Tremblements de terre, éruptions volcaniques et vie des hommes dans la Campanie antique
|La région phlégréenne
Considérations sur l’homme préhistorique et son environnement dans le territoire phlégréen
Note de l’éditeur
(pl. LXXXVIII-XCIX)
Texte intégral
Les photographies sont de M.A. Foglia ; je remercie pour les dessins M.mes E. Calvanese Nardella (Surintendance Archéologique de Naples et Caserte), M. Pierobon (Centre J. Bérard), M. Reduron (URA 28-CNRS) et M.A. Musto (Institut de Géologie de l’Université de Naples).
1La terre « phlégréenne » que secouent les soubresauts d’une gestation sans fin, est, en fait, une région exclusivement volcanique. Les reliefs, terrasses et collines, les dépressions, conques et lacs, sont entièrement dus aux mouvements structuraux tecto-volcaniques (fig. 1). Sources chaudes, fumerolles, exhalations sous-marines, émissions de substances volatiles (mofettes et solfatares), toutes les manifestations les plus typiques sont conditionnées directement ou indirectement par le volcanisme ; la sismicité de la région a la même origine — que ce soit le bradysisme, ce tremblement de terre lent, qui fait s’élever ou s’abaisser le sol — que les secousses de faible amplitude, rarement de grande violence, qui, de tous temps, ont intéressé ce territoire.
2Cette terre en travail, d’une vitalité toujours jeune, a inscrit son histoire sur les roches de tuf, de pouzzolanes, au cœur des différents matériaux pyroclastiques qui se transforment continuellement.
3La vie de l’homme dans ces espaces mutables apparaît plus qu’ailleurs étroitement, indiscutablement liée à l’histoire de la Terre. Histoire souvent violente qui a pu modifier l’évolution autonome des communautés antiques ou tout au moins conditionner de façon plus ou moins durable leur cadre écologique et économique.
4La présence de ponces et de lapilli au-dessus d'un certain nombre de gisements archéologiques permet de confirmer que des événements volcaniques ont effectivement eu une incidence sur la vie de l’homme (fig. 2). Leur date, leur importance, les conséquences qu’ils ont pu avoir restaient à préciser. Il nous a semblé utile de reprendre ces différentes données, afin d’évaluer à la lumière des études chronostratigraphiques récentes, l’histoire volcanique de l’arc phlégréen et, dans la mesure du possible, l’histoire du peuplement en rapport avec l’évolution paléogéographique du paysage régional.
Profil de l’histoire morphologique et volcanique de la région phlégréenne
5L’absence de l’homme primitif dans le territoire phlégréen est diversement interprétée par les rares auteurs qui se sont intéressés à la Préhistoire campanienne. Pour certains, les éruptions et le bradysisme auraient effacé les traces des plus antiques présences ; pour d’autres, en raison du milieu naturel peu propice à l’installation humaine, l’homme préhistorique aurait déserté la région.
6Bien que nous ne possédions aucun témoignage de cette période, il paraît surprenant que le littoral campanien ait été laissé à l’écart des territoires de chasse des populations qui, dès le Paléolithique ancien, fréquentaient Capri. Différents facteurs géologiques (volcanisme et tectonique) et climatiques (variation du niveau marin) ont, cependant, depuis cette époque, profondément modifié la morphologie du plateau continental qui émergeait au-devant de la ligne de rivage actuel. Il est possible que les dépôts du Paléolitique ancien se trouvent, aujourd'hui, dans les zones immergées du golfe napolitain.
- 1 Il s’agirait d’une ”pointe droite à retouches bilatérales, en silex blond à grains fins (inv. Musée (...)
- 2 La coulée trachytique qui forme le rocher cumain a été datée par analyse au K/Ar. autour de 36.750 (...)
- 3 Le seul exemple certain d’une éruption d’ignimbrites d’époque historique est celle advenue en 1912, (...)
7Durant le Paléolithique moyen, les grottes du Circeo et de Mondragone au nord, et au sud, la péninsule de Sorrente et le Cilento étaient habités avec une certaine densité et il est hors de doute que les groupes caractérisés par l’industrie pontinienne sur galets durent nécessairement traverser la Campanie, avant de s’installer sur les falaises et les dunes fossiles du Cap Palinuro et dans la plaine pestane. Jusqu’à présent, seul, un instrument, et de plus isolé, trouvé sur les pentes occidentales de l’acropole de Cumes, lors d’une prospection de surface, témoignerait de l’antiquité de la présence de l’homme sur ce site1. Toutefois, autour de 40.000 ans B.P., la région a connu une grosse activité explosive (formation des Tufs de Torre Franco, du Monte Grillo, de Marina di Vita Fumo) et effusive (formation de la coupole de lave de Cumes2 et de San Martino), concentrée dans le secteur oriental. De larges portions du précontinent étaient alors accessibles à l’homme préhistorique puisqu’en ce début du Würm III (époque du maximum régressif) la mer devait se trouver à environ 150 mètres au-dessous du niveau actuel. A la place du golfe de Naples s’étendait une vaste plate-forme (plage fossile tyrrhénienne) que dominaient les volcans des bancs de Misène et de Penta Palummo. Capri était sans doute encore reliée à la côte de Sorrente. Le rocher trachytique de Cumes avait une morphologie allongée qui émergeait de la plate-forme littorale, tout comme une série de proches reliefs d’origine volcanique et de récente formation (Marina di Vita Fumo, Monte Grillo, etc.). L’épouvantable éruption d’ignimbrites qui dévasta, il y a près de 31.000 ans B.P., la plus grande partie de la Campanie en l’ensevelissant sous un linceul de cendres grises incandescentes et en l’enveloppant de gaz brûlants épargna le littoral et le secteur insulaire de la région phlégréenne. Partout ailleurs, elle recouvrit et cacha les traces du passé, annula tous les reliefs sous plusieurs dizaines de mètres de tuf gris et empêcha durant plusieurs millénaires tout établissement humain sur la terre campanienne3.
8Il s’agissait d’éruptions nées de fractures ; les événements volcaniques ont dû être nécessairement précédés par une intense activité sismique d’origine tectonique qui a pu éloigner de ces lieux les populations et les inciter à s’installer dans les régions moins troublées.
- 4 C.A. Accorsi, E. Aiello, C. Bartolini, L. Castelletti, G. Rodolfi, A. Ronchitelli, Il giacimento pa (...)
9Le secteur côtier, qui avait été épargné par l’éruption de “Tuf gris campanien” fut, au contraire, au centre de l’activité volcanique qui se manifesta entre 29.000 ans B.P. ± 800 et 19.200 ans B.P. ± 270 autour de Prochyda (volcan de Fiumicello et édifices volcaniques situés dans le canal de Prochyda ou le long des principales lignes de faille qui parcourent l’île) et sur la bordure des Champs Phlégréens (volcans de S. Martino, de Torrefumo, de Torregaveta). Des cendres, des ponces et des scories recouvrirent les paléosols sur une épaisseur de plusieurs mètres ; une partie fut projetée à grande distance par les vents dominants. A Serino, en particulier, au-delà d’Avellino, les produits éruptifs, attribués aux volcans du canal de Prochyda, ont été reconnus au-dessus du gisement proto-aurignacien4.
- 5 Je tiens ces renseignements de G. Rolandi que je remercie.
10Dès lors, un long silence s’étend sur ce territoire. Il durera tout au long du Paléolithique supérieur. Une exploration attentive des paléosols anciens pourrait cependant être riche d’informations. Au-dessous des produits du volcan de Torregaveta, des ossements animaux ont été recueillis5. Ils devraient être, par leur position stratigraphique, vieux environ de 16.000 ans B.P. Leur étude et leur datation précise pourraient enrichir, en l'absence de matériel archéologique, le panorama paléontologique de la Campanie phlégréenne.
- 6 Pour une étude récente de la volcanologie phlégréenne, P. Di Girolamo, M.R. Ghiara, L. Lirer, R. Mu (...)
- 7 Les analyses des paléosols dans la formation des Tufs blanchâtres stratifiés de Soccavo ont donné l (...)
11Avec le 3ème cycle phlégréen, l’activité volcanique reprend avec une violence inattendue. Durant ce cycle mouvementé, il est possible de reconnaître des événements volcaniques de basse et très basse fréquence à intervalles chronologiques de 1.500-1.000 ans environ6. Au cours du cycle se formèrent un certain nombre de volcans, dont le Monte Echia et ceux qui sont à l'origine des “Tufs blanchâtres”. Les volcans rejetèrent une masse énorme de cendres qui comblèrent la région où s’étendent aujourd’hui Soccavo et Pianura7. C’est encore durant le Paléolithique supérieur que se forma le volcan de Torregaveta avant que l’éruption du “Tuf Jaune napolitain” ne modifie radicalement, dans l’espace limité de quelques jours ou de quelques semaines, la physionomie de la région. Une épaisseur homogène de plus d’une centaine de mètres formée de fins dépôts pyroclastiques, projetés à température élevée et à grande vitesse, recouvrit toute la région ; le réseau hydrographique disparut, la végétation fut détruite, les reliefs aplanis. Tout changea du Volturne jusqu’à Naples pour devenir durant de longs siècles une steppe désertique et poudreuse. L’effet destructeur sur d’éventuelles présences humaines et animales fut sans aucun doute total.
12Les épaisses couches stériles de tuf volcanique qui séparent les niveaux avec industries de type paléolithique supérieur aux restes de macrofaunes des niveaux mésolithiques des grottes de la péninsule amalfitaine (grotte La Porta, grotte du Mezzogiorno en particulier) et des grottes de l’arrière-pays campanien témoignent de l’étendue de la catastrophe.
13Les conséquences ont été immenses : même dans les régions périphériques, indirectement intéressées par l’éruption, la vie semble avoir connu une longue interruption. Dans le territoire napolitain, l’absence totale de sites mésolithiques pourrait être due aux conditions d’existence impossibles que présentait désormais tout le territoire.
14Au lendemain de la mise en place du “Tuf Jaune napolitain” — c’est-à-dire vers 13.000 B.P. — une grande partie de la masse projetée s’affaissa selon les lignes tectoniques d’orientation apenninique et antiapenninique. Il en résulta une large dépression, dont les bords correspondent aux hauteurs du Pausilippe, aux Camaldoli, à l’est et au nord, et de l’autre côté, à la bordure orientale de Quarto, au Mont S. Severino et au Mont de Prochyda.
- 8 Le Mt. Gauro devait apparaître au lendemain de sa formation comme un édifice énorme. La reconstruct (...)
- 9 Cette éruption est comprise chronologiquement entre 11.500 e 8.565 B.P. (Dates 14C des paléosols re (...)
15L’effondrement a dû se produire dans un intervalle de temps d’à peine quelques millénaires (entre 11.000 B.P. et 8.000 B.P. ans) — temps longs, certes, pour les historiens, temps courts pour les volcanologues — ; il coïncide sans doute avec les premières manifestations du 4ème cycle des Champs Phlégréens. La région centrale abaissée devint alors le théâtre d’une importante activité volcanique, à l’origine de la physionomie actuelle du secteur occidental de la plaine phlégréenne. De cette période date la formation du volcan du Monte Gauro (vers 11.000 ans B.P.)8. Les volcans de Punta dell’Epitaffio et de l’Archiaverne, se forment entre 10.000 ans B.P. et 8.000 ans B.P. Une puissante éruption (l’éruption des « ponces principales » d’Agnano) provenant d’un centre éruptif aujourd’hui enseveli par les formations volcaniques plus récentes recouvre alors la région de Naples sous plusieurs mètres de produits pyroclastiques (10.000 ans B.P.)9. Aux pieds de la colline des Camaldoli apparaît le volcan de Minopoli.
L’évolution des lignes de rivage au cours de l’Holocène
- 10 La structure massive de l’Archiaverne se reconnaît aujourd’hui encore dans le Monte della Ginestra (...)
- 11 La Punta dell’Epitaffio devait s’allonger profondément dans la mer, sur plus de 200 m ; aujourd’hui (...)
16En deçà de ces nouveaux édifices monogéniques, affleurent dans la dépression centrale des îlots volcaniques aux formes jeunes et quelques vestiges mineurs de la formation du “Tuf Jaune napolitain”. Ces bastions formidables qui offraient et offrent encore dans le cadre incertain d’une terre en gestation un refuge solide et salubre, dominant tout le reste du territoire, formaient jusqu’à Cumes, un groupe de reliefs peu éloignés des côtes que dominaient les hauteurs massives de l’Archiaverne10 et du volcan de Punta dell’Epitaffio11. C’est là qu’il faudrait chercher aujourd’hui d’éventuels vestiges des installations humaines que les grottes et les abris profonds ont pu conserver.
17Isolé, lui aussi, mais à brève distance du chapelet d’îles qui s’égrenait d’Ischia à la côte phlégréenne (Vivara, Prochyda, les îles aujourd’hui submergées du canal de Prochyda), le Mont de Prochyda a dû constituer longtemps un formidable relais vers la terre ferme. Il suffit d’imaginer, qu’avant la naissance des volcans côtiers du golfe de Pouzzoles, lorsque la mer bordait le mont « della Ginestra » et les reliefs du vieil édifice, antérieur au “Tuf Jaune napolitain”, qui se dressait dans le secteur de Capella, et pénétrait jusqu’au bas de la colline de Cumes, envahissant largement le chenal de Torre Cappella, le Mont de Prochyda formait une vaste île qu’un bras de mer peu profond reliait à Prochyda.
18Plus au large, les bancs de Penta Palummo et de Misène, sous l’action du mouvement général de subsidence qui intéressait le centre du golfe, subissaient une lente abrasion marine.
19Du côté du Pausilippe, la mer s’avançait jusqu’au quartier de la Canzanella, baignant toute une vaste région qu’occupent aujourd’hui les volcans d’Agnano et des Astroni. Aux pieds des Camaldoli, les conques de Soccavo et de Pianura, à côte élevée (actuellement elles sont respectivement à 50 m et à 150 m sur le niveau marin) constituaient des hauteurs morphologiques qui bordaient l’ancienne ligne de rivage. Le paléogolfe s’avançait jusqu’à l’enceinte de tuf jaune de l’Archiquarto, volcan situé à l’emplacement de l’actuelle plaine de formation plus récente. A l’ouest, il longeait la base du Mont Gauro et le bord de l’Archiaverne. La dépression de Toiano et de Pezza Lucana, formée successivement par un affaissement volcano-tectonique, n’existait pas encore (fig. 3).
20Le secteur entre l’Averne et le Mont Olibano est actuellement occupé par une falaise côtière (la terrasse de « La Starza ») qui s’élève au dessus du niveau marin de 25 à 40 m. Elle est formée principalement de dépôts de produits volcaniques qui se sont déposés alternativement à l’air libre et en milieu marin et témoignent des différentes phases de soulèvement et d’abaissement qu’a connues ce secteur. A cette époque, une partie de la terrasse de La Starza devait émerger. En effet, on remarque au bas de la série stratigraphique de la terrasse une couche de ponces, d’origine subaérienne, projetées par l’Archiaverne. Elles sont recouvertes sur une épaisseur de 6 à 8 mètres par des cendres fossilifères correspondant à la première transgression marine sur l’ancienne morphologie de la terrasse.
21Entre la seconde moitié du VIIème millénaire et le Vème millénaire avant J.‑C. (8400-6750 ans B.P.) les principaux changements de lignes du rivage se localisèrent au centre du golfe. L’édifice volcanique du Paleoagnano, formé antérieurement à 6750 B.P., séparait celui-ci en deux baies distinctes. Le volcan de La Pietra dont les dimensions étaient bien plus vastes de celles d’aujourd’hui formait un promontoire qui séparait le golfe de Pouzzoles de celui de Bagnoli.
- 12 G. Rolandi, L’andamento della linea di costa durante il ciclo vulcanico recente dei Campi Flegrei ( (...)
22Le premier dépôt de La Starza, constitué de cendres riches de coquillages fossiles (niveau B) a été daté dans l’intervalle chronologique 8400 ans B.P. - 6640 ans B.P. A cette même période appartiennent les dépots de plage signalés aux pieds du volcan de Quarto, lors de la construction d’un tunnel de la ligne de chemin de fer. Ces dépôts avaient été recouverts par les produits du volcan de Montagna Spaccata12.
23Ainsi il apparaît, que durant la période de transgression marine indiquée la ligne de rivage courait aux pieds du volcan de Quarto. L’ample zone de dépression était limitée à l’ouest par les reliefs du Mont Gauro et à l’est par le vaste cratère du Paleoagnano. Un bras de mer, bordé de chaque côté par les hauteurs des volcans, envahissait toute la plaine de S. Vito.
24Jusqu’à la Punta dell’Epitaffio, le golfe à l’ouest s’échancrait largement occupant toute la dépression de Toiano, aux pieds des jeunes volcans du Fondo Riccio et Concola. Monte Ruscello et Fondo Riccio avaient transformé le territoire depuis le Mont de Prochyda jusqu’au Mont San Severino en côte basse, envahie de lagunes par l’accumulation de leurs produits qui ont comblé les anfractuosités de la ligne côtière primitive.
25Un autre golfe, limité d’un côté par les reliefs du Paleoagnano et du volcan de la « grotte du Chien » et de l’autre, par la colline de Pausilippe, occupait la plaine de Bagnoli (fig. 4).
26Dans le golfe, les bancs de Penta Palummo et de Misène étaient désormais submergés.
27A partir de la première moitié du Vème millénaire avant J.‑C., sur le pourtour du golfe de Pouzzoles, apparaissaient de nouveaux édifices volcaniques qui faisaient reculer, petit à petit, la ligne de rivage. Les volcans, Montagna Spaccata et Pisani au nord, contraignaient la mer au delà des pieds du Paleoagnano ; le volcan de Cigliano restreignait encore le bras de mer qui pénétrait dans la plaine de S. Vito. Les produits des éruptions s’accumulaient dans la plaine qui devait apparaître désormais comme une vaste étendue marécageuse aux eaux stagnantes.
- 13 La date 4.110 B.P. a été obtenue par la datation avec la méthode 14C sur un paléosol. L’analyse a é (...)
28Durant cette période, la partie centrale du golfe de Pouzzoles subissait un intense mouvement lié au bradysisme et au tecto-volcanisme ; la colline de La Starza connaissait une seconde phase d’immersion permettant une nouvelle transgression marine à l’intérieur du territoire phlégréen et avant 4.100/4.050 ans B.P. un soulèvement successif du sol. La ligne de rivage était repoussée en deçà de la ligne côtière actuelle13. La mer ne pénetrait désormais que de façon très limitée dans la plaine de S. Vito (fig. 5).
- 14 G. Latmiral, A. Segre, M. Bernabini, L. Mirabile, Prospezioni sismiche per riflessione nei golfi di (...)
29Dans le secteur oriental du golfe, le volcan du banc de Nisida apparaît. Au lendemain de sa formation (6.000 B.P.), l’édifice volcanique, vraisemblablement aérien, subit une transgression marine rapide qui aplanit le sommet du volcan ; le niveau marin s’étant ultérieurement abaissé, la transgression transforme la bordure du banc en falaise au pied de laquelle apparaît une plage de gravier riche en coquillages. Une reprise de la subsidence submerge au cours de cette période ou au début de celle successive les restes du volcan14.
30En moins de deux millénaires, le volcan de Cap Misène, le volcan de Misène, qui doit lui être plus ou moins contemporain, puis le volcan de Bacoli et les volcans I et II des Fondi di Baia virent le jour. Un peu plus tard se formait le volcan de Baies.
- 15 P. Di Girolamo, M.R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno, G. Rolandi, D. Stanzione, art. cit., p. 371, tab. (...)
31La détermination par analyse K/Ar. des scories trouvées dans le tuf jaune pseudo-stratifié du volcan de Cap Misène, fixe sa naissance autour de 4.000 ans B.P.15. Cette date est cependant difficilement acceptable. Sur la base des données chronologiques fournies par un nouveau site néolithique, il semble possible de mieux préciser l’âge des volcans de la côte de Misène et de revoir la géochronologie de la région.
Le site néolithique de Bellavista (Mont de Prochyda) et la chronologie de l’éruption des Fondi di Baia
32Ce gisement — le plus ancien gisement préhistorique de la côte de Misène et de tous les Champs Phlégréens — est un site d’habitat, occupé depuis le Néolithique moyen (culture de Serra d’Alto), qui s’étendait largement à l’extrémité sud-est du promontoire du Mont de Prochyda (localité Bellavista). Sa position dominante (cote 120 m) lui permettait de contrôler le territoire environnant et tout le littoral, depuis Pouzzoles jusqu’au Volturne.
- 16 Pour une première signalation du site, voir A. Marzocchella, Notiziario R.S.P., XXXIV, 1-2, 1979, p (...)
33Signalé dès 1979, il n’a pas fait cependant l’objet d’une fouille systématique. Le matériel ci-dessous considéré provient de plusieurs prospections de surface, effectuées entre 1978 et 198516.
- 17 A. De Mortillet, Matériaux pour l’Histoire de l’Homme, I, Paris, 1S65 p. 505 ; G. Nicolucci, L’âge (...)
- 18 Sans numéro d’inventaire (Réserves du Musée Pigorini). Je remercie le Surintendant archéologue F. Z (...)
34Jusqu’alors, le Néolithique de la région phlégréenne était connu uniquement par quelques objets, fruit de trouvailles sporadiques du siècle dernier : un petit « javelot » que C. Bonucci avait trouvé entre Pouzzoles et Baies, « deux gros couteaux de silex hépatique » qui provenaient de Pouzzoles et que G. Nicolucci conservait dans sa collection ; une « hache polie de Naples », enfin, qui appartenait à la collection Foresi17. Des environs de Naples encore, mais s’agit-il vraiment de la région phlégréenne, proviendrait une belle hache de pierre polie aujourd’hui conservée au Musée Pigorini18.
35Le matériel trouvé sur le Mont de Prochyda est peu abondant, mais extrêmement significatif. Il consiste en fragments d’impasto et de céramique en argile fine et en quelques pièces lithiques (fig. 6 et 7). De nombreux petits galets arrondis, sans doute utilisés pour les retouches de taille, des coquillages et des ossements d’animaux auraient été observés lors des premières prospections ; cependant, seuls quelques galets ont été conservés. Ce matériel provient de minces lentilles de terre sombre, à la base d’une couche de cendres stratifiées, emportées en grande partie par les travaux d’une carrière de pouzzolane. Le paléosol d’une épaisseur d’une trentaine de centimètres environ se reconnaît parfaitement dans les sections de la carrière et au delà de la route qui s’est implantée précisément sur le niveau d’occupation préhistorique. Les pyroclastites qui le recouvrent sur une épaisseur de 2 à 3 mètres au sud et à l’ouest sur une épaisseur supérieure au nord, correspondent au dernier niveau de la série stratigraphique du Mont de Prochyda.
- 19 Cfr. M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Meligunis Lipára, IV, Pl. XCII, nn. 3 et 4.
36La céramique fine en argile dépurée, de couleur jaunâtre, est comparable aux fragments trouvés dans les couches de la période du style de Serra d’Alto du Château de Lipari. Les fragments les plus caractéristiques appartiennent à des vases ouverts avec motifs peints de couleur brune19.
37Le motif décoratif constitué de fines lignes formant des croisillons disposés sur le bord du vase, est assez commun (fig. 6, nn. 3-4). Sur un fragment de lèvre court une file de triangles pleins, que souligne une ligne horizontale (fig. 6, n. 1). Sur un autre fragment de bord plat, de petits triangles pleins sont alternés à des lignes obliques (fig. 6, n. 2). Sur les parois, des groupes de lignes et de bandes horizontales (fig. 6, nn. 6-7-8), verticales encadrant un motif en clepsydre (fig. 6, n. 3) ou ondulées (fig. 6, n. 5), animent le corps convexe du récipient. Une anse de petite dimension, d’argile fine, en canon cylindrique relevé vers les extrémités, est semblable à certains exemplaires liparotes de la culture de Serra d’Alto (fig. 6, n. 11).
- 20 Pour le type voir M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Meligunis Lipára, IV, fig. 67, p. 470.
38Parmi la céramique d’impasto dépuré appartenant à cette culture, il faut signaler une petite anse formée de deux files de trois éléments renflés — les éléments au centre étant légèrement plus gros — qui rappelle la typologie de certaines anses complexes de l’acropole de Lipari20. Une perforation fine verticale — semble-t-il — permettait la suspension.
- 21 Voir en particulier M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Stazioni preistoriche delle isole Eolie, Bull. P (...)
39Les fragments d’impasto (brun et noir) sont en assez grand nombre ; ils sont comparables au matériel des stations préhistoriques du plateau de Piano Conte. Dans les sites, comme « predio Mercorella » et les propriétés voisines (Castellaro Vecchio) où a été trouvé du matériel caractéristique des phases évoluées (C 1) de la culture de Diane21 (sont fréquentes les anses à canon, de formes lourdes, assez rigides, arquées, aux extrémités relevées (fig. 6, nn. 12 à 15) dont la perforation n’est souvent que symbolique (fig. 6, nn. 12-13-15), les anses à « rocchetto » avec fausse perforation et légèrement resserrées au centre (fig. 6, nn. 12 à 14).
40Ce matériel se distingue en effet de celui de la phase initiale (phases A et B) de la culture de Diane (en particulier de la céramique de la station de Mulino a Vento), comme de celui des phases finales de cette culture (Spatarella et autres stations du Monte, Château de Lipari, qui rentrent dans la phase D).
41La céramique, très fragmentaire, est toutefois d’excellente facture : les parois bien lissées sont parfois lustrées. Les formes reconnaissables sont surtout des écuelles à calotte de sphère à paroi rigide ou convexe avec anses placées sur le bord plat ou arrondi, parfois distinctes de ce dernier par une légère incision.
42L’industrie lithique appartient elle aussi aux phases tardives du Néolithique (fig. 7).
43Les instruments, en majorité plats, sont de petites dimensions.
- 22 G. Bigazzi (Institut de Géochronologie - C.N.R., Pise) a en cours l’analyse de l’obsidienne.
44L’industrie sur obsidienne, la plus abondante, est à base de lames et de lamelles qui conservent quelquefois trace du cortex. Les pièces sont taillées à partir de galets de petites dimensions recouverts d’une patine opaque, qui est habituellement caractéristique de l’obsidienne de Palmarola22. Les instruments sont souvent fragmentaires, mais d’aspect physique plutôt frais. La figure illustre un certain nombre de pièces caractéristiques recueillies au cours de différentes prospections. Les nucléus ont été préparés pour l’obtention de lamelles. Les lames et les lamelles sont généralement (sauf le n. 10, fig. 7) brutes de débitage.
45n. 1. Nucléus. Le plan de frappe est très incliné.
46n. 2. Nucléus. Le plan de frappe est abrupt.
47n. 3. Nucléus. A remarquer les lamelles réfléchies au milieu du nucleus et la tentative de rattrapage par plan de frappe opposé.
48n. 4. Nucléus. Le plan de frappe est perpendiculaire au plan de débitage, n. 5. Nucléus. Lamelle plus longue-légèrement outrepassée.
49n. 6. Nucléus. Le plan de frappe est perpendiculaire au plan de débitage. Il est repris par plusieurs petites retouches.
50Les lamelles sont en géneral de petites dimensions ; elles ont toutes été débitées par pression.
51n. 7. Lamelle - partie corticale - talon lisse.
52n. 8-9. Fragments de lamelles.
53n. 10. Lamelle.
54n. 11. Lamelle à bord abattu ; cassures aux extrémités distales et proximales.
55n. 12. Eclat de rattrapage de nucléus.
56n. 13. Lamelle légèrement outrepassée.
57n. 18. Perçoir aménagé sur un “décalotage” de galet. Deux coches pour dégager la partie aiguë du perçoir.
58L’abondance des éclats et des déchets de taille indique bien que les pièces ont été travaillées sur place.
59L’industrie sur silex est constituée essentiellement de lames ; le silex est blond, brun et rougeâtre, étranger à la région phlégréenne.
60n. 14-15-17. Lames de silex cassées aux extrémités distales et proximales.
61n. 16. Lame de silex reprise en « perçoir » ; retouche semi-abrupte et abrupte.
62Le caractère des produits volcaniques — cendres légèrement stratifiées contenant des fragments d’obsidienne et de petites pierres ponces — et leur position stratigraphique par rapport à la série pyroclastique du Mont de Prochyda semblent attribuer l’éruption aux volcans des Fondi di Baia.
- 23 P. Di Girolamo, M.R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno, G. Rolandi, D. Stanzione, art. cit., p. 371.
63Les deux volcans de ce nom ont eu une activité importante, vraisemblablement à brefs intervalles l’un de l’autre. Bien qu’une datation précise de ces éruptions n’existe pas, les Fondi di Baia comme les autres volcans de la côte de Baies sont, en ligne générale, considérés comme étant contemporains des volcans du secteur oriental des Champs Phlégréens23.
- 24 P. Di Girolamo, M. R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno G. Rolandi, D. Stanzione, art.cit., p. 371, Tab. I
64Pour l’un de ces volcans — le Monte Spina — et pour lui seulement, nous possédons une datation 14C effectuée sur un bois brûlé : 4.050 ans B.P.. De récents travaux ont proposé pour l’ordre d’apparition des différents appareils de la côte de Baies la succession suivante : Cap Misène, port de Misène, Bacoli, Fondi di Baia, Baies. L’absence de corrélations stratigraphiques directes entre les produits de ces volcans interdit cependant une reconstruction générale sûre de la séquence stratigraphique de ces six appareils24.
65Sur la base du matériel archéologique, il nous est possible de proposer pour l’activité des Fondi di Baia la date de 3.000 avant J.C. 14C, époque à laquelle s’est développée à Lipari la phase finale de la culture de Diane.
- 25 Les différentes datations 14C relatives à la culture de Diane sont réunies par M. Alessio, F. Bella (...)
- 26 Pour les tables Masca, voir E. K. Ralph, H. N. Michael, M. C. Han. Radiocarbon dates and reality : (...)
66La chronologie 14C de la culture de Diane et des faciès culturels analogues du Néolithique récent est parmi les mieux caractérisées en raison des différentes mesures faites dans des sites diversifiés. Ces mesures sont toutes cohérentes et situent grosso modo la phase tardive et finale de cette culture entre 5.140 ± 150 B.P. et 5.000 ± 150 B.P.25. La calibration des dates 14C en âges réels selon les tables MASCA donne la plage - 4.190 à - 3.665/3.640 avant J.C. L’intervalle chronologique durant lequel se serait développée cette culture est quasi identique si l’on applique les tables de corrections récemment mises au point par le Groupe de Tucson : - 4.120 à - 3.670 avant J.C.26.
- 27 Voir l’article de G. Buchner, Eruzioni vulcaniche e fenomeni vulcano-tettonici di età preistorica e (...)
67A Ischia, località Cilento, la découverte d’un paléosol riche de matériel archéologique identique à celui de Bellavista — là encore recouvert par un niveau éruptif aux caractères semblables à ceux de l’éruption identifiée comme celle des Fondi di Baia — confirme ultérieurement la date proposée et permet de préciser l’axe de dispersion27. L’éruption volcanique semble avoir intéressé principalement le secteur insulaire (îlot de Prochyda, îlot de Vivara, secteur occidental de l’île d’Ischia) qui fut recouvert sous plusieurs mètres de cendres et dut être entièrement ravagé ; elle a nivelé l’extrémité du promontoire de Prochyda sous une énorme épaisseur de cendres stériles. Les sites de Cilento et de Bellavista ne montrent aucune trace de vie pour tous les siècles successifs. La masse des produits a dû contribuer à rattacher le Monte Grillo aux hauteurs de l’Archiaverne et de Punta dell’Epitaffio et au plus ancien édifice sous-jacent les Fondi di Baia. L’îlot du Monte di Prochyda a dû être, au moins partiellement, transformé en péninsule.
68Le hiatus archéologique que l’on constate dans la région durant tout le début de l’âge des métaux pourrait donc dépendre de l’accélération des phénomènes tecto-volcaniques et des changements morphologiques qui caractérisent grande partie du IVème et du IIIème millénaires.
Les sites littoraux du Premier Age des Métaux et les éruptions récentes des Champs Phlégréens
69A brefs intervalles de temps, dans le courant du IIIème millénaire, des volcans localisés dans le secteur central du golfe apparaissent : Pigna San Nicola, puis la coupole de Mt. Olibano et celle de la Caprara, enfin vraisemblablement la Solfatare. Ils ont tous leur période d’activité avant l’éruption du volcan des Astroni, que de nombreuses datations 14C placent vers la fin du IIIème et le début du IIème millénaire. L’éruption du Monte Spina avait dû déjà raccorder l’îlot de La Pietra au nouvel édifice volcanique ; l’œuvre dut être complétée par les dépôts pyroclastiques de La Solfatare et par l’activité du Mont Olibano (fig. 8).
70Il s’agit là d’une des périodes de principale activité des Champs Phlégréens, au cours de laquelle se situent une série d’événements éruptifs de grande intensité. Les plus importants sont certainement l’éruption du Monte Spina et celle des Astroni. Nous ignorons leur durée, mais il est possible que dans un même site soient survenues différentes éruptions, chacune selon des modalités diverses. Ce fut le cas des Astroni, pour lesquels nous savons qu’une phase d’explosions violentes a suivi la formation d’un dôme de lave ; le cratère de la Senga quant à lui montre trois enclos volcaniques bien distincts, qui témoignent de différents événements explosifs. La Solfatare et la coupole du Mont Olibano, qui appartiennent au même système d’alimentation magmatique ont dû avoir leur activité à brefs intervalles. A la base du Monte Spina, enfin, existe un dôme volcanique plus ancien.
71On s’étonne donc de trouver durant cette intense phase d’activité un certain nombre de témoignages archéologiques. Ils semblent tous se rapporter à la période qui précéda l’éruption des Astroni, et pourraient indiquer que pendant cette période, un repos prolongé de la Terre a permis l’épanouissement d’une culture que l’on peut attribuer à la fin du Chalcolithique sur la base, cependant, d’indices bien ténus.
- 28 A. Perozzi, Ritrovamento di resti dell’Eneolitico in Provincia di Napoli, La Ricerca Scientifica, 1 (...)
72Aux pieds du Mont Sant’Angelo, à Fuorigrotta (loc. Terracina) à l’occasion de relevés géologiques, un modeste groupe de fragments céramiques accompagnés d’un instrument (?) en silex et de restes ostéologiques furent prélevés dans une épaisse couche d’humus recouverte par les produits des Astroni. Le matériel fut daté à l’époque énéolithique (Chalcolithique)28.
73Ce matériel pourrait témoigner de la présence d’un habitat : il occupait les pentes de la colline, aux bords du paléogolfe qui pénétrait largement dans l’actuelle plaine de Bagnoli-Coroglio. La population, à en juger par l’analyse des restes d’ossements trouvés avec la céramique, aurait pratiqué l’élevage bovin ; les dents de suidés qui leur étaient associées ne permettent guère de préciser si elles appartiennent à des animaux domestiques ou à des animaux sauvages.
- 29 M. Alessio, F. Bella, S. Improta, G. Belluomini, G. Calderoni, C. Cortesi, B. Turi, Radiocarbon, vo (...)
- 30 M. Alessio, F. Bella, S. Improta, G. Belluomini, G. Calderoni, C. Cortesi, B. Turi, art.cit., vol. (...)
74Le site possédait une couverture végétale constituée en partie de petits chênes (Quercus sp.)29 ; la région environnante était, elle-aussi, boisée de chênes verts (Quercus ilex) et de peupliers (Populus sp.)30.
- 31 A. Marzocchella, Le tombe eneolitiche di Napoli Materdei, Riv. Sc. Preist. XXXV, 1-2, 1980, p. 148, (...)
75A Naples, l’éruption des Astroni aurait été reconnue dans les niveaux 3 et 4 du paléosol qui recouvre les deux tombes chalcolithiques creusées au nord de la colline de Materdei31.
- 32 Fouilles de la Surintendance Archéologique de Naples localité « Depuratore » de Cumes (Printemps 19 (...)
76Peut-être, est-ce encore à cette éruption des Astroni qu’appartiennent les dépôts pyroclastiques délavés de la colline, qui furent signalés à Cumes, lors de la fouille dans la nécropole samnite32 ? Ils étaient associés à plusieurs fragments d’impasto décorés d’une série de cordons parallèles écrasés quand l’argile était encore fraîche selon une technique caractéristique de l’énéolithique final et à des flèches en silex.
77Les datations au 14C obtenues sur un certain nombre de bois brûlés par l’éruption situent celle-ci entre 3640 ± 50 et 4070 ± 50 ans B.P., soit entre 1690 et 2121 ans B.C. 14C.
78La calibration des dates 14C en âge réel à partir des tables de conversions publiées per le groupe de travail de Tucson place l’événement éruptif entre 2650 ± 50 et 2080 ± 50 avant J.C., c’est-à-dire au cours d’une phase avancée du Chalcolithique.
- 33 Le site n’a jamais été fouillé. Une quantité assez considérable de fragments a été recueillie lors (...)
79La découverte récente d’un site d’habitat appartenant à la phase avancée de la culture du Gaudo, à Licola, abandonné, semblait-il, à la suite d’une éruption volcanique, laissait espérer une meilleure connaissance de la date et du dynamisme de l’événement et des conséquences sur les populations qui peuplaient la région33.
80Pourtant, ici, encore, les éléments d’un cadre trop fragmentaire et incertain n’autorisent pas une telle approche. L’hypothèse même d’une catastrophe éruptive qui aurait détruit l’habitat, avancée lors de la découverte sur la base des caractères d’un abandon rapide et des cassures fraîches que présentaient la majorité des vases, ne paraît plus aujourd’hui acceptable. La disposition stratigraphique de la couche d’humus archéologique ferait plutôt penser à des alluvions ou à un glissement de terrain.
81Ainsi, à la fin du IIIe Millénaire, eut lieu une violente éruption de cendres et de ponces qui épargna les îles du golfe et la région occidentale.
82Elle a essentiellement intéressé la région E-NE de la plaine napolitaine. Les données volcanologiques précisent que près de 1.000 Km2 furent touchés. Entre le volcan des Astroni et le quartier de Poggioreale, près de 60 cm de pyroclastites se sont accumulés ; plus de 40 cm de matériaux volcaniques se sont déposés sur les Camaldoli, et à plusieurs dizaines de kilomètres du volcan, encore 20 cm de ponces recouvraient le territoire de Pomigliano d’Arco. Tout le secteur oriental de la région phlégréenne fut considérablement transformé et les reliefs adoucis sous le double niveau de ponces intercalées à la couche de cendres qu’éjecta le nouveau cratère.
83Si au delà de 2-3 kilomètres du centre éruptif, la chute des matériaux pyroclastiques ne provoque pas de grandes pertes de vies humaines, toutefois les dommages aux villages et aux cultures sont catastrophiques. L’épaisseur des produits accumulés durant une éruption explosive varie, nous l’avons vu, de plusieurs mètres à proximité du cratère à quelques dizaines de centimètres à une distance de l’ordre des kilomètres. La reprise des travaux agricoles et de l’élevage est soumise à l'élimination, quasi impossible dans une économie primitive, de milliers de tonnes de produits volcaniques accumulés sur le sol, en quelques heures. La stérilité du territoire conduit bien vite à la famine et à l’anéantissement de tous les aspects de la vie communautaire, et il est compréhensible alors que les populations rescapées quittent ce territoire.
84L’absence de sites appartenant aux cultures du Bronze ancien sur la côte phlégréenne pourrait ête le témoignage d’une grave crise écologique consécutive à l’éruption des Astroni.
Les habitats de hauteurs de l’Age du Bronze et les dernières éruptions de l’arc phlégréen
- 34 V. Turco, I materiali preistorici di Monte Sant’Angelo, I Convegno dei Gruppi Archeologici della Ca (...)
- 35 Ce type d’objet, d’un usage bien particulier, apparaît à Lipari à un moment avancé de la culture de (...)
85Un petit nombre de fragments sporadiques provenant d’une prospection de surface sur les pentes du Mont Gauro (cotes 160-204) atteste la présence, sur les hauteurs du volcan, d’un site appartenant à un moment ancien (phase 1) du « Protoapenninique B »34. Quelques larges bords évasés de plats tronconiques ou de grandes ollae, une tasse basse à vasque hémisphérique avec paroi concave, une anse en ruban d’une tasse carénée, une épaisse anse à hache placée sur la carène d’une tasse et de nombreux récipients ornés de cordons digitaux appartiennent au répertoire céramique de cette culture. La présence d’un plat profond, de forme tronconique, avec sur le fond, à l’intérieur de la vasque, une large anse percée d’un trou au sommet et formant une sorte de pont constitue une donnée culturelle et chronologique particulièrement intéressante35. Les inventeurs du site attribuent au volcan des Astroni la couche de matériel pyroclastique (cendres et lapilli) qui l’aurait enseveli.
- 36 Pour une définition récente de ce facies et le problème chronologique, voir I. Damiani, M. Pacciare (...)
- 37 Pour une première signalation du site de Montagna Spaccata, voir V. Turco, art. cit., Pouzzoles, 19 (...)
86La phase ancienne du « Protoapenninique B » est datée d’après les recherches récentes généralement dans le courant du XVIème siècle avant J.‑C.36. Pour une raison chronologique évidente (plus de 11 datations au radio-carbone ont fixé la date de l’éruption des Astroni bien antérieurement) l’événement éruptif qui a intéressé le village protoapenninique ne peut être qu’une éruption postérieure. Les circonstances de la découverte des fragments ne permettent guère d’évaluer si celle-ci a eu lieu quelques siècles après l’éventuel abandon du village ou bien si elle a été la cause de sa destruction, comme ce fut, semble-t-il, le cas pour l’habitat du Bronze moyen établi à moins de 2 kilomètres plus bas, sur les flancs de Montagna Spaccata37.
- 38 La fouille d’urgence nous a été confiée par la Surintendance Archéologique des Provinces de Naples (...)
87Des travaux agricoles ayant mis au jour une fosse de décharge, une exploration fut entreprise en mai 1983 sur ce site, dont plusieurs trouvailles sporadiques de matériel céramique avaient souligné l’intérêt. Cinq sondages profonds (A/1 - A/5 - A/6 - I/8 - C-D/4-5) destinés à vérifier l’emplacement de l’habitat préhistorique et celui d’éventuelles cabanes, révélèrent une succession stratigraphique qui définit les différents aspects de l’éruption qui l’avait enseveli38.
88Au-dessous d’une faible épaisseur de terrain végétal, variable en raison de la pente d’un sondage à l’autre, où se trouvaient mélangés du matériel d’époque romaine (tuiles, céramiques communes, etc.) et des tessons d’impasto préhistoriques, se présente régulièrement un niveau de couleur gris noirâtre constitué principalement de pyroclastites fins (sable gris et pierres ponces blanchâtres) délavés depuis la partie plus élevée du plateau. Il contient essentiellement de la céramique d’impasto apenninique. Il surmonte un double niveau in situ complètement stérile correspondant aux différents moments de l’éruption : un premier niveau de faible épaisseur est constitué de sable grossier gris et suit exactement la conformation du niveau inférieur de cendres fines compactes. Particulièrement nette dans le sondage A/5 (niveau 9), la stratigraphie se répète dans le secteur I/8 (3a e 3b) et dans le secteur CD-4/5 (niveau 5). Généralement ces niveaux éruptifs surmontent un mince paléosol où abondent des fragments de bois carbonisés.
89Dans le secteur I/8, la partie sommitale du niveau éruptif (couche 2) se confond avec le terrain agricole. Le niveau lui même est caractérisé par une alternance de fines ponces mélangées à du sable volcanique. L’éruption s’est terminée par une dense explosion de ponces.
90Le double niveau (3a et 3b) appartient à la même éruption volcanique dont il représente les moments initiaux, marqués par l’éjection de sable et de cendres grises.
91Dans le sondage C-D 4/5, au-dessous du niveau de sables et de cendres et d’un mince paléosol se sont concentrées dans une poche de terrain de grosses ponces qui appartiennent à une éruption antérieure à l’éruption dont témoignent les couches 3a e b. L’aspect des ponces blanches et de grandes dimensions est celui des matériaux de l’éruption des Astroni.
92Entre les deux ensembles éruptifs un niveau d’humus irrégulièrement conservé (couche 4) constitue un paléosol peu épais qui contient relativement peu de matériel archéologique. Il n’a pu être conservé qu’en partie en raison de la rigueur de la pente.
93Au-dessus de la fosse de décharge se répète la même stratigraphie ; à l’intérieur de la fosse où l’humus apparaît noir, charbonneux et riche de matières organiques, la céramique apenninique, les fragments de bois carbonisés et les os étaient particulièrement abondants. Au-dessus de la fosse nous retrouvons le terrain gris, cendreux.
94Le dépôt apenninique de Montagna Spaccata se présente comme un complexe homogène. La céramique est très fragmentaire (seul un petit nombre de fragments appartient à un même vase). L’impasto fin de couleur sombre a été utilisé essentiellement pour des tasses de diamètre non supérieur à 10-12 cm, et dont la hauteur est inférieure au diamètre (fig. 9 et 10) et pour des coupes larges dont le diamètre maximum est compris entre 12 et 18-20 cm, la hauteur étant égale ou légèrement inférieure à la moitié du diamètre (fig. 9 et 10). Les anses sont du type en ruban avec bords relevés et extrémités repliées, un trou circulaire et plus souvent triangulaire (fig. 10 nn. 7, 12, 13) au centre du ruban. Quelques prises cylindriques, une anse en poignée plate (fig. 12 n. 36), une splendide anse zoomorphe en impasto fin (fig. 9 n. 6) qui décoraient des tasses ou des coupes larges, sont également à signaler.
95L’impasto grossier brun-clair, riche d’inclusions, était réservé à des récipients profonds décorés de languettes horizontales ou de cordons marqués d’impressions digitales (fig. 12). Plusieurs récipients en impasto grossier possédaient des anses à anneau large aplati placées sur la paroi (fig. 12 nn. 34, 40).
96En argile grossière, riche d’inclusions, ont été fabriqués les fusaioles à section ronde, de grosses briques et certains vases à denrée dont sont conservés le fond et la paroi.
97Les motifs décoratifs sont constitués de files de triangles excisés, les extrémités opposées (figg. 10 et 11 nn. 7, 20, 26), d’excisions profondes en dents de loups (fig. 10 n. 11), en triangles opposés en alternance avec des motifs en losanges (fig. 11 n. 27), de méandres (figg. 11 nn. 22, 29, 32) et de damiers (fig. 10 n. 10) ; quelques parois décorées de spirales pointillées (fig. 11 nn. 30, 31) attestent la contemporanéité de la technique du pointillage sur argile crue avec celle de l'excision, plus couramment utilisée à Montagna Spaccata.
- 39 F. Gucci, Preistoria e storia della valle solofrana. La stazione appenninica di Passatoia di Solofr (...)
98Le contexte céramique trouve des similitudes avec le répertoire décoratif des stations appartenant à un moment avancé de la culture apenninique. En Campanie, des comparaisons peuvent être faites avec le matériel des dépôts datés au Bronze moyen tardif ; en particulier avec la céramique provenant du sondage B exécuté en 1937 par G. Buchner sur la Punta Capitello, à l’extrémité nord de l’île de Vivara et avec une partie du matériel trouvé dans différents sites du golfe de Naples - Capri, Sorrente, Castiglione d’Ischia et plus récemment dans l’arrière-pays campanien, Sarno et Solofra39.
99Les analyses des fragments d’os découverts dans la fosse de décharge attestent la présence, sur le site, d’une faune domestique. Les produits de l’élevage (voir ci-après l’étude de F. Fedele) devaient être complétés par ceux de la chasse (présence d’une corne de cerf).
- 40 Les quatre échantillons analysés auprès du Laboratoire de bioarchéologie-palynologie de Valbonne (C (...)
100L’analyse pollinique n’a donné, hélas, aucun résultat40.
101L’éruption attestée par les différents niveaux de cendres et de ponces semblerait avoir conduit à l’abandon du village.
- 41 C’est l’opinion de G. Rolandi qui a effectué un certain nombre d'observations durant la fouille.
102Les chercheurs du Groupe Archéologique Napolitain, à qui l’on doit le signalement du site, considèrent que l’habitat a dû être quitté à la suite des dernières éruptions de la Senga. Cependant les ponces — de grosses dimensions et de teintes légèrement violacées — éjectées par ce volcan ne correspondent pas exactement aux produits volcaniques trouvés dans les couches explorées. Le caractère de ces produits n’exclut pas l’éruption du volcan Averne41. Postérieure, comme celle de la Senga, à l’éruption des Astroni (et ce point est confirmé par la fouille), l'activité du volcan Averne est datée par les analyses 14C après 3.700 B.P. Elle a dû se produire encore dans le courant de l’âge du Bronze.
103Les données archéologiques pourraient préciser la chronologie de l’activité de l’un de ces volcans. Le matériel céramique mis au jour au cours des sondages de Montagna Spaccata appartient, en effet, au Bronze moyen avancé, qui, sur la base des céramiques mycéniennes trouvées dans un certain nombre de sites, est habituellement daté autour du XIVème siècle avant J.‑C. ou peu avant.
104S’il est possible de soutenir de façon générale que la violence des éruptions phlégréennes a diminué avec le temps, les exceptions à cette règle ne manquent pas. Nous avons vu que l’éruption des Astroni a dû être d'une grande violence à en juger par l’ampleur du cratère qui s’est formé en cette occasion et la masse des cendres éjectées. L’éruption de l’Averne, qui provoqua l’éventrement de l’ancien Archiaverne, ne dut pas être de puissance inférieure.
- 42 Pour une récente présentation du matériel, voir C. Albore Livadie, Il territorio flegreo : dall’ene (...)
- 43 E. Gabrici, Cuma, Mon. Ant. Lincei, XXII, 1913, p. 91 et suiv.
- 44 Journal de fouilles d’E. Stevens (texte manuscrit) ; E. Gabrici, op. cit., coll. 62-63.
- 45 Journal de fouilles d’E. Stevens (texte manuscrit) ; E. Gabrici, op. cit., col. 64.
105Nous ignorons tout des éventuelles installations humaines de la région jusqu’à ce que la présence de quelques fibules en bronze et d’autres objets d'usage courant nous informe que le site de Cumes a été choisi par un groupe indigène vers la fin de l’âge du Bronze et occupé, semble-t-il, sans solution de continuité durant le Premier âge du Fer42. Les fouilleurs de la nécropole antérieure à la fondation de la colonie grecque qui travaillèrent pour le Comte de Syracuse, puis Emilio Stevens et Alessandro Osta, avaient noté une particularité des sépultures préhelléniques43. Celles-ci étaient constamment recouvertes par une épaisse couche de matériel volcanique. Pour cette raison les fouilleurs les indiquaient habituellement comme les tombes des « morts des lapilli ». Stevens dans son journal de fouille précise l’épaisseur des pierres ponces (qu’il nomme ailleurs indistinctement lapilli) qui surmonte les tombes du Parco Cimitero (propriété Correale) : entre 60 cm et 1 mètre sur les deux premières, sur la troisième, environ 1 mètre44. De même, pour les trois autres sépultures indigènes fouillées dans la propriété de Gennaro d’Isanto (Gennariello), Stevens décrit la couche éruptive, précisant que le « tumulus de ponces » qui recouvre la tombe 6 a une épaisseur de 1,25 m45.
- 46 V. Maraglino, Cuma e gli ultimi scavi, Atti della Reale Accademia di Arch. Lett. e Belle Arti, vol. (...)
- 47 V. Maraglino, art. cit., p. 22.
106Cette particularité de la stratigraphie interprétée par certains comme un rituel « propre aux peuples indigènes méditerranéens »46 nous est décrite avec minutie : « la sépulture du mort advient dans des réceptacles ou des fosses de formes quasi elliptiques, creusés dans la terre volcanique (« tasso »), entourés de gros blocs de tuf et recouverts d’une couche de lapilli (ponces volcaniques) de cm. 30 à 60 cm »47.
107Mais plus qu’un tumulus de ponces construit au-dessus de la tombe, qui reflèterait une singulière coutume funéraire, ne pourrait-on pas y voir plutôt le témoignage d’une éruption volcanique ?
108Elle aurait eu lieu vers la fin de l’utilisation de la nécropole indigène et de toutes façons avant que le site n’accueille aussi les sépultures des premiers colons grecs. Certes, il est curieux que ce niveau de ponces ne soit jamais signalé au-dessous des tombes grecques. Mais les modalités de la fouille et la nappe aquifère qui, généralement baignait le fond de la fosse, ont pu ne pas révéler sa présence.
- 48 E. Gabrici, op. cit., col. 759.
109L’hypothèse d’un événement volcanique, qui vers le milieu du VIIème siècle avant J.‑C. aurait intéressé le site préhellénique, est renforcée par la constatation qu’un niveau de pyroclastites a été reconnu dans plusieurs sondages sur la terrasse inférieure de l’acropole de Cumes, au-dessous des plus anciens niveaux d’occupation grecque. E. Gabrici le décrit comme une couche de « lapillo blanchâtre, mélangé à de grosses pierres ponces » ; ailleurs, il fait allusion à cette « couche vierge de lapillo » qu’il aurait rencontrée dans « tous les sondages exécutés sur la terrasse à différentes profondeurs selon la majeure ou la mineure conservation des couches supérieures »48.
110Ces observations porteraient donc à penser qu’une éruption a précédé de peu la fondation de Cumes par les oecistes chalcidiens ? On serait tenté d’y voir l’une des explications possibles du hiatus qui, sur la base des données archéologiques actuelles, sépare les tombes indigènes des plus anciennes sépultures grecques connues, ou l’une des possibles raisons d’une prise par la force de l'habitat indigène, affaibli, par les Grecs qui occupaient « les îles en face ». Hypothèses que quelques sondages profonds et minutieux pourraient aisément vérifier.
- 49 Sur le problème, voir le récent travail de N. Valenza Mele, Eracle euboico a Cuma, la Gigantomachia (...)
- 50 Silius Ital. XII, 147.
- 51 Serv. Aen. IX, 712.
- 52 Iliad. II, 783, Lycoph. Alex, v. 687.
- 53 Pind., Pyth. I, v. 15 et suiv.
- 54 Timée, apud Strabon, V, 4, 8-9=C 248 ; en général, P.W., Supplém. III : coll. 661-667.
111Si le toponyme « phlégréen », que les navigateurs eubéens donnèrent au territoire autour de Cumes, n’apparaît pas nécessairement lié aux manifestations volcaniques, mais à un concept plus spécifiquement « politique », qui oppose la civilisation au Chaos49, toutefois, la vitalité des phénomènes éruptifs de la région n’a pu qu’enraciner en ces lieux les mythes et les légendes liés aux Géants, compris comme expressions des forces violentes et incontrôlées de la Terre. La punition infligée aux rebelles gigantesques, rétifs au règne de Zeus, précise le lien entre leur brutalité et les aspects physiographiques de la région. Au lendemain de leur défaite, Mimas fut enseveli sous l’île de Prochyda50, Encélade sous Ischia51. Typhon fut écrasé sous Pithécusses52 ou gisait sur la plage de Cumes53. Ischia, île éminemment volcanique, apparaissait la patrie des Géants54.
112On sait désormais que de réelles catastrophes éruptives, auxquelles les marins grecs avaient pu assister ou tout au moins sur lesquelles ils auraient pu recueillir traditions et témoignages, ont eu lieu. La part qu’elles ont eue dans la localisation de la lutte des Géants et des autres légendes antiques ne doit pas être sous-estimée.
113Il apparaît hors de doute que les marins liparotes, qui faisaient le trafic de l’obsidienne, ont dû avoir connaissance de l’éruption des Fondi di Baia, comme plus tard les Mycéniens, dans leurs rapports avec les populations des îles phlégréennes, n’ont pu ignorer l’événement catastrophique qui ensevelit le secteur à l’entour de Montagna Spaccata. Il est vraisemblable que la nature volcanique de l’arc phlégréen était connue des Grecs de Pithécusses bien avant l’éruption du Rotaro I (fin du VIIème siècle) dont Strabon semble se faire l’écho. Dès leur installation sur l’île s’était manifesté le Cafieri et dans le courant du VIIIème siècle encore, la côte de Cumes semblerait avoir été dévastée par une éruption de ponces que les anciennes fouilles ont révélées. Les sources thermominérales, les vapeurs des mofettes, les fumerolles et autres exhalations de gaz étaient jadis beaucoup plus actives et diffuses qu’elles ne le sont de nos jours ; les sons sourds du sous-sol se joignaient alors aux couleurs sombres d’une terre encore en formation et les contrastes troublants du feu et la terre bouillonnante étaient vus comme de dangereux prodiges. Tout cet ensemble de phénomènes naturels a dû créer très tôt un halo suggestif et fantastique qui, à travers l’histoire et les légendes, a consacré la région phlégréenne à la géographie spirituelle de l’Homme.
114Si l’archéologie signifie la reconstruction intégrale d’une présence humaine à travers l’étude systématique du passé ou mieux recueillir, documenter et interpréter les objets et les transformations apportées par l’Homme au milieu, une approche du territoire qui tienne compte des événements tectoniques et volcaniques et des transformations morphologiques, apparaît un moment essentiel de la recherche. Peut-être plus qu’ailleurs, dans la région phlégréenne, dans ce territoire instable, où la présence de l’homme est rare et encore peu significative, et se résume par un certain nombre d’objets sporadiques trouvés ça et là dans toute la région et par quelques interventions plus heureuses sur un nombre limité de sites, une approche géoarchéologique apparaît indispensable pour replacer le document antique dans le cadre biophysique qui fut le sien. La reconstruction des anciennes lignes du rivage et des caractères paléogéographiques, en un mot de la physionomie du paysage antique, permet de mieux évaluer les paramètres qui ont conduit les populations à s’installer dans tel ou tel site et les possibles ressources de l’écosystème. Une telle approche n’est possible qu’à travers une étroite collaboration entre archéologues et spécialistes des Sciences de la Terre, au sens large.
115L’apport des volcanologues, en particulier, apparaît de première importance en ce qui concerne, et la reconstruction générale de l’Histoire tecto-volcanique de la région, et, dans le cas d’un site intéressé par une éruption, quantà l’identification du volcan et à l’analyse des différentes phases éruptives. En revanche, les données archéologiques permettent une meilleure appréciation des causes et de l’extension des dommages subis et constituent un précieux terminus ante et post quem susceptible de préciser les chronologies relatives proposées par les volcanologues. Nous avons vu ainsi que le site néolithique de Bellavista sur le mont de Prochyda a permis de dater l’éruption des Fondi di Baia aux environs de la première partie du IVème millénaire. De même, le matériel de Montagna Spaccata fixe la formation de la Senga ou de l’Averne dans le courant du XVème ou mieux du XIVème siècle avant J.‑C. L’identification du volcan, responsable de l’abandon du site, et la délimitation de l’aire de dispersion des produits volcaniques ne pourront se faire qu’à la suite de l’analyse comparée des produits provenant du cratère du volcan lui-même (Senga ou Averne) et de ceux retrouvés sur le site de Montagna Spaccata.
116Nous savons donc, aujourd’hui, que les gisements préhistoriques sont plus nombreux qu’il n’apparaissait de prime abord. Ils ont pour la plupart été intéressés par des éruptions, contemporaines ou successives à leur période de vie. Leur recherche et leur étude doivent donc tenir nécessairement compte de l’histoire des changements morphologiques et des épisodes volcaniques plus ou moins récents qui ont remodelé le territoire.
Notes
1 Il s’agirait d’une ”pointe droite à retouches bilatérales, en silex blond à grains fins (inv. Musée Arch. Nat. n. 212735). Longueur 3 cm ; largeur 1,7 cm.” Elle a été recueillie par C. Pierattini (septembre 1982) le long des pentes occidentales de l’acropole, dans le secteur méridional qui regarde la mer.
2 La coulée trachytique qui forme le rocher cumain a été datée par analyse au K/Ar. autour de 36.750 B.P. (moyenne de deux datations) voir C. Cassignol et P.Y. Gillot, Range and effectiveness of unspiked potassium-argon dating : experimental group Work and application, pp. 160-179, en particulier p. 173, fig. 5, Numerical dating in stratigraphy (G.S.O. din, Y. Will et Sons édit.) New York, 1982. B.P. = Before Present. La liste complète des analyses K/Ar et 14C des paléosols et des bois brûlés provenant des Champs Phlégréens est publiée par G. Capaldi, L. Civetta, P. Y. Gillot, Geochronology of Plio-Pleistocene volcanic rocks from southern Italy, Rend. Soc. It. Miner. Petrol., 40, 1985, pp. 36-40.
Les datations utilisées dans le présent article ne sont pas calibrées.
3 Le seul exemple certain d’une éruption d’ignimbrites d’époque historique est celle advenue en 1912, près du Katmai (Alaska), mais elle ne fut observée par aucun volcanologue. Le mécanisme éruptif et de déposition n’est pas encore défini dans ses détails : il apparaît cependant que les ignimbrites se forment par dépôts de gigantesques nuées de gaz incandescents et de fragments de liquides magmatiques et de particules solides. Ces nuées pénètrent et envahissent les vallées et réussissent à cause de leur vitesse élevée (elle a été estimée à environ 100 kilomètres/heure au Katmai) à franchir des obstacles morphologiques — collines, petits reliefs — et à recouvrir des morphologies plates. Elles se propagent à des centaines de kilomètres de la bouche éruptive, dévastant radicalement d’immenses étendues de territoire. Des instruments « moustériens » auraient été trouvés au-dessous du « Tuf gris campanien » à Cerreto Sannita, cf. A. De Blasio, Briciole di Paletnologia Meridionale, Rivista Italiana di Scienze Naturali, XXVIII, 3-4, 1908, pp. 2-4 et plus récemment dans les environs d’Atripalda (localité Case Spaccate). Pour cette dernière information, je remercie C. Porcelli de l’Institut de Minéralogie de l’Université de Naples.
4 C.A. Accorsi, E. Aiello, C. Bartolini, L. Castelletti, G. Rodolfi, A. Ronchitelli, Il giacimento paleolitico di Serino (Avellino) : stratigrafia, ambienti e paletnologia, Atti della Società Toscana di Scienze Naturali, Memorie, LXXXVI, 1979 (1980), pp. 435-487. Sur le 2e cycle phlégréen, voir T. Pescatore et G. Rolandi, Osservazioni preliminari sulla stratigrafia dei depositi vulcanoclastici nel settore S-W dei Campi Flegrei, Boll. Soc. Geol. It., 100 (1981), pp. 233-254. La fin de la période a connu des événements parmi lesquels l'éruption de la Secca di Ventotene. Le volcan, situé à environ 3 kilomètres à l’ouest de Forio d’Ischia a eu son activité, il y a près de 20.000 ans. Certains considèrent l’éruption comme l’une des majeures catastrophes méditerranéennes de l’Holocène. L’île d’Ischia fut complétement recouverte par une couche de cendres et de ponces qui atteint à certains endroits près de 100 mètres d’épaisseur (tuf de Cetara). Les produits de l'éruption furent trouvés lors de sondages sous-marins en Méditerranée orientale.
5 Je tiens ces renseignements de G. Rolandi que je remercie.
6 Pour une étude récente de la volcanologie phlégréenne, P. Di Girolamo, M.R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno, G. Rolandi, D. Stanzione, Vulcanologia e petrografia dei Campi Flegrei, Boll. Soc. Geol. It., 103 (1984), pp. 349-413.
7 Les analyses des paléosols dans la formation des Tufs blanchâtres stratifiés de Soccavo ont donné les datations radiocarbones suivantes : 16.390 B.P. et 15.090 B.P.
8 Le Mt. Gauro devait apparaître au lendemain de sa formation comme un édifice énorme. La reconstruction faite en raccordant les courbes de niveau, permet d’évaluer à 4 Km environ le diamètre de sa base. Il a été ensuite limité par la formation des édifices volcaniques qui se sont implantés sur ses flancs : Fondo Riccio, Concola et Montagna Spaccata.
9 Cette éruption est comprise chronologiquement entre 11.500 e 8.565 B.P. (Dates 14C des paléosols respectivement au-dessous et au-dessus du niveau de ponces).
10 La structure massive de l’Archiaverne se reconnaît aujourd’hui encore dans le Monte della Ginestra au sud-ouest du lac d’Averne et dans le bord septentrional du lac ; l’ancien volcan est cependant largement masqué par les produits de l’activité du plus récent Averne.
11 La Punta dell’Epitaffio devait s’allonger profondément dans la mer, sur plus de 200 m ; aujourd’hui l’action de la mer, du bradysisme et la formation de plus récents volcans ont fait presque entièrement disparaître l’édifice primitif.
12 G. Rolandi, L’andamento della linea di costa durante il ciclo vulcanico recente dei Campi Flegrei (IV Ciclo Flegreo), Tremblements de terre, Histoire et Archéologie, Actes des IV. Rencontres Internationales d’Archéologie et d’Histoire d’Antibes, Antibes 1983, pp. 155-164 ; A. Cinque, G. Rolandi, V. Zamparelli, L’estensione dei depositi marini olocenici nei Campi Flegrei in relazione alla vulcano-tettonica, Boll. Soc. Geol. It., 104 (1985), pp. 327-348, en part. p. 334.
13 La date 4.110 B.P. a été obtenue par la datation avec la méthode 14C sur un paléosol. L’analyse a été effectuée par le Laboratoire LA n. 11 du C.N.R.S. (Centre de Datations et d’Analyses Isotopiques - Département des Sciences de la Terre - Université Claude Bernard - Lyon 1) dans le cadre du programme de l’U.R.A. 18 sur l’évolution des lignes de rivages de la Campanie antique.
14 G. Latmiral, A. Segre, M. Bernabini, L. Mirabile, Prospezioni sismiche per riflessione nei golfi di Napoli e Pozzuoli ed alcuni risultati geologici, Boll. Soc. Geol. It.. 90 (1971), pp. 164-172.
15 P. Di Girolamo, M.R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno, G. Rolandi, D. Stanzione, art. cit., p. 371, tab. I.
16 Pour une première signalation du site, voir A. Marzocchella, Notiziario R.S.P., XXXIV, 1-2, 1979, p. 326 ; M. R. Borriello - A. d’Ambrosio, Forma Italiae, XIV, Regio I, Baiae-Misenum, 1979, p. 30.
17 A. De Mortillet, Matériaux pour l’Histoire de l’Homme, I, Paris, 1S65 p. 505 ; G. Nicolucci, L’âge de la pierre dans les Provinces Napolitaines, Compte rendus du Congrès International d’Anthropologie et d’Archéologie Préhistorique, Bologne, 1871 p. 18. Dans le catalogue de sa collection, cf. catalogo della Collezione di oggetti preistorici dell’età della pietra, Naples 1977, p. 13, G. Nicolucci annote pour Pouzzoles deux racloirs. S'agit-il des couteaux signalés en 1871 ? Une recherche attentive faite par F. Fedele. Directeur de l’Institut d’Anthropologie de l’Université de Naples, dans la collection G. Nicolucci partiellement conservée auprès du Musée d’Anthropologie, n’a pas permis de retrouver ce matériel.
18 Sans numéro d’inventaire (Réserves du Musée Pigorini). Je remercie le Surintendant archéologue F. Zevi qui a bien voulu me permettre de prendre vision du matériel provenant de la Campanie.
19 Cfr. M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Meligunis Lipára, IV, Pl. XCII, nn. 3 et 4.
20 Pour le type voir M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Meligunis Lipára, IV, fig. 67, p. 470.
21 Voir en particulier M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Stazioni preistoriche delle isole Eolie, Bull. Paletn. Ital., IV, 66, 1957, p. 29 et suiv., fig. 7-9. Sur l’évolution de ce facies culturel, voir M. Cavalier, Ricerche Preistoriche nell’arcipelago Eoliano. R.S.P. XXXIV, 1-2, 1979, pp. 101-107. Pour le matériel préhistorique de la « contrada Diana », nous renvoyons à M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Meligunìs Lipára, I, pl. VIII-XVI. Les différents moments de l’évolution typologique de la céramique du style de Diane y sont cependant moins nettement distincts que dans les stations mineures des hauteurs de l’île qui ont eu en général une vie brève, chacune d’elles durant une période bien déterminée de cette évolution typologique.
22 G. Bigazzi (Institut de Géochronologie - C.N.R., Pise) a en cours l’analyse de l’obsidienne.
23 P. Di Girolamo, M.R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno, G. Rolandi, D. Stanzione, art. cit., p. 371.
24 P. Di Girolamo, M. R. Ghiara, L. Lirer, R. Munno G. Rolandi, D. Stanzione, art.cit., p. 371, Tab. I.
25 Les différentes datations 14C relatives à la culture de Diane sont réunies par M. Alessio, F. Bella, C. Cortesi, B. Turi, Datazione con il carbonio-14 di alcuni orizzonti degli insediamenti preistorici dell’Acropoli e di Contrada Diana, in M. Cavalier - L. Bernabò Brea, Meligunìs Lipára, IV, pp. 839-844.
26 Pour les tables Masca, voir E. K. Ralph, H. N. Michael, M. C. Han. Radiocarbon dates and reality : MASCA Newsletter, 1973, vol. 9, pp. 1-20 ; les tables de corrections du Groupe de Tucson sont publiées dans la Revue d’Archéométrie, supplément 1983, p. 3 et suiv.
27 Voir l’article de G. Buchner, Eruzioni vulcaniche e fenomeni vulcano-tettonici di età preistorica e storica nell’isola d’Ischia, dans ce volume.
28 A. Perozzi, Ritrovamento di resti dell’Eneolitico in Provincia di Napoli, La Ricerca Scientifica, 1949, p. 1025.
29 M. Alessio, F. Bella, S. Improta, G. Belluomini, G. Calderoni, C. Cortesi, B. Turi, Radiocarbon, vol. 15, n. 1, 1973, p. 175 (R-785).
30 M. Alessio, F. Bella, S. Improta, G. Belluomini, G. Calderoni, C. Cortesi, B. Turi, art.cit., vol. 15, n. 1, 1973, p. 176 (R-709 ; R-710).
31 A. Marzocchella, Le tombe eneolitiche di Napoli Materdei, Riv. Sc. Preist. XXXV, 1-2, 1980, p. 148, n. 8.
32 Fouilles de la Surintendance Archéologique de Naples localité « Depuratore » de Cumes (Printemps 1980), sous la direction de G. Tocco Sciarelli que je remercie vivement pour l’échange d’information. Pour une brève signalation, G. Tocco Sciarelli, Rassegna Archeologica della Campania. XX Convegno di Studi sulla Magna Grecia, Tarente 1980 (sous presse).
33 Le site n’a jamais été fouillé. Une quantité assez considérable de fragments a été recueillie lors de différentes prospections, les plus significatifs ayant été présentés lors du IIème Congrès du GAI de Campanie, Maddaloni 1981, (Communication non publiée) et récemment à l’occasion de l’exposition Napoli antica (Musée Archéologique National de Naples), voir C. Albore Livadie, Il territorio flegreo : dall’eneolitico al preellenico di Cuma - Licola, catalogue de l’exposition, Naples 1985, pp. 56-59. Pour une brève notice sur le site, A. Marzocchella, Notiziario, Scoperte e scavi preistorici in Italia negli anni 1978 e 1979, R.S.P., XXXIV, 1-2, 1979, p. 326 ; R. Adinolfi, Campi Flegrei nella Preistoria, Naples 1982, p. 117 et suiv.
34 V. Turco, I materiali preistorici di Monte Sant’Angelo, I Convegno dei Gruppi Archeologici della Campania, Pouzzoles 1980, pp. 42-43, pl. 6 a 8 ; C. Albore Livadie, Notiziario, Scoperte e scavi preistorici in Italia nell’anno 1982, R.S.P. XXXVII, 1-2, 1982, p. 319.
35 Ce type d’objet, d’un usage bien particulier, apparaît à Lipari à un moment avancé de la culture de Capo Graziano ; en Campanie des comparaisons peuvent être faites avec les exemplaires de Pertosa, d’Ariano I et de Tufariello. Sur la base de parallèles caucasiens, ce récipient a été interprété récemment comme une coupe à filer la laine. Voir L. Bernabò Brea, Gli Eoli e l’inizio dell’età del Bronzo nelle isole Eolie e nell’Italia meridionale. Archeologia e Leggende, Naples, 1985, p. 79 et suiv..
36 Pour une définition récente de ce facies et le problème chronologique, voir I. Damiani, M. Pacciarelli, A.C. Saltini, Le facies archeologiche dell’isola di Vivara e alcuni problemi relativi al protoappenninico B, in AION, pp. 1-38, VI, 1984.
37 Pour une première signalation du site de Montagna Spaccata, voir V. Turco, art. cit., Pouzzoles, 1980, pp. 38-41 ; C. Albore Livadie, Notiziario, Scoperte e scavi preistorici in Italia durante il 1982, R.S.P., XXXVII ; 1-2, 1982, pp. 319-320. Plus récemment, eadem, Il territorio flegreo : dall’eneolitico al preellenico di Cuma - Montagna Spaccata, catalogue de l’exposition Napoli antica, Naples 1985, pp. 59-62.
38 La fouille d’urgence nous a été confiée par la Surintendance Archéologique des Provinces de Naples et Caserte ; l’étudiant P. Talamo a collaboré à cette exploration.
39 F. Gucci, Preistoria e storia della valle solofrana. La stazione appenninica di Passatoia di Solofra, II, Salerne, 1979. p. 88 et suiv.. fig. 17 et 17A en particulier.
40 Les quatre échantillons analysés auprès du Laboratoire de bioarchéologie-palynologie de Valbonne (CRA-CNRS) par M. Girard se sont révélés stériles, mais très riches en charbons de bois.
41 C’est l’opinion de G. Rolandi qui a effectué un certain nombre d'observations durant la fouille.
42 Pour une récente présentation du matériel, voir C. Albore Livadie, Il territorio flegreo : dall’eneolitico al preellenico di Cuma - Cuma Preellenica, catalogue de l’exposition Napoli antica, pp. 62-69 et en part. p. 65 (9.1) et pp. 68 (9.15 à 9.19).
43 E. Gabrici, Cuma, Mon. Ant. Lincei, XXII, 1913, p. 91 et suiv.
44 Journal de fouilles d’E. Stevens (texte manuscrit) ; E. Gabrici, op. cit., coll. 62-63.
45 Journal de fouilles d’E. Stevens (texte manuscrit) ; E. Gabrici, op. cit., col. 64.
46 V. Maraglino, Cuma e gli ultimi scavi, Atti della Reale Accademia di Arch. Lett. e Belle Arti, vol. XXV, parte II, Naples, 1908, p. 22.
47 V. Maraglino, art. cit., p. 22.
48 E. Gabrici, op. cit., col. 759.
49 Sur le problème, voir le récent travail de N. Valenza Mele, Eracle euboico a Cuma, la Gigantomachia e la via Heraclea, Recherches sur les cultes grecs et l’Occident, 1, Cahier du Centre Jean Bérard. V. Naples 1979. en particulier p. 32 et suiv.
50 Silius Ital. XII, 147.
51 Serv. Aen. IX, 712.
52 Iliad. II, 783, Lycoph. Alex, v. 687.
53 Pind., Pyth. I, v. 15 et suiv.
54 Timée, apud Strabon, V, 4, 8-9=C 248 ; en général, P.W., Supplém. III : coll. 661-667.
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