1 Genieys W., Les Élites espagnoles face à l’État, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques du politique », 1997.
2 Genieys W., L’Élite des politiques de l’État, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Gouvernance », 2008, p. 15.
3 Le recueil de textes publié en 1971 par Birnbaum P. et Chazel F., Sociologie politique. Textes (Paris, A. Colin, coll. « U2 », 1971, 2 volumes) y consacre une partie entière proposant des textes appelés à devenir classiques de Raymond Aron, Robert Dahl, Wright Mills, Peter Bachrach et Morton Baratz…
4 La publication en 2010 de l’enquête réalisée par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, deux sociologues spécialistes du comportement social des élites bourgeoises et aristocratiques françaises (Le Président des riches : enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, Paris, Zones, 2010, nouvelle édition revue et augmentée : La Découverte, 2011), le succès de librairie de ce livre (plus de 100 000 exemplaires vendus de la première édition en quelques mois), les débats publics qui ont accompagné sa réception, tout cela atteste de la prégnance d’une rhétorique visant à reproduire l’hypothèse (contestable) d’une élite sociale et politique homogène.
5 Faute de place ici, nous ne reproduirons pas les graphiques obtenus. Il suffirait ici aux lecteurs de se connecter à l’adresse suivante pour reproduire cette expérience bibliométrique : http://ngrams.googlelabs.com/.
6 Mosca G., The Ruling Class, New York, Mc Graw-Hill, 1939 (traduction par Arthur Livingston, de l’édition de 1923 des Elementi di scienza politica dont la première édition date de 1896). A. Livingston avait également été à l’origine quelques décennies plutôt de l’importation des thèses de V. Pareto aux États-Unis.
7 L’importance du thème élitiste dans le débat américain tient aussi bien sûr à des raisons endogènes notamment le débat contemporain sur le rôle ambivalent des élites dans le fonctionnement démocratique du système politique américain. À ce titre, la publication en 1941 de l’ouvrage de James Burnham consacré à The Managerial Revolution (Cambridge, Belknap Press of Harvard) est une étape importante dans la sensibilisation de la science politique américaine à la problématique élitiste. L’ouvrage sera traduit en français en 1947 et préfacé par Léon Blum.
8 Voir ici Grynszpan M., « La théorie des élites aux États-Unis : conditions sociales de réception et d’appropriation », Genèses, no 37, décembre 1999, p. 27-43.
9 C’est alors la catégorie de « classe dirigeante » qui est de loin la plus usitée. Cette catégorie tombera en désuétude dès le début des années 1980 quand la sociologie politique française lui préférera la notion d’« élite », jugée plus neutre.
10 On trouvera notamment sous la plume de Pierre Birnbaum entre 1971 (La Structure du pouvoir aux États-Unis, Paris, PUF, 1971) et 1977 (Les Sommets de l’État. Essais sur l’élite du pouvoir en France, Paris, Le Seuil, 1977) un ensemble de textes classiques de ce débat qui établit clairement la spécificité des élites bureaucratiques dans une société fortement étatisée depuis l’Ancien Régime.
11 Un des derniers ouvrages français notables est ici celui de Birnbaum P., dir., Élites socialistes au pouvoir (1981-1985), Paris, PUF, 1985. À titre personnel, l’auteur poursuivra ultérieurement ce domaine d’études en privilégiant l’analyse socio-historique de la contribution des élites juives à la construction étatique en France. Voir ici notamment Birnbaum P., Sur la corde raide : parcours juifs entre exil et citoyenneté, Paris, Flammarion, 2002.
12 Qu’atteste, par exemple, la publication par Frédéric Sawicki et Pierre Mathiot dans la Revue Française de Science Politique d’une enquête fort documentée intitulée : « Membres des cabinets ministériels socialistes en France : recrutement et reconversion » (vol. 49, no 1 et no 2, février et avril 1999, respectivement p. 3-29 et p. 231-264).
13 Genieys W., Sociologie politique des élites, Paris, A. Colin, coll. « U Sociologie », 2011.
14 Signalons notamment ici l’ouvrage dirigé par Smith A. et Sorbets Cl., dir., Le Leadership et le Territoire : les cadres d’analyse en débat, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003 ou encore la lecture psychologique qu’en propose Blondel J. et Thiebault J.-L., eds., Political Leadership, Parties and Citizens : the Personalisation of Leadership, Londres, Routledge, 2010. Cette entrée par le poids sociologique des dirigeants et des ressources qui assurent leur domination se retrouve aussi dans l’ouvrage récent dirigé par Bach D. C. et Gazibo M., dir., L’État néopatrimonial. Genèse et trajectoires contemporaines (Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2011). L’ouvrage accorde notamment une place notable à la figure des « entrepreneurs politiques » qui sont au cœur des régimes politiques néopatrimoniaux analysés tant en Afrique qu’en Asie.
15 Ce type de lecture « descriptive » (au sens que lui donne Hanna Fenichel Pitkin dans son ouvrage classique sur The Concept of Representation, Berkeley, University of California Press, 1967) établit notamment la permanence de « l’hégémonie masculine » dans les cercles du pouvoir en France. Pour une bonne présentation de cette question, voir récemment Sineau M., Femmes et pouvoir sous la Ve République. De l’exclusion à l’entrée dans la course présidentielle, Paris, Presses de Sciences Po, 2011. Le même prisme « descriptif » permettrait d’établir aussi le déficit de diversité ethnique des élites politiques françaises.
16 Cette perspective « descriptive » se retrouve, par exemple, dans l’importante enquête historique comparée de Cotta M. & Best H., eds., Democratic Representation in Europe : Diversity, Change and Convergence, Oxford, Oxford University Press, 2007.
17 Cette interrogation sur l’art de gouverner emprunte souvent une approche symbolique des phénomènes élitistes comme dans l’enquête que propose récemment Rapelli P., Symbols of Power in Art, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2011.
18 Nous nous inspirons ici des travaux de Genieys W., L’Élite des politiques de l’État, op. cit. Pour une application sectorielle, voir aussi Hassenteufel P., Smyrl M., Genieys W., Moreno J., « Programmatic actors and the transformation of European health care States », Journal of Health Politics, Policy and Law, vol. 35, no 4, août 2010, p. 516-538.
19 C’est notamment l’une des conclusions à laquelle arrive Putnam R. D., The Comparative Study of Political Elites, New Jersey, Prentice Hall, 1976.
20 L’enquête dirigée par Best H. et Cotta M. (Parliamentary Representatives in Europe, 1848-2000. Legislative Recruitment and Careers in Eleven European Countries, Oxford, Oxford University Press, 2000) est ici particulièrement éloquente de ce processus historique d’homogénéisation des élites parlementaires.
21 D’après les calculs de Robert D. Putnam (1976, p. 35), entre 1955 et 1974, 100 % des Premiers ministres, 72 % des membres du cabinet des ministres, 67 % des ministres n’ayant pas appartenu à un cabinet, 48 % des chefs de cabinet, 37 % des parlementaires ont effectué des études dans les deux prestigieuses universités d’Oxford et de Cambridge.
22 Pour une dénonciation de ce dernier, voir Garrigou A., Les Élites contre la République : Sciences Po et l’ENA, Paris, La Découverte, 2001.
23 Il conviendrait bien sûr d’observer, que parallèlement à ce processus d’homogénéisation du recrutement des élites politico-administratives, une transformation importance des modalités de gouvernance (de plus en plus partagée entre le niveau national et le niveau supra-national et infranational) a contribué à complexifier sensiblement l’analyse du pouvoir des élites.
24 Voir ici Genieys W., Les Élites des politiques de l’État, op. cit.
25 Ce qui atteste incidemment de la métamorphose de modalités de la régulation étatique. Sur ce point, voir Wright V., Cassese S. (dir.), La Recomposition de l’État en Europe, Paris, La Découverte, 1996.
26 Voir ici Genieys W., Michel L., « Au-delà du complexe militaro-industriel. Le rôle d’une élite sectorielle dans le programme du char Leclerc », Revue Française de Sociologie, vol. 47, no 1, 2006, p. 117-142.
27 Une approche similaire pourrait probablement être conduite à propos de l’une des autres énigmes récentes de la politique d’armement française, en l’occurrence, le programme « Rafale » du nom de l’avion de combat (« le meilleur du monde ») développé par Dassault depuis le milieu des années 1980.
28 Genieys W., Sociologie politique des élites, op. cit., p. 339. Pour une autre illustration de cette approche fructueuse dans le domaine de la santé, voir Genieys W., Hassenteufel P., « Entre les politiques publiques et la politique : l’émergence d’une “élite du Welfare ” ? », Revue Française des Affaires Sociales, vol. 55, no 4, 2001, p. 41-50.
29 Sur cette perspective, voir de manière complémentaire, la réflexion de Le Gales P., Lascoumes P., dir., Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2005.
30 Voir ici notamment Ihl O., Kaluszynski M., Pollet G., dir., Les Sciences de gouvernement, Paris, Économica, coll. « Études politiques », 2003. Cette perspective d’études est aujourd’hui illustrée par de nombreuses monographies portant sur des réseaux d’action publique fondés scientifiquement. Voir, par exemple, Sibeud E., Une science impériale pour l’Afrique ? La construction des savoirs africanistes en France 1878-1930, Paris, Éditions de l’EHESS, 2002. Voir encore Payre R., Une science communale ? Réseaux réformateurs et municipalité providence, Paris, CNRS Éditions, 2007.
31 Publié sous la direction de Ihl O., Kaluszynski M., Pollet G., Les Sciences de gouvernement, op. cit. Pour une présentation succincte de ce programme de recherche, voir aussi Ihl O., Kaluszynski M., « Pour une sociologie historique des sciences du gouvernement », Revue Française d’Administration Publique, no 102, 2002, p. 229-243.
32 Cf. Laborier P. et al., Les Sciences camérales. Activités pratiques et histoire des dispositifs publics, Paris, PUF-CURAPP, 2011.
33 Voir ici récemment Sacriste G., La République des constitutionnalistes. Professeurs de droit et légitimation de l’État en France (1870-1914), Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Droit », 2011.
34 Dahan A., Pestre D., dir., Les Sciences pour la guerre, 1940-1960, Paris, Éditions de l’EHESS, 2004.
35 Pour reprendre ici le titre d’un travail pionnier dirigé par Topalov Ch., Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France 1880-1941, Paris, Éditions de l’EHESS, 1999.
36 Voir ici Charles Ch., « Le temps des hommes doubles », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, vol. 39, no 1, janvier-mars 1992, p. 73-85.
37 C’est là tout l’enjeu d’un récent colloque qui s’est tenu, les 16 et 17 décembre 2010 à Grenoble et Lyon, autour des « Sciences de gouvernement. Circulation(s), traduction(s), réception(s) ».
38 Qu’on me permette de renvoyer ici à Déloye Y., « La construction politique d’une “science électorale” en France sous la IIIe République. Facteurs et acteurs d’un métissage politicoscientifique », Revue internationale de politique comparée, Les sciences du gouvernement en France et au Chili : pratiques, usages, dispositifs, vol. 19, no 3, 2012, p. 37-68.
39 À son propos, voir Dompnier N., « Le laboratoire de la Chambre des députés. D’une somme de savoir-faire à une “science électorale” (1870-1958) », dans Ihl O. et al., Les Sciences du gouvernement, op. cit., p. 25-37.
40 Sur l’importance de cette circulation d’idées entre cercles ésotériques et exotériques, voir Fleck L., Genèse et développement d’un fait scientifique, Paris, Les Belles Lettres, 2005 (1re édition allemande 1935), p. 48., p. 196 et suiv.
41 On sait grâce aux denses réflexions de Serge Gruzinski (La Pensée métisse, Paris, Fayard, 1999), toutes les incertitudes et ambiguïtés qui accompagnent en sciences sociales les termes de « mélange » ou d’« hybridité » qui risquent toujours de laisser penser à « un passage de l’homogène à l’hétérogène, du singulier au pluriel, de l’ordre au désordre » (op. cit., p. 36). À ce titre, la problématique retenue ici fait de l’« impureté » des sphères en interactions le point de départ de l’analyse.
