, blocs de pierre. Ce remblai semble constituer le remplissage d’une banquette.

169US 2-022 : remblai de petites pierres sous 2-003.

170US 2-023 : trou de poteau symétrique du trou de poteau 2-014.

171US 2-024 : niveau de fragments de tuiles disposés au-dessus du tuyau 70 pour le protéger. À cet endroit, le sol en mosaïque est absent.

172US 2-026 : remblai sous l’US 2-019, lié au mur 66 : terre argileuse brune, pierres, charbons, scories.

173US 2-029 : creusement d’une fosse comblée par l’US 2-028 : tuiles, charbons, scories de bronze et creusets.

174US 2-030 : comblement d’une fosse recouvrant la structure 67.

175US 2-031 : creusement d’une fosse détruisant la structure 67 et comblée par l’US 2-030.

176[Les numéros 2-032 à 2-059 n’ont pas été attribués.]

177US 2-060 : couche de terre superficielle.

178US 2-061 : couche d’effondrement : pierres, chaux, marbre, tesselles de mosaïque.

179US 2-062 : couche de terre grise compacte reposant sur le sol 2-063. Ce sol pourrait correspondre à un niveau de chantier de restauration des années 1950.

180US 2-063 : sol en opus signinum recoupé par la tranchée 2-072 (fig. 67).

181US 2-064 : niveau de préparation de la chaux utilisée dans les restaurations des années 1950, analogue à l’US 2-062.

182US 2-065 : remplissage du trou de poteau US 2-066.

183US 2-066 : trou de poteau d’un diamètre de 0,30 m et d’une profondeur de 0,28 m, creusé dans le sol en opus signinum 2-063.

184US 2-067 : remplissage de la fosse 2-068 trouvée sous l’US 2-062 : tuiles et pierres.

185US 2-068 : fosse creusée dans le sol en opus signinum 2-063, mesurant 1,20 m de longueur et 0,45 m de largeur (non fouillée).

186US 2-069 : remplissage de la fosse 2-070 formé de terre charbonneuse.

187US 2-070 : fosse creusée dans le sol en opus signinum 2-063 d’une largeur de 0,52 m. Il semble s’agir d’un foyer.

188US 2-071 : remplissage de la tranchée US 2-072 couvrant le tuyau de plomb 70 : terre argilo-sableuse brune, tuiles, pierres, chaux, charbons de bois.

189US 2-072 : tranchée de mise en place du tuyau de plomb 70 coupant le sol 2-063 (fig. 68-69).

190US 2-073 : radier du sol en opus signinum 2-063, visible dans les endroits où la couche de mortier de tuileau a été détruite.

191US 2-074 : couche de tuiles disposées pour protéger le tuyau 70.

192US 2-076 : remplissage de la fosse US 2-077 : terre argilo-sableuse brune, tuiles, chaux.

193US 2-077 : petite fosse qui coupe le sol en opus signinum 2-063.

194US 2-078 : remblai de préparation du sol en opus signinum 2-063 : terre jaune contenant des gravats (tuiles, chaux, pierres, enduits).

195US 2-079 : remblai de terre argileuse brune compacte contenant des tuiles, des scories, de la chaux et des charbons ; situé sous le remblai 2-078.

196US 2-080 : remblai de terre brune contenant de nombreux charbons, des tuiles, de la chaux, des éclats de taille ; situé sous l’US 2-079 et sur le substrat 2-081.

197US 2-081 : substrat : terre argileuse brune.

Mobilier

198Monnaies (fig. 71)

199US 2-060
Denier de Vespasien
A/tête laurée à droite IMP CAESAR VESPA-SIANVS AVG.
R/la Paix assise tournée à gauche, tenant un rameau et un caducée COS ITER TR POT.
RIC 10 ; BMC 26 ; date : 70 apr. J.-C., frappé à Rome.

Objets en métal, céramique, verre et os

Phasage de la pièce 2

Phase A

200Mur 66

201La première phase est caractérisée par le mur 66 dont seule a subsisté la fondation posée dans une tranchée creusée dans le substrat. Cette fondation est incomplète : dans la partie est de la pièce, la structure a été épierrée. Aucun niveau de sol ou de remblai ne peut être mis en relation avec ce mur.

Phase B

202Murs 8, 15, 16, remblais 2-026, 2-019 et 2-080 ; sol 2-063, US 2-073 et 2-078, seuils 51-52

203La phase B correspond à la construction de la maison à atrium et des boutiques qui ouvrent en façade. Sont alors édifiés les murs 8, 15 et 16 ainsi que les seuils 51-52 et 17. Le sol de la boutique fut réalisé en opus signinum (2-063), sur des remblais reposant sur le sol naturel. Le remblai 2-026 et la recharge 2-019 ont livré de la céramique à vernis noir et à paroi fine ainsi que des fragments d’une lampe à volutes et de vases en sigillée italique. Les fragments les plus récents (Conspectus 20, Mayet 2 et 29) ne sont pas antérieurs au premier quart du i^er siècle apr. J.-C.

Phase C

204Tuyaux 68, 69, 70, seuil 53, structure 67, remblais 2-003, 2-022, 2-023 et sol 2-002

205La phase C est marquée par la mise en place d’un réseau de tuyaux de plomb et la pose d’une mosaïque faite de tesselles grossières de calcaire blanc (2-002) sur le remblai 2-003 qui est postérieur au sol 2-062. Ce dernier recouvre en partie le comblement de la tranchée de mise en place du tuyau 70 (remblai 2-071). Le sol en mosaïque est bâti sur les deux tuyaux d’amenée d’eau en plomb n^os 69 et 70 et sur le tuyau d’évacuation 68 fait de tuiles rondes. Les tuyaux conduisent l’eau sous pression, d’une part, à une sorte de vasque, peut-être en métal, supportée par un socle maçonné 67 et, d’autre part, à l’atrium, probablement pour alimenter une fontaine placée dans l’axe de l’entrée et se déversant dans l’impluvium. La structure 67 pourrait correspondre à un point d’eau ou à une fontaine.

206Le remblai 2-071 comblant la tranchée de mise en place du tuyau 70 a livré un tesson de sigillée claire C. La pose des tuyaux et du sol en mosaïque grossière est donc postérieure, peut-être de beaucoup, aux années 230 apr. J.-C. Cette phase pourrait durer jusqu’à la fin du iv^e siècle.

Phase D

207Murs 19, 55, 56, 72, remblai 2-021, trous de poteaux 2-065/2-066, fosses 2-006, 2-007, 2-016, 2-020, 2-028, 2-029, 2-067, 2-068, foyer 2-069/2-070

208La phase D marque de profonds changements. D’une part, le seuil de la boutique est partiellement bouché, d’autre part, un atelier de métallurgiste est mis en place dans la boutique. Contre le mur 19 est édifiée une banquette limitée par les murets 56 et 72 ; elle servait probablement de foyer et d’établi du type de ceux connus par les représentations de métallurgistes2. Des trous de calage indiquent la présence de poteaux peut-être utilisés pour fixer des soufflets. Il est possible que la structure 67 ait continué de fonctionner avec un autre usage (bassin de trempe ?), mais il semble qu’à cette époque l’adduction d’eau était hors d’usage.

209L’activité métallurgique a provoqué de nombreux déchets : charbons de bois, scories et fragments de creusets. Une partie de ces déchets a comblé des fosses dont l’utilisation primaire échappe (2-006, 2-007, 2-028, 2-029, 2-016 et 2-020). Le mobilier trouvé dans ces fosses est rare et en grande partie résiduel (i^er siècle av. et apr. J.-C., ii^e siècle apr. J.-C.) ; un tesson de verre Isings 109, datable de la première moitié du v^e siècle, est probablement contemporain de cette phase.

Phase E

210US 2-013, 2-060, 2-061, 2-062, 2-064

211La phase finale de la demeure est marquée par quelques lambeaux de couches d’effondrement, en partie remaniées lors des premières fouilles. Ils contenaient un mobilier résiduel datable du iii^e au v^e siècle et des fragments plus tardifs provenant d’une lampe africaine Atlante X et d’un verre Isings 111, qui témoignent de la fin de l’occupation dans le courant du v^e siècle.

Moulin hydraulique dans la pièce 3

212Dans la phase finale d’occupation, la pièce 3 abritait un moulin à eau alimenté par un aqueduc dont le conduit passait dans le trottoir 10. Lors des dégagements des années 1950, l’état de conservation était suffisamment bon pour que les vestiges soient d’emblée correctement interprétés, mais on ne connaît pas l’état exact du site faute de documents. Aucune photographie prise au moment de la fouille ne nous est parvenue3. Les restaurations engagées immédiatement après les dégagements ont altéré irrémédiablement la perception du site ; la totalité des murs et des dallages ont été reconstruits, ce qui cause de sérieuses difficultés d’interprétation.

213Le moulin hydraulique est implanté dans une salle mesurant 9,40 m de long par 6,50 m de large. Elle est délimitée au sud par le coursier de la roue à augets qui occupe la presque totalité de la façade, au point que seuls deux étroits passages sont ménagés entre le coursier et les murs 15 et 49, si tant est que les murs 26, 27 et 29 ne dépassaient pas le niveau du sol (fig. 73 et 75). Les deux murs est et ouest (M15 et 49) ont été totalement reconstruits et aucun passage n’est aujourd’hui visible dans le mur 15. Le groupe de murs 30, 31 et 32, qui limite la pièce au nord, est composite, mais les restaurations sont telles qu’il est difficile de distinguer les phases.

214Les structures excavées, coursier 20 et puits d’engrenage 21, sont les mieux conservées, mais nous verrons que, là aussi, les restaurations des années 1950 en modifient l’aspect originel.

215Le moulin a été construit dans une phase d’aménagement postérieure à l’implantation originelle. En effet, le coursier fut creusé sur le trottoir en détruisant la façade primitive. Lors de la phase ancienne, la pièce 3 faisait pendant à la pièce 1 et servait de boutique, comme les pièces 1 et 2.

Murs et pilier

216Des murs 15 et 39, seules les fondations sont observables (fig. 74) : elles sont formées de moellons calcaires à peine équarris, liés par un mortier de chaux jaunâtre, et débordent d’une douzaine de centimètres par rapport à la réfection moderne.

217Les murs 32, 33 et 39 délimitent la pièce 8 et les murs 30, 34 et 35 la pièce 7. Du fait de la reconstruction, leur examen ne permet pas de décider quelle pièce fut construite la première. Les deux murs 30 et 32 sont occultés par le mur 31 qui inclut deux blocs calcaires moulurés de remploi. Si ces blocs, provenant d’un monument public, sont en place, ils pourraient indiquer que le mur est tardif.

218Le pilier 50, formé d’un assemblage de blocs de calcaire, pourrait avoir soutenu une poutre transversale supportant soit une toiture, soit une pièce située à l’étage supérieur.

219Le pavement de dalles de calcaire qui entoure le puits d’engrenage a été intégralement réalisé lors des restaurations. Les sondages effectués sous le dallage montrent qu’il repose sur un remblai moderne et que les pierres sont liées au ciment gris. Toutefois cette reconstruction n’est peut-être pas totalement arbitraire : existait-il quelques traces d’un dallage antique qui s’arrêtait au niveau du pilier 50 ? Il est donc possible que la partie nord de la pièce, entre le pilier et le mur 31, ait été découverte afin de ménager un puits de lumière. L’absence d’évacuation des eaux de pluie fragilise néanmoins cette hypothèse et il faut probablement restituer un étage couvrant les pièces 3, 7 et 8.

Coursier 20

220Le coursier est le bassin dans lequel tourne une roue à augets, ici alimentée par une conduite arrivant à mi-hauteur (voir infra p. 83). Après avoir entraîné la roue, l’eau recueillie au fond du bassin était évacuée vers l’égout de la rue par le canal de fuite 79 (fig. 76).

221Le coursier 20, mesurant intérieurement 5,50 m de longueur par 1,20 m de largeur et 2,45 m de profondeur, est ceinturé par des murs construits en fragments de tuiles. Les parements internes étaient enduits d’un béton de tuileau qui recouvrait aussi le fond. Les parties supérieures des murs 27, 28 et 29 ont été remontées et restaurées. Le mur 26, qui sépare le puits d’engrenage du coursier, a été presque totalement reconstruit lors des restaurations modernes (fig. 77). Le niveau antique correspond à une fondation en mortier jaune-orangé incluant des galets et supportant une grosse pierre calcaire engagée dans le mur. Toute la partie visible du mur est moderne et le bloc de calcaire servant de palier à l’axe de la roue a été scellé arbitrairement à la place où on le voit aujourd’hui de façon à faire pendant au bloc inclus dans le mur 28.

222Le fond du coursier est pavé de tuiles agencées en 16 couples, les rebords étant scellés dans le mortier (fig. 76 et 78). Les tuiles sont recouvertes d’une couche de béton de tuileau. Les angles du fond et la partie inférieure des murs sont recouverts par des encroûtements calcaires provoqués par le brassage de l’eau et les éclaboussures dus à la roue.

223Le support du palier sud de l’axe de la roue est en place, mais la niche qui le surmonte est moderne (fig. 80-81). Le bloc, en calcaire dur, mesure 0,40 m de hauteur, 0,50 m de largeur et 0,30 m d’épaisseur. Il comporte en partie supérieure une encoche de 0,17 × 0,06 m dans laquelle devait être fixé le palier en métal supportant l’axe de la roue motrice. Les frettes de fer de son moyeu ont creusé des sillons semi-circulaires contre le bloc. L’axe de la roue devait présenter un diamètre de 0,24 m.

224Le support du palier nord est quasiment identique, mais ne présente pas de traces d’usure. Il semble avoir été arbitrairement scellé lors des restaurations dans le mur 26 en face du bloc du mur 28 (fig. 79). Or, cet emplacement est techniquement impossible dans la mesure où il occupe celui de l’axe de la roue motrice. Le bloc de pierre ne pouvait donc être situé qu’à l’extrémité du puits d’engrenage, scellé dans ou contre le mur 24. Nous avons recherché à cet emplacement un socle ou une trace d’un tel scellement, sans résultat concluant.

225Des blocs de pierre supportant les paliers de la roue ont été mis au jour dans plusieurs moulins hydrauliques antiques, par exemple à Barbegal, dans les moulins du Janicule et sur l’Agora d’Athènes ; leur emplacement est toujours situé contre le mur du fond du puits d’engrenage (Bell 1992, fig. 3 ; Parsons 1936, fig. 5).

226Le canal de fuite 79 s’ouvre dans l’angle sud-ouest du coursier. Son ouverture mesure 0,50 × 0,40 m ; le linteau est formé par une dalle de calcaire équarrie (fig. 79-80 et 82).

227L’amenée d’eau au niveau du trottoir et son évacuation dans un égout préexistant ont contraint les constructeurs à mettre en place une roue d’un diamètre de 2,20 m environ, alimentée à l’épaule. L’eau de la conduite remplissait donc des augets et la roue était mue par des forces combinant le poids de l’eau et son impact sur la roue.

Puits d’engrenage 21

228Le puits d’engrenage est l’espace semi-enterré dans lequel se situait le mécanisme mu par l’arbre horizontal de la roue à augets (fig. 83). Ce mécanisme comprend généralement un rouet, roue dentée verticale assujettie à l’arbre moteur, et une roue dentée horizontale, soit de même taille ou plus grande dans certains moulins antiques, soit souvent plus petite, nommée « lanterne ». Cette roue dentée est fixée à un axe vertical en fer, appelé « gros fer ». Cet engrenage transmet la force rotative à angle droit et peut donc actionner des meules horizontales (fig. 84).

229Le puits d’engrenage de Saepinum est exceptionnellement grand : 3,65 × 2,70 m. L’espace semi-enterré est ceinturé par les murs 23, 24 et 25, qui ont subi une réfection presque intégrale de leur parement interne lors des restaurations. Leur partie externe a été reconstruite sur une trentaine de centimètres en moyenne : la réfection est marquée par l’utilisation de ciment et par l’existence d’une tranchée moderne (US 3-031). Sous cette reconstruction, le mur antique est bâti contre terre sans tranchée de fondation : le mur 25 a donc été construit par placage depuis l’intérieur du bassin. L’irrégularité de la face ouest du mur le confirme.

230Le fond de la fosse est maçonné : au centre, un assemblage de huit tuiles plates est entouré d’un dallage de pierres. Cette disposition est inhabituelle : dans les moulins hydrauliques de Barbegal, de l’Auribelle-Basse, de Vareilles, des Mesclans, etc., les locaux techniques que sont les puits d’engrenage n’ont pas reçu de pavage. On n’y accédait pas, sauf pour des réparations. Seuls les moulins publics du Janicule présentent des puits d’engrenage pavés, mais ces derniers sont petits et adaptés à des rouets.

231Le nettoyage et les sondages qui ont été effectués en 2009 ont montré que le dallage de pierres qui entoure les tuiles au centre du puits est moderne. Il est possible que les restaurateurs des années 1950 aient trouvé des restes de pavement autour des tuiles et qu’ils aient voulu le restituer partout, mais ce n’est pas certain : ils ont peut-être créé ce dallage de toutes pièces pour assurer la liaison entre le mur et les tuiles. Le ciment gris qui scelle les dalles repose sur un mortier de chaux antique de couleur jaune-orangé. La surface de ce mortier n’est pas lissée et le blocage semble avoir supporté soit un muret autour du dallage de tuiles, soit un massif maçonné d’une certaine hauteur. Un sondage dans le mortier antique montre qu’il lie des pierres calcaires brutes, dont un fragment de mortier en calcaire blanc, sur une épaisseur de 0,30 m, et que ce radier supporte le dallage de tuiles.

232Au centre du local se trouve un rectangle de tuiles plates mesurant 2,30 × 1,25 m (fig. 83). Il est séparé du mur 24 par un espace de 0,90 m, du mur 23 par une distance équivalente et du mur 25 par une bande moins large, d’environ 0,60 m. Une fosse tardive creusée contre le mur 26 a détruit la liaison entre les tuiles et le coursier, mais il est probable que le dallage s’arrêtait à 0,45 m du mur. Les tuiles sont employées retournées, les rebords étant enfoncés dans la couche de mortier et de pierres, épaisse de 0,30 m. Les tegulae sont disposées par paires, quatre paires étant conservées et la cinquième en partie détruite. Un nettoyage minutieux des tuiles montre que la bordure externe du dallage est recouverte d’un scellement de mortier de chaux large de 0,16 m au nord, de 0,24 m à l’ouest et de 0,18 m à l’est (fig. 75 et 83). Plutôt que la trace d’un muret, ce scellement indique l’existence d’un massif maçonné entourant le dallage et le recouvrant partiellement. La surface des tuiles présente en deux endroits des éclatements dus à des impacts répétés (fig. 85).

233La partie sud du puits d’engrenage a été remaniée lors d’une phase postérieure : deux tuiles placées dans la partie sud du dallage furent enlevées à l’occasion du creusement d’une fosse 3-106, profonde de 0,50 m environ. Le terrain fut surcreusé selon un axe nord-sud, mettant au jour la fondation du mur 26 qui déborde de 0,21 m (fig. 79 et 83, au premier plan). Ce ressaut de fondation constitué de pierres calcaires bâties au mortier de chaux présente un bloc de calcaire faisant saillie sur 0,30 m. Le creusement de cette fosse est explicable par une transformation du moulin (voir infra p. 81, phase F, et p. 90, état 9).

Stratigraphie

234Quatre sondages ont été réalisés dans la pièce 3 afin de tenter de dater la construction du moulin hydraulique (fig. 86-87).

235Le sondage 1, implanté le long du côté est du puits d’engrenage entre les murs 15 (mur de délimitation de la pièce 3) et 25 (mur est du bassin d’engrenage), a montré que le dallage 3-022 a été posé à l’époque moderne.

236Le sondage 2 a été réalisé le long du côté ouest du bassin d’engrenage, sur une longueur de 2,60 m, entre le mur 23 (mur ouest du bassin d’engrenage) et le mur 49.

237Le sondage 3 a été pratiqué au sud-est du pilier 50 en retirant le dallage moderne afin de dater la mise en place du pilier.

238Le sondage 4 a porté sur le fond du bassin d’engrenage, mettant au jour une partie des structures antiques sous le dallage moderne qui entoure le pavement antique en tuiles.

239US 3-001 : nettoyage de surface.

240US 3-002 : couche de terre brune meuble contenant des pierres, des éclats de calcaire et des fragments de tuiles. Les dalles du sol 3-022 sont posées sur ce remblai moderne.

241US 3-003 : couche de cendre noire et de charbons ayant livré une monnaie d’Antonin. Le pilier 50 est fondé dans ce niveau.

242US 3-004 : remplissage d’une fosse : terre brune contenant des déchets métallurgiques.

243US 3-005 : couche homogène stérile située sous l’US 3-004. Les pierres de la première assise du pilier 50 sont posées sur ce niveau.

244US 3-006 : remplissage de la fosse 3-007 creusée dans l’US 3-005.

245US 3-007 : creusement d’une fosse dans l’US 3-005.

246US 3-022 : dallage moderne autour du puits d’engrenage. Les dalles reposent sur l’US 3-002.

247US 3-030 : terre brune foncée avec fragments de tuiles et quelques charbons de bois : remblai avec traces de béton moderne en surface. L’US 3-030 est située sous l’US 3-022.

248US 3-034 : foyers sous l’US 3-030. Terre brun foncé avec concentration importante de charbons délimitée par des pierres de chant.

249US 3-035 : terre brune avec inclusions de chaux, de petits charbons, de fragments de tuiles.

250US 3-036 : remplissage de la tranchée de fondation située sous l’US 3-030 du mur 15 : terre jaune sableuse, mortier décomposé.

251US 3-037 : creusement du foyer dans l’US 3-035.

252US 3-038 : terre brun foncé stérile et pierres, sous l’US 3-035.

253US 3-039 : remplissage de la fosse 3-040 : terre brune, fragments de tuiles, cailloutis contenant un bol fabriqué à Calès (fig. 88).

254US 3-040 : creusement de fosse dans l’US 3-038.

255US 3-041 : mortier décomposé, liant de gros blocs en vrac : bourrage derrière le mur du coursier.

256US 3-045 : remblai de terre brune, de fragments de ciment moderne, d’éclats de tuiles, sous le dallage.

257US 3-046 : remblai de terre brune compacte avec des charbons, de la chaux et des fragments de tuiles. Située sous l’US 3-045 et s’appuyant contre le mur 49, cette couche est coupée par le mur 23.

258US 3-047 : remplissage de la tranchée moderne située le long du mur du puits d’engrenage.

259US 3-048 : remplissage d’une fosse creusée dans l’US 3-049 : terre, pierres, tuiles, éclats de taille, mortier.

260US 3-049 : couche brun sombre stérile, analogue à l’US 1-008.

261US 3-050 : remblai composé de terre brune, de chaux, de charbons, de fragments de céramiques. Situé sous l’US 3-046, il remplit une dépression de l’US 3-049 et s’appuie contre le mur 49.

262US 3-100 : dallage de pierre mis en place lors des travaux de restauration.

263US 3-101 : lit de mortier moderne recouvrant les structures antiques.

264US 3-102 : dallage de tegulae retournées reposant sur un blocage de galets et mortier de chaux épais de 0,25 m environ.

265US 3-103 : construction large de 0,20 m qui entoure le dallage, faite de galets liés avec un mortier jaune-orangé. Les traces sur les tuiles montrent que cette structure débordait sur le dallage de 0,15 m.

266US 3-104 : blocage de galets, tuiles et fragments d’un mortier de pierre scellés par un liant jaune-orangé composé de chaux, de sable et de charbons de bois. La partie supérieure est irrégulière et la structure était plus haute originellement. La base des murs du puits repose sur ce blocage ; seule la première assise des murs est antique. Dans l’axe du puits d’engrenage, le blocage est surcreusé à l’emplacement où l’on attendrait la fondation du bloc servant de palier à l’axe de la roue, mais ce surcreusement ne montre aucune empreinte du bloc et peut être dû à une cause fortuite.

267US 3-105 : terrain naturel formé de galets de calcaire liés par un matrice de terre argileuse noire.

268US 3-106 : fosse oblongue creusée dans l’US 3-104.

Matériel

269Monnaies

270US 03-003

271As oncial de la République, usé, coupé en deux.
A/ Tête de Janus
R/ Proue à d. [RO] MA
Rome (Crawford 1974 p. 77-78) ; date : avant 91 av. J.-C.

272As d’Antonin
A/ Tête laurée à droite ANTONINVS [AVG PIVS PP TR P ?]
R/ Libertas tenant le pileus LIBERTAS COS II / S C
RIC 916 ; BMC 1944 ; date : 153-154, frappé à Rome.

273US 03-004

274AE3 de Valentinien
A/ Buste cuirassé diadémé DN VALEN[TINI-ANVS P F AVG]
R/ Empereur tenant le labarum et traînant un captif GLORIA R [OMANORV] M / […]
date : 367-375.

275US 03-006

276AE3 du iv^e siècle, fruste.

277US 03-048

278As de Trajan
A/ Tête laurée à droite [IMP CAES NERVAE TRAIANO AVG] GER [DAC] PM TR P CO[S V P P]
R/ Victoire, [SP] QR [OPTIMO] PRINCIPI / S C RIC 521 ; BMC 939 ; date : 103/111.

Objets en métal, céramique, verre et pierre

Phasage de la pièce 3

Phase A

279US 3-039, 3-040

280Dans la couche 3-038, composée de terre brune stérile contenant des pierres, qui correspond au niveau géologique, est creusée une fosse (US 3-040) dont le comblement (US 3-039) a livré des fragments de vaisselle en céramique à vernis noir datables du iii^e et du début du ii^e siècle av. J.-C., notamment un bol presque complet de forme Morel 2132 fabriqué à Calès.

Phase B

281US 3-034, 3-035, 3-037

282L’US 3-035 correspond au niveau d’apparition d’un foyer 3-034 situé au sud-est de la pièce et délimité par quatre pierres. Cette phase immédiatement antérieure à la construction de la maison n’est pas précisément datée car le mobilier trouvé dans ces couches est rare et banal (céramique à vernis noir et commune). Il pourrait s’agir d’une phase d’occupation temporaire durant les travaux d’édification des maisons.

Phase C

283Murs 15 et 49 ; US 3-036

284Cette phase correspond à la construction de la maison, marquée ici par les murs 15 et 49. La tranchée de fondation du mur 15 (US 3-036) contient peu de mobilier datable (céramique à paroi fine).

Phase D

285US 3-048 et 3-050

286Deux fosses creusées dans l’US 3-049 sont attribuables à cette phase. La fosse US 3-048, comblée de gravats, contenait un as de Trajan. Le comblement de la fosse US 3-050, limitée par le mur 49 et coupée par le puits d’engrenage, a livré peu de mobilier datable (un fragment de sigillée italique résiduel).

Phase E

287Murs 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 50 ; US 3-003, 3-046

288La réorganisation de l’espace occasionnée par la construction du coursier et du puits d’engrenage du moulin à eau a nécessité l’édification du pilier 50 ; un remblai contemporain de sa construction a livré une monnaie frappée sous Antonin, qui donne un terminus post quem à cette phase (US 3-003). Du côté est du puits d’engrenage, les US 3-035 et 3-038, coupées par le mur 25, n’ont pas fourni de mobilier datable. À l’ouest du puits, les niveaux situés sous l’US 3-045 (moderne) semblent en place : l’US 3-046, remblai lié à la construction du mur 23, a livré un tesson de sigillée claire C de forme Hayes 50A. C’est un indice que la construction du bassin d’engrenage est postérieure aux années 230 apr. J.-C. Un bord de grand mortier en calcaire a été remployé dans le blocage du sol (fig. 90) ; il existait aussi un autre mortier dont le fond, aujourd’hui déposé dans la pièce 8, a dû être découvert lors du dégagement de la pièce 3 au milieu des années 1950 (fig. 91). La destruction de ce mortier est peut-être à mettre en relation avec la construction du moulin.

Phase F

289US 3-106

290Cette phase est marquée par le creusement de la fosse 3-106 dans le dallage du puits d’engrenage.

Phase G

291US 3-004, 3-006 et 3-007

292Les comblements de fosses US 3-004 et 3-006, postérieurs à la fin du iv^e siècle, éventuellement rattachables à la phase F, sont probablement encore plus tardifs.

Phase H

293US 3-002, 3-022, 3-045, 3-100, 3-101

294Le dallage 3-022 est moderne, comme en témoignent les plaques de ciment retrouvées dans l’US 3-045, niveau de scellement des dalles. Un dallage du même genre a été posé autour des tuiles, au fond du puits d’engrenage (US 3-100). Un examen minutieux n’a pas permis de déterminer si ce dallage remplaçait un aménagement antique analogue ou s’il avait été posé sans autre justification que d’offrir une présentation agréable pour les visiteurs.

Trottoir devant la maison (zone 10)

Structures bâties (fig. 18 et 54)

295Un sondage effectué devant la boutique 2 sur toute sa longueur a dégagé le canal qui amenait l’eau au moulin depuis le château d’eau situé dans la tour sud de la Porta Benevento, ainsi que les vannes commandant la roue (fig. 92). Un second sondage a été pratiqué devant la pièce 1 afin de vérifier la continuité et l’état du canal (fig. 97).

296Le canal 77, large de 0,40 m, comporte un fond en tegulae. Il est bordé de deux murets construits en fragments de tuiles (trois rangs en partie basse), surmontés d’un rang de pierres qui devait supporter la couverture. De cette dernière ne subsiste qu’un bloc en place (n^o 52), épais d’une vingtaine de centimètres (fig. 65 et 93). Les parois latérales (mais non le fond) du canal sont enduites d’un béton de tuileau d’une épaisseur de 3 cm.

297À 0,20 m de la chute dans le coursier se trouve, sur la partie nord du canal, un bloc qui présente une rainure sur la face tournée vers le canal (fig. 94). Une pierre analogue lui faisait face, qui aujourd’hui a disparu. Elles forment les deux côtés d’une vanne qui permettait de fermer le canal d’amenée lorsqu’on voulait arrêter la rotation de la roue. Comme il est logique, l’eau était alors dirigée vers le canal de dérivation 78 qui s’ouvrait sur le côté sud. Là aussi se trouve un bloc identique, placé verticalement, dont la rainure servant de glissière à la vanne est tournée vers l’ouest. Le bloc symétrique a lui aussi disparu. Le canal de dérivation présente une forte pente en direction de la rue et devait certainement se jeter dans l’égout (fig. 94-95). Il a été coupé et détruit par une tranchée moderne destinée à placer des câbles électriques (fig. 97).

298Le canal présente des encroûtements calcaires particulièrement nets dans la partie avoisinant les vannes, dont la présence créait des remous favorables à la précipitation des carbonates (fig. 96).

Stratigraphie

299US 10-001 : couche de remblai correspondant aux nivellements consécutifs aux travaux de restauration.

300US 10-002 et 004 : couche de terre noire déposée au fond du canal d’amenée d’eau lors de son abandon.

301US 10-003 : remblai de pierres et d’éclats de taille déposé en arrière des blocs du trottoir. L’hétérogénéité du mobilier semble indiquer que ce remblai a été déposé lors de la restauration du trottoir.

302US 10-005 : fond du canal, fait de tuiles plates.

303Dans le sondage 2, situé sur le trottoir devant la pièce 1, la stratigraphie était identique. À cet endroit, le fond du canal d’amenée d’eau est dallé de tuiles retournées (fig. 98).

Matériel

304Le mobilier mis au jour dans le canal se limite à quelques tessons de vaisselle céramique et à deux fragments d’amphore.

305Le faciès du mobilier est relativement tardif mais on note quelques tessons résiduels, tels qu’un fragment de lampe et de vaisselle à vernis noir dans les US 10-003 et 10-004.

Phasage

306La stratigraphie fournit peu d’éléments utilisables d’un point de vue chronologique. La tranchée de mise en place du canal est perturbée par une tranchée moderne destinée à enfouir des câbles électriques. Il est étonnant que le comblement 10-003, qui semble lié à la mise en place des blocs supportant le portique, ait livré un mobilier aussi tardif que des céramiques sigillée claire C et commune à bord en poulie et un bord d’amphore Dressel 30. Il faut probablement envisager là aussi une perturbation liée à la restauration du trottoir dans les années 1950, à moins qu’il ne s’agisse d’une réfection.

307Le creusement du canal s’est accompagné de la désaffectation du tuyau d’adduction d’eau en plomb qui est cassé sous le seuil 53 et qui ne se continue pas au sud, comme s’il avait été arraché lors de la construction du canal.

308Le remplissage du canal, qui semble en place, a livré de la céramique sigillée claire D, dont une panse et une paroi de bol Hayes 91A : le canal était encore à l’air libre (mais pas forcément en fonction) dans la première moitié du v^e siècle4.

Évolution de la maison

309Il faut rappeler que l’absence de documentation sur les fouilles des années 1950, l’enlèvement des couches supérieures qui contenaient les témoignages de l’occupation du site durant l’Antiquité tardive et l’ampleur des restaurations (remontage systématique des murs et remblaiement de certaines zones avec des sédiments antiques remaniés) compliquent et fragilisent la tentative de reconstitution de l’évolution chronologique.

310Les grandes lignes sont assurées : la zone est occupée, comme le reste de ce secteur de Saepinum, dès le iii^e siècle av. J.-C. ; les maisons sont construites dans la première moitié du i^er siècle apr. J.-C., probablement vers 20-30 ; l’installation artisanale dotée de cuves est installée vers la fin du i^er siècle ; le moulin hydraulique est ajouté dans la seconde moitié du iii^e siècle ou au début du siècle suivant. Beaucoup plus incertains sont les états intermédiaires que la rareté du matériel ne permet pas d’ancrer avec précision dans la chronologie absolue. La phase finale d’occupation reste aussi sujette à discussion : les tessons de céramique les plus tardifs sont datables de la première moitié du v^e siècle, mais on n’est pas capable de préciser si, à cette époque, l’installation artisanale et le moulin fonctionnent encore ou s’ils sont abandonnés depuis un certain temps.

311Ces limites étant posées, l’évolution de la zone occupée par la maison peut être séquencée en dix états principaux, qui intègrent les phases individualisées dans chaque pièce.

État 1

312Cet état, antérieur à la construction de la maison, est marqué par une fosse (US 03-39), un niveau de sol (US 03-35) et un foyer. Le mobilier trouvé dans la fosse est datable de la seconde moitié du iii^e siècle et du début du ii^e siècle av. J.-C. La fosse est recouverte par le sol 03-35 dont le remblai contient un mobilier peu abondant et malaisément datable (ii^e siècle av. J.-C. ?).

État 2

313L’état 2 correspond à une première construction en pierres dont fait partie le mur 66 repéré dans la pièce 2 (fig. 100). Ses fondations, faites de gros blocs à peine équarris, devaient supporter une élévation de briques crues. L’absence de matériel associé ne permet pas de dater cette phase autrement que relativement entre le ii^e siècle av. J.-C. et le i^er siècle après J.-C. Cette structure bâtie pourrait être rattachée à la phase tardo-républicaine dont les vestiges ont été mis au jour dans les sondages effectués en 1976-1978 en bordure nord du forum et en 1958 dans la maison de « l’impluvio sannitico » (Ambrosetti 1958 ; D’Agostino, D’Henri 1982, p. 12-14).

État 3

314L’état 3 marque la phase majeure de construction de la maison. Sont alors mis en place l’atrium, les pièces ouvrant sur celui-ci et les trois boutiques ouvrant sur la rue (fig. 101).

315Les sols correspondant à cette phase sont mal conservés : autour de l’impluvium existent des lambeaux d’un sol en opus signinum qui semble associé au bassin et, dans la pièce 2, le sol en opus signinum 2-063 est seulement préservé dans la partie est. Les couches sous-jacentes montrent que la construction de la maison n’a pas pu intervenir avant les années 20 à 30 apr. J.-C. (état B de la pièce 2).

316Dans la pièce 1, le niveau de pierre et d’argile 1-013 a été nivelé lors de la construction de la maison, enlevant toute trace de l’occupation antérieure. La surface qui le recouvre (1-012) a livré des déchets de bronze qui peuvent témoigner d’un travail de bronzier immédiatement antérieur ou contemporain de la construction de la maison. Au nord-est de la pièce, le puits semble avoir été creusé à cette époque et il est utilisé avec des bassins et le caniveau 6, contemporains du mur 42.

317Dans la pièce 3, aucun sol de cette période n’a été mis au jour. On peut seulement lui attribuer la construction des murs principaux et la tranchée de fondation du mur 15.

318Si la maison est construite vers 20-30 apr. J.-C., il faut restituer une urbanisation progressive le long du decumanus, nettement après la construction des remparts.

État 4

319Cette phase est attestée seulement dans la pièce 1. Des remaniements sont alors effectués : une fosse est creusée le long du mur 8, en le respectant. Elle est comblée avec des gravats provenant de la démolition de bâtiments incluant des enduits hydrauliques. Sur cette fosse sont construits les murs 9 et 47, associés au sol 1-029 fait de tuiles retournées (fig. 102). L’une des tuiles est éclatée par le feu et la terre alentour est rubéfiée, ce qui indique un foyer. Cette structure pourrait être soit un four, soit le praefurnium d’une salle thermale privée (mais l’absence de briques de pilettes d’hypocauste dans les remblais postérieurs fragilise cette hypothèse).

320Le comblement de la fosse 1-028 a livré un mobilier datable du règne de Claude. L’état 4 doit donc être daté après les années 40-50 apr. J.-C. L’US 1-009 contenait un as frappé sous Tibère qui cadre bien avec cette datation.

État 5

321À la fin de l’état 4, vers la fin du troisième quart et dans le quatrième quart du i^er siècle, le puits de la pièce 1 ne fut plus nettoyé et des détritus (vaisselle, amphores, ossements) s’accumulèrent au fond en quelques années.

État 6

322L’état 6 correspond à la construction des cuves (cuves 1 à 6 dans la pièce 1 et cuve 7 dans la pièce 12), toutes bâties sur le même modèle : une bassine en céramique renforcée d’agrafes en plomb est posée au fond, la paroi conique est édifiée en fragments de tuiles liés à la chaux jaunâtre ; l’intérieur est enduit d’un mortier de tuileau. La construction des cuves a occasionné la destruction du mur 42 et du caniveau 6 (fig. 103). Ce dernier a été remplacé par le caniveau 43/61 aboutissant dans la rue ; il fut détruit lors de l’état 8 par le creusement du canal d’amenée d’eau au moulin.

323Le mobilier trouvé sous le sol 1-064, qui est contemporain de la cuve 8 (phase C des pièces 1/12), fixe la datation après le milieu du i^er siècle apr. J.-C. Le mobilier trouvé dans le comblement du puits et dans les couches d’utilisation (01-084-86) donne un terminus après le troisième quart du i^er siècle. L’état 6 couvre tout le ii^e siècle et une partie du iii^e siècle.

État 7

324La boutique 2 a subi au cours de cet état une transformation notable : des tranchées ont été creusées pour installer des tuyaux de plomb d’adduction d’eau et des tuyaux d’évacuation en céramique (fig. 104). Ces tuyaux sont liés à l’alimentation d’une fontaine dans la pièce 2 et d’un point d’eau dans la pièce 4 (atrium). L’état 7 doit être daté après le deuxième quart du iii^e siècle.

État 8

325Cet état est marqué par la construction du moulin hydraulique qui fonctionnait à cette époque avec un arbre à cames et des pilons (fig. 105).

326La datation est mal assurée dans la mesure où, du fait des remaniements causés par les restaurations, les couches liées à sa construction sont rares et contiennent peu de mobilier. Dans l’US 3-003, antérieure à cet état, la découverte d’une monnaie d’Antonin le Pieux assure que ces transformations sont postérieures au milieu du ii^e siècle ; dans l’US 3-048, la présence de céramique sigillée claire C repousse la datation après le deuxième quart du iii^e siècle, sans plus de précision.

327Le comblement des cuves 6 et 7 est-il intervenu au cours de cet état ? Nous l’avons pensé tout d’abord, car les remblais associés au comblement de la cuve 6 ont livré un mobilier comprenant de la sigillée claire C (Hayes 50A) et trois monnaies de Claude II le Gothique donnant un terminus post quem en 269. Cette position est exprimée dans les MEFRA (Brun 2005, p. 339 ; 2006, p. 375 ; 2007a, p. 306). Toutefois, nous avons vu plus haut que ces couches ont été remaniées lors des restaurations des années 1950 et qu’on ne peut pas se fonder sur elles. Nous pensons désormais que ces deux cuves ont été comblées plus tard, en même temps que toutes les autres, lors de l’état 9.

328La couche d’occupation 1-015 a livré une monnaie de Valentinien mais on n’est pas assuré que les cuves étaient encore en fonction lorsqu’elle a été déposée.

État 9

329Les transformations de la phase D de la pièce 2 sont attribuables à l’état 9 (fig. 106) : les couches en rapport avec le fonctionnement de la nouvelle entité ont livré un mobilier datable de la fin du iii^e siècle au début du v^e siècle.

330Dans la pièce 3, la chronologie relative des structures place le creusement d’une fosse oblongue 3-106, le long du mur 26 du puits d’engrenage du moulin après l’état 7 car elle détruit le pavement de tuiles. Les caractéristiques de cette fosse permettent de l’identifier comme le logement d’un rouet vertical, indiquant une modification technique du moulin : l’arbre à cames et les pilons sont alors remplacés par un engrenage mettant en fonction des meules rotatives (fig. 84).

331Dans les pièces 1 et 12, nous n’avons pas pu déterminer si les cuves restent en fonction à cette époque, Nous considérons comme probable qu’elles continuent d’être utilisées, mais peut-être pas dans les mêmes buts. Il semble que ce soit au cours de cette période que l’on a recreusé le puits, peut-être pour servir de puits perdu dans lequel se déversait le caniveau 64.

332Tant la salle des cuves que le moulin et la boutique 2 pourraient avoir été utilisés jusque dans la première moitié du v^e siècle : le comblement du canal du moulin contient de la sigillée claire D, notamment un bol de forme Hayes 91A qui indique un abandon du moulin postérieur au début du v^e siècle.

État 10

333Dans le courant du v^e siècle, la maison et l’atelier sont abandonnés (phase E des pièces 1 et 12), puis détruits alors qu’une autre partie de l’agglomération reste occupée (phase F des pièces 1 et 12) : c’est l’époque où se déposent les « terres noires » et où l’on creuse des fosses (phase G de la pièce 3). L’analyse micromorphologique effectuée par Cécilia Cammas dans la pièce 12 où était conservée la totalité de la stratigraphie montre que la phase d’occupation qui suit la destruction des maisons se caractérise par une accumulation rapide de minces remblais et de déchets contenant des graines, des fragments d’os brûlés, des déjections et des scories. Étienne Jaffrot, qui a réalisé l’étude de ces niveaux, aboutit à la conclusion que la couleur sombre des sédiments provient de la décomposition de végétaux et des matériaux de construction. Mélangées par une intense activité des vers de terre, ces terres noires seraient donc dues à une accumulation rapide de sédiments témoignant d’une continuité de l’occupation de certains secteurs de Saepinum sous une forme différente, probablement rurale, les anciennes pièces d’habitation étant utilisées pour la stabulation d’animaux d’élevage. La longueur de la phase de constitution de ces terres noires est difficile à estimer mais, la microstratigraphie montrant une formation rapide, il est possible que l’état 10 doive être borné à la période comprise entre la seconde moitié du v^e et le ix^e siècle, qui voit l’abandon total de l’ancienne ville.