Le Monde du rock
|Chapitre 3. Les acteurs du monde du rock
Texte intégral
« Dans un roman, une maison ou une personne tient entièrement sa signification, son existence même, de l'écrivain. Ici, une maison ou une personne ne tient de moi que sa signification la plus restreinte : sa vraie signification est bien plus grande, gigantesque. Elle est d'exister ici et maintenant, comme vous et moi, et comme aucun personnage d'imagination ne peut exister »
James Agee, Louons maintenant les grands hommes [1972]
Introduction
1Les acteurs du monde du rock constituent ce monde autant qu'ils sont constitués par lui. En visant la satisfaction de leur propre goût pour le rock, ils font exister le monde du rock. Ils participent du même coup de son développement en produisant des objets et des événements, mais aussi en partageant leur attachement au rock. À ce titre, ils sont donc des médiateurs culturels. Mais qui sont-ils exactement ? La pratique de l'observation ethnographique permet de remonter jusqu'à eux par réseau d'interconnaissances ou encore par relevé minutieux de leurs activités. Les flyers, affiches et autres articles de presse, sont autant d'indicateurs objectifs qu'il convient de prendre en considération lorsqu'on cherche à identifier les acteurs du monde du rock. Si la pratique de l'observation et du dénombrement ne permet pas de dégager immédiatement leurs caractéristiques sociologiques individuelles ; elle demeure néanmoins un instrument fiable préalablement à la constitution d'un échantillon d'acteurs. Elle est, autrement dit, une méthode précieuse permettant d'orchestrer une campagne ciblée de diffusion de questionnaires. C'est ainsi que j'ai pu obtenir des informations concernant 272 acteurs du monde du rock (tous genres rock confondus et tous types d'activités confondus). Ces réponses m'ont permis d'établir leur morphologie sociale.
2Il est important de noter ici qu'il s'agit bien évidemment d'un échantillon d'acteurs exerçant une ou plusieurs activités spécifiques dans le monde du rock et qu'ils y sont reconnus en tant que tels. Par ailleurs, cet échantillon n'entend en aucun cas réduire les acteurs qui le composent à n'être que de simples porteurs de leurs catégories sociales ou professionnelles. En cela, cet échantillon ne peut être considéré comme une représentation exhaustive du monde du rock, mais plutôt comme une illustration partielle.
1. Morphologie sociale et culturelle de l'échantillon
1.1. Classes d'âge
- 1 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/POPALLPOP1APOP1A2 (...)
3Le tableau décrit la répartition des classes d'âge au sein de l'échantillon. Afin de rendre cette donnée plus signifiante, il m'a semblé opportun de la comparer à des données démographiques nationales1.
- 2 « Les jeunes s'entendent administrativement, et en France, de 15 à 24 ans. [...] Mais il est éviden (...)
- 3 On note également que l'échantillon se compose essentiellement d'acteurs majeurs. Une tendance déjà (...)
- 4 Les recherches sur le rock soulignent fréquemment cette caractéristique. Voir notamment Brake, M. 1 (...)
- 5 Si ce caractère transgénérationnel apparaît somme toute assez relatif au sein de l'échantillon, l'e (...)
4Cette répartition par classes d'âge met très fortement l'accent sur la jeunesse2 des acteurs de l'échantillon. On touche ici à une première spécificité de l'échantillon. En effet, 78,3 % d'entre eux ont entre 18 et 30 ans avec une nette surreprésentation des 18-24 ans3 (non seulement par rapport à l'échantillon lui-même dont ils constituent plus de la moitié, mais aussi par rapport aux données nationales). Toutefois, il convient de ne pas négliger l'importance des plus de 31 ans qui représentent tout de même 20,5 % de l'échantillon, avec notamment une présence marquée des 31-40 ans (qui sont par ailleurs les seuls de l'échantillon à se rapprocher en pourcentage de la population nationale). À ce titre, si l'échantillon atteste d'un caractère juvénile incontestable4, cet aspect n'en doit pas moins être pondéré par l'affirmation de son caractère relativement transgénérationnel5. Au final, la moyenne d'âge globale de l'échantillon se situe aux alentours de 26 ans, dans une fourchette comprise entre 15 et 55 ans.
1.2. Genres
- 6 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/RP99/rp99/wr_refpage.affiche?p (...)
5Le tableau 2 rend compte de la répartition des sexes au sein de l'échantillon et la compare aux données démographiques nationales6.
- 7 Cette tendance n'est manifestement pas propre au monde du rock. C'est ce que donnent à penser les a (...)
- 8 La place des femmes dans le rock a été abondamment traitée dans la littérature scientifique anglo-s (...)
6Ce tableau comparatif fait surgir une seconde spécificité de l'échantillon. À savoir une nette prédominance masculine. La très faible représentation féminine est une tendance lourde propre au monde du rock7, tendant néanmoins à s'inverser sensiblement au fil du temps. Une observation ethnographique étendue permet ainsi d'affirmer que l'on trouve de plus en plus de femmes investies dans la pratique musicale et à des postes instrumentaux habituellement dévolus aux hommes, tels que la batterie par exemple. Un petit nombre d'entre elles peuvent d'ailleurs occuper la position de leader au sein d'une formation rock. On les trouve également engagées dans des fanzines ou dans l'organisation de concerts. Par ailleurs, il est important de noter que la présence féminine dans le rock est variable selon chaque genre musical qui lui est affilié8.
1.3. Nationalités
- 9 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/NATALLNAT2NAT2AF2 (...)
7Le tableau 3 rend compte de la répartition démographique des nationalités au sein de l'échantillon et la compare aux données démographiques nationales9.
8Seule une infime proportion de l'échantillon est d'une nationalité autre que française. Le cas échéant, les acteurs concernés sont ressortissants de l'Union européenne. En comparaison, le pourcentage de personnes de nationalités étrangères au sein de l'échantillon est inférieur aux pourcentages dégagés par l'Insee.
1.4. Communes de résidence
9Au niveau communal, on observe que l'échantillon se divise en deux grands blocs :
-
un peu moins de la moitié de l'échantillon (46,7 %) réside dans des communes d'une taille inférieure ou égale à 10 000 habitants,
-
un peu plus de la moitié de l'échantillon (53,3 %) réside dans des communes d'une taille supérieure à 10 000 habitants.
10Toutefois, en affinant l'observation, on distingue très nettement une triple partition attestant que l'échantillon réside, par ordre d'importance :
-
à 42,3 %, dans des communes importantes (+ 20 000 habitants),
-
à 29, 8 % dans de petites communes (- 5 000 habitants),
-
à 27,9 % dans des communes de taille moyenne (de 5 000 à 20 000 habitants).
- 10 Menger, P.-M. 1997. La profession de comédien. Formation, activités et carrières dans la démultipli (...)
11En ce sens, et toute proportion gardée, cela confirme l'observation de Pierre-Michel Menger, pour qui « la très grande métropole constitue ce que l'on peut appeler le biotope du travail artistique10 ». Au final, plus des trois quarts (209, soit 76,8 %) des acteurs de l'échantillon résident en zone urbaine pour moins d'un quart (63, soit 23,2 %) en milieu rural.
1.5. Niveaux d'études
12Le tableau 4 rend compte du niveau d'études de l'échantillon. Il recense le dernier diplôme obtenu par les acteurs de l'échantillon. Il intègre les lycéens dans la rubrique « Première, terminale ». C'est parce qu'il mélange les niveaux de diplômes et les niveaux d'études, les populations scolarisés et non scolarisées que ce tableau ne peut faire l'objet d'une comparaison systématique avec les tendances nationales. Cette catégorisation a été élaborée en regard des déclarations des acteurs de l'échantillon et en cohérence avec leurs spécificités.
- 11 Données nationales relatives à la population de 15 ans et plus par diplôme, disponibles sur : http: (...)
13Au préalable, il convient de préciser que l'échantillon est constitué de 78 élèves/étudiants (28,7 %). Soit un taux nettement supérieur à celui de la France métropolitaine (11,3 %)11. En ce qui concerne la répartition des diplômes, on peut observer que 79,8 % des acteurs de l'échantillon ont un niveau de diplôme supérieur ou équivalent au bac. En comparaison, seule 26,4 % de la population française est titulaire d'un diplôme supérieur ou égal au bac. Plus précisément, près de la moitié (39,3 %) de cette frange de l'échantillon détient un diplôme de niveau bac + 2. Et une autre frange importante (20,7 %) détient un diplôme de niveau bac + 3 à bac + 5 ou plus. L'échantillon révèle également une très faible représentation des titulaires d'un CAP ou d'un BEP (13,6 %) comparativement à la France métropolitaine (22 %). On note aussi l'infime proportion d'acteurs de l'échantillon n'ayant aucun diplôme (0,7 %) comparativement à la France métropolitaine (17,7 %). Par conséquent, on peut souligner que les acteurs de l'échantillon sont très fortement diplômés en regard de la population nationale. Ils le sont à plus forte raison, dans la tranche bac + 2. Ce qui constitue une autre forte spécificité de l'échantillon.
1.6. Professions et catégories socioprofessionnelles
- 12 La population active se constitue des ressources en main d'œuvre sur un marché du travail. Elle se (...)
- 13 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/ACTALLACT5ACT5AF2 (...)
14Le tableau 5 rend compte de la répartition des professions et catégories socioprofessionnelles au sein de la population active12 de l'échantillon et la compare aux données démographiques nationales13.
15Les actifs de l'échantillon représentent 70,6 % de l'effectif global. Ils appartiennent majoritairement à la catégorie des employés. Catégorie par ailleurs surreprésentée comparativement aux données nationales.
- 14 Données disponibles sur : http://www.insee.fr/fr/insee_regions/lor/rfc/ttc/loEMP003.htm [consultées (...)
16Les actifs de l'échantillon se répartissent ensuite de manière relativement équilibrée entre les catégories des ouvriers, des professions intermédiaires et des demandeurs d'emploi. Toutefois, avec 17,2 % de demandeurs d'emploi, l'échantillon compte un taux de chômage nettement supérieur à celui que l'on relève en France métropolitaine (9,1 %) au cours du troisième trimestre 200214, période à laquelle mon enquête a pris fin. Concernant la catégorie des ouvriers, l'échantillon s'avère très inférieur aux données métropolitaines. Et il leur est très nettement inférieur lorsque l'on observe la catégorie des professions intermédiaires. Ainsi, hormis les catégories des cadres et professions intellectuelles supérieures et des artisans, commerçants et chefs d'entreprises, l'échantillon est donc relativement peu représentatif des tendances nationales.
PCS et niveaux d'études
17Par ailleurs, comme le tableau 6 en rend compte, il faut noter que les actifs de l'échantillon sont 76,7 % à disposer d'un niveau de diplômes supérieur ou équivalent au bac. Ce qui est légèrement inférieur au niveau de qualification de l'échantillon global (pour rappel : 79,8 %). Mais ce qui indique avec éloquence que les actifs de l'échantillon sont surqualifiés en regard de leurs catégories socioprofessionnelles d'appartenance.
- 15 L’emploi dans les professions culturelles. 2004. Les notes de l'Observatoire de l’emploi culturel, (...)
18De manière à vérifier cette surqualification, on peut également confronter ces données avec les niveaux de qualification et d'emploi dans les professions culturelles. Ainsi, dans une étude récente, le DEP15 (Département des études et de la prospective) souligne que « le niveau d'études des actifs des professions culturelles est largement supérieur à la moyenne des actifs ». Il est donc pertinent de comparer les données du DEP avec celles de l'échantillon. On peut en dégager trois éléments :
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66 % des actifs dans les professions culturelles ont un niveau d'études supérieur ou équivalent au bac. Soit une proportion nettement inférieure à celle des actifs de l'échantillon (76,8 %).
-
16 % des actifs dans les professions culturelles détiennent un diplôme de niveau bac + 2. Soit une proportion nettement inférieure à celle des actifs de l'échantillon (36,1 %).
-
31 % des actifs dans les professions culturelles détiennent un diplôme supérieur ou équivalent à bac + 3. Soit une proportion nettement supérieure à celle des actifs de l'échantillon (19,6 %).
19Ces données comparatives permettent de dégager qu'à l'instar des actifs des professions culturelles, les actifs de l'échantillon sont largement plus qualifiés que la moyenne des actifs. Mais elles révèlent également qu'en proportion, les actifs de l'échantillon sont globalement plus qualifiés que ne le sont les actifs des professions culturelles. Seuls diffèrent les niveaux de qualification. Les actifs de l'échantillon étant plus fortement représentés dans la catégorie bac + 2, alors que les actifs des professions culturelles le sont davantage au-delà.
1.7. Formes d'emploi
- 16 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/RP99/rp99/c_affiche.affiche?ni (...)
20Le tableau 7 rend compte de la répartition des formes d'emploi propres à la population active de l'échantillon et la compare aux données démographiques nationales16.
21Le cumul des CDI et des titulaires de la fonction publique indique qu'un peu plus de la moitié des actifs de l'échantillon (51 %) bénéficie de formes d'emploi stables. En conséquence, les 49 % restants évoluent dans des formes d'emploi précaires. Ces données prennent leur pleine mesure dès lors qu'on les rapporte à des données Insee. En effet, les formes d'emploi stables dont bénéficient les actifs de l'échantillon sont très nettement sous-représentées comparativement aux données nationales. S'agissant des formes d'emploi précaires, le schéma est radicalement inverse. Ce constat est d'autant plus frappant si l'on tient compte de la surqualification des actifs de l'échantillon. Ce qui pose la question de savoir si cette situation est tributaire d'une conjoncture économique défavorable ou alors si elle procède de l'arbitraire des actifs de l'échantillon. On pourrait, en effet, être surpris par la faiblesse des perspectives d'emploi stables que le marché du travail offre à cette frange de la population. Mais à l'inverse, on pourrait également interpréter le recours massif à l'intérim en tant qu'un choix de vie romantique permettant de dégager du temps pour soi, et donc pour la pratique rock. Difficile de se prononcer à la lueur de ces seuls chiffres...
1.8. Régime de l'intermittence du spectacle
22L'échantillon comprend seulement cinq acteurs bénéficiant du régime d'assurance-chômage des intermittents du spectacle. Toutefois, aucun d'entre eux ne tire ses ressources exclusivement de la pratique rock au sens d'un travail de création.
23Il est assez courant d'entendre des acteurs culturels envisager de stabiliser leur passion pour le rock de manière professionnelle en intégrant le régime d'intermittence du spectacle. Il m'a donc paru pertinent de vérifier la validité de cette déclaration d'intention. Le tableau 8 indique que seul un quart de l'échantillon envisage d'accéder à ce régime (25,7 %). Cette perspective est la plus forte auprès de la classe d'âge des 18-24 ans, après quoi elle décroît fortement à mesure que les acteurs avancent en âge. Si la catégorie des élèves et des étudiants - en situation d'indétermination professionnelle - est la plus nombreuse à caresser ce projet, il touche également la catégorie des chômeurs, des employés et des ouvriers.
- 17 Menger, P.-M. 1991. Marché du travail artistique et socialisation du risque. Le cas des arts du spe (...)
24En définitive, si les trois quarts de l'échantillon déclarent ne pas souhaiter intégrer le régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle, on peut donc supposer, toute proportion gardée, qu'ils ne considèrent pas la professionnalisation de leurs activités au sein du monde du rock comme une fin en soi. Et qu'à ce titre, ils envisagent pour eux des débouchés professionnels autres. Ce qui porte à penser que les acteurs de l'échantillon ne se targuent pas d'illusions quant à une perspective de carrière dans le rock et surtout qu'ils n'en endossent pas le risque17. Deux nouvelles hypothèses peuvent alors être formulées. La première, que l'activité rock reste avant tout une activité de loisir. La seconde, que la précarité des formes d'emploi évoquées dans la section précédente relève probablement davantage d'une contrainte conjoncturelle que d'un choix véritable.
1.9. Situation matrimoniale
- 18 Les chiffres Insee issus du recensement 1999 proposent les rubriques « Célibataire, marié ou remari (...)
- 19 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/POPALLPOP3POP3AF2 (...)
- 20 Ravet, H., Coulangeon, P. 2003, op. cit., p. 378. Voir également à ce sujet Chastagner, C. 1998. La (...)
25Comme le tableau 9 en rend compte, la majeure partie des acteurs de l'échantillon (67,3 %) déclare être célibataire. L'autre grande partie se compose d'acteurs vivant en couple (30,9 %), dont seul un petit pourcentage est marié (7,4 %), comparativement à ceux vivant en union libre (23,5 %). En outre, seuls 5,5 % des acteurs de l'échantillon ont des enfants. Comparativement à l'échantillon, les chiffres Insee18 indiquent que le taux de célibataires est deux fois moindre en France métropolitaine (34,6 %)19. Les acteurs de l'échantillon vivant maritalement sont quant à eux nettement moins nombreux au niveau national (50,1 %). Les données concernant le célibat ne sont certainement pas sans rapport avec la jeunesse de l'échantillon. Effectivement, le plus gros contingent de célibataires se compose de la catégorie des 18-24 ans. Mais ils peuvent également être mis en correspondance avec un certain « stéréotype masculin de la vie de bohème » comme l'ont souligné Hyacinthe Ravet et Philippe Coulangeon : « Depuis l'époque romantique, l'image sociale de l'artiste n'a cessé de se construire autour de stéréotypes de la marginalité, de l'anomie familiale et matrimoniale, qui cimente la légende des avant-gardes artistiques et nourrit l'imaginaire des contre-cultures adolescentes20 ». Ces réflexions permettent à leur tour de remettre en perspective les formes d'emploi propres à l'échantillon, puisque sous cet angle, leur caractère précaire peut apparaître plus particulièrement sous la forme d'un choix.
1.10. Conjoints
- 21 Menger, P.-M. 1997, op. cit, p 38-43.
26Les 30,9 % d'acteurs de l'échantillon déclarant vivre maritalement sont sensiblement issus de la même tranche d'âge que leurs conjoints. Il apparaît que ceux-ci sont, eux aussi, fortement diplômés. Davantage même que les acteurs de l'échantillon, puisqu'ils sont 84 % à détenir un diplôme supérieur ou équivalent au bac (contre 79,8 % pour l'échantillon). La part restante des conjoints (majoritairement des femmes) disposant au minimum d'un niveau CAP ou BEP. Du point de vue des catégories socioprofessionnelles, comme le tableau 10 en rend compte, les conjoints figurent majoritairement dans les catégories des employés et des étudiants. Soit une configuration identique à celle de l'échantillon bien que supérieure en proportion. Toutefois, chez les conjoints, la catégorie des employés est supérieure de 16 % à celle de l'échantillon, tandis qu'elle atteint plus du double de celle des étudiants. On y trouve en outre, trois fois plus de demandeurs d'emploi. À l'inverse, la proportion de conjoints dans les catégories des cadres et des artisans est moitié moins importante que celle de l'échantillon. Et elle est totalement nulle dans la catégorie des ouvriers. Ainsi, hormis une quasi équivalence dans la catégorie des professions intermédiaires, le déséquilibre entre les catégories socioprofessionnelles est patente. Ce qui indique une endogamie socioprofessionnelle très relative. D'autre part, « l'investissement » dans le mariage ou la vie de couple ne semble pas être envisagé sous l'angle économique c'est-à-dire sous la forme de ressource visant à soutenir une pratique artistique ou culturelle risquée comme Pierre-Michel Menger a pu l'observer à propos des comédiens21. Cette hypothèse ne serait d'ailleurs guère pertinente si l'on accepte l'idée que la pratique rock constitue avant tout une activité de loisir.
Tableau 10 - Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des conjoints faisant partie de la population active

1.11. Origines sociales
27Un peu moins de la moitié (45,9 %) des parents des acteurs de l'échantillon (ayant répondu) résident dans des communes de moins de 5 000 habitants. Une forte proportion d'entre eux (34,1 %) réside au sein de communes de 5 000 à 20 000 habitants. De fait, ils ne sont plus que 20 % à résider dans des communes de plus de 20 000 habitants. Au final, ils sont 76,8 % à résider en zone urbaine, contre 23,1 % en milieu rural.
28Comme le tableau 11 en rend compte, les pères sont majoritairement crédités d'un CAP ou d'un certificat d'études primaires. Pour autant, ils sont 41,5 % à détenir un diplôme supérieur ou équivalent au bac. On remarque même que 11,7 % d'entre eux ont un niveau bac + 5. Les mères sont quant à elles légèrement plus nombreuses à être détentrices d'un certificat d'études primaires, mais elles sont également plus nombreuses que leurs conjoints à détenir un bac ou un diplôme d'études supérieures (43,7 %). Bien que la scolarité d'une part importante de l'échantillon ne soit pas achevée, il est frappant de constater que comparativement à leurs parents, les enfants sont quasiment plus du double à détenir un diplôme de niveau supérieur ou équivalent au bac.
- 22 Le cumul des pourcentages de ces trois catégories atteint 70,9 % de la population active totale de (...)
29Il est relativement délicat de procéder à des comparaisons en matière de catégories socioprofessionnelles étant donné qu'une forte proportion de l'échantillon n'est pas encore engagée dans la vie active. Si l'on s'en tient à la frange des actifs, il apparaît qu'en moyenne, à l'exception de la catégorie sans activité professionnelle, ils sont partout moins représentés que leurs parents. Ces derniers appartiennent majoritairement (près de 70 %) aux catégories des employés et des professions intermédiaires. Leurs enfants sont bien en peine d'atteindre un taux équivalent au travers de ces deux seules catégories. En effet, pour rappel, par ordre d'importance, les actifs de l'échantillon sont tout d'abord fortement représentés dans la catégorie des employés. Puis, ils se répartissent de manière plus équilibrée entre celles des ouvriers et des demandeurs d'emploi22 et enfin, dans celle des professions intermédiaires. En proportion, il se dégage de ces analyses qu'en moyenne, les actifs de l'échantillon occupent des catégories socioprofessionnelles inférieures à celles occupées par leurs parents. Ce qui indique une faible mobilité sociale.
1.12. Rencontre avec le rock
30Comme le graphique 1 en rend compte, près de 80 % de l'échantillon déclare avoir découvert le rock avant l'âge de 14 ans. Il est même remarquable de noter que 53,2 % de l'échantillon ont découvert le rock avant l'âge de 12 ans.
- 23 Le graphique 2 concerne exclusivement les médiateurs humains. À ce titre, il ne s'établit que sur l (...)
- 24 J'entends par cellule familiale les parents et la fratrie, c'est-à-dire les frères et sœurs.
- 25 Cette affirmation est toutefois à pondérer dans la mesure où le traitement des questionnaires rend (...)
- 26 Une enquête récente menée par Sylvie Octobre montre que « le premier endroit où les 6-14 ans s'adon (...)
- 27 « La figure du "grand frère" est omniprésente dans les récits des passionnés ». Le Bart, C, avec la (...)
31Le graphique 223 indique que l'entrée en rock s'effectue prioritairement par la médiation d'un membre de la cellule familiale (54,7 %)24. Les parents sont aux deux tiers âgés de 40 à 60 ans. À ce titre, ils ont accompagné le développement du rock. Ils ne sont pourtant que moins d'un tiers à y avoir initié leurs enfants25. Lorsque les parents ne sont pas directement responsables de cette « transmission », elle provient d'une source générationnelle plus proche. Par ordre d'importance, citons la figure de l'ami26, celle du grand frère27 (plus rarement celle de la grande sœur) ainsi que la famille proche (beaux-frères, oncles et cousins notamment). Concernant les conjoints de ceux qui vivent en couple, un peu plus de la moitié d'entre eux (51,7 %) apprécient le rock. Les autres, l'apprécient un peu (33,3 %), voire pas du tout (8 %).
- 28 Développement culturel, no 143. 2004. Transmettre une passion culturelle, p. 3. Disponible sur : ht (...)
32Une enquête récente portant sur 5 299 acteurs de plus de 14 ans, a permis de montrer que 57 % d'entre eux doivent leur passion pour la musique à leurs parents. 17 % la doivent à leurs frères ou sœurs aînés et 11 % la doivent à leurs amis28. Si l'on rapproche ces chiffres de ceux de mon enquête, il apparaît qu'à catégorie égale aucun pourcentage n'est équivalent. Bien que la cellule familiale soit dominante dans les deux enquêtes, les tendances catégorielles sont inverses, puisque dans l'enquête du DEP ce sont les parents qui sont les plus représentés (devant la fratrie et les amis) alors que dans mon enquête les amis occupent la première position, devant les parents et la fratrie.
1.13. Pratiques rock
- 29 Je partage la même définition de l'amateur qu'Antoine Hennion pour qui « sont amateurs tous ceux qu (...)
33La pratique rock la plus commune consiste à nourrir son goût pour le rock au travers d'activités de consommation culturelle. Achat de disques, fréquentation de concerts en sont des manifestations exemplaires. Elles sont généralement transversales à tous les amateurs29 de rock. Les acteurs de l'échantillon se caractérisent cependant plus volontiers par leur implication concrète dans un certain nombre d'activités propres au monde du rock. Soit une implication qui les distingue des simples consommateurs culturels, pour devenir des producteurs culturels agissant publiquement pour faire partager leur amour du rock.
- 30 Cette tendance cumulative a également été relevée par Donnât, O. 1996. Les amateurs. Enquête sur le (...)
- 31 Le booking est une activité consistant à chercher des dates de concerts et à organiser des tournées
34En moyenne, les acteurs de l'échantillon sont simultanément investis dans au moins deux activités30 (écart de une à sept activités) comme en rend compte le tableau 13. Dans ce cas, ils exercent majoritairement une activité identique à celle de leur activité principale. Ils jouent par exemple souvent dans plusieurs groupes (le maximum étant cinq groupes). Si la pratique musicale constitue une activité dominante au sein de l'échantillon, les acteurs qui le composent s'investissent également très fortement dans un ensemble d'activités extérieures à ce type de pratique. Les responsabilités associatives en constituent une part non négligeable puisqu'elles occupent la seconde place dans la liste des activités pratiquées. Être membre d'une association peut également être intégré dans ce volet associatif. Viennent ensuite par ordre d'importance les activités liées au fanzinat/newsletter puis à l'activité de diffusion. L'ensemble de ces activités sont les plus représentées au sein de l'échantillon. Suivent un certain nombre d'autres activités en lien avec le booking31 /management, la production phonographique (label), le graphisme et la photographie, la sonorisation et l'éclairage et l'enseignement musical etc. La ligne Autres rassemble des activités ne concernant qu'une personne par activité. Elle se compose d'acteurs travaillant à la télévision, assurant la gestion de locaux de répétition, participant à des sessions d'enregistrement studio, coordonnant un collectif artistique, réalisant des travaux audiovisuels ou organisant la logistique lors des déplacements vers des festivals rock.
- 32 Menger, P.-M. 1997, op. cit.
Rares sont les acteurs se contentant d'une activité unique au sein de ce monde. La biactivité semble donc être la règle au sein de l'échantillon. Ce qui signifie concrètement que le monde du rock est un espace de « démultiplication de soi » selon la belle expression de Pierre-Michel Menger32.
2. Un échantillon d'acteurs du monde du rock
35L'échantillon a un caractère transgénérationnel bien que très fortement marqué par sa jeunesse. Si les 18-24 ans en représentent plus de la moitié, les plus de 30 ans en figurent près d'un tiers. Ce qui porte la moyenne d'âge de l'échantillon à 26 ans. L'échantillon est essentiellement masculin. Et il se compose principalement d'acteurs de nationalité française. Les trois quarts d'entre eux résident dans des zones urbaines et notamment dans des grandes villes d'un nombre supérieur à 20 000 habitants. Cette caractéristique témoigne de ce que la grande métropole constitue effectivement le biotope de la pratique rock.
36Les acteurs de l'échantillon sont majoritairement célibataires et sans enfants. Certains vivent néanmoins en couples. En comparant leurs PCS avec celles de leurs conjoints on observe une endogamie professionnelle relative. Par ailleurs, il semblerait que « l'investissement » dans le couple ne joue pas le rôle d'une ressource domestique destinée à diminuer le risque lié à la pratique d'une activité artistique ou culturelle. Concernant leurs origines sociales, les parents des acteurs de l'échantillon appartiennent très majoritairement aux classes moyennes (catégorie des employés et des professions intermédiaires). Ceux-ci résident majoritairement au sein de petites communes, dont les trois quarts sont néanmoins situés en zone urbaine.
Plus des trois quarts de l'échantillon détiennent un diplôme supérieur ou équivalent au bac, avec une très forte représentation de la catégorie des bac + 2. Plus des deux tiers de l'échantillon se composent d'actifs qui eux-mêmes se répartissent en trois grandes catégories : les employés, les ouvriers et les demandeurs d'emploi. Le troisième tiers se compose quant à lui d'étudiants.
37La moitié des actifs bénéficie d'une forme d'emploi stable. L'autre moitié évolue quant à elle dans des formes d'emploi précaires. Cette répartition des formes d'emploi contredit très nettement les tendances nationales en la matière. Or, les trois quarts de ces actifs détiennent un diplôme supérieur ou équivalent au bac. Ce qui tend à indiquer qu'ils sont à la fois surqualifiés par rapport à leurs PCS d'appartenance, mais également par rapport à la moyenne des actifs à l'échelle de la France métropolitaine. Un schéma qui se vérifie également dès lors que l'on rapporte leurs PCS d'appartenance à celles de leurs parents, car on y voit clairement qu'elles leurs sont inférieures. Les trois quarts de l'échantillon déclarent ne pas souhaiter intégrer le régime d'assurance chômage de l'intermittence du spectacle. Ce qui, toute proportion gardée, peut être interprété comme une absence de candidature à une carrière artistique professionnelle dans le rock. Ce qui signifierait par ailleurs que les acteurs nourrissent majoritairement à leur endroit des projets professionnels d'une autre nature.
38Les données relatives à la situation matrimoniale, au régime d'assurance chômage de l'intermittence du spectacle et aux formes d'emploi constituent un pivot pour l'analyse de l'échantillon. Il s'en dégage de manière très nette que pour l'échantillon, l'activité rock constitue avant tout un loisir. Pour quelle raison ? En admettant qu'ils procèdent d'un choix, le célibat et le recours aux formes d'emploi précaires indiquent a priori une démarche stratégique visant à bénéficier d'un temps hyperflexible nécessaire au développement d'une pratique artistique suivie. Or, hormis quelques uns, les acteurs de l'échantillon n'expriment pas le souhait de stabiliser leur pratique rock de manière professionnelle. Pas davantage qu'ils ne semblent envisager, le cas échéant, la vie de couple en tant qu'une ressource domestique permettant de socialiser le risque propre à toute activité artistique. Ce qui signifierait par ailleurs que les formes d'emploi précaires s'imposent davantage comme une contrainte conjoncturelle qu'elles ne procèdent d'un choix rationnel.
39Concernant leur relation au rock, il apparaît que plus des trois quarts dé l'échantillon ont découvert cette musique très précocement, avant leur quatorzième année (53,2 % de l'échantillon ont découvert le rock avant l'âge de 12 ans). Une découverte généralement effectuée par la médiation du cercle familial et amical. Et qui présente la particularité de se traduire massivement sous la forme d'un cumul d'activités au sein du monde du rock.
En résumé, les acteurs de l'échantillon sont majoritairement des hommes. Ils résident pour la plupart en zones urbaines à forte densité démographique.
Ils sont en stagnation, voire en régression socioprofessionnelle par rapport à leur parents. Ils sont particulièrement défavorisés comparativement aux formes d'emploi dominantes sur le territoire national et disposent néanmoins d'un capital scolaire très élevé.
40Toutefois, au vu de la morphologie sociale de l'échantillon, on reste bien en peine de trouver une correspondance avec les stéréotypes traditionnellement associés à la « culture » rock (juvénilité, classe ouvrière faiblement diplômée, marginalité sociale et professionnelle notamment). Il s'avère que pour les acteurs de l'échantillon, le rock constitue essentiellement une activité de loisir dans laquelle ils s'investissent sous des formes multiples.
Dresser les contours d'un échantillon d'acteurs culturels reste cependant insuffisant si l'on souhaite comprendre le fonctionnement du monde du rock. Il est nécessaire de compléter les résultats obtenus par des données plus qualitatives. C'est la raison pour laquelle je vais élargir cette caractérisation aux modalités de l'attachement au rock.
Notes
1 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/POPALLPOP1APOP1A2F2FR.html [consultées le 09.09.2004]
2 « Les jeunes s'entendent administrativement, et en France, de 15 à 24 ans. [...] Mais il est évident que la jeunesse sociologique et, a fortiori, anthropologique, débordent ces frontières dans les deux sens ». Développement culturel, no 122. 1998. Le public des concerts de musiques amplifiées, p. 1, note de bas de page 1.
3 On note également que l'échantillon se compose essentiellement d'acteurs majeurs. Une tendance déjà relevée par Olivier Donnât lorsqu'il souligne que « la majorité des amateurs en activité sont des adultes ». In Donnat, O. 1996b. L'essor des activités artistiques amateur. Données Sociales 1996. Paris : Insee, p. 420.
4 Les recherches sur le rock soulignent fréquemment cette caractéristique. Voir notamment Brake, M. 1980. The sociology of youth culture and youth subcultures. London : Routledge ; Lagrée, J.-C. 1982. Les jeunes chantent leurs cultures. Paris : L'Harmattan ; Green, A.-M. 1986. Les adolescents et la musique. Issy-les-Moulineaux : Editions ΕΑΡ ; Green, A.-M. Sous la dir. 1997. Des musiques et des jeunes. Rock, rap, techno... Paris : L'Harmattan, coll. Logiques Sociales ; Hersent, J.-F. 1986. Musique rock, pratiques et représentations culturelles de jeunes scolaires de la région parisienne. Paris 8 : Thèse de doctorat ; Hersent, J.-F. 1988. Rock, jeunesse, socialisation. Jalons d'un itinéraire de recherche. Cahiers Jeunesses et Sociétés, no 10, p. 49-56 ; Mignon, P. 1996. Rock et rockers : un peuple du rock ? In Darré, A. Sous la dir. Musique et politique. Les répertoires de l'identité. Rennes : PUR, coll. Res Publica, p. 73-91 ; Bennett, A. 1999. Subcultures or neo-tribes ? Rethinking the relationship between youth, style and musical taste. Sociology, vol. 33, no 3, p. 599-617.
5 Si ce caractère transgénérationnel apparaît somme toute assez relatif au sein de l'échantillon, l'enquête ethnographique permet de l'attester sans aucune ambiguïté. Le rock n'est plus seulement une musique de jeunes.
6 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/RP99/rp99/wr_refpage.affiche?p_id_nivgeo=F&p_id_loca=2&p_id_princ=R_IVlRP&p_theme=PC>P&p_typeprod=ALL&p_langue=FR [consultées le 09.09.2004]
7 Cette tendance n'est manifestement pas propre au monde du rock. C'est ce que donnent à penser les analyses de Hyacinthe Ravet et Philippe Coulangeon lorsqu'ils rappellent que « le métier de musicien-interprète est en France l'un des métiers artistiques les moins féminisés ». In Ravet, H., Coulangeon, P. 2003. La division sexuelle du travail chez les musiciens français. Sociologie du Travail, no 45, p. 362.
8 La place des femmes dans le rock a été abondamment traitée dans la littérature scientifique anglo-saxonne. Voir notamment Reynolds, S., Press, J. 1995. The sex revolts : gender, rebellion & rock'n'roll. London : Serpents Tail ; Cooper, S. 1996. Girls. Essays on women & music. New York : University Press ; Whitely, S. 2000. Women and popular music. Sexuality, identity and subjectivity. London : Routledge ; Leblanc, L. 1999. Pretty in punk. Girls'gender resistance in a boys'subculture. New Brunswick : Rutgers University Press ; Schippers, M. 2002. Rockin'out of the box. Gender maneuvering in alternative hard rock. Rutgers University Press ; Purcell, N. J. 2003. Death metal music. The passion and politics of a subculture. Jefferson, NC : McFarland, p. 99-115. En langue allemande, voir Roccor, B. 2002. Heavy Metal. Kunst, Kommerz, Ketzerei. Berlin : I.P. Verlag. 1re éd. 1998, p. 184-189. En langue française, voir Hein, F. 2003. Hard Rock, Heavy Metal, Metal. Histoire, cultures et pratiquants. Clermont-Ferrand/Paris : Mélanie Séteun/Irma, coll. Musique et Société, p. 126-132 et 178-180. Notons également que certains auteurs ont abordé la place des femmes sous l'angle de la menace que représente leur intrusion dans un univers typiquement masculin. Voir à ce sujet Frith, S. 1983. Sound effects : youth, leisure and the politics of rock'n'roll. London : Constable ; Cohen, S. 1991. Rock culture in Liverpool. Popular music in the making. Oxford : Oxford University Press.
9 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/NATALLNAT2NAT2AF2FR.html [consultées le 09.09.2004]
10 Menger, P.-M. 1997. La profession de comédien. Formation, activités et carrières dans la démultiplication de soi. Paris : Ministère de la Culture et de la Communication, p. 29.
11 Données nationales relatives à la population de 15 ans et plus par diplôme, disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/FORALLFOR2FOR2AF2FR.html [consultées le 09.09.2004]
12 La population active se constitue des ressources en main d'œuvre sur un marché du travail. Elle se compose donc à la fois des personnes ayant un emploi et des demandeurs d'emploi.
13 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/ACTALLACT5ACT5AF2FR.html et http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/ACTAllACT5ACT5AF2FR.html [consulté le 09.09.2004].
14 Données disponibles sur : http://www.insee.fr/fr/insee_regions/lor/rfc/ttc/loEMP003.htm [consultées le 20.11.2003).
15 L’emploi dans les professions culturelles. 2004. Les notes de l'Observatoire de l’emploi culturel, no 30. 2004. L'emploi dans les professions culturelles. Série Données de cadrage, p. 17-18. Disponible sur : http://www.culture.gouv.fr/dep/telechrg/noec30.pdf [consulté le 16.08.2004]. Les chiffres proviennent du recensement Insee de la population 1999. Il faut également noter que la nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) identifie455 professions au sein desquelles 24 sont considérées comme « culturelles ». Les professions du disque n'en font pas partie par exemple. Par contre, elles appartiennent en partie au « secteur culturel » tel qu'il est défini par la Nomenclature des activités françaises (Naf). Cette dernière propose 700 codes dont 24 constituent le « secteur culturel ». Les disquaires en sont exclus par exemple.
16 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/RP99/rp99/c_affiche.affiche?nivgeo=F&codgeo=2&produit=P_ACTB&theme=ACT&typeprod=ALL&lang=FR [consultées le 09.09.2004].
17 Menger, P.-M. 1991. Marché du travail artistique et socialisation du risque. Le cas des arts du spectacle. Revue française de sociologie, no ΧΧΧΙΙ, p. 61-74.
18 Les chiffres Insee issus du recensement 1999 proposent les rubriques « Célibataire, marié ou remarié, veuf, divorcé ». Ainsi les personnes vivant en union libre peuvent hésiter devant la réponse « marié ». Il importe donc de manier les chiffres correspondants avec précaution si l'on souhaite les comparer avec les chiffres de l'échantillon.
19 Données nationales disponibles sur : http://www.recensement.insee.fr/FR/ST_ANA/F2/POPALLPOP3POP3AF2FR.html [consultées le 09.09.2004]
20 Ravet, H., Coulangeon, P. 2003, op. cit., p. 378. Voir également à ce sujet Chastagner, C. 1998. La loi du rock. Castelnau-le-Lez : Climats, p. 89-90.
21 Menger, P.-M. 1997, op. cit, p 38-43.
22 Le cumul des pourcentages de ces trois catégories atteint 70,9 % de la population active totale de l'échantillon.
23 Le graphique 2 concerne exclusivement les médiateurs humains. À ce titre, il ne s'établit que sur la base de 170 réponses. Les réponses mentionnant des objets particuliers (disques, émissions radio, etc.) ayant contribué à la découverte du rock sont traitées dans le chapitre 4.
24 J'entends par cellule familiale les parents et la fratrie, c'est-à-dire les frères et sœurs.
25 Cette affirmation est toutefois à pondérer dans la mesure où le traitement des questionnaires rend compte d'un grand nombre de non réponses à la question concernant l'amour que les parents portent au rock. Ainsi, on comptabilise 185 non réponses au sujet des pères et 180 non réponses au sujet des mères. Il se dégage néanmoins des réponses fournies que les pères sont 16,2 % à aimer le rock et 15,8 % à ne pas l'aimer. Quant aux mères, elles sont 19,5 % à l'aimer et 14,3 % à ne pas l'apprécier.
26 Une enquête récente menée par Sylvie Octobre montre que « le premier endroit où les 6-14 ans s'adonnent aux loisirs culturels, c’est à leur domicile. Là, non seulement ils se livrent avec les autres membres de la famille à certaines consommations (de télévision, de radio, de musique...), mais ils développent également des consommations individuelles largement basées sur la détention en propre d'équipements ou de produits culturels (livres, CD mais aussi DVD et cassettes vidéo) qui leur donnent accès à l'équipement familial. Ainsi, posséder un équipement à soi permet de consommer en privé et de manière autonome (notamment en matière de musique) et, parallèlement, disposer en propre de produits culturels ouvre l'accès aux équipements familiaux. Ce double mouvement permet à l'enfant d'accéder progressivement au statut de consommateur au sein de la famille et d'entrer dans l'univers de la "culture juvénile" ». In Les loisirs des 6-14 ans. 2004. Développement culturel, no 144. 2004. Les loisirs culturels des 6-14 ans, p. 1. Disponible sur : http://www.culture.gouv.fr/culture/editions/r-devc/dc144.pdf [consulté le 20.07.2004]. Il s'agit de là synthèse d'une enquête menée par Sylvie Octobre. 2004. Les loisirs culturels des 6-14 ans. Paris : La Documentation Française, coll. Questions de culture.
27 « La figure du "grand frère" est omniprésente dans les récits des passionnés ». Le Bart, C, avec la coll. de Ambroise, J.-C. 2000. Les fans des Beatles. Sociologie d'une passion. Rennes : PUR, coll. Le sens social, p. 33.
28 Développement culturel, no 143. 2004. Transmettre une passion culturelle, p. 3. Disponible sur : http://www.culture.gouv.fr/culture/editions/r-devc/dc143.pdf [consulté le 20.07.2004]
29 Je partage la même définition de l'amateur qu'Antoine Hennion pour qui « sont amateurs tous ceux qui entretiennent avec la musique un rapport suivi, recherché, élaboré, quels qu'en soient les médiums ou les modalités ». In Hennion, A., Maisonneuve, S. Gomart, E. 2000. Figures de l'amateur. Formes, objets et pratiques de l'amour de la musique aujourd'hui. Paris : La Documentation Française, p. 29.
30 Cette tendance cumulative a également été relevée par Donnât, O. 1996. Les amateurs. Enquête sur les activités artistiques des français. Paris : Ministère de la Culture, Dag, DEP, La Documentation Française, p. 37-39.
31 Le booking est une activité consistant à chercher des dates de concerts et à organiser des tournées.
32 Menger, P.-M. 1997, op. cit.
Table des illustrations
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Titre | Tableau 1 - Classes d'âge |
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Titre | Tableau 2 – Genres |
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Titre | Tableau 3 – Nationalités |
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Titre | Tableau 4 - Niveaux d'études |
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Titre | Tableau 5 - Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) |
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Titre | Tableau 6 - PCS et niveaux d'études |
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Titre | Tableau 7 - Formes d'emploi |
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Titre | Tableau 8 - Régime de l'intermittence du spectacle |
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Titre | Tableau 9 - Situation matrimoniale |
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Titre | Tableau 10 - Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des conjoints faisant partie de la population active |
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Titre | Tableau 11 - Niveaux d'études des parents |
URL | http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/693/img-11.jpg |
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Titre | Tableau 12 - Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des parents |
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Titre | Graphique 1 - Âge de la découverte du rock |
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Titre | Graphique 2 - Médiateurs de la découverte du rock |
URL | http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/693/img-14.jpg |
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Titre | Tableau 13 - Activités pratiquées |
URL | http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/693/img-15.jpg |
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© Éditions Mélanie Seteun, 2006