1 La célébration du Ve centenaire du parlement de Normandie en 1999 a permis la publication de deux ouvrages de référence qui permettent d’avoir une solide connaissance de cette cour souveraine : la synthèse de Caude É., Le Parlement de Normandie, Paris, ministère de la Justice, 1999 et le recueil collectif publié par l’Association du Palais du Parlement de Normandie, Du Parlement de Normandie à la Cour d’Appel de Rouen, 1499-1999, Rouen, 1999. Signalons aussi la thèse de l’École nationale des chartes de Robinne P.-H., Les magistrats du Parlement de Normandie à la fin du XVIIIe siècle (1774-1790), 1967, 2 vol., aux conclusions peu bienveillantes envers les parlementaires.
2 Les travaux en cours de Julien Niger sur Miromesnil vont permettre de mieux connaître ce magistrat. En attendant, voir Bisson P., Un premier président de parlement et garde des sceaux de France : Hue de Miromesnil, thèse dactylographiée, Paris, 1954, 5 vol. et L’influence familiale et sociale sur Armand-Thomas Hue de Miromesnil, Premier Président du Parlement de Normandie et Garde des Sceaux (1723-1796), thèse complémentaire, Paris, 1964.
3 « Les Gens du Roi, “hommes du roi” ? Les Parlements de Bretagne et de Normandie au XVIIIe siècle », dans Lemaître A. J. et Kammerer O. (dir.), Le pouvoir réglementaire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 223-240.
4 À son sujet, je me permettrai de renvoyer à mon ouvrage, Godart de Belbeuf. Le Parlement, le roi et les Normands, Luneray, Bertout, 1996.
5 16 J 140. Sur le même thème, voir aussi Dubuc A., « Les premiers procès de presse au Parlement de Normandie », Annales de Normandie, mai 1953, p. 163-169. Dans le numéro des Annonces du 4 février 1769 l’académicien Bernard-Joseph Saurin avait critiqué L’A.B.C. de Voltaire qui s’en prenait à Fénelon et Montesquieu, mais en vantant Voltaire comparé à Hercule abattant l’hydre des préjugés.
6 Quéniart J., L’imprimerie et la librairie à Rouen au XVIIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1969.
7 Beaurepaire G. de, « Le contrôle de la librairie à Rouen à la fin du XVIIIe siècle », Précis de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen, 1928, p. 251-284. « […] autant que les garants de l’ordre, ils [les premiers présidents] se veulent les protecteurs de leurs administrations » remarque J. Quéniart. « Certes le premier magistrat fait respecter les règlements, mais de la manière la plus favorable aux imprimeurs et libraires rouennais. Il les défend contre la concurrence envahissante de leurs confrères parisiens en leur octroyant des permissions d’imprimer, dans des conditions contre lesquelles la communauté parisienne s’insurge, et que l’administration centrale juge parfois peu régulières. Il s’efforce de modifier la fâcheuse renommée de Rouen, qu’il déclare à chaque occasion calomnieuse et due à la perfidie et aux prétentions des éditeurs de la capitale. Coupables, il ne les abandonne pas, car il est à même de juger sur place des conséquences matérielles ou familiales d’une incarcération ou d’une condamnation ; il tente encore de leur venir en aide, et se fait leur avocat auprès de l’administration », op. cit., p. 187.
8 Chaline O., op. cit., p. 283-293.
9 Sur cette question, Chaline O., « Le procès des jésuites devant le Parlement de Normandie, 1761-1762 », Cahiers Léopold Delisle, t. XLVIII, fasc. 3-4, 1999, p. 65-75.
10 Chaline O., Godart de Belbeuf…, op. cit., p. 234-270.
11 Ibid., p. 445-452 ; Maza S., « Le tribunal de la nation : les mémoires judiciaires et l’opinion publique à la fin de l’Ancien Régime », Annales ESC, vol. 42, no 1, janvier-février 1987, p. 73-90 ainsi que Lüsebrinck H. J., « L’affaire Cléreaux (Rouen 1786-1790) : affrontements idéologiques et tensions institutionnelles autour de la scène judiciaire au XVIIIe siècle », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, no 191, 1980, p. 892-900, deux approches qu’il faut nuancer sérieusement grâce au renouvellement de cette problématique dû aux travaux récents de Leuwers H., L’invention du barreau français 1660-1830. La construction nationale d’un groupe professionnel, Paris, 2006, p. 214, ainsi que sa contribution dans le présent ouvrage.
12 Chaline O., Godart de Belbeuf…, op. cit., p. 313-345.
13 Voir, par exemple, la bibliothèque du président Dumoucel mort en 1787, analysée par Quéniart J., Culture et société urbaine dans la France de l’Ouest au XVIIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1978, p. 257-258. Les bibliothèques comme celle-ci d’une des principales familles du mortier ne connaissent aucun bouleversement : 27 % de livres religieux. Mais les couches plus récentes « qui seules témoignent de l’intérêt personnel du défunt », révèlent le souci d’être bien informé par la présence de journaux ainsi que les goûts pour la littérature récente notamment romanesque. « D’autres titres montrent qu’en réalité l’esprit de sérieux n’a pas disparu, mais que la réflexion et les discussions ont en quelques dizaines d’années changé d’objet. Dans ce milieu parlementaire, le persiflage littéraire et mondain se double à la fois de la ferme défense des privilèges acquis et d’un intérêt manifeste pour les questions économiques ou politiques : à côté des ouvrages de Boulainvilliers, Dumoucel possède la Police des grains, la Théorie de l’impôt, l’Autorité des rois ; autant de titres qui prouvent le désir de débattre avec compétence de questions cruciales, et peut-être, si l’occasion en est donnée, d’entrer plus avant dans l’action politique. »
14 Voir Chaline J.-P., « Fontenelle et la création de l’Académie de Rouen », dans Niderst A. (éd.), Fontenelle, actes du colloque tenu à Rouen du 6 au 10 octobre 1987, Paris, PUF, 1989, p. 455-461. Sur Fontenelle, voir la biographie de Niderst A., Fontenelle, Paris, Plon, 1991 ; Tougard A. abbé, Documents concernant l’histoire littéraire du XVIIIe siècle, Rouen, Société de l’Histoire de Normandie, 1912.
15 Archives départementales de la Seine-Maritime, 2 E 10/108, inventaire après décès du 8 janvier 1776.
16 Pomeau R., « Voltaire à Rouen », Études normandes, no 1, La Vie littéraire à Rouen au XVIIIe siècle, 1997, p. 9-19.
17 Gilles-Henri Maignart de Beautot, marquis de Bernières (1683-1734), reçu conseiller lai le 28 juillet 1707, résigne le 30 mai 1708, venait d’être reçu président à mortier le 28 juillet précédent. Il obtint des lettres d’honneur vérifiées le 20 mai 1718, juste après sa résignation le 14 à son beau-frère Jacques Dumoucel de Louraille.
18 Pierre-Robert Le Cornier de Cideville (1693-1776) fut reçu conseiller lai le 7 juillet 1716 et le resta jusqu’au 15 novembre 1736. Il résigna à Pierre-Robert Le Roux d’Esneval. Sur lui, voir Mervaud C., « La chimère de la gloire ou la chimère du bonheur. Cideville, lecteur et critique de Voltaire », La vie littéraire à Rouen au XVIIIe siècle, op. cit., p. 69-84.
19 Jean-Baptiste-Nicolas (mort en 1758) est parfois présenté comme conseiller au Parlement. C’est un de ses parents qui l’était, Louis-René de Formont de Clérondes (1682-1756), reçu le 16 juillet 1710. Ce dernier, fils d’un receveur des finances du diocèse de Rouen, était apparenté par sa mère, née Marye, au négoce rouennais.
20 Correspondance avec un de ses amis caennais, Bibliothèque municipale de Rouen (désormais BMR), Ms Y 178. Potin et ami des propos lestes, il suit avec délectation les péripéties de l’affaire Cadière et fait des gorges chaudes sur les penchants homosexuels supposés des jésuites qu’il déteste, notant chansons et épigrammes. Il évoque aussi avec ironie ce qui se passe au cimetière Saint-Médard et l’écho des convulsions à Rouen. Persiflage mondain et anticlérical, mais avec prudence : « Quand vous me renverrez mes livres, faites attention que tous ceux qui parlent mal des jésuites sont deffendus » (à Boisnormand, 3 septembre 1731, p. 62). Il incite sa sœur à ne pas entrer au couvent et traite le clergé avec dérision. Surtout il tient les cérémonies religieuses pour des « mommeries » : ainsi à propos de la publication de bancs de mariage « M. un tel a promis de coucher demain avec Mlle une telle si personne de la compagnie ne le trouve mauvais. Quand au mal, je ne suis pas encore bien persuadé qu’il y en ait à coucher avec une femme, et s’il y en avait je ne crois pas que les parolles du curé de Saint-Godard non plus que les miennes eut le pouvoir de l’ôter. Mais ceci et les reflexions qui doivent suivre ne se disent que sous la cheminée » (13 décembre 1737, à Saint-Aubin, p. 219). Ses abondantes notes de lecture sont d’un grand intérêt pour comprendre ses idées : BMR Ms O 137, 10 volumes. Enfin, ses Mémoires pour servir à l’histoire de la ville de Rouen (BMR, Ms mm 75), achevés après 1755, sont d’un ton quelque peu différent, la religion n’y étant plus tournée en dérision.
21 Chaline O., Godart de Belbeuf…, op. cit., p. 275-276.
22 Pour les années 1760-1773, E. Saunier indique pour l’Unité (19 membres) 8 officiers de justice, pour la Parfaite harmonie (17) 4 membres de ce qu’il nomme la basoche (mais cette dénomination est-elle correcte, on peut en douter si elle inclut des avocats), et pour l’Ardente Amitié (22 membres), 15 officiers royaux. L’absence de listes nominatives rend ces données peu exploitables. Au total, les 58 membres du Grand Orient rouennais sont pour 23 des officiers royaux et pour 2 des nobles. Saunier É., Révolution et sociabilité en Normandie au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. 6 000 francs-maçons de 1740 à 1830, Mont-Saint-Aignan, Publications des universités de Rouen et du Havre, 1998, p. 216-220. Voir aussi les p. 243-244 sur la culture des nobles magistrats et maçons.
23 Duprat C., « Pour l’amour de l’humanité ». Le temps des philanthropes. La philanthropie parisienne des Lumières à la monarchie de Juillet, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 1993, t. I, p. 65-67, à propos de la Société philanthropique fondée en 1780.
24 Pessiot M., notice « Jean-Charles Krafft », La Révolution en Haute-Normandie 1789-1802, Rouen, Éditions du P’tit Normand, 1988, p. 269.
25 Ibid., notice « Jean-Jacques Lequeu », p. 304-306.
26 Duprat C., op. cit., p. 79.
27 « Les parlementaires du XVIIIe siècle amateurs d’art ? L’exemple rouennais », dans Taillard Chr. (éd.), Victor Louis et son temps, Bordeaux, Cahiers du Centre F.-G. Pariset, Université Michel de Montaigne, 2004, p. 175-192.
28 Mauzi R., L’idée de bonheur au XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 1960, p. 606.