Hard rock, heavy metal, metal
|Chapitre 2. Perspectives historiques
Texte intégral
1. Emergences et contextes
Quelques précisions préalables
1Ce chapitre présente un grand nombre de genres et de sous-genres affiliés au metal. Les dénominations utilisées pour désigner ces genres, sont en usage dans le monde du metal : presse spécialisée, groupes, fans, disquaires, organisateurs de concerts, etc. Ces derniers s'accordent plus ou moins quant à ces dénominations. L'expression « plus ou moins » a son importance ici. Certains groupes ne posent aucun problème lorsqu'il s'agit de les affilier à un genre musical. Par exemple, les spécialistes s'accordent à reconnaître que Led Zeppelin est un groupe de hard rock et que Black Sabbath est un groupe de heavy metal. Il en va de même pour Korn que l'on classe immédiatement dans la catégorie neo-metal. Les pionniers d'un genre bénéficient du privilège d'être associés immédiatement à un courant. Mais les choses deviennent plus complexes lorsqu'il s'agit de situer les formations qui ne participent pas de cette configuration. A quelle catégorie appartient Superjoint Ritual par exemple ? Power metal ? Death metal ? Thrash metal ? Hardcore ? Stoner rock ? Le consensus se fait moins net. J'ai essayé de m'en tenir le plus fidèlement possible aux catégories en usage et n'ai jamais cherché à en créer de nouvelles, utilisées par moi seul. En outre, le chapitre historique concernant les genres musicaux a été soumis à la lecture et aux critiques de plusieurs experts de ces genres. Ce procédé m'a permis d'affiner et d'ajuster au mieux les catégories et leurs représentants. Ce travail classificatoire n'a aucune prétention à l'exhaustivité. Simplement, il propose un certain nombre de points de repères. L'ordre d'apparition des genres traités est fonction de leur chronologie dans l'histoire du metal. Certains pourront être surpris de voir quelques pages consacrées au glam rock, au hardcore ou au punk. Cette présence se justifie par leur proximité avec le metal et par le caractère déterminant qu'ils ont pu occuper dans son histoire. Les chapitres concernant ces genres voisins seront introduits dans cette chronologie dès lors qu'ils auront donné naissance à un genre identifiable relevant d'une hybridation avec le metal.
- 1 Heinich, N. 1999. Pour en finir avec la querelle de l'art contemporain. Paris : L'Echoppe, p. 21.
2A l'instar de Nathalie Heinich, je ne sais que trop bien que « toute catégorisation s'expose à la critique de ceux qui y voient, par principe, un enfermement, un étiquetage, une désignation – donc une menace pour leur liberté1 ». Etablir des distinctions entre les genres n'en constitue pas moins une démarche nécessaire pour structurer ma démonstration. Une démarche requérant par ailleurs la production d'un certain nombre de caractérisations. Pour autant, je ne cherche aucunement à rigidifier, voire à rendre inviolables ces distinctions et ces caractérisations. Bien au contraire, elles ne sont jamais que de simples outils flexibles et provisoires, suffisamment souples et ouverts pour créer les conditions de leur renouvellement. De plus, ces outils ne sont pas mobilisés à des fins évaluatives, mais bien plutôt pour fournir une description logique, à partir des dénominations en usage dans le monde du metal.
- 2 Ce modèle, correspondant à ce que l'on appelait akmé dans l'Antiquité, m'a été inspiré par la lectu (...)
3Chaque fin de chapitre consacrée aux genres se clôt par un certain nombre de repères discographiques. Je n'ai retenu que les oeuvres comptant parmi les plus représentatives pour chacun des genres. Ce qui ne signifie pas qu'il n'en existe pas d'autres. Ces disques sont ceux pour lesquels les artistes sont réputés avoir atteint leur maturité ou le sommet de leur activité et de leur renommée2. Certains disques ne souffrent d'aucune ambiguïté. D'autres si, pour des raisons déjà évoquées plus haut. On pourra par ailleurs m'objecter que certains groupes ont initié un genre avant d'avoir édité leur premier album, qu'il n'est pas fait mention de certains 45 tours ou de certaines démos séminales. Cela est probablement juste, mais mon propos n'est pas ici de présenter un travail de recherche historique approfondi. Je laisse cette tâche aux chercheurs à venir. L'unique objectif de cette partie historique vise à dresser un panorama de l'existant et à dégager ses lignes forces. Ces éléments discographiques sont présentés selon le modèle ci-dessous.
Éléments discographiques : modèle de présentation

NB : les titres des morceaux d'un disque sont toujours indiqués entre guillemets.
Hard Rock
Les précurseurs du hard rock
- 3 Pour un rapide aperçu historique du blues en Grande-Bretagne, se reporter à l'excellent article de (...)
- 4 Blum, B. 2000. Blues. In Assayas, M. Dictionnaire du rock. Paris : Robert Laffont, p. 186.
- 5 Mignon, P. 1985. op. cit. p.109.
- 6 Premier hit construit sur la base de power chords, c'est-à-dire, d'accords de quinte se composant d (...)
- 7 Les Troggs sont également considérés comme les précurseurs anglais de la musique punk.
- 8 Thème musical de quelques notes formant l'ossature d'un morceau.
4L'histoire du hard rock est celle d'une radicalisation musicale. Ses prémisses rock sont à chercher du côté du blues et du rhythm'n'blues anglais du milieu des années soixante : ce que l'on appelle le British Blues Boom3, représenté par des musiciens ou des groupes tels que John Mayall et les Bluesbreakers, Peter Green's Fleetwood Mac, Eric Burdon and the Animals, Chicken Shack, Spencer Davies Group, Pretty Things, Them, Rolling Stones et les Yardbirds4. La musique pratiquée par ces formations constitue un terreau favorable à l'éclosion du hard rock. Pour Patrick Mignon, « en se faisant les créateurs du hard rock, les anciens musiciens de blues permettent à leur style de sortir des sentiers déjà trop explorés à leur goût [...] le blues était un cadre d'apprentissage nécessaire, et un cadre à briser pour accéder à un nouveau statut5 ». Les précurseurs du genre sont incontestablement The Kinks avec leur 45 tours intitulé « You really got me »6 (1964), The Troggs7 et leur fameux « Wild thing » (1966), et plus tard, le titre « Helter Skelter » des Beatles (1968). Ces morceaux, que l'on peut considérer comme les pièces fondatrices du genre ont pour point commun de contenir une fureur et une brutalité inédite. Ils se déclinent sous le schéma suivant : son de guitare saturé, riff8 répétitif, solo incontrôlé, batterie martyrisée et chant hurlé. La sauvagerie scénique totalement originale des Who, vecteur d'expression de la frustration adolescente, a quant à elle, indéniablement contribué à façonner l'attitude rebelle des générations de hard rockers à venir. Côté américain, c'est dans un contexte fortement empreint d'expérimentations psychédéliques que cette sauvagerie musicale prend forme, avec des groupes tels que The Amboy Dukes (1967), Blue Cheer (1968) et Steppenwolf, notamment avec son titre fondamental : « Born to be wild » (1968). On retiendra également le morceau fleuve (17 minutes) « In-AGadda-Da-Vida » (1969) du groupe Iron Butterfly, qui pose les bases d'un hard rock lent, dépouillé et hypnotique.
- 9 Accrochage sonore entre le micro de la guitare et un haut-parleur, très désagréable lorsqu'il n'est (...)
- 10 Au début, Jimmy Page préfére parler de progressive blues au sujet de sa musique. Selon moi, le prem (...)
- 11 Dans un registre vocal invariablement aigu de manière à pouvoir se frayer une place dans les fréque (...)
5Il est communément admis que trois guitaristes ayant fait partie des Yardbirds ont contribué au développement originel du hard rock : Eric Clapton (1963-65), Jeff Beck (1965-66) et Jimmy Page (1966-68). On retiendra surtout d'Eric Clapton sa participation au groupe Cream (1966-69). Dépouillant jusqu'à l'os les lignes classiques du blues, le groupe fait tourner ses riffs de manière répétitive et hypnotique sous un déluge de décibels, tout en produisant des solos de guitare et de batterie interminables. Jeff Beck est quant à lui, un guitariste au style très agressif. Il détruit ses guitares et ses amplis et son besoin d'expérimenter dépasse allègrement le cadre du blues et du rock'n'roll. Il est le premier à intégrer le feedback9 dans son jeu au même titre que les sons issus de son équipement malmené. En même temps, il développe l'usage de la fuzz-box et de la distorsion qui deviendront des effets forts prisés dans le hard rock. Jimmy Page est quant à lui fondateur du groupe séminal Led Zeppelin. Les deux premiers albums de Led Zeppelin posent définitivement les bases d'un genre que l'on qualifie alors de hard rock10. La formation réussit une synthèse musicale unique constituant une véritable valeur étalon pour le développement ultérieur du genre : une ambiance musicale d'une pesanteur incomparable accentuée par un sens aigu de la dramaturgie. De plus, Led Zeppelin impose l'image paradigmatique du hard rock. Dorénavant, le chanteur-hurleur11 – icône charismatique – partage les devants de la scène avec un guitariste flamboyant (guitar hero), tandis qu'en retrait, un batteur extrêmement puissant et un bassiste d'une efficacité métronomique assurent une rythmique imperturbable.
L'influence de Jimi Hendrix
- 12 Blanchet P. 1985. Heavy Metal Story. Paris : Calmann-Levy, p. 13-14.
6Jimi Hendrix a eu lui aussi un impact considérable pour ce qui concerne la préfiguration du hard rock. A l'instar des trois guitaristes des Yardbirds pour lesquels il incarnera un maître, Hendrix cherche à radicaliser les conventions instrumentales et sonores en vigueur jusqu'ici. Il « surcharge son équipement de fuzz et de pédales wah wah, électrocute le blues dans une débauche d'amplis. D'un Marshall cent watt double corps, Hendrix passe à trois... puis à cinq, pris dans le tourbillon d'une folle surenchère avec ses musiciens. [...] Mars 1967 marque une nouvelle phase dans cette radicalisation à outrance : en première partie de la tournée d'adieu des Walker Brothers, Hendrix, chauffé à blanc par un public survolté, pulvérise pour la première fois son ampli à grands coups de Strato, dans une orgie de sifflements. La guerre du feu vient de commencer. Les Stratocasters vont crépiter dans une longue agonie, partir en flammes, griller les hauts parleurs et massacrer les amplis... torturer le rock et le pousser dans ses derniers retranchements, aux cris lancinants des sirènes. [...] Apprenti sorcier, expérimentateur à tout crin, Hendrix est sans doute avant tout le premier grand musicien de l'ère de la haute tension, de l'électricité reine, de la suramplification12 ». Le titre « Purple Haze » (1967) est particulièrement représentatif de cette période. Ces préalables étant posés, nous allons maintenant envisager les développements que le hard rock a connu dans sa forme la plus « pure », depuis sa naissance à nos jours.
Repères discographiques
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The Kinks. 1964. You really got me. Pye. [45 tours] (g-b)
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The Who. 1965. My generation. Brunswick, (g-b)
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Yardbirds. 1966. Yardbirds. Columbia, (g-b)
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The Troggs. 1966. Wild thing. CBS. (g-b)
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Jimi Hendrix Experience. 1967. Are you experienced ? MCA-BMG. (é-u/g-b)
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The Amboy Dukes. 1967. The Amboy Dukes. Mainstream, (é-u)
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Steppenwolf. 1968. Steppenwolf. ABC-Dunhill. (é-u)
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Cream. 1968. Wheels of fire. Polydor. (g-b)
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The Beatles. 1968. « Helter Skelter » [sur le double album blanc], EMI. (g-b)
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Blue Cheer. 1968. Vincebus Eruptum. Philips, (é-u)
Généalogie du hard rock en quatre mouvements
1re période (1969-78)
7Premier groupe de hard rock reconnu comme tel en 1969, Led Zeppelin ne reste pas isolé très longtemps. Dès 1970, Deep Purple devient son premier concurrent direct. Tous les ingrédients sont présents : virtuosité des instrumentistes, chant suraigu, dimension épique et emphatique des compositions, concerts fleuves. Ces deux groupes constituent les premiers piliers du hard rock. Leur popularité est tout aussi énorme que leur propension à faire des émules. A partir de là, on peut distinguer quatre périodes dans le développement du hard rock. La première, démarrée sur des chapeaux de roue en 1969 commence par accuser des signes de faiblesse dès l'explosion punk en 1977. Toutefois, jusqu'en 1978, véritable âge d'or du hard rock, on retiendra parmi les groupes les plus importants : Free, Wishbone Ash, Status Quo, Queen, Uriah Heep, Rainbow en Grande-Bretagne, Thin Lizzy en Irlande, Scorpions en Allemagne, Mountain, Grand Funk Railroad, Alice Cooper, Aerosmith, Kiss, Ted Nugent, Blue Oyster Cult aux Etats-Unis, AC/DC en Australie et les Variations en France, suivis par Ganafoul et Shakin'Street. Pendant toute cette période, les attributs vestimentaires et physiques des hard rockers ne se distinguent guère du triptyque hippie : cheveux longs, jeans et t-shirts. Musicalement, l'ensemble de ces groupes restent très imprégnés d'un certain esprit blues, privilégiant le sens de la fête. Toutefois, le genre laisse progressivement transparaître des difficultés au renouvellement, au point d'en devenir quelquefois caricatural. En outre, l'arrivée de la musique punk lui retire une partie de sa suprématie sur le public, qu'il lui sera impossible de reconquérir en raison du processus de fragmentation des genres musicaux rock qui s'amorce dès lors. Pourtant, beaucoup des groupes cités resteront très actifs dans les périodes suivantes. Certains, comme AC/DC ou Scorpions parviendront même à décupler l'intérêt qu'on leur porte, sans compter qu'une nouvelle génération de groupes est sur le point d'éclore à la fin des années 70.
Repères discographiques
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Led Zeppelin. 1969. Led Zeppelin. Atlantic, (g-b)
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Led Zeppelin. 1969. II. Atlantic. (g-b)
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Led Zeppelin. 1970. III. Atlantic. (g-b)
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Led Zeppelin. 1971. Led Zeppelin. Atlantic. (g-b)
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Variations. 1969. Nador. EMI. (fra)
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Deep Purple. 1970. Deep Purple in rock. EMI. (g-b)
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Deep Purple. 1972. Machine head. EMI. (g-b)
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Deep Purple. 1972. Made in Japan. EMI. (g-b)
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Free. 1970. Fire and water. Island. (g-b)
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Mountain. 1970. Mountain climbing ! Mr Collector/Sony, (é-u)
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Grand Funk Railroad. 1971. Live album. Capitol, (é-u)
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Uriah Heep. 1972. Demons and wizards. Phonogram, (g-b)
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Wishbone Ash. 1972. Argus. MCA. (g-b)
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Blue Oyster Cult. 1973. Tyranny and mutation. Columbia, (é-u)
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Status QUO. 1973. Piledriver. Vertigo, (g-b)
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Status QUO. 1977. Status Quo Live. Vertigo, (g-b)
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Alice Cooper. 1973. Billion dollar babies. Warner, (é-u)
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Scorpions. 1974. Fly to the rainbow. RCA. (all)
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Scorpions. 1976. Virgin killer. RCA. (all)
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Scorpions. 1978. Tokyo tapes. RCA. (all)
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Thin Lizzy. 1975. Fighting. Vertigo, (irl)
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Thin Lizzy. 1978. Live and dangerous. Vertigo, (irl)
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AC/DC. 1975. High voltage. Atco. (aus)
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AC/DC. 1977. Let there be rock. Atlantic, (aus)
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Queen. 1975. A night at the Opera. Emi. (g-b)
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Queen. 1977. News of the world. Emi. (g-b)
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Ted Nugent. 1975. Ted Nugent. Epic. (é-u)
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Kiss. 1975. Alive. Casablanca, (é-u)
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Aerosmith. 1975. Toys in the attic. Columbia, (é-u)
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Rainbow. 1976. Rainbow rising. Polydor. (g-b)
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Ganafoul. 1978. Saturday night. Crypto/RCA. (fra)
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Shakin'street. 1978. Vampire rock. CBS. (fra)
2ème période (1979-82)
- 13 Motôrhead est un cas à part dans la mesure où ce groupe est le premier à faire le lien entre hard r (...)
- 14 A tel point que certains spécialistes attribuent à Trust une part de paternité du rap français. Rab (...)
8Alors que Led Zeppelin amorce son déclin créatif (leur carrière s'achève officiellement en 1981), cette seconde période confirme l'importance de formations telles qu'AC/DC et Scorpions et voit apparaître des groupes comme Motôrhead13, Ufo, Whitesnake, en Grande-Bretagne, Van Halen aux Etats-Unis, Michael Schenker Group en Allemagne ou Rose Tattoo en Australie. Fait marquant, la France voit apparaître un nombre croissant de groupes. Citons Speed Queen, Warning, Océan et surtout Trust, qui reste à ce jour le plus grand groupe de hard rock français. Outre une musique d'une qualité incontestable largement célébrée par le monde du hard rock, Trust est un groupe très particulier du fait de l'engagement politique de son chanteur Bernie Bonvoisin14 Le centre de création de cette période reste plutôt localisé en Europe. Les américains vont progressivement inverser la tendance dans les années qui suivent. D'un point de vue vestimentaire, cette période voit s'installer en force la suprématie du perfecto de cuir, renouant ainsi avec la tradition des blousons noirs. Dans les collèges et lycées français, l'amour pour le hard rock s'affiche sur les gibecières kaki frappées de la marque « US » très en vogue à cette période : « US » est détourné pour devenir TRUST.
Repères discographiques
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Ufo. 1979. Strangers in the night. Chrysalis, (g-b)
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Scorpions. 1979. Lovedrive. Mercury/Polygram, (all)
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Scorpions. 1982. Blackout. RCA. (all)
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AC/DC. 1979. Highway to hell. Atlantic, (aus)
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Trust. 1979. Trust. CBS. (fra)
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Trust. 1980. Répression. CBS. (fra)
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Trust. 1981. Marche ou crève. CBS. (fra)
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Van Halen. 1979. Van Halen II. Warner, (é-u)
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Whitesnake. 1980. Live... In the heart of the city. Sunburst-EMI. (g-b)
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Speed Queen. 1980. Speed Queen. CBS. (fra)
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Ocean. 1981. Ocean. Barclay. (fra)
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Rose Tattoo. 1981. Rock'n'roll outlaw. Albert Productions. (aus)
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Michael Schenker Group. 1981. MSG. Chrysalis. (all)
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Warning. 1982. II. Polydor. (fra)
3ème période (1983-86)
- 15 Le batteur du groupe, Tommy Lee, a publié en mai 2001 une autobiographie du groupe intitulée The Di (...)
- 16 Pour Robert Walser, les comportements privés de ce type de musiciens constituent un moyen de contre (...)
9Si le hard rock continue de se forger en France sous l'impulsion de groupes comme Fisc ou Attentat Rock, et en Suisse avec Krokus, ce sont surtout les groupes américains comme Motley Crüe, Quiet Riot, Ratt, W.A.S.P. (We Are Sexual Perverts), Twisted Sister et Cinderella qui occupent le haut de l'affiche pendant cette troisième période. Ces derniers cherchent à prolonger l'héritage musical de groupes comme Alice Cooper et Kiss en y associant l'outrance vestimentaire des New York Dolls et des groupes glam rock anglais dont ils revendiquent l'héritage. Pour affirmer leur côté androgyne, glamour et provocateur, ils se maquillent, se coiffent et exhibent une abondance d'attributs vestimentaires sadomasochistes, de chiffons et autres colifichets. Hâbleurs et volontiers grossiers, les membres de Mötley Crüe15connaissent énormément de problèmes avec la justice, l'alcool, la drogue et les femmes16 Leurs frasques défraient constamment la chronique. Ce type de groupes donne naissance à une réelle réaction d'hostilité au hard rock, due pour l'essentiel à leur style extrêmement caricatural. Le nombre de formations proposant un hard rock classique s'inspirant des pères fondateurs est alors en très nette récession. Le succès planétaire du groupe Scorpions n'y change rien. Au contraire. Son audience dépasse allégrement le cadre du public hard rock, suite à son titre « Still loving you » qui sera le slow de l'été 1984 (deux millions de disques vendus aux EtatsUnis et 200 000 en France). Le hard rock est désormais synonyme de guimauve et de coiffures permanentées.
Repères discographiques
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Quiet Riot. 1983. Metal health. Epic, (é-u)
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Motley Crüe. 1983. Shout at the devil. Elektra/Asylum. (é-u)
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Krokus. 1983. Headhunter. Arista, (sui)
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Attentat Rock. 1983. Le gang des seigneurs. Devil's, (fra)
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Scorpions. 1984. Love at first sting drive. Mercury/Polygram, (all)
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Fisc. 1984. Tracker. Mausoleum, (fra)
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Ratt. 1984. Out of the cellar. Atlantic. (é-u)
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W.A.S.P. 1984. W.A.S.P. Capitol. (é-u)
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Twisted Sister. 1984. Stay hungry. Atlantic. (é-u)
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Cinderella. 1986. Night songs. Mercury, (é-u)
4ème période (1987 —)
10Le grand retour au hard rock des origines est à mettre au crédit de deux groupes qui publient deux albums mémorables en 1987 : Guns n'Roses qui écoule 20 millions d'exemplaires de son premier album et The Cult, dont l'album, bénéficiant d'un accueil triomphal, se révèle être un habile croisement entre Led Zeppelin et AC/DC, rompant définitivement avec le rock gothique qu'il pratiquait à ses débuts. Les danois Pretty Maids recueillent un succès d'estime en Europe, tandis que Whitesnake atteint un succès important aux Etats-Unis. Le hard glam continue de capter l'attention avec Poison et Motley Crüe aux Etats-Unis, tandis qu'en France Tipsy Wit et Blackwhite tentent de s'imposer sur ce créneau. En 1989, les vétérans d'Aerosmith publient un album renouant avec leurs débuts. Courant 1990, c'est au tour de The Black Crowes d'éditer un album prolongeant l'esprit des premiers disques de hard rock, tout en y intégrant une touche de boogie-blues et de country. Skid Row leur emboîte le pas tout en durcissant le ton, à l'instar d'Ugly Kid Joe qui cherche à construire un hard rock basé sur l'humour et la dérision. On voit également apparaître en ce début de décennie, une vague de groupes constitués de musiciens très renommés, désireux de réaliser des coups commerciaux, dont Mr Big sera le chef de file (parmi eux, citons Blue Murder, Badlands, Bad English). La déferlante grunge de la première moitié des années 90 contribue également à établir le groupe de hard rock Pearl Jam qui enflamme littéralement le public américain. On observe par ailleurs une rupture très nette avec les looks des groupes de la période précédente en ce sens que l'on revient à une allure identique à celle que l'on a connu au début des années 70. A savoir une tenue débraillée et simple, des cheveux longs et des vêtements provenant de fripes. Mais cet aspect perd de son efficience à mesure que l'on se rapproche du troisième millénaire, à la faveur de looks moins distinctifs.
11Bien que l'esprit originel du hard rock se soit dilué, apparié et transformé, quantité de formations citées dans ce chapitre (ou de membres de ces formations historiques) continuent de le perpétuer. AC/DC, Rose Tatoo, Ted Nugent, Guns n'Roses, etc., publient toujours des albums et se produisent régulièrement sur scène. En cela, ils sont les incarnations les plus représentatives du hard rock en même temps que leurs propres continuateurs. Néanmoins, de nouveaux héritiers, appliqués et soucieux, tels que Nashville Pussy (filiation AC/DC et Rose Tatoo) ou Spiritual Beggars (filiation Deep Purple, Whitesnake, Rainbow), comptent aujourd'hui parmi les prolongateurs les plus zélés. Par ailleurs, forts de leurs derniers albums, Opeth et Dead Meadow viennent de prouver avec brio qu'ils étaient les dignes successeurs de Led Zeppelin.
Repères discographiques
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Guns N'roses. 1987. Appetite for destruction. Geffen/WEA. (é-u)
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Guns N'roses. 1991. Useyourillusion. I & II. Geffen/WEA. (é-u)
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The Cult. 1987. Electric. Def American, (g-b)
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Pretty Maids. 1987. Future world. CBS. (dan)
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Whitesnake. 1987. Whitesnake. EMI. (g-b)
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Poison. 1988. Open up and say... ahh ! Enigma, (é-u)
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Aerosmith. 1989. Pump. Geffen. (é-u)
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Mötley Crüe. 1989. Dr Feelgood. Elektra/Asylum. (é-u)
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The Black Crowes. 1990. Shake your money maker. Def American, (é-u)
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Mr. Big 1991. Lean to it. Atlantic. (é-u)
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Skid Row. 1991. Slave to the grind. Atlantic. (é-u)
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Tispsy Wit. 1991. Songs and dreams. Semetery. (fra)
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Blackwhite. 1991. Slave to life. Musidisc. (fra)
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Ugly Kid Joe. 1992. America's least wanted. Stardog. (é-u)
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Pearl Jam. 1993. Vs. Epic/Sony. (é-u)
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AC/DC. 2000. Stiff upper lip. Elektra. (aus)
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Nashville Pussy. 2001. High as hell. Axe Killer, (é-u)
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Alice Cooper. 2001. Dragontown. Spitfire. (é-u)
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Ted Nugent 2002. Craveman. Spitfire. (é-u)
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Rose Tatoo. 2002. Pain. SPV. (aus)
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Spiritual Beggars. 2002. On fire. Music For Nations. (suè)
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Opeth. 2003. Deliverance. Music for Nations. (suè)
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Dead Meadow. 2003. Shivering king and others. Matador. (é-u)
Heavy Metal
Les précurseurs du heavy metal
12Les précurseurs du heavy metal sont tout simplement les quelques pionniers du hard rock précédemment évoqués. Dès 1970, se contenter de jouer fort ne suffit plus. Le groupe Black Sabbath s'engage dans un processus qui fera de lui le géniteur incontesté d'un nouveau genre appelé heavy metal. Musicalement, il s'agit toujours d'une forme de blues rock, mais considérablement ralentie et épurée, oppressante et sombre, basée sur une poignée de riffs répétitifs, expurgée de démonstrations virtuoses trop ostentatoires. Les guitares ont la particularité d'être accordées très bas. Ce qui leur permet, sur la base des fameux power chords, d'obtenir des rythmiques extrêmement lourdes et de développer des atmosphères particulièrement pesantes. Cette modification tonale inédite provient en partie de ce que le guitariste, Tony lommi, après s'être abîmé deux phalanges de la main droite lors d'un accident du travail, s'est vu contraint de rendre les cordes de sa guitare plus souples.
- 17 Loin de faire l'apologie du satanisme, Geezer Butler, parolier du groupe, cherche plutôt à travers (...)
- 18 Sur ce sujet et à propos de la carrière du groupe, voir l'excellent documentaire Sabbath Bloody Sab (...)
- 19 Mesmin, D. 2000. Black Sabbath. In Assayas, M. op. cit., p. 157-158.
- 20 Les propos sont d'Ozzy Osbourne. Ils sont prononcés dans le documentaire Sabbath Bloody Sabbath. 19 (...)
13Les membres de Black Sabbath affichent un goût prononcé pour les ambiances malsaines, l'occultisme d'Aleister Crowley, Satan, le morbide, l'Apocalypse, la littérature d'épouvante et les films d'horreur17. Le groupe déclare d'ailleurs chercher à écrire de la musique d'horreur18. Black Sabbath réussit une combinaison féconde entre hard rock et imagerie démoniaque. Leur allure vestimentaire reste néanmoins très proche de celle des hard rockers de la même période. Si la presse spécialisée les rejette, le public adolescent les plébiscite et en 1973 le groupe atteint un niveau de popularité équivalent à celui de Led Zeppelin ou Deep Purple. « Honni par les hippies, méprisé par les amateurs de rock sérieux, détesté par les parents [et les curés], il devient le phare d'une sous-culture où de nombreux adolescents reconnaissent l'expression de leurs tourments et inquiétudes19. » Lors de leur première tournée aux Etats-Unis, les musiciens subissent les pressions conjuguées des médias, du clergé, et des forces de l'ordre qui les surveillent étroitement. Lorsqu'ils n'étaient pas interdits de se produire dans une ville, les chaînes de radio locales diffusaient des messages de mise en garde : « Les satanistes de Black Sabbath sont en ville ce soir. Si vous y allez, ne les regardez pas dans les yeux ou vous serez possédés à jamais20. » C'est sur la base de cette réputation sulfureuse que s'est construit un mythe musical dont l'empreinte est encore largement perceptible de nos jours.
Généalogie du heavy metal en quatre mouvements
1ère période (1970-78)
- 21 Les deux groupes s'attachent d'ailleurs les services de Michael Moorcock, écrivain de romans d'anti (...)
14Curieusement, Black Sabbath reste assez isolé dans son registre musical pendant la première moitié des années 70. Des groupes comme Hawkwind en Angleterre ou Blue Oyster Cult aux Etats-Unis lui emboîtent le pas en mobilisant les thèmes de l'occultisme et plus avant, de la science-fiction à tendance apocalyptique21. Toutefois, sur le plan musical, ils s'en tiendront à un hard rock psychédélique pour les premiers et à un hard rock fortement teinté de blues pour les seconds. Quant à Alice Cooper, il met en scène jusqu'à la démesure la théâtralité de Black Sabbath tout en se cantonnant à la production d'un hard rock primitif. Si des groupes comme Black Widow ou Necromandus se situent dans une veine musicale plus proche de Black Sabbath, ils n'en restent pas moins des groupes mineurs en termes médiatiques et commerciaux. Ce n'est réellement qu'en 1977, avec l'album Sin after sin de Judas Priest, que les pères du heavy metal trouvent un concurrent à leur mesure. Judas Priest réactualise le style en durcissant le ton et en supprimant définitivement toute référence au blues. Jouant d'une manière quasi mécanique, voire glacée, accentuée par la présence de deux guitaristes s'affrontant en duels de guitares, le groupe délivre une musique menaçante teintée d'ésotérisme. La voix de haute-contre suraiguë du chanteur, Rob Halford, dépasse de loin tout ce que l'on a pu entendre jusqu'alors. Le caractère moderne du groupe provient aussi de ce que ce dernier soit un adepte du look SM, cuir, clous et fouet. Une image qu'il renforce en orchestrant ses apparitions scéniques en chevauchant une moto.
Repères discographiques
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Black Sabbath. 1970. Black Sabbath. Vertigo. (g-b)
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Black Sabbath. 1971. Paranoid. Vertigo. (g-b)
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Black Sabbath. 1971. Master of reality. Vertigo. (g-b)
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Black Sabbath. 1972. Vol. 4. Vertigo. (g-b)
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Black Widow. 1970. Sacrifice. CBS. (g-b)
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Necromandus. 1972. Necromancy. Audio Archives (1996). (g-b)
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Judas Priest. 1977. Sin after sin. CBS. (g-b)
2ème période (1979-85)
- 22 Il sera ensuite le rédacteur en chef du magazine anglais Kerrang !, premier magazine entièrement dé (...)
- 23 L'indistinction du terme heavy metal est ici patente puisque le terme regroupe aussi bien des group (...)
15En 1979, Judas Priest livre l'album Unleashed in the east qui, par sa brutalité nouvelle, constitue la pierre angulaire des développements futurs du heavy metal. La même année, Geoff Barton, journaliste du magazine musical Sounds22 lance la NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal23). L'acronyme désigne les groupes ayant intégré et renouvelé les schémas du hard rock et du heavy metal pour n'en conserver que l'essentiel : l'énergie et l'efficacité. Iron Maiden, Def Leppard, Saxon Tygers Of Pan Tang représentent le mouvement. Ces groupes bénéficient rapidement d'un immense succès populaire auprès d'une partie de la jeunesse. Ils imposent les pantalons moulants (Spandex) brillants ou rayés caractéristiques de l'époque. Le succès le plus marquant est probablement celui d'lron Maiden qui fournit un effort considérable sur son aspect visuel. Dès son premier album, le groupe cherche à imposer sa marque de fabrique : le monstre-zombie Eddy the Head, dont la forte teneur symbolique n'est certainement pas étrangère au succès planétaire dont jouit le groupe. Par ce travail de communication conséquent, le groupe renforce le développement du merchandising metal, c'est-à-dire la commercialisation de produits connexes : t-shirts, badges, posters, écussons, etc., constituant désormais un réel enjeu économique dans le monde de cette musique. Parallèlement, Ozzy Osbourne, désormais séparé de Black Sabbath, entame une carrière solo dont le succès ne se démentira pas jusqu'à aujourd'hui. On voit également apparaître le groupe danois Mercyful Fate, dont le chanteur, King Diamond, contribue à introduire un satanisme philosophique dans le metal en s'appuyant sur un discours argumenté ainsi que sur une imagerie travaillée.
16En Amérique du nord, à la même période, les groupes Anvil, Dio, Virgin Steele et Manowar occupent le haut de l'affiche. Les deux derniers évoluent dans un registre entièrement inspiré par l'heroic fantasy. Les paroles de Dio, comme ses spectacles, sont peuplés de dragons, lutins et autres chevaliers. Manowar affirme être le seul groupe de heavy metal digne de ce nom. Sur ses disques, le groupe affiche le slogan « Death to false metal » (« Mort au faux metal ») et se livrera progressivement à une croisade contre les groupes de hard rock glam du type de Bon Jovi et Mötley Crüe. Chantres de l'excès, revêtus de peaux de bêtes, les musiciens lancent un autre slogan « Born to rock, drink and fuck » (« Né pour rocker, boire et baiser »). Le groupe signe un contrat avec sa maison de disques de son propre sang et fait homologuer ses performances scéniques par le Guinness Book des records en tant que « groupe jouant le plus fort au monde » (160 décibels, alors que le bruit d'un réacteur d'avion s'élève à 120 dB). La prétention du groupe l'a conduit à imposer la caricature ultime du heavy metal, machiste, barbare et primaire. Ce qui ne l'empêche pas de recueillir une forte audience en Europe de l'Est, dans la péninsule ibérique ainsi qu'en Amérique du Sud. L'influence de Manowar, Dio et Virgin Steele se fait à nouveau ressentir dans la seconde moitié des années 90 avec le courant « true metal » (« vrai metal » ou « metal traditionnel ») sur lequel nous nous arrêterons plus loin.
- 24 Les versions anglaises de Metamorphosis (1984) et Heroes tears (1986) ont été éditées par le label (...)
17Dans le sillage de ces groupes, le phénomène heavy metal se répand dans la majorité des pays industrialisés et voit apparaître un certain nombre de groupes influents comme Accept en Allemagne, Loudness au Japon, Baron Rojo en Espagne. De son côté, la France connaît alors un véritable boom heavy metal et voit se former quantité de groupes dont les plus célèbres sont Voie de Fait, Satan Jokers, Sortilège, H Bomb, High Power, Vulcain, Nightmare, Demon Eyes, Killers ou encore Blasphème. Quasiment tous emploient la langue française, ce qui constitue une réelle exception au sein d'un monde privilégiant essentiellement la langue anglaise. Si ce particularisme leur confère un caractère exotique en dehors de l'espace francophone, cela réduit dans le même temps leurs perspectives de rayonnement international. Sortilège tentera de dépasser ces limites linguistiques en enregistrant ses albums en versions française et anglaise24.
Repères discographiques
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Judas Priest. 1979. Unleashed in the east. CBS. (g-b)
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Judas Priest. 1980. British steel. CBS. (g-b)
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Iron Maiden. 1980. Iron Maiden. EMI. (g-b)
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Iron Maiden. 1981. Killers. EMI. (g-b)
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Iron Maiden. 1982. The number of the beast. EMI. (g-b)
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Saxon. 1980. Wheels of steel. Carrère, (g-b)
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Saxon. 1980. Strong arm of the law. Carrère, (g-b)
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Def Leppard. 1980. On through the night. Vertigo. (g-b)
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Ozzy Osbourne. 1980. Blizzard of Ozz. Jet. (g-b)
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Tygers Of Pan Tang. 1981. Spellbound. MCA. (g-b)
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Anvil. 1981. Hard'n'Heavy. Attic. (can)
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Manowar. 1982. Battle hymns. Capitol. (é-u)
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Accept. 1982. Restless and wild. CBS. (all)
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Accept. 1983. Balls to the wall. CBS. (all)
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Voie De Fait. 1982. Ange ou démon. Ariola. (fra)
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Dio. 1983. Holy diver. Phonogram, (é-u)
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Virgin Steele. 1983. Virgin Steele I. Music For Nations. (é-u)
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Mercyful Fate. 1983. Melissa. Roadrunner. (dan)
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Satan Jokers. 1983. Les fils du metal. Vertigo. (fra)
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H Bomb. 1983. Coup de metal. Axe Killer. (fra)
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High Power. 1983. High power. Devil's, (fra)
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Loudness. 1983. The law of devil's. B.M. (jap)
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Baron Rojo. 1983. Metalmorfosis. Chapa Discos. (esp)
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Iron Maiden. 1984. Powerslave. EMI. (g-b)
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Sortilège. 1984. Métamorphose. Devil's. (fra)
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Demon Eyes. 1984. Rites of chaos. Ebony, (fra)
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Nightmare. 1984. Waiting for the twilight. Ebony. (fra)
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Vulcain. 1984. Rock'n'roll secours. Devil's, (fra)
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Killers. 1985. Fils de la haine. Madrigal. (fra)
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Blasphème. 1985. Désir de vampyr. Lizard, (fra)
3ème période (1986-95)
- 25 Si l'album de la transition est sobrement appelé Metallica, il est également connu sous le nom de B (...)
18Dès 1985, le heavy metal tel qu'il était pratiqué jusqu'alors subit une baisse de régime sensible sous l'effet de l'apparition de nouveaux genres tel que le black, le speed, le thrash, le death metal, etc. Ce ralentissement marque l'inexorable processus d'hybridation et de fragmentation des genres engagé deux années plus tôt. Les formations heavy metal continuent évidemment deproduire des disques mais ne rencontrent plus un succès aussi massif qu'auparavant. On retrouve des incontournables tels que Judas Priest, Iron Maiden ou King Diamond, transfuge de Mercyful Fate. La seconde moitié des années 80 est fatale à la plupart des groupes français nés au cours de l'âge d'or. L'un des plus célèbres d'entre eux, Sortilège, publie son deuxième album en 1986 avant de mettre un terme à sa carrière. Il ne reste alors plus guère que Killers dont la carrière se prolonge jusqu'à aujourd'hui avec une constance forçant le respect. Les nouveaux venus se font rares. Seul le groupe nantais Squealer tire pendant un temps son épingle du jeu. La réactualisation du heavy metal ne s'amorce qu'au début des années 90, à la faveur de groupes tels que Corrosion Of Conformity ou Unorthodox, mais surtout grâce à la réorientation de Metallica25 vers les sources du genre – dans lequel s'engageront également de manière provisoire les britanniques Paradise Lost – et du renouveau grunge, qui voit se hisser aux premiers rangs, des formations américaines telles que Alice In Chains, Life Of Agony ou Soundgarden.
Repères discographiques
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Sortilège. 1986. Larmes de héros. Rocks. (fra)
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King Diamond. 1987. Abigail. Roadrunner. (dan)
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Squealer. 1987. D.F.R. Vogue. (fra)
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Squealer. 1989. Squealers'mark. Vogue. (fra)
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Killers. 1987. Mise aux poings. Dream. (fra)
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Iron Maiden. 1988. Seventh son of a seventh son. EMI. (g-b)
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Iron Maiden. 1992. Fear of the dark. EMI. (g-b)
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Judas Priest. 1990. Painkiller. CBS. (g-b)
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Metallica. 1991. Metallica. Elektra. (é-u)
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Corrosion Of Conformity. 1991. Blind. Relativity, (é-u)
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Corrosion Of Conformity. 1994. Deliverance. Sony. (é-u)
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Alice In Chains. 1992. Dirt. Columbia/Sony. (é-u)
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Life Of Agony. 1993. River runs red. Roadrunner. (é-u)
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Unorthodox. 1993. Asylum. Hellhound. (é-u)
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Soundgarden. 1994. Superunknown. A&M. (é-u)
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Paradise Lost. 1995. Draconian times. Music For Nations. (g-b)
4ème période (1996 —)
19Dans la seconde moitié des années 90, le succès rencontré par le groupe suédois Hammerfall a permis le retour en grâce de groupes phares de la seconde période du heavy metal tels que Manowar, Dio, Virgin Steele aux Etats-Unis ou Killers et Nightmare en France. Si la musique de ces groupes s'inscrit clairement dans le registre d'un heavy metal de facture traditionnelle, tel qu'il se pratiquait dans les années 80, il a néanmoins basculé sous l'appellation true metal, de manière à pouvoir être distingué des groupes des années 90. Comme cela a déjà été précisé plus haut, ce changement de catégorie conduit à aborder ses représentants ultérieurement, au sein d'un chapitre particulier.
20En trente ans, le heavy metal a connu simultanément un certain degré de dilution, de mutations catégorielles et de phases de renouvellement rendant son identification progressivement trouble. Il persiste cependant un point de clarté inaltérable. Des formations historiques toujours en activité, telles Black Sabbath, Judas Priest, Iron Maiden, Saxon, etc., si elles ont quelquefois subi des changements de personnel ou donné naissance à des carrières solos, telles celles d'Ozzy Osbourne (ex-Black Sabbath), Rob Halford (ex-Judas Priest) ou encore U.D.O. (ex-Accept), sont devenues les incarnations même du heavy metal dont la caractérisation ne souffre d'aucune ambiguïté. Quoiqu'il en soit, les tentatives les plus récentes et les plus abouties d'une synthèse entre heavy metal et hard rock des origines sont probablement cristallisées au sein des albums solo de Zakk Wylde (guitariste d'Ozzy Osbourne), sous le nom de Black Label Society ainsi que dans le projet Down, regroupant quelques musiciens emblématiques du metal des années 90, tels Phil Anselmo de Pantera, Kirk Windstein de Crowbar, Pepper Keenan de Corrosion Of Conformity et Jimmy Bower de Eyehategod. Développant des sonorités très heavy metal, largement empruntées à Black Sabbath, les compositions de ces formations s'invitent aussi volontiers dans les territoires ouverts par Led Zeppelin. Elles constituent de ce fait un hommage de poids aux pères du metal.
Repères discographiques
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Black Sabbath.1998. Reunion [live], Sony, (g-b)
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Saxon. 1999. Metalhead. Steamhammer. (g-b)
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Iron Maiden. 2000. Brave new world. Columbia. (g-b)
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Halford. 2000. Resurrection. Sanctuary. (gb-usa)
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Ozzy Osbourne. 2001. Down to earth. Sony. (gb-usa)
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Judas Priest. 2001. Demolition. Atlantic. (g-b)
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U.D.O. 2002. Man and machine. Breaker. (all)
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Black Label Society. 2002. 1919*Eternal. Spitfire, (é-u)
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Down II. 2002. A bustle in your hedgerow... Eastwest. (é-u)
Le cas Motôrhead : un trait d'union
21Dans la seconde moitié des années 70, l'hégémonie du hard rock et du heavy metal est mise à mal en raison de l'explosion du phénomène punk. Motörhead innove en intégrant l'esprit du punk rock à sa musique de facture plutôt proche du hard rock et du rock'n'roll dans sa version la plus sauvage. Le groupe joue plus vite et plus fort que la majorité des groupes en activité. De plus, Lemmy Kilminster, chanteur du groupe introduit une manière de chanter totalement originale puisqu'il hurle d'une voix gutturale, à l'opposé de ce qui se pratique jusqu'alors dans le monde du hard rock et du heavy metal. En outre, Lemmy, introduit la cartouchière en tant que nouvel attribut vestimentaire. La force de Motôrhead réside dans sa capacité à proposer une musique oecuménique, touchant autant les publics hard rock, heavy metal, punk que skinhead. Ce point est d'autant plus intéressant qu'il est exemplaire du métissage que le hard rock et le heavy metal vont connaître à travers leurs évolutions respectives.
Entre 1977 et 1981, Motôrhead produira cinq albums majeurs, dont un live, qui exerceront une influence considérable auprès d'un grand nombre de groupes metal apparus dans la première moitié des années 80, sur fond de radicalité musicale. Le groupe est toujours en activité à l'heure actuelle. Lemmy, né le 24 décembre 1945, semble bien parti pour être le plus illustre des sexagénaires du metal.
Repères discographiques
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Motörhead.1977. Motôrhead. Chiswick. (g-b)
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Motörhead. 1979. Overkill. Bronze. (g-b)
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Motörhead. 1979. Bomber. Bronze. (g-b)
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Motörhead. 1980. Ace of spades. Bronze. (g-b)
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Motörhead. 1981. No sleep'til Hammersmith [live]. Bronze. (g-b)
22Voilà résumés en quelques lignes les points saillants ayant présidé à l'essor du hard rock et du heavy metal. Leur développement est indissociable d'un certain nombre d'avancées technologiques en même temps que d'un certain nombre de contextes sociaux, culturels, économiques et politiques qu'il nous faut aborder maintenant avant de nous pencher sur les phases d'évolution de l'ensemble de ces genres et sous-genres que l'on regroupe aujourd'hui sous l'appellation metal.
Le rôle de la technologie
- 26 Chocron, C. 1994. Les enjeux économiques du rock. In Gourdon, A.-M. sous la dir. Le rock. Aspects e (...)
23Les avancées technologiques en matière d'amplification ont tenu un rôle majeur dans l'avènement du hard rock et du heavy metal26. C'est ce qu'illustre la carrière du groupe Cream. Fort du succès de son premier album en 1967, le groupe se produit aux Etats-Unis dans des salles d'une jauge énorme. Par conséquent, les guitaristes s'équipent de murs d'amplis Marshall sans cesse plus imposants qu'ils combinent avec des pédales d'effets fuzz et distorsion. Le batteur, Ginger Baker, se produit quant à lui muni d'une double grosse caisse qui deviendra pendant un temps, l'attribut incontournable des batteurs de hard rock. La logique de la surenchère est alors définitivement enclenchée.
- 27 L'exemple des Beatles est particulièrement représentatif des conditions techniques de l'époque : « (...)
- 28 Ces amplificateurs, conçus par Charlie Watkins, délivrent alors une puissance de 800 watts.
- 29 Il s'agit de hauts-parleurs placés face aux musiciens destinés à ce que chacun d'entre eux puisse s (...)
- 30 Pour une histoire des techniques de sonorisation, se reporter à Bouasse, P. Sonorisation. In Assaya (...)
24Rappelons qu'à cette époque, les systèmes de sonorisation n'existent pas encore sous la forme sophistiquée que l'on connaît aujourd'hui27. Les premiers amplificateurs de puissance entièrement dédiés à la sonorisation n'apparaissent qu'en 196728 en même temps que les premières consoles de sonorisation. Si tous les instruments et les voix peuvent dès lors bénéficier d'une amplification, les groupes ne sont pas délivrés du problème de diffusion de l'intensité sonore, surtout à une période où les concerts sont de taille gigantesque et accueillent plusieurs dizaines de milliers de personnes (Woodstock, Monterey, Wight, Madison Square Garden, etc.). Pas plus qu'elle ne les délivre des soucis de la gestion du son sur scène. Etant donné que les musiciens se dotent d'amplis toujours plus puissants, les chanteurs et les batteurs peinent, pour le moins, à se faire entendre au sein de cette débauche sonore avec laquelle il leur est impossible de rivaliser. Ce n'est qu'après 1970 que le principe des « retours de scène29 » s'impose. Dans le même temps, les haut-parleurs à chambre de compression remplacent progressivement les colonnes de haut-parleurs en raison de leur capacité accrue à couvrir les grands espaces30.
25Si les musiciens, au même titre que le public, acquièrent dès lors davantage de confort auditif, les avancées technologiques en matière de sonorisation sont indissociables de l'avènement du hard rock et du heavy metal qui sont des genres musicaux s'appuyant pour beaucoup sur la puissance sonore. Ces développements n'iront pas sans un certain nombre d'excès, constitutifs eux aussi de ces genres musicaux. Motôrhead, par exemple, développe dès 1977 des concerts à plus de 120 dB. Manowar quant à lui, fait homologuer un concert à plus de 160 dB au cours des années 80. Même si un certain nombre de pays comme la France réglementent le volume sonore au cours des concerts, la recherche de la puissance sonore reste néanmoins un invariant de la musique metal.
Le contexte social, culturel, économique et politique
- 31 Benetollo, A., Le Goff, Y. Historique du rock. In Gourdon, A.-M. sous la dir. 1994. Le rock. Aspect (...)
26Dans la première moitié des années 70, le hard rock et le heavy metal connaissent un tel engouement populaire que les grands groupes de l'époque se produisent essentiellement dans le cadre de concerts géants lors d'énormes tournées mondiales. Plus rien à voir avec les gigantesques festivals hippies organisés à la fin des années 60. Exit la gratuité et le bricolage improvisé de ces manifestations. Exit également la dimension contestataire propre à cette période. Si bien que « le contexte socio-politique de la première moitié des années 70 n'a pas ou peu d'influence dans le domaine musical31 ». Le rock dans son ensemble entre dans l'ère de la médiatisation de masse et devient une industrie très lucrative pour le monde du spectacle en général et les maisons de disques en particulier.
- 32 Et dans une moindre mesure le cinéma, puisqu'on voit les Yardbirds et notamment Jeff Beck s'employe (...)
Sous l'effet de leur diffusion massive par l'intermédiaire de la radio et du disque32, hard rock et heavy metal s'établissent progressivement en tant que genres musicaux particuliers pour s'étendre, à l'aube des années 70 – de manière hégémonique pendant un certain temps – dans la majorité des pays industrialisés.
27Quels que soient les thèmes traités par les textes ou l'imagerie véhiculée par les musiciens, ces genres semblent avant tout viser à distraire (« it's only entertainment ! »). L'idée est davantage de prendre du bon temps. On glorifie la fête, l'alcool, les drogues, le sexe mais également les expériences mystiques, l'heroic fantasy et les films d'horreur, etc. Les discours contestataires n'étant plus d'actualité, amateurs et pratiquants du hard rock et du heavy metal n'affichent plus qu'un anticonformisme vestimentaire – quelquefois proche de l'univers de motards de type Hell's Angels -– à base de cheveux longs, jeans et/ou cuir (perfecto) évoluant progressivement vers l'adoption de bracelets de force cloutés et de t-shirts, écussons, badges à l'effigie des groupes les plus en vogue. Tout cela leur confère une image de « mauvais garçon ». La logique à l'oeuvre semble relever quasi exclusivement d'une volonté de différenciation culturelle fondée sur le look et combinée à une convergence de goûts musicaux.
28Hard rock et heavy metal sont donc des innovations musicales résultant du développement conjoint de facteurs artistiques, technologiques, économiques, culturels et sociaux. Le hard rock pousse le rock et le blues dans ses retranchements en insistant sur la grandiloquence, la démesure, l'exubérance, l'énergie, la violence, la virtuosité technique et la puissance sonore. Comme dans le blues, on peut y voir également un intérêt affirmé pour les choses du sexe. En apparence, le heavy metal paraît plus austère. Il n'accorde que peu de place à l'improvisation. Plutôt que la virtuosité, il privilégie la vitesse d'exécution et vise à décliner des schémas rythmiques implacables. La violence y est décuplée et tend à la brutalité. Si les ambiances développées apparaissent volontiers sombres et morbides doublées d'une tendance à la théâtralité, il ne s'agit cependant le plus souvent que d'une simple posture esthétique. Le développement de ces genres s'articule essentiellement sur l'idée d'un durcissement musical traversé par une logique de la surenchère largement relayé par l'industrialisation et la médiatisation du secteur musical. Les années 80 voient les formations se radicaliser dans une logique extrémiste. Les terminologies hard rock et heavy metal vont progressivement se dissoudre pour s'apparier sous le terme metal désignant la myriade de sous-genres nés dans le sillage de Led Zeppelin, Black Sabbath et consorts. En parallèle, on assiste également à une autonomisation du phénomène, dont le potentiel économique évident va permettre une structuration par le biais de médias et de maisons de disques indépendantes des grands groupes de presse ou des majors. C'est cet ensemble de points que nous allons aborder maintenant en nous plongeant dans cette très abondante et fragmentée filiation de genres. Pour nous y retrouver, j'ai choisi d'introduire les genres selon leur ordre d'apparition dans l'histoire du metal. Pour en avoir une vision plus synthétique, il suffit de se reporter à l'arbre phylogénétique situé en fin de section.
2. Une fragmentation de genres
Glam Rock
- 33 David Bowie, acteur influent du glam rock déclare lui-même à la presse en 1972 : « Une société qui (...)
- 34 David Bowie a travaillé dans une troupe de mimes pendant plusieurs années. Il est très sensible au (...)
- 35 On trouve une excellente illustration de ce qu'a pu être le glam rock et des effets qu'il a pu prod (...)
29Glam est une abréviation de l'adjectif « glamorous » signifiant séduisant, élégant ou encore prestigieux. Accolé à l'adjectif rock, le glam désigne un genre musical (quelquefois appelé rock décadent33) très influent sur la scène musicale dans la première moitié des années 70. On considère son influence sur le punk rock totalement déterminante. En effet, le glam rock constitue la première réaction à un hard rock et à un heavy metal jugé empesé et trop alambiqué. Le glam rock veut aller à l'essentiel, retrouver la pureté originelle du rock en produisant des morceaux courts, simples et spontanés. Il revendique également une image nouvelle et provocante, mélange d'excentricité vestimentaire et d'érotisme ambigu. C'est le londonien Marc Bolan, chanteur et guitariste du groupe T. Rex qui inaugure le genre. Il apparaît sur scène avec des paillettes dans son abondante chevelure frisée, des vestes en lamé argenté, des bottes à semelles compensées (platform boots), toujours tiré à quatre épingles. L'ambivalence sexuelle affichée sera exploitée plus encore par David Bowie qui la théâtralise34, conscient des bénéfices qu'il peut tirer de l'image dans le déroulement d'une carrière artistique. Le rôle qu'il endosse avec Ziggy Stardust est particulièrement représentatif de cette stratégie artistique qui le présente en androgyne, maquillé, cheveux teints et vêtu de costumes improbables35.
- 36 David Johansen, chanteur du groupe est très lié au milieu de l'avant-garde théâtrale new-yorkaise e (...)
30En 1972, le titre All the young dudes, écrit par Bowie et interprété avec succès par les britanniques Mott The Hoople devient l'hymne des amateurs de glam rock. Leurs compatriotes de Slade adoptent à leur tour les outrances vestimentaires du glam, mais dans un format musical proche du hard rock. A New York, sévissent à la même période Lou Reed (proche de l'esprit de Bowie, mais affichant clairement son homosexualité) et le groupe New York Dolls, lui aussi fortement théâtral36. Les musiciens se présentent habillés en femmes, maquillés outrageusement, équipés de chaussures à talons hauts. La sauvagerie contenue dans leurs prestations scéniques les situe incontestablement dans le peloton de tête des pionniers du punk rock. Mais dans l'immédiat, il est important de rappeler l'influence qu'a exercé le glam rock sur des groupes de hard rock comme Alice Cooper ou Kiss au cours des années 70, et plus tard sur les groupes de la troisième génération du hard rock (1983-86) avec des groupes comme Quiet Riot, Motley Crüe, Twisted Sister, Ratt, W.A.S.P. ou encore Poison, évoqués précédemment. Ces derniers ont par ailleurs été très inspirés par la flamboyance du groupe finlandais Hanoi Rocks. Après avoir rencontré un succès considérable en Extrême-Orient, Hanoi Rocks devient la coqueluche des groupes américains. Le 9 décembre 1984 à Redondo Beach en Californie, leur batteur Razzie meurt dans un accident de voiture conduite par Vince Neil, chanteur de Mötley Crüe après une soirée trop arrosée. Hanoi Rocks se sépare peu de temps après, pour renaître de ses cendres en 2002.
Au début du XXIème siècle, le glam se voit remis au goût du jour. Tout d'abord réhabilité par la mode (les magasins Printemps organisent une opération commerciale glam courant 99), puis réactualisé par le film Hedwig and the angry inch, il est au final l'objet d'une modernisation musicale à travers les premiers albums des américains Toilet Boys ou Murderdolls qui tentent quant à eux, de renouveler l'héritage d'Alice Cooper en développant un concept d'horror glam.
Repères discographiques
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T. Rex. 1971. Electric warrior. Universal, (g-b)
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Mott The Hoople. 1972. All the young dudes. CBS. (g-b)
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Slade. 1972. Play it loud. Slade alive. Polydor. (g-b)
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David Bowie. 1972. Ziggy Stardust. EMI. (g-b)
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Lou Reed. 1972. Transformer. RCA. (é-u)
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New York Dolls. 1973. New York Dolls. Mercury, (é-u)
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Hanoi Rocks. 1984. Two steps from the move. Columbia, (fin/g-b)
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Hanoi Rocks. 2002. Twelve shots on the rocks. RLF Music, (fin/g-b)
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Toilet Boys. 2002. Toilet boys. Livewire. (é-u)
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Murderdolls. 2002. Beyond the valley of the murderdolls. Roadrunner. (é-u)
Symphonic Hard Rock, Gothic Symphonic Metal, Opera Metal, la Musique Classique et l’Opéra dans le Hard Rock et le Heavy Metal
- 37 Metallian, 2002, no 27, p. 13.
- 38 Walser, R. 1993. op. cit., p. 59. Il est à noter par ailleurs que le troisième chapitre du livre (p (...)
31Le metal d'inspiration symphonique est surtout pratiqué par des musiciens ayant un goût combiné pour le metal, la musique classique, voire l'opéra. Ce que confirme le chanteur du groupe français Penumbra lorsqu'il évoque le parcours des musiciens qui l'accompagnent : « Beaucoup d'entre nous avons une solide formation classique via le conservatoire : c'est très logiquement le cas pour les instruments classiques (haut-bois, piano) et les voix d'opéra. Mais nous portons tous, et c'est notre point commun, un amour total et inconsidéré pour le metal depuis très longtemps37. » Pour Robert Walser, outre la richesse dont bénéficient les musiciens diversifiant leurs sources d'influence musicales, le recours à la prestigieuse tradition de la musique classique est une manière de s'approprier un certain nombre des propriétés qui la définissent, à savoir son aura transcendante et l'affiliation à un groupe social élevé38.
- 39 Petit, J. 1994. La saga du hard-rock. Hard N’Heavy, no 2, p. 72.
- 40 Assayas, M. 2000. Emerson, Lake & Palmer. In Assayas, M. op. cit., p. 555-557.
- 41 Le groupe continue de travailler en ce sens puisqu'il s'est produit récemment (25 octobre 2000) au (...)
32Les origines du genre sont probablement à situer à la fin des années 60. Avec Sgt. Pepper's lonely hearts club band (1967), les Beatles emploient un grand orchestre. La même année le groupe new-yorkais Vanilla Fudge remanie des chansons à succès (« Eleanor Rigby » des Beatles ou « You keep me hanging on » des Supremes, par exemple), pour leur donner une coloration baroque aussi puissante et solennelle qu'un opéra. Le groupe cherche à imposer une musique qualifiée de « rock symphonique psychédélique39 ». Ces expérimentations exercent une influence certaine sur un genre baptisé pop symphonique, dont les géniteurs sont les musiciens du groupe The Nice (futurs Emerson, Lake & Palmer, précurseurs du rock progressif). Leur musique laisse transparaître des résurgences mozartiennes. Les musiciens interprètent Tchaikovski (« Symphonie pathétique »), Dvorak (« Symphonie du nouveau monde ») et jouent avec un orchestre symphonique40. Dans leur sillage, courant 1969, Deep Purple s'essaie lui aussi à une collaboration avec l'Orchestre Philharmonique de Londres41. A ce moment là, Deep Purple n'est pas encore le groupe de hard rock qui se révélera un an plus tard. La tentative est cependant un semi échec. Les musiciens du Philarmonique affichent un certain mépris vis-à-vis de ces rockers et la magie ne se produit pas. Parallèlement, les Who produisent avec un succès retentissant leur premier opéra intitulé Tommy. Historiquement, le premier croisement entre musique symphonique et hard rock est le fruit du travail du groupe britannique Queen, qui en 1975, publie un album retentissant : A night at the Opera, contenant « The prophet's song » et surtout « Bohemian rhapsody », une pièce en trois actes, dont le succès est considérable.
- 42 Le morceau sera interprété en compagnie de l'Orchestre Symphonique de Tokyo en 1984. Il ne sera cep (...)
33Il faut attendre six ans pour que des projets de cette envergure voient à nouveau le jour. En 1981, Ritchie Blackmore (ex-guitariste de Deep Purple), accompagné de son groupe Rainbow se lance – sur le titre instrumental « Difficult to cure »-, dans une adaptation libre et heavy metal du quatrième mouvement de la Neuvième Symphonie (« Hymne à la joie ») de Beethoven42. Le morceau aura un impact déterminant sur la carrière du guitar hero Ingwie Malmsteen, qui, en 1998, enregistre un concerto pour guitares électriques avec l'Orchestre Philarmonique de la République Tchèque, sous la direction du maestro Yoel Levi (Atlanta Symphony). En 1984, un groupe de heavy metal américain relativement obscur, du nom de Cirith Ungol, publie un disque sur lequel on trouve une interprétation électrique de la « Toccata in Dm » de Jean Sébastien Bach. Trois ans plus tard, un autre groupe américain, Savatage, s'attaque à l'oeuvre du compositeur norvégien Edvard Grieg, en revisitant « Dans l'antre du roi de la montagne ».
- 43 On peut voir un extrait de la pièce « Tuba mirum » sur la piste CD-Rom de l'album du groupe. Elle e (...)
- 44 On sait par exemple qu'en concert, Joey DeMaio, bassiste de Manowar, joue quelquefois l'ouverture d (...)
- 45 Les albums d'Apocalyptica : Plays Metallica by four cellos (1996, Zen Garden) ; Inquisition symphon (...)
- 46 The Kennedy Experience. 1999. Nigel Kennedy plays Jimi Hendrix. Sony Classical. Le violoniste a éga (...)
34Courant 1993, emboîtant le pas d'Emerson, Lake & Palmer, les allemands de Mekong Delta adaptent l'intégrale d'une pièce pour piano de Modest Petrovich Mussorgsky (« Pictures of an exhibition ») qu'ils interprètent ensuite simultanément avec un orchestre. Spécialiste de l'adaptation de pièces classiques, le groupe virtuose s'est également essayé à reprendre la « Toccata », ou encore « Night on a bare mountain » de leur compositeur fétiche Mussorgsky. Leurs compatriotes Rage tentent une aventure identique sur la base de leurs propres compositions avec le Lingua Mortis Orchestra courant 1998. Deux années auparavant, les finlandais Waltari composent la première symphonie death metal avec un orchestre dirigé par leur compatriote Riku Niemi. En 1999, Metallica s'adonne également à l'exercice en donnant à sa musique une dimension symphonique au cours d'un concert singulier avec le San Francisco Symphony Orchestra, sous la direction de Michael Kamen. Un an plus tard, les allemands Scorpions s'engagent dans une démarche similaire avec l'Orchestre Philarmonique de Berlin. Les initiatives de ce type sont certainement très stimulantes, puisque même le groupe de black metal symphonique Dimmu Borgir est récemment passé à l'acte en engageant une collaboration avec l'Orchestre Symphonique de Goteborg pour son album Puritanical euphoric misanthropia (2001). Moins connu, le groupe québécois Liva vient de réaliser un requiem metal (en latin, comme il se doit) qu'il a notamment interprété lors d'une représentation avec dix-sept musiciens classiques pour le compte de Radio Canada le 8 mars 2 00243. La dernière expérience symphonique en date a réuni Kiss et le Melbourne Symphony Orchestra le 28 février 2003. Comme le suppose Robert Walser, il semblerait que cette inclination à la musique classique soit à mettre en relation avec une forme de reconnaissance à laquelle semblent aspirer un certain nombre de musiciens talentueux44. Ce sont essentiellement les groupes de metal qui se dirigent vers la musique classique, plus rarement l'inverse. On notera toutefois que quatre violoncellistes finlandais, réunis sous le nom d'Apocalyptica, reprennent aujourd'hui des titres de groupes metal tels que Sepultura, Pantera, Faith No More et Metallica, auxquels ils ont d'ailleurs consacré un album de reprises complet45. Le violoniste britannique Nigel Kennedy s'est quant à lui frotté aux compositions de Jimi Hendrix46.
35Mais c'est le très wagnérien groupe suédois Therion qui, au début des années 90, matérialise le mieux les expérimentations de ses prédécesseurs et pose définitivement les bases du gothic symphonic metal. Ce genre nouveau et flamboyant résulte d'un mixte entre sonorités metal contemporaines et musique symphonique, qu'il traite dans une dimension gothique immédiatement identifiable par l'usage qui est fait des voix, alternant entre mélodies féminines célestes et tonalités masculines agressives, mais également par la présence d'un orchestre symphonique et de choristes. La grandiloquence du genre en fait une nouvelle musique pour les cathédrales.
- 47 Doctrine esthétique de peintres anglais (John Everett Millais, William Holman Hunt, Dante Gabriel R (...)
Le genre se développe dans la seconde moitié des années 90 sous les efforts conjugués de groupes Scandinaves tels que Nightwish, Tristania et Sirenia, de la formation néerlandaise Within'Temptation, du combo grec Septic Flesh ou encore des français Penumbra. Comme dans l'opéra, ce sont les thèmes éternels, de l'amour, de la mort, de la passion et de la souffrance qui sont évoqués. Le lyrisme, la grandiloquence et la théâtralité de ce genre ambitieux renvoie de manière métaphorique à une dramaturgie shakespearienne (1564-1616) et donc, à une manière de se mettre en scène ne se mesurant pas seulement à sa production musicale. L'esthétisme véhiculé par l'emploi d'atours vestimentaires (robes et corsets) mêlant attributs gothiques (12-16èmes siècles) et élisabéthains (1558-1603) est complétée par l'usage d'une imagerie à forte tonalité préraphaélite47, propre à l'atmosphère romantique et postromantique du 19ème siècle.
- 48 Avec des moyens plus limités, le groupe tchèque Master's Hammer a produit une opérette black metal (...)
36Dans un registre différent, certains musiciens ont poussé leur fascination pour l'opéra au point d'en écrire eux-mêmes et de les faire interpréter par près d'une dizaine de vocalistes48. Ces pièces d'opéra metal sont le fruit de l'imagination de personnalités reconnues dans le monde du metal mettant à contribution d'autres personnalités de ce même monde. Le néerlandais Arjen Anthony Lucassen (ex-Vengeance) du groupe Ayreon est probablement le pionnier de ce genre musical qu'il situe tout à la fois dans un registre progressif et symphonique. L'allemand Tobias Sammet (du groupe Edguy) est quant à lui le promoteur d'Avantasia au sein duquel il évolue sur un versant plutôt traditionnel du heavy metal. Sous le nom de Genius, l'italien Daniele Liverani (du groupe Empty Tremor), évolue pour sa part au sein d'influences issues du metal progressif, du metal symphonique et du hard FM. Soyeuses et sophistiquées les compositions d'un opéra metal constituent souvent de véritables hymnes reposant sur des dialogues lyriques et des harmonies vocales particulièrement épiques. Le projet le plus audacieux du lot est probablement celui du compositeur bulgare Nikolo Kotzev (du groupe Brazen Abbot) qui a choisi d'adapter le thème de Nostradamus en recourant à un orchestre symphonique de 35 musiciens, pour faire évoluer plus d'une demi douzaine d'illustres vocalistes du hard rock (Glenn Hugues, Joe Lynn Turner, etc.). Pour l'heure, ces opéras sont exclusivement élaborés en studio et n'ont pas encore franchi le cap de la représentation scénique. Ce qui constitue probablement l'étape suivante du genre, s'il est amené à perdurer.
Repères discographiques
Les précurseurs
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The Beatles. 1967. Sgt. Pepper's lonely hearts dub band. Parlophone. (g-b)
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Vanilla Fudge. 1967. Vanilla Fudge. Atlantic. (é-u)
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The Nice. 1969. Nice. Immediate. (g-b)
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The Nice. 1970. Five Bridges. Immediate, (g-b)
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Deep Purple. 1969. Concerto for group and orchestra. Harvest, (g-b)
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The Who. 1969. Tommy. Polydor. (g-b)
Les expériences symphoniques/Hard Rock, Heavy Metal, Metal
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Queen.1975. A night at the Opera. Emi. (g-b)
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Cirith Ungol. 1984. King of the dead. Roadrunner. (é-u)
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Rainbow. 1981. Difficult to cure. Polydor. (g-b/é-u)
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Rainbow. 1986. Finyl vinyl. Polydor. (g-b/é-u)
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Mekong Delta. 1993. Classics. Major. (all)
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Waltari. 1996. Death metal symphony in deep C. Spin. (fin)
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RAGE. 1998.XIII. Gun. (all)
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Metallica/San Francisco Symphony Orchestra. 1999. S&M. Elektra-WEA. (é-u)
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Yngwie Malmsteen. 2000. Concerto suite for electric guitar and orchestra inE flat
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minor Op. 1.Spitfire.(suè)
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Scorpions. 2000. Moment of glory. EMI. (all)
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Dimmu Borgir. 2001. Puritanical euphoric misanthropie. Nuclear Blast. (nor)
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Liva. 2002. Requiem. Stoke, (can)
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Kiss Symphony. 2003. Alive IV. Sanctuary, (é-u)
Gothic Symphonic Metal
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Therion.1993. Symphony masses : Ho Drakon Ho Megas. Pavement, (sué)
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Therion. 2001. Secret of the runes. Nuclear Blast, (suè)
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Nightwish. 1998. Oceanborn. Spinefarm. (fin)
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Nightwish. 2002. Century child. Spinefarm. (fin)
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Tristania. 1998. Widow's weeds. Napalm, (nor)
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Septic Flesh. 1998. A fallen temple. Holy. (gré)
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Septic Flesh. 2003. Sumerian daemons. Hammerheart. (grè)
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Within'temptation. 2000. Mother earth. DSFA. (p-b)
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Penumbra. 2002. The last bewitchment. Season of Mist. (fra)
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Sirenia. 2002. At sixes and sevens. Napalm. (nor/fra)
Opera Metal
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Ayreon.2000. Universal migrator part I : The dream sequencer. Transmission. (p-b)
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Ayreon. 2000. Universal migrator part II : Flight of the migrator. Transmission. (p-b)
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Tobias Sammet's Avantasia. 2001. The metal opera. NTS. (all)
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Avantasia. 2001. The metal opera. Part 2. NTS. (all)
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Nikolo Kotzev's Nostradamus. 2001. The rock opera. SPV. (rus)
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Genius. 2002. A rock opera. Frontiers, (ita)
Southern Rock, Southern Hard Rock, Southern Metal
- 49 Les groupes de southern rock se présentent souvent sur scène en arborant le drapeau des confédérés. (...)
37Le southern rock (rock sudiste) est né dans le sud des Etats-Unis (Floride, Géorgie, Alabama et Texas), à l'orée des années 70, avec les Allman Brothers dont la musique, très inspirée du blues et du rhythm'n'blues, mais également de la country et du jazz, a la particularité de se pratiquer avec deux batteurs et deux guitaristes solistes. La carrière du groupe amorce son déclin courant 1973, lors du décès de Duane Allman, l'un des guitaristes du groupe. C'est Lynyrd Skynyrd qui prend alors le relais et s'affirme incontestablement comme la référence du rock sudiste. Le groupe de Jacksonville en Floride, s'autorise le luxe de jouer avec trois guitaristes solistes, ce qui constitue une innovation totale dans le monde du rock. Eux aussi marient blues et country en y apportant quelques touches hard rock. Souvent très généreux, les concerts des groupes southern rock ont la particularité de durer pendant deux ou trois heures. Pourtant, les américains du Nord (yankees) méprisent leurs compatriotes du Sud (rednecks) qu'ils considèrent comme des ploucs (hillbillies) racistes49et mal dégrossis dans leurs dégaines à la croisée du cow-boy et du motard. A quoi le groupe répond par le titre « Sweet home Alabama » dont le succès rétablit l'équilibre et affirme la qualité du son sudiste. En 1977 survient un drame mettant un coup d'arrêt au groupe : l'avion qui les transporte s'écrase dans le Mississippi. Bilan, quatre morts, dont le chanteur et compositeur principal Ronnie Van Zant. Dix ans plus tard, le groupe renaît avec Johnny, le frère cadet de Ronnie au chant.
- 50 Le boogie-woogie est un style de blues puissant et agressif aux rythmes entraînants et dansants. Né (...)
- 51 Potts, E. 2000. ZZ Top. In Assayas, M. op. cit., p. 2224-25.
38Toujours en 1973, ZZ Top (universellement connus pour la taille de leurs barbes) obtiennent la reconnaissance avec le succès planétaire « La Grange », dans un registre très boogie50 blues sudiste qui inspirera quantité de hard rockers. Fier de la rusticité de ses origines texanes, le groupe décide, en 1976, d'organiser une tournée monumentale à travers les EtatsUnis. « Le trio évolue sur une scène qui pèse trente-cinq tonnes à elle seule, supporte quarante tonnes de matériel et une sono de quarante mille watts. Entièrement démontable, afin d'être transportée de ville en ville, elle épouse les formes du Texas avec sa flore et sa faune. Parsemée de cactus, dotée d'un authentique corral, elle accueille même de véritables bisons installés sur des ascenseurs situées à chaque extrémité. Des busards, des serpents à sonnette, un loup et un cochon viennent compléter le tableau... Dantesque, cette tournée farfelue et inédite se chiffre par un million deux cent mille billets vendus, suscitant 11 millions de dollars de recettes51. »
- 52 En revendiquant son « indianité » à travers ses textes, le groupe pose une question identitaire d'u (...)
39Le Texas est également le lieu de naissance de Point Blank, premier groupe à pratiquer un boogie sudiste franchement orienté hard rock du point de vue du son, mais dont la popularité n'excédera jamais les frontières de l'Etat. C'est avec Molly Hatchet, issu de Jacksonville comme Lynyrd Skynyrd, que le hard rock sudiste parvient à s'imposer en tant qu'un genre musical à la fin des années 70. A l'instar de leurs illustres aînés, ils se produisent eux aussi avec trois guitaristes et affichent fièrement leurs origines sudistes. L'engouement pour ce type de musique est alors à son sommet. Il voit fleurir de nombreux groupes dont les plus marquants sont certainement Doc Holliday ou Blackfoot. Ce dernier, composé de trois musiciens d'origine indienne52, fait parler de lui en reprenant à son compte l'héritage de leurs prédécesseurs, tout en augmentant son tempo avec ferveur. Producteur d'une musique nerveuse et racée, le groupe rencontre, plus qu'aucune autre formation sudiste, les faveurs du public hard rock. Ce qui leur permet d'accompagner des groupes comme Iron Maiden ou Scorpions lors de tournées mondiales.
La majorité de ces groupes n'ont toujours pas mis fin à leur carrière. Après avoir obtenu des succès populaires importants, ils présentent tous la particularité d'avoir connu une baisse de régime, dès la seconde moitié des années 80, imputable à une quantité de facteurs : production discographique inégale, souvent marquée par une volonté de toucher un public plus large (de manière délibérée ou sous la pression de leurs maisons de disques), essoufflement artistique, instabilité des musiciens ou encore désaffection du public, etc.
- 53 Pour un complément d'informations concernant ces genres musicaux, on peut se reporter au dossier « (...)
40Au début des années 90, Raging Slab perpétue et renouvelle le hard rock sudiste en le croisant avec des sonorités metal et fonde le southern metal. La bonne réception de leurs productions encourage Five Horse Johnson à redynamiser le hard rock sudiste dès la seconde moitié de la décennie et marque un véritable regain d'intérêt pour le son du sud des Etats-Unis. Voie qu'emprunte également depuis peu Corrosion Of Conformity. De nouvelles formations apparaissent. Alabama Thunder Pussy met ses influences sudistes en valeur à grand renfort de riffs pachydermiques, tandis que Roadsaw les cisèle davantage dans un contexte stoner rock, tout comme Sixty Watt Shaman et Gideon Smith & The Dixie Damned qui y adjoint quant à lui, une dose de psychédélisme. La provenance géographique de ces groupes atteste qu'il n'est plus besoin d'être originaire du sud des EtatsUnis pour produire des disques d'obédience sudiste. Mieux, le récent album des suédois Backdraft témoigne qu'il n'est même plus besoin d'être américain pour cela. C'est d'ailleurs ce qu'a déjà prouvé le groupe français Stocks dès 1982. Thèse que les rémois Natchez et les nantais Wild West tentent de faire accréditer à leur tour aujourd'hui53.
Repères discographiques
Southern Rock
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The Allman Brothers Band. 1971. Live at Fillmore East. Capricorn/Polygram. (é-u)
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Lynyrd Skynyrd. 1973. Pronounced Leh-Nerd Skin-Herd. MCA. (é-u)
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ZZ Top. 1973. Tres hombres. Warner Bros. (é-u)
Southern Hard Rock
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Point Blank.1976. Point Blank. Arista. (é-u)
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Molly Hatchet. 1979. Flirtin'with disaster. Epic. (é-u)
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Molly Hatchet. 1980. Beatin'the odds. Epic. (é-u)
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Blackfoot. 1981. Marauder. Atco. (é-u)
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Blackfoot. 1982. Highway song live. Atco. (é-u)
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Doc Holliday. 1981. Doc Holliday. A&M. (é-u)
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Stocks. 1982. Enregistré en public. Warner. (fra)
-
Five Horse Johnson. 1998. Fat black pussycat. Small Stone. (é-u)
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Five Horse Johnson. 2001. The n° 6 dance. Small Stone. (é-u)
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Natchez. 2000. Brut. NSR. (fra)
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Wild West. 2003. Second to none. Brennus. (fra)
Southern Metal
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Raging Slab.1989. Raging Slab. RCA. (é-u)
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Raging Slab. 2001. The dealer. Tee Pee. (é-u)
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Corrosion Of Conformity. 2000. America's volume dealer. Sanctuary, (é-u)
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Alabama Thunder Pussy. 1998. River city revival. Man's Ruin. (é-u)
-
Alabama Thunder Pussy. 2002. Starring at the divine. Relapse. (é-u)
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Sixty Watt Shaman. 2000. Seed of decades. Spitfire, (é-u)
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Roadsaw. 2001. Rawk n'roll. Lunasound. (é-u)
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Gideon Smith & The Dixie Damned. 2001. Southern gentlemen. Small Stone. (é-u)
-
Backdraft. 2001. Here to save you all. Lunasound. (sué)
Hard Rock FM, Radio-Friendly, AOR (Adult Orientated Rock), Lite Metal, Hair Metal
- 54 Dans son livre, Robert Walser procède à une analyse très éclairante du titre « Livin'on a prayer » (...)
41Ce genre de musique s'appuie sur un hard rock dénué d'agressivité et mâtiné de pop, dont la principale caractéristique est d'être calibré pour une diffusion radiophonique ou télévisuelle massive, d'où l'adjonction de l'acronyme FM(Frequency Modulation signifiant « modulation de fréquence »). La critique a forgé plusieurs synonymes pour désigner le hard rock FM : l'expression radio-friendly (« radio sympa »), l'acronyme AOR signifiant Adult Orientated Rock (« rock pour adultes »), Ute metal (« metal doux ») ou encore de manière plus ironique, hair metal (« metal chevelu »), en référence aux coupés de cheveux toujours très travaillées des musiciens qui pratiquent ce genre. Ces perspectives impliquent des sons de guitares lisses sur lesquels se greffent des claviers aux vertus édulcorantes et un chant chaud et sensuel, le recours à des refrains simples et accrocheurs, l'élaboration de ballades sentimentales et éventuellement, de musiciens élégants aux physiques avenants. En somme, il s'agit d'une forme de hard rock privilégiant la transcendance romantique sur le mode de la pop, à savoir une musique très travaillée, soucieuse de procurer des émotions à forte charge affective, habilement organisées au sein d'un morceau54. Très prisé par le public féminin, voire familial, ce type de hard rock a été très populaire aux Etats-Unis et au Japon dans les années 80.
- 55 Assayas, M. 2000. Journey. In Assayas, M. op. cit., p. 909-910.
- 56 Rabasse, M. 2000. Foreigner. In Assayas, M. op. cit., p. 627-628.
42Souvent pratiqué par d'excellents musiciens en quête d'une formule leur permettant d'obtenir du succès, la recette a été initiée, semble-t-il, par le groupe américain Journey. « Ce mélange anachronique de hard rock, de pompiérisme symphonique et de sucrerie mélodieuse a beau faire pouffer la critique, le grand public américain adore55 ». Dans le même élan, Foreigner, publie courant 1981, l'album 4, faisant office « de mètre étalon du rock FM56 ». Le canadien Aldo Nova et les américains Night Ranger et Y & T leur emboîtent le pas avant que le groupe Bon Jovi, ayant assimilé les recettes de leurs prédécesseurs et bénéficiant de l'aide de Desmond Child, (auteur-compositeur-arrangeur, équivalent américain de Didier Barbelivien ou de JeanJacques Goldman en France), ne rencontre un succès mondial colossal en 1984, avec son album Slippery when wet (8 millions d'exemplaires vendus aux Etats-Unis). La même année, le groupe Van Halen remporte un succès équivalent avec son titre « Jump ». Bénéficiant d'importantes rotations de leurs clips vidéos, sur MTV, le triomphe de ces groupes n'est probablement pas sans rapport avec les plastiques avantageuses de leurs chanteurs.
43Moins enclins à pratiquer ce type de confiseries sonores, les musiciens européens s'engouffrent plus modérément dans la brèche ouverte par les américains. Toutefois, on peut relever un certain nombre de réussites marquantes pour ce type de musique, qui, rappelons-le, excède très largement le cadre du public hard rock. On peut citer les allemands de Scorpions avec les titres « Still loving you » et « Wind of change », les suédois Europe, dont le morceau « The final countdown » devient un tube planétaire après avoir figuré dans la bande originale du film Rocky 4 de Sylvester Stallone (1986) et Def Leppard, qui, après sa période NWOBHM, se réoriente définitivement dans le hard FM. En France, les groupes Presence et Fisc tenteront leur chance dans le domaine, sans obtenir néanmoins une reconnaissance publique comparable à celle des groupes précédemment cités.
- 57 Né en 1987, le fanzine Rock Time est passé à un statut semi-professionnel à la fin 1996, avant de d (...)
44Le genre est toujours relativement pérenne aujourd'hui. Le label italien Frontiers est particulièrement actif dans le domaine puisqu'il collabore avec les formations les plus modernes du hard FM. Il organise également chaque année en Grande-Bretagne, le Gods Festival entièrement dédié au genre. Parmi les groupes et artistes les plus en vue actuellement, citons les américains Hardline, Jeff Scott Soto, Crown Of Thorns, les britanniques Lost Weekend et Bob Catley, les norvégiens On The Rise et les réunionnais Nazca. En outre, il est intéressant de noter que le hard rock FM, entendu au sens large, bénéficie en France d'une couverture médiatique spécialisée grâce au fanzine (aujourd'hui webzine) Rock Time57.
Repères discographiques
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Journey. 1981. Escape. Columbia, (é-u)
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Foreigner. 1981.4. Atlantic. (usa-gb)
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Aldo Nova. 1982. Aldo Nova. Portrait. (can)
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Night Ranger. 1983. Midnight madness. Camel-MCA. (é-u)
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Y & T. 1983. Yesterday and today. A & M. (é-u)
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Bon Jovi. 1984. Bon Jovi. Mercury, (é-u)
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Bon Jovi. 1986. Slippery when wet. Mercury, (é-u)
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Scorpions. 1984. Love at first sting. Mercury/Polygram. (all)
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Van Halen. 1984. 1984. Warner. (é-u)
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Europe. 1986. The final countdown. Epic. (sué)
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Presence. 1986. Rock your life. Power, (fra)
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Fisc. 1988. Too hot for love. New. (fra)
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Def Leppard. 1987. Hysteria. Vertigo. (g-b)
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Hardline. 2002. II. Frontiers, (é-u)
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Crown Of Thorns. 2002. Karma. P. Music. (é-u)
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Lost Weekend. 2002. New religion. Frontiers. (g-b)
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Jeff Scott Soto. 2002. Prism. Frontiers. (é-u)
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On The Rise. 2003. On the rise. Frontiers. (nor)
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Nazca. 2003. The white wheel. Brennus. (fra)
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Bob Catley. 2003. When empires burn. Frontiers. (g-b)
Guitar Heroes
- 58 Walser, R. 1993. op. cit., p. 149.
45Au XXIème siècle, Jimi Hendrix continue d'être considéré comme le plus grand guitar hero de l'histoire du rock. A l'instar d'un Pelé pour le football, Hendrix symbolise le virtuose de la guitare électrique. Il a imprimé un style et institué des modes de pratique de la guitare radicalement novateurs. Inspirateur du British Blues Boom, il a ouvert la voie à des guitaristes tels que John Mayall, Peter Green, Eric Clapton ou encore Jeff Beck que l'on considère comme le premier guitar hero du hard rock. Le monde du metal doit beaucoup à la figure du guitariste soliste, car, c'est une tautologie, il est l'artisan du solo de guitare. Pour le musicologue Robert Walser, le solo de guitare comporte un caractère libératoire et transcendant compris au sein d'une dialectique avec la puissance oppressive de la basse, de la batterie et de la guitare rythmique58.
46Le guitar hero est représenté dans les années 70 par des personnalités aussi talentueuses et influentes que Jimmy Page et son toucher blues très personnel (Led Zeppelin), Tony lommi et son jeu grave et incisif (Black Sabbath), Ritchie Blackmore et son approche néo-classique (Deep Purple, Rainbow), Uli Jon Roth et ses incursions néo-psychédéliques (Scorpions), Michael Schenker et son sens de la mélodie et du chorus (Scorpions, UFO), Angus Young pour son efficacité et son authenticité blues (AC/DC), Eddie Van Halen et sa technique du tapping (Van Halen) ou encore Ted Nugent et son tiré de cordes imparable, sans oublier la fluidité du jeu de Randy Rhoads (Quiet Riot, Ozzy Osbourne).
Parfois, certains groupes affichent un tandem de guitar heroes. Non pas simplement des guitaristes dont l'un serait dévolu aux parties rythmiques et l'autre aux parties solo, mais des guitaristes à la virtuosité complémentaire s'affrontant quelquefois dans ce que l'on appelle des « duels » de guitares. C'est le cas des binômes Glen Tipton/KK Downing de Judas Priest, Dave Murray/Adrian Smith d'lron Maiden, Rudolf/Michael Schenker de Scorpions, Kerry King/Jeff Hanneman de Slayer, Hank Shermann/Michael Denner de Mercyful Fate, etc.
- 59 Walser, R. 1993. op. cit., p. 99-100.
47Si la place de ces guitaristes est effectivement très importante au sein de leurs groupes respectifs, il n'y occupent cependant jamais une position centrale. Les solos mettent certes leur virtuosité en valeur, mais la notion de groupe reste prépondérante. Le statut de guitar hero suppose d'une part, une excellence reconnue dans la pratique de l'instrument (par le monde de la musique dans lequel il évolue) et d'autre part, une façon unique de procéder. Pour autant, loin de chercher à naturaliser leurs talents, ces guitaristes reconnaissent volontiers que leur maîtrise instrumentale résulte d'un travail particulièrement acharné, voire obsessionnel, souvent très coûteux en terme de relations sociales59.
- 60 Berger, H. M. 1999. Metal, rock and jazz. Perception and the phenomenology of musical experience. D (...)
48Il faudra attendre les années 80 pour voir apparaître des formations entièrement articulées autour de guitaristes solistes spécifiquement hard rock. Uli Jon Roth, Franck Marino, Gary Moore et Yngwie Malmsteen en seront les précurseurs. Leur projet vise à s'entourer de musiciens qui leurs sont momentanément dévoués, le temps d'un album ou d'une tournée. La totalité du travail de composition relève bien souvent de ces guitaristes, ce qui réduit l'implication des autres musiciens au rôle de simples exécutants60. Lorsque la créativité du guitariste est la seule à pouvoir s'exprimer, il est évident que celle de ses accompagnateurs est bridée, ce qui génère un turn over important autour de ces guitaristes qui ne peuvent, bien souvent, fidéliser leurs musiciens que sur la base de projets ponctuels. Ce qui explique la tendance de ces guitaristes à se produire sous leur propre nom.
- 61 Le jeu de guitare extrêmement rapide de Malmsteen a exercé une influence non négligeable sur les gr (...)
- 62 Il s'agit d'un effet sonore obtenu en « balayant » plusieurs cordes d'une guitare au lieu d'une seu (...)
49Les résultats de ce mode opératoire sont évidemment souvent inégaux. Le guitariste suédois Ingwie Malmsteen a travaillé avec cinq chanteurs pour réaliser une dizaine d'albums. Condensés de virtuosité démonstrative, d'inspiration néo-classique, forts impressionnants – notamment pour sa vélocité61 et la qualité de ses sweeping62 – ses albums (dont le succès reste semble-t-il essentiellement localisé au Japon) n'offrent cependant d'intérêt que pour les techniciens de la guitare, exception faite de son Concerto pour guitares électriques qui le positionne selon les critiques du genre, sur un pied d'égalité avec Mozart, Bach, Vivaldi ou Paganini. L'américain Joe Satriani offre quant à lui un hard rock instrumental qui fait la part belle à la guitare, mais sans ôter à la qualité mélodique des morceaux dont certains seront diffusés sur les ondes. Ce point marque sa capacité à séduire autant les techniciens que les simples amateurs de hard rock. Professeur de guitare, sa carrière est également marquée par l'influence qu'il exerce sur un certain nombre d'élèves prestigieux tels Kirk Hammett, guitariste de Metallica ou Steve Vai, qui obtiendra à son tour le statut de guitar hero. Si ce dernier possède probablement une technique parmi la plus affûtée de tous les guitaristes de hard rock – d'autant plus impressionnante qu'elle s'exerce sur des guitares Ibanez à sept cordes – elle ne cherche cependant pas à s'inscrire systématiquement dans un pur exercice de style. Refusant la démonstration trop ostentatoire, la musique de Steve Vai reste néanmoins assez ésotérique. Sa démarche expérimentale le condamne à n'être avant tout apprécié qu'au sein d'un cercle d'initiés. Pour sa tournée américaine, courant 1996, Joe Satriani décide de s'embarquer avec Steve Vai et Eric Johnson (sous le nom de G3). Réunion d'un trio de guitaristes haut de gamme, dont l'apothéose constitue la réinterprétation de titres de Jimi Hendrix et de Frank Zappa.
- 63 Parmi quantité d'activités musicales, signalons que Jennifer Batten est la guitariste de Michael Ja (...)
50Le genre a également vu apparaître une poignée de guitaristes virtuoses féminines (guitar heroin). Parmi elles, The Great Kat qui se définit elle-même non sans humour, en tant que « grande prêtresse de la guitare qui déchire » ou « réincarnation de Beethoven » et qui exploite le registre néo-classique à très grande vitesse. On compte également Jennifer Batten63 qui métisse davantage son travail en évoluant du registre metal au jazz, en passant par le classique et la pop. Concernant la France, un certain nombre de guitaristes de talent ont acquis à leur tour le statut de guitar hero. Parmi les plus connus, on peut évoquer Alain Aimé, transfuge de Fisc et Patrick Rondat qui officie à la fois sous son propre nom et au sein du groupe Elegy.
51Aujourd'hui, nombre de guitaristes considérés comme des virtuoses, à l'instar de Timo Tolkki de Stratovarius, John Petrucci de Dream Theater ou encore Michael Romeo de Symphony X font partie intégrante de formations musicales. D'autres s'extraient temporairement de leur groupe afin de réaliser des albums solo. C'est le cas de Zakk Wylde, guitariste d'Ozzy Osbourne avec son projet Black Label Society (ou sous son propre nom). C'est le cas également de Fredrik Thordendal, guitariste de Meshuggah. Concernant ce dernier, il est remarquable de noter qu'il s'essaie à des expérimentations très avant-gardistes, situant sa virtuosité et son inventivité dans un registre assez inédit en ce qu'il se dégage des conventions habituelles du champ de la composition des guitar heroes, pour fréquenter les territoires encore vierges du metal extrême. Cette démarche est d'autant plus originale que la majorité des guitar heroes apparus récemment s'obstinent à camper des registres classiques à l'instar de Michael Harris, qui, à son tour, tente de prolonger le travail initié par Ritchie Blackmore en s'attaquant à Vivaldi ou Mozart.
- 64 Walser, R. 1993. op. cit., p. 107.
52Comme l'a bien montré Robert Walser, un grand nombre de guitar heroes ont étudié la musique classique pendant leur cursus de formation. Beaucoup d'entre eux combinent leurs influences académiques avec le heavy metal. A ce titre, « les musiciens heavy metal reformulent la question du Grand Partage entre la musique "sérieuse" et "populaire", entre "l'art" et le "divertissement", et attestent que l'écart n'est pas aussi important qu'on tend à nous le faire croire64 ». Toutefois, si les guitar heroes ne perçoivent pas de ligne de démarcation entre les deux genres musicaux et s'ils se considèrent comme des prolongateurs de l'oeuvre de Bach ou de Beethoven, les groupes culturels dominants semblent pour l'heure peu enclins à abonder dans ce sens. Pour anecdotique qu'il soit, il s'agit là d'un point extrêmement important sur le plan théorique car il est de nature à pouvoir modifier la perception sociale de la musique populaire.
Si des virtuoses de la batterie, de la basse, des claviers ou du chant se révèlent régulièrement depuis les débuts du hard rock et du heavy metal, aucun d'entre eux ne semble avoir réellement acquis un statut équivalent à celui d'un guitariste soliste. Le concept de drummer hero ou de bass hero reste à inventer, preuve supplémentaire s'il en est, de la domination de la guitare dans le metal. Voilà donc un autre Grand Partage déséquilibré.
Repères discographiques
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Uli Jon Roth's Electric Sun. 1981. Fire wind. Castle Communication. (all)
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Yngwie Malmsteen. 1984. Rising force. Polydor. (suè)
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Yngwie Malmsteen. 2000. Concerto suite for electric guitar and orchestra.Spitfire.(suè)
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Frank Marino. 1986. Full circle. Dream. (can)
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Joe Satriani. 1987. Surfin'with the alien. Relativity. (é-u)
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Joe Satriani. 1992. The extremist. Relativity. (é-u)
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Gary Moore. 1989. After the war. Virgin. (irl)
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Alain Aimé. 1989. Survivor. Musidisc. (fra)
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Patrick Rondat. 1989. Just for fun.Vogue.(fra)
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Steve Vai. 1990. Passion & Warfare.Epic.(é-u)
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The Great Kat. 1990. Beethoven on speed. Roadracer. (g-b)
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Jennifer Batten. 1992. Above below and beyond. Voss. (é-u)
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G 3. 1997. Live in Concert.Epic.(é-u)
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Fredrik Thordendal's Special Defects. 1997. Sol niger within. UAE. (suè)
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Michael Harris. 1999. Distorted views. Heavencross. (é-u)
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Zakk Wylde. 1999. Book of shadows. Spitfire, (é-u)
Black Metal, True Black Metal, Electro “Indus” Black Metal, Brutal Black Metal, Symphonic Black Metal, Melodic Black Metal, Folkloric Black Metal, Viking Black Metal, Pagan Black Metal, Progressive Black Metal
- 65 Baddeley, G. 1999. Lucifer rising. Sin, devil worship & rock'n'roll. London : Plexus, p. 89-99.
- 66 Enfer Magazine, no 12, 1984, p. 12.
53Le black metal tire bien entendu son origine de l'atmosphère morbide distillée par Black Sabbath et le groupe Black Widow qui, dès 1970, met un rituel de magie noire en musique et simule sur scène, la cérémonie sacrificielle d'une jeune fille nue65. Vers la fin des années 70, le groupe italien Death SS reprend à son compte ces influences, pour les retraduire sous la forme d'un heavy metal empreint d'occultisme macabre. Particulièrement théâtral, le groupe met à son tour en scène, une messe noire à grand renfort de croix, crânes, pentagrammes et autre symboles cabalistiques. Pendant que les musiciens distillent une musique lente et inquiétante, le vocaliste du groupe, Santis Ghoram, tel un prêtre nécromancien, égrène une litanie incantatoire sur un ton monocorde66. Lorsque le groupe se dissout en avril 84, son guitariste forme le Paul Chain Violet Theatre et continue d'évoluer dans le registre sépulcral. Si Death SS constitue incontestablement le trait d'union entre Black Sabbath et ce qui deviendra le black metal, son influence n'est cependant que rarement mentionnée, car probablement méconnue.
- 67 On peut également citer pour autre référence, les guerriers Massai de Tanzanie.
- 68 Autre précurseur du black metal, mais d'un point de vue visuel et philosophique uniquement. Chanteu (...)
54L'histoire du black metal en tant que genre, débute à Newcastle en Grande-Bretagne. Après un premier album intituléWelcome to hell, le groupe Venom publie l'album Black Metal en 1982. Par provocation plus que par conviction, le groupe affiche de nombreux symboles satanistes : pentagramme, crucifix inversé, nombre de la Bête, tête de bouc et représentation de Satan. En outre, chacun des trois musiciens se choisit un pseudonyme tiré de la mythologie antique (Cronos, Mantas et Abaddon), pratique qui deviendra conventionnelle dans le milieu. Leurs textes mettent en scène des psychopathes du Moyen-Age comme la Comtesse Erszebeth Bathory, dite « la Comtesse sanglante », ayant pour habitude de prendre ses bains dans du sang de jeunes vierges pensant ainsi préserver éternellement sa jeunesse. Courant 1984, c'est en Suède et en Suisse que le black metal trouve un écho particulier. Egalement imprégnés d'histoires médiévales sordides [celles de Gilles de Rais (1400-1440) ou de Vlad Tepes (1430-1476), dit « l'Empaleur » ou « Dracula », par exemple], les musiciens suisses de Hellhammer (devenus Celtic Frost après leur premier disque), autre formation particulièrement séminale, présentent la particularité de se grimer le visage en blanc et noir, un peu à la manière de Kiss67 (sans le côté glamour) ou de King Diamond68, afin d'obtenir une apparence cadavérique sur fond de cuir, de chaînes et de clous. Le one-man band suédois Bathory (Quorthon, alias Pug Rogefelt) se présente de manière plus sobre, mais sa musique très agressive et particulièrement brute par manque de moyens, exerce elle aussi, une influence considérable sur les développements du black metal. Il est en outre indéniable que le mouvement musical dit gothique, du début des années 80 dont il sera question plus loin, a également contribué à façonner le black metal dans ce qu'il a de plus théâtral.
- 69 Après une première démo culte éditée à 100 exemplaires intitulée Pure Fucking Armageddon (1986).
55Dans la seconde moitié des années 80, le black metal amorce un développement sans précédent en Norvège. En 1987 à Oslo, le groupe Mayhem édite son premier mini-album Deathcrush69. Les mystérieuses et inquiétantes photos du groupe contribuent fortement à édifier son mythe. La même année, le death metal naît officiellement en Floride. D'un côté le look américain décontracté « jogging-basket », les références morbides, les voix d'outre-tombe et les murs sonores façonnés par Scott Burns. De l'autre, les peintures corporelles, le cuir, les clous, les armes blanches, les cris stridents exprimant la souffrance, le son très « garage », sale et primitif et les références systématiques au satanisme. Au centre, une brutalité musicale jamais atteinte jusqu'alors. Le death metal cherche à repousser les limites de la sauvagerie. Tout comme le black metal qui y incorpore cependant une dimension bestiale et lugubre. Les bases des deux genres sont définitivement posées. Aucun d'entre eux n'est aisément accessible au néophyte. Toutefois, le black metal, plus encore que le death metal, semble chercher à tenir les non-initiés à l'écart. Là où le death metal affiche une imagerie très crue, le black metal se complaît dans l'obscurité. Là où les musiciens death metal se présentent sans artifices, ceux du black metal se retranchent derrière du maquillage et un pseudonyme. Là où les logos des groupes death metal sont relativement simples et lisibles, ceux des groupes black metal sont quasiment illisibles. Le black metal aime à cultiver le mystère et à préserver son caractère underground dans un périmètre réduit, réservé aux seuls initiés.
- 70 Lavey, A. S. 1969. The Satanic Bible. New York : Avon Books.
- 71 Parmi d'autres, on citera Crowley, A. 1938. The Book of the Law. Berlin : Ordo Templi Orientis. On (...)
- 72 Parmi d'autres, on citera Lovecraft, H. P. 1983. Le Necronomicon. Paris : J'ai Lu, coll. L'aventure (...)
- 73 On peut s'interroger sur l’influence qu'a également pu exercer Edvard Munch (1893-1944), peintre et (...)
- 74 Dead était réputé comme un individu instable et fragile. Sur scène il lui arrivait de se mutiler av (...)
- 75 Certains groupes comme Deicide aux Etats-Unis recevront des menaces de mort de la part de l'Inner C (...)
56La scène black metal norvégienne se prétend selon des degrés divers, inspirée par les écrits d'Anton Szandor LaVey70, le Pape Noir (Black Pope), créateur de l'Eglise de Satan (Church of Satan), les textes d'Aleister Crowley71, le mage occulte et les romans de Howard Philips Lovecraft72, le maître de l'épouvante73. Suite à une interprétation particulière de certains de ces ouvrages, l'histoire du black metal prend en Norvège une tournure particulière dès le début des années 90. En 1991, Dead, le chanteur de Mayhem, adepte de l'auto-mutilation74 se suicide. Euronymous, le guitariste du groupe qui le découvre, en profite pour ramasser quelques morceaux de son crâne pour en faire un pendentif et prend dans le même temps quelques photos qui illustreront un disque live. Ce suicide est présenté dans le milieu en tant qu'une réaction à l'évolution commerciale du death et du black metal. S'en suit alors une escalade dans l'horreur. Oysten Aarseth, dit Euronymous, sorte de gourou du black metal norvégien (il tient le magasin de disques Elelvete – qui signifie « enfer » en norvégien – à Oslo et crée le label Deathlike Silence Productions, tous deux évidemment spécialisés dans le metal extrême) met sur pied un cercle de qualité répondant au nom de « Inner Black Circle » dont le but est de codifier ce qui deviendra le « true » (« vrai ») black metal. Ce cercle se constitue alors de formations comme Mayhem, Darkthrone, Burzum, Immortal ou encore Emperor (fondateur du symphonic black metal). Ensemble, ils se positionnent comme les gardes-frontières du black metal75. Il y a désormais les vrais méchants, les anti-chrétiens, les non-commerciaux et les autres. Courant 1992, afin de démontrer sa haine de la religion chrétienne et tenter d'occuper une place aussi influente qu'Euronymous dans le milieu black metal, Varg Vikernes – alias Count Grishnackh du groupe Burzum – aidé de quelques complices, fomente le premier acte d'une vague d'incendies criminels visant les églises datant pour la plupart du 11ème siècle. Cette pratique connaît un véritable engouement en Norvège et voit disparaître en fumée vingt-six églises. Cet élan criminel s'achève dans le sang. Faust, alors batteur d'Emperor recueille un immense prestige auprès de Count Grishnackh après avoir assassiné un homosexuel. Il n'en faut pas plus à ce dernier pour faire à son tour l'expérience du meurtre. Il massacre Euronymous de vingt-cinq coups de couteau. Les théories de l'Inner Black Circle touchent alors à leur fin. Ses principaux théoriciens sont soit décédés, soit emprisonnés.
- 76 L'ensemble de ces faits sont relatés dans Moynihan, M., Søderund, D. 1998. Lords of chaos. The bloo (...)
- 77 Interprété dans le sens d'une lecture national-socialiste et non pas dans le sens nietzschéen stric (...)
- 78 Dans ce registre, on peut par exemple citer les groupes toulonnais Kristallnacht, Seigneur Voland e (...)
- 79 Certains acteurs du black metal justifient l'ultra violence de leur démarche en la présentant comme (...)
- 80 Metallian, no 26, 2002, p. 68.
57En prison, Varg Vikernes se détache progressivement des concepts satanistes pour s'intéresser à Odin, le dieu nordique anti-chrétien, avant d'épouser les doctrines nazies76 Cheminement idéologique qu'ont suivi une partie des amateurs de black metal. En fait d'idéologie, il faut surtout parler d'un panachage idéologique, souvent confus, où sont valorisés une somme d'éléments négatifs : racisme, homophobie, sexisme, culte du surhomme77, fascination pour la guerre, haine des faibles, glorification de la souffrance, dégoût du genre humain, rejet des valeurs humanistes, etc. En cela, le black metal est probablement le plus tendancieux de tous les genres musicaux. Sans qu'on puisse en faire une généralité, black metal et extrême droite peuvent éventuellement faire bon ménage78. Ce genre musical est également le terrain d'expression privilégié de certaines personnalités présentant des profils psychologiques fragiles, voire pathologiques. C'est le cas de Nattramn, chanteur de Silencer, qui remercie les urgences psychiatriques suédoises et un certain nombre de laboratoires pharmaceutiques sur son disque. Ces propos doivent cependant être nuancés. Si l'histoire sulfureuse du black metal lui vaut surtout d'être reconnu, à juste titre, pour son caractère misanthropique, sa pratique peut également être interprétée comme l'expression d'une certaine forme de désespoir moral79. Sa théâtralité très marquée lui vaut non seulement d'être attaquée de l'extérieur, mais également de l'intérieur. Ainsi, le leader du groupe français Blut Aus Nord, unanimement reconnu comme un groupe de true black metal dans le milieu, apprécie l'évolution du genre de la manière suivante : « C'est une évolution lamentable et pathétique, le style est devenu une véritable bouffonnerie à laquelle chacun apporte sa contribution en essayant d'être plus "evil" que le voisin. C'est la quête d'un extrémisme formaté dans lequel s'engouffrent les poseurs maquillés comme des drag-queens attirés par le porte-monnaie d'adolescents naïfs. Il serait temps de redonner au black metal une chance d'être ce qu'il n'est plus, à savoir un art dérangeant, corrosif et subversif, qui évolue en opposition à toute forme de créations, de systèmes ou de pensées assimilées. Aujourd'hui, il est parfaitement encadré, étouffé par ses codes vestimentaires ou philosophiques et ses artifices inutiles80. » Il n'en est donc pas moins un genre musical dans lequel peuvent s'épanouir des individus non atrabilaires et portant un regard critique sur certaines valeurs diffusées par ce courant.
- 81 Le label compte aujourd'hui une agence aux Etats-Unis.
58A l'instar du death metal, le black metal évolue lui aussi, dès 1992, vers davantage de radicalité. A travers le true black metal tout d'abord, avec ses groupes norvégiens fondateurs tels Darkthrone et Immortal, puis Gorgoroth ou les suédois Shining et Silencer. A travers le brutal black metal ensuite, représenté par les suédois de Marduk et Dark Funeral ou encore les finlandais d'Impaled Nazarene. En France, les groupes de black metal ne se développent réellement qu'aux alentours de 1995 avec des groupes comme Blut aus Nord ou Seth, puis plus récemment avec Nehëmah ou Arkhon Infaustus. Par contre, dès 1991 se crée dans le Pas-de-Calais, le label Osmose Productions qui devient l'un des plus importants du genre au monde81. Il parvient par exemple à écouler plus de 40 000 copies du Blizzard beast d'Immortal en 1997, ce qui représente un chiffre considérable pour un genre alors aussi peu médiatisé.
- 82 Par exemple, l'album Puritanical euphoric misanthropia de Dimmu Borgir a atteint la 8ème place des (...)
- 83 Les laudateurs du true black metal ne cherchent à évoluer que dans le cercle très restreint du grou (...)
59La même année, mais dans une déclinaison du genre appelée symphonic black metal, les norvégiens Dimmu Borgir vendent 80 000 exemplaires de Enthrone Darkness Triumphant tandis que les anglais de Cradle of Filth établissent définitivement le genre en écoulant 100 000 copies de Dusk and her embrace. Ces deux groupes se caractérisent par l'utilisation de chants féminins lyriques et gothiques et de claviers. Pour son album Puritanical euphoric misanthropia, Dimmu Borgir a même eu recours à un orchestre symphonique. Le black metal prend son envol commercial82 par l'entremise de cette dimension symphonique initiée d'une certaine façon par les norvégiens d'Emperor (sur un mode moins emphatique néanmoins) et les tchèques Master's Hammer (les premiers à proposer une opérette black metal), prolongée par Limbonic Art ou plus récemment, par les français Anorexia Nervosa et les suédois Naglfar qui intégrent par ailleurs une touche death metal à leur musique. En terme de popularité, le black metal ne s'est jamais aussi bien porté qu'en ce début de troisième millénaire. Il est à ce titre particulièrement éloquent de voir Immortal, Cradle Of Filth et Dimmu Borgir occuper les couvertures des magazines spécialisés. Par ailleurs, Satyricon et Cradle Of Filth sont désormais sous contrat avec des majors. Ces données factuelles ne vont pas sans poser un certain nombre de questions éthiques et esthétiques aux défenseurs du « vrai » black metal, underground et élitiste83.
60Les suisses Samael introduiront une dimension industrielle dans leur black metal et chercheront progressivement à y mêler des sonorités électroniques. Ils constituent à ce titre les précurseurs du courant electro « indus » black metal. Les norvégiens Dodheimsgard, Thorns et Covenant (devenus The Kovenant), les finlandais...And Oceans, et les français Count Nosferatu Kommando (CNK) comptent aujourd'hui parmi les principaux représentants du genre qu'ils rendent quelquefois extrêmement belliqueux et agressif.
A la faveur de l'utilisation de machines et de sons électroniques, il est assez surprenant d'observer qu'une branche du black metal s'est orientée en direction d'un versant appelé melodic black metal qui, avec les norvégiens Ulver et Arcturus, repose sur des ambiances plus feutrées, voire éthérées quelquefois totalement dépourvues de guitares électriques et de batteries, mais toujours engagées au final vers une musique d'avant-garde.
61Dans un autre registre, le black metal s'est également emparé d'un pan de la musique folklorique pour la retraduire sous la forme de trois courants relativement proches, se distinguant essentiellement par les instruments utilisés et les thématiques mobilisées. Le premier, appelé folkloric black metal, est entièrement empreint de thèmes naturalistes et se pratique avec des instruments traditionnels acoustiques (vielle, tambourin, flûte, bombarde, guimbarde, etc.). Ses représentants sont Stille Volk en France, Pazuzu en Autriche ou Ulver en Norvège, notamment avec l'album intitulé Kveldsfanger. Le second courant est appelé pagan black metal, tandis que le troisième est celui du viking black metal. Les deux derniers ont recours à l'instrumentarium classique du metal qu'ils combinent ou non avec des instruments propres à la musique folklorique. Le viking metal s'est surtout développé en Scandinavie suite aux albums de Bathory Blood Fire Death et d'lmmortal Diabolical fullmoon mysticism, puis avec les formations Enslaved et Vintersorg, mais également avec le groupe autrichien Raventhrone. Le genre s'appuie sur la mythologie viking (IXème et Xème siècles) et les croyances qui y sont associées. Le pagan black metal cherche davantage à valoriser l'héritage des traditions païennes provenant de la culture celtique ou médiévale. Parmi ses pratiquants, on peut citer les australiens Samain, les français Aes Dana ou encore les surprenants andalous User Ne qui mêlent black metal et flamenco.
62La créativité des musiciens de black metal est telle que certains éprouvent le besoin de s'affranchir des conventions en usage de manière à pouvoir explorer de nouveaux territoires à la façon des groupes de musique progressive. Cette démarche récente, que l'on peut catégoriser sous l'appelation progressive black metal, conduit certains groupes tels Enslaved à accomoder son viking black metal avec un rock à tendance progressive et psychédélique d'obédience seventies. D'autres, tels les norvégiens Arcturus, Morgul et Borknagar ou les espagnols Asgaroth, tentent de créer des combinaisons audacieuses à base d'instrumentations complexes. Elles aboutissent souvent à des sonorités et des constructions musicales inédites, exigeant de l'auditeur qu'il fournisse un réel effort de d'acclimatation.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Black Widow. 1970. Sacrifice. CBS. (g-b)
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Mercyful Fate. 1982. Mercyful Fate. Rave On. (dan)
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Mercyful Fate. 1984. Don't break the oath. Roadrunner. (dan)
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Death SS. 1983. Evil metal. Electric Eye. (ita)
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Paul Chain Violet Theatre. 1985. Detaching from Satan. Minotauro. (ita)
Black Metal
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Venom.1981. Welcome to hell. Neat, (g-b)
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Venom. 1982. Black Metal. Neat. (g-b)
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Hellhammer. 1984. Apocalyptic raids. Noise, (sui)
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Celtic FROST. 1984. Morbid tales. Noise. (sui)
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Bathory. 1984. Bathory. Black Mark. (suè)
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Blut Aus Nord. 1995. Ultima Thulée. Impure Creations. (fra)
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Seth. 1998. Les blessures de l'âme. Osmose. (fra)
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Satyricon. 1999. Rebel extravaganza. Nuclear Blast. (nor)
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Satyricon. 2002. Volcano. Capitol. (nor)
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Nehëmah. 2001. Light of a dead star. Oaken Shield. (fra)
True Black Metal
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Mayhem.1987. Deathcrush. Posercorpse. (nor)
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Darkthrone. 1991. A blaze in the northern sky. Peaceville. (nor)
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Darkthrone. 1995. Panzerfaust. Moonfog. (nor)
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Immortal. 1993. Pure holocaust. Osmose, (nor)
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Immortal. 1995. Battles in the north. Osmose. (nor)
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Burzum. 1992. Burzum. Deathlike Silence. (nor)
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Burzum. 1992. Aske. Misanthropy, (nor)
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Gorgoroth. 1998. Destroyer. Nuclear Blast. (nor)
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Silencer. 2001. Death-pierce me. Prophecy. (suè)
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Shining. 2000. Within deep dark chambers. Selbstmord. (nor)
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Shining. 2002. Ill/Angst. Avantgarde. (nor)
Electro "Indus" Black Metal
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Samael.1991. Worship him. Osmose. (sui)
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Samael. 1996. Passage. Century Media. (sui)
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Dodheimsgard. 1999. 666 International. Moonfog. (nor)
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THORNS. 2001. Thoms. Moonfog. (nor)
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Count Nosferatu Kommando. 2002. Ultra violence über alles. Kodiak. (fra)
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...And Oceans.2002. Cypher. Century Media. (fin)
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Covenant. 1999. Animatronic. Nuclear Blast. (nor)
Brutal Black Metal
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Marduk.1992. Dark endless. No Fashion. (suè)
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Impaled Nazarene. 1992. Tol Cormpt Norz Norz Norz. Osmose. (fin)
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Dark Funeral. 1994. Dark Funeral. No Fashion. (suè)
Symphonic Black Metal
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Emperor.1994. In the nightside eclipse. Candlelight, (nor)
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Emperor. 1997. Anthems to the welkin at dusk. Candlelight. (nor)
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Master's Hammer. 1992. The Jilemnice Occultist. Osmose. (rép tch)
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Cradle of Filth. 1994. The principle of evil made flesh. Cacophonous. (g-b)
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Cradle of Filth. 1998. Cruelty and the beast. Music For Nations. (g-b)
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Dimmu Borgir. 1995. For all tid. No Colors, (nor)
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Dimmu Borgir. 1999. Spiritual black dimensions. Nuclear Blast. (nor)
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Dimmu Borgir. 2001. Puritanical euphoric misanthropie. Nuclear Blast, (nor)
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Limbonic ART. 1996. Moon in the Scorpio. Nocturnal Art. (nor)
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Anorexia Nervosa. 2000. Drudenhaus. Osmose. (fra)
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Naglfar. 2003. Sheol. Century Media. (suè)
Melodic Black Metal
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Ulver.1994. Bergtatt. Head not Found. (nor)
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Arcturus. 1996. Aspera hiems symfonia. Misanthropy. (nor)
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Arcturus. 2002. The sham mirrors. Ad Astra. (nor)
Folkloric Black Metal
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Ulver.1996. Kveldsfanger. Head Not Found. (nor)
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Stille Volk. 1997. Flantaoma. Holy, (fra)
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Pazuzu. 1999. And all was silent. Voices of Wonder. (aut)
Viking Black Metal
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Bathory.1989. Blood Fire Death. Black Mark (suè)
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Immortal. 1992. Diabolical fullmoon mysticism. Osmose. (nor)
-
Enslaved. 1997. Eld. Osmose. (nor)
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Raventhrone. 1998. Malice in wonderland. Avantgarde. (aut)
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Vintersorg. 2000. Cosmic genesis. Napalm. (sue)
Pagan Black Metal
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Samain.1996. Indomitus. Bloodless Creation. (aus)
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Aes Dana. 2001. La chasse sauvage. Sacral. (fra)
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User Ne. 2003. Tarantes. Xtreemmusic. (esp)
Progressive Black Metal
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Arcturus.1997. La masquerade infernale. Misanthropy. (nor)
-
Morgul. 2000. Sketch of supposed murderer. Century Media. (nor)
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Enslaved. 2001. Monumension. Osmose. (nor)
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Borknagar. 2001. Empiricism. Century Media. (nor)
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Asgaroth. 2002. Red shift. Peaceville. (esp)
Speed Metal
- 84 Le « Black Album » sorti en 1991 se classe directement au no 1 des classements américains et se ven (...)
- 85 Mesmin, D. 2000. Metallica. In Assayas, M. op. cit., p. 1150.
63En Californie, au début des années 80, le croisement de Motôrhead, du premier album de Venom, des groupes de la NWOBHM et de l'énergie punk/hardcore donne naissance à un genre appelé speed metal (« metal rapide »). Metallica en est l'initiateur grâce à son étourdissant premier album intitulé Kill'em all (1983). Par sa radicalité extrême, ce disque constitue une véritable innovation. Jamais personne n'avait joué aussi vite. Au point que des rumeurs font état d'une instrumentation accélérée en studio d'enregistrement. Mais il n'en est rien. La vitesse d'exécution de l'ensemble est certes prodigieuse, mais entièrement humaine. En un rien de temps, confirmé par sa réputation scénique, Metallica s'affirme comme un nouveau prophète. Sa carrière est fulgurante, et occupe, – jusque dans la première moitié des années 90, dans une version musicale néanmoins plus euphémisée – le statut de groupe metal le plus important de son temps84. Il est également remarquable de noter que dès son premier album, « Metallica aborde des sujets sérieux, répétant la fuite dans l'exaltation morbide ou la rêverie héroïque, qui trouvent un écho chez les adolescents : le désespoir, la peur du lendemain, la mort [...] Dans l'album Master of puppets (1986), les paroles évoquent la justice, la drogue, la violence politique et la maladie mentale85 ». Les premiers albums de Metallica font quantité d'émules et exercent une influence prépondérante sur les développements ultérieurs du metal. Dans son sillage immédiat, l'onde de choc s'est surtout répandue dans la région de San Francisco, au point que l'on parle alors d'un style propre à la Bay Area sous l'effet de groupes tels que Exodus, Thrust, Megadeth et Metal Church. Si la Californie est incontestablement le bastion du speed metal, la côte est des Etats-Unis produit avec Anthrax (New York) le challenger le plus sérieux à Metallica au début de sa carrière, tandis qu'au Canada, c'est Exciter qui tente de s'imposer.
64Le genre a été prolongé dans la seconde moitié des années 80 par des formations du type Testament, Death Angel, ou encore Forbidden. Par ailleurs, tout comme Metallica, Anthrax continue sa carrière, tandis qu'Exodus s'est reformé en 2002. Côté français, courant 1985, ADX se fait le représentant d'un speed metal à tendance mélodique tandis que le groupe Morsüre tente de poser, sans succès, les jalons de l'overspeed, consistant à jouer encore plus vite à l'aide d'une boîte à rythmes poussée dans ses retranchements. Plus sérieusement, en réponse à Metallica, d'autres groupes sont parvenus à radicaliser le speed metal, mais plutôt sous la forme d'une agressivité musicale et visuelle renforcée, appelée thrash metal.
Repères discographiques
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Metallica. 1983. Kill'em all. Megaforce. (é-u)
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Metallica. 1984. Ride the lightning. Megaforce. (é-u)
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Metallica. 1986. Master of puppets. Elektra. (é-u)
-
Metallica. 1988.... And justice for all. Elektra. (é-u)
-
Anthrax. 1983. Fistful of metal. Megaforce. (é-u)
-
Anthrax. 1985. Spreading the disease. Island. (é-u)
-
Anthrax. 1987. Among the living. Island. (é-u)
-
Exciter. 1983. Heavy metal maniac. Shrapnel. (can)
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Thrust. 1984. Fist held high. Roadrunner. (é-u)
-
Megadeth. 1985. Killing is my business...and business is good. Combat. (é-u)
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Exodus. 1985. Bonded by blood. Combat. (é-u)
-
Metal Church. 1985. Metal Church. Ground Zero. (é-u)
-
ADX. 1985. Exécution. Devil's. (fra)
-
Morsüre. 1985. Acceleration process. Devil's. (fra)
-
Testament. 1987. The legacy. Megaforce. (é-u)
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Death Angel. 1987. The ultra-violence. Enigma. (é-u)
-
Forbidden. 1988. Forbidden evil. Combat. (é-u)
Thrash Metal, Techno-Thrash
- 86 Slayer serait l'acronyme de Satans Laughs As You Eternally Rot (« Satan se marre pendant que tu pou (...)
- 87 Bien que les albums fondateurs du speed et du thrash metal soient tous deux publiés en 1983, Metall (...)
- 88 Le groupe se défend avec virulence de l'étiquette nazie qui lui est parfois accolée, en revendiquan (...)
65Le groupe de référence du thrash metal (« to thrash : battre, rosser ») est Slayer86dont le premier album Show no mercy (1983), est la pièce fondatrice. S'inscrivant dans la voie ouverte par Metallica87 en y adjoignant toutefois des influences hardcore marquées, la musique de Slayer présente un degré de violence malsaine inégalé jusqu'alors. Les textes quelquefois ambigus (références au IIIème Reich88), fortement imprégnés de satanisme (au même titre que leurs pochettes de disques) et toujours provocateurs, sont littéralement hurlés-aboyés par un chanteur s'exprimant dans un registre d'une agressivité totalement inédite. Le speed metal est rapide et violent ? Le thrash metal sera ultra-rapide et ultra-violent. La surenchère se répercute également dans l'apparat. Kerry King, un des guitaristes du groupe, est le premier à arborer des bracelets de force équipés de clous de quinze centimètres. Le groupe atteint son apogée en 1986 avec l'album Reign in blood. Inflexible et frénétique, en l'espace de vingt-six minutes, le groupe livre ce que l'on considère encore aujourd'hui comme le chef d'oeuvre indépassable du thrash metal, voire du metal extrême dans son ensemble.
66Trop extrêmes pour jouir d'une popularité aussi importante que Metallica, le groupe n'en bénéficie pas moins d'un culte que lui vouent un certain nombre d'autres formations qui lui ont emboîté le pas, tels leurs compatriotes Possessed, Dark Angel ou Overkill. L'Allemagne et la France sont très perméables à ce style de musique. Les allemands ont vu naître des groupes comme Destruction, Sodom et Kreator qui deviendront des références incontournables dans le genre, tandis que dans l'Hexagone, Loudblast et Massacra occupent les premières places et parviennent à rayonner sur l'Europe. Toutefois, c'est le groupe brésilien Sepultura qui devient le concurrent direct de Slayer en terme de notoriété. Ce dernier occupe même une position de leader du genre au début des années 90, avant d'évoluer progressivement vers le death et le power metal. Après une période d'essoufflement, le thrash metal fait aujourd'hui un retour en force avec des groupes comme les suédois The Haunted et les allemands Dew Scented.
67La période de creux qu'a connu le thrash metal a permis au genre de se renouveler sous la forme du techno-thrash, sorte de déclinaison avant-gardiste du thrash metal n'ayant aucun lien avec la musique techno. Courant très audacieux, il tente de mettre son agressivité naturelle au service de la technique instrumentale. Parfois proche du jazz, de la musique contemporaine, du rock progressif et lorgnant sur le death metal, cette extension musicale souvent alambiquée est relativement peu fréquentée dans la mesure où elle requiert un niveau technique très élevé. Au début des années 90, ses principaux géniteurs étaient localisés en Suisse avec Coroner, aux Pays-Bas avec Pestilence ou en Floride avec Cynic et Atheist. On accole souvent à ces groupes l'adjectif « cérébral » du fait de leur capacité à se dégager des conventions du thrash metal, pour explorer des espaces moins exclusivement portés sur des décharges d'agressivité pures. Cette ouverture d'esprit permet d'intégrer à leur musique des éléments provenant d'autres sphères musicales. Aujourd'hui, dans un périmètre commercial toujours aussi réduit, ce sont les groupes français Gojira et Carcariass qui tentent de repousser les limites du genre en s'inscrivant notamment dans une veine mélodique pour ces derniers.
Repères discographiques
Thrash metal
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Slayer. 1983. Show no mercy. Metal Blade. (é-u)
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Slayer. 1985. Hell awaits. Metal Blade. (é-u)
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Slayer. 1986. Reign in blood. Def Jam. (é-u)
-
Slayer. 2001. God hates us all. American. (é-u)
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Destruction. 1984. Sentence of death. Steamhammer. (all)
-
Sodom. 1984. In the sign of evil. Steamhammer. (all)
-
Possessed. 1985. Seven churches. Combat. (é-u)
-
Dark Angel. 1985. We have arrived. Axe Killer. (é-u)
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Overkill. 1985. Feel the fire. Megaforce. (é-u)
-
Kreator. 1985. Endless pain. Noise. (all)
-
Sepultura. 1989. Beneath the remains. Roadrunner. (bré)
-
Sepultura. 1991.Arise. Roadrunner. (bré)
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Loudblast. 1989. Sensorial treatment. Semetery. (fra)
-
Loudblast. 1993. Sublime dementia. Semetery. (fra)
-
Massacra. 1989. Final holocaust. Shark. (fra)
-
Massacra. 1994. Sick. Phonogram. (fra)
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The Haunted. 1998. The Haunted. Earache. (suè)
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Dew Scented. 2002. Inwards. Nuclear Blast. (all)
Techno-Thrash
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Coroner.1993. Grin. Noise. (sui)
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Cynic. 1993. Focus. Roadrunner. (é-u)
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Atheist. 1993. Elements. Music for Nations. (é-u)
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Pestilence. 1993. Spheres. Roadrunner. (p-b)
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Carcariass. 2001. Killing process. Adipocere. (fra)
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Gojira. 2003. The link. Boycott. (fra)
Doom, Industrial Doom, Doom Rock, Doom Death, Doom Metal, Crippling Doom (Drone riffs)
68Le caractère séminal de Black Sabbath a posé les bases des multiples ramifications du heavy metal. dont le doom est probablement le plus proche descendant. Dès l'ouverture de son premier album (1970), l'ensemble des ingrédients sont réunis : pluie d'orage, cloche tintant au loin, ambiance lugubre et malsaine augurant d'un destin funeste. Les riffs de guitare alanguis de Tony lommi sont d'une lourdeur et d'une lenteur ahurissantes pour l'époque. Ozzy Osbourne déclame ses incantations désespérées avec un sens de la tragédie inouï. La batterie de Bill Ward et la basse de Geezer Butler martèlent une rythmique martiale et hypnotique inédite.
- 89 Les choses semblent s'être inversées pour Candlemass depuis lors. En effet, la reformation du group (...)
69En somme, le titre « Black Sabbath » a fourni le schéma rythmique de ce qui allait être un genre musical à part entière. Pour beaucoup, ce titre constitue l'illustration parfaite de ce que pourrait être une veille d'Apocalypse annoncée. Derniers préparatifs avant les funérailles de l'humanité. L'extrême onction en musique. Ce n'est pourtant qu'au début des années 80 que les premiers groupes investissent ce créneau en publiant des disques. Les britanniques de Witchfynder General entrouvrent timidement la brèche dans laquelle s'engouffrent plus énergiquement les américains Saint Vitus, Trouble, Pentagram et The Obsessed ou encore les très lyriques suédois Candlemass, sans obtenir néanmoins beaucoup mieux qu'un succès d'estime89. Nous sommes alors dans les années 80 et d'autres formes de metal tiennent le haut du pavé.
70Le doom trouve alors à s'exprimer ailleurs que dans le périmètre strictement metal. Dès la première moitié des années 80, il emprunte un versant auxrelents industriels dans lequel s'épanouiront des groupes comme les américains Swans et Sweet Pea. Leurs travaux sont prolongés une décennie plus tard par le projet Naked City intitulé Leng Tch'e, monument de noirceur glaciale et monolithique parfaitement déshumanisée, dont l'influence n'est pourtant guère citée par les amateurs du genre. Le versant rock s'ouvre au doom avec le groupe américain Melvins dans la seconde moitié des années 80, suivi dès la décennie suivante par ses compatriotes Sleep (premier album), Nightstick, The Men Of Porn, les allemands Nonoyesno et plus récemment par les belges Blutch.
71C'est au début des années 90 que se forge la deuxième vague du doom auquel on adjoint désormais l'adverbe metal. Ce renouvellement marque une double radicalisation : musicale et technique. Du point de vue musical, les rythmes sont d'une lenteur et d'une pesanteur inégalée jusqu'alors. D'un point de vue technique, les progrès réalisés en matière d'enregistrement sont proprement effarants. Les instruments bénéficient d'un traitement incomparable qui leur confère une épaisseur totalement nouvelle renforçant d'autant l'impression d'écrasement procurée par un disque de doom. Dès 1991, ce sont les britanniques Cathedral, qui, avec leur album Forest of equilibrium, établissent les termes d'un renouveau doom, perpétué par leurs compatriotes Electric Wizard, le groupe norvégien Godsend, les italiens Ufomammut, les canadiens Sons Of Otis, les suédois Krux et les formations américaines Winter, Crowbar, Goatsnake, Warhorse et Sleep, dont le dernier album Jerusalem est une oeuvre sans équivalent : un disque de 52 minutes et 08 secondes comprenant un seul morceau décomposé en six mouvements et constituant la mise en acte la plus totalisante du doom metal.
- 90 Terry Riley « est le maître de la musique hypnotique, "répétitive", fondateur (avec La Monte Young) (...)
72Si cette renaissance se développe conjointement à l'émergence du stoner rock, le doom metal a donné naissance à une forme de doom plus radicale encore, récemment appelée crippling doom (« doom paralysant »). Celle-ci s'appuie sur une instrumentation minimaliste valorisant les fréquences les plus basses possibles visant à produire une sorte de massage à distance. Les morceaux, souvent très longs (15 minutes minimum), laissent peu de place au chant et à la batterie (mixés très en retrait). Les riffs de guitares monolithiques (appelés drone riffs – « riffs bourdonnants »), hypnotiques et d'une lenteur peu commune s'articulent sur deux ou trois notes répétées à l'envi. Ces dernières s'apparentent à un ronronnement intense traversé par quelques modulations. D'une certaine manière, ce genre musical constitue le pendant négatif de la musique répétitive initiée par Terry Riley90. Là où ce dernier cherche à élever l'âme, le crippling doom creuse les tréfonds les plus obscurs de l'esprit. Seul un nombre très réduit de formations évolue dans ce genre à l'heure actuelle : les américains Earth, précurseurs incontestés du genre, Sunn O))), les japonais Boris, le conglomérat américano britannique Teeth Of Lions Rule The Divine et Ox, projet solo de Ken Baluke, guitariste-chanteur de Sons Of Otis.
- 91 Pour un complément d'informations concernant ces genres musicaux, on peut se reporter aux dossiers (...)
73Parallèlement à toutes les formes de doom présentées plus haut, il s'est également développé un doom d'obédience death metal au début des années 90. Représenté par des groupes comme Paradise Lost qui l'a initié, My Dying Bride, Anathema en Grande-Bretagne, Morgion aux Etats-Unis, Northwinds et Misanthrope en France, Mourning Beloveth en Irlande, ces groupes présentent la particularité de développer des ambiances ultra mélancoliques. Empruntant au death metal quelques uns de ses aspects les plus agressifs (voix gutturales, mur de guitares), le doom death exige de les nuancer en ralentissant le tempo d'une part et en y intégrant des éléments propres à la musique atmosphérique de l'autre, notamment en utilisant du piano et du violon. Le caractère particulièrement dépressif de ce genre musical et des thèmes intimistes qu'il aborde exacerbe tout particulièrement des émotions négatives comme le mal-être voire la haine de soi. En conséquence de quoi, on peut également le situer dans un registre idéologique proche du gothic metal91.
Repères discographiques
Doom
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Wytchfinder General. 1983. Friends of hell. Heavy Metal. (g-b)
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Saint Vitus. 1984. Saint Vitus. SST. (é-u)
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Trouble. 1984. Psalm 9. Metal Blade. (é-u)
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Candlemass. 1986. Epicus doomicus metallicus. Black Dragon. (suè)
-
Candlemass. 2002. Doomed for live-Reunion 2002. Powerline. (suè)
-
Pentagram. 1987. Days of reckoning. Napalm. (é-u)
-
The Obsessed. 1989. The obsessed. Hellhound. (é-u)
-
Reverend Bizarre. 2003. In the rectory of the bizarre reverend. Low Frequency. (fin)
Industrial Doom
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Swans. 1984. Cop/Young God. K.422. (é-u)
-
Sweet Pea. 1985. Chick hate Wes. Trance Syndicate. (é-u)
-
Naked City. 1996. Leng Tch'e/(Torture Garden). Tzadik. (é-u)
Doom Rock
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Melvins. 1986. Gluey porch treatments. Alchemy, (é-u)
-
Melvins. 1992. Lysol. Boner/Tupelo. (é-u)
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Nonoyesno. 1991. Japanese mondo bread. Big Store. (all)
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Sleep. 1991. Volume one. Very Small Recording Company/Tupelo. (é-u)
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NIGHTSTICK. 1996. Blotter. Relapse. (é-u)
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The Men OF Porn. 1999. American style. Man's Ruin. (é-u)
-
Blutch. 2003. Fra diavolo. Delboy. (bel)
Doom Death
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Paradise Lost. 1990. Lost paradise. Peaceville. (g-b)
-
Paradise Lost. 1991. Gothic. Peaceville. (g-b)
-
My Dying Bride. 1992. As the flowers withers. Peaceville. (g-b)
-
My Dying Bride. 1992. Turn loose the swans. Peaceville. (g-b)
-
Anathema. 1992. The crestfallen. Peaceville. (g-b)
-
Anathema. 1994. Pentecost III. Peaceville. (g-b)
-
Misanthrope. 1993. Variation on Inductive theories. Holy. (fra)
-
Northwinds. 1998. Great God pan. Black Widow. (fra)
-
Morgion. 1999. Solinari. Relapse. (é-u)
-
Mourning Beloveth. 2003. The sullen sulcus. Aftermath. (irl)
Doom Metal
-
Cathedral.1991. Forest of equilibrium. Earache. (g-b)
-
Winter. 1992. Into darkness. Nuclear Blast. (é-u)
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Godsend. 1993. As the shadows fall. Holy. (nor)
-
Crowbar. 1993. Crowbar. Pavement. (é-u)
-
Electric Wizard. 1996. Come my fanatics... Rise Above. (g-b)
-
Sleep. 1998. Jerusalem. Rise Above. (é-u)
-
Goatsnake. 1999. I. Man's Ruin. (é-u)
-
Warhorse. 2000. As heaven turns to ash... Southern Lord. (é-u)
-
Ufomammut. 2000. Godlike snake. Beard Of Stars. (ita)
-
Sons Of Otis. 2001. Songs for worship. Music Cartel.(can)
-
Krux. 2003. Krux. Mascot. (suè)
Crippling Doom (Drone riffs)
-
Earth.1993. Earth 2. Sub Pop. (é-u)
-
Sunn O))). 2000. 00 Void. Rise Above, (é-u)
-
Boris. 2000. Absolutego. Southern Lord. (jap)
-
Teeth Of Lions Rule The Divine. 2002. Rampton. Rise Above. (g-b)
-
Ox. 2003. Movements. Kult of Nihilow. (can)
Power Metal Européen, True Metal, Melodic Heavy Speed, Symphonic Metal, Folk Metal
74Ce que l'on appelle power metal européen n'est pas à proprement parler un genre musical en soi. Depuis le début des années 90, l'expression désigne plutôt une famille musicale regroupant plusieurs genres musicaux dont certains sont nés dans la seconde moitié des années 80. Ces genres mobilisent des thématiques communes, mais ont des influences musicales et des modes de pratiques sensiblement différents. Les glissements terminologiques et les redéfinitions catégorielles dont les courants de la famille power metal ont fait l'objet, rendent son identification relativement ardue.
- 92 N'oublions pas que Manowar a déclaré la guerre au faux metal (« death to false metal ») dans les an (...)
75Curieusement, le power metal européen se définit en partie, en référence à plusieurs groupes de heavy metal américains de la première moitié des années 80. Manowar, les « Gods of Metal » comme ils se qualifient euxmêmes, Dio, Savatage, Virgin Steele, et de manière plus underground, Warlord ou Manilla Road (que l'on classe quelquefois dans la catégorie epic metal), sont considérés comme les précurseurs du genre. Les allemands Grave Digger et Running Wild sont quant à eux, les premiers représentants du genre en Europe. L'ensemble de ces groupes est parvenu à imposer un « univers » épique à connotation symphonique, en dépit desaspects caricaturaux qui s'y rattachent, sans se soucier de leur baisse de popularité entre la fin des années 80 et les premières années de la décennie suivante. Sans qu'ils soient forcément très réguliers, Manowar, Dio et Virgin Steele continuent de publier des disques et de se produire sur scène depuis près de vingt ans. Si leur musique tient toujours d'un heavy metal de facture classique, ces groupes ont cependant subi un changement de catégorie dans la seconde moitié des années 90, passant ainsi du statut de groupes heavy metal à celui de pratiquants du true metal (« vrai metal »92, que l'on appelle plutôt metal traditionnel en France). Transition qui s'est effectuée à la faveur d'un très fort regain d'intérêt pour le genre, conduit notamment par le groupe suédois Hammerfall, suivi des formations françaises Nightmare, Malédiction ou Seyminhol.
- 93 Par exemple, Kevin Kazek, chanteur du groupe Seyminhol et étudiant en histoire relate dans l'album (...)
76Le trait commun de la majorité des formations appartenant à la famille du power metal européen tient à ce qu'elles cherchent à dresser le portrait d'un monde enchanté et positif sous la forme de sagas. Le genre se situe au confluent d'épopées mythologiques, d'occultisme médiéval, de folklore celtique et quelquefois d'histoire93. Les guerres y sont évoquées exclusivement sous un aspect victorieux. Il se nourrit d'heroic fantasy et de cinéma en s'inspirant notamment de la littérature fantastique de J.R.R. Tolkien (auteur du livre Le seigneur des anneaux) et de films comme Excalibur ou Conan le Barbare. Ces influences rejaillissent jusque dans le style vestimentaire de nombres de pratiquants et d'amateurs du genre. Il se compose souvent d'un pantalon de cuir noir, d'une chemise de corsaire à lacets ou d'une chemise à jabot.
77Le premier constituant du power metal européen est en fait le melodic heavy speed. Né au milieu des années 80, ce genre musical, essentiellement pratiqué en Europe (Allemagne notamment) et très populaire au Japon et en France, s'inspire de la NWOBHM du début des années 80 (Iron Maiden notamment) en lui adjoignant une touche speed metal. Il se caractérise par la présence de deux guitaristes solistes, d'un batteur muni d'une double grosse caisse et d’un chanteur officiant dans un registre assez aigu. Cette configuration permet de donner à l'ensemble une dynamique rythmique échevelée sur laquelle s'affrontent des soli de guitares. La mélodie est particulièrement privilégiée, notamment du point de vue des harmonies vocales qui sont quelquefois assez emphatiques et lyriques. Il en résulte des morceaux puissants, à l'agressivité épurée, dont les lignes mélodiques sont aisément mémorisables et quelquefois empruntés à l'écriture de la musique classique. Le fondateur du genre est le groupe allemand Helloween auquel ses compatriotes Gamma Ray et Blind Guardian ont rapidement emboîté le pas, avant d'être rejoints par Edguy, dont le chanteur Tobias Sammet mène également en parallèle le projet Avantasia. Cette lignée est prolongée en Finlande par Stratovarius, en France par Heavenly, aux Etats-Unis par Iced Earth et au Brésil par Angra qui de plus, intègre de fortes influences progressives.
- 94 Pour qualifier leur musique, il arrive que la critique utilise quelquefois le terme blockbuster met (...)
78Le croisement entre melodic heavy speed et true metal a donné naissance au symphonic metal avec des groupes comme les allemands Rage, les américains Kamelot, les finlandais de Sonata Arctica et les italiens Rhapsody (leur guitariste a publié plusieurs albums sous son propre nom, Luca Turilli) qui déclarent non sans humour pratiquer du Hollywood metal94. L'évolution musicale du groupe Savatage le positionne incontestablement en tant que précurseur de ce style. A l'instar de groupes produisant du metal progressif, ou du gothic symphonic metal, il s'agit d'aller au-delà des stéréotypes metal et d'utiliser un certain nombre d'instruments non-conventionnels comme le piano, le violon, le clavecin, la flûte, voire de travailler directement avec des choeurs classiques ou des orchestres baroques comme l'a fait Rhapsody ou encore avec des orchestres symphoniques comme a pu le faire le groupe Rage. Admirateurs du néoclassicisme des guitar heroes Ritchie Blackmore et Yngwie Malmsteen, il apparaît par ailleurs que la plupart des musiciens de ces groupes se trouvent être de grands amateurs de musique classique (Vivaldi, Paganini, Bach, Mozart, Beethoven et Grieg notamment) et ont effectués des études académiques en ce sens. Ce qui leur permet de conduire de véritables orchestrations et de produire des arrangements musicaux sophistiqués, voire grandiloquents.
79Un autre courant du power metal européen est celui du folk metal tel qu'il a été initié par les britanniques Skyclad. Aussi ambitieux et novateur que peu pratiqué, le genre mêle sonorités power metal et musique folklorique celtique. D'où la présence permanente d'une violoniste et d'une quantité d'instruments traditionnels. Cet éclectisme, probablement rare à réunir au sein d'un groupe, explique probablement pourquoi il a donné si peu de prolongateurs à cette musique. Aujourd'hui, seuls les espagnols de Mägo de Oz ou les italiens Elvenking semblent s'engager sur la voie ouverte par Skyclad.
En conclusion, d'un point de vue musical, il apparaît que la différence entre le power metal américain et le power metal européen réside dans l'utilisation qui est faite de la puissance. Pour le premier, elle est au service de l'agressivité et de l'intensité sonore, sur la base de fréquences graves. Pour le second, elle est au service de l'harmonie visant à l'expression de mélodies solennelles à dimension symphonique ou folklorique sur la base de fréquences médium ou hautes.
Repères discographiques
Melodic Heavy Speed
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Helloween. 1985. In the hall of the moutain king. Atlantic. (all)
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Helloween. 1988. The keeper of the seven keys – Part 2. Noise. (all)
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Blind Guardian. 1988. Battalions of fear. No Remorse. (all)
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Blind Guardian. 1998. Nightfall in middle-earth. Virgin. (all)
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Blind Guardian. 2002. A night at the Opera. Virgin. (all)
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Stratovarius. 1992. Twilight time. TNT. (fin)
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Angra. 1993. Angels cry. Rising Sun. (bré)
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Angra. 1996. Holy land. CNR Music. (bré)
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Gamma Ray. 1995. The land of the free. Noise. (all)
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Gamma Ray. 2001. No world order. Metal-Is. (all)
-
Edguy. 1999. Theater of salvation. CNR Music. (all)
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Iced Earth. 2001. Horror show. Century Media. (é-u)
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Heavenly. 2001. Sign of the winner. Noise. (fra)
True Metal, Heavy Metal Traditionnel
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Manowar. 1982. Battle hymns. Capitol. (é-u)
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Manowar. 1992. The triumph of steel. Atlantic. (é-u)
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Manowar. 2002. Warriors of the world. Nuclear Blast. (é-u)
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Savatage. 1983. Sirens. Par. (é-u)
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Savatage. 1985. The dungeons are calling. Combat. (é-u)
-
Dio. 1983. Holy diver. Phonogram. (é-u)
-
Dio. 1990. Lock up the wolves. Vertigo. (é-u)
-
Dio. 2000. Magica. Spitfire. (é-u)
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Virgin Steele. 1983. Virgin Steele I. Music For Nations. (é-u)
-
Virgin Steele. 1999. The house of Atreus. Act 1. Modern Music. (é-u)
-
Virgin Steele. 2000. The house of Atreus. Act 2. Noise. (é-u)
-
Warlord. 1983. Deliver us. Metal Blade. (é-u)
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Grave Digger. 1984. Heavy-Metal breakdown. Noise. (all)
-
Running Wild. 1984. Gates to purgatory. Noise. (all)
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Manilla Road. 1985. Open the gates. Black Dragon. (é-u)
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Hammerfall. 1997. Glory to the brave. Nuclear Blast. (sué)
-
Hammerfall. 2002. Crimson thunder. NTS. (suè)
-
Nightmare. 2001. Cosmovision. Napalm. (fra)
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Malediction. 2001. Condamnés. Brennus Music. (fra)
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Seyminhol. 2002. Northern recital. Brennus Music. (fra)
-
Killers. 2002. Habemus metal. Brennus Music. (fra)
Symphonic Metal
-
Savatage.1987. In the hall of the mountain king. Atlantic (é-u)
-
Savatage. 1989. Gutter ballet. Atlantic (é-u)
-
Rhapsody. 1998. Symphony of enchanted lands. CNR. (ita)
-
Rage. 1999. Ghosts. Gun. (all)
-
Luca Turilli. 1999. King of the nordic twilight. LMP/NTS. (ita)
-
Sonata Arctica. 2001. Silence. NTS. (fin)
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Kamelot. 2003. Epica. Noise. (é-u/nor)
Folk Metal
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Skyclad.1993. Jonahs'ark. Noise. (g-b)
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Skyclad. 1996. Irrational anthems. Massacre. (g-b)
-
Mago De Oz. 2002. Folktergeist. Locomotive Music. (esp)
-
Mägo De Oz. 2000. Finisterra. Locomotive Music. (esp)
-
Elvenking. 2001. Heathenreel. AFM. (ita)
Progressive Rock, Progressive Metal
- 95 Assayas, M. 2000. Emerson, Lake & Palmer. In Assayas, M. op. cit., p. 556.
80Le projet de la musique dite progressive, est de repousser les limites conventionnelles de la musique. Forme musicale ambitieuse, elle se veut une passerelle entre l'héritage de la musique classique et les musiques comme le jazz ou le rock. Le metal progressif se situe à la croisée du hard rock et du heavy metal ainsi que d'un certain nombre d'éléments provenant du rock progressif né dans les années 70, dont les plus éminents représentants sont les groupes américains Emerson, Lake & Palmer (ELP), Yes et Kansas, les britanniques Genesis, Pink Floyd, King Crimson, U.K. et le groupe canadien Rush. La carrière d'Emerson, Lake & Palmer est particulièrement représentative des ambitions du courant progressif et déterminera l'attrait pour le spectaculaire dans les concerts de rock : « C'est avec l'album Tarkus, qui paraît au milieu de l’année 1971, qu'ELP touche un public jeune et massif. Album à thème, prétendant narrer le combat entre deux monstres de science-fiction, le disque déborde d'énergie et de manifestations de virtuosité instrumentale, avec des textes emphatiques emplis d'allusions à la mythologie, [...] chantés d'une voix pure et innocente (sorte d'obligation dans la musique progressive) [...]. Cette recette, complétée par des spectacles où le groupe déploie une accumulation de rayons laser, sonorisations sophistiquées, fumigènes et autres gadgets explosifs, inaugurera ainsi un mouvement irréversible dans les spectacles de rock95. »
81Au début des années 80, des formations comme Marillion tentent de pérenniser un genre dont les rangs sont plus clairsemés qu'au cours de la décennie précédente. Les américains Queensrÿche, Fates Warning et Crimson Glory s'attachent à durcir le genre avant qu'on ne lui attribue définitivement l'appellation metal progressif sous l'égide du groupe américain Dream Theater qui, jusqu'à aujourd'hui, domine entièrement cette scène musicale. Le groupe fait en effet l'objet d'une véritable vénération à travers le monde. Les musiciens qui le composent figurent régulièrement dans le peloton de tête des référendums des lecteurs organisés par les magazines spécialisés. Son batteur, Mike Portnoy, est tout particulièrement respecté pour ses qualités techniques hors du commun, mais également pour sa capacité à conduire des projets parallèles tels que Transatlantic, sorte de dream team du metal progressif, réunissant autour de lui la fine fleur des musiciens de Marillion, Spock's Beard et Flower Kings.
- 96 Le genre est particulièrement friand de « concept albums », à savoir de disques dont les morceaux s (...)
82Dans le droit fil du rock progressif précurseur, le metal progressif se caractérise par un potentiel mélodique très important évoluant dans un univers peuplé de science-fiction, de récits fantastiques et de préoccupations sentimentales ou poétiques. Loin de la prévisibilité d'un morceau metal classique basé sur le format traditionnel couplet-refrain, réitéré autant de fois que nécessaire, le metal progressif est un genre complexe nécessitant des espaces d'interprétation élargis de manière à pouvoir conter des histoires et installer des climats. Les morceaux, tentaculaires et arachnéens, souvent assez longs, sont agencés en plusieurs parties sur lesquelles se posent des textes sophistiqués96. De même, alors que le rock s'appuie essentiellement sur des mesures 4/4 ou 6/8 pour le blues, le metal progressif évolue dans des mesures asymétriques. Si l'espace sonore s'en trouve considérablement enrichi, ce type de musique ne peut être pratiqué que par des musiciens possédant un important bagage technique. Avec le risque de tomber dans l'exercice démonstratif stérile lorsque la technique supplante l'émotion qui semble être avant tout recherchée. Comparativement à d'autres genres metal, des thématiques telles que la mélancolie, voire la dépression n'occupent qu'un espace marginal au sein de la production du metal progressif, au bénéfice de l'explosion de joie ou du lyrisme romantique.
83Bien entendu, les chanteurs des groupes metal progressif disposent d'un niveau technique équivalent à celui de leurs coreligionnaires instrumentistes. Outre une palette harmonique très étendue, ces derniers accentuent par ailleurs délibérément leur capacité à la théâtralisation – qui se mesure à la fois sur disque et sur scène – au travers de textes visant à renforcer l'expressivité emphatique de l'ensemble. Les préoccupations psychédéliques du rock progressif des années 70 y cèdent la place à des orientations essentiellement littéraires, poétiques et romantiques, mises en récit.
84Hormis sa prédilection pour le « gros son », le metal progressif dépasse également le champ conventionnel du metal par l'utilisation d'instruments et d'effets enrichissant considérablement son spectre musical. Si la formule guitare-basse-batterie est présente, elle s'enrichit systématiquement de claviers (mellotron, synthétiseur, etc.) et quelquefois, d'instruments acoustiques à cordes (violon, violoncelle, etc.), d'instruments à vents (flûte, trompette, saxophone, etc.), de percussions (tambourin, gong, cymbales, etc.), de pédaliers d'effets ou encore de séquenceurs, samplers et autres boîtes à rythmes. Plus qu'aucun autre genre, le metal progressif est probablement le plus avide de tous en matière de nouvelles technologies qui lui sont nécessaires dans son projet créatif.
85Le metal progressif des années 90 a vu apparaître quantité de nouvelles formations prolifiques de premier plan, repoussant systématiquement les frontières musicales momentanément posées par chacune d'entre elles. Les acteurs les plus récents de cette émulation sans fin sont Symphony X, Shadow Gallery, Magellan ou Spock's Beard aux Etats-Unis, Vanden Plas en Allemagne, Pain Of Salvation et Andromeda en Suède, Porcupine Tree en Grande-Bretagne, Eldritch en Italie ou encore les français Headline et Manigance.
- 97 Aux Etats-Unis se tient chaque année le « Prog Fest », dont le label français Musea publie chaque a (...)
Si beaucoup de groupes américains évoluent dans le metal progressif et si son label emblématique, Magna Carta, est lui aussi basé aux Etats-Unis, le public de ce genre musical semble être majoritairement européen. Particulièrement réceptive au metal progressif, l'Europe compte un grand nombre de labels, de groupes et le fameux festival « Prog Power »97 né aux PaysBas en 1999. Parmi les labels les plus influents du genre, on peut citer Inside Out en Allemagne, Elevate en Italie, Musea et NTS en France. Sans oublier que des labels généralistes metal s'intéressent également à ce type de musique (Noise, Metal Blade, Rising Sun, etc.).
Repères discographiques
Progressive Rock
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Emerson, Lake & Palmer. 1971. Tarkus. Atlantic. (g-b)
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Genesis. 1971. Nursery crime. Charisma. (g-b)
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Yes. 1972. Close to the edge. Atlantic. (g-b)
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Pink Floyd. 1973. Dark side of the moon. Flarvest. (g-b)
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Pink Floyd. 1977. Animals. Flarvest. (g-b)
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King Crimson. 1973. Larks' tongues in aspic. EG. (g-b)
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Rush. 1976. 2112. Mercury. (can)
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Rush. 1993. Counterparts. Atco. (can)
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Kansas. 1977. Leftoverture. (é-u)
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U.K. 1978. U.K. E G. (g-b)
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Marillion. 1982. Script for a Jester's tear. EMI. (g-b)
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Marillion. 1985. Misplaced childhood. EMI. (g-b)
Progressive Metal
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Queensrÿche.1986. Rage for order. EMI. (é-u)
-
Queensrÿche. 1988. Operation : mindcrime. EMI. (é-u)
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Queensrÿche. 1997. Hear in the now frontier. EMI. (é-u)
-
Crimson Glory. 1986. Crimson glory. Par. (é-u)
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Fates Warning. 1989. Perfect symmetry. Metal Blade. (é-u)
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Fates Warning. 1997. A pleasant shade of grey. Massacre. (é-u)
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Dream Theater. 1992. Images and words. Atlantic. (é-u)
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Dream Theater. 1995. A change of seasons. Elektra. (é-u)
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Dream Theater. 1999. Scenes from a memory. Elektra. (é-u)
-
Dream Theater. 2002. Six degrees of inner turbulence. Elektra. (é-u)
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Symphony X. 1994. Symphony X. SPV. (é-u)
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Symphony X. 2000. V. NTS. (é-u)
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Pain of Salvation. 1997. Entropia. Inside Out. (suè)
-
Pain of Salvation. 2002. Remedy lane. Inside Out. (suè)
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Vanden Plas. 1997. The God thing. InsideOut. (all)
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Magellan. 1997. Test of wills. Magna Carta. (é-u)
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Eldritch. 1998. El nino. Inside Out. (ita)
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Shadow Gallery. 1998. Tyranny. Magna Carta. (é-u)
-
Porcupine Tree. 2000. Lightbulb sun. Kscope. (g-b)
-
Porcupine Tree. 2002. In absentia. Kscope. (g-b)
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Headline. 2000. Voices of presence. NTS. (fra)
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Andromeda. 2001. Extension of the wish-Definitive extension. NTS. (suè)
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Transatlantic. 2001. Bridge across forever. NTS. (é-u/g-b/suè)
-
Manigance. 2002. Ange ou démon. NTS. (fra)
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Spock's Beard. 2002. Snow. Inside Out. (é-u)
Christian Metal, White Metal
- 98 Disponible sur : http://wvwv.crimsonmoonlight.com/cm/biography.shtml.
- 99 Il est surprenant de constater que le Père Benoît Domergue n'ait pas abordé ce type d'élément dans (...)
86Selon un processus propre au comportement humain, il est presque évident que l'inclination satanique revendiquée par certaines formations musicales déclencherait un penchant inverse. Le groupe suédois Crimson Moonlight en constitue probablement l'exemple le plus frappant. Contre toute attente, sa particularité est de pratiquer un black metal symphonique mobilisant des textes au sein desquels il clame son amour de Dieu. Le projet du groupe98, vise à démontrer que les tendances morbides de la jeunesse, magnifiées par le black metal, peuvent tout aussi bien se convertir en espoir pour peu que l'on soit disposé à le pratiquer sur ce mode99.
- 100 Selon Anne Benetollo, dans la seconde moitié des années 70, les représentants catholiques américain (...)
- 101 Enfer Magazine, no 20, 1985, p. 46.
87Historiquement, c'est le groupe américain Stryper qui, le premier, a donné ses lettres de noblesse au Christian metal100 (« metal chrétien »), également appelé white metal (« metal blanc », en opposition à la noirceur blasphématoire du metal satanique). Le groupe fait parler de lui dès 1984 et officie dans un registre metal de facture classique tendant progressivement vers le hard rock FM. Leur troisième album, To hell with the devil, s'est écoulé à un million d'exemplaires. Une popularité qui leur permet de distribuer des bibles à leur public, tout en répandant la « bonne parole » : « Notre musique est un amalgame cohérent entre l'esprit du heavy metal et le pouvoir du christianisme. [...] Notre but c'est de montrer aux gens que nous pouvons jouer du r'n'r [rock'n'roll] et servir Dieu !101 »
- 102 En outre, les crédits figurant sur les albums de ces groupes ont généralement pour point commun d'ê (...)
- 103 Le chanteur-guitariste du groupe, Roger Martinez, après avoir milité en faveur du christianisme, es (...)
88Le métal chrétien ne repose sur aucune unité musicale et n'a, pour l'essentiel, de commun que le contenu des textes102. Majoritairement localisé aux Etats-Unis, on observe également un foyer Christian metal assez actif en Scandinavie. Il se trouve que ces deux régions du globe comportent justement un nombre important de groupes aux discours sataniques ou haineux auxquels ils tentent de faire contrepoids. Les américains Vengeance Rising103 et Deliverance officient dans une veine speed metal, tandis que Tourniquet évolue davantage dans le registre death-thrash. Le groupe P.O.D. s'appuie quant à lui sur le neo-metal pour diffuser son message. La scène Scandinave est nettement plus discrète puisqu'elle fonctionne beaucoup sur la base d'autoproductions. Citons néanmoins les groupes suédois Pantokrator et Sanctifica (melodic death metal), les norvégiens Drottnar (black metal) et les finlandais Hallowed (power metal européen).
89Si à ma connaissance aucun groupe de metal chrétien revendiqué n'est clairement identifiable en France, voire en Europe du sud, il est par contre relativement surprenant d'en trouver dans des zones géographiques plus orientales. Par exemple, Mortal est un groupe thrash-industriel provenant des Philippines et Paramaecium, pratiquant le doom death, nous vient d'Australie.
- 104 Rock Hard, no 13, 2002, p. 18. Pour davantage d'informations à ce sujet, on peut également se repor (...)
Le Christian metal se propage donc progressivement à l'ensemble de la planète, faisant régulièrement de nouveaux adeptes, dont quelques célébrités du metal. Parmi elles, Nicko Mc Brain, le fameux batteur d'Iron Maiden, qui s'est récemment converti au christianisme et envisage de donner naissance à un groupe de white metal en compagnie de Dan Spitz (ex-guitariste d'Anthrax), lui aussi converti de fraîche date104.
Repères discographiques
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Stryper. 1986. To hell with the devil. Enigma, (é-u)
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Vengeance Rising. 1989. Human sacrifice. Intense. (é-u)
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Deliverance. 1989. Deliverance. Intense. (é-u)
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Tourniquet. 1993. Pathogenic ocular dissonance. Music For Nations. (é-u)
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Paramaecium. 1994. Exhumed of the earth. R.E.X. Music. (aus)
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Mortal. 1994. Fathom. Intense. (phi)
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Crimson Moonlight. 1999. Eternal Emperor. Metal Community. (sue)
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P.O.D. 2001. Satellite. Eastwest. (é-u)
Crossover, Crossover Metal, Rap Metal
90La musique crossover (« fusion » en français) consiste en une articulation de genres musicaux différents : punk, hardcore, funk, reggae, rap, ska, musiques traditionnelles, jazz, rock, metal etc. Mais ce brassage des genres n'est pas seulement musical. Il l'est également d'un point de vue racial. Les groupes de rock ou de metal sont majoritairement composés de musiciens blancs. En proportion, c'est dans le crossover que l'on retrouve le plus fort degré de mixité, voire de groupes entièrement constitués de musiciens de couleur.
Certaines formations pratiquent une musique particulièrement métissée. Au point qu'il est quelquefois difficile de démêler l'écheveau des influences tant elles sont nombreuses. Si elle peut paraître ambiguë s'agissant de metal, la catégorie crossover comprend néanmoins deux courants majeurs. Le crossover metal s'inspirant fortement de la musique funk d'une part (JamesBrown, Sly And The Family Stone, Funkadelic...) et de l'autre, le rap metal, nourrissant une grande proximité avec le rap (Run DMC, Beastie Boys, Public Enemy...), comme son nom l'indique. Musiques d'origine noire dans les deux cas.
- 105 Le groupe aura une double influence puisqu'il est également considéré comme précurseur du hardcore (...)
- 106 Rabasse, M. 2000. Living Colour. In Assayas, M. op. cit., p. 1029.
91Au début des années 70, le groupe américain Mother's Finest est le premier à tenter un croisement audacieux entre musique noire et musique blanche. Multiracial, le groupe cherche à fusionner du hard rock avec de la funk et du rhythm'n'blues. Il ne parviendra jamais à s'imposer réellement ailleurs qu'en Europe. Il faut attendre le début des années 90, à la faveur d'un engouement pour la fusion pour que cette formation pionnière recueille un succès d'estime dans son propre pays. Ce n'est qu'au cours de la seconde moitié des années 80 que le crossover metal parvient progressivement à s'établir. C'est le groupe afro-américain Bad Brains (très inspiré par The Clash) qui en pose la pierre angulaire avec son alliage de funk, de metal, de hardcore105 et de reggae sur lequel se posent des thèmes sociopolitiques. Dans le même temps, le groupe new-yorkais « Living Colour jouera un rôle révolutionnaire dans la musique populaire américaine : grâce à leur remarquable virtuosité, les musiciens parviennent à faire fusionner reggae, soul, funk, jazz, voire calypso et zouk, avec une sensibilité pop-meta\106 ». Le guitariste du groupe, Vernon Reid s'implique en parallèle dans la Black Rock Coalition dont l'activité vise à favoriser le décloisonnement racial entre les genres musicaux.
- 107 Rage, no 1, 1993, p. 22.
92Les musiciens blancs ne sont pas en reste. Des groupes californiens comme Red Hot Chili Peppers et Faith No More commencent à faire parler d'eux dès le début de la seconde moitié des années 80. Ils parviendront à s'imposer comme les plus populaires du genre. Les deux groupes proposent une formule personnelle résultant d'une combinaison de funk, thrash metal, rap et pop, voire jazz et dance pour Faith No More. Contrairement aux groupes noirs précédents manifestant un certain engagement social, ces deux formations privilégient avant tout l'humour et certaines exubérances délirantes. Les Red Hot Chili Peppers se produisent quelquefois sur scène avec pour seul vêtement une chaussette en guise de cachesexe. Le chanteur de Faith No More, Mike Patton, se démène sur scène comme un aliéné. Il lui arrive de recueillir son urine dans une chaussure avant de la boire, ou encore de divulguer les numéros de téléphone personnels de certaines stars devant une foule de spectateurs107. Au début des années 90, ce sont les chicanos d'Infectious Groove, transfuges du groupe hardcore Suicidal Tendencies qui font parler d'eux avec leur combinaison de funk et de metal. En Europe, c'est le groupe néerlandais multiracial Urban Dance Squad qui emboîte le pas aux américains. Il a la particularité d'intégrer à sa musique des éléments de musique indienne et de compter en son sein un DJ dont les mix et autres scratch constituent une révolution dans le milieu. En France, les groupes Atomic Kids, Oneyed Jack et Lofofora figurent parmi les premiers à se positionner sur ce créneau, suivis aujourd'hui par Tripod, dans une perspective plus neo metal cependant.
- 108 Dès 1984, sur le 45 tours « Rock box », Run DMC sample un passage d'un disque de Black Sabbath. Il (...)
- 109 Les deux groupes se lanceront même dans une tournée commune au cours de l'année 1992.
- 110 [Outre les groupes cités, Rick Rubin produira également les disques de groupes affiliés au metal co (...)
93Le courant rap metal naît à New York en 1986 lorsque les rappers noirs Run DMC reprennent le titre d'Aerosmith, Walk this way, en compagnie de Steven Tyler et Joe Perry, respectivement chanteur et guitariste du groupe108. La même année, les rappers blancs de Beastie Boys éditent leur premier disque comprenant quantité d'échantillons prélevés sur des disques de hard rock, dont des riffs appartenant clairement à Led Zeppelin. Sur le titre No sleep till Brooklyn, ils accueillent le guitariste de Slayer, Kerry King. En 1987, le groupe speed metal Anthrax publie un E.-P intitulé I'm the man proposant la première expérimentation d'un croisement entre rap et metal entièrement réalisée par des musiciens blancs. Courant 91, Anthrax s'associe avec les très véhéments rappers noirs Public Enemy pour publier sur leurs albums respectifs, le percutant Bring the noise109. Derrière la majorité de ces projets, on retrouve le producteur américain de rap et de métal Rick Rubin qui se trouve être également le fondateur du label Def Jam qui deviendra plus tard Def American, puis American Recordings. La passion qu'il nourrit pour le metal et le rap110 ainsi que la qualité de son travail le rendent totalement incontournable et attestent de manière évidente que les deux genres musicaux peuvent faire bon ménage.
- 111 Mesmin, D., Assayas, M. 2000. Rage Against The Machine. In Assayas, M. op. cit., p. 1512.
- 112 Mesmin, D., Assayas, M. 2000. ibid, p. 1513.
94La plus grosse déflagration dans le genre rap metal se produit en 1992 avec l'arrivée des formations californiennes Rage Against The Machine et Body Count. Marqué par l'esprit politisé des Clash ou Public Enemy, Rage Against The Machine, en s'appropriant le phrasé rap, veut réussir « là ou la protest song des années 60 et le punk-rock ont échoué : dénoncer la "machine" américaine, changer les consciences et, partant, changer la société111 ». Alors que les Etats-Unis sortent à peine de la guerre du Golfe, le groupe connaît un succès foudroyant avec sa fusion originale de metal, de rap, de hardcore et de punk sur laquelle se posent des textes virulents citant Che Guevara, Malcolm X et Martin Luther King. « Nombre d'adolescents à travers le monde se reconnaissent dans ce sursaut de révolte, survenant après des années d'apathie et de dépolitisation. Simple et crue, la musique ne recourt ni au sampling ni aux synthétiseurs et ne cherche pas à passer sur MTV [...] Rage Against The Machine soutient les associations anti-vivisectionnistes, les paysans du Chiapas, s'attaque à l'ultralibéralisme comme au système éducatif américain, rencontrant un écho profond et ramenant au rock un jeune public qui, passé au rap, s'en était éloigné112 ». Body Count est quant à lui, le projet metal du rapper Ice-T. Le groupe se compose entièrement de musiciens noirs. Il entend prouver que le metal n'est pas seulement un genre réservé aux blancs. Outre le recours à des thèmes habituellement développés par le rap de cette période : culte de soi, insultes, sexe, Ice-T insiste beaucoup sur la violence urbaine, dénonce le racisme et les bavures policières, notamment au travers d'un titre intitulé « Cop killer » (« tueur de flic »), qui lui vaudra quelques déboires avec les comités de censure de son pays.
95En 1993 sort la bande originale du film Judgment Night dont l'ambition, le temps d'un morceau, est d'associer un groupe de metal ou de rock alternatif avec un groupe de rap. On retrouve ainsi Biohazard avec Onyx, Slayer avec Ice-T, Pearl Jam avec Cypress Hill, Helmet avec House Of Pain, etc. Le genre rap metal devient un phénomène de mode. En Suède, le groupe Clawfinger embraye dans cette direction, tandis qu'au RoyaumeUni ce sont Senser et Dub War. En France, ce sont les musiciens de No One Is Innocent qui, à la manière d'un Rage Against The Machine, déversent leur colère et enflamment le territoire de 1994 à 1996. Aujourd'hui, quantité de groupes pratiquent ce genre musical devenu extrêmement porteur d'un point de vue commercial. Limp Bizkit et P.O.D. en constituent des exemples patents. Leur succès est cependant inversement proportionnel à la qualité de leurs discours.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Mother's Finest. 1972. Mother's Finest. RCA. (é-u)
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Mother's Finest. 1979. Live Mutha – Mother's Finest live. RCA. (é-u)
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The Clash. 1979. London calling. CBS. (g-b)
Crossover Metal
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Bad Brains.1986. I against I. SST. (é-u)
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Faith No More. 1987. Introduce yourself. Slash. (é-u)
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Faith No More. 1992. Angel dust. Slash/WEA. (é-u)
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Red Hot Chili Peppers. 1987. The uplift mofo party plan. EMI-America. (é-u)
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Living Colour. 1988. Vivid. Epic. (é-u)
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Urban Dance Squad. 1989. Mental floss for the globe. Arista. (p-b)
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Infectious Groove. 1991. The plague that makes your booty move... It's the infectious grooves. Sony. (é-u)
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Infectious Groove. 1994. Groove family cyco. Snapped lika mutha. Sony. (é-u)
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Atomic Kids. 1994. Space invaders try to boycott my plans. Wild Style. (fra)
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Waltari. 1994. So fine ! Roadrunner. (fin)
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Oneyed JACK. 1995. Cynique. Yelen. (fra)
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Silmarils. 1995. Silmarils. Eastwest. (fra)
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Lofofora. 1995. Lofofora. Virgin, (fra)
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Lofofora. 2003. Le fond et la forme. Sriracha. (fra)
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Tripod. 2001. Lèche. Coriace. (fra)
Rap metal
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Run Dmc & Aerosmith. 1986. Walk this way. Def Jam. (é-u)
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Anthrax. 1987. I'm the man. Island. (é-u)
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Rage Against The Machine. 1992. Rage Against the Machine. Epic. (é-u)
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Body Count. 1992. Body Count. Sire. (é-u)
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Judgement Night. 1993. Music from the motion picture. Immortal/Epic. (é-u)
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Clawfinger. 1993. Deaf dumb blind. WEA. (suè)
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Senser. 1994. Stacked up. Polydor. (g-b)
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No One Is Innocent. 1994. No one is innocent. Island. (fra)
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Dub War. 1995. Pain. Earache. (g-b)
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Limp Bizkit. 1997. Three dollar bill, Y'all$. Interscope. (é-u)
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P.O.D. 2001. Satellite. Eastwest. (é-u)
Funk
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James Brown.1962. Live at the Apollo. King. (é-u)
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Sly And The Family Stone. 1968. Dance to the music. Epic. (é-u)
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Funkadelic. 1970. I'll bet you. Westbound. (é-u)
Rap
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Run DMC. 1986. Raising Hell. Def Jam. (é-u)
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Beastie Boys. 1986. Licensed to ill. Def Jam. (é-u)
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Public Enemy. 1991. Apocalypse 91... The enemy strikes back. Def Jam. (é-u)
Grindcore, Crustcore
- 113 Rabasse, M. 2000. Napalm Death. In Assayas, M. op. cit., p. 1241-1242.
96Le terme grindcore signifie « pulvérisation atomique » ou « broyage extrême ». Le terme a été établi pour désigner la musique de son plus illustre représentant : le groupe britannique Napalm Death. S'inspirant de groupes brutaux et ultra-rapides comme les américains Siege et Death ou encore les japonais S.O.B., Napalm Death repousse les limites de la musique extrême avec son premier album Scum (1987) qui se vend à plus de 90 000 exemplaires. La formation se situe à la croisée du speed metal, du thrash metal, du death metal, du hardcore et de la musique industrielle. A ses débuts, « le grindcore n'admet pas de morceaux de plus de trente secondes113 ». Le record du genre sera détenu par le titre « You suffer » d'une durée inférieure à une seconde.
- 114 L'éclosion quasi parallèle de ces deux formes musicales donnera naissance à une multiplicité de mic (...)
- 115 Crass a violemment combattu le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher pendant la guerre des (...)
- 116 Né en Grande-Bretagne, le mouvement crust revendique une posture idéologique alternative (anarchist (...)
- 117 Slogan majeur du mouvement punk que n'auraient pas renié les situationnistes. Il est également le n (...)
97La publication de l'album Scum en 1987 par le label anglais Earache (troisième référence de son catalogue), impose simultanément Napalm Death, le grindcore et le label lui-même. Elle marque également une distinction subtile entre grindcore et crustcore114. D'un point de vue musical, le premier plonge ses racines de manière privilégiée dans le metal, tandis que le second revendique plutôt un héritage punk. Mais leur différence réside essentiellement dans la nature de leurs discours. Le crustcore est totalement empreint d'anarcho-pacifisme issu du groupe-communauté Crass115, ayant donné naissance au mouvement crust116 et au scepticisme punk de Discharge. Les thèmes développés par les formations crustcore traitent pour la plupart de l'inégalité sociale, de l'oppression policière et religieuse, de la guerre et des problèmes environnementaux sur un mode relativement cynique et désabusé. Sensibles à l’action politique, les protagonistes de ce courant musical orientent souvent leurs discours, non exempts d'imprécations moralisatrices, dans une direction anti-militariste, anti-raciste, antifasciste, anti-capitalistes, anti-sexiste, etc., mais également en faveur du droit des minorités ou ceux des animaux. Bien qu'ils les partagent souvent, ces préoccupations éthiques et politiques sont moins centrales pour les pratiquants du grindcore. Elles sont plutôt l'apanage de formations telles que Extreme Noise Terror et Doom, apparues à la même époque et dans la même ville (Birmingham) que Napalm Death. Ensemble, elles partagent néanmoins des valeurs de solidarité, de tolérance, de respect et de fraternité, et cherchent à valoriser l'autogestion ou le DIY (Do It Yourself117, « faites le vous-même »), avec les limites inhérentes à ce type de démarche.
98Fort de son succès avec Napalm Death, le label Earache peut alors accueillir la fine fleur du grind, tels les britanniques Carcass (qui inventeront le grind gore en raison de leurs références systématiques au vocabulaire médical), Extreme Noise Terror, Disgust ou les américains Brutal Truth. Aux Etats-Unis, le début des années 90 voit émerger le label Relapse Records qui s'impose à son tour dans le domaine avec Disrupt, les suédois Nasum et plus récemment, les britanniques Agoraphobic Nosebleed. En France, les groupes grindcore les plus importants sont actuellement Blockheads, Sublime Cadaveric Decomposition et Gronibard (qui évolue dans un registre comico-scatologique tranchant assez nettement avec l'austérité habituelle du genre). Le registre crustcore est quant à lui représenté par le groupe Vomit For Breakfast. Ailleurs, il faut également mentionner le groupe belge Agathocles, qui est probablement l'un des plus prolifiques du genre.
- 118 Un sujet sur le grindcore a été diffusé le 07.02.01, dans l'émission Tracks sur Arte. Assez caricat (...)
99Hormis les chefs de file se produisant dans des salles de spectacles ou des festivals importants, le mouvement grind reste essentiellement confiné dans un cercle underground. Il s'appuie sur un réseau de militants particulièrement efficace. A l'image du 13, squat de l'est parisien118, il existe dans la majorité des pays européens, des lieux dédiés à la diffusion des musiques dont l'éthique se situe dans un courant anarcho-punk. Le rejet de tout type de profit économique pour lui-même constitue une caractéristique fondamentale du mouvement. Si les plus grands groupes peuvent difficilement se situer dans cet espace pour des raisons économiques évidentes, il concerne la part la moins visible et la plus importante du genre en terme numérique. Les charges de fonctionnement très faibles de ce type de lieux et l'idéologie non-profit partagée par les acteurs de ce mouvement favorisent considérablement la circulation des oeuvres et des artistes. Souvent simplement défrayés, les groupes comptent sur la vente de disques et de t-shirts pour continuer à mener leurs activités.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Crass. 1978. Feeding the five thousand. Small Wonder. (g-b)
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Discharge. 1982. Hear nothing, see nothing, say nothing. Clay. (g-b)
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Siege. 1984. Drop dead. [Demo]. (é-u)
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S.O.B. 1986. Leave me alone. Selfish. (jap)
Grindcore
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Napalm Death.1987. Scum. Earache. (g-b)
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Napalm Death. 1988. From enslavement to obliteration. Earache. (g-b)
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Napalm Death. 2002. Order of the leech. Snapper. (g-b)
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Carcass. 1988. Reek of putrefaction. Earache. (g-b)
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Carcass. 1989. Symphonies of sickness. Earache. (g-b)
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Brutal Truth. 1992. Extreme conditions demand extreme responses. Earache. (é-u)
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Brutal Truth. 1994. Need to control. Earache. (é-u)
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Nasum. 1998. Inhale/Exhale. Relapse. (sué)
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Nasum. 2003. Helvete. Relapse. (suè)
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Blockheads. 2001. Human parade. Bones Brigade. (fra)
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Gronibard. 2001. Gronibard. Bones Brigade. (fra)
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Agoraphobic Nosebleed. 2002.Frozen corpse stuffed with dope. Relapse. (g-b)
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Sublime Cadaveric Decomposition. 2003. II. Osmose. (fra)
Crustcore
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Extreme Noise Terror.1988. A holocaust In your head. Head Eruption. (g-b)
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Extreme Noise Terror. 1995. Retrobution. Earache. (g-b)
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Doom. 1988. War crime.Peaceville. (g-b)
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Disgust. 1994. Brutality of war. Earache. (g-b)
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Disrupt. 1994. Unrest. Relapse. (é-u)
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Agathocles. 1997. Hummarogance. Morbid. (bel)
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Vömit For Breakfast. 2000. Emma Ho. Murder. (fra)
Grunge
- 119 Dans les années 80, Bruce Pavitt, suivant une démarche plus ou moins comparable à celle des musicol (...)
100Le grunge est un genre musical éphémère largement médiatisé par le succès foudroyant du groupe Nirvana en 1991. Il est le résultat conjoint d'un bouillonnement artistique né à la fin des années 80 dans l'état de Washington, avec des groupes provenant des villes de Seattle, Aberdeen et Olympia notamment, et le travail des mentors du label Sub Pop que sont Bruce Pavitt et Jonathan Poneman119.
- 120 Gil, A. 1997. Grunge. In Plougastel, Y. Sous la dir. Le Rock. Dictionnaire illustré. Paris : Larous (...)
Il semblerait que l'on doive le terme grunge à Bruce Pavitt : « J'avais besoin d'une accroche pour présenter le disque de Green River [...] comme ils s'habillaient comme des clodos et que leur son de guitare était très sale, j'ai cherché un mot qui symbolise tout ça. Grunge sonnait juste...120 ». Ainsi, ce mot désigne à la fois un son de guitare abrasif, très sale et un look dépenaillé. Plus précisément, les caractéristiques musicales du grunge sont la pesanteur saturée du heavy metal à la Black Sabbath, la primitivité punkhard rock garage de Blue Cheer et le hardcore rageur et saturé de Hüsker Dü, alliée à la poésie électrique sombre et âpre de Neil Young. D'un point de vue vestimentaire, les musiciens s'habillent dans des dépôts-ventes et portent des chemises de bûcherons usagées, des jeans complètement usés et arborent des tignasses peu soignées quelquefois coiffées d'un bonnet de laine. Les représentants emblématiques de ce courant sont les groupes Green River, Mudhoney, Tad, Soundgarden et bien sur Nirvana.
101Sub Pop cherche rapidement à créer une force économique indépendante permettant à l'ensemble des acteurs investis, de vivre de leurs activités. A cette fin, le travail du label se cristallise autour de trois éléments. Unité géographique : les groupes signés proviennent de l'état de Washington. Unité de son : les disques sont systématiquement enregistrés sur huit pistes par Jack Endino au studio Reciprocal Recordings. Unité visuelle : les pochettes de disques sont en noir et blanc et les photos de groupes sont prises au plus près de l'action, sur scène – donnant l'impression d'une énergie débridée – par des photographes attitrés (Charles Peterson notamment). Ces efforts parviendront à conférer une identité commune très forte aux groupes et au label. Il en découle un succès fulgurant dépassant rapidement le cadre indépendant de Sub Pop. D'importantes maisons de disques commencent à courtiser les groupes locaux. Le circuit alternatif et underground est alors progressivement absorbé par l'industrie du disque.
- 121 Coupland, D. 1991. Generation X. Paris : Christian Bourgois, coll. 10-18.
- 122 « Entendre 50 ou 100 personnes me dire qu'ils aiment ce que je fais me suffit ». Entretien accordé (...)
102En 1991, Nirvana signe avec la maison de disques Geffen et publie l'album Nevermind comprenant le titre phare du groupe « Smells like teen spirit ». Il atteint 10 millions de ventes dans le monde. Le leader du groupe, Kurt Cobain est subitement investi du rôle de porte-parole d'une génération. La génération X que l'on retrouve décrite dans le livre de Douglas Coupland121. Il y est question de la détresse adolescente, d'inadaptation sociale, de la vacuité de la vie, d'un monde désenchanté et désespérant. Exactement les thèmes qu'affectionne Kurt Cobain, dépressif et héroïnomane notoire. Sa célébrité soudaine a renforcé son malaise existentiel. Ses efforts se concentrent alors sur des tentatives visant à réduire le succès commercial du groupe qu'il vit sur le mode de la culpabilité du parvenu122 Les musiciens multiplieront les provocations : apparitions scéniques en robes ou en chaise roulante pour Cobain (festival de Reading, 1992), destruction systématique de leur matériel en fin de concert (comme le pratiquait The Who), sauvagerie redoublée sur leurs enregistrements. Le titre que le groupe compte donner à son dernier album est prémonitoire : I hate myself and I want to die, avant d'opter pour In Utero de peur d'être accusé d'incitation au suicide. Kurt Cobain, « l'archange blond du désespoir moderne », comme on l'appelle dans la presse se suicide le 5 avril 1994. Il rejoint ainsi le club des artistes mythiques décédés à l'âge de 27 ans : Jimi Hendrix, Jim Morrison et Janis Joplin.
103Parallèlement, le grunge est devenu un phénomène de mode totalement irrationnel. Seattle devient un nouvel Eldorado pour des groupes en mal de succès. Ils affluent des quatre coins des Etats-Unis dans l'espoir d'y être repérés par les représentants des maisons de disques qui ont eux aussi effectué le déplacement. On parle d'une culture grunge jusque dans la presse féminine. Certains couturiers s'emparent de ses attributs vestimentaires pour inspirer leurs collections. On voit même le catalogue de la Redoute vendre le look grunge dans ses pages. Totalement récupéré par le commerce, l'intérêt pour le grunge décline plus vite qu'il n'est apparu. Du fait de leur origine géographique, on associe hâtivement au grunge des groupes comme Alice In Chains ou Pearl Jam, mais leur musique reste avant tout une version alternative et renouvelée du heavy metal pour le premier et du hard rock pour le second.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Blue Cheer. 1968. Vincebus Eruptum. Philips. (é-u)
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Black Sabbath. 1970. Black Sabbath. Vertigo. (g-b)
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Neil Young. 1979. Rust never sleeps. Reprise. (can)
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Hüsker DU. 1984. Zen Arcade. SST. (é-u)
Grunge
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Green River.1987. Dry as bone. Sub Pop. (é-u)
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Soundgarden. 1987. Screaming life. Sub Pop. (é-u)
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Soundgarden. 1988. Ultramega OK. SST. (é-u)
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Mudhoney. 1988. Superfuzz Bigmuff. Sub Pop. (é-u)
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Tad. 1989. God's balls. Sub Pop. (é-u)
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Nirvana. 1989. Bleach. Sub Pop. (é-u)
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Nirvana. 1991. Nevermind. Sub Pop/Geffen. (é-u)
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Nirvana. 1993. In utero. Geffen. (é-u)
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Nirvana. 1994. Unplugged in New York. Geffen. (é-u)
Death Metal, Death Gore, Brutal Death Metal, Melodic Death Metal, Death Thrash, Electronic Death Metal
- 123 Il est plus juste de parler d'un chant de gorge, dont la technique se rapproche du chant tibétain o (...)
- 124 Les films gore sont des films extrêmement sanglants poussant les limites de l'horreur à un point te (...)
- 125 Il suffit pour s'en convaincre d'observer la réaction des non-initiés à un concert death metal lors (...)
104Le death metal (« metal de mort » ou « metal de la mort ») naît dans la seconde moitié des années 80 de la fascination de quelques musiciens américains originaires de Floride pour les groupes Venom et Possessed. Ilconstitue une réaction au thrash metal dont certains puristes estiment qu'il est à la dérive car entièrement assimilé par l'industrie du disque. A l'origine, le death metal se veut underground. Le genre s'appuie sur des blast beat (batterie jouée en rafale), des passages très accélérés à la guitare et un usage inédit de la voix se situant entre grognement et rugissement123. Barney Kam Lee en a initié le style au sein du groupe Death. Il prétend s'être inspiré des voix démoniaques présentes dans certains films gore124 comme Evil Dead. Il s'agit incontestablement d'une musique figurant parmi les plus extrêmes que l'on puisse produire. Peu avenant, car rien n'y flatte les sens de prime abord, le death metal, au même titre que le black metal, nécessite une familiarisation importante avant de pouvoir être apprécié. Interprété comme une expression musicale totalement vaine et incompréhensible par l'auditeur lambda125, le death metal se compose pourtant de musiciens extrêmement talentueux possédant un bagage technique souvent irréprochable. Les critiques adressées au death metal sont sensiblement identiques à celles que peuvent proférer des néophytes à l'endroit de certaines oeuvres d'art contemporain qu'ils méconnaissent.
Le genre a été établi par le travail du label britannique Earache et le label américain Roadrunner. Si le second a toujours été positionné comme un label metal généraliste, le premier s'est quant à lui imposé en tant que label de référence en matière de musique extrême. Ce qui lui a permis de recruter les groupes qui deviendront les pointures du genre.
- 126 Rabasse, M. 2000. Death metal. In Assayas, Μ. op. cit., p. 456.
105Le précurseur du death metal est Chuck Schuldiner et son groupe Death, suivi de Morbid Angel, Obituary et Deicide. Si ces groupes ont imposé le son caractéristique du death metal US – étouffant et malsain – ils sont largement redevables du travail des producteurs Scott Burns et Torn Morris, personnages incontournables, associés au célèbre Morrissound Studios situé à Tampa en Floride, où ont été enregistrés quelques uns des plus grands disques de death metal. En Europe, c'est la Suède qui produit un grand nombre de groupes reconnus tels Entombed, Grave, Dismember ou Unleashed (sous l'appellation du courant Swedish Death Metal). En Grande-Bretagne, ce sont des groupes comme Bolt Thrower ou Benediction. La majeure partie de ces groupes a été particulièrement mise en valeur grâce au travail de production de Tomas Skogsberg dans les studios Sunlight à Stockholm et de Colin Richardson. Ce dernier a par ailleurs produit les français Crusher, qui, avec Agressor (précurseurs du death metal en France), Mercyless, No Return (dont le second album a été produit en Floride par Torn Morris) ou Mortuary constituent les références du genre dans l'Hexagone. Après une période de creux dans la seconde moitié des années 90, le genre est à nouveau remis à l'honneur par des groupes tels que les suédois Bloodbath et les américains Hate Eternal ou Nile qui tente d'insuffler à son death metal une coloration exotique, en y développant une thématique axée sur l'Egypte. Hormis quelques autres exceptions comme les groupes Deicide et Morbid Angel affichant ouvertement leurs penchants satanistes, « le death metal traduit [avant tout] une obsession pour des univers dévastés et désolés, la mort, la torture, la souffrance et tout ce qui a trait à la déliquescence du corps humain126 ».
- 127 Après son départ du groupe, Chris Barnes, son ancien chanteur, a formé Six Feet Under, dans une vei (...)
106Cette fascination pour le morbide s'est radicalisée une fois de plus et a conduit le genre à se subdiviser en un sous-genre appelé death gore dont le groupe américain Cannibal Corpse est le leader incontesté127. La particularité du genre tient essentiellement aux outrances graphiques de ses pochettes de disques souvent sanguinolentes. Les titres des textes sont en outre particulièrement évocateurs. Par exemple : Butchered at birth (« Massacré à la naissance », Cannibal Corpse, 1991), Skin her alive (« Ecorchez-la vive », Dismember, 1991), Tomb of the mutilated (« La tombe des mutilés », Cannibal Corpse, 1992) ou encore Hammer smashed face (« Visage défoncé à coups de marteau », Cannibal Corpse, 1993). Beaucoup de groupes polonais tels que Exhumed et Yattering oeuvrent dans cette direction et réalisent des pochettes de disques présentant des photographies de corps dépecés, victimes de morts violentes. En France, le représentant du genre est le groupe Depraved dont les pochettes de disques particulièrement insoutenables lui valent, comme à la majorité des autres groupes du genre, quelques problèmes avec la censure ou avec certains distributeurs et disquaires ne souhaitant pas diffuser ou exposer ce type de produits.
107Musicalement, le genre est parvenu à se radicaliser plus encore sous la forme du courant appelé brutal death metal, représenté par des groupes tels que Suffocation aux Etats-Unis, Vader en Pologne ou Gurkkhas en France. Ces groupes incorporent à leur musique ce qu'ils appellent une dimension « harsh » qui signifie strident, rêche, rude, âpre, plus bourru encore que tout ce que le death metal a engendré jusqu'alors.
- 128 Dans son étude sur la scène death metal d'Akron (Ohio), Harris Berger note que les fans et les prat (...)
S'il est réduit à une certaine confidentialité, le death metal n'en est pas moins très populaire auprès d'une fraction de la jeunesse. Mais sa véritable victoire est d'être parvenu à se diversifier en empruntant de nouvelles directions128. Il a ainsi pu évoluer vers le melodic death metal, alternance de passages mélodieux, quelquefois proches de la musique classique et d'un death metal traditionnel. Très travaillé et lorgnant également quelquefois vers la musique progressive, ses chefs de file sont les suédois Dark Tranquility, Opeth, In Flames ou Anata et les finlandais Children of Bodom.
108Une autre tendance du death metal consiste à le croiser avec du thrash metal. Entendus dans leur acception la plus large, ces deux genres deviennent tout simplement du death-thrash. Le style réclame des musiciens dont les capacités techniques doivent permettre de suggérer des climats alternant harmonies vocales graves et aigues, rythmes tantôt enragés puis souples. En somme, une alliance complexe entre mélodie et agressivité. Il a suffi de deux albums pour que les canadiens Strapping Young Lad et leur mentor Devin Townsend définissent une démarche propre au genre, suivie par des formations telles que Scarve, No Return et Lyzanxia en France, Darkane, Soilwork et Arch Enemy en Suède.
L'electronic death metal constitue un autre courant qui, comme son nom l'indique, introduit des instruments et des sons électroniques dans sa musique. Il s'agit pour l'instant de la déclinaison la moins fréquentée et la plus originale du death metal. Parmi ses plus illustres représentants on compte les italiens Sadist, les finlandais Diablerie et les français Sup, dans une version aussi sombre et futuriste (cyber) qu'atmosphérique, ainsi que les australiens The Berzerker dans un registre techno hardcore à tendance industrielle.
Repères discographiques
Death Metal
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Death. 1987. Scream bloody gore. Combat. (é-u)
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Morbid Angel. 1989. Altar of madness. Earache, (é-u)
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Obituary. 1989. Slowly we rot. Roadrunner. (é-u)
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Bolt Thrower. 1989. Realm of chaos. Earache. (g-b)
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Benediction. 1990. Subconscious terror. Nuclear Blast. (g-b)
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Deicide. 1990. Deicide. Roadrunner. (é-u)
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Grave. 1990. Into the grave. Century Media. (sué)
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Agressor. 1990. Neverending destiny. Noise. (fra)
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Entombed. 1991. Left hand path. Earache. (suè)
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Dismember. 1991. Like an ever-flowing stream. Nuclear Blast. (suè)
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Unleashed. 1991. Where no life dwells. Century Media. (sué)
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Mercyless. 1992. Abject offerings. Vinyl Solution. (fra)
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No Return. 1992. Contamination rises. C.N.R. (fra)
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Crusher. 1993. Act II : undermine ! Semetery. (fra)
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Mortuary. 1998. Eradicate. Thunder Production. (fra)
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Nile. 2002. In their darkened shrines. Relapse. (é-u)
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Bloodbath. 2002. Resurrection through carnage. Century Media. (sué)
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Hate Eternal. 2002. King of all kings. Earache. (é-u)
Death Gore
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Cannibal Corpse.1990. Eaten back to life. Metal Blade. (é-u)
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Exhumed. 1993. Gorgasm. After World. (é-u)
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Depraved. 1999. Sexual depravity... and pleasure to suffer. Warpath. (fra)
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Yattering. 2000. Murder's concept. Season of Mist. (pol)
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Six Feet Under. 2001. True carnage. Metal Blade. (é-u)
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Gorelord. 2001. Force fed on human flesh. Housecore/Baphomet. (é-u)
Brutal Death Metal
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Suffocation.1991. Human waste. Relapse. (é-u)
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Vader. 1992. The ultimate incantation. Earache. (pol)
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Gurkkhas. 2002. A life of suffering. Morbid. (fra)
Melodic Death Metal
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Dark Tranquility.1993. Skydancer. Spinefarm. (suè)
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Dark Tranquility. 2002. Damage done. Century Media. (suè)
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Opeth. 1995. Orchid. Candlelight. (sue)
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Opeth. 2001. Blackwater park. Music For Nations. (suè)
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In Flames. 1995. The Jester race. Nuclear Blast. (suè)
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In Flames. 2002. Reroute to remain. Nuclear Blast. (suè)
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Children of Bodom. 1999. Hatebreeder. Nuclear Blast. (fin)
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Anata. 2001. Dreams of death and dismay. Season of Mist. (suè)
Death Thrash
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Strapping Young Lad. 1995. Heavy as a really heavy thing. Century Media. (can)
-
Strapping Young Lad. 1997. City. Century Media. (can)
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Scarve. 2002. Luminiferous. Listenable. (fra)
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No Return. 2002. Machinery. Kodiak. (fra)
-
Darkane. 2002. Expanding senses. Nuclear Blast. (suè)
-
Soilwork. 2002. Natural born chaos. Nuclear Blast. (suè)
-
Soilwork. 2003. Figure number five. Nuclear Blast. (suè)
-
Arch Enemy. 2002. The wages of sin. Century Media. (suè)
-
Lyzanxia. 2003. Mindcrimes. Wagram. (fra)
Electronic Death Metal
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Sup. 1997. Room Seven. Holy. (fra)
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Sadist. 1998. Crust. Displeased. (ita)
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Diablerie. 2001. Seraphyde. Avantgarde. (fin)
-
The Berzerker. 2002. Dissimulate. Earache. (aus)
Hardcore, Melodic Hardcore, Hardcore Old School, Metal Hardcore, Hardcore New School, Emocore, Chaotic Metal Hardcore, Brutal Metal Hardcore, Post Metal Hardcore
- 129 Rabasse, M. 2000. Hardcore. In Assayas, M. op. cit., p. 752.
- 130 Pour un historique extrêmement détaillé du mouvement hardcore, se reporter à Blush, S. American Har (...)
109Hardcore signifie à la fois noyau dur et inconditionnel. Il désigne une pornographie crue mais également un genre musical dont certains situent l'apparition dans le sud de la Californie, vers la fin de l'année 1977 avec la sortie du disque des Dils intitulé I hate the rich129. Mais ce sont surtout les disques des Germs et Fear que l'on peut considérer comme les éléments précurseurs du mouvement hardcore. Ils finalisent son architecture musicale reposant sur des titres courts et violents, joués sur un tempo extrêmement rapide. Le hardcore n'est rien d'autre qu'une forme de punk particulièrement radicalisée. Il est probablement plus vraisemblable de dater la naissance du mouvement hardcore en tant que tel, vers la fin 1980. Ses heures les plus glorieuses s'achèvent quant à elles en 1986130. Pendant cette période, le hardcore s'affirme en tant qu'un mouvement musical, social et politique, cristallisant la colère et le malaise d'une frange de la jeunesse américaine subissant de plein fouet la récession économique des années Reagan.
- 131 La vie du groupe est relatée dans la biographie qu'a publié Rollins. H. 1994. Get in the van. On th (...)
110Entre autres éléments constitutifs de ce mouvement, il faut également citer la tournée américaine des Sex Pistols, en janvier 1978, suivie de l'arrivée sur le marché américain des disques punks britanniques (Sham 69, Angelic Upstarts, etc.) qui finissent de marquer définitivement certains esprits. Parmi ceux-ci, Greg Ginn, fondateur du label SST(en 1978) et guitariste du groupe Black Flag basé à Los Angeles, les membres du groupe noir Mind Power (futur Bad Brains) et Jello Biafra, fondateur du label Alternative Tentacles (en 1981) et chanteur des Dead Kennedys. Les premiers enregistrements de Black Flag restent très proches de la musique des Sex Pistols. L'arrivée au micro d'Henry Rollins en 1981 donne une nouvelle dimension au groupe. Plus dur, plus vindicatif. Les membres les plus âgés du groupe lui transmettent les valeurs du stakhanovisme et de l'ascétisme. Ensemble, ils sillonnent sans relâche les Etats-Unis pour hurler leur dégoût de la société de consommation américaine131. Leur musique évolue progressivement vers le metal avant de glisser vers le free jazz en fin de carrière. Le groupe Bad Brains, dont le nom a déjà été évoqué dans ces pages pour l'influence qu'il a exercé sur le crossover, doit également être mentionné pour son rôle de pionnier du hardcore de la côte est des Etats-Unis (Washington), notamment pour un titre figurant sur leur premier 45 tours autoproduit : le furieux Pay to cum. A San Francisco, le très provocateur et virulent Jello Biafra, à la tête des Dead Kennedys, se positionne en tant que prolongateur de la musique des Sex Pistols, à laquelle il adjoint une très forte coloration politique et sociale. En adressant ouvertement ses diatribes à la religion, aux ligues de vertu, aux racistes de tous poils, aux hippies, aux médias, au système libéral (Ronald Reagan figure parmi ses têtes de turc favorites), aux élus locaux (il se présente aux élections municipales de San Francisco), etc., le groupe s'expose à une carrière chaotique émaillée de censure et de procès divers, ce qui ne l'empêche pourtant pas d'écumer les salles de concert américaines.
- 132 Rabasse, M. 2000. Hardcore. In Assayas, M. op. cit., p. 752.
« Nombre de jeunes américains en retiendront que n'importe qui peut fonder un groupe et un label et donner des concerts dans n'importe quelle ville de moyenne importance sans signer un contrat léonin avec une grosse compagnie. Autre enseignement : plus la musique est simple et rapide, mieux le message passe. Dès lors, ce sera l'explosion132. »
- 133 Voir à ce sujet le travail de Flouard, G. 2001. Le straight-edge : un mouvement musical à base ascé (...)
- 134 Il n'est pas rare que lan MacKaye interrompe un concert lorsqu'il juge que les comportements du pub (...)
- 135 Des fans du monde entier se rendent à Washington DC dans l'espoir d'y rencontrer les acteurs histor (...)
111Sur la côte est (Washington DC), le label Dischord (fondé en 1981) est le fer de lance du hardcore sous l'égide de lan MacKaye, leader des Teen Idles, Minor Threat, puis Fugazi. Avec Minor Threat, groupe d'une grande intensité (morceaux ne dépassant guère plus d'une minute, tempo extraordinairement élevé, mélodie inexistante, solos de guitares interdits, textes hurlés sur le thème des sans-abri, de la faillite du système éducatif américain, de la violence durant les concerts), il lance le mouvement straight edge (qui signifie littéralement « ligne ou tranchant strict »)133. Celui-ci impose une éthique résolument positive, des opinions politiques radicales teintées d'un moralisme vertueux, voire de puritanisme, puisqu'il exclut le sexe, la consommation d'alcool, de drogue et de viande de son mode vie, en même temps qu'il cherche à canaliser les emportements du public (slamdancing notamment) en concert134 Cette discipline dogmatique prend le contre-pied de la première vague punk, nihiliste et désabusée en prônant un certain nombre de valeurs comme le travail, l'énergie et l'enthousiasme. Elle est également une réaction virulente à l'indolence hippie. D'un point de vue professionnel, cette attitude se traduit par une quête d'indépendance absolue, le refus de toute compromission et une mise à distance des modèles établis par l'industrie du disque (pas de promotion ni de publicité, disques vendus à prix coûtant, tarifs des entrées aux concerts limités par le groupe lui-même, refus des interviews avec les grands magazines, etc.). Modèle d'intégrité, cette exigence éthique et artistique érige Minor Threat, lan MacKaye et son label Dischord à un statut qui fait encore aujourd'hui l'objet d'une dévotion particulière135. Gêné par cette vénération sectaire, MacKaye se dégage rapidement de Minor Threat pour fonder Fugazi, sur une ligne artistique moins rageuse, mais tout aussi indépendante.
- 136 Les Misfits sont en quelque sorte les Kiss du hardcore. Leur look gothico-rock'n'roll à base de maq (...)
- 137 Le groupe vient de Minneapolis dans le Minnesota, au centre nord des Etats-Unis. Il constitue donc (...)
112La scène hardcore se développe significativement à deux pôles opposés du territoire américain. A l'est, autour de Washington, sous l'égide de l'écurie Dischord et à New York avec des groupes comme les Misfits136, Agnostic Front, Cro-Mags (proches de l'esprit Oi !). A l'ouest avec le label Alternative Tentacles de San Francisco et à Los Angeles avec le label SST et un nouveau venu : Epitaph. Créé en 1982 par les membres du groupe Bad Religion, ce dernier propose un hardcore nettement plus mélodique, au message politique également engagé, plus subtil peut-être, mais surtout plus fun car imprégné de culture surf et skate-board. Il est intéressant de noter que sous une forme certes différente, la veine mélodique est également exploitée par le groupe Hüsker Dü137 qui la combine avec un hardcore rageur extrêmement saturé (il ouvre également la voie aux groupes noisy et grunge). Notons également que Boston voit émerger une scène hardcore particulièrement brutale avec des groupes comme SSD, Negative Approach ou encore Siege (précurseur du grindcore). Ces formations se positionnent en tant qu'une réaction au hardcore gentillet de la côte ouest (cf. la compilation This is Boston not L.A.).
- 138 « Etudiant dans les années 60, activiste et membre du Parti communiste, Yohannon envisage le hardco (...)
113Deux publications californiennes ont grandement contribué à l'émergence du hardcore. La première d'entre elles est le fanzine Flipside. Né en 1977, il accompagne le phénomène de radicalisation du punk américain vers le hardcore qu'il suit pendant 23 années. Son exemple crée rapidement des vocations à l'instar de celle de Maximum RockNRoll (MRR), qui dès 1982 devient le fanzine de référence du mouvement hardcore. Véritable encyclopédie à vocation internationale, cette publication très politisée138 a fait ou défait les réputations dans le milieu, jusqu'à la mort de Tim Yohannon, son rédacteur en chef, en 1998.
- 139 Le regard de Lou Koller, chanteur de Sick Of It All, sur la violence est le suivant : « Trop de gam (...)
Les années 90 voient se développer à New York une scène dite new school (par opposition au hardcore extrêmement violent et autoritaire, défini rétrospectivement comme old school, pratiqué par les groupes de la côte est des années 80) avec des formations comme Sick Of It All139, Madball (les membres de ces deux groupes sont d'anciens Agnostic Front), Youth Of Today, Gorilla Biscuits ou plus récemment Indecision.
- 140 On lira avec profit un excellent article concernant le groupe Shelter (comprenant d'anciens membres (...)
114Parallèlement, certains autres, comme Biohazard, Pro-Pain, Earth Crisis ou encore Merauder laissent libre court à leur penchant pour le metal et inventent le metal hardcore. La scène new yorkaise dans son ensemble est particulièrement impressionnante par sa propension au tatouage qu'elle semble avoir érigé en véritable dogme, mais aussi par l'impact important de la philosophie Krishna sur certains de ses membres140. Mais la vivacité de cette scène ne saurait faire oublier le caractère séminal du groupe californien Suicidal Tendencies qui est le premier à avoir intégré du thrash dans son hardcore particulièrement violent et contestataire.
115En France, bien que l'on puisse déceler des éléments hardcore dans l'album de Madhouse (1993), ce genre musical est pratiqué selon les règles de l'art dès la seconde moitié des années 90 par des groupes comme Stormcore ou Kickback dans un esprit très new-yorkais. Le hardcore metal est quant à lui plutôt pratiqué par des groupes comme Black Bomb A, Boost (avec des sonorités électroniques), l'Esprit du Clan ou Noxious Enjoyment. En 1998, la publication de la compilation : The nightmare remains... In this other land (« Le cauchemar continue... Dans cet autre pays ») par le label rennais Overcome Records, amorce sa propre carrière tout en favorisant celle d'une douzaine de groupes hardcore hexagonaux (Kickback, Underground Society, Right For Life, Drowning, Headway, Trapped In Life, Primal Age, Seekers Of The Truth, Hang Up, Stormcore, etc.).
116L'évolution actuelle du hardcore le conduit vers au moins quatre directions distinctes. La première d'entre elles est appelée emocore et regroupe entre autres, les américains At The Drive-In, les japonais Envy et les allemands Yage. Le mot emocore provient de l'association du préfixe « emo » (abréviation de l'adjectif emotion), et du suffixe « core ». Il renvoie à une musique émotionnelle s'appuyant sur une alternance d'ambiances tantôt furieuses, tantôt plus mélodiques et apaisées. En somme, le style repose sur l'orchestration d'une tension musicale oscillant entre intériorisation introspective et extériorisation libératoire.
117La seconde direction prise par le hardcore actuel tend à une déconstruction des conventions musicales habituellement en usage appelée chaotic metal hardcore. Mesures alambiquées, changements de rythmes soudains, passage d'un genre musical à l'autre (du death au doom en passant par le jazz par exemple), tout est réuni pour déstabiliser l'auditeur et l'empêcher de s'installer dans un groove. Il est évident que la pratique de ce type de musique nécessite impérativement des qualités techniques de premier ordre. Les spécialistes du genre sont les groupes américains Converge, Botch, Soilent Green et Dillinger Escape Plan, tandis que leurs pendants européens sont les suisses Knut et les français Ananda.
- 141 Riffs de guitares propres au hardcore. Très attendus par le public du fait de leur capacité à procu (...)
118La troisième direction est celle que l'on appelle brutal metal hardcore représentée par des groupes privilégiant l'agressivité et la puissance comme le font Inside Conflict et Drowning en France ou encore Arkangel en Belgique. D'autres groupes, tels les suisses Nostromo y incorporent également une très haute technicité instrumentale, doublée d'une réelle complexité d'écriture. Tous ont cependant en commun une architecture hardcore old school, violente et basique revisitant et articulant des éléments thrash, death, grind voire doom d'une brutalité extrême et fortement chargée d'angoisse. Si les parties musicales sont de ce fait très typées (alternance de mosh parts141 et de passages accélérés), les visuels de ces groupes le sont tout autant puisqu'ils perpétuent une certaine tradition faisant référence à une esthétique sombre et malsaine.
Des groupes tels que Breach en Suède, Isis et Will Haven aux Etats-Unis, explorent actuellement de nouveaux champs musicaux combinant les influences citées précédemment, en y ajoutant des tonalités post-rock, atmosphériques, voire psychédéliques extrêmement sombres, froides et oppressantes. Ces groupes, souvent inspirés par la démarche du groupe américain Neurosis forment en somme le premier bataillon du courant post metal hardcore.
Repères discographiques
Hardcore
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Oils. 1977.I hate the rich. What. (é-u)
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Bad Brains. 1977. Pay to cum – Stay close to me. [45 tours], (é-u)
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Germs. 1979. (GI). Slash. (é-u)
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Fear. 1979. The record. Slash. (é-u)
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Dead Kennedys. 1980. Fresh fruit for rotting vegetables. IRS. (é-u)
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Dead Kennedys. 1985. Frankenchrist. Alternative Tentacles. (é-u)
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Black Flag. 1981. Damaged. SST. (é-u)
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Black Flag. 1983. My war. SST. (é-u)
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Black Flag. 1985. In my head. SST. (é-u)
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This is Boston not LA. 1982. Modern Method. (é-u)
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Minor Threat. 1983. Out of step. Dischord. (é-u)
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Fugazi. 1990. Repeater. Dischord. (é-u)
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Rollins Band. 1990. Turned on. 1/4 Stick. (é-u)
Melodic Hardcore
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Bad Religion.1982. How could hell be any worse ? Epitaph. (é-u)
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Hüsker DO. 1984. Zen Arcade. SST. (é-u)
Hardcore Old School
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Misfits.1983. Earth A. D. Plan 9. (é-u)
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Negative Approach. 1983. Tied down. Touch and Go. (é-u)
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Agnostic Front. 1984. Victim in pain. Rat Cage. (é-u)
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Siege. 1984. Drop dead. [Démo]. (é-u)
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SSD. 1984. How we rock. Modern Method. (é-u)
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Cro-mags. 1986. The age of quarrel. Rock Hotel/Profile, (é-u)
Metal Hardcore
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Suicidal Tendencies.1988. How I will laugh tomorrow... Epic. (é-u)
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Biohazard. 1991. Urban discipline. Roadrunner. (é-u)
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Madhouse. 1993. Get the point ? Semetery. (fra)
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Pro-pain. 1994. The truth hurts. Roadrunner. (é-u)
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Stormcore. 1995. To the point. Hardside. (fra)
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Earth Crisis. 1996. Destroy the machine. Victory. (é-u)
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The nightmare remains... In this other land. 1998. Overcome. (fra)
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Kickback. 1999. Les 150 passions meurtrières. Hostile. (fra)
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Merauder. 2000. Five deadly venoms. Century Media. (é-u)
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Black Bomb A. 2001. Human Bomb. Sriracha. (fra)
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Boost. 2001. In difference. Sriracha. (fra)
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L'esprit Du Clan. 2002. Chapitre 1. Virgin. (fra)
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Noxious Enjoyment. 2002. Whore-king-class. M10. (fra)
Hardcore New School
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Sick Of It All.1994. Scratch the surface. Eastwest. (é-u)
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Madball. 1994. Set it off. Roadrunner. (é-u)
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Indecision. 2000. Release the cure. Overcome. (é-u)
Emocore
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At The Drive-In.2000. Relationship of command. Grand Royal. (é-u)
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Envy. 2000. The eyes of single eared prophet. H :G Fact. (jap)
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Yage. 2001. The human head too strong for itself. Purepainsugar. (all)
Chaotic Metal Hardcore
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Converge.1998. When forever comes crashing. Equal Vision. (é-u)
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Botch. 1999. We are the romans. Hydra Head. (é-u)
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Soilent Green. 1998. Sewn mouth secrets. Relapse. (é-u)
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Dillinger Escape Plan. 1999. Calculating infinity. Relapse. (é-u)
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Ananda. 2000. Profane. Overcome. (fra)
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Knut. 2002. Challenger. Chrome St. Magnus. (sui)
Brutal Metal Hardcore
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Inside Conflict.2000. Unearthed from wonderland. Overcome. (fra)
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Arkangel. 2000. Dead man walking. Good Life. (bel)
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Drowning. 2002. Age old nemesis. Bones Brigade. (fra)
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Nostromo. 2002. Ecce Lex. Overcome. (sui)
Post Metal Hardcore
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Breach.2000. Goldbox. Chrome Saint Magnus. (suè)
-
Breach. 2001. Kollapse. Burning Heart. (suè)
-
Will Haven. 2000. WHVN. Revelation. (é-u)
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Will Haven. 2001. Carpe Diem. Revelation. (é-u)
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Isis. 2000. Celestial. Hydra Head. (é-u)
-
Isis. 2002. Oceanic. Ipecac. (é-u)
Industrial, Industrial Metal, Techno-Electro Industrial Metal
- 142 Laufer, V. 2000. Kraftwerk. In Assayas, M. op. cit., p. 969.
- 143 Blum, B. 2000. Lou Reed. In Assayas, M. op. cit., p. 1546.
- 144 Documentaire Les nuits fauves du Punk de Christian Dreher et Rotraut Pape (1998). Diffusé sur Arte (...)
- 145 Bourseiller, C. 2000. Industrielle (Musique). In Assayas, M. op. cit., p. 834.
- 146 Laufer, V. 2000. Throbbing Gristle. In Assayas, M. op. cit., p. 1977.
119On reconnaît habituellement que la musique industrielle en tant que genre musical naît en 1977 (parallèlement à la musique punk) sous l'influence d'un petit groupe d'artistes plasticiens londoniens, improvisés musiciens, sous le nom de Throbbing Gristle. Ils sont alors fortement impressionnés par le groupe allemand Kraftwerk et l'album Metal Machine Music de Lou Reed. Les premiers inaugurent le concept d'industrielle Volksmusik (« musique populaire industrielle ») dont l'objet vise à « refléter avec une froideur objective le monde sidérurgique de la Ruhr142 ». Le second est une débauche de sons électroniques totalement insupportables, reflétant l'état de délabrement psychique et physique de Lou Reed, qui à travers ce disque exprime une situation personnelle particulièrement éprouvante (polytoxicomanie et rancoeur à l'égard de sa maison de disques notamment). Ce dernier incarne la face cachée du mythe américain : « rock'n'roll, homosexualité, marginalité, drogues, provocation extrême, scandale, décadence, pulsions suicidaires143 ». Le projet de la musique industrielle est parfaitement résumé par les propos d'Alan Vega, chanteur du groupe newyorkais Suicide : « La plupart des groupes cherchent à divertir les gens. Or ce n'était pas notre but à Marty [Martin Rev, claviériste] et à moi. C'était même l'inverse. Les gens devaient venir de la rue et découvrir quelque chose d'encore pire que la rue. Ça les a vraiment désemparés. On les a pas divertis, on leur a servi une tranche de vie144 ». Pour Genesis P. Orridge, leader de Throbbing Gristle et premier théoricien de la musique industrielle, les pratiquants de cette musique sont des « journalistes objectifs ; leur musique est l'exact reflet d'un monde en déclin dominé par la violence, la technologie et l'industrie. Les concerts de Throbbing Gristle plongent le spectateur dans un chaos sonore qui se veut une exacerbation réaliste du monde contemporain145 ». Du point de vue musical, leur démarche « consiste en un fatras de bourdonnements synthétiques, bandes enregistrées et sons aléatoires. Le sentiment d'oppression est renforcé par des paroles macabres que P-Orridge débite d'un ton volontairement monocorde146 ».
- 147 Cette même atmosphère favorise également l'essor d'une musique électronique froide et brutale, mais (...)
- 148 L'effet mur de guitare s'obtient en studio par un procédé de superposition des pistes de guitare.
120C'est dans ce climat que naissent, au cours des années 80, des formations comme les Swans (Etats-Unis), Foetus (Australie) ou les Young Gods (Suisse), dont l'influence est particulièrement déterminante pour les groupes de metal industriel qui vont suivre147. Si l'approche de la musique industrielle se veut à la fois iconoclaste par le discours et par ses expérimentations musicales avant-gardistes, le groupe Einstürzende Neubauten prouve qu'elle peut l'être également par l'utilisation d'« instruments » non-conventionnels (plaque de metal, marteau-piqueur, bétonneuse, etc.). Pourtant, le versant industriel de la musique metal s'appuie sur un format instrumental plus traditionnel. Des murs de guitare148 se mêlent à des machines (boîtes à rythmes, samplers et synthétiseurs) produisant des sons industriels ou des bruitages urbains dont la charge de violence est au moins équivalente à la dose d'angoisse qu'elle génère. Les voix sont distordues par nombre d'effets. Ce qui au final en fait une musique sérieuse dont les rythmes martiaux et répétitifs sont totalement dépourvus de finesse et de légèreté.
121Avec son troisième album The land of rape and honey, aux rythmes métronomiques glacés, dégagés de toute velléité mélodique, le groupe américain Ministry pose les bases du metal industriel : amplification hyperréaliste des excès d'une société en voie de déliquescence. Le genre se propage rapidement en Grande-Bretagne avec des groupes comme Godflesh, Pitch Shifter ou Scorn dépouillant le thrash et le death metal pour n'en garder que le volume et l'épaisseur qu'ils articulent avec le martèlement mécanique d'une boîte à rythmes. Dans le même temps, le groupe parisien Treponem Pal se positionne lui aussi comme un modèle du genre, suivi par les toulousains L'Amort et les marseillais Kill The Thrill. La première moitié des années 90 est particulièrement féconde pour le metal industriel. L'Autriche produit Fetish 69, l'Allemagne : Sielwolf, la Grande-Bretagne : Optimum Wound Profile, la Suède : Peace, Love and Pittbulls et les Etats-Unis : Schnitt Acht.
- 149 Mesmin, D., Assayas, M. 2000. Nine Inch Nails. In Assayas, M. op. cit., p. 1278. Dans le clip du ti (...)
122Dans le même temps, les Etats-Unis engendrent également Nine Inch Nails dont le premier disque « aura une importance historique dans le rock alternatif américain : pour la première fois, les ambiances et les thèmes de la musique industrielle (angoisse, haine, autodestruction, sadomasochisme) sont associés à des chansons courtes, accessibles, avec des accroches faciles et des éléments de mélodie. L'album se diffuse à travers le circuit des radios de campus, et le titre phare Head like a hole, est accompagné d'une vidéo fortement diffusée sur MTV dès 1991149 ».
123Dans ce sillage apparaissent deux déclinaisons du metal industriel américain. La première prend une orientation teintée de death et power metal avec Fear Factory. La seconde opte pour une dimension gothique avec Marilyn Manson. Le projet de ce dernier vise à incarner les pires cauchemars de l'american way of life en l'interrogeant de manière provocante sur ses multiples dérives (tueurs en série, violence sous toutes ses formes, mutilations, pornographie, etc.), sournoisement contenues sous une chape de moralisme puritain.
La musique industrielle cherche à proposer une réflexion sur la société à travers un effort conjoint axé d'une part, sur les thèmes développés dans les textes et d'autre part, sur les sonorités qu'elle utilise. Ce genre musical et ses avatars ont donc pour ambition d'être un acte de résistance contre l'aliénation des masses, le dogmatisme religieux et politique, le conformisme, sur le mode de la provocation.
124Aujourd'hui, le metal industriel continue d'être très pratiqué à l'instar de groupes tels que Filter aux Etats-Unis, Oomph ! en Allemagne, Punish Yourself en France. S'il propose une démarche artistique s'adressant à l'intellect – chose relativement rare dans le monde des musiques actuelles pour être souligné – le metal industriel cherche également à éveiller les corps en insufflant à sa musique une dimension dance floor (« piste de danse »), notamment au travers des « remix » de certains de leurs titres (Pitch Shifter, Fear Factory) ou des reprises de succès commerciaux (par exemple « Lay Lady Lay » de Bob Dylan par Ministry ou encore « Sweet dreams (are made of this) » d'Eurythmics par Marilyn Manson, « Radioactivity » de Kraftwerk par Treponem Pal). Mais cette dimension dansante se décline aussi par la fusion d'une musique électronique et techno avec le metal industriel (techno-electro industrial metal, quelquefois appelé cyber metal ou tanz metal) dont les allemands KMFDM sont probablement les précurseurs, suivis par leurs compatriotes Die Krupps (ayant réalisé un tribute à Metallica), In Extremo et Rammstein (ces derniers ont la particularité de chanter en allemand), les anglais Cubanate, l'américain Rob Zombie, les canadiens Front Line Assembly, les anglonéerlandais Nerve, les suédois Pain, les français No Place For Soul ou encore les norvégiens The Kovenant dont la démarche les éloigne du black metal qu'il pratiquaient initialement.
125Ces croisements donnent à penser que le monde de la musique industrielle est d'une dimension relativement réduite, au sein de laquelle on observe quantité d'interconnexions entre ses principaux acteurs. A titre d'exemples, Roli Mosiman des Swans produit les albums des Young Gods et mixe le premier album de Treponem Pal. Franz Treichler des Young Gods produit à son tour un album de Treponem Pal. Les chanteurs et guitaristes de ce dernier (respectivement Marco Neves et Michel Bassin) seront embauchés pendant une tournée avec Ministry. Al Jourgensen, guitariste-chanteur de Ministry et fondateur du label Wax Trax édite quant à lui les premiers maxis des Young Gods ainsi qu'une part importante de groupes de la mouvance industrielle. Beaucoup d'entre eux viendront enregistrer dans son mythique Trax Studio de Chicago. Trent Reznor de Nine Inch Nails, fondateur du label nothing, prend Marilyn Manson sous son aile, etc. Les tournées communes finissent fréquemment par des « bœufs » sur scène. Autant d'exemples illustrant le caractère quasi familial de ce genre musical qui tient aussi à la configuration des groupes, qui souvent se résument à un petit noyau de personnes (souvent deux, voire un) sur lesquels se greffent éventuellement un certain nombre de musiciens d'appoint.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Kraftwerk. 1974. Autobahn. EMI. (all)
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Lou Reed. 1975. Metal Machine Music. RCA. (é-u)
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Throbbing Gristle. 1977. Second annual report. Industrial. (g-b)
-
Suicide. 1977. Suicide. Red Star. (é-u)
-
Einstürzende Neubauten. 1981. Kollaps. Zick-Zack. (all)
-
Swans. 1983. Filth. Neutral. (é-u)
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Scraping Foetus Off the Wheel. 1984. Hole. Some Bizzare. (aus)
-
Young Gods. 1989. L'eau rouge. PIAS. (sui)
Industrial Metal
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Ministry.1988. The land of rape and honey. Sire. (é-u)
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Ministry. 1992. Psalm 69 : The way to succeed and the way to suck eggs. Sire. (é-u)
-
Godflesh. 1989. Streetcleaner. Earache. (g-b)
-
Treponem Pal. 1989. Treponem Pal. Roadracer. (fra)
-
Treponem Pal. 1991. Aggravation. Roadracer. (fra)
-
Nine Inch Nails. 1989. Pretty hate machine. TVT. (é-u)
-
Nine Inch Nails. 1994. The downward spiral. Nothing/Interscope/Atlantic. (é-u)
-
Pitch Shifter. 1991. Industrial.Peaceville.(g-b)
-
L'Amort. 1992. L'Amort. CdM/Phonodisc. (fra)
-
Scorn. 1992. Vae solis. Earache. (g-b)
-
Sielwolf. 1992. Sielwolf. Cashbeat. (all)
-
Fear Factory. 1993. Fear is the mindkiller. Roadrunner. (é-u)
-
Fetish 69. 1993. Antibody. Nuclear Blast. (aut)
-
Schnitt Acht. 1993. Slash & burn. Hyperium. (é-u)
-
Optimum Wound Profile. 1993. Silver or lead. Roadrunner. (g-b)
-
Peace, Love and Pitbulls. 1993. Peace, Love and Pitbulls. PIAS. (sué)
-
Marilyn Manson. 1994. Portrait of an american family. Nothing/Interscope. (é-u)
-
Marilyn Manson. 2000. Holy Wood (In the shadow of the valley of death).Nothing/Interscope, (é-u)
-
Kill The Thrill. 1994. Pit. WMD. (fra)
-
Oomph !. 1998. Unrein. Virgin. (all)
-
Punish Yourself. 1998. Feuer tanz system. E.L.P. !(fra)
-
Filter. 1999. Title of record. WEA. (é-u)
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Techno-Electro Industrial Metal
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KMFDM. 1990. Naive. Wax Trax. (all)
-
KMFDM. 1993. Angst. Roadrunner. (all)
-
Die Krupps. 1992. A tribute to Metallica. Uni/Hollywood. (all)
-
Die Krupps. 1993. II-The final option. Our Choice/Rough Trade. (all)
-
Cubanate. 1993. Antimatter. Dynamica. (g-b)
-
Rammstein. 1995. Herzeleid. Polygram. (all)
-
Rammstein. 2001. Mutter. Motor Music. (all)
-
Nerve. 1995. Blood & gold. PIAS. (g-b/p-b)
-
White Zombie. 1995. Astro-Creep 2000. Geffen. (é-u)
-
Front Line Assembly. 1997. Live wired. SPV. (can)
-
Rob Zombie. 1998. Hellbilly deluxe. Geffen. (é-u)
-
In Extremo. 2002. Sünder ohne zügel. Island. (all)
-
Pain. 2002. Nothing remains the same. Stockholm. (sué)
-
No Place For Soul. 2002. Full global racket. Enragés Productions. (fra)
-
The Kovenant. 2003. S.E.T.I. Nuclear Blast. (nor)
Power Metal Américain
- 150 J'adjoins ici l'adjectif « américain » à power metal pour bien le distinguer du power metal europée (...)
- 151 Sepultura vend 1,5 millions d'exemplaires de son disque Roots. Machine Head vend 200 000 exemplaire (...)
126Lorsque l'intérêt pour le speed metal et le thrash metal commence à décliner à la fin des années 80, les genres sont conduits à évoluer et se renouvellent sous la forme de ce que l'on appelle power metal (à entendre au sens de « metal puissant ») américain150, sous l'égide de groupes comme Pantera, Machine Head ou encore Sepultura. Le tempo s'est ralenti et alourdi tout en conservant la puissance des genres qui l'ont précédé, auxquels s'additionnent des évolutions considérables en matière de prise de son et de mixage, donnant aux enregistrements une épaisseur nouvelle. Violence et vitesse sont davantage maîtrisées et alternent avec des passages plus calmes. De même, si les vocaux sont en grande partie hurlés, ils peuvent révéler des chanteurs étonnants, présentant de réelles capacités à la mélodie vocale tels Phil Anselmo de Pantera ou Robb Flynn de Machine Head. Si ce constat ne vaut pas entièrement pour Sepultura, le groupe présente néanmoins la particularité fort intéressante, de chercher à intégrer des instruments traditionnels de la culture folklorique brésilienne à leur musique, allant même jusqu'à s'associer avec des indiens d'Amazonie ou encore avec le chanteur Carlinhos Brown. Il est également important de noter que les textes de cette formation sont ouvertement politiques et dénoncent notamment le contexte social du Brésil contemporain, ce qui les rapproche de leurs compatriotes Overdose. Le potentiel commercial de ce genre musical est énorme pendantla première moitié des années 90151, mais ne profite pas réellement aux prétendants européens tels que les belges Channel Zero ou les français Hoax. S'il accuse une baisse de régime dans la seconde moitié des années 90, le genre reste toujours pratiqué, notamment en France, avec des groupes comme Artsonic, Hertz & Silence et Dagoba ou Raging Speedhorn en Grande-Bretagne qui y intègre des éléments hardcore. C'est d'ailleurs sous le signe de la combinaison des genres que le power metal semble évoluer aujourd'hui, à supposer que le premier album de Superjoint Ritual (nouveau groupe de Phil Anselmo) soit un disque étalon, puisqu'il croise power, thrash, death metal, stoner rock et hardcore.
Repères discographiques
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Pantera. 1990. Cowboys from hell. Atlantic, (é-u)
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Pantera. 1992. Vulgar display of power. Atlantic. (é-u)
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Pantera. 1994. Far beyond driven. Atlantic. (é-u)
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Sepultura. 1993. Chaos A. D. Roadrunner. (bré)
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Sepultura. 1996. Roots. Roadrunner. (bré)
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Machine Head. 1994. Burn my eyes. Roadrunner. (é-u)
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Overdose. 1994. Progress of decadence. Remark. (bré)
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Channel Zero. 1995. Unsafe. PIAS. (bel)
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Hoax. 1995. Brainstorm at dawn. Abatrash. (fra)
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Artsonic. 2001. Fashion victim. WEA. (fra)
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Hertz & Silence. 2001. Bio]un[logical. Next Music. (fra)
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Raging Speedhorn. 2002. We will be dead tomorrow. Steamhammer. (g-b)
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Superjoint Ritual. 2002. Use once and destroy. Metal-ls. (é-u)
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Dagoba. 2003. Dagoba. Enternote. (fra)
Gothic Rock, Gothic Metal, Gothic Pop Metal
- 152 Ce terme fait référence à l'endroit ou le héros de bande dessinée Batman remise son véhicule. En ou (...)
- 153 Pour un historique du genre et de ses activités, on peut se reporter au documentaire Goth Story de (...)
- 154 Benetollo, A., Le Goff, Y. Historique du rock. In Gourdon, A.-M. sous la dir. 1994. Le rock. Aspect (...)
- 155 Autant sur scène que dans le public, les concerts de musique gothique ne sont jamais traversés d'un (...)
127Le rock gothique est un genre musical de l'ère post-punk. Il résulte d'un croisement entre musiques punk, new wave, cold wave et batcave152. Les britanniques Siouxsie and the Banshees, The Cure, Killing Joke et Joy Division en sont les précurseurs principaux153. Dans une certaine mesure, on peut également citer Depeche Mode pour ce qui relève de son côté pop. Anticonformistes et apolitiques, ces groupes se définissent par la production d'une musique glaciale, pesante, aux climats désolés, déclinée sur un rythme sec et répétitif, dépourvue d'artifices mais introduisant déjà des sons électroniques. Leurs textes sont particulièrement morbides et traitent de thèmes comme le sentiment de distance au monde, la dépression, la solitude, la folie, la mortet l'autodestruction sur fond de nihilisme. Pour Anne Benetollo, « plutôt que de hurler sa haine au monde, le fan de new wave se replie sur lui-même et sur son désespoir, adoptant une attitude froide et détachée154 ». S'ils sont effectivement plutôt contemplatifs et économes de leurs mouvements155, les amateurs et pratiquants de cette musique ne présentent pas pour autant un profil de dépressifs chroniques. Simplement, ils semblent exprimer un intérêt romantique pour la dimension sombre de la vie.
- 156 Jerrentrup, A. 2000. op. cit., p. 29-33.
128Depuis toujours, le genre est aussi théâtral qu'excentrique. Raison pour laquelle la paternité du genre est souvent attribuée à Alice Cooper. Le rock gothique s'appuie sur une véritable sophistication vestimentaire et corporelle visant à esthétiser la mort. Ses attributs principaux sont les vêtements noirs (vinyle, cuir, latex, velours), les bijoux étranges, les cheveux hérissés (spike hair) ou crêpés (comme Robert Smith, chanteur de Cure), les tatouages, les piercings, la mine sombre et quelquefois des maquillages conférant une allure inquiétante. Ce raffinement macabre, très travaillé, fait probablement des « gothiques » les plus élégants des amateurs et pratiquants de musique156.
- 157 L'expressionnisme est une forme d'art qui s'est surtout manifestée au début du 20ème siècle dans le (...)
- 158 Parmi d'autres, on peut citer Rice, A. 1976. Entretien avec un vampire. Paris : Presses Pocket, col (...)
129Le terme gothique fait référence au Moyen-Age et à des formes architecturales particulières ou l'emporte un foisonnement décoratif rappelant souvent des figures angoissantes, fascinant les amateurs du genre. Ces derniers prisent particulièrement les cathédrales et leurs gargouilles, les cimetières anciens, les cryptes et le monde du dessous telles les catacombes parisiennes. Le mouvement gothique vise à rapprocher des formes artistiques ou se mêlent atmosphères fantastiques et noirceur romanesque dans le plus pur esprit expressionniste157. D'un point de vue littéraire, les centres d'intérêts majeurs se portent sur les oeuvres d'auteurs comme H. P. Lovecraft, Edgar Allan Poe ou Anne Rice158. Rien d'étonnant que les films de prédilection du genre soient des oeuvres telles que Nosferatu de Murnau (1922) ou Werner Herzog (1979), Gothic de Ken Russel (1986), Dracula de Francis Coppola (1992), Entretien avec un vampire de Neil Jordan (1995) ou encore Sleepy Hollow de Tim Burton (2000).
- 159 Assayas, M. 2000. Christian Death. In Assayas, M. op. cit., p. 325.
130Les spécialistes s'accordent à reconnaître que le titre « Bela Lugosi's dead » (1979) du groupe anglais Bauhaus constitue l'élément fondateur du mouvement gothique. Le groupe le plus théâtral du genre est probablement Christian Death. Ses premiers disques sont publiés sur un label français au nom évocateur : L'invitation au suicide. A travers ses textes, le chanteur Valor Kand, s'acharne contre la religion chrétienne, ce qui le rapproche de la démarche des groupes black metal. Mettant ses paroles en acte, il se présente sur scène ligoté à une croix ou simule la fornication avec une statue représentant la Vierge Marie, ce qui lui vaudra notamment quelques ennuis avec la censure américaine159. Le groupe batcave Alien Sex Fiend, dont les prestations scéniques sont elles aussi particulièrement dévastatrices, est également une figure emblématique du mouvement gothique. Dans la première moitié des années 80, le gothic rock s'est essentiellement développé en Europe sous la tutelle de deux types de formations britanniques. Les premières, telles The Sisters of Mercy et Fields of the Nephilim mettent en avant des chanteurs à la voix de baryton exceptionnellement graves qu'appuient des rythmiques sépulcrales. Les secondes, certes sombres, présentent des aspects plus glamour et plus flamboyants, à l'image des premiers albums de The Cult ou The Mission. En perte de vitesse à la fin des années 80, le gothic rock a été largement relancé par la scène allemande, notamment au travers de groupes phares tels Das Ich ou Love Like Blood. Ces formations prendront d'ailleurs ponctuellement des orientations metal. La première en réalisant un album avec le groupe death metal Atrocity. La seconde, en s'adjoignant les services du producteur PeeWee Coleman, réputé pour ses travaux avec des groupes tels que Venom, AC/DC, Napalm Death ou encore Paradise Lost. Si la théâtralité du genre est certainement redevable à la démarche artistique d'Alice Cooper, ce dernier a également dessiné en filigrane la lente mutation du rock gothique vers des sonorités metal.
- 160 Rage, no 12, 1995, p. 49.
131Au début des années 90, le titre « Loving the dead » du groupe new-yorkais Type O Negative est vraisemblablement le premier hit de metal gothique. La filiation avec l'esprit gothique est incontestable. Comme le dit Peter Steele, « notre inspiration vient de bien plus loin que de simples anecdotes de tournée, ou de brèves rencontres, elle vient des moments réellement importants de la vie : la perte d'un être cher, une histoire d'amour qui se termine tragiquement. En fait, de tout ce qui t'affecte plus qu'une douleur passagère160 ». Cette disposition d'esprit est servie par une musique dépressive à base de gros riffs de guitares relativement proches du Black Sabbath des débuts, si ce n'est que des nappes d'orgue délayent une atmosphère dramatique et qu'une voix caverneuse déclame ses textes sur le ton de la tragédie. Dès la seconde moitié des années 90, avec l'album Irreligious, le groupe portugais Moonspell s'impose comme le grand rival européen de Type O Negative, avant de le détrôner définitivement lorsque ce dernier devient longuement mutique à la fin du siècle dernier. Dans le même temps, quelques formations tentent elles aussi de se faire une place sur le territoire gothique. Les suédois Misery Loves Co réalisent un habile mélange de metal industriel et de sonorités gothiques en utilisant deux chanteurs, respectivement dévolus à un registre particulier, tandis que le groupe français Cut The Navel String propose un metal gothique aussi alambiqué que torturé. Tentatives éphémères cependant, rapidement supplantées par un ensemble de groupes plus prospères tels que les suédois Katatonia et Mist Of Avalon, les finlandais The 69 Eyes, les autrichiens Jack Frost, les allemands Eisheilig, les hongrois Without Face ou encore les britanniques My Dying Bride, qui après avoir évolué dans le doom death pendant la première partie de leur carrière, opèrent désormais dans un registre gothique très prononcé.
L'influence de Depeche Mode dans le milieu gothique est un élément ayant remarquablement contribué à conférer une dimension plus dansante et plus pop au metal gothique. Conduit par Paradise Lost, opérant une véritable mutation musicale depuis 1997, ce courant est aujourd'hui également représenté par des formations telles que To/Die/For en Finlande, Danse Macabre en Allemagne ou Morbid Death au Portugal.
- 161 Ansgar Jerrentrup note que si les codes vestimentaires sont facilement identifiables dans le milieu (...)
- 162 Carnets Noirs. 2003. op. cit. L'Acte 2 des Carnets Noirs, à paraître à l'automne 2003, sera dédié à (...)
- 163 L'hebdomadaire féminin Elle a récemment consacré un dossier à cette mode. Voir le no 2974 du 30 déc (...)
132Le mouvement gothique a connu un véritable âge d'or dans la seconde moitié des années 80 avant de décliner progressivement pendant quelques années, pour refaire surface vers le milieu des années 90. En France, le monde gothique dispose d'une autonomie qu'il partage avec le monde de la musique industrielle161 dont il est très proche : deux titres de presse que sont Elegy et D-Side, un fanzinat actif (Internet ou format papier), des boutiques spécialisées et des organisateurs de soirées gothiques dans beaucoup de grandes villes, sans oublier la parution récente d'un livre de référence sur le sujet162. Cette souveraineté nouvelle n'est probablement pas étrangère au développement commercial que connaît le genre depuis quelques années. Le succès planétaire de figures emblématiques telles que Marilyn Manson ou Cradle of Filth ont incontestablement contribué à établir le look gothique en tant que mode vestimentaire163. Que les premiers officient dans un domaine musical plutôt industriel et les seconds dans un registre black metal symphonique a renforcé leur valeur polémique en nourrissant un certain nombre de réflexions internes renvoyant aux critères d'appartenance des musiques gothiques. Chacun est bien entendu libre de les y associer ou non. Mais cela confirme singulièrement que les critères proprement musicaux ne déterminent pas exclusivement de l'appartenance d'une formation à un genre musical. D'où la nécessité d'élargir ces critères à des caractéristiques historiques, sociales ou plus prosaïquement, vestimentaires.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Alice Cooper. 1972. School's out. Warner. (é-u)
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Siouxsie And The Banshees. 1977. The scream. Polydor. (g-b)
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The Cure. 1979. Three imaginary boys. Fiction. (g-b)
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Killing Joke. 1980. Killing Joke. Malicious Damage. (g-b)
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Killing Joke. 1990. Extremities, dirt and various repressed emotions. AGR-Noise. (g-b)
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Joy Division. 1980. Closer. Factory. (g-b)
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Bauhaus. 1980. In the flat field. 4AD-Beggars Banquet. (g-b)
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Christian Death. 1983. Deathwish. L'invitation au suicide. (é-u)
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Alien Sex Fiend. 1983. Who's been sleeping in my brain ? Cherry Red. (g-b)
Gothic rock
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The Sisters of Mercy. 1985. First and last and always. WEA. (g-b)
-
The Cult. 1985. Love. Virgin. (g-b)
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The Mission. 1986. God's own medicine. Mercury. (g-b)
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Fields Of The Nephilim. 1988. The nephilim. Situation Two. (g-b)
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Das Ich. 1991. Die propheten. Danse Macabre. (all)
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Love Like Blood. 1992. An irony of fate. Rebel Rec. (all)
Gothic Metal
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Type O Negative. 1991. Slow, deep and hard. Roadrunner. (é-u)
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Type O Negative. 1993. Bloody kisses. Roadrunner. (é-u)
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Type O Negative. 1996. October rust. Roadrunner. (é-u)
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Type O Negative. 1999. World coming down. Roadrunner. (é-u)
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Atrocity/das Ich. 1995. Die liebe. Danse Macabre. (all)
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Love Like Blood. 1995. Exposure. Rebel Rec. (all)
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Misery Loves Co. 1995. Misery Loves Company. Earache. (sué)
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Cut The Navel String. 1995. Takis. Roadrunner. (fra)
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My Dying Bride. 1995. The angel land the dark river. Peaceville. (g-b)
-
My Dying Bride. 1998. 34.788 %... Complete. Peaceville. (g-b)
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Moonspell. 1996. Irreligious. Century Media (por)
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Moonspell. 1998. Sin/Pecado. Century Media (por)
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Moonspell. 2001. Darkness and hope. Century Media (por)
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κατατοNiα. 1997. Discouraged ones. Avantgarde Music. (suè)
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κατατοNiα. 2000. Tonight's decision.Peaceville.(suè)
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κατατοNiα. 2003. Viva emptiness.Peaceville.(suè)
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The 69 Eyes. 1999. Wasting the dawn. Roadrunner. (fin)
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The 69 Eyes. 2000. Blessed be. Roadrunner. (fin)
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Mist Of Avalon. 2000. Here and after. M&A Music Art. (suè)
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Eisheilig. 2001. Eisheilig. SPV. (all)
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Jack Frost. 2002. Self abusing uglysex ungod. Wait and Bleed. (aut)
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Without Face. 2002. Astronomicon. Earache. (hon)
Gothic Pop Metal
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Paradise Lost.1997. One second. Music For Nations. (g-b)
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Paradise Lost. 2002. Symbol of life. BMG. (g-b)
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To/die/for. 2001. Epilogue. Nuclear Blast. (fin)
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Danse Macabre. 2001. Eva. Hammerheart. (all)
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Morbid Death. 2002. Secrets. Recital Productions. (por)
Sludge
133Utilisant une structure rythmique à la croisée du stoner rock et du doom (favorisant notamment une tonalité très basse dans l'accordage), sur laquelle se pose une voix grave hurlée, sinon aboyée, entre hardcore et thrash metal, le sludge est né en Louisiane et plus précisément à la Nouvelle-Orléansau début des années 90. Le terme est synonyme de boue, de fange et de vase. Il désigne une musique évoquant l'ambiance glauque et moite du bayou. Il renvoie l'image des méandres des lacs ou des bras morts du delta du Mississipi. Puissant, cru, répétitif, particulièrement sombre et tourmenté, il émane incontestablement du sludge l'idée de souffrance, d'angoisse et de dépression dans un climat oppressant. C'est ce qu'indiquent explicitement certains titres d'albums : In the name of suffering (« Au nom de la souffrance »), Take as needed for pain (« Prendre ce qu'il faut pour la douleur »), Confederacy of ruined lives (« La confédération des vies ruinées ») du groupe Eyehategod, ou de morceaux comme Shoot me (« Abattez-moi »), Fed up (« Ras le bol »), I hate the human race (« Je hais la race humaine ») du groupe Grief, caractéristiques de l'état d'esprit sludge. Textes par ailleurs souvent illustrés par des pochettes de disques présentant des corps difformes et mutilés, des prothèses, des victimes de meurtres sanglants, des paysages de désolation, etc. En résumé, plutôt Thanatos et les pulsions de mort que Eros et les pulsions de vie.
- 164 Sifflement provoqué par des oscillations parasites au sein de la chaîne électroacoustique. Il est p (...)
134Le projet des formations sludge est double. Il vise d'une part à suggérer un sentiment de peur et de malaise au travers d'images et de thématiques morbides. D'autre part, il cherche à infliger à ses auditeurs un châtiment sonore soutenu par une orchestration musicale oppressante et saturée, truffée de longues périodes de larsens164 menaçants, qui constituent une caractéristique remarquable du genre. Métaphoriquement, on pourrait rapprocher la musique sludge de la première partie du film Irréversible de Gaspard Noé (2002) et notamment de certains passages les plus violents comme celui ou l'on voit Albert Dupontel asséner une série de coups d'extincteurs au visage de sa victime.
- 165 La formation s'est pleinement révélée au public (européen notamment) lors de la parution d'un album (...)
135Les précurseurs du sludge sont les groupes américains Eyehategod et Grief. Même s'il a été plus discret, il faut également compter Toadliquor165 dans ce peloton de tête. Iron Monkey représente leur pendant britannique tandis que Green Machine en constitue la réponse japonaise. Si le genre reste relativement confidentiel, il ne cesse de faire des émules en révélant régulièrement de nouvelles formations d'une rugosité constamment démultipliée : Cavity, Molehill, Soulpreacher, Khanate, Beaten Back To Pure, Leechmilk, Sourvein ou encore Bongzilla aux Etats-Unis. Mistress et Charger en Grande-Bretagne, Dot [-] au Japon, Fleshpress en Finlande et plus récemment Malasangre en Italie et Bastard King en Allemagne.
Repères discographiques
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Eyehategod. 1992. In the name of suffering. Century Media. (é-u)
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Eyehategod. 1993. Take as needed for pain. Century Media. (é-u)
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Eyehategod. 1996. Dopesick. Century Media. (é-u)
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Eyehategod. 2000. Confederacy of ruined lives. Century Media. (é-u)
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Grief. 1993. Dismal. Common Cause. (é-u)
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Grief. 1998. Torso. Theologian. (é-u)
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Grief. 2000....And man will become hunted. Pessimiser. (é-u)
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Toadliquor. 1993. Toadliquor. Soledad. (é-u)
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Cavity. 1996. Somewhere between the train station... Rhetoric. (é-u)
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Green Machine. 1997. D.A.M.N. Man's Ruin. (jap)
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Iron Monkey. 1998. Iron Monkey. Earache. (g-b)
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Iron Monkey. 1999. Our problem. Earache. (g-b)
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Molehill. 2000. Comfort measured in razor lines. Rages of Achilles. (é-u)
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Soulpreacher. 2001. When the black sunn rises...the holy men burn. Game Two. (é-u)
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Khanate. 2001. Khanate. Southern Lord. (é-u)
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Fleshpress. 2002. Fleshpress. Kult of Nihilow. (fin)
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Mistress. 2002. Mistress. Rages of Achilles. (g-b)
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Beaten Back To Pure. 2002. Southern apocalypse. Retribute. (é-u)
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Malasangre. 2002. A bad trip to... Red Sun. (ita)
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Sourvein. 2002. Will to mangle. Southern Lord. (é-u)
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Bongzilla. 2002. Gateway. Relapse. (é-u)
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Dot [-]. 2003. Stay smoke, stay stone. Kult of Nihilow. (jap)
Stoner Rock, Post Stoner Rock
136La dénomination stoner rock est une terminologie désignant un genre musical redevable d'un croisement d'influences des premiers groupes de hard rock à tendance heavy metal et psychédélique de la fin des années 60 et du début des années 70. Black Sabbath, Led Zeppelin, Deep Purple et Pink Floyd en sont probablement les représentants les plus illustres, sans oublier des formations telles que Grand Funk Railroad, Hawkwind, Cream et Blue Cheer.
Il faut remonter à la seconde moitié des années 90, pour situer l'apparition du terme stoner notamment après la sortie, d'une compilation intitulée : Burn One Up ! Music for stoners, publiée en 1997. Quant à sa signification, plusieurs hypothèses sont envisageables. Stoner est-il un terme qui renvoie à Stone Age, l'âge de pierre, eu égard aux looks des individus que l'on désigne ainsi ? Fait-il référence à stoned drunk qui signifie être ivre ou alors à stoned on drugs qui signifie être déchiré, raide ? A-t-il pour origine l'idée de stone-deaf qui signifie être complètement sourd, en regard de la puissance sonore dégagée par les groupes qui évoluent dans ce style musical ? Ou relèverait-il plus prosaïquement d'une banale exploitation commerciale d'un label qui a ressenti le besoin d'attribuer un nom à cette musique pour la rendre plus facilement identifiable ?
137Quoiqu'il en soit, ce que l'on appelle aujourd'hui stoner rock prolonge un héritage musical tombé en désuétude dès après l'explosion « punk » en 1977. Si ce type de musique n'a cependant jamais réellement cessé d'être pratiqué dans un registre voisin appelé « doom » au cours des années 80, il faudra attendre le début des années 90 et le retour des groupes à guitares avec la vague grunge pour que des groupes comme Monster Magnet, Kyuss, Sleep, et The Obsessed (Etats-Unis) parviennent à imposer leur style.
Leurs musiques s'inscrivent dans le droit fil de leurs illustres prédécesseurs. Ces pionniers ont frayé le chemin à quantité de groupes à travers le monde : Spirit Caravan, Nebula, Unida et Solace pour les plus influents d'entre eux aux Etats-Unis. Spiritual Beggars, Lowrider, Twin Earth en Suède. Orange Goblin, en Grande-Bretagne. That's All Folks en Italie. Natas en Argentine. Viaje A 800 et Fooz en Espagne. Cam, Low Vibes et Blackstone en France. Si le genre s'est surtout développé sous les efforts de labels spécialisés très importants comme Man's Ruin aux Etats-Unis et Rise Above en Angleterre, il a également donné lieu à une explosion de labels de tailles variées, quasi exclusivement dédiés au style : Meteorcity et Underdogma aux USA, Beard Of Stars en Italie, People Like You en Allemagne, Alone Records en Espagne ou encore Water Dragon en France.
- 166 Par « vintage » il faut entendre l'idée d'un grand cru ou d'un modèle antérieur réputé pour son exc (...)
138Musicalement, il s'agit avant tout de croiser les schémas rythmiques des groupes de référence. Cela se traduit par des tempi relativement lents, s'appuyant sur des guitares sous-accordées de plusieurs tons, permettant de donner à l'ensemble, la tonalité la plus grave et la plus lourde possible. Techniquement, l'hommage appuyé aux pères fondateurs est magnifié par les avancées technologiques des studios d'enregistrement et la compétence de certains ingénieurs du son qui permettent aux groupes « stoner » d'obtenir des sons d'une épaisseur inégalée jusqu'alors. Matériellement, il s'agit d'utiliser strictement, dans la mesure du possible, des instruments et une chaîne d'amplification « vintage166 » à l'instar des groupes de cette époque. Certains musiciens poussent la logique jusqu'à des sommets d'exigence en s'équipant de jacks recouverts de tissu de la glorieuse époque. Visuellement, on peut supposer que ce monde exploite les thèmes déclinés par les groupes d'alors. Si certains musiciens arborent quelquefois une pilosité débridée avec les cheveux longs, des rouflaquettes et la barbe, il n'est pourtant pas impossible qu'ils se présentent avec les cheveux rasés. Il en va de même pour ce qui concerne l'habillement. Alors que l'on pourrait penser que le monde du stoner rock est plutôt redevable de certains symboles vestimentaires de la fin des années 60 et du début des années 70 : pantalons à pattes d'éléphant, vestes en cuir, motifs floraux ou psychédéliques, etc., on observe plutôt, lors de la fréquentation des concerts, l'absence de règles tranchées en ce domaine. Si bien qu'un amateur de stoner rock reste de prime abord, difficilement identifiable par l'image qu'il donne de lui. Ou encore, qu'il ne se distingue, a priori, en rien d'un amateur de metal ou de hard rock classique, hormis par le nom de groupe qu'il arbore sur son t-shirt.
139Dans ses grandes lignes, l'imagerie stoner vise à symboliser un monde qui se composerait à la fois d'onirisme, d'érotisme, d'hédonisme et d'ésotérisme. Autrement dit, un monde libre et enchanté, dépourvu de contraintes, en décalage avec la réalité, sans réelle portée politique directe.
- 167 Pour un complément d'informations concernant ces genres musicaux, on peut se reporter à Hein, F. 20 (...)
Le genre se prolonge actuellement sous la forme de ce que l'on pourrait appeler post-stoner avec des groupes comme les américains Queens Of The Stone Age, Wellwater Conspiracy, les néerlandais Beaver ou les français Loading Data. Issus pour la plupart de groupes stoner, ces musiciens produisent une musique se caractérisant par des influences stoner auxquelles se mêlent des éléments provenant de la pop, du rock, du punk rock et du jazz d'une part, et par des tentatives expérimentales novatrices moins clairement identifiables d'autre part. Ces expérimentations se concrétisent également quelquefois sous la forme de réunions de musiciens provenant de groupes différents. Elles ont été initiées au studio Rancho de la Luna dans le désert californien près de Palm Springs sous le nom de The Desert Sessions. La scène stoner suédoise, très active, s'est à son tour emparée de l'idée sous le nom de Greenleaf avant qu'un conglomérat de musiciens italiens ne s'associe dans une démarche identique, sous le nom de Colt. Thirtyeight167.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Blue Cheer. 1968. Vincebus Eruptum. Philips. (é-u)
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Cream. 1968. Wheels of fire. Polydor. (g-b)
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Grand Funk Railroad. 1969. On time. Capitol. (é-u)
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Led Zeppelin. 1969. Led Zeppelin. Atlantic/WEA. (g-b)
-
Black Sabbath. 1970. Black Sabbath. Vertigo. (g-b)
-
Deep Purple. 1970. Deep Purple in rock. EMI. (g-b)
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Hawkwind. 1971. In search of space. United Artists. (g-b)
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Pink Floyd. 1971. Meddle. EMI. (g-b)
Stoner Rock
-
Kyuss.1992. Blues for the red sun. Dali. (é-u)
-
Monster Magnet.1992. Spine of God. Caroline. (é-u)
-
Sleep. 1992. Sleep's holy mountain. Earache. (é-u)
-
The Obsessed. 1994. The church within. Columbia. (é-u)
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Burn One Up. 1997. Music for stoners. Roadrunner. (international)
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Spiritual Beggars. 1998. Mantra III. Music For Nations. (sué)
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Nebula. 1999. To the center. Sub Pop. (é-u)
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Spirit Caravan. 1999. Jug fulla sun. Tolotta. (é-u)
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Unida. 1999. Coping with the urban coyote. Man's Ruin. (é-u)
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Natas. 1999. Ciudad de brahman. Man's Ruin. (arg)
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Lowrider. 2000. Ode to io. Meteorcity. (suè)
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Solace. 2000. Further. Meteorcity. (é-u)
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Twin Earth. 2000. Black stars in a silver sky. Beard Of Stars, (sué)
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Carn. 2000. Good timin'... Wrong place. Supanatural Rock Records. (fra)
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Viaje A 800. 2001. Diablo roto dë... Alone/Custom Fleavy. (esp)
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Low Vibes. 2001. Psychic travel. Water Dragon. (fra)
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Blackstone. 2002. The high country. XIII Bis. (fra)
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Orange Goblin. 2002. Coup de grace. Rise Above. (g-b)
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That's All Folks ! 2002. Psyche as one of the fine arts. Beard Of Stars. (ita)
Post Stoner
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The Desert Sessions.1997. Volume I. Volume II. Man's Ruin. (é-u)
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Wellwater Conspiracy. 1999. Brotherhood of electric. Time Bomb. (é-u)
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Queens Of The Stone Age. 2000. R. Interscope. (é-u)
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Queens Of The Stone Age. 2002. Songs for the deaf. Interscope. (é-u)
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Greenleaf. 2000. Greenleaf. Molten Universe. (suè)
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Loading Data. 2001. Frenchman, Nevada.Kokopelli.(fra)
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Beaver. 2001. Mobile. Man's Ruin. (g-b)
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Colt. Thirtyeight. 2002. Colt. Thirtyeight. V. E. (ita)
Dark Atmospheric Metal, Atmospheric Metal, Gothic Atmospheric Metal
- 168 On peut également citer en référence le précurseur de la musique ambiante Terry Riley, déjà évoqué (...)
140Le terme atmosphérique recouvre une dimension de la musique cherchant avant tout à distiller un climat aérien, cristallin et éthéré. Intégré au metal, il en figure un pan particulièrement apaisé, puisant son inspiration dans les oeuvres pionnières des britanniques Cocteau Twins, des australiens Dead Can Dance ou encore de la canadienne Loreena McKennit168On peut distinguer trois courants du metal à tendance atmosphérique. Leurs points communs sont de proposer des titres longs de plus de cinq minutes, des rythmes lents à très lents, souvent répétitifs, voire monotones. Ces genres comptent probablement la présence féminine la plus importante dans le metal. Essentiellement localisée au niveau vocal, cette présence féminine se traduit le plus souvent par un chant cristallin et lyrique (heavenly voices) sur un mode parlé, voire chuchoté. Les voix masculines s'expriment quant à elles selon une tonalité classique du rock ou sur un mode guttural. Les instruments utilisés sont très variés. On trouve de la guitare acoustique, du piano, du violon, de la flûte, des percussions, etc., les instruments plus conventionnels du metal et quelquefois, des synthétiseurs et des sons électroniques. L'esthétique gothique est elle aussi très présente. Elle s'observe à la fois sur un plan vestimentaire et par le recours à un romantisme sombre et mélancolique.
141Le premier des trois courants, né vers 1993, est celui que l'on appelle dark atmospheric metal, représenté par les groupes finlandais Decoryah, les norvégiens The 3rd and the Mortal et In The Woods ou encore par la formation franco-autrichienne Elend. Mélodiques tout en cherchant à intégrer des harmonies dissonantes à leur musique, ces formations, particulièrement appréciées dans le courant gothique, combinent des influences provenant de la musique classique et progressive voire celtique ou médiévale. Il se peut qu'elles n'utilisent ni guitare, ni batterie, ce qui n'ôte en rien à la sombre intensité de leurs synthétiseurs et autres échantillonneurs sur lesquels se posent des voix masculines non hurlées et de cristallines voix féminines.
142Ce que l'on désigne sous le vocable atmospheric metal constitue un second courant. Il naît en 1994 avec Wildhoney, le troisième album du groupe suédois Tiamat suivi une année plus tard par Mandylion, également troisième album des néerlandais The Gathering qui connaît un véritable succès commercial. Plus tard, ce genre se développe avec les gréco-roumains de On Thorns I Lay et plus récemment, avec les français d'Akin et The Old Dead Tree, les norvégiens Pale Forest et les très sombres suédois The Provenance. Ces groupes se situent bien évidemment dans le sillage des groupes dark atmospheric metal, mais revendiquent aussi bien l'héritage de Pink Floyd et du progressive rock que du doom metal et doom death.
143Le groupe norvégien Theatre of Tragedy établi le courant gothic atmospheric metal dès 1995. Ces fondations seront prolongées par leur compatriotes d'Atrox, par les allemands Lacrimas Profundere et les italiens Lacuna Coil. Le genre repose sur des duos de chanteurs masculin (dans un registre death ou black metal) et féminin (dans le registre du chant lyrique). Il se situe à la confluence du gothic metal, du doom, de l'atmospheric metal, du symphonic black metal et de la musique classique. D'où le recours important aux synthétiseurs. Avec son dernier disque Assembly, paru en 2002, le groupe Theatre Of Tragedy confirme l'option électronique et techno vers laquelle il a choisi de se diriger. Ce qui conduit le genre à de nouveaux développements en attendant l'élaboration d'une terminologie adaptée.
Repères discographiques
Les précurseurs
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Cocteau Twins. 1984. Treasure. 4AD. (g-b)
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Dead Can Dance. 1987. Within the realm of a dying sun. 4AD. (aus)
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Loreena Mckennitt. 1991. The visit. Warner. (can)
Dark Atmospheric Metal
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Decoryah. 1993. Wisdom floats. Witchhunt. (fin)
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THE 3rd and the Mortal. 1994. Tears laid in Earth. Head Not Found. (nor)
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Elend. 1996. Les ténèbres du dehors. Holy. (fra-aut)
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In The Woods. 1997. Omnio. Misanthropy. (nor)
Atmospheric Metal
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Tiamat. 1994. Wildhoney. Century Media. (suè)
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The Gathering. 1995. Mandylion. Century Media. (p-b)
-
On Thorns I Lay. 1997. Orama. Holy. (grè-rou) Akin. 2001. Verse. Sacral. (fra)
-
Pale Forest. 2001. Exit mould. Listenable. (nor)
-
The Provenance. 2003. Still at arms length. Scarlet. (suè)
-
The Old Dead Tree. 2003. The nameless disease. Season of Mist. (fra)
Gothic Atmospheric Metal
-
Theatre of Tragedy. 1996. Velvet darkness they fear. Massacre. (nor)
-
Theatre of Tragedy. 1998. Aegis. Massacre. (nor)
-
Lacrimas Profundere. 1997. La naissance d'un rêve. Witchhunt. (all)
-
Atrox. 2000. Contentum. Season of Mist. (nor)
-
Lacuna Coil. 2002. Comalies. Century Media. (ita)
Neo-metal (Nu-metal), Neo-metal Brutal
- 169 Le slap est une technique consistant à tirer ou à percuter la corde d'une basse pour qu'elle heurte (...)
144Le neo-metal nait en 1994 avec le premier album du groupe californien Korn. Initialement assimilé au crossover metal, leur musique fait école pour devenir progressivement un style à part entière, également orthographié nu-metal. Très inspiré par le hip hop et la fusion loufoque de Primus, Faith No More ou Mr. Bungle, mais également par la puissance du power metal à la Pantera ou Sepultura, Korn profite du déclin du grunge pour imposer un nouveau type de metal. Basse bondissante et slappée169omniprésente, guitares à sept cordes produisant des harmoniques étranges, accordages très bas, rythmes mid-tempo ralentis et syncopés, systématisation des breaks, utilisation minimale des cymbales, chant situé dans un registre alternant d'un moment à l'autre entre affectation plaintive, voix mélodique, hurlements et grognements. Au final, une musique très intense dont la tension se veut constamment entretenue par un jeu subtil entre crescendo et decrescendo. La particularité du groupe tient aussi à la marque de fabrique imposée par un jeune producteur du nom de Ross Robinson, dont le travail sur le premier album de Korn, détermine un certain nombre de conventions propres à ce qui deviendra le son caractéristique du neo-metal.
- 170 Les Deftones prétendent avoir élaboré le neo-metal avant Korn. Hélas, leur premier album est sorti (...)
145Courant 1995, leurs compatriotes de Deftones publient leur premier album170 et achèvent d'établir le genre musical. Dans le même temps, le port des dreadlocks se popularise définitivement sous l'influence de certains membres de Korn. Dès son premier album en 1997, Coal Chamber s'affirme comme un rival de poids sur la scène neo-metal. Le groupe introduit une note d'exubérance gothique, tandis qu'Incubus introduit les machines et les platines. La même année, l'Hexagone est lui aussi traversé par la déferlante neo-metal. Mass Hysteria y publie son premier album. Toutefois, là ou les américains traduisent un malaise existentiel à travers leur musique, les français cherchent à s'engager dans une veine résolument optimiste qui fera école, et cela avec d'autant plus de succès que leurs textes sont déclamés dans notre langue.
- 171 Pour un aperçu de la scène neo-metal française, se reporter aux deux compilations suivantes : Nu-K. (...)
146La fin de siècle est marquée par un engouement planétaire pour ce genre musical et prend les contours d'une mode marquant l'entrée dans le nouveau millénaire. Les adolescents se retrouvent en masse dans cette musique qui, lors de concerts, leur permet de se livrer à des séances de jump pendant lesquelles, au son des guitares, ils bondissent sur place comme un seul homme. Ainsi, les nouveaux groupes se succèdent, submergent les médias et font le bonheur de l'industrie du disque : des groupes comme System Of A Down, Staind ou Linkin Park vendent entre 60 000 et 200 000 disques en France, entre deux et six millions aux Etats-Unis. Si des formations américaines telles que Puddle Of Mudd, Otep, Drowning Pool ou Mudvayne tentent à leur tour de percer au sein d'un marché saturé, en France ce sont Watcha, Enhancer, Pleymo, Aqme, Viridiana, Unswabbed, Out ou encore Eths qui tentent de s'imposer171. Bien qu'à la jonction d'une quantité de genres musicaux différents, il se dégage du neo-metal une certaine unité de style que la formation américaine Slipknot vient de transgresser en proposant de s'engager dans une nouvelle direction nettement plus radicale, croisement entre Korn et un death metal des plus violents, quelquefois qualifié de neo-metal brutal ou agressif, dans lequel le groupe American Head Charge vient lui aussi de s'engager.
147Outre un certain mimétisme artistique inhérent à tout effet de mode, la très forte représentation médiatique de ce genre de groupes permet également d'identifier les attributs visuels qu'ils partagent : tatouages, piercings, casquettes américaines, crâne rasé, spike head ou dreadlocks, mais surtout, streetwear haut de gamme. A ce titre, il est intéressant de noter qu'un bon nombre de groupes sont « endorsés », autrement dit sponsorisés, par des marques de vêtements qui les fournissent allègrement, espérant ainsi récolter les bénéfices de leur exposition médiatique. Korn a par exemple été sous contrat avec Adidas, avant d'opter pour Puma. Pratiques qui rejoignent celles qui ont cours dans le sport de haut niveau. Si le système capitaliste a largement modelé les rapports entre le rock et l'industrie de la musique – ce qui n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes éthiques – les groupes de neo-metal ont favorisé l'immixtion de nouveaux secteurs économiques au sein d'une démarche artistique. Ce qui n'empêche en rien les groupes nu-metal d'incarner une forme de rébellion adolescente, même si au final, elle est pour l'essentiel orchestrée par le marché. Si la finesse des entrepreneurs est évidente sur ce point, il est surprenant de constater que sur le plan artistique, le genre prend par lui-même une orientation très commerciale notamment au travers de chanteurs dont la tessiture vocale, quelquefois d'excellente facture, rappelle les artistes de variété pop (Pleymo, Viridiana).
148Quoiqu'il en soit, le succès du neo-metal est également redevable d'un concept né aux Etats-Unis : la street team. Elle consiste à organiser autour d'un groupe, un réseau de fans-bénévoles, acceptant de lui assurer une promotion directe dans leurs actions quotidiennes (distribution de flyers et de stickers, campagnes d'affichage, organisation de soirées d'écoute publiques, tchatche Internet, etc.), en échange d'une rétribution symbolique (devenir un proche du groupe, être identifié comme un relais important, faire des connaissances, etc.) ou matérielle, en obtenant des invitations pour les concerts, des disques promotionnels, des t-shirts, etc. L'intégration d'une street team suppose un travail de médiation en acte, basé sur un esprit d'initiative et des qualités relationnelles. En France, les plus connues de ces organisations réticulaires sont la Team Nowhere en région parisienne, (initiée par les musiciens de Pleymo et d'Enhancer) et les collectifs Antistatic de Toulouse (Sidilarsen) et Coriace de Marseille (Tripod).
Repères discographiques
Les précurseurs
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Primus. 1991. Sailing the seas of cheese. Interscope. (é-u)
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Mr. Bungle. 1991. Mr. Bungle.Warner.(é-u)
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Faith No More. 1992. Angel dust. Slash/WEA. (É-U)
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Pantera. 1992. Vulgar display of power. Eastwest-WEA. (é-u)
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Sepultura. 1993. Chaos A.D. Roadrunner. (bré)
Neo-metal
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Korn.1994. Korn. Immortal/Sony. (é-u)
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Korn. 1996. Life is peachy. Immortal/Sony. (é-u)
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Korn. 2002. Untouchables. Immortal/Sony. (é-u)
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Deftones. 1995. Adrenaline. Maverick. (é-u)
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Deftones. 2000. White Pony. Maverick. (é-u)
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Mass Hysteria. 1997. Le bien-être et la paix. Yelen. (fra)
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Mass Hysteria. 2001. De cercle en cercle. Yelen. (fra)
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Incubus. 1997. Enjoy Incubus. Immortal/Sony. (é-u)
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Coal Chamber. 1998. Chamber music. Roadrunner. (é-u)
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System of A Down. 1999. System of a down. Columbia. (é-u)
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System of A Down. 2001. Toxicity. Columbia. (é-u)
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Linkin Park. 2000. Hybrid theory. Warner. (é-u)
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Linkin Park. 2003. Meteora. Warner. (é-u)
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Enhancer. 2001. ft le monde sera meilleur... Jaff/BMG. (fra)
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Staind. 2001. Break the cycle. Flip/East West. (é-u)
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Puddle of Mudd. 2001. Come clean. Flawless/Geffen. (é-u)
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Drowning Pool. 2001. Sinner. Wind-Up. (é-u)
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Mudvayne. 2002. The end of all things to come. Epic. (é-u)
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Pleymo. 2002. Medecine cake : episode 2. Epic/Sony. (fra)
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Eths. 2002. Samantha. Coriace. (fra)
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Aqme. 2002. Sombres efforts. At(h)ome. (fra)
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Watcha. 2003. Mutant. Yelen. (fra)
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Out. 2003. Unik. Exxos. (fra)
Neo-metal Brutal
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Slipknot. 1999. Slipknot. Roadrunner. (é-u)
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Slipknot. 2001. Iowa. Roadrunner. (é-u)
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American Head Charge. 2001. The war of art. American. (é-u)
Dark Metal
149La combinaison des inclinations dépressives et tourmentées du black metal, du metal gothique, du doom metal, d'ambiances atmosphériques et dans une certaine mesure, de l'industrial metal, ont donné naissance à un alliage appelé dark metal (on parle également quelquefois de suicidal rock à son sujet). Son instigateur, le groupe allemand Bethlehem, lui a donné ce nom en intitulant son premier album de la sorte. Profondément ténébreux et subversif, le groupe développe une perspective critique à l'égard de la société, souhaitant aborder un certain nombre de sujets tabous. Depuis le début de sa carrière, la ligne artistique de Bethlehem s'inscrit de manière très explicite dans une thématique liée à la question du suicide. Une option qui lui vaut d'être censuré dans son propre pays pour la dangerosité supposée de ses textes. En cela, cette démarche peut être rapprochée de celle de l'américain Marilyn Manson, avec pour conséquence directe, de devenir la cible privilégiée de l'establishment.
150Très expressif, le dark metal repose sur une alternance d'ambiances censées refléter les profondeurs les plus obscures de l'âme. Des voix hurlées, douloureuses ou maladives succèdent à des chuchotements introspectifs mettant en scène des textes d'une noirceur peu commune. Une narration tragique magnifiée par une instrumentation mobilisant à la fois des instruments familiers du metal et d'autres, moins proches, comme des guitares électro-acoustiques, des échantillonneurs, voire des instruments à vent. Un espace de création extrêmement diversifié dont la palette glisse de passages violents à des boucles drum'n'bass en passant par des envolées pop metal.
La vocation d'agitateur propre à Bethlehem est restée longtemps sans équivalent dans le genre. Le territoire musical qu'il a défriché est aujourd'hui peu emprunté. Seule une petite poignée de groupes, tels les américains Evoken, les norvégiens Beyond Dawn, les finlandais Unholy, Shape Of Dispair ou Dolorian et plus récemment les français Kemet et les néerlandais Deinonychus cherchent à pénétrer plus avant les ténèbres musicales, en employant cependant un ton nettement moins polémique que la formation allemande, même si ces derniers promeuvent leur dernier album sous l'étiquette suicidal dark metal.
Repères discographiques
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Bethlehem. 1994. Dark Metal. Adipocere. (all)
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Bethlehem. 1998. S.U.I.Z.I.D. Red Stream. (all)
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Bethlehem. 1998. Reflektionen auf's sterben. Selbstmord. (all)
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Bethlehem. 2002. Schatten aus des Alexander welt. Prophecy. (all)
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Evoken. 1996. Shades of night descending. Adipocere. (é-u)
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Evoken. 2001. Quietus. Avantgarde. (é-u)
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Unholy. 1998. Rapture. Avantgarde. (fin)
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Beyond Dawn. 1998. Revelry. Misanthropy. (nor)
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Beyond Dawn. 1999. Electric sulking machine. Peaceville. (nor)
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Shape of Despair. 2000. Shades of... Spinefarm. (fin)
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Kemet. 2001. Dying with elegance. Deadsun/Sonic Wave. (fra)
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Dolorian. 2001. Dolorian. Wounded Love. (fin)
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Deinonychus. 2003. Mournument. My Kingdom Music. (p-b)
Punk Rock, Oi !, Punk Français, Neo Punk, Punk Hard Rock, Punk Metal
151La musique punk a eu une influence considérable sur le hard rock et le heavy metal comme sur l'ensemble des musiques amplifiées. Un argument suffisant pour qu'on lui consacre un chapitre relativement important.
Dans la langue anglaise, le mot punk désigne un individu ou un objet qui ne vaut rien, une crapule, un minable. Dans la seconde moitié des années 60, il désigne les groupes de rock garage, se composant de jeunes américains aux qualités techniques approximatives, répétant dans le garage de leurs parents. Totalement fascinés par les Rolling Stones, les Kinks ou les Who (ce que l'on a alors appelé la British invasion aux Etats-Unis), ces groupes tentent de compenser leur faible niveau technique et leurs équipements bon marché par une débauche d'énergie et une agressivité redoutable. Les principaux groupes de cette période sont The Sonics, Count Five ou The Remains. Leur esthétique minimaliste devient un genre à part entière, perdurant jusqu'à nos jours. Par ailleurs, ils sont les premiers à remettre en question le dogme selon lequel il serait nécessaire d'être un musicien accompli pour faire de la musique. Dans le même temps, Lou Reed convoque les thèmes et les figures qui accompagneront l'esthétique punk au travers de chansons traitant de toxicomanie (« Heroin »), de dealers (« Waiting for the man »), mais également d'homosexualité, de prostitution, de sadomasochisme, de frustration, de la mort, etc.
- 172 Blum, B., Thoury, J.-W. 2000. Pop, Iggy. In Assayas, M. op. cit., p. 1414-19.
- 173 On peut en voir quelques extraits impressionnants dans l'excellent documentaire Pop Odyssée. Les nu (...)
- 174 Célèbre quartier de San Francisco colonisé par les hippies dans les années 60.
152A la fin des années 60, le MC5 se lance dans un rock saturé, violent et abrasif, teinté de contestation politique, comme jamais aucun groupe américain n'en avait encore produit. Iggy Pop et les Stooges pousseront cette débauche sonore dans ses retranchements. Sur scène, les guitaristes montent le volume de leurs amplis à fond et refusent de baisser le volume en dessous de 9 lors des enregistrements studio172. Les concerts du groupe sont d'une intensité incomparable173. Iggy Pop, survolté, animal (on le surnomme l'iguane), se contorsionne, s'auto-mutile sous l'emprise de cocktails mêlant drogues et alcool et intimide les spectateurs présents. Ses tendances autodestructrices auront raison du groupe. A leur manière, ces formations accompagnent la fin chaotique du mouvement hippie qui s'abîme dans le sordide à Ashbury Heights174 en 1969.
- 175 En France, dès 1973, ce sont les Dogs qui reprennent le flambeau. Leur premier 45 tour Charly was a (...)
153Nous avons déjà évoqué l'importance des New York Dolls dans le processus de développement de la musique punk et son rôle charnière dans l'intervalle séparant les Stooges ou encore les Flamin'Groovies175 de l'année 1976 qui marque l'avènement de la musique punk dans son acception la plus courante. Contrairement à l'idée communément diffusée, la troisième phase du punk ne naît donc pas en Grande-Bretagne, mais aux Etats-Unis et plus précisément dans la salle mythique du Bowery (quartier new-yorkais) : le CBGB's. Des groupes comme les Dead Boys et surtout les Ramones en constituent l'archétype : jeans troués et élimés, baskets usées, perfectos sur tshirts et coupes de cheveux à la Beatles. Leur musique basique repose exclusivement sur l'utilisation de trois accords. Les morceaux n'excèdent pas trois minutes et sont enchaînés à toute vitesse, uniquement entrecoupés du plus fameux décompte de l'histoire du rock : « one, two, three, four ». Les textes évoquent quant à eux, sur fond d'humour cynique, des thèmes comme la maladie mentale, la pauvreté intellectuelle, la violence gratuite, la consommation de drogues, les histoires d'amour, etc. C'est à cette époque que Legs McNeil popularise définitivement le terme punk en l'attribuant à son fanzine, le premier du genre, qui deviendra le bulletin de liaison de l'underground new-yorkais.
- 176 Le lien entre action situationniste (1957, avec Guy Debord) et musique punk est remarquablement dép (...)
- 177 Souvent galvaudée en France, cette formule choc est à entendre en réalité dans un contexte britanni (...)
- 178 C'est ce que montre de manière très convaincante le film The Filth and the Fury (L'Obscénité et la (...)
154C'est au CBGB's qu'un commerçant anglais du nom de Malcolm MacLaren, un temps imprésario malheureux des New York Dolls, vient puiser ses idées pour de futures affaires. Il est fortement intéressé par les Dead Boys qui, sur scène, s'illustrent en arborant des insignes nazis et par Richard Hell And The Voivods dont les musiciens présentent la particularité d'arborer des vêtements troués et rafistolés à l'aide d'épingles à nourrices et de coupes de cheveux réalisées à l'aveugle. En 1975, de retour à Londres, McLaren transforme le nom de la boutique de mode rock'n'roll, initialement appelé Let It Rock, en Sex (en association avec sa compagne styliste, Vivienne Westwood). Cette dernière invente quant à elle les bondage pants, ces pantalons à carreaux écossais, dont les jambes sont reliées entre elles par des lanières de contrainte, qui, au même titre que les épingles à nourrice, les colliers de chiens, les cadenas, les t-shirts troués et rafistolés et les accessoires sadomasochistes ornés de croix gammées, figurent parmi les attributs vestimentaires des punks. Sa première expérience de manager ayant tourné court, McLaren se met en tête d'accompagner la carrière des Sex Pistols. Sa stratégie commerciale repose essentiellement sur la recherche du scandale. S'inspirant des situationnistes176, il s'appuie sur des slogans nihilistes de type No Future177 et sur un certain nombre d'esclandres pour établir le succès fulgurant du groupe. Les troubles politiques, économiques et sociaux que connaît le Royaume-Uni dans la première moitié des années 70 (chômage, grève des mineurs, émeutes raciales, gouvernement conservateur, etc.), favorisent l'apparition d'un groupe comme les Sex Pistols et partant, d'une révolution culturelle incarnée par le punk rock178 qui déferle sur le monde industrialisé tel un raz-de-marée.
- 179 Géant Vert. 1998. Les Sex Pistols. L'histoire du groupe en chair et en cire. Paris : Alternatives (...)
- 180 Le Monde, 27 novembre 2001, p. 13.
- 181 Le récit de Jerry Nolan, batteur des New York Dolls, est particulièrement représentatif du processu (...)
155Johnny Rotten, chanteur des Sex Pistols se défend d'être nihiliste. Il dit inscrire sa révolte dans une perspective objective, lucide et alternative. « Les Sex Pistols ont compris d'emblée que celui qui s'en sortira sera le groupe qui saura faire la différence d'entrée. Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, on repère le groupe débutant à sa façon de se tenir sur scène. Les gens qui le composent sont figés par le trac et essayent désespérément de prouver à un public endormi qu'ils ont autant de technique que Jimmy Page, sinon plus. On n'ose imaginer le nombre de vocations bousillées dans l'oeuf par un tel état d'esprit179 » Le travail des Sex Pistols a donc consisté à remplacer un mythe par un autre, en affranchissant les élans individuels et collectifs d'un ensemble de normes sociales et culturelles. Dans son sillage immédiat, le groupe londonien The Clash revendique une conscience sociale et politique plus élaborée que celle des Sex Pistols. Leurs textes sont de véritables pamphlets appelant à la révolte et à l'insoumission. Comme le rappelait Joe Strummer, guitariste-chanteur du groupe, « a l'époque en Angleterre, on avait le sentiment que la vieille société était en train de voler en éclats. Il y avait le couvre-feu, on se battait dans la rue contre les flics... La situation était pré-révolutionnaire, on avait le sentiment que ça valait la peine de s'impliquer, que le changement était à portée de main180 ». Bien que le punk rock défie fermement l'idéalisme hippie, force est de constater que l'idée selon laquelle la musique peut changer la société est à nouveau réactivée. Le meilleur de la carrière des Clash s'étend sur une demi-douzaine d'années pendant lesquelles ils établissent un pont entre reggae, funk, ska et punk rock dont s'inspirent nombre de groupes crossover politiquement engagés tels Bad Brains ou Rage Against The Machine. The Damned, autre figure pionnière de l'explosion punk sont quant à eux l'inverse des Clash. Encore plus outranciers que les Sex Pistols, le projet du groupe se résume au divertissement chaotique qu'il provoque lors de ses prestations scéniques. Comme pour beaucoup d'artistes de cette période, l'abus de drogues et d'alcool eurent tôt fait d'avoir raison de leur créativité181 et signe la fin d'une époque.
- 182 Groupe pratiquant un punk rock radical entièrement en phase avec la classe ouvrière dont proviennen (...)
- 183 Ces formations sont particulièrement connues pour la taille impressionnante des coiffures iroquoise (...)
- 184 Voir Lescop, G. 2003. « Honnie soit la Oi ! » : naissance, émergence et déliquescence d'une forme d (...)
156Aux Etats-Unis, le punk rock se radicalise sous la forme du hardcore comme nous l'avons déjà vu. En Grande-Bretagne, il renaît au début de l'ère Thatcher (1979) avec le groupe Sham 69182. Producteur d'un « street punk » prolétarien, le groupe est un trait d'union entre la période Sex Pistols et le courant Punk's Not Dead qui s'annonce avec des groupes tels que The Exploited, Anti-Pasti, GBH, Discharge, Broken Bones !183 ou encore Crass (précurseurs du grindcore). Dans le même temps et dans un esprit de classe prolétarien encore plus poussé, apparaît le genre musical oi ! désignant un ensemble de formations dont les refrains évoquent les chants des supporters de football anglais (et recréant quelquefois en concert les bagarres entre hooligans). La oi ! recrute essentiellement parmi les skinheads issus de la scène street punk. Tous sont animés par un esprit patriotique. A l'origine, les convictions politiques des formations pratiquant le genre sont situées très à gauche (Angelic Upstarts, Red Alert, The Oppressed). Progressivement, certains groupes oi ! se positionnent sur une ligne résolument inverse, exacerbant les sentiments nationalistes, voire national-socialistes, concomitants d'un rejet du communisme (Skrewdriver, Brutal Attack, Combat 84). Le genre produit ainsi quelques fortes ambiguïtés qu'il est souvent difficile de démêler184 Les amateurs du genre se retrouvent cependant autour de certaines formations apolitiques telles que Cockney Rejects, Cock Sparrer ou Last Resort.
157Après une première vague punk née dans le sillage des Sex Pistols avec des groupes comme Starshooter, Olivensteins et Metal Urbain (dans un registre proche de Suicide, mêlant machines et guitares saturées), la France donne naissance au cours des années 80 à des formations présentant la particularité de ne chanter qu'en français : La Souris Déglinguée, OTH, Les Shériff (proches des Ramones), Parabellum ou Bérurier Noir. Elles remportent un succès éclatant en France tout en restant entièrement indépendantes. Leader d'un sous-genre punk appelé alternatif, Bérurier Noir s'illustre par un engagement politique très en phase avec la conjoncture intérieure du pays : désillusion engendrée par la gauche socialiste, critique acerbe de la politique de droite, soutien aux manifestations estudiantines de la fin 86 et surtout combat contre l'extrême droite.
- 185 Bien qu'ils se soient toujours revendiqués de la musique punk, Les Thugs constituent un cas particu (...)
Dans un registre nettement plus proche des origines américaines et britanniques (chant en anglais notamment), Les Thugs185 et les Burning Heads figurent parmi les rares groupes punk français à avoir été sous contrat avec des labels américains et britanniques.
158Courant 93, une nouvelle vague punk explose en Californie avec des groupes comme The Offspring et Green Day sous une forme inspirée par Bad Religion, à savoir une musique énergique aux mélodies simples et aisément mémorisables, mais dont la coloration metal est cette fois plus sensible, notamment du point de vue du son. De son côté, Rancid, nostalgique de la grande époque du punk anglais version Clash, amalgame ska, punk, oi ! et rock'n'roll. La Suède s'enflamme elle aussi pour ce renouveau punk avec les groupes Millencollin ou No Fun At All. Le mouvement prend suffisamment d'ampleur pour que l'on parle de neo punk à son sujet.
159Dans la seconde moitié des années 90, la Scandinavie sera le théâtre d'une énième forme de renouvellement punk rock intégrant cette fois-ci très nettement l'héritage hard rock et glam rock (AC/DC et New York Dolls notamment), avec des groupes comme Backyard Babies, Hellacopters, Gluecifer en Suède, Turbonegro en Norvège, The Flaming Sideburns en Finlande ou encore The Datsuns en Nouvelle-Zélande.
Quant aux éléments metal, s'ils sont indéniablement perceptibles dans le neo punk, ils sont très habilement mis en valeur dans la musique des groupes américains Amen – que le producteur Ross Robinson a nimbé d'un son neo metal – et The Glasspack, dans une version très stoner rock. En France, ce territoire, quasiment vierge, est actuellement emprunté par le groupe parisien X-Syndicate. Mais la paternité du genre est inconstestablement à mettre au compte du groupe britannique The Exploited, qui dès 1996 mêle allègrement punk et metal.
Repères discographiques
1ère période (1965-68)
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The Sonics. 1965. Here are the Sonics ! ! ! Etiquette. (é-u)
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Count Five. 1966. Psychotic reaction. Double Shot. (é-u)
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The Remains. 1966. The Remains. Epic-Legacy. (é-u)
2ème période (1969-75)
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MC5. 1969. Kick out the jams. Elektra. (é-u)
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The Stooges. 1969. The Stooges. Elektra. (é-u)
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The Stooges. 1970. Funhouse. Elektra. (é-u)
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Iggy And the Stooges. 1973. Raw Power. CBS. (é-u)
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Flamin'grooves. 1970. Flamingo. Kama Sutra, (é-u)
3ème période (1976-79)
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The Ramones. 1976. The Ramones. Sire. (é-u)
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Dead Boys. 1976. Young, loud and snotty. Sire. (é-u)
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Sex Pistols. 1977. Never mind the bollocks, here's the Sex Pistols. Virgin. (g-b)
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The Clash. 1977. The Clash. CBS. (g-b)
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The Clash. 1979. London calling. CBS. (g-b)
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The Damned. 1977. Damned, Damned, Damned. Stiff. (g-b)
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Metal Urbain. 1977. Panik. Cobra. [45 tours] (fra)
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The Ramones. 1978. It's alive. Sire. (é-u)
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Sham 69. 1978. Tell us the truth. Polydor. (g-b)
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Starshooter. 1978. Starshooter. EMI. (fra)
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Olivensteins. 1978. Je suis fier de ne rien faire. [Compilation Skydog, 1987], (fra)
4ème période, courant Punk's Not Dead (1980-)
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The Exploited. 1981. Punk'not dead. Secret. (g-b)
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Anti-Pasti. 1981. The last call. Dose. (g-b)
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Discharge. 1982. Hear nothing, see nothing, say nothing. Clay. (g-b)
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G.B.H. 1982. City baby attacked by rats. Clay. (g-b)
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Broken Bones ! 1984. Dem Bones. Fall Out. (g-b)
Oi !
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Cockney Rejects.1980. Greatest cockney ripp off. Zonophone. [45 tours], (g-b)
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Cock Sparrer. 1982. England belongs to me. Carrère. [45 tours]. (g-b)
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Last Resort. 1982. Way Of Life. Last Resort Records. [45 tours], (g-b)
Punk Français
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La Souris Déglinguée.1981. La souris déglinguée. New Rose. (fra)
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Bérurier Noir. 1985. Concerto pour détraqués. Bondage. (fra)
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Parabellum. 1986. Parabellum. Gougnaf. (fra)
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Les Sheriff. 1987. Pan ! Gougnaf. (fra)
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OTH. 1989. Le Live. Art-Traffic. (fra)
Neo Punk
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The Offspring.1994. Smash. Epitaph. (é-u)
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Green Day. 1994. Dookie. Reprise. (é-u)
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Rancid. 1995....And out come the wolves. Epitaph. (é-u)
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Burning Heads. 1996. Super modern world. PIAS. (fra)
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Millencolin. 1997. For monkeys. Burning Heart. (sué)
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No Fun At All. 1996. Out of bounds. Revelation. (suè)
Punk Hard Rock
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Hellacopters.1996. Supershltty to the max. White Jazz. (suè)
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Gluecifer. 1997. Ridin'the tiger. White Jazz. (sué) Backyard Babies. 1998. Total 13. MVG. (suè)
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Turbonegro. 1998. Apocalypse dudes. Boomba Rec. (nor)
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The Flaming Sideburns. 2001. Hallelujah Rock’n’rollah. Bad Afro. (fin)
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The Datsuns. 2002. The Datsuns. V2. (nz)
Punk Metal
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The Exploited.1996. Beat the bastards. Spitfire. (g-b)
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The Exploited. 2003. Fuck the system. Dream Catcher. (g-b)
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Amen. 1999. Amen. Roadrunner. (é-u)
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Amen. 2000. We have come for your parents. Virgin. (é-u)
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The Glasspack. 2001. American exhaust. Riverock. (é-u)
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The Glasspack. 2002. Powderkeg. Small Stone. (é-u)
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X-Syndicate. 2001. Up your kilt. Biyou Music (fra)
Les inclassables
- 186 Heinich, N. 1999. Pour en finir avec la querelle de l’art contemporain. Paris : L'Echoppe, p. 16.
160L'histoire de l'art nous enseigne qu'il est toujours quelque artiste cherchant à s'affranchir des conventions structurant sa discipline. Cette « logique transgressive propre aux avant-gardes186 » confère à son promoteur une relative avance sur ses contemporains en matière d'innovation. Ce décalage est bien évidemment à l'oeuvre dans le metal. Plusieurs formations y évoluent hors piste. Certains renouvellent leurs oeuvres lors de chaque nouvelle production discographique. D'autres produisent un seul chef d'oeuvre momentanément inégalable. Leur caractère précurseur parvient quelquefois plus difficilement à rencontrer un public. L'esprit aventureux qui les anime réduit souvent leur audience à un noyau d'irréductibles. On reconnaît ces groupes à la résistance qu'ils offrent devant toute tentative de catégorisation. On les reconnaît également par le peu de successeurs qu'ils engendrent. Comme si leur travail nécessitait un temps de digestion nettement plus long qu'à l'accoutumée. Profondément originales et souvent déroutantes, ces oeuvres explorent de nouveaux territoires et nourrissent constamment un processus d'évolution dont le seul frein est l'imagination de leurs protagonistes.
161Nous avons déjà vu que l'histoire du hard rock et du heavy metal se fonde sur une logique de dépassement permanente de ce qui est. Probablement plus qu'aucun autre genre, le metal progressif tente de repousser les limites de l'expérimentation. Toutefois, en tant que genre, il n'est cependant plus possible de considérer les groupes qui le constituent comme atypiques puisqu'ils opèrent dans un champ particulier. Les formations dont il est question ici sont celles dont la démarche a progressivement abouti à la construction d'oeuvres uniques dans la galaxie metal. A ce titre, elles sont isolées et ne s'inscrivent, pour l'instant, dans aucun courant. Vouloir les commenter conduirait à opérer de nouvelles réductions alors qu'elles sont pour l'heure rétives à toute classification. C'est la raison pour laquelle, il n'est d'autre alternative que de procéder à une énumération.
Repères discographiques
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Voivod. 1989. Nothingface. Mechanic. (can)
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Fudge Tunnel. 1991. Hate songs in E minor. Earache. (g-b)
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Old. 1991. Lo Flux Tube. Earache. (é-u)
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Helmet. 1992. Meantime. Interscope. (é-u)
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Atrocity. 1992. Todessehnsucht. Roadrunner. (all)
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Proton Burst. 1994. La nuit. WMD. (fra)
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Prong. 1994. Cleansing. Epic. (é-u)
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Tool. 1996. Aenima. Zoo. (é-u)
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Misanthrope. 1998. Humiliations libertines. Holy. (fra)
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Esoteric. 1999. Metamorphogenesis. Eibon. (g-b)
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Solefald. 2001. Pills against the ageless ills. Century Media. (nor)
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Neurosis. 2001. A sun that never sets. Relapse. (é-u)
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Devin Townsend. 2001. Terria. Inside Out. (can)
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Lux Occulta. 2002. The mother and the enemy. Maquiavel. (pol)
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Meshuggah. 2002. Nothing. Nuclear Blast. (suè)
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Mastodon. 2002. Remission. Relapse. (é-u)
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High On Fire. 2002. Surrounded by thieves. Relapse. (é-u)
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Ephel Duath. 2003. The painters palette. Earache. (ita)
Les groupes féminins
- 187 Auclair, P. 2000. Girl groups. In Assayas, M. op. cit., p. 690-91.
- 188 Caron, F. 2000. Quatro, Suzi. In Assayas, M. op. cit., p. 1492.
162Les premiers groupes ou artistes féminins à officier dans le hard rock sont les héritiers de ce que l'on appelait les girl groups187entre la fin des fifties et le début des sixties (Crystals, Shirelles, Supremes, Shangri-La's, etc.). Leurs carrières sont toujours liées à des compositeurs (Carole King, Gerry Goffin, Neil Diamond...) et des producteurs (Phil Spector, George Goldner, Luther Dixon...) qui les repèrent, leur écrivent des chansons et produisent leurs disques. C'est sur ce mode là qu'apparaît la première musicienne à s'être essayée au hard rock : l'américaine Suzi Quatro188, à la différence cependant, qu'elle se produit au sein d'un groupe mixte dont elle est leader. Repérée par le producteur britannique Mickie Most (Animals, Donovan...) elle se positionne dès 1973 comme la première chanteuse et bassiste d'un hard rock glam dont le succès est considérable en Grande-Bretagne et l'influence évidente sur bon nombre de musiciennes.
- 189 Potts, E. 2000. Runaways (The). In Assayas, M. op. cit., p. 1637-38, et Enfer Magazine, no 13, 1984 (...)
- 190 Caron, F. 2000. Jett, Joan. In Assayas, M. op. cit., p. 886-87.
- 191 Assayas, M. 2000. Benatar, Pat. In Assayas, M. op. cit., p. 133-34.
163Kim Fowley, producteur-dénicheur de talents (Slade, Soft Machine, Mothers of Invention) forme le premier groupe de hard rock entièrement féminin : The Runaways189. Il recrute quatre jeunes adolescentes rebelles aux tenues provocantes. Après une courte carrière dans la seconde moitié des années 70, le groupe se sépare mais révèle deux artistes : Joan Jett et Lita Ford, qui exercent à leur tour une influence immense sur nombre de leurs consoeurs. La première190 connaît fin 1981 un succès planétaire avec le titre I love rock'n'roll (une reprise du groupe glam rock Arrows), tandis que la seconde doit patienter jusqu'en 1988 pour atteindre le sommet de sa carrière avec un album certifié platine aux Etats-Unis, dans un registre hard FM. Masculine et vêtue de cuir comme son modèle Suzi Quatro, Joan Jett devient une référence incontournable pour quantité de rockeuses des années 90. La seconde devient courant 1983 – dans un hard rock conventionnel propre à cette période – la première icône glamour du hard rock des années 80. Blonde, bardée de cuir et de clous, arborant bas résilles et jambières, flanquée d'une guitare, Lita Ford se présente comme une bombe sexuelle glacée qui n'aurait pas dépareillé dans Playboy. Auparavant, courant 1979, la new-yorkaise Pat Benatar191 bénéficie d'une importante popularité avec son hard rock formaté pour les radios, grâce à l'aide de son producteur Mike Chapman, qui avait déjà accompagné la carrière d'artistes comme Suzi Quatro et Blondie.
- 192 Ces musiciennes tenteront aussi d'égaler les hommes dans certains de leurs excès, notamment éthyliq (...)
- 193 Voir Metal Attack, no 12, 1984, Spécial : les nanas du hard. Par ailleurs, la compilation Lady Kill (...)
164Le premier groupe de hard rock entièrement féminin et véritablement dégagé de l'emprise d'un producteur ou d'un compositeur masculin est Girlschool. Bien qu'en début de carrière leur mentor ait été Lemmy de Motôrhead, ce groupe cherche à égaler les formations masculines en publiant quelques albums au début des années 80192. Leurs compatriotes britanniques Rock Goddess leur emboîtent le pas dès 1982. Trio managé par le père (John Turner) de deux musiciennes du groupe, celui-ci ne parviendra cependant jamais à pérenniser le succès recueilli par leur premier disque. Si des formations féminines telles que She, Leather Angel, Poison Dollies, Rude Girl, Oral193 tentent de s'imposer dans les eighties, seul Vixen rencontre un réel succès commercial avec une série de hits calibrés pour les radios à la fin de cette période. Et il faudra attendre la décennie suivante pour qu'émergent à nouveau des groupes féminins influents.
- 194 Potts, E. 2000. Plasmatics (The). In Assayas, M. op. cit., p. 1398-99.
- 195 Metal Attack, no 12, 1984, Spécial : les nanas du hard, p. 5.
- 196 Gen compense le modeste talent du groupe par sa beauté plastique et son goût de la provocation : vo (...)
- 197 Doro Pesch a surtout fait l'objet d'une véritable vénération dans son pays, au cours de la seconde (...)
165En attendant, c'est dans des groupes mixtes que les femmes s'illustrent. La France compte les chanteuses Fabienne Shine du groupe Shakin'Street (qui effectue deux tournées aux Etats-Unis) et Stewie du groupe Speed Queen. L'américaine Lee Aaron fait un passage éclair au sein de la scène hard rock, son attractivité étant davantage liée à ses atouts plastiques qu'à sa créativité musicale. Wendy O'Williams marque davantage les esprits à travers son look et ses outrances scéniques. Se présentant comme une dominatrice sado-masochiste, la carrière musicale de Wendy O'Williams démarre en 1977 avec le groupe Plasmatics dans un esprit punk virant progressivement vers le heavy metal. La chanteuse est le centre d'un spectacle visuel constituant l'attrait principal de leurs concerts. Sur scène, quasiment nue, à l'exception de bottes de motard, le corps entrelacé par du ruban adhésif noir, Wendy O'Williams découpe des guitares et des téléviseurs à l'aide d'une tronçonneuse, fait exploser des Cadillacs et entre deux actions spectaculaires, se masturbe194. Mais cela n'est manifestement pas suffisant. A l'implosion du groupe en 1983, la chanteuse se lance dans une carrière solo sous son propre acronyme : W.O.W. « Je suis une femme coriace et je veux être reconnue comme la plus heavy et la plus agressive du rock aujourd'hui195 » dit-elle. La co-écriture de son premier album avec Gene Simmons de Kiss ne parvient pourtant pas à donner à sa carrière, la tournure qu'elle envisage. Elle finit pas se retirer définitivement de la scène musicale, non sans y avoir tenté quelques autres incursions avant de se suicider en 1998. Aujourd'hui, Gen du groupe Genitorturers tente de prolonger cet esprit dans un registre industriel196. Dans l'Allemagne des années 80, c'est le groupe Warlock, emmené par la chanteuse Doro Pesch qui réussit une petite percée en Europe197 avant qu'elle ne s'engage dans une carrière solo se prolongeant jusqu'à aujourd'hui, sous le diminutif Doro. Rappelons également qu'à la fin des années 80, quelques femmes telles que Katherine Thomas, alias The Great Kat ou Jennifer Batten, se sont distinguées pour leur pratique virtuose de la guitare au point de parvenir à s'ériger en tant que guitar heroin.
- 198 Au festival de Reading (GB) en août 1992, la chanteuse et guitariste Donita Sparks « excédée par le (...)
- 199 Fondée en 1991, l'association est née en réaction aux extrémistes anti-avortement menant des action (...)
- 200 On trouve une très intéressante rétrospective de ce mouvement sur le site : http://www.emplive.com/ (...)
166C'est au début des années 90, aux Etats-Unis, que l'on voit renaître des groupes entièrement constitués de membres féminins. Les Lunachicks tout d'abord dans un registre metal punk dont l'efficacité redoutable se vérifie surtout sur scène. L7 ensuite qui combine allègrement hard rock, punk et grunge. La musique du groupe est très agressive et ses propos sont particulièrement virulents à l'égard du machisme198. Combatives, elles créent l'association « Rock for choice » pour défendre le droit à l'avortement199 et militent en faveur de programmes de développement de l'énergie solaire. En cela, elles constituent l'un des premiers groupes de rock féministe. L'été 91 voit naître les « riot grrrls », un mouvement composé de musiciennes au ton très vindicatif et revanchard à l'encontre des hommes et du sexisme qui sévit généralement dans le monde du rock. Parmi ces groupes, mais dans un registre moins metal, on citera les Babes in Toyland ou Bikini Kill. Quoiqu'il en soit, le ton est aujourd'hui nettement moins politisé. Le discours des « riot grrrls » a-t-il porté ou pas ?200 Le fait est qu'une tendance à la parité semble se dégager dans certains groupes américains comptant des éléments féminins tels que Nashville Pussy ou Fireball Ministry. On peut même observer le surnombre féminin au sein de formations telles que Lost Goat ou My Ruin. En outre, certaines femmes peuvent tenir le leadership au sein de groupes à dominante masculine, telles Lori S. du groupe Acid King ou Liz Buckingham du groupe Sourvein.
- 201 Le groupe comprend un homme pour trois femmes, ce qui n'empêche pas la presse de le présenter comme (...)
- 202 On peut compléter ces références en se reportant à l'excellent fanzine Odym’étal, no 6, 2003, entiè (...)
167En Europe, quelques girl groups se propagent également : Phantom Blue (hard rock), Drain (heavy metal), Rockbitch (hard rock), Astarte (black metal), Kittie (neo-metal), Meldrum (metal), X-Syndicate201 (punk metal), Misdemeanor (stoner rock). Toutefois, c'est dans les groupes mixtes que les femmes officient le plus souvent. Certaines musiciennes parviennent à occuper des places au sein de groupes metal plus ou moins extrêmes, territoires habituellement réservés à la gente masculine. Citons par exemple Jo Bench (basse, Bolt Thrower), Sabina Classen (chant-basse, Holy Moses), Angela Gossow (chant, Arch Enemy), Cadaveria (chant, Opera IX, Cadaveria), Eva Nahon (batterie, Beaver), Veera Muhli (claviers-chant, Unholy), Kimberly Goss (chant, Sinergy), Rachel (chant, Occult, Sinister), Caroline Campbell (basse. Kill II This), Agnete M. Kirkevaag (chant, Madder Mortem), Emma Hellstrôm (chant-clavier-flûte, The Provenance), Sabine Mair (claviers, Graveworm) ainsi que les françaises Sibylle Colin-Tocquaine (guitare-chant, Witches), Marylin Tognolli (basse, Kill The Thrill), Kristin Hein (batterie, Carn, Caldera), Nathalie Papadacci alias Fly (basse, Caldera), Christelle Cavaleri (basse, Shall Not Kill), Sarah (guitare, Ipsum), Michelle (chant, Ipsum), Olivia (basse, No Return), Charlotte alias Cheepo (basse, Aqme) ou Candice (chant, Eths)202.
- 203 Selon Ansgar Jerrentrup, plus qu'ailleurs, c'est au sein de la musique gothique et dark que les fem (...)
- 204 On peut trouver quelques informations intéressantes concernant certains de ces groupes sur le site (...)
168Cet inventaire est d'autant plus remarquable que l'influence féminine est plus marquée dans les registres gothique, symphonique et atmosphérique, nettement moins violents203. Dans ce type de formations, les femmes occupent le plus souvent des postes de vocalistes. On citera par exemple, Vibeke Stene (Tristania), Tarja Turunen (Nightwish), Kristin Fjellseth (Pale Forest), Sharon den Adel (Within' Temptation), Cristina Scabbia (Lacuna Coil), Adeline Gurtner (Akin), Anneke Van Giesbergen (The Gathering), Liv Kristine (Theatre Of Tragedy), Sabine Edelsbacher (Edenbridge), Marielle (Amartia), Amy Lee (Evanescence) ou encore Fabienne Gondamin (Sirenia), sans oublier Sylvie Grare, chanteuse de Headline, officiant dans un registre metal progressif204.
- 205 Roccor, B. 2002. op. cit., p. 184.
- 206 Hard N'Heavy, Hors-série Filles, vol. 1, 2003 et Odym'étal, no 6, 2003.
169Il est assez curieux, qu'hormis l'épisode des « riot grrrls », les revendications féministes restent relativement peu mobilisées par les artistes femmes. Pour quelle raisons ? Sont-elles définitivement soumises à certains attendus sociaux ? Leurs revendications sont-elles mal relayées par la presse spécialisée ? Bettina Roccor postule que « les femmes, souhaitant s'imposer dans le domaine masculin du heavy metal, doivent soit être attractives, soit être particulièrement compétentes205 ». Après avoir assisté aux concerts de groupes féminins tels que Lunachicks, Hole ou X-Syndicate pour les plus récents, il me semble qu'il faille prioritairement retenir la seconde option, tant la qualité de leurs prestations a inspiré du respect au sein d'un public majoritairement masculin. Par conséquent, tout en reconnaissant que cela n'a pas toujours été le cas et qu'il persiste un certain nombre de résistances, il apparaît qu'aujourd'hui les artistes femmes bénéficient a priori d'un regard masculin plutôt bienveillant, qu'elles sont parvenues à transformer efficacement par l'imposition de leur talent. Les expériences réussies se multiplient et contribuent à encourager les initiatives féminines. Effectivement, les femmes n'ont jamais été aussi nombreuses au sein de l'esthétique metal qu'en ce début de siècle. Par ailleurs, la presse spécialisée vient de consacrer très récemment des numéros entièrement dédiés au metal féminin206. Faut-il y voir un phénomène de mode ou un réel effort d'ouverture de l'ensemble d'un genre musical ? Probablement les deux. Le succès de formations telles que The Gathering, Nightwish ou plus récemment Evanescence, plaide actuellement pour la première hypothèse. Seul le temps pourra l'invalider ou non. De manière plus concrète, il me semble que ce mouvement participe du processus engagé par le metal au cours des années 90, marqué par une nécessité de renouvellement telle qu'elle a été décrite en introduction de cet ouvrage. On peut donc supposer l'irréversibilité du mouvement puisque la présence des femmes permet d'offrir de nouvelles perspectives au genre.
170En outre, on ne peut mésestimer l'importance des cadres sociaux et culturels dans lesquels se pratique un art. S'il reste beaucoup d'efforts à fournir pour parvenir à l'égalité des sexes, il faut noter, à titre d'exemple, que nombre de formations féminines européennes sont d'origine Scandinave. Or, on sait que les pays nordiques entretiennent des rapports moins inégalitaires entre les hommes et les femmes que dans bon nombre de pays industrialisés, latins notamment, ce qui a pour effet d'y réduire mécaniquement les discours féministes. Le contexte social est donc aussi déterminant pour les artistes femmes que pour le travail de médiation artistique, entendu au sens d'un stimuli. L'argument naturaliste, largement répandu, selon lequel la proportion minoritaire de femmes dans le monde du metal s'explique exclusivement par leur fragilité, leur sensibilité ou leur romantisme, n'est donc pas recevable en ces termes. Il est plus juste de postuler que leur présence au sein de ce monde, relève avant tout des conditions dans lesquelles elles peuvent prétendre y tenir un rôle social.
Repères discographiques
Girl groups
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The Runaways. 1977. Queens of noise. Mercury. (é-u)
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Girlschool. 1981. Hit n'run. Bronze. (g-b)
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Rock Goddess. 1983. Rock Goddess. A & M. (g-b)
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Vixen. 1988. Vixen. EMI. (é-u)
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Lunachicks. 1990. Babysitters on add. Blast First. (é-u)
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L7. 1992. Bricks are heavy. Slash. (é-u)
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Phantom Blue. 1993. Built to perform. Roadrunner. (suè)
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Drain. 1996. Horror wrestling. Mercury. (suè)
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Rock Bitch. 1999. Motor driven bimbo. SPV. (g-b)
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Astarte. 2000. Rise from within. Black Lotus. (grè)
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Kittie. 2001. Oracle. Epic. (can)
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Meldrum. 2002. Loaded mental cannon. Record Heaven. (suè)
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Misdemeanor. 2002. Misdemeanor. GMR. (suè)
Guitar heroin
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The Great Kat. 1990. Beethoven on speed. Roadracer. (g-b)
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Great Kat. 2000. Rossini's rape. TPR. (g-b)
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Jennifer Batten. 1992. Above below and beyond. Voss. (é-u)
Groupes mixtes au sein desquels une femme occupe une position de leader et a donné son nom ou pseudonyme au groupe
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Suzi Quatro. 1973. Suzi Quatro. RAK. (é-u)
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Pat Benatar. 1979. In the heat of the night. Phonogram. (é-u)
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Joan Jett. 1981. I love rock & roll. Blackheart-MCA. (é-u)
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Lita Ford. 1983. Out for blood. Phonogram. (é-u)
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Lee Aaron. 1984. Metal Queen. Roadrunner. (can)
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W.O.W. 1984. Wendy O'Williams. Music For Nations. (é-u)
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Doro. 1993. Angels never die. Vertigo. (all)
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Cadaveria. 2002. The shadows'Madame. Scarlet. (ita)
Groupes mixtes au sein desquels une femme occupe une position de leader
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Plasmatics. 1982. Coup d'Etat. Capitol. (é-u)
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Genitorturers. 1993. 120 days of genitorture. Under One Flag. (é-u)
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Witches. 1994. 3.4.1. Abatrash. (fra)
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Acid King. 1999. Busse woods. Man's Ruin. (é-u)
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My Ruin. 2000. A prayer under pressure... of violent anguish. Snapper. (é-u)
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Sinergy. 2001. Suicide by my side. Nuclear Blast. (fin)
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X-Syndicate. 2001. Up your kilt. Biyou Music. (fra)
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Lost Goat. 2002. The dirty ones. Tee Pee. (é-u)
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Evanescence. 2003. Fallen. Epic. (é-u)
Les producteurs
- 207 Une confusion fréquente est faite entre le producteur artistique (producer) et le producteur financ (...)
171Si l'on associe immédiatement un disque à des musiciens, il n'est pas rare qu'on lui associe également le nom du producteur (producer)207 de l'enregistrement. Son nom figure d'ailleurs souvent en bonne place au dos d'un disque, ce qui atteste de son importance et du gage de qualité qu'il peut représenter. Le travail de ce dernier consiste à superviser un enregistrement et à lui conférer une identité sonore. Il est donc totalement complémentaire du travail des musiciens. Ses précurseurs les plus célèbres sont évidemment Sam Phillips, ayant produit les premières séances d'Elvis Presley, Phil Spector qui est l'inventeur du wall of sound (mur du son) dont les musiciens metal se montrent toujours particulièrement friands, et George Martin, producteur attitré des Beatles, qui s'est quant à lui livré à quantité d'expérimentations sonores totalement inédites en son temps.
172Si la démocratisation des techniques d'enregistrement est aujourd'hui une réalité, ce qui permet à grand nombre de groupes metal de réaliser leurs propres productions, ces derniers restent cependant très attachés à l'idée d'une collaboration avec un producteur qui saura mettre leur musique en valeur et leur faire un « gros son » ou à tout le moins, le son correspondant aux conventions du genre dans lequel ils évoluent. A ce titre, les collaborations répétées d'un groupe avec un même producteur témoignent d'un attachement à son endroit aussi fort que s'il s'agissait d'un membre du groupe car il est celui qui sait soumettre la technologie à sa volonté. Chaque genre musical connaît un ou plusieurs producteurs emblématiques. Les premiers albums de Black Sabbath ont été produits dans une relative confidentialité par Roger Bain et Patrick Meehan. Led Zeppelin a quant à lui confié son travail de production à son propre guitariste, Jimmy Page, dont la longue fréquentation des studios d'enregistrement l'avait aguerri à ce type de travail.
173Les premiers producteurs auxquels on reconnaît réellement de l'importance dans le monde du hard rock et du heavy metal font leur apparition dans la seconde moitié des années 70. Certains d'entre eux accompagnent presque intégralement la carrière des groupes qu'ils produisent. Parmi les plus influents, citons Bob Ezrin (Alice Cooper, Kiss, Nine Inch Nails), Tom Allom (Judas Priest, Def Leppard, Krokus), Dieter Dierks (Scorpions, Accept, Twisted Sister, Warning, MSG) et Robert John « Mutt » Lange qui après son travail avec AC/DC, se spécialise dans le hard rock radiophonique (Foreigner, Def Leppard).
La popularité de ces producteurs va croissant dans les années 80, en même temps qu'apparaît une nouvelle génération d'architectes sonores « généralistes » tels que Bob Rock qui prolonge le travail de Robert Mutt Lange en travaillant un son typiquement calibré pour les radios américaines (Aerosmith, Bon Jovi, The Cult, Motley Crüe, Skid Row, Metallica), Chris Tsangarides (Thin Lizzy, Tygers of Pan Tang, Mama's Boys, Yngwie Malmsteen, Rock Goddess, Girlschool, Y&T, Angra) et Martin Birch (Deep Purple, Iron Maiden, Skid Row, Black Sabbath, Whitesnake).
174La fragmentation des genres musicaux amorcée au cours des années 80 s'accompagne d'une spécialisation des producteurs. A peu de choses près, chaque famille du metal dispose d'un ou de plusieurs producteurs fétiches, ce qui n'exclut bien entendu en rien, leur capacité à la polyvalence. Bill Metoyer (Slayer, Exodus, Armored Saint) et Flemming Rasmussen (Metallica) comptent parmi les véritables auteurs du son speed et thrash metal. Le power metal américain bénéficie des compétences techniques de Terry Date (Pantera, Machine Head, Soulfly), tandis qu'en Europe le power metal a pour représentants les allemands Charlie Bauerfeind (Blind Guardian, Saxon, Helloween, Gamma Ray) et Sascha Paeth, dans une dimension certes plus symphonique et mélodique (Rhapsody, Angra, Kamelot, Luca Turili).
175Les sonorités les plus extrêmes du death metal et du grindcore sont le fruit du travail de Scott Burns (Obituary, Sepultura, Death, Morbid Angel, Loudblast, Atheist) aux Etats-Unis, de Colin Richardson (Bolt Thrower, Deicide, Carcass, Crusher, Napalm Death) en Grande-Bretagne et de Tomas Skogsberg en Suède (Entombed, Dismember, Katatonia, Scarve). Le Fredman Studio (Suède) est quant à lui le lieu de réalisation de nombreuses productions d'obédience thrash et death metal à tendance moderne et mélodique (Dark Tranquility, In Flames, Opeth, Arch Enemy, Misanthrope, Lyzanxia) auxquelles Fredrik Nordstrom apporte sa touche. Le metal progressif bénéficie du talent de Tommy Newton (Vanden Plas, Ark, Angra) et de Terry Brown qui s'est longtemps occupé de Rush avant de travailler avec Dream Theater et Fates Warning.
176Pour son travail avec Mayhem, Emperor, Enslaved ou Immortal, Eirik Hundvin, dit Pytten est devenu le bâtisseur des sonorités guerrières du black metal au même titre que les frères Tâgtgren (Peter et Tommy) qui ont produit Dimmu Borgir, Dark Funeral, Marduk ou Shining. Une ligne que peut également revendiquer le norvégien Terje Refsnes pour ses collaborations avec Carpathian Forest ou Gehenna mais qui s'oriente aujourd'hui plus largement vers des sonorités gothiques et symphoniques (Tristania, Theatre Of Tragedy, Morgul, Nightmare). Les promoteurs des sonorités froides et industrielles sont Rhys Fulber (Fear Factory, Machine Head, Nailbomb, Waltari), dont le travail est très apprécié pour la qualité de ses remixes, David Weber (Treponem Pal, Kill The Thrill) et Jacob Hellner (Rammstein). Billy Anderson est le maître inconstesté du doom (Sleep, Cathedral, Goatsnake, Sourvein) tandis que Dave Fortman est le spécialiste des sonorités poisseuses à tendance sludge (Eyehategod, Superjoint Ritual, Soilent Green). Jack Endino a donné ses lettres de noblesse au grunge et notamment à toute l'écurie du label Sub Pop (Nirvana, Soundgarden, Tad), avant que Butch Vig ne décroche la timbale, suite au succès de l'album Nevermind de Nirvana.
177Ulrich Wild (White Zombie, Incubus et No One Is Innocent) est considéré comme un pionnier du son crossover. En produisant le premier album de Korn et dans la foulée, ceux de Sepultura, Slipknot, Amen ou encore Limp Bizkit, Ross Robinson est devenu le créateur sonore du neo-metal, terrain qu'il partage également avec Terry Date (Deftones, Limp Bizkit, Otep). Le son qu'il a réalisé pour le groupe Kyuss confère à Chris Goss le statut d'inventeur des épaisses sonorités stoner (Queens Of The Stone Age, Sloburn, Unida), technicité qu'il partage aujourd'hui avec Matt Hyde (Fu Manchu, Monster Magnet). Pour ce qui concerne les sonorités sudistes du southern hard rock, celles-ci sont largement redevables du travail de Steve Wrench (Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet, Blackfoot). Par ailleurs, on ne saurait mésestimer la polyvalence de producteurs particulièrement renommés et spécialisés dans le « gros son » tels que Rick Rubin (de Slayer aux Red Hot Chili Peppers), Andy Wallace (de Faith No More à Sepultura), Michael Beinhorn (de Soundgarden et Marilyn Manson à Korn) ou encore Brendan O'Brien (de Rage Against The Machine à Pearl Jam)
178Il est frappant de constater qu'aucun des producteurs cités plus haut n'est français. La majorité d'entre eux sont américains. Lorsqu'ils en ont les moyens, les groupes hexagonaux choisissent le plus souvent d'enregistrer leurs disques à l'étranger avec des producteurs reconnus. A titre d'exemple, il est significatif que des formations actuellement en vogue, tels Pleymo, Watcha et Artsonic choisissent d'enregistrer leurs disques en Belgique dans les studios Impuls, avec le producteur Stephan Kraemer. Cette tendance est peut être sur le point de s'inverser avec la création du studio LB Lab, en banlieue lilloise, dont le promoteur est Stéphane Buriez, guitariste-chanteur du groupe de thrash Loudblast. Sa carrière au sein de cette formation lui a manifestement permis de se forger des compétences équivalentes à celles de ses homologues étrangers, qui lui vaut au final, la confiance de quantité de groupes français tels que Black Bomb A, Boost, Hertz & Silence, Lofofora, Gurkkhas, Carcariass, etc. Il en va de même pour Alexis Phelipot, batteur de Misanthrope, qui, au sein du Dru Nemeton Studio a produit les albums de groupes tels que No Return, Kristendom, Your Shapeless Beauty ou encore Kaizen. Sans oublier le travail de qualité réalisé par Fred Foulquier au sein du studio Le Phare en région bordelaise, pour le compte de groupes tels que Nihil, Zombies Eaters ou Oversoul. Si les français sont pour l'instant largement absents de l'élite internationale des producteurs, le sexe féminin est quant à lui, très peu représenté dans le domaine de la production tout court. Les réalisations de productrices pionnières talentueuses, telles les américaines Sylvia Massy Shivy (Tool, Red Hot Chili Peppers, Acroma) et Wendy Schneider (Bongzilla) semblent peut être indiquer l'amorce d'une inversion de tendance.
3. L'équipement instrumental
Les guitares
- 208 Ce type de guitare se caractérise principalement par une caisse pleine (par opposition à la guitare (...)
- 209 L'ensemble de ces modèles de guitares se déclinent bien entendu sous quantité de variantes. Pour s' (...)
- 210 lnspiré de la Stratocaster, ce type de guitare se distingue de celle-ci par un manche de 24 frettes (...)
179Plus qu'aucun autre instrument, la guitare électrique solid body208 est assurément le symbole du hard rock et du heavy metal puisqu'elle est l'outil du power chord et du sustain. Sa production est lancée en 1950, aux EtatsUnis, par la firme Fender sur la base du modèle Telecaster appelé à devenir un grand succès commercial. Mais c'est la Stratocaster qui devient l'instrument de prédilection des plus grands guitaristes de la fin des années 60 sous l'égide notamment de Jimi Hendrix, Jeff Beck, et Eric Clapton. Elle reste par ailleurs étroitement associée à des figures telles que Ritchie Blackmore de Deep Purple (indissociable de sa Stratocaster blanche) ou Yngwie Malmsteen. En 1952, la firme Gibson tente de concurrencer Fender avec son modèle Les Paul209 qui, outre les musiciens du British Blues Boom, trouve un écho considérable, toujours d'actualité, dans le monde du hard rock et du heavy metal, puisqu'il séduit des guitaristes aussi fameux que Jimmy Page (Led Zeppelin), Pete Townshend (The Who), Jeff Beck, Joe Perry (Aerosmith), Slash (Guns N'Roses), Nono (Trust), etc. Idem pour le modèle SG, utilisé par Tony lommi (Black Sabbath), Glenn Tipton (Judas Priest) ou Angus Young (AC/DC). La marque s'illustre également avec des guitares aux formes plus audacieuses telles que la Flying V, utilisée par Dave Davies (The Kinks), Michael Schenker (MSG), K. K. Downing (Judas Priest), Rudolf Schenker (Scorpions), James Hetfield (Metallica), et dans une moindre mesure, ('Explorer, popularisée par Johnny Winter, puis Matthias Jabs (Scorpions). Ces deux fabricants de guitares ont un caractère pionnier qui a engendré quantité d'entreprises du même type à travers le monde. Citons par exemple les marques Epiphone, Rickenbacker, Gretsch aux Etats-Unis, Burns et Vox en Grande-Bretagne, Hofner et Framus en Allemagne, Eko et Gemelli en Italie, Ibanez et Yamaha au Japon. Aux Etats-Unis toujours, les années 80 voient apparaître le modèle Superstrat210 fabriquées par les entreprises Jackson (Ozzy Osbourne, Def Leppard), Hamer (Judas Priest, Motley Crüe, Queensrÿche), ESP (Metallica, Patrick Rondat) ou encore Kramer (Van Halen) et Ibanez (Joe Satriani, Steve Vai).
180Toutes ces guitares sont particulièrement appréciées des guitar heroes. Un peu plus tard, apparaissent les guitares B.C. Rich au look très agressif, dont s'emparent les musiciens de metal extrême tels Kerry King (Slayer), Mick « 7 » Thomson (Slipknot), Trey Azagthoth (Morbid Angel), Pat O'Brien (Cannibal Corpse). Par ailleurs, il est intéressant de noter qu'lbanez a développé un modèle de guitare à sept cordes (Universe) sur les conseils de Steve Vai. Si ce dernier cherchait à étendre la palette tonale d'une guitare, d'autres guitaristes, tels Brian « Head » Welch et James « Munky » Shaffer du groupe Korn ont repris cette innovation à leur compte de manière à pouvoir exploiter le gain procuré par l'adjonction d'une corde supplémentaire dans les fréquences basses. Dans le droit fil de cette démarche, le luthier suédois Nevborn a récemment conçu un modèle de guitare à huit cordes dont le groupe Meshuggah est actuellement le premier promoteur.
181Le marché de la guitare basse s'est développé parallèlement à celui de la guitare électrique. En 1951, Fender lance son modèle Precision Bass qui reste une référence incontournable (Steve Harris d'Iron Maiden), au même titre le modèle Jazz Bass (Jennifer Finch de L7) et que la basse 4001 de Rickenbacker (apparue en 1961 et popularisée par Lemmy Kilminster de Motôrhead, puis Cliff Burton de Metallica). Les basses Gibson connaissent un succès moindre que celui rencontré par leurs guitares, si ce n'est pour l'EΒ3 (utilisée par Jack Bruce de Cream pour sa sonorité caverneuse) ou la Thunderbird (Martin Turner de Wishbone Ash, John Entwistle des Who). La basse Sting Ray de Music Man rencontre elle aussi les suffrages des musiciens (Flea des Red Hot Chili Peppers, Robert Trujillo ex-Suicidal Tendencies/Infectious Groove et nouveau membre de Metallica), tandis que la marque française Vigier est utilisée par Geezer Butler de Black Sabbath. B. C. Rich, fidèle à sa ligne agressive équipe les bassistes de metal extrême tels Jared Anderson (Hate Eternal) ou Steve Tucker (Morbid Angel). Bien entendu, la basse bénéficie elle aussi de certaines innovations. Les répercussions consécutives du passage de quatre à cinq cordes dans les années 60 n'ont initialement été perceptibles que dans le monde du jazz. Ce n'est qu'à la fin des années 80 que les basses cinq cordes font une timide apparition dans le monde du metal au sein des formations crossover (Infectious Groove) et plus curieusement au sein de Metallica. Jason Newsted, son second bassiste est en effet un grand amateur de basses cinq cordes Sadowsky. L'utilisation d'instruments de ce type reste cependant relativement mineure dans le metal, bien qu'ils aient été remis à l'honneur dans la seconde moitié des années 90 par Fieldy du groupe Korn, dont la quête de fréquences graves a déjà été évoquée plus haut.
182L'équipement des guitaristes les plus représentatifs est un instrument de mesure particulièrement efficace pour juger de la qualité d'un instrument. Si hard rock et heavy metal se fondent sur une logique de distinction artistique, leurs outils de production sont néanmoins assez semblables. Les guitaristes restent en effet relativement fidèles aux instruments que l'histoire a éprouvé. Ce comportement conservateur se vérifie actuellement par un engouement très net pour l'équipement vintage, « grand cru », que l'on considère comme le plus performant. Au-delà des instruments, ce mouvement est peut-être encore plus perceptible pour ce qui concerne la chaîne d'amplification.
L’amplification
- 211 Walser, R. 1993. op. cit., p. 45.
- 212 Notamment sur l’insistance de musiciens tels que Pete Townshend des Who.
- 213 La distorsion est un effet d'amplification très recherché par les guitaristes de hard rock et de he (...)
183Le volume sonore est l'élément caractéristique du metal qui lui confère sa puissance. Il permet de percevoir la musique à l'extérieur, comme à l'intérieur du corps211. Le volume est indissociable de l'amplification. C'est au début des années 60 que commence la course à l'amplification, qui comme pour les guitares électriques, est initiée par la firme Fender. Partie d'un amplificateur de 40 watts associé à une enceinte comprenant quatre hautparleurs, la firme britannique Marshall conçoit212, à la fin de la décennie, un modèle d'amplificateur 100 watts couplé à deux enceintes (soit huit haut-parleurs), ce que l'on appelle un stack (trois corps). La puissance et la capacité de distorsion213 de ce matériel sont alors uniques. Marshall devient incontournable pour les guitaristes de hard rock et de heavy metal. Les scènes des années 70 voient alors fleurir des murs de stacks ou chaque guitariste peut-être relié à une quinzaine d'amplificateurs. Le succès d'un équipement de ce type ne s'est toujours pas démenti. Même si d'autres firmes se positionnent sur le marché, peu de guitaristes de hard rock et de heavy metal échappent à la sphère d'influence Marshall. Citons tout de même quelques réussites comme les américains Mesa-Boogie (Metallica, Joe Satriani, Alice In Chains, Korn, Night Ranger, Tool), Peavey (Van Halen, Skid Row, Soulfly) ou les britanniques Green Matamp (Sleep, High On Fire).
Pour ce qui concerne les amplificateurs basse, le pendant de Marshall est la firme américaine Ampeg, dont le modèle SVT, créé en 1969, constitue la référence absolue (Michael Anthony de Van Halen, Cliff Burton, puis Jason Newsted de Metallica, Nikki Six de Mötley Crüe, Michael Inez d'Alice In Chains, Fieldy de Korn, etc.). Dans une moindre mesure on peut également citer les amplificateurs Mesa Boogie, Peavey, Carvin, Sunn ou Laney, sans qu'aucun n'ait cependant jamais réussi à détrôner Ampeg.
Les effets
184Les amplificateurs disposent évidemment d'un certain nombre de caractéristiques visuelles ou techniques (grain du son) qui les distingue des autres. Pour autant, il ne s'agit jamais que de points de détails. Les effets audio placés entre l'instrument et l'amplificateur constituent probablement les outils les plus efficaces pour obtenir un son propre à chaque musicien. Jimi Hendrix est le premier des musiciens a en avoir fait une utilisation aussi friande et intensive. Parmi les plus usités dans le monde du hard rock et du heavy metal, citons par exemple la wah-wah. Présentée sous la forme d'une pédale que l'on dirige au pied, la wah-wah amplifie et fait varier une partie des fréquences qu'on lui administre (prononcer le mot est un bon moyen de restitution de l'effet produit). La distorsion qu'il est possible d'obtenir naturellement par le biais d'un amplificateur peut également être injectée à l'aide de pédales d'effet. Son ancêtre, la pédale fuzz, dont l'effet de saturation est plus brutal est à nouveau largement plébiscitée par les musiciens dans les années 90. L'harmoniser, ou pitch shifter, est utilisé aussi bien par les musiciens que par les chanteurs. Partant d'un simple signal audio (notes de guitares ou chant), l'effet permet de le restituer sous la forme de signaux de hauteur différentes. Les musiciens l'emploient pour donner à leurs compositions une ampleur orchestrale (Steve Vai en est le spécialiste incontesté), tandis que les chanteurs l'utilisent pour obtenir des harmonies complémentaires à leur voix (méthode très prisée dans le metal extrême ou le chanteur cherche à donner à sa voix le caractère d'un grognement). Le plus fréquemment, les musiciens ne se contentent pas d'un seul effet et les couplent, ou alors, mais c'est plus rare, se servent de racks multi-effets. Mais, comme pour les guitares, cette dernière option rencontre les limites du tempérament conservateur du musicien, privilégiant toujours largement le matériel éprouvé aux nouveautés.
La batterie
185Si la guitare électrique symbolise incontestablement le hard rock et le heavy metal, il serait malvenu de mésestimer l'importance de la batterie, à laquelle il faut associer de prodigieux pratiquants. Les plus marquants d'entre eux sont probablement Keith Moon (The Who), John Bonham (Led Zeppelin), Bill Ward (Black Sabbath) dans les années 70, Nicko Mc Brain (Iron Maiden), Lars Ulrich (Metallica), Dave Lombardo (Slayer), Pete Sandoval (Morbid Angel), dans les années 80, Mike Portnoy (Dream Theater), Gene Hogland (Strapping Young Lad), Dave Grohl (Nirvana) ou encore Jan Axel Blomberg dit Hellhammer (Mayhem, Arcturus) dans les années 90. Mais ce ne sont pas tant ces artistes qui nous intéressent ici, que leur équipement.
- 214 La paternité de l'utilisation de la double grosse caisse revient au célèbre jazzman des années 50, (...)
- 215 Ces marques élaborent également les pédales de grosse caisse et de charleston.
186Dès la fin des années 60, la configuration des batteries, ce que l'on appelle un set, va croissant. Il se compose de fûts (grosse caisse, caisse claire, toms (de tailles différentes), de cymbales (charleston, ride, crash, etc.) et de pédales servant à actionner certains de ces fûts (grosse caisse) et cymbales (charleston). Un set de batterie peut se décliner sous un format basique, mais les batteurs de hard rock et de heavy metal se sont surtout illustrés par l'abondance d'éléments utilisés : double grosse caisse (il semblerait qu'elle ait été introduite dans le hard rock par Ginger Baker de Cream214) profusion de toms et de cymbales aux tailles et aux sonorités diverses, cloches, gongs, etc. Les marques de fûts les plus répandues sont Ludwig, Sonor, DW, Tama, Pearl, Yamaha215.
187Concernant les cymbales, on peut citer Paiste, Zildjian, Sabian, etc. La recherche de la vitesse – visant à produire les blast beats, ces fameuses rafales de batterie – étant un élément fondamental dans certains genres metal, il faut également mentionner l'importance des pédales de grosse caisse. Leur développement a été primordial notamment du fait de l'invention de la double pédale de grosse caisse, permettant de ne plus avoir à s'embarrasser de deux grosses caisses. La souplesse ahurissante de certaines de ces pédales (de la marque Axis notamment) permet aujourd'hui à certains batteurs death metal tels que Derek Roddy (Hate Eternal) ou Tony Laureno (Nile) d'atteindre des vitesses de 260 à la noire.
188Des groupes de metal industriel ont privilégié l'utilisation de boîtes à rythmes de manière à renforcer leurs rythmiques froides et martiales (Pitch Shifter, Godflesh). Hormis ce segment musical particulier, les formations metal se dispensent rarement de la présence d'un batteur. L'électronique s'est cependant immiscée dans les batteries au début des années 90 à la faveur de l'apparition du trigger (convertisseur de son). Le système consiste à placer des capteurs sur les éléments d'une batterie, qui, lorsqu'ils seront sollicités, répercutent mécaniquement un traitement sonore préalablement défini. On obtient ainsi des sonorités inédites pour un instrument acoustique qui procède dès lors d'un compromis entre humain et machine, très en vogue dans le power metal américain du début des années 90 (Pantera, Fear Factory).
Autres instruments
189Si une guitare, une guitare basse, une batterie et un micro chant constituent la configuration essentielle de l'équipement d'une formation de hard rock et de heavy metal, on peut également y trouver des instruments à clavier (introduits par Iron Butterfly ou Vanilla Fudge) tels que l'orgue Hammond (popularisé par Jon Lord de Deep Purple, dont les sonorités chaleureuses et rétro ont été remises au goût du jour par des groupes tels que Spiritual Beggars, The Mystick Krewe Of Clearlight ou Standarte) ou le synthétiseur que l'on retrouve actuellement dans quantité de groupes d'obédience gothique (Nightwish, Penumbra) ou symphonique (Cradle Of Filth, Rhapsody). Le fort développement du rap à la fin des années 80 et celui de la techno au début des années 90, a fini par pénétrer certains groupes de metal qui se sont emparés d'un certain nombre de procédés propres à ces musiques. Les techniques de l'échantillonnage (sampling) et du scratching, attributs de la musique rap et les techniques de mixage, propres à la techno font, désormais, partie intégrante de certaines formations évoluant dans le metal crossover (Dub War, Senser, Boost) ou le neo-metal (Watcha, Pleymo).
La voix
190Dans les années 70, les chanteurs évoluent majoritairement dans un registre aigu, ce qui leur permet d'occuper une place au sein du spectre sonore massif du groupe. Comme les guitaristes avec leurs power chords et leur sustain, les chanteurs metal cherchent à obtenir de leurs cordes vocales qu'il s'en dégage une puissance maximale et prolongée. C'est pourquoi ils répètent et prolongent souvent leurs cris et hurlements. Robert Plant (Led Zeppelin) et lan Gillan (Deep Purple) sont paradigmatiques de ce type de chant que Rob Halford (Judas Priest) a poussé dans ses retranchements en travaillant le registre suraigu (haute-contre, la plus aiguë des voix de ténor), qui lui vaut encore aujourd'hui le titre de Metal God. En introduisant un chant rauque et grave, Lemmy Kilminster (Motörhead) a bouleversé les conventions en usage en même temps qu'il a ouvert la voie à une nouvelle forme de chant, qui s'est bien entendu progressivement radicalisée avec les groupes black metal, thrash, death, sludge, etc. Dans le même temps se sont également développés des registres vocaux à tendance lyrique comme les affectionnent Ronnie James Dio (Rainbow, Dio) ou Bruce Dickinson (Iron Maiden), des voix dérivées de la variété pop comme celles de Jon Bon Jovi ou Joe Elliott (Def Leppard). A la fin des années 80 sont apparues des voix trafiquées passées au travers d'un certain nombre de filtres et effets comme celles d'Al Jourgensen (Ministry) puis Marilyn Manson. Au cours des années 90, les chants continuent de se radicaliser dans le sens du toujours plus grave (Thorn's Hammer, Gorelord, Incantation) ou du toujours plus aigu ou éthéré, notamment du fait de l'arrivée en force du chant féminin (The Gathering, Nightwish). Mais outre sa féminisation, la particularité principale du chant des années 90 tient à l'introduction de la polyphonie et à l'alternance des registres vocaux. King Diamond (Mercyful Fate) a initié l'alternance entre chant suraigu et chant grave dans les années 80. Burton C. Bell (Fear Factory) en a repris le principe au début des années 90 en combinant lignes mélodiques et lignes agressives que prolongent aujourd'hui des chanteurs tels que Jonathan Davies (Korn), Anders Fridén (In Flames) ou Mikael Ackerfeldt (Opeth). Certains groupes tels que Lacuna Coil ou In The Woods comptent deux vocalistes (masculin/féminin) se partageant les parties vocales selon leurs compétences respectives. Le chant polyphonique est quant à lui pratiqué par des groupes tels que Therion qui n'hésite pas à s'entourer d'un choeur lyrique, ou alors dans le cadre d'opéras metal comme dans le projet Avantasia. On trouve également des vocalistes d'exception tels que Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantomas, Tomahawk), capables quant à eux, de fusionner plusieurs registres, passant instantanément d'un chant pop à un chant hurlé avant d'embrayer sur un flow rap, puis de jouer au crooner.
4. La mise en scène du corps : équipement vestimentaire et expression corporelle
Présentation de soi, mode et merchandising
- 216 Mead, G. H. 1963. L'esprit, le soi et la société. Paris : Presses Universitaires de France.
- 217 Goffman, E. 1973. La mise en scène de la vie quotidienne. 1. La présentation de soi. Paris : Minuit (...)
191Les théoriciens de l'identité comme George Herbert Mead216 ou Erving Goffman soulignent l'importance d'autrui dans la construction de sa propre identité, que ce soit pour se différencier ou pour se conformer, mais également pour se présenter aux autres ou s'en protéger. Pour Goffman, un des enjeux essentiels des relations humaines est de faire reconnaître la valeur sociale positive de ce qu'il appelle, la « face » des individus. Cette « présentation de soi217 » est exprimée par notre habillement, nos comportements, nos propos, etc., et vise à donner une certaine image de soi dont on attend qu'elle soit confirmée par autrui. Autrement dit, il revient à chacun de se mettre en scène. Cette mise en scène, concerne bien évidemment les attributs vestimentaires et corporels associés au genre musical qui nous intéresse ici.
- 218 Roccor, B. 2002. op. cit., p. 220.
- 219 Sur les rapports entre la mode et le rock, on peut se reporter avec intérêt au petit chapitre intit (...)
192Bien qu'il soit difficile de dégager une réelle unité de style, un dress code strict, l'allure des premiers groupes de hard rock et de heavy metal est encore largement redevable de la période hippie. Cheveux longs, jeans, chemises ou t-shirts, lourdes boucles de ceintures, baskets ou bottines. Courant 1972, la mode glam : habits de lumière, strass et paillettes s'impose quelques temps avant de s'évanouir pour revenir à un style plus dépouillé. L'image du mauvais garçon fait davantage recette. S'inspirant des Hell's Angels, les tatouages font progressivement leur apparition (Bon Scott d'AC/DC, Rose Tatoo) et le cuir noir fait un retour en force avec Blue Oyster Cult qui, dans le même temps, se nimbe d'une aura de mystère en se retranchant derrière des lunettes miroirs et un symbolisme ésotérique. En 1977, Judas Priest impose provisoirement le look cuir, clous et chaînes en tant que forme archétypale du look heavy metal. Mais, à l'instar de la musique metal, dans les années 80, les looks se sont eux aussi progressivement fragmentés, pour accompagner et distinguer les genres et sous-genres metal. C'est l'avènement de la NWOBHM qui a accompagné le développement d'un marché spécifique pour les produits connexes à la musique metal218. Les pointes des bracelets à clous augmentent de plusieurs centimètres (Slayer), les baskets montantes et les pantalons Spandex se démocratisent mais sont utilisés différemment selon leurs motifs (les rayures sont à la NWOBHM, ce que le noir uni est au speed metal), on voit apparaître les treillis de camouflages (Accept), fanfreluches et maquillages font un retour en force sous l'effet d'une nouvelle vague hard rock glam (Twisted Sister, Motley Crüe), les musiciens de hard rock FM portent des vestes de costumes sur leurs jeans alors que ceux de death metal introduisent le complet jogging/baskets/perfecto. Les années 90 continuent à la fois de se radicaliser (rejet du look death metal par le milieu black metal par exemple), de réactualiser certains attributs vestimentaires tombés en désuétude (jeans pattes d'éléphants dans le stoner rock), de se réapproprier des propriétés d'autres courants musicaux (raffinement et excentricité gothique récupérée par le metal du même nom, dreadlocks rastas reprises par le neo-metal ou encore ceintures à clous et badges reconquis par certaines franges du hardcore metal), d'innover (jeans déchirés du grunge) et même d'abandonner certains stéréotypes tels que les cheveux longs, au profit du crâne rasé (introduit par le hardcore américain, repris ensuite par le power metal américain), voire de rejeter les normes vestimentaires distinctives du metal pour embrasser des normes plus conformistes. Ces traits de comportements sont particulièrement représentatifs du fonctionnement de la mode219.
- 220 Vandenberghe, F. 2001. La sociologie de Georg Simmel. Paris : La Découverte. Coll. Repères, p. 55.
193Qu'observe-t-on en effet ? Des genres musicaux s'emparent d'une forme vestimentaire déterminée pour en faire une norme qu'ils appliquent plus moins scrupuleusement pendant quelques temps. Cette norme peut disparaître momentanément, avant d'être subitement réactivée à la faveur d'un genre musical célébrant avec nostalgie ses origines, à moins qu'un autre genre musical ne se l'approprie en tout ou partie, pour son propre usage. En creux, on voit à l'oeuvre ce que Georg Simmel désignait comme une tendance à l'universel et une tendance à la particularisation. Ce qui, dans le metal « se manifeste comme une forme de synthèse pratique entre la tendance psychologique à l'imitation et la tendance psychologique à la distinction220 ».
- 221 Chastagner, C. 1998. La loi du rock. Castelnau-le-Lez : Climats, p. 101. Pour étayer son propos, l' (...)
- 222 Bourdieu, P. 1979. La distinction. Paris : Minuit.
- 223 Cette pratique accompagne la naissance du rock'n'roll aux Etats-Unis. Sa paternité est probablement (...)
- 224 Assayas, M. 2000. McLaren, Malcolm. In Assayas, M. op. cit., p. 1075-77.
194La constitution d'une communauté de goût articulée autour d'un genre musical peut être un élément de réponse à la quête identitaire de la jeunesse. L'industrie du disque a parfaitement saisi les implications de cette caractéristique anthropologique dont les enjeux économiques sont énormes. Il se trouve par ailleurs que le monde du metal apprécie d'exprimer son attachement à la musique de manière ostentatoire. Pour Claude Chastagner, « afficher ses préférences est le plus sûr moyen de satisfaire le désir communautaire221 », qui est par extension également désir de distinction si l'on suit le raisonnement de Simmel ou de Bourdieu222. Cette observation constitue un autre enjeu économique, dont la dimension est connexe à la musique cette fois-ci : le merchandising, à savoir la vente de produits dérivés de l'image d'un groupe ou d'un artiste223. Plus largement, ces produits dérivés peuvent également faire référence à l'esthétique d'un phénomène culturel comme l'a démontré le mouvement punk. On sait aujourd'hui que les attributs vestimentaires propres au phénomène punk ont été préalablement étudiés par Malcolm McLaren et sa compagne, Vivien Westwood, à des fins commerciales224. Leur démarche a ainsi contribué à la marchandisation d'accessoires indissociables d'un genre musical. En dépassant le simple marquage d'un objet (t-shirt ou autre) à l'effigie d'un artiste, la couple a soutenu l'apparition d'une nouvelle mode et rendu culturellement efficaces un certain nombre de vêtements, de parures et d'objets divers. Toutefois, le merchandising hard rock et heavy metal semble antérieur à la déflagration punk. En effet, dès 1975, la « Kiss Army », le fan-club du groupe Kiss propose un catalogue de produits particulièrement fourni : outre les habituels t-shirts, on trouve des marionnettes à l'effigie des musiciens du groupe, un flipper Kiss, des boîtes de maquillage, des masques et des jeux de société Kiss.
195La domination qu'exercent le hard rock et le heavy metal sur la scène musicale française au début des années 80 est un terrain particulièrement propice à l'éclosion d'un merchandising spécialisé. Quantité de boutiques se positionnent sur le marché en développant parallèlement la vente par correspondance. Parmi les premières d'entre elles, on citera celles installées à Paris ou en région parisienne : Music Défonce, L'Indien, France Graffiti, Parra, Black Cat, Totem et le Rock Merchandising Club. En province : Idols à Avignon et Manhattan Boutic à Bayonne. Ces établissements proposent une gamme de produits constamment élargie : ceintures, bracelets, mitaines et colliers cloutés (petites pointes, grandes pointes, clous pyramides, etc.), bracelets de force, pantalons à rayures, pantalons en cuir ou en toile élastique (les fameux Spandex), t-shirts panthère, zèbre, toile d'araignée, sweat-shirts (d'abord motif recto, puis verso, puis all over), bombers, badges, écussons, patches, dossards, poignets éponge, stickers, posters, casquettes, bonnets, sacs, écharpes, bandanas, cartouchières, menottes, sangles doutées pour bottes, drapeaux, perfecto, etc., la liste est impressionnante de diversité. Beaucoup de ces attributs, typiques des années 80, n'ont plus cours aujourd'hui. Le merchandising semble se cristalliser sur ses éléments les plus fonctionnels, dont le t-shirt à l'effigie d'un groupe est emblématique, mais se déclinant également sous la forme de t-shirts à manches longues, de débardeurs girlie (pour les filles), de sweat-shirts à capuches et dans une moindre mesure de pantalons de jogging, de shorts et de bonnets (beanies).
196Aujourd'hui, le merchandising s'est démocratisé à tel point qu'on le trouve même sur les stands des marchés. Certains labels comme Holy Records ou Adipocere Records diffusent le merchandising officiel d'un certain nombre de formations internationales. Tout comme le fait la presse spécialisée avec le Club Hard N'Heavy par exemple. Concernant les boutiques spécialisées, les plus médiatisées sont Hors Norm à Grenoble qui affiche le slogan : « les fringues extrêmes pour une musique extrême, un public extrême... », Rock A Gogo à Nantes qui se revendique comme « magasin de prêt à choquer » et Backstage à Montpellier. Ce dernier, outre un merchandising classique, se positionne également sur les accessoires gothiques et black metal (pendentifs, boucles d'oreilles, boucles de ceinture et bagues représentant crânes, squelettes, animaux, aliens, pentagrammes, motifs celtiques, motifs cabalistiques, toiles d'araignées, glaives, cercueils, croix inversées, etc., sur le modèle des bijoutiers londoniens, spécialisés dans l'imagerie « rock » tels Great Frog et Crazy Pig).
197Mais le merchandising tel qu'il est décliné ici reste surtout l'apanage des groupes relativement importants. Les autres, également conscients de la potentialité des retombées économiques et de l'impact publicitaire engendrés par les produits dérivés, choisissent de faire fabriquer leur propre merchandising qu'ils se chargent de vendre lors de leurs concerts ou par l'intermédiaire de leur label. Pour cela, ils s'adressent généralement aux ateliers de sérigraphie généralistes locaux ou spécialisés dans le rock tels que Goéland Productions à Montreuil par exemple.
L'apparence corporelle ayant été traitée, il nous reste à aborder la question de l'expression corporelle de l'amateur de metal.
Expression corporelle
- 225 A titre anecdotique, les amateurs de hard rock et de heavy metal sont également d'importants pratiq (...)
198Le metal ne se compose pas de genres musicaux que l'on relie directement à une danse, au sens d'une suite de mouvements du corps codifiés rythmiquement. Plus modestement, ils ont donné lieu à des formes d'expressions corporelles, souvent empruntées à d'autres genres musicaux. Seule la pratique du headbanging peut leur être directement associée225. Elle consiste à balancer sa tête d'avant en arrière ou de la faire tournoyer dans un mouvement circulaire, à l'écoute d'un disque ou pendant un concert. Les pratiquants sont unanimes : l'intensité de l'exercice est décuplé lorsqu'ils ont les cheveux longs. On peut néanmoins supposer que quelle que soit leur longueur, le headbanging atteste de l'empathie vécue par le musicien ou l'auditeur avec la musique.
- 226 On attribue la paternité du pogo au Bromley Contigent qui fut le premier noyau de fans des Sex Pist (...)
- 227 Pour une illustration très détaillée du moshing et du mosh pit, voir Berger, H. M. 1999. op. cit., (...)
- 228 Berger, H. M. 1999. op. cit., p. 72.
199Le pogo, cette « danse » qui voit des individus bondir dans tous les sens et se bousculer plus ou moins brutalement dans la fosse (pit) devant la scène, s'est progressivement introduit dans le monde du metal, après que les punks l'aient inventé en 1977226. Le milieu hardcore américain a radicalisé cette « danse » en 1979 pour la décliner sous une version très violente à base de coups de poings et de pieds : le slamdancing. Sa forme s'est progressivement euphémisée pour devenir le moshing227. Dans ses observations, Harris Berger montre bien que si la violence de cette « danse » est bien réelle, elle reste toujours circonscrite au pit, sans jamais dégénérer en émeute. On assiste donc « dans le même temps à une authentique décharge d'agressivité, ainsi qu'au contrôle de cette agressivité228 ». Evidemment, très peu de femmes osent se lancer dans cette forme de « danse ».
- 229 Pour un historique et un aperçu photographique de ces pratiques, se référer au chapitre « World ful (...)
200Dès 1981 on observe également la popularisation du très spectaculaire stage-diving consistant à se jeter dans le public depuis la scène, ou de se propulser dans les airs par ses propres moyens (chaise, courte échelle, etc.), afin de surfer sur les bras tendus par les spectateurs229. Le stage-diving est la pratique que la scène metal a le plus largement popularisée depuis la vague grunge du début des années 90. Si le slamdancing est rarement pratiqué au bénéfice du moshing, moins brutal mais toujours rugueux, le neometal vient de donner naissance à une variante de cette « danse » pour le coup, très cordiale : le jump, qui consiste à sauter sur place tel un guerrier Masai. Son intérêt majeur réside probablement dans sa propension inclusive du sexe féminin, qui, on le voit lors des concerts, est largement plus représenté que dans d'autres genres metal.
201Poing fermé, index et auriculaire tendus, il est impossible de clore ce court chapitre sans évoquer le fameux signe du Diable que cette position de la main est supposée symboliser. Tout porte à croire que ce signe a été popularisé par le chanteur Ronnie James Dio qui l'intégrait dans sa gestuelle scénique dès les années 80. Les amateurs de metal ont désormais pour coutume d'adresser ce signe vers la scène lors d'un concert pour manifester leur ferveur et leur adhésion collective. Ils peuvent également se l'adresser entre eux dans la vie courante en guise de salutations. Qu'il soit pratiqué de manière sérieuse ou par dérision, il peut constituer un signe de reconnaissance au sein de la communauté des amateurs de metal.
Notes
1 Heinich, N. 1999. Pour en finir avec la querelle de l'art contemporain. Paris : L'Echoppe, p. 21.
2 Ce modèle, correspondant à ce que l'on appelait akmé dans l'Antiquité, m'a été inspiré par la lecture du livre de Pierre Hadot. 1995. Qu'est-ce que la philosophie antique ? Paris : Folio Essais, p. 432.
3 Pour un rapide aperçu historique du blues en Grande-Bretagne, se reporter à l'excellent article de Mignon, P. 1985. British rhythm & blues. Vibrations, no 1, p. 103-114.
4 Blum, B. 2000. Blues. In Assayas, M. Dictionnaire du rock. Paris : Robert Laffont, p. 186.
5 Mignon, P. 1985. op. cit. p.109.
6 Premier hit construit sur la base de power chords, c'est-à-dire, d'accords de quinte se composant de la fondamentale (ou tonique), de sa quinte et de leurs octaves respectifs. Joué à fort volume avec l'aide d'une distorsion et de l'effet sustain visant à soutenir et à prolonger l'accord, le power chord est l'accord archétypal du hard rock et du heavy metal. Cela ne signifie pas bien entendu que ce type d'accord est le seul à être utilisé dans ces musiques.
7 Les Troggs sont également considérés comme les précurseurs anglais de la musique punk.
8 Thème musical de quelques notes formant l'ossature d'un morceau.
9 Accrochage sonore entre le micro de la guitare et un haut-parleur, très désagréable lorsqu'il n'est pas maîtrisé.
10 Au début, Jimmy Page préfére parler de progressive blues au sujet de sa musique. Selon moi, le premier album de Led Zeppelin entre clairement dans la catégorie hard rock. Le second, par l'ampleur des power chords déployés sur le titre « Whole lotta love » notamment, flirte avec le heavy metal.
11 Dans un registre vocal invariablement aigu de manière à pouvoir se frayer une place dans les fréquences basses et massives de l'ensemble.
12 Blanchet P. 1985. Heavy Metal Story. Paris : Calmann-Levy, p. 13-14.
13 Motôrhead est un cas à part dans la mesure où ce groupe est le premier à faire le lien entre hard rock, heavy metal et punk. La presse musicale le traite de « plus mauvais groupe du monde ». Ayant saisi l'importance de la distinction dans toute démarche artistique, le groupe paraphrase alors Attila, le Roi des Huns, en déclarant : « Si on s'installe à côté de chez vous, l'herbe ne repoussera plus jamais » pour justifier son extrémisme musical.
14 A tel point que certains spécialistes attribuent à Trust une part de paternité du rap français. Rabasse, M. 2000. Trust. In Assayas, M. op. cit., p. 2011-2012.
15 Le batteur du groupe, Tommy Lee, a publié en mai 2001 une autobiographie du groupe intitulée The Dirt. Confessions of the world's most notorious rock band. New York : Regan Books.
16 Pour Robert Walser, les comportements privés de ce type de musiciens constituent un moyen de contrebalancer leur image équivoque d'androgyne et d'affirmer ainsi leur hétérosexualité. Walser, R. 1993. Running with the devil : power, gender & madness in heavy metal music. Delaware, Ohio : Wesleyan University Press, p. 130.
17 Loin de faire l'apologie du satanisme, Geezer Butler, parolier du groupe, cherche plutôt à travers ses textes à mettre le monde en garde contre le Malin. Incompris, le groupe s'attirera les foudres des religieux chrétiens aux Etats-Unis. Par ailleurs, Alice Cooper tente lui aussi de forcer sur l'aspect macabre de son art, mais dans un registre nettement plus théâtral et dans une tonalité hard rock.
18 Sur ce sujet et à propos de la carrière du groupe, voir l'excellent documentaire Sabbath Bloody Sabbath de Sarah Mortimer et Francis Hanly (1998).
19 Mesmin, D. 2000. Black Sabbath. In Assayas, M. op. cit., p. 157-158.
20 Les propos sont d'Ozzy Osbourne. Ils sont prononcés dans le documentaire Sabbath Bloody Sabbath. 1998. op. cit.
21 Les deux groupes s'attachent d'ailleurs les services de Michael Moorcock, écrivain de romans d'anticipation.
22 Il sera ensuite le rédacteur en chef du magazine anglais Kerrang !, premier magazine entièrement dédié au hard rock et au heavy metal.
23 L'indistinction du terme heavy metal est ici patente puisque le terme regroupe aussi bien des groupes orientés hard rock que des groupes orientés heavy metal. En fait, la NWOBHM regroupe des formations ayant intégré chacun des deux styles.
24 Les versions anglaises de Metamorphosis (1984) et Heroes tears (1986) ont été éditées par le label allemand Steamhammer.
25 Si l'album de la transition est sobrement appelé Metallica, il est également connu sous le nom de Black album. Il s'est vendu à plus de 7 millions d'exemplaires aux Etats-Unis.
26 Chocron, C. 1994. Les enjeux économiques du rock. In Gourdon, A.-M. sous la dir. Le rock. Aspects esthétiques, culturels et sociaux. Paris : CNRS Editions, p. 123.
27 L'exemple des Beatles est particulièrement représentatif des conditions techniques de l'époque : « Les Beatles sont le premier groupe dans l'histoire du rock qui se produise dans des stades et des amphithéâtres devant des dizaines de milliers de fans. Aucun lieu n'est équipé pour de tels "concerts" : la sono est bricolée par un ingénieur du son qui ne dispose que de trois pistes sonores, les Beatles n'ont pas de retours et ne s'entendent ni jouer ni chanter. » In Assayas, M. 2000. Beatles (The), op. cit., p. 117.
28 Ces amplificateurs, conçus par Charlie Watkins, délivrent alors une puissance de 800 watts.
29 Il s'agit de hauts-parleurs placés face aux musiciens destinés à ce que chacun d'entre eux puisse s'entendre au mieux et se distinguer des autres.
30 Pour une histoire des techniques de sonorisation, se reporter à Bouasse, P. Sonorisation. In Assayas, M. op. cit., p. 1782-1784. A titre d'exemple, en 1973, Led Zeppelin utilise lors de ses concerts plus de deux cents haut-parleurs, une centaine de projecteurs et une équipe de techniciens d'une centaine de personnes.
31 Benetollo, A., Le Goff, Y. Historique du rock. In Gourdon, A.-M. sous la dir. 1994. Le rock. Aspects esthétiques, culturels et sociaux. Paris : CNRS Editions, p. 29.
32 Et dans une moindre mesure le cinéma, puisqu'on voit les Yardbirds et notamment Jeff Beck s'employer à détruire une guitare Gibson dans le film Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni.
33 David Bowie, acteur influent du glam rock déclare lui-même à la presse en 1972 : « Une société qui tolère des gens comme nous est véritablement une société sur le déclin ». Laudier, B. 2000. Bowie, David. In Assayas, M. op. cit., p. 208.
34 David Bowie a travaillé dans une troupe de mimes pendant plusieurs années. Il est très sensible au « théâtre de l'absurde » d'Antonin Artaud et aux livres de Jean Genet.
35 On trouve une excellente illustration de ce qu'a pu être le glam rock et des effets qu'il a pu produire sur certains de ses fans, dans le film Velvet Goldmine de Todd Haynes (1998). Dans une version plus délurée, le film Hedwig and the angry inch, de John Cameron Mitchell (2001) traite également de ce sujet.
36 David Johansen, chanteur du groupe est très lié au milieu de l'avant-garde théâtrale new-yorkaise et notamment celle qui gravite autour de la Factory d'Andy Warhol et du « théâtre de l'absurde ».
37 Metallian, 2002, no 27, p. 13.
38 Walser, R. 1993. op. cit., p. 59. Il est à noter par ailleurs que le troisième chapitre du livre (p. 57-107) est entièrement consacré au lien entre musique classique et metal, que l'auteur articule autour de figures telles que Ritchie Blackmore, Eddie Van Halen, Randy Rhoads et Ingwie Malmsteen.
39 Petit, J. 1994. La saga du hard-rock. Hard N’Heavy, no 2, p. 72.
40 Assayas, M. 2000. Emerson, Lake & Palmer. In Assayas, M. op. cit., p. 555-557.
41 Le groupe continue de travailler en ce sens puisqu'il s'est produit récemment (25 octobre 2000) au Palais des Congrès de Paris avec l'Orchestre Philarmonique de Roumanie.
42 Le morceau sera interprété en compagnie de l'Orchestre Symphonique de Tokyo en 1984. Il ne sera cependant publié qu'en 1986 sur la compilation live Finyl vinyl.
43 On peut voir un extrait de la pièce « Tuba mirum » sur la piste CD-Rom de l'album du groupe. Elle est également disponible sur le CD-Rom accompagnant la revue Rock Hard, no 23, 2003.
44 On sait par exemple qu'en concert, Joey DeMaio, bassiste de Manowar, joue quelquefois l'ouverture de Guillaume Tell (l'opéra de Giacchino Rossini) sur son instrument ou que Steve Harris, bassiste et compositeur d'Iron Maiden, a adapté « Asturias » du compositeur espagnol Isaac Albeniz pour le morceau « To tame a land » (1983, Piece of mind).
45 Les albums d'Apocalyptica : Plays Metallica by four cellos (1996, Zen Garden) ; Inquisition symphony (1998, Polygram) ; Cult (2001, Spitfire) ; Reflections (2003, Mercury – avec Dave Lombardo de Slayer à la batterie)
46 The Kennedy Experience. 1999. Nigel Kennedy plays Jimi Hendrix. Sony Classical. Le violoniste a également retravaillé le répertoire des Doors en compagnie de Jaz Coleman (chanteur de Killing Joke) et de l'orchestre symphonique de Prague, sous la direction de Peter Scholes (The Doors concerto, 2000, Philips).
47 Doctrine esthétique de peintres anglais (John Everett Millais, William Holman Hunt, Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne Jones) qui, dans la seconde moitié du 19ème siècle, cherchent à opérer un retour à la tradition picturale des peintres toscans antérieurs à Raphaël (1483-1520), tels que Sandro Botticelli, Filippino Lippi, Domenico Ghirlandaio.
48 Avec des moyens plus limités, le groupe tchèque Master's Hammer a produit une opérette black metal intitulée The Jilemnice Occultist (1992, Osmose). Elle met en scène six héros. Dans un registre death metal, il est intéressant de noter que le groupe français Agressor s'est modestement livré à quelques expérimentations avec le Choeur de l'opéra de Lyon sur l'album Symposium of rebirth (1994, Black Mark).
49 Les groupes de southern rock se présentent souvent sur scène en arborant le drapeau des confédérés. Si le symbole est ambigu, les musiciens se défendent toutefois de revendiquer une appartenance idéologique raciste ayant animé les Confédérés pendant la guerre de Sécession (1861-1865). L'emblème semble avant tout servir à revendiquer une appartenance territoriale. Le ton est davantage au machisme et à la virilité dans le rock sudiste, même si Lynyrd Skynyrd se compose également d'éléments féminins.
50 Le boogie-woogie est un style de blues puissant et agressif aux rythmes entraînants et dansants. Né dans les années 20 en Alabama, il se pratique originellement dans les maisons closes (barrelhouse) et constitue la base rythmique du rock.
51 Potts, E. 2000. ZZ Top. In Assayas, M. op. cit., p. 2224-25.
52 En revendiquant son « indianité » à travers ses textes, le groupe pose une question identitaire d'un autre type dans le monde du southern rock et propose une réflexion sur la situation des minorités indiennes dans leur propre pays. Par ailleurs, Rick Medlocke, chanteur guitariste de Blackfoot a fait partie de Lynyrd Skynyrd à deux reprises au cours de sa carrière. Il est à ce titre difficile de soutenir que les musiciens de Lynyrd Skynyrd soient racistes.
53 Pour un complément d'informations concernant ces genres musicaux, on peut se reporter au dossier « Rock Sudiste » de Bruno Bages, dans la revue Rock Hard, no 9, 2002, p. 48-53.
54 Dans son livre, Robert Walser procède à une analyse très éclairante du titre « Livin'on a prayer » du groupe Bon Jovi. Les paroles du morceau mettent en scène Tommy et Gina, un jeune couple. Tommy cherche à vivre de la musique. Paroles et musique sont agencées en trois parties organisant l'intensité dramatique du thème. Le premier couplet dépeint la situation économique particulièrement difficile du couple. Le second vise à l'encourager à ne pas se laisser abattre. Le troisième couplet affirme qu'il est possible de dépasser les problèmes matériels en gardant foi en l'amour. Pour certains critiques rock, des morceaux de ce type étaient parfaitement calibrés pour être diffusés sous l'ère Reagan. Walser, R. 1993. op. cit., p. 120-124.
55 Assayas, M. 2000. Journey. In Assayas, M. op. cit., p. 909-910.
56 Rabasse, M. 2000. Foreigner. In Assayas, M. op. cit., p. 627-628.
57 Né en 1987, le fanzine Rock Time est passé à un statut semi-professionnel à la fin 1996, avant de devenir très récemment un webzine. Disponible sur : www.rocktime.fr.st
58 Walser, R. 1993. op. cit., p. 149.
59 Walser, R. 1993. op. cit., p. 99-100.
60 Berger, H. M. 1999. Metal, rock and jazz. Perception and the phenomenology of musical experience. Delaware, Ohio : Wesleyan University Press, p. 48. Dans ce cas de figure, l'auteur parle de compositeurs dictatoriaux.
61 Le jeu de guitare extrêmement rapide de Malmsteen a exercé une influence non négligeable sur les groupes de death metal suédois.
62 Il s'agit d'un effet sonore obtenu en « balayant » plusieurs cordes d'une guitare au lieu d'une seule à partir d'un seul coup de médiator. Cette technique a permis à Yngwie Malmsteen de produire des « cascades » de notes jouées à une vitesse foudroyante.
63 Parmi quantité d'activités musicales, signalons que Jennifer Batten est la guitariste de Michael Jackson et qu'elle joue également dans le groupe de Jeff Beck.
64 Walser, R. 1993. op. cit., p. 107.
65 Baddeley, G. 1999. Lucifer rising. Sin, devil worship & rock'n'roll. London : Plexus, p. 89-99.
66 Enfer Magazine, no 12, 1984, p. 12.
67 On peut également citer pour autre référence, les guerriers Massai de Tanzanie.
68 Autre précurseur du black metal, mais d'un point de vue visuel et philosophique uniquement. Chanteur du groupe danois Mercyful Fate, King Diamond a érigé le satanisme moderne d'Anton La Vey, en mode de vie. Musicalement, il se situe plutôt dans un registre heavy metal.
69 Après une première démo culte éditée à 100 exemplaires intitulée Pure Fucking Armageddon (1986).
70 Lavey, A. S. 1969. The Satanic Bible. New York : Avon Books.
71 Parmi d'autres, on citera Crowley, A. 1938. The Book of the Law. Berlin : Ordo Templi Orientis. On y retrouve le fameux précepte « Fais ce que tu voudras sera toute la Loi ».
72 Parmi d'autres, on citera Lovecraft, H. P. 1983. Le Necronomicon. Paris : J'ai Lu, coll. L'aventure mystérieuse, no 400.
73 On peut s'interroger sur l’influence qu'a également pu exercer Edvard Munch (1893-1944), peintre et graveur norvégien sur le développement du black metal. Il faut se rappeler que l'oeuvre de cet artiste, précurseur de l'expressionnisme, est entièrement traversée par l'angoisse de la mort et la difficulté de vivre. Comme il est possible de s'interroger sur l'influence de son compatriote, le dramaturge Henrik Ibsen (1828-1906), dont l'oeuvre repose, elle aussi, pour beaucoup, sur le sens tragique de la vie.
74 Dead était réputé comme un individu instable et fragile. Sur scène il lui arrivait de se mutiler avec des tessons de bouteille jusqu'à atteindre la limite de l'évanouissement.
75 Certains groupes comme Deicide aux Etats-Unis recevront des menaces de mort de la part de l'Inner Circle.
76 L'ensemble de ces faits sont relatés dans Moynihan, M., Søderund, D. 1998. Lords of chaos. The bloody rise of the satanic metal underground. Los Angeles : Feral House.
77 Interprété dans le sens d'une lecture national-socialiste et non pas dans le sens nietzschéen strict.
78 Dans ce registre, on peut par exemple citer les groupes toulonnais Kristallnacht, Seigneur Voland et Blessed in Sin.
79 Certains acteurs du black metal justifient l'ultra violence de leur démarche en la présentant comme un reflet de la société. Pour RMS Hreidmarr, chanteur de CNK et d'Anorexia Nervosa : « On vit dans un monde qui nous impose la dictature du bonheur : on nous rabat les oreilles avec les Droits de l’Homme, tout le monde se dit humaniste, pacifique... Or, derrière cette façade, on vit dans un monde barbare, peut-être plus dur que ce qu’il pouvait être au Moyen-Age dont on a, paradoxalement, une image violente. Nous avons voulu, par nos textes, mettre aux gens le nez dans leur merde ». Rock Hard, no 10, 2002, p. 45.
80 Metallian, no 26, 2002, p. 68.
81 Le label compte aujourd'hui une agence aux Etats-Unis.
82 Par exemple, l'album Puritanical euphoric misanthropia de Dimmu Borgir a atteint la 8ème place des charts en Norvège et la 13ème en Allemagne. Il faut noter également l'étonnante progression du groupe Satyricon, qui, s'il n'officie certes pas dans un registre symphonique, n'en est pas moins parvenu à se hisser progressivement au rang de leader d'un black metal aventureux et original. Le succès rencontré par son dernier album Volcano (2002), a propulsé le groupe à la une des médias nationaux norvégiens.
83 Les laudateurs du true black metal ne cherchent à évoluer que dans le cercle très restreint du groupe d'initiés. Ce qui se traduit par des enregistrements très bas de gamme et une couverture médiatique confinée. Ce comportement repose sur l'idée que seuls les « vrais » amateurs sauront faire l'effort pour se procurer ces enregistrements. Pour un aperçu des débats qui agitent les « vrais » et les « faux » amateurs de black metal, il suffit de se reporter au courrier des lecteurs des revues spécialisées. Par exemple, on peut se reporter aux numéros 43, 44 et 45 du magazine Hard N'Heavy (1998-99).
84 Le « Black Album » sorti en 1991 se classe directement au no 1 des classements américains et se vend à plus de 10 millions d'exemplaires. En terme de popularité, le groupe rejoint ainsi des ténors du rock comme U2.
85 Mesmin, D. 2000. Metallica. In Assayas, M. op. cit., p. 1150.
86 Slayer serait l'acronyme de Satans Laughs As You Eternally Rot (« Satan se marre pendant que tu pourris éternellement »).
87 Bien que les albums fondateurs du speed et du thrash metal soient tous deux publiés en 1983, Metallica s'est déjà fait un nom en Californie grâce à ses premières maquettes et surtout grâce à son apparition sur le premier volume de la compilation Metal Massacre (1982) du label Metal Blade. Slayer a été créé en 1982 et n'a participé qu'au troisième volume de cette même série de compilations (1983).
88 Le groupe se défend avec virulence de l'étiquette nazie qui lui est parfois accolée, en revendiquant son droit à l'expression. Le titre « Angel of death » lui attire les foudres des antinazis, tandis qu'à l'inverse, le titre « Mandatory suicide » leur vaut des ennuis avec l'extrême droite. Voir la rétrospective qui leur est consacrée dans Burlet, F. 1997. Metal Attitude, no 5, p. 58-63.
89 Les choses semblent s'être inversées pour Candlemass depuis lors. En effet, la reformation du groupe en 2002 a constitué un véritable événement dans le monde du metal. Par ailleurs, il est intéressant de noter que la formation finlandaise Reverend Bizarre tente aujourd'hui de renouer avec le doom le plus traditionnel.
90 Terry Riley « est le maître de la musique hypnotique, "répétitive", fondateur (avec La Monte Young) du courant "minimaliste", avec son In C en 1964, et le précurseur du mouvement new age et de la musique ambiante. » Blum, B. 2000. Riley, Terry. In Assayas, M. op. cit., p. 1586. Pour faire un parallèle avec le crippling doom, on peut écouter avec profit son album Reed streams (1966, Mass Art).
91 Pour un complément d'informations concernant ces genres musicaux, on peut se reporter aux dossiers « doom » de Bruno Bages dans la revue Rock Hard (no 3, 5 et 13 respectivement publiés en septembre 2001, novembre 2001 et juillet-août 2002).
92 N'oublions pas que Manowar a déclaré la guerre au faux metal (« death to false metal ») dans les années 80. Il évolue donc en toute logique dans le « vrai » metal selon ses propres normes.
93 Par exemple, Kevin Kazek, chanteur du groupe Seyminhol et étudiant en histoire relate dans l'album Northern recital, l'invasion de la Saxe par Charlemagne à la fin du VIIIème siècle.
94 Pour qualifier leur musique, il arrive que la critique utilise quelquefois le terme blockbuster metal.
95 Assayas, M. 2000. Emerson, Lake & Palmer. In Assayas, M. op. cit., p. 556.
96 Le genre est particulièrement friand de « concept albums », à savoir de disques dont les morceaux successifs se déclinent autour d'une thématique générale subdivisée en plusieurs étapes. En empruntant une métaphore picturale, on pourrait dire que les groupes en question peignent de grandes fresques narratives. Les albums Operation : Mindcrime de Queensrÿche et Scenes from a memory de Dream Theater, sont représentatifs de ce type de travail.
97 Aux Etats-Unis se tient chaque année le « Prog Fest », dont le label français Musea publie chaque année un compte-rendu sonore sous la forme d'une compilation.
98 Disponible sur : http://wvwv.crimsonmoonlight.com/cm/biography.shtml.
99 Il est surprenant de constater que le Père Benoît Domergue n'ait pas abordé ce type d'élément dans son ouvrage Culture barock & Gothic flamboyant. La musique extrême : un écho surgi des abîmes. Paris : François-Xavier de Guibert (2000). Comme si la négativité qu'il dénonce à propos des musiques extrêmes et notamment du black metal, l'avait rendu lui-même profondément négatif, au point de ne plus percevoir les éléments susceptibles de nuancer son propos. Dans une note de lecture à propos de ce livre, Gérôme Guibert relève également ce point. Cependant, il évoque le metal chrétien au passé, alors qu'il continue d'être une forme musicale active. Copyright Volume ! Musiques actuelles et problématiques plastiques, 2002, no 1, p. 126-127,
100 Selon Anne Benetollo, dans la seconde moitié des années 70, les représentants catholiques américains, conscients de leur impuissance à interdire le rock, ont favorisé la création de groupes de rock dont les paroles présentent un caractère religieux, ce qui marque la naissance du Jesus Rock. « Certains ecclésiastiques virent cependant d'un mauvais oeil cette nouvelle forme de musique, prétextant que, quelles que soient les paroles, la musique rock en elle-même stimulait des "émotions interdites" ». Benetollo, A. 1999. Rock et politique : censure, opposition, intégration. Paris : L'Harmattan. Coll. Logiques Sociales, p. 145-155.
101 Enfer Magazine, no 20, 1985, p. 46.
102 En outre, les crédits figurant sur les albums de ces groupes ont généralement pour point commun d'être truffés de remerciements au Christ.
103 Le chanteur-guitariste du groupe, Roger Martinez, après avoir milité en faveur du christianisme, est devenu au cours des années, son opposant acharné. Même chantées, les convictions religieuses sont quelquefois instables.
104 Rock Hard, no 13, 2002, p. 18. Pour davantage d'informations à ce sujet, on peut également se reporter au site http://www.willowcreek.com/news/story.asp?id=wn02022001.
105 Le groupe aura une double influence puisqu'il est également considéré comme précurseur du hardcore américain avec Black Flag et Dead Kennedys.
106 Rabasse, M. 2000. Living Colour. In Assayas, M. op. cit., p. 1029.
107 Rage, no 1, 1993, p. 22.
108 Dès 1984, sur le 45 tours « Rock box », Run DMC sample un passage d'un disque de Black Sabbath. Il s'agit de la première expérience du genre dans le monde du rap.
109 Les deux groupes se lanceront même dans une tournée commune au cours de l'année 1992.
110 [Outre les groupes cités, Rick Rubin produira également les disques de groupes affiliés au metal comme Slayer, The Cult, Red Hot Chili Peppers, AC/DC, des rappers comme LL Cool J, des artistes plus rock comme Tom Petty, le chanteur folk rock Donovan ou encore le plus célèbre des chanteurs country américain : Johnny Cash.
111 Mesmin, D., Assayas, M. 2000. Rage Against The Machine. In Assayas, M. op. cit., p. 1512.
112 Mesmin, D., Assayas, M. 2000. ibid, p. 1513.
113 Rabasse, M. 2000. Napalm Death. In Assayas, M. op. cit., p. 1241-1242.
114 L'éclosion quasi parallèle de ces deux formes musicales donnera naissance à une multiplicité de micro-genres affiliés, que leurs amateurs regroupent sous l'appelation grind. Pour une classification très détaillée, voir l'encyclopédie du grind sur : http://perso.wanadoo.fr/braindead/.
115 Crass a violemment combattu le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher pendant la guerre des Malouines en publiant notamment, courant 1982, un 45 tours intitulé How does it feel to be the mother of a thousand dead (« Qu'est-ce que ça fait d'être la mère d'un millier de morts »). Assayas, M. 2000. Crass. In Assayas, M. op. cit., p. 404.
116 Né en Grande-Bretagne, le mouvement crust revendique une posture idéologique alternative (anarchiste et pacifiste), non-conformiste refusant de s'inscrire dans les circuits économiques et médiatiques classiques. Résolument marginal, il ne constitue pas un genre musical proprement dit, mais est représenté par une grande diversité de groupes, dont quelques uns, comme Disrupt, Extreme Noise Terror, produisent une musique grind. Les individus se revendiquant de ce mouvement, proches des travellers du mouvement techno, sont reconnaissables d'une part, à leur militantisme qui les conduit à tenir des stands de documentation alternative au cours de certains concerts, et d'autre part, à leur allure qui doit autant aux attributs vestimentaires hippie que punk. C'est probablement à cet endroit que le terme crust prend tout son sens puisqu'il se réapproprie ironiquement l'expression anglaise the upper crust, qui signifie, « la fine fleur de la société », mais que les tabloïds anglais associent à « crusty » qui signifie bourru, hargneux. Pour un historique de ce mouvement, voir Rage, no 2, 1993, p. 28-30.
117 Slogan majeur du mouvement punk que n'auraient pas renié les situationnistes. Il est également le nom d'une série de huit compilations retraçant l'histoire de la musique punk, éditée par le label Rhino en 1993. Il est communément admis que le mouvement punk est l'instigateur de l'éthique Do It Yourself dans le monde de la musique. Or il semblerait que cette éthique date de la seconde moitié des années 60 si l'on en croit les propos de Joe Mc Donald, leader de Country Joe and the Fish. Ce dernier déclare avoir enregistré un 45 tours en 1965 totalement autoproduit : « C'était l'une des premières fois qu'un groupe produisait son propre disque de rock'n'roll. On le vendait dans des petites librairies du coin ! ». Vacher, J.-M. 1998. Sur la route de Janis Joplin. Paris : Seuil, p. 260. Ironie de l'histoire qui voudrait que le mouvement punk soit une réaction au mouvement hippie.
118 Un sujet sur le grindcore a été diffusé le 07.02.01, dans l'émission Tracks sur Arte. Assez caricatural, le sujet a au moins eu le mérite de présenter un lieu de diffusion entièrement autogéré (aujourd'hui disparu).
119 Dans les années 80, Bruce Pavitt, suivant une démarche plus ou moins comparable à celle des musicologues John et Alan Lomax pour le blues, cherche à faire connaître la richesse des groupes américains. Il édite pour cela un fanzine du nom de Subterranean Pop, produit des compilations présentant le fruit de ses découvertes et anime des émissions radio à Chicago. Ses pérégrinations le conduisent dans l'état de Washington ou il s'aperçoit « qu'à Seattle, il se passe quelque chose de très spécial ». Il y rencontre le promoteur de concerts local, Jonathan Poneman, avec qui il décide de fonder le label Sub Pop en 1987.
120 Gil, A. 1997. Grunge. In Plougastel, Y. Sous la dir. Le Rock. Dictionnaire illustré. Paris : Larousse, p. 171-172.
121 Coupland, D. 1991. Generation X. Paris : Christian Bourgois, coll. 10-18.
122 « Entendre 50 ou 100 personnes me dire qu'ils aiment ce que je fais me suffit ». Entretien accordé par Kurt Cobain à Libération en août 1993. Republié le lundi 11 avril 1994, p. 36.
123 Il est plus juste de parler d'un chant de gorge, dont la technique se rapproche du chant tibétain ou du chant inuit. On peut se reporter à ce sujet aux déclarations de Sébastien Croteau, chanteur du groupe death metal canadien Necrotic Mutation qui pratique également le chant tibétain au sein du groupe les Globe-Glotters. Disponible sur : http://www.sangfrais.com/numero6/inter/necroticmutation.html.
124 Les films gore sont des films extrêmement sanglants poussant les limites de l'horreur à un point tellement caricatural qu'ils en deviennent quelquefois comiques.
125 Il suffit pour s'en convaincre d'observer la réaction des non-initiés à un concert death metal lors de la fête de la musique.
126 Rabasse, M. 2000. Death metal. In Assayas, Μ. op. cit., p. 456.
127 Après son départ du groupe, Chris Barnes, son ancien chanteur, a formé Six Feet Under, dans une veine gore similaire, mais dans un esprit musical plus proche d'Obituary cependant.
128 Dans son étude sur la scène death metal d'Akron (Ohio), Harris Berger note que les fans et les pratiquants de death metal ont souvent des goûts très éclectiques qui les conduisent à franchir les barrières des genres. Berger, H. M. 1999. op. cit., p. 66.
129 Rabasse, M. 2000. Hardcore. In Assayas, M. op. cit., p. 752.
130 Pour un historique extrêmement détaillé du mouvement hardcore, se reporter à Blush, S. American Hardcore. A tribal history. Los Angeles : Feral House, et Azerrad, M. 2001. Our band could be your life. Scenes from the american indie underground, 1981-1991. New York : Little, Brown & Company.
131 La vie du groupe est relatée dans la biographie qu'a publié Rollins. H. 1994. Get in the van. On the road with Black Flag. Los Angeles : 2.13.61. Par ailleurs, après la séparation du groupe en 1986, ce dernier s'est lancé dans une carrière solo rencontrant un succès certain. Sa musique est par ailleurs de plus en plus empreinte de sonorités metal.
132 Rabasse, M. 2000. Hardcore. In Assayas, M. op. cit., p. 752.
133 Voir à ce sujet le travail de Flouard, G. 2001. Le straight-edge : un mouvement musical à base ascétique. Bordeaux : Mémoire de maîtrise, Institut d'Etudes Politiques. Disponible sur : http://xbabexzinex.free.fr/ess.htm.
134 Il n'est pas rare que lan MacKaye interrompe un concert lorsqu'il juge que les comportements du public peuvent être dangereux (pieds dans le visage au cours d'un stage-diving, slamdancing violent avec des filles, etc.).
135 Des fans du monde entier se rendent à Washington DC dans l'espoir d'y rencontrer les acteurs historiques de cette période. La mère de lan MacKaye distribue aux visiteurs en quête d'une rencontre avec son fils, des photocopies présentant les lieux phares de la ville. Je remercie Hugues Reinert, l'un de ces « pèlerins », pour cette information.
136 Les Misfits sont en quelque sorte les Kiss du hardcore. Leur look gothico-rock'n'roll à base de maquillage noir, bananes démesurées et ossements divers, leur confère un statut unique dans le milieu hardcore souvent assez austère.
137 Le groupe vient de Minneapolis dans le Minnesota, au centre nord des Etats-Unis. Il constitue donc une exception au sein de ces propos.
138 « Etudiant dans les années 60, activiste et membre du Parti communiste, Yohannon envisage le hardcore bien au-delà d'une musique qui serait simplement excitante et révolutionnaire. Il l'entrevoit dans une dimension internationaliste, anti-capitaliste et politiquement pacifiste. Il utilise son fanzine pour promouvoir un radicalisme inébranlable reflétant sa vision du monde. Promoteur d'une éthique DIY sans compromis, observateur de toutes les facettes de la culture hardcore, MRR est devenu une sorte de bible punk rock ». Disponible dans sa version originale sur : http://www.emplive.com/explore/punk_chron/wildinthestreets2.asp.
139 Le regard de Lou Koller, chanteur de Sick Of It All, sur la violence est le suivant : « Trop de gamins ne comprennent strictement rien à l'éthique hardcore. Ils ne voient que par le côté violent des choses et rêvent d'appartenir à un gang. (...) Nos concerts se veulent positifs. Notre public peut être fou, slammer dans tous les sens, – ce que nous l'encourageons à faire – mais toujours dans un souci de solidarité et de respect d'autrui. Le hardcore n'est pas un véhicule pour la violence, mais une manière de se libérer des rancoeurs, de la haine, pour se soulager ». Rage, no 11, 1995, p. 83.
140 On lira avec profit un excellent article concernant le groupe Shelter (comprenant d'anciens membres de Youth Of Today) dans le magazine Rage, no 14, 1995, p. 66-68.
141 Riffs de guitares propres au hardcore. Très attendus par le public du fait de leur capacité à procurer un niveau d'intensité maximal dans le mosh pit (« fosse dans laquelle le public "danse" »). Un mosh part est au hardcore ce que le groove est au funk, à savoir un passage musical particulièrement entraînant pour son auditeur.
142 Laufer, V. 2000. Kraftwerk. In Assayas, M. op. cit., p. 969.
143 Blum, B. 2000. Lou Reed. In Assayas, M. op. cit., p. 1546.
144 Documentaire Les nuits fauves du Punk de Christian Dreher et Rotraut Pape (1998). Diffusé sur Arte en octobre 2000.
145 Bourseiller, C. 2000. Industrielle (Musique). In Assayas, M. op. cit., p. 834.
146 Laufer, V. 2000. Throbbing Gristle. In Assayas, M. op. cit., p. 1977.
147 Cette même atmosphère favorise également l'essor d'une musique électronique froide et brutale, mais dansante, appelée EBM (Electro Body Music), dont les principaux représentants sont les groupes Front 242 (Belgique) ou Front Line Assembly (Canada).
148 L'effet mur de guitare s'obtient en studio par un procédé de superposition des pistes de guitare.
149 Mesmin, D., Assayas, M. 2000. Nine Inch Nails. In Assayas, M. op. cit., p. 1278. Dans le clip du titre « Hapiness in slavery », on peut voir l'artiste conceptuel Bob Flanagan, autoproclamé « supermasochiste », se faire torturer par une machine qui le réduit progressivement en chair à saucisse. Rappelons également que ce disque a été enregistré au 10050 Cielo Drive à Beverly Hills, la maison ou Sharon Tate a été assassinée en 1969 par Charles Manson et ses disciples.
150 J'adjoins ici l'adjectif « américain » à power metal pour bien le distinguer du power metal européen.
151 Sepultura vend 1,5 millions d'exemplaires de son disque Roots. Machine Head vend 200 000 exemplaires de son premier album. En 1994, l'album Far beyond driven de Pantera atteint la première place au Billboard Top américain.
152 Ce terme fait référence à l'endroit ou le héros de bande dessinée Batman remise son véhicule. En outre, un club londonien du même nom a été le centre du mouvement gothique dès 1984.
153 Pour un historique du genre et de ses activités, on peut se reporter au documentaire Goth Story de Claire Vallecalle (2002, Viva Productions) et surtout aux Carnets Noirs. 2003. Musiques, attitudes, cultures gothiques, électroniques & industrielles. Acte 1 – La scène internationale. Paris : Esprit Livres.
154 Benetollo, A., Le Goff, Y. Historique du rock. In Gourdon, A.-M. sous la dir. 1994. Le rock. Aspects esthétiques, culturels et sociaux. Paris : CNRS Editions, p. 40.
155 Autant sur scène que dans le public, les concerts de musique gothique ne sont jamais traversés d'une énergie débordante. L'ambiance est plutôt au recueillement. Les mouvements sont retenus et les émotions intériorisées. Jerrentrup, A. 2000. Gothic : forms and backgrounds. The World Of Music, no 42/1, Gothic, Metal, Rap, and Rave. Youth culture and its educational dimensions, p. 36.
156 Jerrentrup, A. 2000. op. cit., p. 29-33.
157 L'expressionnisme est une forme d'art qui s'est surtout manifestée au début du 20ème siècle dans les pays occidentaux en crise. Ses caractéristiques reposent sur l'expression quelquefois outrancière de l'angoisse et du tragique.
158 Parmi d'autres, on peut citer Rice, A. 1976. Entretien avec un vampire. Paris : Presses Pocket, coll. Terreur, no 9031.
159 Assayas, M. 2000. Christian Death. In Assayas, M. op. cit., p. 325.
160 Rage, no 12, 1995, p. 49.
161 Ansgar Jerrentrup note que si les codes vestimentaires sont facilement identifiables dans le milieu gothique, il n'en va pas de même pour la musique gothique dont le spectre musical très large se compose de genres musicaux quelquefois très éloignés (musique atmosphériques, new wave, black metal, musiques païennes, industriel, EBM, dark folk, heavenly voices, dark electro). Jerrentrup, A. 2000. Gothic : forms and backgrounds. The World Of Music, no 42/1, Gothic, Metal, Rap, and Rave. Youth culture and its educational dimensions, p. 33. C'est le même type de constat que l'on peut faire à la lecture du sommaire des Carnets Noirs. 2003. op. cit.
162 Carnets Noirs. 2003. op. cit. L'Acte 2 des Carnets Noirs, à paraître à l'automne 2003, sera dédié à la scène gothique française.
163 L'hebdomadaire féminin Elle a récemment consacré un dossier à cette mode. Voir le no 2974 du 30 décembre 2002.
164 Sifflement provoqué par des oscillations parasites au sein de la chaîne électroacoustique. Il est plus ou moins grave, aigu ou médium selon les harmoniques utilisés.
165 La formation s'est pleinement révélée au public (européen notamment) lors de la parution d'un album regroupant l'essentiel de sa production : Toadliquor. 2003. The hortator's lament. Southern Lord.
166 Par « vintage » il faut entendre l'idée d'un grand cru ou d'un modèle antérieur réputé pour son excellence.
167 Pour un complément d'informations concernant ces genres musicaux, on peut se reporter à Hein, F. 2002. Le « stoner rock ». Exemple de constitution d'un courant musical en France. Copyright Volume ! Musiques actuelles et problématiques plastiques, no 1, p. 47-60. On peut également se référer aux dossiers stoner de Bruno Bages dans la revue Rock Hard (no 15 et 16, respectivement publiés en octobre et novembre 2002).
168 On peut également citer en référence le précurseur de la musique ambiante Terry Riley, déjà évoqué pour son lien avec le crippling doom.
169 Le slap est une technique consistant à tirer ou à percuter la corde d'une basse pour qu'elle heurte son manche et produise un son particulier.
170 Les Deftones prétendent avoir élaboré le neo-metal avant Korn. Hélas, leur premier album est sorti quelques mois après celui de Korn. Leur influence, bien qu'importante dans le genre, les positionne en éternels seconds de la classe.
171 Pour un aperçu de la scène neo-metal française, se reporter aux deux compilations suivantes : Nu-K.O. 2002. Epic, et Frenchcore II. 2002. Wagram.
172 Blum, B., Thoury, J.-W. 2000. Pop, Iggy. In Assayas, M. op. cit., p. 1414-19.
173 On peut en voir quelques extraits impressionnants dans l'excellent documentaire Pop Odyssée. Les nuits fauves du Punk. 2000. op. cit.
174 Célèbre quartier de San Francisco colonisé par les hippies dans les années 60.
175 En France, dès 1973, ce sont les Dogs qui reprennent le flambeau. Leur premier 45 tour Charly was a good boy ne paraîtra cependant pas avant 1977.
176 Le lien entre action situationniste (1957, avec Guy Debord) et musique punk est remarquablement dépeint dans Marcus, G. 1999. Lipstick Traces. Une histoire secrète du vingtième siècle. Paris : Editions Allia. Ed. orig. 1989. L'auteur tisse le lien en retraçant l'histoire du mouvement Dada (1916, avec Richard Huelsenbeck et Tristan Tzara), jusqu'à l'Internationale Lettriste (1948, avec Isidore Isou et Michel Mourre). On peut également établir un lien entre le mouvement punk et le surréalisme (1925, avec les poètes André Breton, Paul Eluard, les peintres Salvador Dali, René Magritte, le photographe Man Ray ou le cinéaste Luis Bunuel), le Pop Art d'Andy Warhol, lui-même influencé par les travaux Marcel Duchamp, et le mouvement artistique Fluxus (1961, avec La Monte Young et Joseph Beuys). In Gervereau, L., Mellor, D. sous la dir. 1996. Les sixties. Années utopies. Paris : Somogy éditions d'art.
177 Souvent galvaudée en France, cette formule choc est à entendre en réalité dans un contexte britannique, renvoyant à l'issue prévisible et attendue du régime monarchique.
178 C'est ce que montre de manière très convaincante le film The Filth and the Fury (L'Obscénité et la Fureur) du réalisateur Julien Temple (2000).
179 Géant Vert. 1998. Les Sex Pistols. L'histoire du groupe en chair et en cire. Paris : Alternatives & Parallèles, p. 122.
180 Le Monde, 27 novembre 2001, p. 13.
181 Le récit de Jerry Nolan, batteur des New York Dolls, est particulièrement représentatif du processus de déchéance physique et mentale qu'un artiste de rock peut subir. Rock & Folk, hors série no 12, novembre 1996, p. 54-70.
182 Groupe pratiquant un punk rock radical entièrement en phase avec la classe ouvrière dont proviennent ses membres. Malgré ses efforts (concerts donnés dans le cadre de l'association Rock Against Racism), Sham 69 attire irrémédiablement un public de skinheads dont les débordements incontrôlables et particulièrement violents contraindront le groupe à se saborder.
183 Ces formations sont particulièrement connues pour la taille impressionnante des coiffures iroquoises multicolores arborées par certains de leurs membres.
184 Voir Lescop, G. 2003. « Honnie soit la Oi ! » : naissance, émergence et déliquescence d'une forme de protestation sociale et musicale. Copyright Volume ! Autour des musiques actuelles, vol. 2, no 1, p. 109-128. Cet article apporte de précieux éclairages pour la compréhension du mouvement oi ! en évitant notamment de produire certains rabattements hâtifs.
185 Bien qu'ils se soient toujours revendiqués de la musique punk, Les Thugs constituent un cas particulier au sein de ce courant, tant leur musique est difficilement comparable aux formes canoniques du genre. Les Thugs. 1991 I.A.B.F. Houlala.
186 Heinich, N. 1999. Pour en finir avec la querelle de l’art contemporain. Paris : L'Echoppe, p. 16.
187 Auclair, P. 2000. Girl groups. In Assayas, M. op. cit., p. 690-91.
188 Caron, F. 2000. Quatro, Suzi. In Assayas, M. op. cit., p. 1492.
189 Potts, E. 2000. Runaways (The). In Assayas, M. op. cit., p. 1637-38, et Enfer Magazine, no 13, 1984, p. 40-41.
190 Caron, F. 2000. Jett, Joan. In Assayas, M. op. cit., p. 886-87.
191 Assayas, M. 2000. Benatar, Pat. In Assayas, M. op. cit., p. 133-34.
192 Ces musiciennes tenteront aussi d'égaler les hommes dans certains de leurs excès, notamment éthyliques, si l'on en juge leurs propos dans Metal Attack, no 12, 1984, Spécial : les nanas du hard, p. 57-59. Selon Deena Weinstein : « Le style heavy metal est masculin et une femme qui souhaite devenir membre de cette sous-culture doit se soumettre à cette caractéristique. » Weinstein, D. 2000. Heavy Metal. The music and its culture. New York : Da Capo Press. 1ère éd. 1991, p. 134.
193 Voir Metal Attack, no 12, 1984, Spécial : les nanas du hard. Par ailleurs, la compilation Lady Killers (1986, Greenworld Records) présente onze groupes américains des années 80, composés d'au moins une femme, dont Blacklace, D.C. Lacroix, Hellion, Syren, etc.
194 Potts, E. 2000. Plasmatics (The). In Assayas, M. op. cit., p. 1398-99.
195 Metal Attack, no 12, 1984, Spécial : les nanas du hard, p. 5.
196 Gen compense le modeste talent du groupe par sa beauté plastique et son goût de la provocation : voix gutturale, adepte du tryptique cuir-latex-piercing, sado-masochisme, outrages à la pudeur, performances SM, etc.
197 Doro Pesch a surtout fait l'objet d'une véritable vénération dans son pays, au cours de la seconde moitié des années 80. Plus qu'aucune autre, elle a personnifié l'idéal féminin dans le monde du metal (MetalTraumfrau ou Metal Queen). Surmédiatisée dans les médias, son image fut également surexploitée commercialement au travers d'objets divers tels que posters ou calendriers. Roccor, B. 1998. Heavy Metal. Die band. Die fans. Die gegner. München : Beck'sche Reihe, p. 86-88.
198 Au festival de Reading (GB) en août 1992, la chanteuse et guitariste Donita Sparks « excédée par les réactions machistes d'une partie du public n'hésitera pas à jeter son tampon usagé dans la foule ». Potts, E. 2000. L7. In Assayas, M. op. cit., p. 1048-49.
199 Fondée en 1991, l'association est née en réaction aux extrémistes anti-avortement menant des actions commando contre les cliniques et les agents hospitaliers pratiquant l'avortement. Elle vise à aider et à protéger ces cliniques et leurs personnels, de même qu'à informer les femmes de leurs droits. Le financement de l'association est essentiellement assuré par l'organisation de concerts. Courant 1995, elle a édité une compilation avec treize chanteuses ou groupes féminins, intitulée Spirit of '73 (Epic), en référence à l'année de la législation sur l'avortement aux Etats-Unis.
200 On trouve une très intéressante rétrospective de ce mouvement sur le site : http://www.emplive.com/explore/riot_grrrl/index.asp.
201 Le groupe comprend un homme pour trois femmes, ce qui n'empêche pas la presse de le présenter comme un groupe féminin.
202 On peut compléter ces références en se reportant à l'excellent fanzine Odym’étal, no 6, 2003, entièrement consacré au metal féminin. Disponible à l'adresse suivante : odymetal@wanadoo.fr
203 Selon Ansgar Jerrentrup, plus qu'ailleurs, c'est au sein de la musique gothique et dark que les femmes trouvent une place. Jerrentrup, A. 2000. Gothic : forms and backgrounds. The World Of Music, no 42/1, Gothic, Metal, Rap, and Rave. Youth culture and its educational dimensions, p. 35.
204 On peut trouver quelques informations intéressantes concernant certains de ces groupes sur le site Les filles du metal : http://www.metalgirls.com.
205 Roccor, B. 2002. op. cit., p. 184.
206 Hard N'Heavy, Hors-série Filles, vol. 1, 2003 et Odym'étal, no 6, 2003.
207 Une confusion fréquente est faite entre le producteur artistique (producer) et le producteur financier (executive producer). C'est bien du premier dont il est question ici.
208 Ce type de guitare se caractérise principalement par une caisse pleine (par opposition à la guitare à caisse creuse fabriquée jusqu'alors qui, faisant caisse de résonance, produit des harmoniques indésirables), un jeu de trois micros simples pour Fender et des micros à double bobinage (humbuckers qui signifie « antironflement » en français) pour Gibson, augmentant ainsi l'intensité de la distorsion, tout en produisant un son plus velouté, et des manches à 21 ou 22 frettes. Les années 80 ont vu apparaître des guitares équipées de micros fonctionnant avec des piles (électronique active), certes puissants, mais aux sonorités nettement plus froides.
209 L'ensemble de ces modèles de guitares se déclinent bien entendu sous quantité de variantes. Pour s'en rendre compte, voir Bacon, T. 1992. Le grand livre de la guitare. Genève/Paris : Minerva.
210 lnspiré de la Stratocaster, ce type de guitare se distingue de celle-ci par un manche de 24 frettes augmentant ainsi le registre de l'instrument, des encoches approfondies dans la caisse permettant l'accès à des notes plus aigues, un micro humbucker en position chevalet additionnés à deux micros simples, et un système de vibrato (Floyd Rose) pour produire les effets les plus insensés sans désaccorder la guitare.
211 Walser, R. 1993. op. cit., p. 45.
212 Notamment sur l’insistance de musiciens tels que Pete Townshend des Who.
213 La distorsion est un effet d'amplification très recherché par les guitaristes de hard rock et de heavy metal, puisqu'il permet d'épaissir leur son par l'ajout d'harmoniques. On l'obtient de manière naturelle en poussant un amplificateur à son volume maximal ou au moyen de pédales d'effets spéciales qui reproduisent cette distorsion naturelle.
214 La paternité de l'utilisation de la double grosse caisse revient au célèbre jazzman des années 50, Louis Bellson.
215 Ces marques élaborent également les pédales de grosse caisse et de charleston.
216 Mead, G. H. 1963. L'esprit, le soi et la société. Paris : Presses Universitaires de France.
217 Goffman, E. 1973. La mise en scène de la vie quotidienne. 1. La présentation de soi. Paris : Minuit, coll. Le sens commun.
218 Roccor, B. 2002. op. cit., p. 220.
219 Sur les rapports entre la mode et le rock, on peut se reporter avec intérêt au petit chapitre intitulé « Le mécanisme de la mode » dans le livre de Guibert, G. 1998. Les nouveaux courants musicaux : simples produits des industries culturelles ? Nantes : Mélanie Séteun, coll. Musique et Société, p. 44-46.
220 Vandenberghe, F. 2001. La sociologie de Georg Simmel. Paris : La Découverte. Coll. Repères, p. 55.
221 Chastagner, C. 1998. La loi du rock. Castelnau-le-Lez : Climats, p. 101. Pour étayer son propos, l'auteur renvoie au concept de tribalisme développé par Durkheim, E. 1960. Les formes élémentaires de la vie religieuse. Paris : Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, p. 329-332
222 Bourdieu, P. 1979. La distinction. Paris : Minuit.
223 Cette pratique accompagne la naissance du rock'n'roll aux Etats-Unis. Sa paternité est probablement imputable au manager d'Elvis Presley, le Colonel Parker, qui fait imprimer quantité d'objets souvenirs à l'effigie de son protégé dès 1955. En 1991, quatre sociétés se partagent le marché mondial du merchandising sur un mode identique à celui des majors du disque : contrat avec un groupe, réalisation de l'objet, distribution. Les produits dérivés compensent souvent les énormes pertes financières engendrées par des tournées gigantesques. En France, le marché est plus réduit. Soit il fonctionne sur la base de contrats de licence avec les « majors », soit il s'agit d'entreprises indépendantes quelquefois gérées par les groupes eux-mêmes. Pour un historique du merchandising et notamment sa réalité en France, voir Yaourt, noo9. 1991. Marchandisage, p. 19-23.
224 Assayas, M. 2000. McLaren, Malcolm. In Assayas, M. op. cit., p. 1075-77.
225 A titre anecdotique, les amateurs de hard rock et de heavy metal sont également d'importants pratiquants d'« air guitar », soit de guitare imaginaire ou virtuelle. Il se tient d'ailleurs depuis 1996, à Oulu en Finlande, une manifestation annuelle au cours de laquelle concourent les meilleurs solistes d'« air guitar ». Voir http://www.houlston.freeserve.co.uk/airguitarists.html : Par ailleurs, le « premier championnat français d'air guitar » s'est déroulé à Paris le 21 juin 2003.
226 On attribue la paternité du pogo au Bromley Contigent qui fut le premier noyau de fans des Sex Pistols, composé de Sid Vicious, Siouxsie Sioux, Billy Idol, pour les plus célèbres d'entre eux.
227 Pour une illustration très détaillée du moshing et du mosh pit, voir Berger, H. M. 1999. op. cit., p. 70-73.
228 Berger, H. M. 1999. op. cit., p. 72.
229 Pour un historique et un aperçu photographique de ces pratiques, se référer au chapitre « World full of hate » du livre de Blush, S. 2001. op. cit., p. 22-25. Toutefois, il est assez vraisemblable qu'on doive attribuer la paternité de cet exercice à Iggy Pop qui le pratiquait avec les Stooges dès 1970.
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Titre | Arbre phylogénétique du metal [Cet arbre représente l’évolution des différents genres metal] |
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