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Paul Edwards
, 
Élodie Grossi
, 
Paul Schor

Conditions sociales d’entrées et vieillissement politico-artistique dans l’espace punk « indépendant » français

Pierig Humeau

Texte intégral

  • 1 Trois personnes sur quatre (n = 636) sont issus des milieux populaires entendus ici comme enfant d’ (...)
  • 2 L’extrait d’entretien suivant en est un bon exemple : « Ce qui est bizarre, enfin je crois, c’est q (...)
  • 3 Lors de ce travail de thèse, l’enquête dans sa globalité a duré près de cinq années (entre 2006 et  (...)
  • 4 Nous utilisons ce terme parce que l’une des caractéristiques de cet espace est la porosité entre mu (...)

1En sociologie, les questions les plus simples sont souvent les plus pertinentes : qu’est-ce qui fait que certains jeunes issus des milieux populaires adoptent un « style de vie » punk, entendu ici comme un ensemble de pratiques, de goûts, de croyances, et de représentations dépassant très largement le simple « goût » pour la musique punk ? Sous certains rapports, ils se rapprochent d’une part des jeunes ouvriers (Beaud et Pialoux, 1999 ; Mauger, 2006) comme en témoigne notre enquête quantitative, mais également des « gars du coin » (Rénahy, 20051). Tout comme leurs parents dans les années 1960-1970, ils ont été touchés par les effets de la crise économique et la désindustrialisation de certaines régions (Beaud et Mauger, 2017). Ces familles populaires ont connu une évolution interne de « désagrégation-disqualification » (Mauger, 1998), voire de déclassement, non sans lien avec les massifications scolaires (Beaud, 2002). Pour autant, ces jeunes punks ont fait bifurquer leurs trajectoires sociales (Bouron et Humeau, 2017 : 169-181), forme de résistance revendiquée à l’ouvriérisation, parce que, disent-ils, l’avenir probable « n’était pas le leur2 ». Et, quoi qu’il en soit, force est de constater, qu’ils ne reproduisent pas en tant que tel le modèle de leurs parents. Ainsi, par exemple, ils ne relaient pas du tout le discours « populaire » de ce qu’est la réussite sociale comme celui de « l’installation », de « l’accès à la propriété » (Cartier et al., 2008), de « l’entrée en parentalité » (Geay et Humeau, 2016) ou du rêve d’« ascension sociale ». En ce sens, leurs aspirations et leurs représentations de l’avenir sont bien différentes de ce que le sociologue pourrait s’attendre à observer compte tenu de leurs origines et dispositions sociales populaires. Encore faut-il essayer de comprendre la manière dont ces styles de vies ont pu émerger puis être façonnés aussi bien par des héritages familiaux, par des trajectoires (im) probables, par des accidents biographiques que par des rencontres fortuites lesquelles vont, en fait, structurer les groupes de pairs et leur style de vie. Voilà une partie de questions que je me posais au début de mon enquête de terrain (Humeau, 20113). Étonné par ces trajectoires en devenir et soucieux de comprendre sociologiquement ce qui fait que les choses sont ainsi et pas autrement, l’une des intentions était finalement d’interroger les conditions sociales de possibilité d’entrée dans l’espace punk puis le vieillissement politico-artistique de ces jeunes4. À partir de l’enquête de terrain du travail de thèse, je montrerai comment cet objet particulier, le parcours punk de jeunes de milieux populaires, peut s’analyser sociologiquement, en précisant les cheminements épistémologiques et méthodologiques. L’analyse des conditions possibilités et du vieillissement politico-artistique constituera la seconde partie de ce chapitre.

  • 5 Même si une observation ne peut jamais être « totale » nous avons mis en place une méthodologie où (...)
  • 6 « L’observation participante désigne, il me semble, la conduite d’un ethnologue qui s’immerge dans (...)

2La méthodologie s’appuyait sur une « tentative » d’observation totale5. Souhaitant rompre aussi bien avec l’ethnocentrisme intellectuel (Coulangeon et Duval, 2013), loin de l’exaltation de la culture populaire tout en étant en rupture avec un certain académisme, l’enjeu était de positionner mon corps comme corps d’intériorisation et de transmission tout en objectivant mes propres pratiques punk. L’entrée, facilitée il est vrai par une connaissance de la pratique punk, s’avérait dans un premier temps comme atout mais, très vite, ce qui paraissait comme « naturel », « évident » et « allant de soi » appelait la contrepartie d’une connaissance subjective et antérieure à cette recherche. Il fallait ainsi réapprendre à s’étonner des choses les plus quotidiennes. La démarche d’« epistemological experiment » (Wacquant, 2004) se trouve à la base de la réflexivité épistémique qui a accompagné tout ce travail ethnographique6. Au-delà, comment tenir le double rôle d’agent-chercheur (Humeau et Rachamim, 2009 ; Sorignet, 2010), lequel est d’ailleurs souvent en tension ? Agissant sur ce qui deviendra son terrain d’enquête, le chercheur y est déjà un indigène, pour reprendre le vocabulaire ethnographique, partageant les mêmes croyances et représentations que les autres agents, de sorte que l’« autre » est un « autre » qui est déjà, et avant tout, un « pair ». Définie méthodologiquement dans un cadre théorique rigoureux, cette insertion en « amont » paraissait être dans ces espaces en marge l’une des méthodes de prédilection (Bouillon, 2009). Si pour certains, épistémologiquement, la proximité du chercheur avec son terrain peut être considérée comme un « frein » à la connaissance sociologique, la pratique « indigène » donc subjective peut également, après une série d’observations participantes (objectivées par la suite), devenir un véritable outil de recueil et d’analyse des données (Gary Alan Fine, 1993 ; Sorignet, 2010). C’est tout du moins le pari que j’avais fait.

3À la suite des travaux de Loïc Wacquant (2000), qui prolongent et radicalisent en ce sens le point de vue de Pierre Bourdieu sur l’expérience pratique dans la production de la connaissance sociologique, se retrouve l’idée qu’une « familiarité réflexive » permet de restituer les différentes phases de socialisation, ici dans le cas particulier du punk. De nombreux écrits, et notamment ceux des sociologues de l’École de Chicago et de manière plus contemporaine avec les travaux de Loïc Wacquant autour du monde pugilistique, ne peuvent que nous montrer l’intérêt scientifique d’une telle posture dans l’appréhension d’un groupe social donné. Comment décrire le monde de la boxe sans au préalable « être initié aux rudiments du métier », apercevoir les différentes facettes du ring dans les ghettos noirs américains, véritable miroir renversé de l’univers social dans lequel Loïc Wacquant s’inscrit, « sans suivre leurs tâches journalières et se plier à leurs côtés au rigoureux régime, indissociablement corporel et moral, qui définit leur état et scelle leur identité » ? (Wacquant, 2000 : 19). Il fallait être assimilé comme l’un d’entre eux, qu’on fasse partie de la même « scène » comme ils aiment à le dire. À la manière des ethnologues, il a fallu avec le groupe de musique dans lequel je jouais être considéré non pas comme un « enquêteur étranger » mais bel et bien comme faisant partie du même groupe de pairs. Le double défi consistait alors à dépasser l’un des premiers obstacles épistémologiques qui serait la familiarité et de se « laisser séduire » par son objet d’étude mais aussi la distance au terrain étudié et les risques de la position scolastique (Geay, 2011).

  • 7 Au cours de l’enquête de terrain, nous nous sommes rendus (de manière moins formelle) dans d’autres (...)
  • 8 À partir des observations de terrain et/ou de la passation des questionnaires, nous sollicitions le (...)

4L’orientation méthodologique retenue a été aussi celle de l’étude intensive des parcours en rendant intelligible les différentes variables constitutives de cet ensemble épars, sorte de « mosaïque scientifique » (Becker, 1986), en associant la perspective d’Howard Becker au concept de « life story », tout en mettant au jour la « pluralité des perspectives » (Bourdieu, 1993). Il ne s’agissait pas tant de « recouper » ou « vérifier » la véracité des échanges que de « rechercher des discours contrastés, de faire de l’hétérogénéité des propos un objet d’étude, de s’appuyer sur les variations plutôt que de vouloir les gommer ou les aplatir, en un mot de bâtir une stratégie de recherche sur la quête de différences significatives » (Sardan, 1995 : 93). À partir de là, il a été mis en place une série d’entretiens approfondis (n = 36) dans le « Grand Ouest français », région où historiquement la scène punk a toujours été très productive (voir figure 17). Réalisés avec des producteurs (musiciens, labels), des récepteurs (publics) mais aussi des agents « historiques » de cette scène politico-musicale, ces entretiens ont été menés très souvent sous la forme d’une discussion enregistrée avec, en arrière-plan, un guide d’entretien relativement sommaire mais recoupant l’ensemble des éléments de trajectoires8.

Fig. 1 : Régions enquêtées.

Source : Humeau, 2011.

  • 9 À partir de ces données, nous avons pu réaliser une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) de (...)
  • 10 Il est certain qu’être identifié comme musicien a permis de libérer la parole. De plus, mon hexis c (...)

5N’ayant à disposition aucun indicateur objectif sur cette population, une enquête quantitative a également été menée dans ces mêmes régions grisées9 (Figure 1). Administrée auprès des publics et des groupes de musique présents lors de concerts, la passation des questionnaires (n = 636) s’est faite en vis-à-vis, pour essayer d’amenuiser la violence symbolique de la relation d’enquête. Peu enclin aux formes de communications légitimes, il a fallu très souvent négocier pendant de longues minutes ces passations de questionnaires10.

6À partir de cette série de matériaux, il s’agit maintenant de rendre compte des trajectoires sociales et des carrières au sens de Becker. On tentera ainsi d’appréhender le moment où, bien que partageant des styles de vie proches des milieux populaires, ils s’en écartent diamétralement en s’engageant dans l’espace punk. Je souhaiterais ainsi montrer que c’est bien dans l’enchevêtrement, son articulation et dans ses dynamiques que peuvent se retrouver les différentes conditions d’insertion, enracinées les unes aux autres dans des configurations sociales et familiales. Il s’agit donc de se positionner au croisement de l’ensemble des cadres socialisateurs qui ont agi sur eux pour en comprendre les comportements culturels. Par la suite, avec notamment la force que revêt le concept du Do It Yourself (« Fais-le toi-même »), on verra ainsi comment les premiers pas s’accompagnent d’appétences musicales et d’un engagement politico-artistique sur le moyen et le long terme.

Données démographiques des punks

7Les punks rencontrés partagent des dispositions à la fois masculines (neuf sur dix) et populaires (plus de sept sur dix sont fils d’ouvriers ou d’employés). Parmi les 636 individus, 23 % sont étudiants ou lycéens, 22 % et 16 % sont respectivement ouvriers et employés, et 21 % d’entre eux sont au chômage. Seulement une personne sur dix appartient aux « professions intermédiaires ». Les entretiens complètent ces premiers éléments de cadrage. En effet, l’analyse de leurs trajectoires scolaires révèle très souvent un rapport conflictuel à l’école : échecs, redoublements, exclusions et abandons très précoces. Plus encore, à fraction de classe sociale équivalente, les jeunes punks ont tendance à être dans une situation de sous-qualification (Humeau, 2011). Les entretiens révèlent que les familles dont sont issus ces jeunes punks adoptent généralement des formes d’encadrements plutôt lâches, mais aussi, à la marge, quelques formes d’encadrement contre-normatifs développant des valeurs subversives, relayées toujours par une appartenance politique ou syndicale d’un des deux parents, au moins. Concernant les groupes de pairs, l’expérience des enquêtés est avant tout commune et partagée par une très large majorité des punks. Elle est aussi commune à celle des jeunes issus des milieux populaires qui n’ont pas pu tirer bénéfice de l’école, cette dernière n’ayant pu doter les futurs punks de ressources scolaires permettant d’échapper à la « galère », « aux petits boulots » et à la « peur du lendemain ». Se renforçant l’une et l’autre, c’est également, pour une partie, l’expérience de l’inactivité scolaire ou professionnelle. À cela, s’ajoute que les rapports intrafamiliaux sont aussi marqués par des tensions liées au travail des parents, à l’absence ou aux décalages des temporalités pouvant aller jusqu’à la rupture avec le foyer familial. Finalement, on peut supposer que la dévalorisation familiale « t’es nul », scolaire « sauvageon », ou (pré) professionnel « paresseux », renforce l’appartenance au groupe de pairs, voire à la « bande », laquelle agit à l’inverse des représentations familiales, scolaires ou professionnelles en restaurant l’estime de soi (Millet et Thin, 2005 ; Humeau, 2013).

8À partir de là, on peut également tenter de rendre compte de ces carrières en interrogeant les effets de la « pente » des trajectoires sociales. Les prises de position en faveur d’une émancipation de la société salariale et patriarcale s’inscrivent dans le déclin familial et celui de l’agent par rapport à sa lignée. Le refus de se conformer à « l’ordre des choses » et d’être ouvriers « comme leurs parents » rappelle leurs rapports conflictuels au monde du travail tout en soulignant la force que revêt, pour eux, l’insertion dans des groupes de pairs au travers du Do It Yourself en tant que capital spécifique (Bennet, 2006 ; Étienne, 2006 ; Hein, 2011 ; Humeau, 2011 ; Guerra, 2015). Le « fais-le toi-même » du DIY est associé à l’idée de « s’auto-gérer ». Le DIY apparait dans ce contexte comme une politisation par la pratique et par les manières de faire, sorte de mouvement qui se pense et fait en se pensant et en se faisant. Il s’agit de relier entre eux un ensemble de lieux et d’espaces d’expression spécifiques et, par-là, de manières de penser et d’agir, qui toutes visent à l’autoproduction, l’autofinancement, l’autodistribution et plus largement qui renverraient à l’autonomie des individus dans leurs multiples façons d’être associés.

Construction de la sociabilité punk

  • 11 Sur l’ensemble de notre échantillon, en croisant l’âge et l’ancienneté de la pratique, nous obtenon (...)

9L’action régulatrice des cadres familiaux est faible, pour ne pas dire absente et pousse certains de ces jeunes à l’extérieur du domicile familial. En se tournant vers les copains, socialement très proches, les relations amicales se renforcent tout en mettant à distance l’influence de la socialisation familiale. Plus les relations deviennent intensives et, à l’extrême, exclusives, et plus le foyer familial est délaissé au détriment des copains. Le groupe de pairs devient ici ressource puisque les expériences communes à l’ensemble conduisent à une inversion du stigmate qui d’imposé devient assumé. Au travers du groupe se construit un réel réseau de sociabilités au sein duquel tout le monde se reconnaît. Âge de l’indétermination, âge des classements (Mauger, 1995), mais aussi âge de toutes les premières expériences, il est de bon ton de se faire respecter et de faire ses preuves en faisant acte de bravoure, de courage et de solidarité envers les pairs11. « On était bagarreurs », « c’était nous les racailles, pas les autres », autant d’extraits d’entretiens qui poussent à penser que, comme dans le monde des bandes, « la force physique est placée particulièrement haut dans la hiérarchie des qualités immédiates » (Monod, 1968). Au travers de la « culture anti-école » et la « culture d’atelier » (Willis, 1978), revisitée sous le prisme de la « culture de rue » (Lepoutre, 1997), chacun doit se prouver avec virilité le plus souvent qu’il appartient bien au même groupe de pairs. Ils retracent très souvent les premiers coups réussis avec fierté. La première cigarette, la première bière, la première petite copine ou le premier tatouage consolident et renforcent les relations amicales de sorte que ces expériences ne sauraient être, quoi qu’il arrive, oubliées parce que, selon leurs dires « pour moi les potes c’est tout ». Pour autant, si le groupe de pairs est une ressource, il est également synonyme de contrainte. Le temps passé avec les pairs dans la rue, stigmatisés souvent comme ceux « qui ne font rien », « ceux qui glandent sur la place », ou comme une « jeunesse en errance » (Pattegay, 2001) participe au renforcement de la stigmatisation du groupe de pairs.

  • 12 Nous avons pu aussi observer que certains parcourent de très grandes distances pour se déplacer en (...)

10Enfin, force est de constater que l’existence et la proximité avec un foyer culturel punk (squat, café-concert) sont très importantes. Les entretiens (cf. l’extrait ci-dessous) rappellent sans cesse ces deux conditions de possibilité notamment chez les plus jeunes. On peut le comprendre dans la mesure où, à l’adolescence, les sorties même « motorisées » se font le plus souvent à proximité du foyer familial que ce soit en province ou dans les (petites) villes. Les résultats de l’analyse statistique vont dans le même sens. Ainsi, parmi les 636 punks enquêtés, 45 % font – en moyenne – moins de 10 kms pour venir en concert et, plus globalement, trois personnes sur quatre font moins de 20 kms12.

« Question PH : Comment expliques-tu qu’ici il existe (dans cette grande ville du centre de la France) des squats artistiques alors qu’ailleurs, c’est beaucoup plus compliqué ? »

« Je crois qu’on est un peu des privilégiés de ce côté-là en fait. Parce que je ne sais pas pourquoi mais il y a quand même eu une belle petite razzia dans toute la France pour faire fermer les lieux un peu comme ça depuis un ou deux ans. C’est quand même pas mal le déclin et donc je crois qu’on est un peu privilégié de ce côté-là. Il se trouve qu’il [le squat] est placé dans un quartier qui est plutôt… pas trop bien réputé on va dire, et il est placé à côté d’une grosse boîte de nuit donc au niveau des nuisances sonores le voisinage ne peut pas trop se plaindre. C’est déjà un plus parce que si la police était prévenue deux fois par semaine de tapage nocturne, ce ne serait pas pareil […]. » (Mathieu, 26 ans, père : chauffagiste, mère : agent d’entretien. Il a obtenu un CAP dessinateur avant d’être exclu du centre de formation.)

11Par ailleurs, pour les plus jeunes vivant à distance des foyers culturels punk, ils se retrouvent parfois dans l’obligation de mettre à contribution leurs parents pour les emmener en ville, situation pouvant être pensée comme embarrassante. Le groupe de pairs tient alors une place de choix dans les processus de socialisation. En privilégiant les sorties nocturnes grâce aux « potes qui [ont] une voiture » et les relations amicales, s’opère de front l’apprentissage de la culture de bande. Ce n’est donc pas tant le fait d’être « dans la rue » ou de « traîner » qui serait, en somme, déterminant dans la première pratique, mais l’enchevêtrement dynamique des différentes causes sociales évoquées. Autrement dit, de ces conditions de possibilités, les différents parcours individuels présentés rappellent que chacune des dimensions se déploie et joue de manière différenciée sur les trajectoires, tout en se renforçant les unes les autres.

12Pour comprendre ce qui se joue dans cet espace et la force que revêt le DIY, il faut prendre en compte la manière dont les carrières se structurent tout en infléchissant l’avenir probable.

13Ainsi, à partir de ces logiques sociales et structurales au sein desquelles se repèrent les congruences et proximités d’habitus produisant sociologiquement le groupe punk, les premiers pas sont, de ce point de vue, tout à fait éclairants. Finalement, quels sont les modes d’entrées puis leurs prolongements ? Dans ce cadre, il nous parait intéressant ainsi de montrer, à la manière de Becker, les différentes étapes qui permettent en somme de passer des caps et de s’intégrer aux groupes de pairs sur le moyen et long terme.

La progression de la carrière « punk »

14La première expérience de venue en concert reste, dans la grande majorité des cas, une pratique collective. Les motivations de premières venues restent plurielles mais se résument la plupart du temps à : « Ça a été aussi le truc des potes qui y vont. » Elles ne sont pas individuelles, parce qu’il faut dire que « c’est impressionnant quand t’as seize ou dix-sept ans d’arriver là-dedans, les Mohicans et tout », ou encore « je flippais, honnêtement », « mais j’y suis allé parce que tous mes potes ben ils y allaient, je ne pouvais pas rester dehors ». Tout se passe donc comme si le groupe de pairs pouvait atténuer le sentiment de honte individuelle dû à l’ignorance du milieu tout en protégeant en somme l’individu singulier. Grâce au groupe de pairs et pour les copains, il est envisageable de faire le premier pas. Comme pourraient l’écrire Paul Willis ou Gérard Mauger, pour devenir un homme, il faut faire ses preuves en tant qu’Homme face aux groupes de pairs tout en montrant son apprentissage réussi des conduites viriles.

15Faire ses premières armes dans les concerts n’est finalement rien d’autre que d’acquérir ses premiers galons d’honneur. Après coup, « j’y étais », « c’était cool », « j’ai vu [tel groupe] » etc., autant d’expressions qui marquent la force symbolique d’appartenir non seulement à la bande originelle mais à quelque chose de plus diffus, comme si les autres groupes de pairs se rassemblant par ressemblances à ces concerts devenaient en somme poreux. Tout se passe comme si être avec les pairs et partager une pratique musicale en tant que spectateur permettait à moyen terme de penser les autres agents, le plus souvent « identiques » comme faisant partie d’un « nous » collectif, participant en retour à la construction d’une culture vernaculaire, proche de la forme de culture en réseau.

« Question PH : Autour de ces groupes de copains, vous étiez nombreux ou… »

« Non pas énormément. Euh… il y avait… quand je suis arrivé au lycée, il y avait encore des keupons qui étaient plus âgés, ils devaient être en terminale. Mais c’est vrai que quand tu as 16 ans, un an ou deux de plus ça joue… donc on n’était pas lié avec ces mecs. Et nous, dans notre groupe on devait être une dizaine sur le lycée, ce qui n’est pas énorme. C’était un bahut de 500 à peu près. Mais bon on se retrouvait aussi avec d’autres mecs d’autres lycées. Après on formait une sorte de réseau… » […] « Puis bon il y avait des signes de reconnaissance genre docs et Harrington, on savait qu’on appartenait au même truc sans se connaître, donc à partir de là, les affinités étaient faciles à faire, et puis bon, on se retrouvait entre nous pendant les concerts, c’était un peu le début pour moi. » (Fab’, 35 ans, jardinier, marié, deux enfants. Père employé communal service voirie ; mère : employée secrétaire mairie.)

16Pour une minorité des enquêtés, certains écoutaient des musiques dites amplifiées mais appartenant à d’autres styles musicaux : par exemple du Hard-rock, du Trash ou du Métal. Pour d’autres, qui ne sont pas forcément encore dans des groupes de pairs, les premiers pas se font lors d’une « rencontre », ou lors d’un concert improvisé au sein des foyers culturels de collège et de lycée.

« Quand j’étais en fin de collège, ça devait être en troisième en ayant redoublé une fois, j’avais été voir des [groupes], locaux pareil, c’était des groupes de potes qui s’appelaient […] quelque chose comme ça, c’était un groupe du collège. »

« Question : Tu avais déjà des potes qui faisaient de la zic’ quand tu étais au collège ? »

« Ouais… en troisième c’est ça, j’ai rencontré ceux qui jouaient dans […] je crois que c’était ça le nom [Rires], ils faisaient déjà du son et on a commencé à faire du son à partir de cette période-là. Avec un pote avec qui j’étais au collège et avec qui après j’étais au lycée. On bricolait des sons, on essayait de chanter des trucs, d’enregistrer. C’est vraiment là qu’on a commencé à rentrer dans le truc. » (Mathieu, 26 ans, cité plus haut.)

17La troisième forme des modes d’entrée serait celle de la rencontre de la musique punk par l’écoute d’une cassette ou d’un CD en prêt (à l’internat notamment), ou encore par la diffusion télévisuelle d’un concert.

« La première fois que j’ai entendu du punk, ben c’était un copain enfin… un gars que je connaissais et il me disait qu’il écoutait ça… bon, et j’ai fait une copie pour voir ce que ça donnait. Ça m’a plu, et après j’ai été avec lui dans un concert, à côté de chez moi. Depuis, ben j’écoute toujours ça. » (Pascal, 29 ans, célibataire. Profession de la mère : agent d’entretien dans un hôpital. Père : non précisé.)

« Le déclencheur, c’était une soirée chez des amis à mes parents, et je devais être en troisième. Donc les parents étaient entre eux dans la salle à manger genre, et nous ils nous ont mis dans le salon, devant la télé, et c’était en 1990, je m’en souviens. Le gamin a passé la vidéo « Viva Bertaga » des Bérus qui était passée sur M6 un truc comme ça, un an après leur concert. À cette époque je n’écoutais pas du tout ça, j’écoutais la radio et euh… ça a été un flash pour moi, une révélation, parce que tu tombes sur une musique où les gens sont déguisés, un truc que t’as jamais vu avant, avec plein de couleurs et ça, ça te marque. Et après j’ai débarqué au lycée, il s’est passé peut-être un an avant que je rentre vraiment dans le truc. » (Fab’, 35 ans, cité plus haut.)

18Dans ce dernier extrait, ressort l’expression d’effet de révélation, comme si cette musique s’imposait à cette personne. Tout se passe comme si les circonstances (« chez des amis », « nous […] dans le salon », avec « la vidéo » etc.) incitent Fab’ (parce que « ça a été un flash ») à s’intéresser à cette musique pour, une fois au lycée comme évoqué plus haut, rencontrer d’autres pairs aux mêmes goûts musicaux.

19Contrairement aux trois premiers modes d’entrée, le groupe de pairs n’intervient pas toujours en amont. Léa, par exemple, fait coïncider son insertion avec un concert auquel l’avait conduite son oncle. Pour elle, qui « en fait n’avait pas de potes qui écoutaient du punk » quand elle était plus jeune, c’est donc par l’intermédiaire d’un oncle qu’elle a commencé à écouter de la musique punk.

« Quand j’étais gamine, mon oncle était batteur dans un groupe de hardcore et euh… du coup, j’allais souvent aux répèt’, et en plus il m’emmenait partout donc c’était cool ! [Dans d’autres espaces] Il m’a même emmené voir les Rolling Stones, AC/DC quand j’étais gamine. Mon tout premier concert avec lui je devais avoir huit ou neuf ans… et c’est lui qui m’a emmenée. […] c’est lui qui m’a fait écouter tout ça, parce qu’on était dans la même piaule parce que ma mère elle m’a eue super jeune et du coup on habitait tous ensemble, dans la maison de mes grands-parents. […] J’écoutais en boucle quoi ». (Léa, 22 ans, en formation « tailleur de pierres » lors de l’enquête. Squatteuse pendant quelques années. Ses parents étaient ouvriers dans une entreprise du Nord-Est de la France. Après avoir été licenciés, « ils ont acheté un petit camion pour faire des pizzas ».)

20On voit ici, comment la famille peut participer à la socialisation musicale de l’adolescent. Le grand frère est souvent, aussi, un élément déclencheur du goût pour la musique punk.

« Question PH : Tu me parles d’un proche qui te fait connaître les Stones, mais le punk alors… »

« C’est mon frangin, il écoutait que du punk-rock, de l’alterno, toute la période Bérurier Noir, Les Sales Majestés, etc. Il n’y avait que ça dans notre chambre et du coup, ben obligé d’écouter ça. Moi je n’avais pas de cassettes ou de CD. Par la force des choses… mais bon ça m’a vite plu en fait. Et après, le premier concert avec le frangin, ses potes, etc., donc à partir de ce moment j’ai commencé à mettre les cassettes tout seul, à en acheter. Je devais être fin de troisième, [début lycée] quelque chose comme ça. » (Franck, divorcé, deux enfants, professeur dans le secondaire, profession père : instituteur, profession mère : standardiste.)

  • 13 Nous avons constaté que l’investissement associatif, syndical ou politique avant l’écoute et la par (...)

21Enfin, pour une minorité d’entre eux13, les premières expériences punk s’opèrent en accompagnant un grand frère ou une grande sœur lors de rassemblements associatifs, manifestations et autres assemblées générales. Membres d’organisations syndicales, associatives ou culturelles, certains individus découvrent la musique punk par ces intermédiaires.

« Ça faisait quelques mois que j’étais dans cette asso’, et pour fêter la rentrée, les copains de mon frère avaient décidé de faire un concert avec différents styles de zic’. C’est là que j’ai vu le premier groupe de punks, c’était […] Après, c’est moi qui organisais les concerts quelques années plus tard. »

22À partir de là, on perçoit très bien comment peuvent s’établir – ou non – des liens de connivence entre pratiques militantes et pratiques musicales, bref des prédispositions à « en être ».

23À la suite de ces premiers pas, qui se sont transformés en carrière (d’amateurs et/ou de musiciens) pour nos enquêtés, il faut rappeler ici la force que revêt le DIY en tant que dénominateur commun à l’ensemble de ces trajectoires singulières. Les effets de socialisation par « la pratique » et « sur le tas » mettent en jeu l’extrême porosité des frontières entre l’espace des producteurs et l’espace des récepteurs. Une fois partie prenante, il faut faire ces preuves tout en jouant les règles du jeu (Bourdieu, 1992). Ainsi, on pourrait envisager la construction d’une « carrière » punk selon une succession de phases dans lesquelles l’autonomie individuelle telle qu’elle est pensée ici avec le DIY contribue à la définition de soi et de la foi en soi comme de celle du groupe. Dans cet espace des possibles, le nouveau venu, sur un modèle proche de celui du fan, opère tel un rite d’initiation « pratique » les principes d’imitation et d’identification aux groupes reconnus. Il reprend le « fais-le toi-même » et le « prends-toi en main » comme cadre d’action normatif. Concrètement, il s’agira pour lui au travers du groupe de pairs de se rendre à des concerts, de créer un groupe de musique et de faire des reprises de morceaux déjà consacrés par la critique.

« Question PH : Quand est-ce que tu t’es dit que tu voulais jouer ? »

« En fait, quand j’ai vu le groupe […], je me suis dit que ce n’avait pas l’air d’être dur et donc que c’était possible de faire pareil. Une fois motivé tu trouves l’énergie pour faire ça […]. » (Serge, 20 ans, bassiste d’un groupe de punk rock, ouvrier, fils d’ouvrier.)

24Une fois cette action socialisatrice réalisée, l’apprenti punk s’engage le plus souvent dans une série d’actions « autoproduites » ou « autogérées », dont la valeur artistique et politique est sans cesse évaluée par (et pour) le groupe de pairs sous le prisme du DIY. Cet apprentissage se voit sanctionné par la reconnaissance de cette personne comme faisant partie ou non de la même scène « indépendante ». Pour comprendre les enjeux évoqués, il faudrait également s’attacher à montrer les différents types de carrières de musiciens, qui peuvent coexister au sein d’un tel espace.

25Ainsi, une part non négligeable de punks s’avère être aujourd’hui en situation « précaire ». Certains d’entre eux, s’identifient au modèle de « l’artiste maudit » caractérisé par « un régime non vocationnel » (Heinich, 2005), où la compagne se voit parfois même attribuer le rôle de mécène. Ces différentes formes de précarité sont très souvent « voulues » ou « recherchées » pour justement « garder sa liberté », « pouvoir faire des tournées », « être autonome » ou encore « être en accord avec ses convictions ». Une toute petite minorité vit de la musique (groupes et intermittences, labels, magazines, tout en faisant « des compléments de salaires grâce à l’intérim ») ou a suffisamment accumulé de capital symbolique et peut, grâce à l’infographie, la sonorisation, la bande dessinée ou la photographie, rester au sein de cet espace tout en se détachant des contraintes de participation à un groupe. Enfin, quelques musiciens, plutôt issus des classes moyennes ou classes moyennes dominées, sont éducateurs, formateurs, employés de la fonction publique, enseignants. Une partie congrue de ces agents développe des styles de vie visant à l’autogestion dite « radicale » : potager « biologique », poulailler, végétarisme, consommation « raisonnée », etc.

  • 14 Ces différentes polarisations sont largement développées à la suite de l’Analyse des Correspondance (...)

26Se dessine l’idée quelque peu antinomique mais liée au double sens du terme d’autonomie, que les plus autonomes dans cet espace, c’est-à-dire les plus conformes aux principes du DIY, seraient également les plus démunis socialement et les moins à même d’échapper à leur condition14. Ceci soulignerait alors la force d’une telle croyance pour ces membres, lesquels peuvent acquérir ainsi au travers du DIY un tout autre sens de l’orientation sociale. À l’inverse, on comprend comment ce dénominateur commun amène certains agents plutôt issus de certaines fractions de classes à se mobiliser et d’autres à s’auto-exclure. On le voit, le DIY assure une fonction de transmission culturelle, politique et musicale, participant par là même à une certaine forme d’encadrement social pour une partie des classes populaires et des petites classes moyennes.

27En conclusion, si certains jeunes issus des milieux populaires adoptent un style de vie punk sous le dénominateur du « DIY » et de « l’indépendance », c’est, de leur point de vue, une manière de se distinguer des autres jeunes issus des mêmes fractions de classes sociales. À partir de leur insertion dans l’espace punk, ils deviennent très différents des autres jeunes issus des milieux populaires. Leur spécificité est finalement de se démarquer très largement de la culture populaire par leur résistance revendiquée ou prônée à l’ouvriérisation tout en valorisant le temps libre pour faire les/des choses d’une manière DIY. L’espace punk, en tant qu’espace de socialisation, « agit » donc sur l’agent. Ainsi, contrairement aux fils d’ouvriers de Beaud et Pialoux (1999) évoqués en introduction, les punks développent cette forme d’insoumission à l’ordre scolaire, économique, familial et politique tout en ouvrant l’espace des possibles. En ce sens, comme une sorte d’inversion du stigmate aussi (Goffman, 1963), la culture punk peut être comprise comme une requalification symbolique de la précarité.

Bibliographie

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Notes

1 Trois personnes sur quatre (n = 636) sont issus des milieux populaires entendus ici comme enfant d’ouvrier et/ou enfant d’employé.

2 L’extrait d’entretien suivant en est un bon exemple : « Ce qui est bizarre, enfin je crois, c’est que je ne voulais pas être comme mon père… enfin me faire chier pour un petit salaire » Dex’, fils d’ouvrier, 35 ans, ouvrier intérimaire, en concubinage, squatteur.

3 Lors de ce travail de thèse, l’enquête dans sa globalité a duré près de cinq années (entre 2006 et 2010). En prévision de la publication de la thèse, un suivi des agents rencontrés (entretiens) a été assuré jusqu’en 2016.

4 Nous utilisons ce terme parce que l’une des caractéristiques de cet espace est la porosité entre musique et politique. Comme nous l’avons montré par ailleurs (Humeau, 2016) la participation comme spectateur se transforme, au fil du temps, en un engagement pluridimensionnel dans lequel, à l’extrême, il n’y a plus de distinction entre les activités musicales et politiques.

5 Même si une observation ne peut jamais être « totale » nous avons mis en place une méthodologie où l’ensemble des outils du sociologue était mobilisé : observations participantes (trois années en tant que batteur dans un groupe de punks décrites dans des journaux de terrain), entretiens (n = 36), photographies (plusieurs milliers), vidéos réalisés par nos soins pour étayer les notes ethnographiques, et passation d’un questionnaire à grande échelle (n = 636) lors des concerts. Ces matériaux ont été complétés par la collecte de tracts, posters, fanzines et de productions musicales.

6 « L’observation participante désigne, il me semble, la conduite d’un ethnologue qui s’immerge dans un univers social étranger pour y observer […]. Comment être à la fois sujet et objet, celui qui agit et celui qui, en quelque sorte, se regarde agir ? Ce qui est sûr, c’est qu’on a raison de mettre en doute la possibilité de participer vraiment à des pratiques étrangères […] », Pierre Bourdieu (2003), « L’objectivation participante », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 150, p. 43-58.

7 Au cours de l’enquête de terrain, nous nous sommes rendus (de manière moins formelle) dans d’autres régions de France et force est de constater qu’une grande majorité des résultats présentés ici sont transposables. Nous faisons par ailleurs l’hypothèse que dans certaines très grandes villes comme Paris, Lyon, Toulouse, la morphologie des publics punk tend à être un peu moins populaire compte tenu, notamment, de la sur-répresentation estudiantine.

8 À partir des observations de terrain et/ou de la passation des questionnaires, nous sollicitions les punks afin de respecter autant que faire se peut la morphologie des publics présents lors des concerts.

9 À partir de ces données, nous avons pu réaliser une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) de l’Espace punk « indépendant » français. Cf. Humeau (2011 : op. cit.).

10 Il est certain qu’être identifié comme musicien a permis de libérer la parole. De plus, mon hexis corporel, lors de l’enquête, a permis également de nouer certaines affinités permettant d’avoir de longues discussions avec la population enquêtée. Djemila Zeneidi rend compte dans ce même ouvrage des difficultés qu’elle a pu rencontrer sur ce type de terrain.

11 Sur l’ensemble de notre échantillon, en croisant l’âge et l’ancienneté de la pratique, nous obtenons que l’entrée dans cet espace (en tant que public de concert) se produit en moyenne vers dix-huit ans.

12 Nous avons pu aussi observer que certains parcourent de très grandes distances pour se déplacer en concert : 10 % des agents font entre 50 et 100 km et 4 % font plus de 100 km.

13 Nous avons constaté que l’investissement associatif, syndical ou politique avant l’écoute et la participation assidue dans l’espace punk reste très minoritaire. Cet engagement ne concernerait bien souvent que ceux dont les trajectoires scolaires sont les plus longues et/ou ceux ayant au sein du foyer familial a minima un des deux parents affiliés à une organisation politique ou syndicale.

14 Ces différentes polarisations sont largement développées à la suite de l’Analyse des Correspondances Multiples (ACM) dans notre thèse (Humeau, 2011).

Table des illustrations

Légende Fig. 1 : Régions enquêtées.
Crédits Source : Humeau, 2011.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1622/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 31k

Auteur

(GRESCO) est maître de conférences en sociologie à l’université de Limoges. Il est l’auteur d’une thèse intitulée « Sociologie de l’espace punk “indépendant” français : Apprentissages, trajectoires et vieillissement politico-artistique », UPJC, 2011.
Humeaup@hotmail.com

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