1 Voir la Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm F.M., Diderot D., Raynal, Meister J.-H.
2 Sur les relations de la famille Clément, voir en dernier lieu Lyon-Caen N., La boîte à Perrette, Paris, Le Seuil, 2010.
3 L’abbé Chauvelin était un ami d’Helvétius. Voir Smith D., Allan P. et Dainard A. (éd.), Correspondance générale d’Helvétius, Toronto, University of Toronto Press, 5 vol., 1981-2004.
4 Encyclopédie, article « Autorité politique », t. I, p. 898-900.
5 Ce tome porte la date de 1751, mais paraît à la fin du mois de janvier 1752. Pour le cadre chronologique on voudra bien se reporter à l’ouvrage de référence de Wilson A.M., Diderot, sa vie et son œuvre, Paris, Robert Laffont, 1985.
6 On y lit en particulier : « Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel & chaque individu de la même espèce a le droit d’en joüir aussitôt qu’il joüit de raison. Si la nature a établi quelque autorité, c’est la puissance paternelle [...] le prince tient de ses sujets mêmes l’autorité qu’il a sur eux [...] » (Encyclopédie, t. I, p. 898). La fin de l’article, en rupture avec ce début subversif, fait quelques concessions au système de la monarchie absolue de droit divin.
7 Dès la mi-janvier 1752, le marquis d’Argenson prédit que l’Encyclopédie sera suspendue (Journal et mémoires du marquis d’Argenson, Paris, 1859, t. VII, p. 71-72).
8 Nouvelles ecclésiastiques, 1752, p. 44 (feuille du 12 mars). L’arrêt du Conseil du 7 février 1752 frappe d’interdit les deux premiers tomes de l’Encyclopédie, suspend la publication de l’ouvrage, sans supprimer l’essentiel, le privilège, qui avait été accordé en 1746. En fait, la réaction du pouvoir peut être qualifiée de minimale : les auteurs sont épargnés et l’ouvrage n’est pas condamné au feu, comme l’avaient été, par exemple, les Pensées philosophiques de Diderot, à la suite d’un arrêt du Parlement de Paris en 1746.
9 Barbier E.-J., Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (Paris, 1885), t. V, p. 157.
10 Barbier E.-J., op. cit., t. V, p. 160.
11 Sans doute convient-il de nuancer cette opposition entre le Parlement et le ministère en matière de censure à la suite des remarques que faisait Rogister J. dans son bel et substantiel article de 1978 relatif à l’affaire Helvétius, « Le gouvernement, le Parlement de Paris et l’attaque contre De l’Esprit et l’Encyclopédie en 1759 », Dix-huitième siècle, no 11, 1979, p. 321-354.
12 La thèse soutenue en Sorbonne par l’abbé Jean-Martin de Prades (v. 1720-1782) en vue de l’obtention d’un doctorat en théologie, le 18 novembre 1751, provoque très vite un retentissant scandale. Sa thèse contenait des propositions fort hardies, comme celle qui établit un parallèle entre les miracles du Christ et ceux qu’une certaine tradition attribuait à Esculape. Celles-ci n’arrêtent pas les membres de son jury et ce n’est que dans un second temps que l’on saisit le caractère scandaleux de cette thèse. L’abbé de Prades, redoutant une prise de corps, prend la fuite et se réfugie en Hollande, puis en Allemagne.
13 BN, Registre du Conseil secret du parlement de Paris, n. a. fr. 8212, ffo 250 et 430. Nous suivons dans tous les extraits de cette source l’orthographe de cette copie des registres du Conseil secret du parlement de Paris conservée au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
14 Ibid., fo 435.
15 Ibid., fo 436.
16 Ibid., fo 434.
17 Barbier E.-J., Chronique de la Régence et du règne de Louis XV, t. V, p. 157 (au 7 février 1752).
18 Ibid., p. 159.
19 On sait que le gouvernement et la haute administration comptaient des défenseurs du projet encyclopédique. Malesherbes, le propre fils du Chancelier Lamoignon en charge de la surveillance de la Librairie, a abrité des manuscrits de l’Encyclopédie, pour les soustraire aux recherches de ses propres services.
20 Réquisitoire imprimé, p. 2.
21 Ibid., p. 3.
22 BN, Registre du Conseil secret du parlement de Paris pour 1759, n. a. fr. 8228, fo 108.
23 Cette commission comprenait des hommes de lettres, comme Bonamy, des théologiens, des professeurs de philosophie, comme Tingry, et des hommes de loi, comme Le Paige. Le Paige en remerciant Joly de Fleury de sa nomination au sein de cette commission met l’accent sur la lourdeur de la tâche et la lenteur des travaux qui en découlera (BN, coll. Joly de Fleury 352, fo 49).
24 Cette décision a surpris de nombreux commentateurs modernes. Les résumant, John Lough, le grand spécialiste de l’Encyclopédie, note : « le but exact du Gouvernement en révoquant le privilège de l’Encyclopédie reste obscur » (Lough J., The Encyclopédie in eighteenth-century England and other studies, Newcastle-upon-Tyne, The Oriel Press, 1970, p. 121-122).
25 Rogister J., op. cit., p. 346.
26 D’Ormesson écrit à ce propos à son successeur en lui adressant son réquisitoire : « […] vous verrez que cette thèse (celle de l’abbé de Prades) était absolument de la même doctrine que l’Esprit et l’Encyclopédie » (BN, Joly de Fleury 572, f° 461).
27 La convergence des deux discours s’explique : l’avocat général Joly de Fleury remet en 1759 pour avis son projet de réquisitoire contre l’Encyclopédie à Lefebvre d’Ormesson, devenu Président. Nous avons les remarques de ce dernier qui vont dans le sens du réquisitoire. Voir BN, coll. Joly de Fleury 572, fo 462 ou Rogister J., op. cit., p. 351.
28 On sent chez Jean-Omer Joly de Fleury une réelle inquiétude touchant les progrès de l’irreligion : ses papiers relatifs à l’affaire de l’Encyclopédie contiennent une liste d’ouvrages à dénoncer bien plus étendue que celle qui sera finalement retenue. D’une manière générale, Jean-Omer Joly de Fleury est un franc adversaire de la philosophie des Lumières qu’il veut combattre par un renforcement des règles de la censure.
29 British Library, add. mss. 9031, fo 390v°-391r° ou Rogister J., op. cit., p. 345.
30 BN, Registre du Conseil secret pour 1759, n. a. fr. 8228, fo 97.
31 Correspondance de Grimm au 15 février 1759.
32 On imagine à tort que les parlementaires parisiens sont uniquement mus dans cette affaire par des considérations religieuses. Commentant les démarches de Madame Helvétius auprès des magistrats du Parlement de Paris, Pierre-Michel Hennin note : « c’étoit les moins dévots qui la reçurent le plus mal » (Bibl. de l’Institut, ms. 1223).
33 AN, X/1a/8289, Registre de la Première et Grande Chambre des Enquêtes (1758-1760).
34 Registre cité, notamment fos 2 et sq.
35 Helvétius connaissait plusieurs magistrats du parlement de Paris et son épouse rend visite à plusieurs conseillers pour tenter de les intéresser à la cause de l’auteur de l’Esprit. Ces relations sociales, auxquelles l’historiographie anglo-saxonne accorde une grande importance, ont pu jouer un rôle non négligeable et peuvent expliquer la clémence de certains juges.