1 Il est utile de repartir des définitions institutionnelles et politiques données par les contemporains eux-mêmes : voir la contribution de Le Mao C., « Les Parlements du XVIIIe siècle : regards de lexicographes », p. 29-48. Pour avoir une vue d’ensemble sur les Parlements, on pourra se reporter à Chaline O., « Le roi, les parlements et la nation », dans Garrigues J. (dir.), Histoire du Parlement de 1789 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2007, p. 4-36.
2 Voir Roche D., La France des Lumières, Paris, Fayard, 1993 ; Delon M., « Représentations des Lumières » dans Delon M. (dir.), Dictionnaire européen des Lumières, Paris, PUF, 1997, p. 659-662 ; Poulot D., Les Lumières, Paris, PUF, 1998.
3 Belaval Y. dans Histoire de la philosophie, t. 2, De la Renaissance à la révolution kantienne, Paris, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1973, p. 601-608.
4 Il sera ici question des parlementaires, parfois des avocats. Mais l’enquête serait aussi à étendre du côté des magistrats des autres cours souveraines que sont les chambres des comptes et les cours des aides. On y rencontrerait, par exemple, à Dijon, le président aux comptes Jean Bouhier dont la correspondance littéraire a été éditée par Henri Duranton (Correspondance littéraire du président Bouhier, 14 vol., Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1974-1988). Voir aussi Ronsin A., La bibliothèque Bouhier, histoire d’une collection formée du XVIe au XVIIIe siècle par une famille de magistrats bourguignons, Dijon, Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, 1971 ; à Montauban le président aux Aides Jean-Jacques Le Franc de Pompignan et, bien sûr, à Paris le premier président de la Cour des Aides Lamoignon de Malesherbes. Sur Le Franc de Pompignan, voir l’anthologie publiée par Braun Th. E. D. et Robichez G., Lumières voilées : œuvres choisies d’un magistrat chrétien au XVIIIe siècle, Le Franc de Pompignan 1709-1784, Saint-Étienne, Société française d’étude du XVIIIe siècle, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2007. Sur Lamoignon de Malesherbes, voir les travaux de Grosclaude P., Malesherbes. Témoin et interprète de son temps, Paris, Fischbacher, 1961 et Malesherbes et son temps (suite. Nouveaux documents inédits, Paris, Fischbacher, 1964 ; la publication de Badinter é., Les « Remontrances » de Malesherbes 1771-1775, Paris, Union générale d’éditions, 1978, ainsi que Bidouze F., « Les remontrances de Malesherbes (18 février 1771) : discours “national” de ralliement et discours parlementaire », dans Lemaître A. J. (dir.), Le monde parlementaire au XVIIIe siècle. L’invention d’un discours politique, Rennes, PUR, 2010, p. 57-88.
5 Il m’avait été donné de fournir une première esquisse dans Delon M. (dir.), Dictionnaire européen des Lumières, Paris, PUF, 1997, grâce à l’article « Parlements », p. 821-823.
6 Un rapide examen historiographique fait apparaître une gamme d’attitudes allant du réquisitoire anti-cours souveraines (comme dans le Dictionnaire des institutions de Marion M. dont la première édition date de 1923) à l’ignorance pure et simple : les parlementaires sont à peu près absents de l’essai iconoclaste de Chaussinand-Nogaret G., La noblesse au XVIIIe siècle. De la féodalité aux Lumières, Paris, Hachette, 1976 ; personne ne semble avoir relevé que les Parlements – ne serait-ce que celui de Paris – ne sont pas au nombre des Lieux de mémoire répertoriés sous la direction de Nora P. ; on cherchera en vain l’élite cultivée qui siège dans les cours souveraines dans Chartier R., Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Le Seuil, 1990 ; le magistrat ne Figure pas non plus dans les contributions du recueil L’homme des Lumières, qu’avait dirigé Vovelle M. Paris, Le Seuil, 1996, et les cours souveraines du XVIIIe siècle sont fort discrètement évoquées dans Cornette J. (dir.), La Monarchie entre Renaissance et Révolution : 1515-1792, Paris, Le Seuil, 1990.
7 Ces grandes thèses tableaux ont été celles de Bluche F., Les magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Économica, 1986 pour la version intégrale, de Meyer J., La noblesse bretonne au XVIIIe siècle, Paris, SEPVEN, 1966, 2 vol. qui fait une large place aux parlementaires rennais, de Gresset M., Le monde judiciaire à Besançon, de la conquête par Louis XIV à la Révolution française, Paris, CTHS, 1978, 2 vol., de Cubells M., La Provence des Lumières : les parlementaires d’Aix au XVIIIe siècle, Paris, Maloine, 1984. Il est étonnant de voir combien l’apport considérable de ces travaux reste peu exploité en histoire sociale. L’approche politique des cours souveraines fut souvent dominée par la condamnation sans appel, un jugement qu’on trouve chez Antoine M., Bluche F., ou encore Viguerie J. de, lorsqu’ils écrivent sur Louis XV et Louis XVI. Pourtant les travaux de Égret J. avaient permis une compréhension bien plus nuancée, montrant les forces et les faiblesses de l’opposition parlementaire : voir sa thèse, Le Parlement de Dauphiné et les affaires publiques dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Grenoble-Paris, Arthaud, 1942 (rééd. Roanne, Horvath, 1988, 2 vol.) ainsi que son ouvrage de synthèse, Louis XV et l’opposition parlementaire, 1715-1774, Paris, A. Colin, 1970. À l’évidence, il n’est pas possible de mesurer tout le siècle à l’aune de la pré-Révolution de 1787-1789.
8 Il m’est agréable d’exprimer ici toute ma reconnaissance intellectuelle à William Doyle dont la lecture fut, pour moi, comme pour plusieurs autres historiens qui se lancèrent dans l’étude des parlements à la fin des années 1980, à la fois libératrice et stimulante. Voir sa thèse, The Parlement of Bordeaux and the End of the Old Regime, Londres, Benn, 1974, ainsi que plusieurs de ses articles : « The Parlements of France and the Breakdown of the Old Regime », French Historical Studies, 1970, p. 415-458, ainsi que « The Parlements », dans Baker K. M. (éd.), The Political Culture of the Old Regime, Oxford-New York, Pergamon Press, 1987, p. 157-167. Je tiens aussi à saluer, cette fois pour le XVIIe siècle, un Américain, mon ami Orest Ranum, dont les travaux sur la Fronde et sur le Parlement de Paris m’ont également beaucoup apporté par le soin qu’il met à comprendre les usages et le cérémonial. Swann J. a donné un panorama de l’évolution historiographique : « Repenser les parlements au XVIIIe siècle : du concept de l’“opposition parlementaire” à celui de “culture juridique des conflits politiques” », dans Lemaître A. J. (dir.), op. cit., p. 17-37.
9 Signalons, sans chercher à être exhaustif, pour le seul parlement de Paris les travaux de Hardy Jr J. D., Judicial Politics in the Old Regime. The Parlement of Paris during the Regency, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1967 ; Hudson D., « The parlementary crisis of 1763 in France and its consequences », Canadian Journal of History, 7, 1972, p. 97-117 ; Stone B., The parlement of Paris, 1774-1789, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1981 ; Rogister J., Louis XV and the Parlement of Paris, 1737-1775, Cambridge, Cambridge University Press, 1995 ; Swann J., Politics and the Parlement of Paris under Louis XV, 1754-1774, Cambridge, Cambridge University Press, 1995 ; Campbell P. R., Power and Politics in Old Regime France 1720-1745, Londres, Routledge, 1996.
10 Un exemple récent, parmi d’autres, est le numéro consacré aux Cassations et évocations : le Conseil du Roi et les Parlements au XVIIIe siècle par la revue Histoire, économie et société, no 3, 2010.
11 La disposition même des Palais connaît des modifications au cours du XVIIIe siècle, lorsque tendent à s’imposer lors des projets de reconstruction des modèles néo-antiques tels que la basilique ou au temple, voir Jacob R. et Marchal N., « Jalons pour une histoire de l’architecture judiciaire », La justice en ses temples, Paris, Association française pour l’histoire judiciaire, 1992, p. 25-67 ; « La justice en ses temples », Monuments historiques, no 200, janvier-février 1996. L’ouvrage richement illustré de Boedels J., La Justice : les habits du pouvoir, Paris, Antébi, 1992, apporte une précieuse information sur le vêtement des magistrats.
12 Les gens du roi ont fait l’objet d’une véritable redécouverte historiographique à partir du début des années 1990 : Chaline O., Godart de Belbeuf. Le Parlement, le roi et les Normands, Luneray, Bertout, 1995 ; Carbasse, J.-M. (éd.), Histoire du parquet, Paris, PUF, 2000 ; Abad R., La grâce du roi. Les lettres de clémence de Grande Chancellerie au XVIIIe siècle, Paris, PUPS, 2011 ; Feutry D., Un magistrat entre service du roi et stratégies familiales. Guillaume-François Joly de Fleury, 1675-1756, Paris, Mémoires et documents de l’école des chartes, 2011. Le pouvoir règlementaire fait également l’objet d’un semblable renouveau d’intérêt : voir Payen Ph., Les arrêts de règlement du Parlement de Paris au XVIIIe siècle : dimension et doctrine, Paris, PUF, 1997 et La physiologie de l’arrêt de règlement du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, PUF, 1999 ; Lemonnier-Lesage V., Les arrêts de règlement du Parlement de Rouen, fin XVIe-XVIIe siècles, Paris, éd. Panthéon-Assas, 1999 ; Bareau R., Les arrêts de règlement du Parlement de Bretagne, thèse de droit Université Rennes 1, 2000 ; Kammerer O. et Lemaître A. J., (dir.), Le pouvoir réglementaire, Rennes, PUR, 2004.
13 Voir les contributions d’Abad R., « Le parquet du Parlement de Paris et les Lumières : le procureur général Guillaume-François Joly de Fleury face au cas Voltaire », p. 51-69 et d’Albertan Chr., « Le Parlement de Paris et l’Encyclopédie (1752-1759) », p. 71-81, ainsi que Birn R., La censure royale des livres dans la France des Lumières, Paris, Odile Jacob, 2007.
14 On se reportera à l’étude fouillée donnée par Niger J., « Miromesnil, la librairie rouennaise et la coutume de Normandie », p. 135-154. Cette question est traitée dans le cas de Rouen par Quéniart J., L’imprimerie et la librairie à Rouen au XVIIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1969 et, plus récemment par Mellot J.-D., L’édition rouennaise et ses marchés (vers 1600-vers 1730), Paris, Mémoires et documents de l’école des chartes, 1998.
15 La question complexe des choix, des adhésions et des sélections est abordée par Gresset M., « Le Parlement de Franche-Comté et les Lumières », p. 85-96, Aubert G., « Moderne et conservateur à la fois ? Le Parlement de Bretagne et les Lumières », p. 97-107 et Chaline O., « Quelles Lumières ? Les choix des parlementaires rouennais », p. 109-122. Voir aussi Coulomb Cl., « Connaître le passé, réformer le présent. La culture des parlementaires dauphinois au XVIIIe siècle », dans Favier R. (dir.), Le Parlement de Dauphiné. Des origines à nos jours, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2001, p. 173-193.
16 Rappelons que les anti-Lumières ont été définies par Jean Deprun, religieusement, comme la défense de l’orthodoxie catholique, métaphysiquement, comme celle des systèmes associés à celle-ci, moralement, par le maintien du sens du péché et, socialement, par le refus d’une société atomisée et la préférence donnée au statut sur le contrat, aux ordres étagés sur les individus juxtaposés, dans Belaval Y. (dir.), op. cit., p. 717-727. Voir Masseau D., Les Ennemis des Philosophes. L’antiphilosophie au siècle des Lumières, Paris, Albin Michel, 2000. Sur l’apologétique catholique, on se reportera aux travaux d’Albertan-Coppola S., « L’Apologétique catholique française à l’âge des Lumières », Revue de Histoire des Religions, no 205, 1988, p. 151-180 et L’abbé Nicolas-Sylvestre Bergier, 1710-1790 : des Monts-Jura à Versailles, le parcours d’un apologiste du XVIIIe siècle, Paris, Champion, 2010.
17 Monique Cubells propose une analyse des lectures et du parcours d’un parlementaire aixois, « Un magistrat des Lumières : Joseph-Philippe de Bonnet de La Baume, conseiller au Parlement de Provence de 1766 à 1790 », p. 127-133.
18 Pour Montesquieu, Desgraves L., Montesquieu, Paris, Mazarine, 1986 ; Shackleton R., Montesquieu : une biographie critique, traduction française de Loiseau J., Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1977 ; Spector C., Montesquieu : pouvoirs, richesses et sociétés, Paris, PUF, 2004 ; id., Montesquieu et l’émergence de l’économie politique, Paris, Champion, 2006 ; id., Montesquieu : liberté, droit et histoire, Paris, Michalon, 2010. Pour Dupaty, Doyle W., « Reforming the French Criminal Law at the End of the Old Regime : the example of president Dupaty » dans Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, t. 191, 1981, p. 866-872, ainsi que « Dupaty (1746-1788) : a career in the late Enlightenment », ibid., t. 230, 1985, p. 1-126, voir aussi Figeac M., « Promenade italienne en forme de réflexion politique : Les Lettres sur l’Italie du Président Dupaty » dans Barbiche B., Poussou J.-P. et Tallon A. (dir.), Pouvoirs, contestations et comportements dans l’Europe moderne, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2005, p. 841-859. Pour Robien, Aubert G., Le Président de Robien, gentilhomme et savant dans la Bretagne des Lumières, Rennes, PUR, 2001. Pour La Chalotais, en attendant la biographie intellectuelle que prépare Lemaître A. J., on se reportera à sa contribution dans le présent volume p. 257-272. Pour Charles de Brosses, il y a à la fois abondance et pénurie. Il manque une étude récente du magistrat si bien qu’il faut toujours recourir à celle de Foisset Th., Le président de Brosses. Histoire des lettres et des Parlements au XVIIIe siècle, Paris, Olivier-Fulgence, 1842, alors même que plusieurs ouvrages sont parus sur le voyageur épistolier, notamment Harder H., Le président de Brosses et le voyage en Italie au dix-huitième siècle, Genève, Slatkine, 1981 pour la traduction française et Léoni S. (éd.), Charles de Brosses et le voyage lettré au XVIIIe siècle, Dijon, éditions universitaires de Dijon, 2004. On trouvera diverses contributions dans Garreta J.-Cl. (dir.), Charles de Brosses, 1777-1977, Genève, Droz, 1981. Les publications dues à Bézard Y. demeurent la meilleure façon d’aller à la rencontre du président : Lettres du président de Brosses à Ch.-C. Loppin de Gemeaux, Paris, Firmin-Didot, 1929 et Le président de Brosses et ses amis de Genève, Paris, Boivin, 1939 ; enfin sur l’avocat général Servan, voir Coulomb Cl., Les Pères de la Patrie. La société parlementaire en Dauphiné au temps des Lumières, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2006.
19 Cet inconnu des Lumières a fait l’objet de la thèse de Cathelin M.-A., De la moralité des actions humaines ou un juriste au siècle des Lumières : Charles François Morel de Thurey (1734-1788), témoin et juge de la société de son temps, thèse, Université de Besançon, 1991, 5 vol.
20 Roche D., Le siècle des Lumières en province, académies et académiciens provinciaux, Paris, EHESS, 1978, 2 vol. ainsi que Les Républicains des Lettres, Paris, Fayard, 1988 ; Beaurepaire P.-Y., L’autre et le frère. L’étranger et la Franc-maçonnerie en France au XVIIIe siècle, Paris, Champion, 1998 ; Nobles, jeux de l’arc et loges maçonniques dans la France des Lumières. Enquête sur une sociabilité en mutation, Montmorency, Ivoire-clair, 2002 ; La République universelle des francsmaçons. De Newton à Metternich, Rennes, Ouest France, 1999. On trouvera, pour Bordeaux, de nombreux exemples dans Figeac M., Destins de la noblesse bordelaise (1770-1830), Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 1996, 2 vol., ainsi que dans les ouvrages déjà signalés de Bluche F., Gresset M. et Cubells M. Pour Toulouse, voir Taillefer M., La Franc-maçonnerie toulousaine sous l’Ancien Régime et la Révolution : 1741-1799, Villeurbanne-Paris, ENSB et CTHS, 1984 et Une Académie interprète des Lumières : l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse au XVIIIe siècle, Paris, CNRS, 1984.
21 C’est ce que montre Hervé Leuwers, « Les avocats défenseurs des Lumières et de la liberté ? Problèmes d’analyse autour des factums », p. 211-222. On se reportera à la publication de son doctorat, L’invention du barreau français (1660-1830). La construction nationale d’un groupe professionnel, Paris, EHESS, 2006. Sa contribution envisage les factums sous un angle différent de ce qui est devenu depuis les années 1980 leur interprétation habituelle, voir Maza S., Vies privés, affaires publiques. Les causes célèbres de la France révolutionnaire, Paris, Fayard, 1997. Sur les avocats parisiens, voir aussi Bell D. A., Lawyers and Citizens. The Making of a Political Elite in Old Regime France, Oxford, Oxford University Press, 1994.
22 Voir le riche recueil dirigé par Lemaître A. J., Le monde parlementaire au XVIIIe siècle…, op. cit. avec notamment Campbell P. R., « La rhétorique patriotique et le monde parlementaire », p. 193-220. Il n’existe pas de synthèse sur l’histoire de la rhétorique en France au XVIIIe siècle comparable à la thèse de Fumaroli M., L’âge de l’éloquence : rhétorique et res literaria de la Renaissance au seuil de l’époque classique, 3e éd., Genève, Droz, 2002. Signalons Linton M., « The rhetoric of virtue and the Parlements, 1770-1775 », French History, vol. 9, 1995, p. 180-201 et id., The Politics of Virtue in Enlightenment France, Basingstoke, 2001. Shennan J. H. avait donné une première étude du vocabulaire des cours : « The political vocabulary of the parlement of Paris in the Eighteenth Century », Diritto e Potere nella Storia Europea. Atti del quarto Congresso internazionale della Società Italiana di Storia del Diritto, in onore di Bruno Paradisi, Florence, Leo S. Olschki, 1982, p. 951-964.
23 Le plus fameux des magistrats voyageurs du XVIIIe siècle est, avec le président de Brosses, Montesquieu. Voir ici Poussou J.-P., « Montesquieu et la constitution anglaise : un idéal-type et les réalités britanniques », p. 227-253. Sur l’intérêt porté par les parlementaires aux Lettres et à l’histoire, voir Bidouze F. (dir.), Les parlementaires, les lettres et l’histoire au siècle des Lumières, 1715-1789, Pau, Presses universitaires de Pau et des pays de l’Adour, 2008.
24 Il y a eu différents épisodes qui ont pu être ressentis par certains magistrats et leurs proches comme des moments de discernement et de choix face à des idées ou des pratiques qui pouvaient leur apparaître inacceptables car incompatibles avec leurs convictions les plus profondes. L’affaire des thèses de l’abbé de Prades en 1752 fut par exemple une de ces occasions révélant adhésions et refus. Voir à ce sujet les travaux récents de Burson J. D., « The crystallization of Counter-Enlightenment and philosophe identities : theological controversy and Catholic Enlightenment in pre-revolutionary France », Church History, vol. 77, 2008, p. 955-1002 et id., The Rise and Fall of Theological Enlightenment : Jean-Martin de Prades and Ideological Polarization in Eighteenth-Century France, Notre-Dame, University of Notre-Dame Press, 2010.
25 Sur les rapports entre jansénisme et Lumières, voir la synthèse de Cottret M., Jansénismes et lumières. Pour un autre XVIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1998. Contrairement à une idée trop souvent répandue, les parlementaires sont loin d’être tous jansénistes, même à Paris. On ne peut identifier avec certitude qu’une minorité janséniste parmi les magistrats, mais elle s’avère capable, dans des circonstances données, de mobiliser la majorité gallicane et de se faire entendre d’une manière telle qu’on a pu croire à l’existence, au-delà de réels réseaux, d’un « parti » omniprésent, tout-puissant et fortement structuré. Je reste très dubitatif quant aux interprétations trop monolithiques privilégiant à l’excès les seuls jansénistes apportées par Van Kley D. Les Origines religieuses de la Révolution française, Paris, Le Seuil, 2002 (qui reprend des travaux antérieurs), et Maire C., De la cause de Dieu à la cause de la nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1998. Sur le jansénisme dans les parlements sous Louis XIV, voir Chaline O. « Des parlementaires jansénistes ? », dans Aubert G. et Chaline O. (dir.), Les Parlements de Louis XIV. Opposition, coopération, autonomisation ?, Rennes, PUR, 2010, p. 277-292. Sur le jansénisme français après la bulle Unigenitus, voir Quantin J.-L., « Avant et après l’Unigenitus : sur les mutations du jansénisme dans la France du XVIIIe siècle », dans Tollet D. (dir.), Le jansénisme et la Franc-Maçonnerie en Europe centrale aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, PUF, 2002, p. 177-182.
26 Voir le numéro 34, 2002, de Dix-huitième siècle dirigé sur ce thème par Albertan-Coppola S. ; le recueil Philosophie des Lumières et valeurs chrétiennes : hommage à Marie-Hélène Cotoni, Mervaud Chr. et Seillan J.-M. (éd.), Paris, L’Harmattan, 2008, ainsi que Châtellier L. (éd.), Religions en transition dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 ; Plongeron B. (dir.), Histoire du christianisme, des origines à nos jours, t. X, Les défis de la modernité 1750-1840, Paris, Desclée, 1997. On a désormais la chance de disposer de la somme de Mc Manners J., Church and Society in Eighteenth Century France, Oxford, Oxford University Press, 1998, 2 vol.
27 Voir Lemaître A. J., « La Chalotais : sacralisation de l’état et religion nationale », p. 257-272, et Coulomb Cl., « Le parlement de Dauphiné et la tentation de l’absolutisme éclairé », p. 273-290.
28 Voir, par exemple, sur la question des cimetières Thibaut-Payen J., Les morts, l’église et l’état : recherches d’histoire administrative sur la sépulture et les cimetières dans le ressort du Parlement de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, F. Lanore, 1977 ; Lemaître A. J., « Espace sacré et territoire vital au XVIIIe siècle : la régulation des lieux d’inhumation en Bretagne », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, vol. 90, no 2, 1983, p. 249-259 ; Chaline O., Godart de Belbeuf…, op. cit., p. 313-345.
29 Voir Touzery M., L’invention de l’impôt sur le revenu. La taille tarifée 1715-1789, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière, 1994 ; Swann J., « Le parlement de Paris et la réforme financière au XVIIIe siècle, 1749-1789 », L’administration des finances sous l’ancien régime. Colloque tenu à Bercy les 22 et 23 février 1996, Comité pour l’Histoire Économique et Financière de la France, Paris, 1997, p. 325-346 ; Félix J., Finances et politique au siècle des Lumières. Le ministère L’Averdy, 1763-1768, Paris, Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 1999 ; Kwass M., Privilege and the Politics of Taxation in Eighteenth Century France, Cambridge, Cambridge University Press, 2000 ; Alimento A., Réformes fiscales et crises politiques dans la France de Louis XV. De la taille tarifée au cadastre général, Bruxelles, Peter Lang, 2008 [1995].
30 Le cadre général est donné par Kaplan S. L., Le Pain, le peuple et le roi : la bataille du libéralisme sous Louis XV, Paris, Fayard, 1986, p. 95 [1re éd., Paris-La Haye, Mouton, 1976]. La question pourrait être reprise pour plusieurs des différents parlements.
31 Voir ici Thireau J.-L., « La coutume au temps des Lumières », p. 157-176 et Swann J, « Les parlementaires, les lettres de cachet et la campagne contre l’arbitraire de la justice au XVIIIe siècle », p. 177-194 auquel on peut ajouter son article « Disgrace without dishonour : The internal exile of French Magistrates in the eighteenth century », Past and Present, no 195, 2007, p. 87-126. Particulièrement éclairant a été l’enquête menée sous la direction de Dauchy S. et Demars-Sion V. sur les recueils d’arrêts, les dictionnaires et répertoires de jurisprudence, voir Les recueils d’arrêts et dictionnaires de jurisprudence (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, éditions La Mémoire du Droit, 2005. Voir aussi Laingui A., « P. F. Muyart de Vouglans ou l’anti-Beccaria (1713-1791) », Archives de philosophie du droit, vol. 39, 1995, p. 169-179.
32 Pitou Fr., « L’idéal du « parfait magistrat » au temps des Lumières », p. 197-209 Sur d’Aguesseau, voir Monnier F., Le chancelier d’Aguesseau, sa conduite, ses idées politiques et son influence sur le mouvement des esprits, Genève, Slatkine-Mégariotis, 1975 [1re éd., Paris, Librairie académique Didier & Cie, 1865] ; Storez-Brancourt I., Le chancelier Henri-François d’Aguesseau (1668-1751), monarchiste et libéral, Paris, Publisud, 1996 ; « D’Aguesseau », numéro spécial de la revue Corpus, no 52, 2007.
33 Voir Feutry D., « Mémoire du droit, mémoire du roi. Le procureur général Guillaume-François Joly de Fleury et le transport des registres du Parlement (1729-1733) », dans Histoire et archives, juillet-décembre 2006, p. 19-40, et Id., « Sauver les archives, défendre le roi : la remise en ordre des registres du parlement d’après les papiers du procureur général Joly de Fleury », dans Poncet O. et Storez-Brancourt I. (dir.), Une histoire de la mémoire judiciaire, Paris, École des chartes, 2010, p. 245-252.
34 Cette approche dans la longue durée caractérise l’ouvrage de Krynen J., L’état de justice en France, XIIIe-XXe siècle, t. I, L’Idéologie de la magistrature ancienne, Paris, Gallimard, 2009.
35 Swann J., « Repenser les parlements au XVIIIe siècle… », op. cit., p. 23. Voir aussi Lemaître A. J., « L’opposition parlementaire au XVIIIe siècle », dans Des institutions et des hommes. Mélanges offerts au professeur Maurice Gresset, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, p. 113-123.
36 Sur cet épisode si lourd de conséquences, voir Flammermont J., Le chancelier Maupeou et les Parlements, Paris, A. Picard, 1883 et Echeverria D., The Maupeou Revolution. A Study in the History of Libertarianism, Baton Rouge, Louisiana State University, 1985.
37 Voir Chaline O., « Les infortunes de la fidélité. Les partisans du pouvoir royal dans les parlements au XVIIIe siècle », dans Figeac M. (dir.), échec et magistrature, Histoire, économie et Société, 2006, p. 335-353. Les travaux en cours de Feutry D. mettent d’ores et déjà en évidence que la monarchie s’avise de s’attaquer aux intérêts matériels de ses serviteurs dès les années 1730.
38 Stone B., The French Parlements and the Crisis of the Old Regime, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1986. Voir Price M., Preserving the Monarchy. The comte de Vergennes, 1774-1787, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, p. 115-131 et 155-186, qui envisage les rapports du dernier grand ministre de l’Ancien Régime avec le parlement de Paris, un type d’approche hélas trop rare.
39 Campbell P. R., « The Paris Parlement in the 1780s », Campbell P. R. (dir.), The Origins of the French Revolution, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2006, p. 87-111.
40 Figeac M., « Du service de Thémis aux tentations révolutionnaires. Réflexions sur les risques d’un cheminement intellectuel », p. 293-310. Voir aussi le numéro 2006, 3, d’Histoire, économie & société qu’il a coordonné, Échec et magistrature, Histoire, économie et Société, avec son article : « Les magistrats en révolte en 1789 ou la fin du rêve politique de la monarchie des juges », p. 385-400.
41 Sur cette problématique, voir Doyle W., Aristocracy and its Enemies in the Age of Revolution, Oxford, Oxford University Press, 1989 et, plus récemment, son article « Un suicide nobiliaire ? Les officiers français et le legs de l’indépendance américaine », dans Les passions d’un historien. Mélanges en l’honneur de Jean-Pierre Poussou, Paris, PUPS, 2010, p. 295-302.