Quelques réflexions sur la place et la fonction des images dans les traités d’anatomie et de chirurgie au xvi^e siècle1

1 Cet article développe une communication orale présentée aux Journées d’histoire de l’anatomie et de la chirurgie, Paris, 10-11 décembre 2010 (SFHM).

2 Vésale A., De humani corporis fabrica libri septem, Oporinus, Bâle, 1543, « Lettre à Oporinus », n.p. Voir Vons J. et Velut S., La Fabrique de Vésale et autres textes, BIUS : www3.biusante.parisdescartes.fr/vesale/index.las?e=1&p1=00010&a1=f&v1=00302_1543x00&c1=4

3 Paré A., Les Œuvres, Paris, Gabriel Buon, 1585, « Au Roy », ã ij v.

4 Ibid., Livre XXI, « Des venins », ch. 45, p. 826-827. Transcription due à l’amabilité d’Évelyne Berriot-Salvadore.

5 Alors que beaucoup de bois gravés communs étaient en hêtre, ceux de la Fabrica témoignent d’une recherche et d’un raffinement particuliers. W. Wiegand a établi qu’ils étaient en bois de poirier, très finement poncé et enduit d’huile de lin : le choix d’un matériau résistant (y compris aux vers), mais également lisse et souple grâce au traitement subi, permettait aux gouges du graveur de creuser dans le fil du bois les détails précis du dessin. Ces qualités ont assuré la survie des planches, indépendamment du texte de la Fabrica. Cf. Wiegand W., « Marginal notes by the printer of the icones », dans Lambert S. W., Wiegand W. (dir.), Ivins M. Jr., Three Vesalian Essays to Accompany the Icones Anatomicæ of 1934, New York, MacMillan, 1952, p. 25-42.

6 Guy de Chauliac, Magna Chirurgia, traduite en français par Nicolas Panis sous le titre Guidon de la pratique en chirurgie, et publiée à Lyon chez B. Buyer en 1478.

7 Paré A., La Maniere de traicter les playes faictes tant par hacquebutes que par les fleches ; les accidents d’icelles comme fractures ou caries des os, gangrene ou mortification : avec les pourtraicts des instruments necessaires pour leur curation. Et la methode de curer les combustions principalement par la pouldre à canon, Paris, Veuve de Jean de Brie, 1552.

8 Paré A., Dix livres de chirurgie avec le magasin des instrumens necessaires à icelle, Paris, Jehan Le Royer, 1564.

9 Ibid., f. 71r^o et 71v^o. Si la main de fer ou la jambe de bois ne remplacent pas encore l’action des membres amputés et semblent difficiles à utiliser, leur mérite est d’avoir développé sur le plan des techniques l’intérêt pour les ressorts, les engrenages, qui produiront au xviii^e siècle les merveilleux automates de Vaucanson.

10 Voir par exemple Daléchamps J., Chirurgie françoise […]. Avec plusieurs figures des instrumens necessaires pour l’operation manuelle, Lyon, Guillaume Rouillé, 1569, p. 6 (tenailles) et p. 136-137 (pélicans et daujets pour arracher les dents).

11 Ketham I., Fasciculus Medicinæ, Venise, Z. et G. di Gregorii, édition consultée : 1495.

12 Guillemeau J., La Chirurgie francoise recueillie des Anciens Medecins et Chirurgiens, avec plusieurs figures des instrumens necesseres pour l’Operation Manuelle, Paris, Nicolas Gilles, 1594.

13 Guidi G., Chirurgia e græco in latinum conuersa Vidio Florentino interprete cum nonnullis ejusdem Vidii commentariis, Paris, Paul Gaultier, 1544. La gravure a été analysée par Grmek M. D., « Vidius et les illustrations anatomiques et chirurgicales de la Renaissance », dans Groult M. (dir.), Les Sciences à la Renaissance, Paris, Vrin, 2003, p. 175-185 ; cf. Vons J., Le Médecin, les institutions, le roi. Médecine et politique aux xvi^e- xvii^e siècles, Paris, Cour de France.fr, 2012. Ouvrage numérisé, http://cour-de-france.fr/article2342.html, p. 10.

14 Paré A., Dix livres de chirurgie, dans Œuvres, p. 228. Voir Hahn A., Dumaître P., Samion-Contet J., Histoire de la médecine et du livre médical, Paris, O. Perrin, 1978, p. 168.

15 Reisch G., Margarita philosophica, Fribourg, Johann Schott, 1503.

16 Brunschwig H., Dis ist das Buch der Cirurgia, Strasbourg, Jean Grüninger, 1497, f. 18r^o (Anathomia ossium corporis humani).

17 Wieger F., Geschichte der Medizin Und Ihrer Lehranstalten In Strassburg Vom Jahre 1497 Bis Zum Jahre 1872, Strasbourg, Trübner, 1885, p. 17.

18 Le Minor J. M., Les Sciences morphologiques médicales à Strasbourg du xv^e au xx^e siècle, Strasbourg, Presses universitaires, 2002, p. 15-17 et 26-28 [bibliographie].

19 Vésale A., De humani corporis fabrica libri septem, « préface », f. 3v^o : « et partium omnium imagines sermonis contextui insertas ita contineant, ut ueluti dissectum corpus operum Naturæ studiosis ob oculos collocent ».

20 Balamivs F., Galeni De ossibus ad tyrones, Ferdinando Balamio interprete, Paris, André Wechel, 1535 : « Cum hanc anatomes partem, rei medicæ candidatis cum primis tum utilem tum necessariam intelligerem : operæprecium me facturum existimaui, si præceptionem omnem figuris emendatis exprimerem. Quare cum id minoribus picturis assequi difficile uideretur, maiusculis utendum esse duximus, quibus omnia humani corporis ossa euidenter spectanda proponerentur ». En dépit de l’avis au lecteur affiché par l’imprimeur en dernière page, l’édition de 1535 ne contient pas de planches… Il semblerait que Wechel ait envisagé une autre édition, dans un plus grand format, soit du même ouvrage (mais qui n’eut pas lieu) soit d’un autre traité d’ostéologie. Cf. Vons J., « André Vésale et le traité de Galien De ossibus traduit par F. Balamius », dans Boudon V. et Cobolet G. (dir.), Lire les médecins grecs à la Renaissance, Paris, BIUM-De Boccard, collection Medic@, 2004, p. 272-282.

21 Drizenko A., « Apostille aux Tabulæ Anatomicæ sex de Vésale (1538) », Histoire des sciences médicales, xlvi, 4, 2012, p. 415-424 (avec texte et traduction de la dédicace à Vertunus).

22 Vésale A., Fabrica, « Lettre à Oporinus », n. p.

23 Vésale A., Epistola rationem modumque propinandi radicis Chynæ […] pertractans, Bâle, Oporinus, 1546, p. 196.

24 Vésale A., Epitome suorum de humani corporis fabrica librorum, Bâle, Oporinus, 1543, f° Ma (schéma des veines, artères et nerfs, légende O 1, 2). Cf. Vons J. et Velut S., Résumé des livres sur la fabrique du corps humain, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 244-245.

25 Dubois J. (Sylvivs I.), Commentarius in Claudii Galeni de ossibus ad Tyrones […], Paris, Pierre Drouart, 1559. Dans l’édition bâloise de 1555 de la Fabrica, les hachures des gravures sont moins serrées, donc les ombres moins denses, et les lettres et chiffres portés sur le dessin plus visibles.

26 Vésale A., Fabrica, « Lettre à Oporinus », n.p. : « Ita enim nullus character, quantumuis etiam in umbra reconditus, oculatum sedulumque lectorem latitabit. et quod in hac pictura longe est artificiosissimum, mihique spectatu perquam iucundum, linearum in quibusdam partibus crassities simul cum eleganti umbrarum obfuscatione apparebit ».

27 Vésale A., Epitome, « Lettre au lecteur » (page de titre) : « Quod modo damus librorum de Humani corporis fabrica Compendium, in duas partes dissectum est, quarum una sex capitibus complexa, succinctissimam omnium partium historiam complectitur : altera in pluribus tabulis earundem delineationem simul cum characterum quibus insigniuntur indice proponit. Quare tuo ipsius arbitratu nostrum ordinem (quem ex uario ad impressionis formam, compingendique rationem commodissimum selegimus) tanti quanti uisum erit pendens, aut partium descriptionem, aut desiris nudas uiri mulierisque imagines proponentibus auspicabere, ubi externarum sedium appellationes, ceu illarum imaginum index occurrent », Cf. Vons J. et Velut S., Résumé des livres sur la fabrique du corps humain, op. cit., p. 127-128.

28 Vésale A., Fabrica I, p. 16.

29 Celsus, De medicina VIII, 1, 2-5 (éd. W. G. Spencer), Cambridge et Londres, Harvard University Press, 1953 (éd. consultée 2002), tome III, p. 474-476.

30 Blankaart S., Anatomia reformata siue concinna Corporis humani Dissectio, Leyde, Jordanus Luchtmans et Cornelius Boutestein, 1695.

31 Littérature abondante sur l’interprétation de ce frontispice. Cf. Pérez Fontana V., Andreas Vesalius Bruxellensis y su época, Montevideo, Imprenta nacional, 1963 ; des éléments de cet essai d’identification extrêmement poussé ont été repris dans l’introduction à l’exposition virtuelle de la BIU Santé de Paris : Cent frontispices médicaux (BIU Santé) et par Cunningham A. et Hug T., Focus on the Frontispiece of the Fabrica of Vesalius, 1543, Cambridge, Cambridge Wellcome Unit for the History of Medicine, 1994.

32 Sawday J., The Body Emblazoned, Dissection and the Human Body in Renaissance Culture, Londres/New York, Routledge, 1995, p. 64-70.

33 Sur cette question, voir les mises au point de Campana C., « Girolamo Fabrici d’Acquapendente », dans Vons J., Pratique et pensée médicales à la Renaissance, Paris, De Boccard, 2009, p. 273-286 ; Park K., Secrets de femmes. Le Genre, la génération et les origines de la dissection humaine (trad. Quiniou), Paris, Fabula, 2009. Sur la conception du théâtre anatomique, comme forme métaphorique de l’œil, voir l’intéressante analyse présentée par Viallon-Schoneveld M., « Le théâtre anatomique de Padoue comme instrument pédagogique », dans Colbus J. C. et Hébert B. (dir.), Les Outils de la connaissance. Enseignement et formation intellectuelle en Europe entre 1453 et 1715, Saint-Étienne, Presses de l’Université de Saint-Étienne, 2006, p. 255-270.

34 Sawday J., The Body Emblazoned…, p. 70-72 ; Park K., Secrets de femmes…, passim.

35 Vésale A., Fabrica V, p. 539.

36 Vons J., Le Médecin, les institutions, le Roi, p. 85-86 ; Cunningham A., The Anatomist Anatomis’d. An Experimental Discipline in Enlightenment Europe, Farnham, Ashgate, 2010.

37 Vesling I., Syntagma anatomicum cum commentariis exhibente Gerardo Blasio, Amsterdam, Jean Jansson, 1659.

38 Kerkring T., Spicilegium, continens observationum anatomicarum rariorum centuriam unam, Amsterdam, Andreas Frisius, 1670.