1 La ligne de démarcation que trace Laruelle entre le Réel immanent et le transcendantal peut être considérée comme le marqueur de la position particulière qu’il occupe parmi les autres philosophes français contemporains.

2 Laruelle fait remonter cette formule aux systèmes philosophiques des pragmatiques explicites (James) ou bien des pragmatistes (Pearce) et de leurs avatars (Rorty).

3 Ray Brassier, « Axiomatic Heresy », in Radical Philosophy, 121, p. 27.

4 Si Laruelle considérait qu’il avait atteint une définition complète, il n’aurait pas utilisé l’expression de « dualité unilatérale secrète », comme ce fut le cas dans son exposé oral prononcé à Paris, en 2010, au Collège des Bernardins.

5 J. Delez i F. Gvattari (J. Deleuze et F. Guattari), Čto takoe filosofija (Qu’est-ce que la philosophie ?), M., Institut eksperimental ‘noj sociologii ; Spb., Aletheïa, 1998.

6 Comme dans le collisionneur, on ne sait pas non plus ici ce que deviendra cette collision de concepts, mais, selon le projet, elle devrait conduire à l’apparition de concepts de nature nouvelle ainsi qu’à de nouveaux types de liens entre eux.

7 En même temps, il ne faut pas voir, dans l’idée de la nature ondulatoire du Réel, un analogue lointain de l’énergie, telle qu’elle se présente dans la compréhension traditionnelle de l’Un, où elle se trouve divisée en essence et en énergie.

8 Nous renvoyons ici, en particulier, à ses interventions de juillet 2011 (Paris, Collège des Bernardins, Pessac, MSHA), dont les archives sonores peuvent être consultées sur le site de la MSHA à la page du CERCS : http://www.masha.fr/cercs

9 La conférence qui a eu lieu à Paris, le 2 juillet 2011, au Collège des Bernardins, reprenait en le développant le texte d’une conférence prononcée à Taiwan au Québec, et qui opposait une certaine idée de la messianité à la marginalité comme objet de la philosophie occidentale.

10 Nous citons ci-après, le passage complet de François Laruelle, pris en note par Maryse Dennes, lors de la discussion qui suivit l’exposé : « Il est vrai qu’il y a deux grandes tendances dans la philosophie de la différence. Soit elle se dit plutôt infinie et constructiviste (Deleuze), use de la construction théorique, voire de la description (Wittgenstein), soit elle se dit plutôt finie et critique, elle limite, retracte ou freine ce mouvement positif (Heidegger, Derrida). Mais c’est toujours une balance et un dosage de ces deux mouvements qui passent l’un dans l’autre à des degrés divers de fluidité ou de friction et d’aporie. Mais l’Uni-vers de la messianité n’est ni fluide ni frictionnel. Il fait « le » vide sans être rien d’un atome, il y a une identité radicale (du) vide qui fait bord ou altérité pour le monde. Certes les philosophes positifs de l’épistémologie, en particulier néo-transcendantale et positiviste, reprochent à la psychanalyse et à certaines pensées de cultiver le vide ou l’absence d’objets. La conjecture (l’uni-jecture…) dit ici que c’est en retirant à la philosophie comme acte transcendantal tout pouvoir sur le Réel qui la détermine ultimement que l’on peut sinon faire briller le Logos du moins lui retirer de sa gloire pour le mettre au service des sujets-Etrangers, le transformer sans le démembrer, le faire advenir à son apparaître générique sans le tailler en pièces, le transformer sans le démembrer. » (p. 13).

11 Dans ses travaux, Laruelle renvoie parfois à Wittgenstein et il n’est pas exclu qu’il ait alors en vue cette théorie.

12 L’onde était conçue comme une oscillation périodique d’une fonction.

13 « […] même en prenant sur soi la transcendance macroscopique, le Réel la prend seulement dans sa forme uniquement une et non dédoublée, en qualité de particule et non de corpuscule ».

14 Après avoir démontré, d’une façon particulièrement difficile, que l’immanent n’est pas détruit par l’introduction en lui de la particule, Laruelle dit qu’une telle destruction se produit, au contraire, en philosophie, en lien avec le corpuscule : l’immanence, dit-il, est interprétée en philosophie, plutôt corpusculairement, étant présentée le plus souvent sous la forme d’un cercle, et donc de ce qui peut apparaître comme un « équivalent corpusculaire du Tout ». Selon Laruelle, l’immanence peut être interprétée seulement d’une façon ondulatoire (fonctionnelle), et c’est pour cela qu’elle peut être présentée non pas comme cercle, mais comme quadrature du cercle, et finalement, comme vecteur, le vecteur lui-même pouvant être interprété comme « équivalent ondulatoire de l’immanence ».

15 De là, la caractéristique (célèbre chez Laruelle) de « pensée démocratique ». Le Laruelle de la troisième période a formulé cela ainsi : il faut non pas une pensée sur la démocratie, mais une pensée démocratique. Cependant cette liberté n’est qu’un point de départ pour Laruelle. Il est beaucoup plus intéressé, en fait, par ce qui se passe à partir du moment où se trouve enclenchée la force démocratique de l’immanence générique.