Diazinteregio : un réseau pour valoriser la mémoire filmique régionale
Texte intégral
1Une idée est souvent le fait d’une seule personne, mais faire de cette idée un projet d’envergure ne peut être que le fruit d’un travail de coopération. Diazinteregio s’inscrit véritablement dans cette ligne pour faire d’une impulsion régionale une coopération à l’échelle nationale. Mais qu’est-ce que Diazinteregio ? Pour répondre à cette question nous allons, dans un premier temps, rappeler comment le réseau s’est formé. Ensuite, nous reviendrons sur les usages de l’outil qui le fédère : la base de données Diaz. Et enfin, nous aborderons le fonctionnement mutualiste du réseau en abordant les différents chantiers qui ont été menés, la méthodologie appliquée ainsi que les projets en cours1.
Le réseau Diazinteregio
2Comment est-on passé d’une base de données, c’est-à-dire d’un outil, à la création d’un réseau national ? À l’origine, la problématique était de prendre en charge le film au format substandard, autrement dit amateur. Il faut se remettre dans le contexte : dans les années 1990, le film amateur n’est pas pris en compte, ou seulement de façon marginale, par les outils de gestion documentaire. Certes, le dépôt légal du film existe, mais aucune mesure spécifique ne concerne l’ensemble des supports amateurs, lesquels n’entrent pas dans le cadre de ce dépôt légal.
Émergence du réseau autour d’un outil commun
3C’est donc dans les années 1990 que la Cinémathèque de Bretagne, en collaboration avec Normandie Images, développe en interne un outil, la base Klaskatao2, qui pose le premier jalon de la future base de données Diaz. Ce travail de coopération porte prioritairement sur le traitement documentaire, la gestion des droits, la création du conventionnement avec les déposants et aboutit à la création d’un thésaurus commun, élaboré par les deux structures qui historiquement sont liées par la thématique de l’activité maritime.
4En 2004-2005, un outil d’indexation performant, baptisé Diaz3, est développé par la Cinémathèque de Bretagne au cours d’un projet soutenu par le FEDER4, mené avec la région Bretagne et la région Pays de la Loire. En 2006, la Cinémathèque de Bretagne propose à Normandie Images et Ciclic Centre-Val de Loire une licence Diaz leur permettant d’utiliser l’outil ; ces trois structures, une cinémathèque, la Cinémathèque de Bretagne, et deux mémoires audiovisuelles régionales, Normandie Images et Ciclic Centre-Val de Loire, posent alors les jalons du réseau en devenir.
5En 2010, le trio de membres fondateurs met en place le cadre administratif du réseau en créant l’association Diazinteregio, dont la mission est de pérenniser et de partager les compétences développées. C’est, à l’époque, Gilbert Le Traon5, le directeur de la Cinémathèque de Bretagne, qui préside Diazinteregio, Emmanuel Porcher6, le directeur de Ciclic Centre-Val de Loire, en est le secrétaire général, et Denis Darroy7, directeur de Normandie Images, le trésorier. Le bureau est aujourd’hui toujours composé des trois structures historiques et fondatrices du réseau. Ce réseau a des objectifs communs : créer un standard commun pour l’indexation d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles, étudier les perspectives d’évolution de ce logiciel, mutualiser les informations contenues dans les bases des différentes structures, favoriser les coopérations interrégionales et mettre en œuvre toutes les actions visant à assurer la promotion de nos différentes missions. À ces trois structures s’agrègent, dès 2010, d’autres structures dont la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain, la Cinémathèque d’images de montagne et Ciné Archives, qui, elles aussi, ont au préalable acheté une licence pour utiliser Diaz.
La philosophie de Diazinteregio
6Au fil des années Diazinteregio a développé une philosophie de coopération reposant sur un modèle de partenariat ouvert. Tout d’abord, il s’agit de faciliter l’arrivée des nouveaux entrants. Tous les ans des petites, moyennes ou grandes structures rejoignent le réseau, et l’objectif est de les soutenir, sans distinction, en leur proposant un outil adapté à leurs besoins. Le réseau porte aussi attention aux structures émergentes et c’est la raison pour laquelle l’obtention de Diaz a été simplifiée. Il n’est plus besoin aujourd’hui de s’acquitter d’une licence pour bénéficier de la base. En revanche, le principe d’un engagement financier commun a été mis en place. Chaque structure qui adhère à Diazinteregio paye un droit d’entrée, mais aussi une cotisation à un fonds de mutualisation pour financer les développements.
7Les réflexions sur les évolutions de l’outil sont communes et structurées par la coordinatrice du réseau, autour de différentes commissions qui se consacrent à des thématiques très précises, comme la technique, les appels à projets ou les aspects documentaires. Le réseau dispose d’un plan de formation pour appréhender l’outil et les nouveaux adhérents, comme les anciens, ont droit à un temps de formation à la prise en main de l’outil ou à ses nouvelles fonctionnalités.
Poids et avenir de Diazinteregio
8C’est ainsi que Diazinteregio a abouti à un vrai maillage du territoire national, même s’il reste quelques « zones blanches » dans le Sud-Ouest, car certaines structures ont développé leurs propres solutions en interne. C’est le cas, notamment, de la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine à Limoges, qui a développé le Pill et anime un réseau régional avec le Fonds audiovisuel de recherche [FAR], de Trafic Image à Angoulême et de la Mémoire de Bordeaux Métropole8. Les structures qui conservent des films de patrimoine utilisent Garance9, un outil développé par le Centre national de la cinématographie [CNC] qui échange régulièrement avec Diazinteregio pour que les outils restent complémentaires.
Figure 1. Carte des membres du réseau Diazinteregio au 31 mai 2022.

9Le maillage autour de Diaz évolue constamment avec l’entrée de nouvelles structures professionnelles ou bénévoles, situées sur le territoire métropolitain, mais aussi en outre-mer et sur certains territoires francophones comme la Suisse ou le Maroc. Chaque région ou presque possède une structure qui utilise la base Diaz, ce qui permet d’élargir le réseau et les différentes collections qu’il traite. Cela permet aussi d’enrichir le savoir-faire autour des fonds audiovisuels, cinématographiques et photographiques, car les structures-membres sont indépendantes et ont leurs méthodes de travail propres. Le réseau est un lieu d’échanges et de discussions autour de leurs pratiques pour atteindre une certaine homogénéisation, par exemple avec le thésaurus. Car Diaz gère une collection unique, constituée de milliers de supports films, de photographies, parfois d’affiches de films ou d’appareils. Avec plus de dix ans d’expérience dans le développement et l’usage d’outils documentaires, Diazinteregio est désormais reconnu par ses pairs, le CNC et l’INA, comme un acteur à part entière du patrimoine audiovisuel.
Usages et évolutions de la base de données Diaz
10Pour comprendre le fonctionnement communautaire de Diaz, il est important d’appréhender la diversité de ses membres.
La communauté Diazinteregio
11La communauté Diazinteregio est composée de 18 structures10 qui présentent différentes formes juridiques. Ce sont majoritairement des associations, car on compte quinze associations de type loi 1901, ainsi que deux établissements publics de coopération culturelle et un centre d’archives municipales, qui ont tous pour particularité de travailler sur des fonds thématiques et principalement sur le film amateur. Bien que les couvertures des collections dont elles sont dépositaires relèvent d’échelles différentes, régionales, départementales ou municipales, elles sont fortement centrées sur le rayonnement territorial. Elles conservent ainsi des films tournés dans leur région ou des films tournés hors de leur région, mais dont les auteurs sont issus de la région. Cependant, trois parmi ces dix-huit structures ont un fonctionnement thématique, comme par exemple le centre audiovisuel Simone de Beauvoir (histoire des femmes et des luttes féministes), Ciné Archives (histoire du Parti communiste et des mouvements ouvriers) ou French Lines et Compagnies (histoire de la Marine marchande française). Les types de collections diffèrent aussi. Elles sont consacrées principalement au film amateur, mais beaucoup de structures conservent également du film professionnel, des bandes son et ce qu’on appelle le « non film », c’est-à-dire des photographies, des appareils, des affiches, des livres, etc.
Usages des films amateurs
12Rappelons que les fonds cinématographiques patrimoniaux sont un matériau extrêmement intéressant dont les usages sont multiples. La première mission est, bien sûr, la construction mémorielle : conserver et restituer l’image à ses déposants, mais la vente d’images connaît aussi une forte demande. Des réalisateurs ou des sociétés de production achètent des extraits pour les réutiliser dans de nouvelles productions et les expositions utilisent de plus en plus ces fonds dans leurs muséographies. En termes de diffusion culturelle, beaucoup de créations contemporaines, de spectacles, de ciné-concerts et de ciné-théâtres se font aujourd’hui à partir de ces archives et donnent une nouvelle vie à l’image. Le mashup11 est de plus en plus utilisé pour simplifier l’initiation au montage. On y utilise aussi des prises de vue contemporaines, mais l’image d’archive comporte une dimension pédagogique intéressante pour les plus jeunes : on peut, par exemple, à partir de plusieurs films d’archives qui se passent dans une ferme, recréer, par un procédé très simple, la journée type d’un fermier des années 1960. C’est à la fois un travail sur l’histoire et un travail de montage et d’éducation à l’image.
Figure 2. Photogrammes.

A) Racleurs d’océans, Anita Conti, 1952, Cinémathèque de Bretagne.
B) Saint-Léonard, Mont-Saint-Michel, Fernand Bignon, 1940, Normandie Images.
C) Pont du Mont-Blanc et rade de Genève, auteur inconnu, 1945, Autrefois Genève.
13La base Klaskatao, qui, rappelons-le, a précédé Diaz, était spécialement conçue pour documenter le film amateur. Par la suite, les besoins et les techniques changeant, la base de données a dû constamment évoluer afin de rester en accord avec les usages professionnels de chacune des structures adhérentes. C’est un outil très complet qui permet de gérer toutes les collections des membres ainsi que leur valorisation et même leur traitement administratif. Ainsi, il intègre des « fichiers de collection » qui permettent de traiter tout ce qui concerne les collections, comme les « fiches documentaires » où l’on indique, par exemple, le titre, le résumé, les descripteurs thématiques et de lieu. Les « fiches supports » consignent le format original, le type de coloration, la présence d’une bande son, l’état du support physique, le temps passé à le traiter et toutes les opérations effectuées sur la pellicule, tandis que les « fiches appareils » sont consacrées aux matériels. Diaz intègre aussi des « fichiers de gestion » qui sont des sortes de fiches projets. Ces derniers permettent de garder une trace de l’ensemble des utilisations des films par exemple les diffusions culturelles ou les ventes d’images. Les ateliers sont également documentés dans cet outil.
Figure 3. Photogrammes.

A) Fête du retour des Poilus à Châteauroux, Maurice Brimbal, 1919, CICLIC.
B) Conchette, Claude Marcelin et Claude Bondier, 1974, Archives départementales de Savoie – CPSA.
C) Été 1970 à Calais, Patrice Gobert, Archipop.
Un thésaurus commun
14Le projet de refonte et d’harmonisation du thésaurus s’est déroulé de 2016 à 2019. Dans les années 1990, avaient eu lieu les premiers travaux d’élaboration d’un thésaurus commun entre la Cinémathèque de Bretagne et Normandie Images. Il comportait trois parties : les lieux (termes géographiques, administratifs et localités), les noms propres et les thèmes, très développés autour de l’activité maritime et agricole, en raison des contenus des films détenus par ces structures à cette époque. Avec le déploiement de la nouvelle base Diaz en 2005, la création de Diazinteregio et l’arrivée de nouvelles structures, le thésaurus initial faisait régulièrement l’objet de modifications et d’ajouts chez les uns et les autres, car chaque structure avait son propre fichier thésaurus, qui pouvait ainsi évoluer de manière indépendante. La Cinémathèque de Bretagne, par exemple, possède des films de vacances au ski qui sont indexés directement dans la catégorie « loisirs » ou « sports d’hiver » ou encore en « sports ». Mais la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain et la Cinémathèque d’images de montagne [Cimalpes] ont des besoins beaucoup plus précis pour tout ce qui traite du ski. De la même manière, la Cinémathèque de Bretagne a un vocabulaire très précis sur les oiseaux marins ou sur les coiffes, ce qui intéresse relativement peu les autres structures et peut les « noyer » au moment de l’indexation de leur propre collection. C’est alors qu’émerge l’idée d’unifier les bases et de se doter d’un thésaurus commun pour mettre en œuvre, dans le futur, une plateforme commune permettant d’interroger toutes les bases.
Figure 4. Thésaurus.

15Dès 2013, la démarche est soutenue par le CNC qui incite notamment à la mise en conformité avec la norme européenne sur la description documentaire des films12. Puis une étape d’étude des besoins est menée par Diazinteregio dès 2017 auprès de toutes ses structures pour identifier les différents manques et les problèmes qui pourraient survenir avec ce thésaurus. Le projet est confié à la société Ourouk qui travaille sur l’existant. Plus de 24 000 termes sont nettoyés et reclassés, les doublons sont supprimés. Le nouveau thésaurus livré par Ourouk est presque entièrement remodelé, même s’il ressemble encore très fortement à l’ancien. Les classements hiérarchiques sont beaucoup plus cohérents et les particularités locales sont conservées. Les structures migrent vers le nouveau thésaurus en fin d’année 2019.
16Pour éviter les ajouts de termes excessifs par les membres, les structures créent des termes-candidats en indiquant leur place dans l’arborescence, puis une commission Diazinteregio valide ou non l’ajout de ces mots-clés, ce qui permet de poursuivre le développement du thésaurus en fonction des besoins de chacun tout en conservant un fonctionnement beaucoup plus harmonisé.
17Pour faciliter ce fonctionnement mutualiste, Diazinteregio a décidé, à la fin de l’année 2014, d’embaucher Stéphanie Ange en tant que coordinatrice du réseau.
Un fonctionnement mutualiste
18Au départ, chaque structure était dotée d’une version serveur de Diaz, installée chez elle à demeure, et pouvait donc modifier le code de la base. Chacun était libre de développer l’outil dans le sens qu’il souhaitait. Ce ne pouvait pas être très opérant sur le long terme, si l’on voulait intégrer de nouveaux utilisateurs. Une version cloud13 de l’outil Diaz a donc été élaborée entre 2013 et 2015 pour permettre une base commune qui ne soit plus modifiable par chaque membre, mais qui soit véritablement partagée. Un autre enjeu important a été l’arrivée, entre 2015 et 2017, de pratiques de numérisation plus massives et dématérialisées qui nécessitent de pouvoir indexer des fichiers numériques et leurs espaces de stockage informatiques et non plus des supports analogiques.
Des chantiers d’adaptation aux pratiques
19Il a donc fallu mener le chantier dans plusieurs directions, d’une part, en travaillant aux fonctions d’indexation des fichiers numériques natifs et issus de la numérisation, tout en ménageant la possibilité de renumériser, car des campagnes de renumérisation se pratiquent désormais. L’outil prévoit donc de renseigner quatre types de fichiers : un fichier numérique natif, un fichier de conservation, un fichier d’exploitation ou pivot, qui permet ensuite de créer, en règle générale, jusqu’à trois formats de fichiers de diffusion, soit un fichier de consultation, un fichier de diffusion en ligne et parfois un DCP14. Mais chaque structure est libre d’utiliser les types de fichiers de diffusion comme elle le souhaite. D’autre part, un chantier a été mené en 2018, pour améliorer la gestion des collections de photographies. Initialement, la partie photographie de Diaz a été pensée pour indexer des photogrammes, des photographies de tournage ou des photographies vraiment liées aux collections de films, mais de nouveaux membres, comme la Fabrique de patrimoines en Normandie, Image’Est et Autrefois Genève notamment, conservent d’importantes collections de photographies originales et il a fallu ajouter tous les champs spécifiques à l’indexation de collections photographiques particulières.
20Les différences d’organisation que l’on constate, notamment entre les structures territoriales et les structures thématiques aux échelles variées, permettent une grande complémentarité et soulèvent des questionnements qui enrichissent la réflexion de l’ensemble des membres. Par exemple, Ciné Archives travaille sur des films professionnels avec plusieurs copies, alors qu’un grand nombre de structures du réseau travaillent principalement sur des fonds inédits et sur des copies uniques, ce qui conduit à s’interroger sur l’opportunité de créer des champs tels que « support unique » ou « support de référence » quand on a plusieurs supports d’un même contenu.
Concertation, travail en commun et arbitrages
21Cette question sera d’abord posée à distance, car, comme le réseau s’étend sur le territoire national, il est difficile de se rencontrer en présentiel très régulièrement. Ces premiers échanges ont donc lieu par mail, via une liste de diffusion suivie par un responsable de Diaz dans chaque structure. Ils sont suivis, après une première synthèse des retours, par des débats en présentiel, au cours des réunions trimestrielles du réseau, lorsque les synthèses révèlent des différences de vues. Les arbitrages sont plus ou moins simples à effectuer, mais, quoiqu’il en soit, le fonctionnement fait que personne n’est contraint dans sa façon de travailler et l’arbitrage vise surtout à déterminer les priorités.
22Ces réunions trimestrielles impliquent un fort engagement des personnels des structures. Un correspondant consacre au minimum cinq jours par an au réseau pour répondre aux échanges et assister aux réunions, ce qui peut être étendu à dix jours par an s’il participe à une commission thématique. Il existe actuellement trois commissions : la commission « IHM15 », à laquelle participent trois membres, concerne la refonte de la base actuelle ; la commission « genre cinématographique » a refondu la liste des termes de genres en prenant en compte les travaux du CNC sur ces termes ; enfin, une commission « financement » contribue au développement de projets. Les temps de formation proposés chaque année aux nouvelles structures adhérentes et aux nouveaux personnels des membres plus anciens sont des moments d’échanges moins formels sur les pratiques. Au cours de l’apprentissage de l’outil, les petites variations d’utilisation ou de conception de certains champs apparaissent et sont discutées pour essayer, toujours, d’harmoniser les fonctionnements.
Figure 5. L’interface Homme-Machine de DIAZ en cours de développement.

23Au fil du temps Diazinteregio est aussi devenu un service, en offrant la possibilité d’échanger par mail ou par téléphone pour obtenir une assistance à l’utilisation. De plus, depuis le travail sur les fichiers numériques, à la fin de 2018, un serveur partagé et une solution de partage de fichiers ont été ajoutés pour la mise en ligne des contenus et la livraison des fichiers de conformation pour différents usages.
Un projet en cours : la création d’un portail commun
24Le réseau Diazinteregio permet la création d’un véritable catalogue de la mémoire filmique du territoire national, mais dont l’accès relève encore de la mise en ligne des membres sur leur site régional, local ou thématique. L’objectif est de créer un portail commun de publication en ligne de ces contenus et, pour cela, deux étapes majeures sont programmées en 2022-2023. D’une part, la modernisation de l’infrastructure de l’interface homme-machine permettra de réaliser beaucoup plus vite les formulaires de saisie et de personnaliser les formats de listes. D’autre part, des fonctionnalités seront ajoutées comme le visionnage du film dans la notice documentaire ou la navigation de la notice documentaire à la notice support. La description technique sera également étoffée et les types de plans, l’exposition, la qualité cinématographique pourront être décrits. Ces évolutions anticipent le projet d’un portail commun de mémoire filmique des territoires dont l’ouverture est envisagée en 2023. Cette plateforme commune offrira un axe d’éditorialisation pour valoriser certaines thématiques et certains contenus des membres. Une interrogation croisée des collections conduira à l’ensemble des documents qui traitent, par exemple, d’une même commune. En effet, même si chacun couvre une mission territoriale, une structure conserve parfois des fonds qui intéressent d’autres régions, car un réalisateur breton peut avoir tourné à Saint-Étienne ou inversement. La phase de concertation est entamée en 2022 afin de statuer sur les envies et besoins des membres, et surtout sur l’articulation entre les plateformes individuelles des structures, les plateformes régionales, les plateformes thématiques et ce portail commun.
25À l’horizon 2024-2025, c’est un rapprochement avec le monde des archives qui est en gestation. Les membres de Diazinteregio travaillent beaucoup avec des archives départementales, notamment MIRA [Mémoire des Images Réanimées d’Alsace] avec les Archives départementales d’Alsace ou la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain avec les Archives départementales de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l’Ain. Les archivistes départementaux, qui sont proches de ces cinémathèques, ont déjà l’habitude de travailler sur Diaz pour y renseigner des collections et d’autres Archives départementales se sont montrées intéressées par l’outil. Mais rajouter un outil à ceux qu’utilisent déjà les archivistes, et pour ne traiter qu’une partie de leurs collections, n’est sans doute pas la bonne approche. Ce qui est envisagé est d’obtenir une interopérabilité plus grande entre les outils de type Arkheia ou Ligeo pour la gestion archivistique et Diaz pour l’indexation afin de faciliter la valorisation de leurs fonds audiovisuels.
26Enfin, le réseau regarde aussi au-delà des frontières, en Italie par exemple, avec Home Movies à Bologne, pour défendre et dupliquer le modèle du réseau à l’international. Le modèle est facilement réplicable, mais le questionnement porte sur la traduction du thésaurus : faut-il traduire les milliers de termes communs ou repartir d’un thésaurus vierge ?
Notes de bas de page
1 Ce texte est issu de la table ronde qui s’est tenue le 31 mai 2022 dans le cadre du séminaire Les Nouveaux Paradigmes de l’Archive. Nous remercions Gaïd Pitrou, directrice de la Cinémathèque de Bretagne, pour sa contribution à l’élaboration de cette table ronde.
2 Ce qui veut dire « cherche toujours » en breton.
3 Ce qui signifie « base » en breton.
4 Le fonds européen de développement régional [FEDER] intervient dans le cadre de la politique de cohésion économique, sociale et territoriale.
5 Gilbert Le Traon est l’un des fondateurs du Festival européen du film court de Brest en 1986. Délégué général en 1991, puis directeur artistique jusqu’à sa 15e édition en novembre 2000, il est recruté cette même année pour diriger la Cinémathèque de Bretagne. Il rejoint l’équipe de Ciclic, en prenant la responsabilité du pôle patrimoine le 1er septembre 2015.
6 Emmanuel Porcher dirige Centre Images, l’Agence régionale du Centre pour le cinéma et l’audiovisuel de 2006 à 2011. Directeur général délégué Culture, patrimoine et sports, puis directeur général délégué Éducation, égalité des chances et vie citoyenne, au conseil régional Centre-Val de Loire, il est nommé en 2022 directeur général des services de la Ville de Tours.
7 Denis Darroy est producteur et réalisateur de films documentaires et d’animation, ainsi que coordinateur de dispositifs d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel. De septembre 2001 à juillet 2009, il a occupé le poste d’inspecteur conseiller pour le cinéma, l’audiovisuel et le multimédia au sein des Drac de Lorraine et d’Alsace. Depuis août 2009, il a pris ses fonctions de directeur du pôle image de Haute-Normandie.
8 https://www.memoirefilmiquenouvelleaquitaine.fr/
9 Garance est le fruit d’une collaboration entre la Cinémathèque de Toulouse, la Cinémathèque française et l’Institut Jean-Vigo.
10 En 2022.
11 Le mashup consiste, dans différents domaines artistiques, à créer une œuvre par l’assemblage de fragments d’autres œuvres.
12 Identification des films-Jeu minimal de métadonnées pour œuvres cinématographiques, NF EN 15744.
13 C’est-à-dire complètement hébergée sur le web et accessible via Internet.
14 Digital Cinema Package [DCP]. Format numérique destiné à l’utilisation en salle de projection.
15 Interface Homme-Machine.
Auteurs
Ciclic Centre – Val de Loire. Membre fondateur de Diazinteregio aux côtés de Normandie Images et de la Cinémathèque de Bretagne (histoire du réseau Diazinteregio, de sa base de données, de ses valeurs de mutualisation des savoirs et des coûts).
Cinémathèque de Bretagne. Membre fondateur de Diazinteregio (usages de la base de données Diazinteregio et élaboration d’un thésaurus commun)
Coordinatrice du réseau Diazinteregio (accompagnement de la construction sur mesure de la base de données avec le collectif).
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