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La Radio et ses publics

 | 
Hervé Glevarec
, 
Michel Pinet

Partie III. La fin du « grand public » ou la segmentation des auditoires radiophoniques

Chapitre VII. Les profils radiophoniques

Texte intégral

Une analyse des profils d’écoute par les classifications hiérarchiques

1Comment rendre compte de la quasi infinie diversité des pratiques d’écoute, entendues comme la combinaison pour chaque auditeur de ses rapports, existant ou non, et plus ou moins denses quand ils existent, avec chacune de la vingtaine de radios de l’enquête ? Toutes les combinaisons ou presque sont possibles : une multitude de bouquets de 2, de 3, de n radios existent qui ont en commun de partager des auditeurs. Il devient difficile de poser la question d’une segmentation de la population des auditeurs en groupes plus ou moins homogènes au sein desquels les auditeurs partageraient la fréquentation commune des mêmes radios. De cette impossible segmentation, on ne peut tenter qu’une approche minimaliste, qui se contente d’un critère de ressemblance suffisamment lâche pour regrouper des auditeurs qui partagent des parties significatives de leurs univers d’écoute sans s’opposer trop sur ce qu’ils ne partagent pas.

  • 32 On trouve cette méthode statistique, intitulée « analyse typologique », dans les travaux d’Olivier (...)

2Les méthodes de classifications hiérarchiques offrent l’opportunité de tels regroupements. Comme nous le précisons plus loin, nous avons choisi, pour introduire la dimension quantitative de l’écoute sans subir l’effet couperet trop brutal du contact qui fonde la notion d’audience cumulée, de comparer les panélistes par le vecteur de leurs temps d’écoute de chacune des radios32. De façon à privilégier la place relative tenue par chaque station dans leur univers radiophonique, ceci en négligeant les différences de « temps d’écoute radio globale » (c’est-à-dire en faisant abstraction de la différence entre petits et gros auditeurs), nous avons comparé les panélistes par le vecteur du pourcentage d’écoute qu’ils consacrent à chaque radio.

  • 33 Les classes sont numérotées telles qu’elles apparaissent de gauche à droite à chaque coupe du graph (...)

3Ce choix étant fait, la méthode revient à travailler sur une distance entre ces vecteurs d’écoute, dont on puisse faire l’instrument d’une partition de l’ensemble de la population en groupes d’auditeurs, de telle sorte qu’on se ressemble sous l’angle du bouquet de radios écoutées le plus possible au sein d’un même groupe et le moins possible d’un groupe à l’autre. L’objectif d’une telle analyse est de regrouper les individus de l’échantillon en classes le plus homogènes possible – du point de vue du critère de ressemblance défini plus haut –, les classes étant entre elles les plus dissemblables possible. La procédure regroupe d’abord les individus les plus ressemblants, puis de proche en proche, par itération, les individus ou groupes déjà constitués comme les plus proches, pour arriver au final à une classe unique comportant tous les individus33. Avec une telle procédure, l’inertie du nuage des individus, qui mesure la variabilité des profils, peut être considérée à chaque étape de l’algorithme de classification comme la somme d’une inertie entre classes produites par l’analyse et d’une inertie résiduelle intraclasses, qui traduit le fait qu’elles ne sont pas en pratique parfaitement homogènes. La partition idéale (c’est-à-dire où l’on ne perd pas d’information sur la variabilité des profils en passant des n individus initiaux aux p classes de l’analyse) est une partition où toute l’inertie se confond avec l’inertie entre classes, l’inertie résiduelle intraclasses étant nulle. Dans la réalité, un cas aussi favorable ne se trouve que rarement.

4On voit tout à la fois l’intérêt et la limite de cette approche. L’intérêt est d’opérer une partition des auditeurs du pur point de vue de leur pratique d’écoute, toute autre considération (d’âge, de niveau culturel, de profession) étant renvoyée à l’univers de la description illustrative des groupes ainsi constitués ; on recherchera a posteriori si les membres de certains groupes se définissent aussi nettement par ces propriétés sociographiques que par les propriétés radiophoniques qui les ont ainsi rapprochés les uns des autres. Mais cette pureté radiophonique de la partition est aussi ce qui en constitue la limite, qui doit rester présente à l’esprit à chaque instant : ces regroupements ne s’appuient sur rien d’autre dans leur constitution qu’une certaine ressemblance des pratiques d’écoute, réduite à une moyennisation des distances entre « vecteurs des pourcentages d’écoute ». C’est d’ailleurs ce rapport entre la nature radiophonique des groupes de la partition et leur nature sociographique qui guide l’exposé qui en est fait ici. On commence par décrire les groupes du pur point de vue de la radio avant de rechercher, une fois éclairée leur logique purement radiophonique, leur description par d’autres traits des populations qu’ils regroupent.

5La classification qui est commentée ici s’appuie donc sur l’espace issu d’une analyse en composantes principales utilisant un certain nombre de variables quantitatives :

  • en variables actives, 20 variables mesurant chacune la part du temps d’écoute radio global consacrée à l’une des 20 radios par le panéliste (la variable « RTL » d’un panéliste vaudra 0,20 s’il passe 20 % de son « temps d’écoute radio » branché sur RTL). Cette mesure relative de l’importance accordée à chaque radio a été préférée à la mesure absolue, qui écrasait trop les préférences des petits auditeurs (des partitions réalisées néanmoins sur la base du temps absolu consacré à chaque radio ont montré une structure globale assez similaire des grandes classes d’auditeurs). Dit concrètement, chaque auditeur est caractérisé par le vecteur de ses 20 temps relatifs d’écoute, et ce sont ces vecteurs qui sont comparés entre eux pour déterminer les ressemblances et les différences entre panélistes ;

  • en variables illustratives, de multiples descripteurs sociographiques (variables continues comme nominales) ont été testés, l’objectif étant de trouver ceux qui décrivent bien (en plein mais aussi en creux, par ce qui est plus ou moins exclu dans une classe de la partition) les groupes construits sur la base de l’écoute radio. Notamment, les grandes variables sociographiques de base (âge, PCS, sexe...). Par ailleurs, ont été rajoutées en variables illustratives deux variables de synthèse sur le rapport du panéliste à l’écoute radio : le nombre de radios écoutées (au sens habituel d’un contact au moins pendant l’enquête) et la radio privilégiée (celle qu’il écoute le plus sur la période). On verra que cette dernière variable notamment fournit certains des traits les plus spécifiques d’appartenance à une classe et en suggère une synthèse parlante (car même illustrative, une variable peut, par son écart très significatif à la moyenne, constituer un bon moyen de décrire une classe).

6Nous y avons fait figurer, en commentaires de l’arborescence elle-même, les pourcentages de la population de l’échantillon correspondant à chacune des classes. Afin de qualifier ces classes de façon très synthétique du point de vue de l’écoute radio, nous avons ajouté des éléments issus de la prise en compte dans chaque classe des valeurs majoritaires de la variable illustrative radio la plus écoutée (radio privilégiée). La mention « NRJ-Fun Radio » qui illustre par exemple l’une des branches signifie que les panélistes regroupés dans cette classe se distinguent (entre autres) par le fait qu’ils placent l’une ou l’autre de ces radios (ou les deux) très significativement plus qu’en moyenne comme première radio de leur bouquet personnel.

7L’analyse a été menée en tenant compte de la pondération des individus du Panel issue de l’échantillonnage par Médiamétrie, mais avec un coefficient multiplicateur ramenant le poids global au poids réel du panel. Ce compromis méthodologique nous a semblé le meilleur moyen de préserver le redressement de l’échantillon en même temps que la validité des indicateurs statistiques de significativité des ressemblances entre individus ou groupes du point de vue des vecteurs d’écoute.

8Nous avons choisi de représenter la partition retenue (en 6 classes) par l’arbre (dendrogramme) qui rend compte de la succession des regroupements dans l’algorithme de classification. Une classification en n classes, du point de vue de cet arbre, n’est rien d’autre qu’une « coupe » à l’endroit où l’arbre comporte n branches. Cette représentation de type généalogique illustre la manière dont on passe d’une partition encore proche de l’état « non regroupé » initial (qui serait située plus bas que le bas du graphique) au regroupement ultime en « une seule classe » (haut du graphique). La partie du dendrogramme représentée permet de visualiser le passage de quelques dizaines de classes à 9 puis 8 puis 6 classes – et au-delà. De cette manière, il est possible de voir dans les emboîtements amont et aval à la fois ce qu’elle réunit et ce qui peut l’éloigner ou la rapprocher de telle ou telle autre classe.

9La procédure indique que ce passage de près de 10 000 individus à 6 classes explique presque 40 % de la variabilité des profils, ce qui est déjà très satisfaisant. Ce taux monterait à plus de la moitié, 53 %, en retenant la coupure en 8 classes. Le premier enseignement qu’on peut tirer du graphique 9 a trait aux grands profils qu’il révèle. Et en tout premier lieu, ce qui figure dans la partie gauche du graphique avec la classe 1 (58 %) suggère l’existence d’un mode dominant d’écoute radio, dont on verra qu’il peut être considéré comme structuré par les comportements jeunes centrés sur les radios musicales, impliquant un zapping plus fréquent qu’en moyenne, le recours courant à des radios locales ou d’information complétant l’écoute musicale (ce que traduit le fait que la branche marquée par l’écoute plus fréquente de France Info/RMC/Sud Radio rejoigne, pour constituer la classe 1/6, la branche presque majoritaire à elle seule dominée par les radios musicales). Selon la logique même du regroupement progressif en classes, si cette jonction se fait à ce niveau, c’est parce que ces 14 % d’auditeurs privilégiés de France Info/RMC/Sud Radio ressemblent plus sur le plan de leur rapport aux radios musicales au public majoritaire (les 44 %) qu’à ceux des classes situées plus à droite dans le graphique. Les auditeurs qui constituent ces 58 % de la classe 1/6, centrés sur l’écoute des musicales et éventuellement des radios plus informatives, dominent le paysage que trace cette classification, les autres classes ne renvoyant qu’à des auditoires plus faibles et spécifiques (jamais plus de 10 %). Constituent-ils un auditoire ? Difficile, à ce niveau, de trancher, car l’inertie intraclasse de cette classe 1 reste importante.

10En second lieu, à l’autre extrémité du graphique, une triple singularité (impliquant des masses plus faibles d’auditeurs, de l’ordre de 10 % chaque) : l’ensemble des auditeurs fortement structurés par une des anciennes périphériques (Europe 1 ou RTL) ou, singularité des singularités, le bouquet des trois grandes radios du service public (hors France Info et réseau local de Radio France), c’est-à-dire France Inter, France Culture et France Musique, dont le caractère d’isolat déjà noté par ailleurs transparaît clairement dans la branche à l’extrême droite du graphique. Cette branche est constituée d’auditeurs qui ne circulent peu ou prou qu’entre radios du service public, comme le suggère le fait qu’elle ne rejoint le reste des panélistes qu’à la dernière étape de l’algorithme, et est déjà bien unifiée en bas du graphique. Rappelons que cela ne signifie pas qu’ils soient les seuls à écouter ces radios du service public, mais simplement – et c’est beaucoup – qu’une partie du public de la radio est très bien typée par une circulation souvent exclusive entre ces radios. Nous verrons que l’âge (on a affaire dans ces classes, et particulièrement dans celle du service public, à un public beaucoup plus souvent âgé qu’en moyenne) est aussi une des dimensions qui type le mieux ces classes 4/6, 5/6 et 6/6.

Graphique 9 : Dendrogramme des profils radiophoniques

Graphique 9 : Dendrogramme des profils radiophoniques

11Arrêtons-nous à ce qui oppose ces deux extrémités droite et gauche du graphique. On ne peut, surtout éclairé par cette dimension de l’âge, manquer d’être frappé par ce que cette opposition entre une pratique « zappeuse », jeune et musicale de la radio et une pratique plus fidèle centrée sur d’anciens monopoles (publics ou privés), pourrait devoir encore à l’effet de coupure entre l’ancien paysage radiophonique, celui d’avant la libération de la FM au début des années 1980, et le nouveau qui est né suite à cette libération. Sans doute une partie des auditeurs socialisés à la radio à l’époque du duopole radios publiques/périphériques a-t-elle continué de fonctionner sur les mêmes schémas. Mais une partie seulement, car tant la morphologie du paysage que dessinent les classes de la partition (avec une très grosse classe 1, trop importante pour se limiter aux seules tranches d’âge jeunes), que les contours sociographiques des classes, laissent penser que ce qu’on pourrait appeler le modèle jeune s’est diffusé vers les autres classes d’âge de façon plus ou moins atténuée pour devenir le comportement majoritaire. On commence à comprendre que la baisse d’audience d’une radio généraliste comme RTL doit bien davantage à ce mouvement d’ensemble de l’audience radiophonique (RTL rejoint France Inter et France Info) qu’à la suppression dont il a été souvent fait mention dans l’espace médiatique d’une émission particulièrement populaire pour ses auditeurs (Les Grosses Têtes en l’occurrence).

12Avant de caractériser ces classes par leur sociographie, on peut aussi avoir une idée de leur position relative en visualisant la projection de leur centre sur l’espace des deux premiers axes factoriels. On y voit à la fois la singularité extrême de la classe 6 et la centralité du groupe dominant que représente la classe 1.

Graphique 10 : Les centres de classe dans l’espace des axes 1-2 de l’ACP supportant la classification

Graphique 10 : Les centres de classe dans l’espace des axes 1-2 de l’ACP supportant la classification

Contribution du 1er axe, horizontal : 7,6 % ; 2e axe, vertical : 6,7 %.

Sociographie des profils radiophoniques : d’un côté les radios généralistes...

13Le regroupement auquel nous sommes confrontés ici est un regroupement par la proximité des profils de radios écoutées. Au niveau des six classes peut-on parler pour le groupe des auditeurs de radios musicales d’un grand public au vu d’un ensemble qui représente plus de la moitié de la population française ? S’il y a grand public, ce n’est pas au sens logique d’un ensemble, mais au sens radiophonique d’une identité forte des profils d’auditeurs. Construites sur la seule base du « vecteur d’écoute radio », ces classes présentent-elles une homogénéité sociographique qui permettrait de typer en termes de public ces pratiques d’écoute ? La réponse est assez contrastée selon celle que l’on observe.

  • 34 Ces indicateurs permettent de repérer des modalités prenant dans la classe une importance « signifi (...)

14La plus typée des classes est à coup sûr la dernière, celle qui associe les trois grandes radios du service public (classe 6). Les valeurs tests les plus fortes qui la caractérisent34 sont liées à un âge plutôt élevé voire très élevée (toutes les tranches supérieures à 65 ans ont une valeur test supérieure à + 8), avec un renforcement de cet état de fait dans la variable de statut professionnel (valeur test de + 16,6 pour la modalité retraités, qui représente 42 % de la classe), et à un statut social et culturel lui aussi élevé (valeur test de + 16,2 pour le niveau d’instruction supérieur, et de + 11,2 pour la modalité cadres supérieurs/professions libérales qui représentent presque la moitié des individus de la classe). À l’inverse, toutes les modalités évoquant la jeunesse, les catégories populaires, les niveaux d’instruction les moins élevés sont très significativement sous-représentées dans la classe.

15En termes de radio préférée, France Inter joue un rôle décisif avec une valeur test de + 61,2, un taux de 74,2 % de la modalité « France Inter radio préférée » dans la classe (c’est-à-dire que les ¾ des individus de cette classe 6 écoutent en priorité France Inter) et plus encore un taux de 91,4 % de la classe 6 dans la modalité (c’est-à-dire que c’est plus de 9 « auditeurs prioritaires » de France Inter sur 10 qui sont dans cette classe 6). Mais si cette préférence s’oppose bien sûr aux radios connotées jeunes (NRJ avec - 13,74 de valeur test, Fun Radio avec - 9,76, Skyrock avec - 9,62), elle le fait aussi vis-à-vis de radios pouvant apparaître sous certains traits comme plus proches des mêmes catégories : en particulier, RTL (- 14,63) et Europe 1 (- 9,6), les deux grandes ex-périphériques dont on peut penser qu’elles ont constitué une partie de leur public à l’époque où la concurrence dans l’espace radiophonique se limitait à ces quelques choix.

16En résumé, ce quasi-isolat du service public est composé d’auditeurs âgés, plutôt cultivés, qui se caractérisent aussi par ce qu’ils n’écoutent que très peu les radios jeunes, mais aussi ni RTL ni Europe 1.

17Europe 1 et RTL constituent les centres respectifs des classes 4 et 5 qui ressemblent le plus à la classe 6 en ce qu’elles se rapprochent d’isolats rejoignant tardivement les autres classes dans l’algorithme de regroupement, signe de leur distance à l’univers plus mélangé de la gauche du graphique dominé par le modèle des radios jeunes. Comme dans la classe 6, aucune radio ne vient concurrencer en termes de significativité (valeur test positive importante) celle dont l’écoute privilégiée constitue de loin la modalité la plus typique de la classe (valeur test de + 75,3 dans le cas de la classe 5 et de RTL, et de + 66,6 dans le cas de la classe 4 et d’Europe 1). Les seules autres radios très typiques de ces deux classes n’apparaissent que du côté négatif, à savoir celles qu’on écoute particulièrement peu souvent. Dans les deux cas, on trouve à la fois dans ce rôle des radios très différentes (comme Fun Radio et Skyrock, et encore plus nettement NRJ) et des radios plus concurrentes (notamment en termes d’âge), à savoir France Inter, RTL ou Europe 1 selon le cas, et Nostalgie.

18La classe 5, centrée sur RTL, est la plus hégémonique de toutes, au sens où elle est composée presque exclusivement d’auditeurs plaçant une même radio en tête de leur écoute (96,6 % de la modalité « RTL radio préférée » dans la classe 5), mais aussi où elle regroupe la quasi-totalité (92,0 % d’individus de la classe 5 dans cette modalité) des auditeurs privilégiés de RTL. Ici aussi, les classes d’âge jeunes sont très sous-représentées (valeur test - 10,5 pour les 15-19 ans, - 9,0 pour les 20-24 ans), mais à la différence de la classe 6, ce sont des catégories d’âge un peu plus moyennes (les « presque » et jeunes retraités notamment) qui sont les plus typiques de l’appartenance à la classe (valeur test de + 7,0 pour les 50-54 ans et de + 6,5 pour les 55-59 ans, contre + 3,3 pour les 70-74 ans). Mais la plus grosse différence avec la « classe du service public » dominée par France Inter porte sur les niveaux scolaires, même si les écarts à la moyenne ne sont pas aussi significatifs que dans le cas de la classe 6 : la deuxième valeur test la plus significative de la classe concerne le niveau d’étude primaire (+ 8,0), alors que les niveaux secondaire avec - 3,6 et supérieur avec - 6,0 sont significativement sous-représentés. En termes de statut socioprofessionnel (en partie du fait de l’importance du nombre de retraités qui représente 28 % de la classe), les écarts à la moyenne sont nettement moins marquants que dans le cas de la classe 6 : seule la catégorie « employé » apparaît significativement surreprésentée (valeur test de + 3,0), et aucune, à, l’exception de la catégorie « élève/étudiant » (- 13,4), très corrélée à l’âge, n’est significativement sous-représentée. Il faut noter aussi – ce qui n’est pas vraiment surprenant – que la marque territoriale est encore forte, des années après le passage de la diffusion de RTL des grandes ondes (couverture confortable limitée à ce qui n’était « pas trop éloigné du Luxembourg ») à la bande FM, qui a généralisé ou presque la couverture nationale : les régions de l’Est et du Centre, et particulièrement l’Alsace (+ 6,7) figurent parmi les écarts les plus significatifs à la moyenne, alors que celles de l’Ouest et du Sud sont souvent très sous-représentées (- 9,5 pour Provence - Alpes - Côte d’Azur par exemple).

19Bien qu’elle soit comme RTL une ancienne périphérique émettant dans l’Est de la France (historiquement depuis le territoire allemand) avec une aire de couverture alors assez similaire, Europe 1, centre de la classe 4, n’est pas aussi fortement concernée par une rémanence de cette dimension territoriale (les deux régions légèrement plus fréquentes dans la classe 4 que sont la Haute-Normandie et l’île-de-France ne sont pas dans cette ancienne zone de couverture privilégiée, quant aux régions Provence – Alpes – Côte d’Azur et Aquitaine, les deux régions les plus marquées par une faible présence dans la classe 4, elles n’atteignent pas une valeur test de - 5). Si la classe 4 est un peu moins « hégémoniquement centrée » sur Europe 1 que la classe 5 ne l’était sur RTL (91,2 % de la modalité « Europe 1 radio préférée » dans la classe 4), elle regroupe en revanche, comme dans le cas de RTL, la quasi-totalité (93,6 %) de ceux pour qui cette radio est la plus écoutée. Son marquage par les tranches d’âge les plus âgées est en revanche très accentué, la rapprochant plus de la classe 6 (centrée sur France Inter) que de la classe 5 : la valeur test de la modalité « retraité » (+ 14,0) est la plus forte après celle qui désigne Europe 1 comme pivot de la classe 4, et dans les six modalités très significatives qui suivent, quatre sont liées à l’âge : + 7,0 pour les « 75 ans et plus », + 6,1 pour les 70-74 ans, + 5,7 pour les 65-69 ans et + 5,5 pour les 60-64 ans. Très clairement, plus l’on est âgé, plus on appartient à cette classe 4 centrée sur Europe 1.

20Les autres marqueurs sociodémographiques confirment également la plus grande proximité de cette classe dominée par Europe 1 avec celle du service public plutôt qu’avec celle de RTL. Très nettement en termes de position sociale (les cadres supérieurs/professions libérales constituent, après celles liées à l’âge, une des catégories les plus surreprésentées – valeur test de + 5,9 et les ouvriers sont significativement moins nombreux – valeur test de - 4,0 – même si l’on est loin des - 10,5 du pôle « service public ») ; plus légèrement s’agissant du niveau d’étude : si le niveau d’étude supérieur est le plus significatif – valeur test de + 4,0 –, il faut noter que le niveau primaire est quand même légèrement surreprésenté (valeur test de + 2,9). Mais ici les professions intermédiaires ne sont pas plus nombreuses qu’en moyenne, contrairement au pôle du service public. Ces divers éléments laissent penser qu’Europe 1 est plus une radio de « l’élite économique » (cadres actifs ou retraités, plutôt du privé probablement) et les radios de service public plus des radios de « l’élite du savoir ». L’âge avancé est le point commun de ces types de public, plus en tout cas que pour la plus populaire RTL, centre du groupe 5.

  • 35 Avec une différence pour la classe 6, celle que nous avons appelée « classe du service public » ass (...)

21Avant de passer à la classe majoritaire de ce paysage radiophonique, résumons ce que nous a livré cette rapide description des classes 4 à 6. Ces trois classes recouvrent chacune une radio généraliste35, et chacun de ces auditoires se distingue nettement des autres, au sens où ces radios s’excluent strictement dans la définition des classes (chacune d’elle figure aux tout premiers rangs des valeurs tests négatives des deux autres). Au niveau des profils radiophoniques des auditoires, les trois grandes radios généralistes françaises sont donc très exclusives les unes des autres, mais le profil sociodémographique de leur auditoire est très proche sur une dimension essentielle, celle de l’âge. En résumé, du côté du pôle des radios généralistes, il y a une forte exclusivité des profils à l’intérieur d’une population par ailleurs assez semblable d’auditeurs plutôt âgés ; autrement dit, il y a trois publics généralistes distincts. Du côté des radios musicales, le paysage est bien différent.

... de l’autre, les radios musicales

  • 36 Nous ne commenterons qu’un peu plus loin les deux classes intermédiaires 2 et 3, mais on peut d’ore (...)

22La classe 1 majoritaire est l’objet de différents regroupements qui mêlent les références à de nombreuses radios, comme le montre le bourgeonnement des ramifications, là où les classes dominées par les trois grandes généralistes semblaient émerger telles quelles des racines mêmes de l’arborescence. Bien sûr, cette classe qui regroupe 58 % de la population est plus hétérogène que celles que nous avons vues jusqu’ici, elle occupe une position plus centrale dans l’espace et donc plus proche des moyennes, mais le fait qu’elle existe en tant que telle à ce niveau de découpage en 6 classes, et qu’elle ne soit rejointe dans le haut de l’arborescence par les trois généralistes36 que dans les trois dernières étapes de l’algorithme de regroupement (d’abord par Europe 1, puis RTL, puis France Inter/service public, de la moins à la plus éloignée du profil qui la caractérise) suffit à soutenir l’idée qu’elle permet d’approcher ce que pourrait être un profil radiophonique moyen.

  • 37 Nous n’y avons pas fait figurer les scores obtenus par les autres radios, groupe hétérogène qui de (...)

23Cette classe ne se caractérise pas par des dominantes radiophoniques aussi fortes ni surtout hégémoniques que les classes 4-5-6. S’agissant des variables continues actives (vecteur d’écoute), elle oppose non pas une mais un ensemble de radios « sensiblement plus écoutées » (en quatre groupes : d’abord NRJ qui domine – valeur test de + 29 –, puis Fun Radio et Skyrock – autour de + 22 –, puis France Info, Europe 2, RTL 2, France Bleu – de + 15 à + 18 – et enfin RMC et Sud Radio autour de + 7), à d’autres qui le sont sensiblement moins (le maximum d’éloignement étant sans surprise atteint avec les trois généralistes, avec des valeurs tests comprises entre - 31 et - 37). Ces dominantes radiophoniques se retrouvent en termes de « radio la plus écoutée » parmi les modalités illustratives les plus significatives, mêlées principalement à des modalités qui évoquent la population jeune, comme le montre le tableau ci-dessous (où ne figurent que les modalités supérieures à + 8 ou inférieures à – 8)37.

Tableau 43 : Le profil dominant des auditeurs français

Tableau 43 : Le profil dominant des auditeurs français

24Si, comme le montrent les valeurs de l’avant-dernière colonne, les auditeurs privilégiés des radios en jeu ici sont bien, tous ou presque, membres de cette classe 1 (par exemple, 97,5 % des auditeurs qui placent en tête NRJ appartiennent à la classe 1, ce pourcentage ne descendant pas en dessous de 92 % pour la très spécifique France Info), la réciproque est bien loin d’être vraie (contrairement à ce que nous avions vu pour les classes 4 à 6). Les membres de cette classe 1 se partagent entre les différentes radios de la liste s’agissant de leur radio préférée, ce qui fait que la plus présente dans la classe (NRJ) n’est première que pour 15,5 % de ses membres. Cela est signe d’une circulation entre certaines au moins de ces radios, avec une ressemblance entre une partie au moins des scores, qui rassemble ici tous ces panélistes.

  • 38 Mais si l’on observe les modalités correspondantes, non reprises dans le tableau ici, il n’y a pas (...)

25Au-delà de cette dimension strictement radiophonique, que révèle le tableau ? D’abord que l’âge et la modalité de statut social, étudiant/élève, qui est étroitement corrélée à la jeunesse, sont l’essentiel de ce qui structure l’appartenance à cette classe – tant en plein, du côté des valeurs tests positives qu’en creux : entre la gauche et la droite du graphique, c’est bien un modèle d’écoute jeune qui s’oppose à un modèle d’écoute âgé. On notera que les catégories moyennes (de 30 à 45 ans) ne sont pas très contributrices à la structure de la classe38. C’est aussi le cas des variables socioprofessionnelles, et si les cadres/professions libérales sont ici significativement sous-représentés, il y a sans doute pour une bonne part un effet de l’âge (l’appartenance à cette catégorie liée à la carrière augmentant traditionnellement au fil des ans) ; de même pour le niveau d’instruction secondaire, nettement plus fort dans les premières tranches d’âge. Donc, si l’âge est, comme dans les classes 4-5-6 une composante essentielle, il ne se voit pas significativement concurrencer par d’autres attributs sociographiques.

26À vrai dire, ces variables jouent un rôle plus notable si on observe ce qu’il en est en descendant vers les états plus détaillés de l’arborescence (qui indiquent les principaux contrastes qu’on peut observer au sein de cette classe 1). Nous avons éclaté sur le graphique la classe 1 en nommant 1A à 1D les quatre branches qui la constituent, vu du point de vue d’une partition en neuf classes. La branche 1A, nettement majoritaire (34 % de la population totale) est celle où domine NRJ (valeur test de + 37,6) et, secondairement, RTL 2 et Europe 2 (devenue Virgin Radio) (valeurs tests de + 24,2 et + 23,5). NRJ est aussi, parmi les jeunes, celle des plus de 20 ans (valeurs tests de + 13,9 pour les 20-24 ans, + 10,9 pour les 25-29 ans, + 8,4 pour les 30-34 ans). Elle est également un peu plus « populaire » qu’en moyenne (ouvriers et employés un peu surreprésentés, professions intermédiaires et cadres supérieurs un peu sous-représentés), mais ce n’est pas une de ses caractéristiques décisives.

  • 39 Ce côté un peu moins concentré du public de Fun Radio explique que nous ayons noté (et fait figurer (...)
  • 40 Ce score n’est plus que de + 7,0 pour les 20-24 ans, ce qui reste significatif, mais à un niveau be (...)

27La branche 1B (10 % de la population), qui la rejoint à la phase suivante de l’algorithme, est clairement celle des « très jeunes », ceux qui écoutent massivement Skyrock et Fun Radio : très fortes valeurs tests pour ces deux radios en tant que radio la plus écoutée (+ 45,35 et + 39,22), forte concentration de ces modalités dans la classe (45,1 % des membres de cette classe écoutent en premier Skyrock, et 40,1 % en premier Fun Radio) et inversement (respectivement 96,2 % et 83,3 %39 de cette classe 1B dans les deux modalités de radio la plus écoutée). Les valeurs tests sont de + 35,4 pour les 15-19 ans, et + 23,9 pour les 11-14 ans40, ces deux modalités représentant presque les 2/3 de la classe 1 B. Bien entendu, les variables de statut (élèves/étudiants) et de niveau scolaire (secondaire) très liés à ces tranches d’âge sont elles aussi très significativement caractéristiques de la classe.

28Enfin, les branches 1C (6 %) et 1D (8 %) concentrent des auditeurs qui accordent de l’importance à des stations plus locales (soit au réseau « France Bleu » des locales de Radio France, qui attire un public sensiblement plus âgé que la moyenne de cette classe 1, soit à des radios territoriales au sens plus large, RMC et Sud Radio), et pour qui France Info peut particulièrement jouer un rôle de complément général à des sources d’information plus spécifiques (ce rôle de complément de France Info peut aussi s’affirmer pour des auditeurs fréquentant des radios musicales ne laissant qu’une place réduite à l’information. Rien d’étonnant donc à ce qu’une branche centrée sur cette radio figure au sein de la classe 1 dominée par les musicales ; et à ce que France Info n’apparaisse significativement qu’ici, loin du pôle service public de la classe 6).

29En quelques mots : la classe 1 est donc un large groupe centré principalement sur les radios musicales (Fun Radio et Skyrock pour les très jeunes, NRJ, Europe 2, RTL 2 pour des âges jeunes et plus moyens). Leur vecteur d’écoute rapproche suffisamment les membres plus âgés et moins centrés sur les radios musicales de la classe 1 (par exemple ceux qui privilégient le réseau France Bleu) pour qu’ils y côtoient les jeunes auditeurs de ces radios musicales, signe qu’elles sont beaucoup moins souvent étrangères à leur pratique d’écoute qu’elles ne le sont pour les auditeurs des trois grands réseaux généralistes. Un peu comme si le modèle de la radio musicale jeune, au moins comme lieu de passage par le zapping, tendait à se généraliser à une partie des classes d’âge formant encore la clientèle privilégiée des anciennes généralistes.

  • 41 Dans la logique de l’analyse (espace factoriel qui supporte la classification), il y a aussi une ce (...)

30Reste deux classes, au centre de la classification, que nous n’avons pas décrites. La position centrale que les classes 2 et 3 occupent entre les généralistes à droite, et le modèle « radios musicales » à gauche, reflète assez bien le profil qu’on peut tracer41 des panélistes qui s’y retrouvent classés.

31La classe 2 (10 % de la population) est essentiellement celle des auditeurs privilégiés de deux radios, Nostalgie et Chérie FM. Ces deux radios obtiennent dans cette classe, s’agissant du « vecteur d’écoute », des valeurs tests qui les opposent à toutes les autres (+ 66,4 pour la première, + 58,4 pour la seconde). Cette opposition est un peu plus forte vis-à-vis des généralistes (valeurs tests inférieures à - 10) que vis-à-vis des radios musicales jeunes (valeurs tests de l’ordre de - 8), indiquant une « proximité des pratiques » un peu plus grande avec le modèle dominant de la classe 1. Par l’importance de leur contenu musical, ces radios se rapprochent en fait de ce modèle radiophonique, mais, comme le confirme l’importance des catégories d’âge moyennes dans la structure de la classe, leur cible est d’un âge intermédiaire entre le public vieillissant des grandes généralistes et celui des radios musicales jeunes de la classe 1. Typiquement, ce sont des quadragénaires, et plutôt d’origine populaire, qui forment le noyau de cette classe 2 : valeurs tests de + 7,0 pour les 45-49 ans, de + 6,1 pour les 40-44 ans (contre + 4 environ pour les catégories qui entourent les quadras) ; et les catégories d’origine sociale employé (+ 9,4) et ouvrier (+ 6,8) sont presque aussi significatives. Cette classe 2 est aussi la seule qui manifeste une différence notable liée au genre, avec une féminisation significative : + 5,1 de valeur test pour les femmes.

32La classe 3 (4 % de la population) reproduit un modèle similaire, mais un cran au-dessous concernant l’âge (c’est ici les trentenaires qui dominent, avec des valeurs tests de l’ordre de + 4), et un cran au-dessus s’agissant de la position sociale (dans les catégories significativement surreprésentées, ce sont les professions intermédiaires que les employés côtoient ici, et non pas les ouvriers), autour de deux autres radios à fort contenu musical : MFM et surtout RFM. Ces deux radios se caractérisent, là aussi, par des valeurs tests qui les opposent à toutes les autres (+ 58,4 et + 73,1 s’agissant du « vecteur d’écoute », seule RFM obtenant en revanche un score très significatif en tant que première radio).

33Il n’est pas étonnant que ces classes intermédiaires centrées sur des radios musicales vouées aux âges moyens rejoignent dans l’arborescence le groupe majoritaire de la classe 1 avant celles des trois grandes généralistes. Les panélistes qui y ont été classés ne sont pas seulement moyens par l’âge (rappelons qu’il ne s’agit que d’une variable illustrative, donc d’une conséquence des choix radiophoniques). Ils le sont aussi par un vecteur d’écoute qui donne quand même aux radios pivot de la classe 1 majoritaire un rôle plus grand que celui qu’elles jouent pour les auditeurs privilégiés des généralistes. Par là, ces classes sont plus proches du mode dominant que les populations plus âgées des classes 4-5-6 qui lui résistent le plus.

34Il y a bien un grand public mais s’il est dominant (il représente les 2/3 de la population des auditeurs), il n’est pas hégémonique, s’il est sociologique (proximité des caractéristiques sociologiques de la classe des radios commerciales), il n’est pas strictement radiophonique (les duplications sont multiples). Bref, l’audience radiophonique est à la fois radiophoniquement fragmentée et structurée par un profil d’auditeurs dominant porté vers les radios musicales jeunes. L’apport de la classification hiérarchique est d’avoir pris en considération l’ensemble des pratiques d’un individu et non ces pratiques deux à deux ou radios par radios.

Le parangon de chaque classe radiophonique

35Il est possible d’illustrer chaque classe par son parangon, c’est-à-dire l’individu concret (pris parmi les panélistes que l’algorithme a rangé dans cette classe) le plus proche du modèle central de la classe, l’auditeur le plus représentatif (un parmi d’autres possibles) du cœur de la classe. On effectue ainsi ce grisant contact avec le concret – permettre au lecteur de toucher le carnet d’écoute de Médiamétrie – que permet le parangon, par une sorte de passerelle entre du très abstrait (le panéliste exhibé est désigné par une complexe procédure statistique) et du très concret légitimé par ce détour abstrait.

36Le parangon de classe offre la possibilité de visualiser les profils de pratique journalière en semaine, profils moyens (le graphique synthétise les contacts d’un auditeur sur 15 jours) et agrégés (chaque quart d’heure est crédité du nombre de contacts obtenus sur la période, de vide à 15 [noté F en base hexadécimale]). Les graphiques offrent d’un coup d’œil une représentation superposée dans le moment et dans le temps des pratiques. On peut y approcher (seulement approcher du fait de l’agrégation des contacts), l’enchaînement ou la concurrence des radios, et de la télévision. On peut y lire aussi les présences ou absences de ces deux médias tout au long de la journée moyenne (ce qu’on peut appeler des vides et des pleins médiatiques). Ainsi l’employé auditeur de France Info et des radios musicales est très différent de la mère au foyer de milieu ouvrier, auditrice de France Bleu. Le premier est très zappeur et exclut les radios généralistes de ses choix. La seconde est nettement plus fidèle bien que faiblement assidue ; radio et télévision semblent avoir, pour elle, chacune leur temps propre.

Graphique 11 : Profil d’écoute du parangon de la classe 1 « NRJ et autres radios »

Radio(s) dominante(s) :

NRJ et autres radios

Sexe :

Homme

Âge :

25-29 ans

Niveau instruction :

Technique prof.

CSP de l’individu :

Ouvrier

CSP du chef de ménage :

Ouvrier

Taille de la commune de résidence :

Agglo. 100 à 200 000

Région d’habitation :

Auvergne

Nb de pers. du foyer :

Foyer de 4 personnes

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

2

Source Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.
NB : la notation a été effectuée en base hexadécimale (A = 10 contacts, B = 11 contacts, etc.).
Lecture : sur les 15 jours, le parangon de la classe 1 a noté 1 contact avec la radio Skyrock entre 5 h 30 et 5 h 45, 2 contacts avec Fun Radio entre 5 h 45 et 6 heures, etc.

37Ce jeune auditeur, ouvrier, habitant une grosse agglomération auvergnate, vivant selon toute vraisemblance au sein d’un couple avec deux enfants, écoute le matin surtout d’autres radios que celles agrégées dans le panel, NRJ et RTL 2, la télévision à partir de la fin d’après-midi jusque tard le soir. Nous sommes ici limités dans notre lecture par la catégorie « autres radios » qui comprend peut-être des radios nationales ou quasi nationales (Rire & Chansons, Le Mouv’ par exemple).

Graphique 12 : Profil d’écoute du parangon de la classe 2 « Fun Radio et Skyrock »

Radio(s) dominante(s) :

Fun Radio et Skyrock

Sexe :

Homme

Âge :

15-19 ans

Niveau instruction :

Technique professionnel

CSP de l’individu :

Étudiant

CSP du chef de ménage :

Ouvrier

Taille de la commune de résidence :

< 20 000 hab.

Région d’habitation :

Picardie

Nb de pers. du foyer :

5 et plus

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

2

Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clers-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.

38Ce jeune homme (élève ou étudiant) d’une famille nombreuse, ouvrière, se réveille avec Fun Radio et Skyrock. Parfois, entre midi et deux, il écoute Skyrock ou France Info et regarde la télévision. Il reprend une écoute des radios musicales en fin d’après-midi jusque tard le soir parfois, mais ne regarde pas la télévision.

Graphique 13 : Profil d’écoute du parangon de la classe 3 « France Bleu »

Radio(s) dominante(s) :

France Bleue

Sexe :

Femme

Âge :

25-29 ans

Niveau instruction :

Technique professionnel

CSP de l’individu :

Autre inactif

CSP du chef de ménage :

Ouvrier

Taille de la commune de résidence :

50 à 100 000 hab.

Région d’habitation :

Pays-de-la-Loire

Nb de pers. du foyer :

5 et plus

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

3

Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h

39Cette jeune femme, sans doute mère de famille nombreuse, au foyer, habitant dans une ville moyenne, dont le compagnon est ouvrier, écoute France Bleu (locale de Radio France) le matin tôt, s’interrompt (pour les enfants ?) et reprend une écoute jusqu’à midi. En début d’après-midi, elle déclare écouter une radio « autre ». La soirée est quasi exclusivement télévisuelle.

Graphique 14 : Profil d’écoute du parangon de la classe 4 « France Info, RMC et Sud Radio »

Radio(s) dominante(s) :

France Info, RMC et Sud Radio

Sexe :

Homme

Âge :

35-39 ans

Niveau instruction :

Secondaire

CSP de l’individu :

Employé

CSP du chef de ménage :

Employé

Taille de la commune de résidence :

Commune rurale

Région d’habitation :

Poitou-Charentes

Nb de pers. du foyer :

4

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

2

Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.

40Le profil quotidien moyen de cet homme, de 35-39 ans, employé, vraisemblablement en couple et parent, est assez distinct de la précédente auditrice. Il zappe entre plusieurs radios, France Info, Fun Radio, Nostalgie, NRJ, RTL 2, France Musique, France Bleu, Europe 2, Sud Radio et d’autres radios. Sa radio dominante semble être France Info qu’il est susceptible d’écouter entre le lever et 21 heures. Sans doute a-t-il un fort zapping mais implicite, puisque sur 21 jours, il y a des radios qu’il ne fréquente pas. Enfin, la télévision a une petite place le matin et à partir de 14 heures. Elle devient le média du soir au-delà de 19 heures.

Graphique 15 : Profil d’écoute du parangon de la classe 5 « Nostalgie et Chérie FM »

Radio(s) dominante(s) :

Nostalgie et Chérie FM

Sexe :

Homme

Âge :

25-29 ans

Niveau instruction :

Technique professionnel

CSP de l’individu :

Ouvrier

CSP du chef de ménage :

Ouvrier

Taille de la commune de résidence

Paris

Région d’habitation :

Île-de-France

Nb de pers. du foyer :

4

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

2

Source : Panel radio Médiamétrle 2000-2001/Clersé-LCP, base : 15 purs, lundi-vendredi, 0 h-23 h.

41Ce jeune ouvrier résidant à Paris, et selon toute vraisemblance père de deux enfants et vivant en couple, a une écoute (fréquente) centrée sur Chérie FM et Nostalgie le matin et en début d’après-midi. À partir de 15 h 30, il écoute aussi Fun Radio, NRJ, RTL 2, Skyrock et d’autres radios. Il regarde assidûment la télévision le matin et le soir (dès 16 heures). Radio et télévision sont relativement alternatives hormis pour la période 16h-18h45.

Graphique 16 : Profil d’écoute du parangon de la classe 6 « MFM et RFM »

Radio(s) dominante(s) :

MFM et RFM

Sexe :

Femme

Âge :

30-34 ans

Niveau instruction :

Primaire

CSP de l’individu :

Employée

CSP du chef de ménage :

Employé

Taille de la commune de résidence :

< 50 000 hab.

Région d’habitation :

Nord- Pas-de-Calais

Nb de pers. du foyer :

3

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

1

Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23h.

42Le profil de cette employée s’approche de celui de l’auditrice de France Bleu. Elle est plutôt une téléspectatrice qu’une auditrice de radio. Les radios musicales populaires écoutées le matin font place nette à partir de 10 heures à la télévision jusqu’en fin de soirée.

Graphique 17 : Profil d’écoute du parangon de la classe 7 « Europe 1 »

Radio(s) dominante(s) :

Europe 1

Sexe :

Femme

Âge :

70-74 ans

Niveau instruction :

Supérieur

CSP de l’individu :

Retraitée

CSP du chef de ménage :

Retraité

Taille de la commune de résidence

Paris

Région d’habitation :

Île-de-France

Nb de pers. du foyer :

1

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

0

Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0h-23 h.

43Ce retraité, diplômé du supérieur, parisien, vivant seul, a une pratique de la radio et de la télévision qui semble très cadrée. Il écoute exclusivement Europe 1 le matin entre 6 heures et 8 heures, puis, presque tous les jours la télévision entre midi et 13 h 30, puis le soir à partir de 18 h 15 jusqu’à 22 h. On note une écoute radiophonique nocturne entre 2 heures et 3 h 15

Graphique 18 : Profil d’écoute du parangon de la classe 8 « RTL »

Radio(s) dominante(s) :

RTL

Sexe :

femme

Âge :

55-59 ans

Niveau instruction :

Secondaire

CSP de l’individu :

Employée

CSP du chef de ménage :

Retraité

Taille de la commune de résidence :

Paris

Région d’habitation :

Île-de-France

Nb de pers. du foyer :

3

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

0

Source : Panel radio Médiamêtrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.

  • 42 Cf. les grilles de programmes en annexe II.

44Cette auditrice parisienne de RTL, employée, peut être définie comme fan de cette station. Elle l’écoute à la fois fréquemment – presque quotidiennement – et de façon ordonnée – de 7 h 15 à 11 h 30 et de 15 h à 16 h 30 (soit durant l’émission humoristique Les Grosses42). Sa pratique se réduit à l’écoute de RTL et de la télévision. Ces deux médias sont susceptibles d’accompagner toute la journée.

Graphique 19 : Profil d’écoute du parangon de la classe 9 « service public »

Radio(s) dominante(s) :

Radios du Service Public

Sexe :

Femme

Âge :

65-69 ans

Niveau instruction :

Secondaire

CSP de l’individu :

Autre inactif

CSP du chef de ménage :

Retraité

Taille de la commune de résidence :

> 200 000 hab.

Région d’habitation :

Poitou-Charentes

Nb de pers. du foyer :

2

Nb d’enfants de moins de 15 ans :

Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.

45Cette auditrice, inactive, diplômée du secondaire, habitant une ville importante en Poitou-Charentes (Poitiers ?) offre le profil typé de l’auditeur du service public de radio. Elle complète une écoute majoritaire de France Inter par celle de France Culture, France Musique et France Info (pas France Bleu) et d’autres radios. Elle regarde la télévision entre midi et deux et le soir à partir de 17 h 45. Son écoute est assez typique de sa « position sociale » en ce qu’elle se déroule en matinée et en après-midi qui sont les deux moments les plus délaissés par les actifs.

Notes

32 On trouve cette méthode statistique, intitulée « analyse typologique », dans les travaux d’Olivier Donnat sur les rapports des Français à la culture (spectacle, livre et musique). Cf. Donnai O., Les Français face à la culture : de l’exclusion à l’éclectisme, Paris, La Découverte, 1994, p. 154-155.

33 Les classes sont numérotées telles qu’elles apparaissent de gauche à droite à chaque coupe du graphique. Ainsi la très grosse classe 1/6 de la classification résulte-t-elle de la fusion des classes 1/8, 2/8 et 3/8 de la classification en huit classes figurant un peu plus bas. Nous n’avons pas fait figurer le numéro des classes pour ne pas surcharger le graphique.

34 Ces indicateurs permettent de repérer des modalités prenant dans la classe une importance « significativement différente de la moyenne » : valeurs supérieures à 2 pour les modalités caractérisées par leur plus forte fréquence dans la classe (celles qui la caractérisent positivement), et inférieures à - 2 pour celles qui sont au contraire significativement faibles dans la classe (celles qui la caractérisent négativement). Il faut bien comprendre ce que permet de dire le repérage de telles modalités : une modalité ainsi pointée comme « très typique d’une classe » n’est pas le fait de tous les individus de la classe, ni même forcément de la majorité d’entre eux. Elle est simplement « beaucoup plus fréquente dans cette classe » ; et l’on peut dire aussi que ceux qui sont dans cette classe mais ne la possèdent pas ressemblent par leur comportement radio à beaucoup de ceux qui la possèdent.

35 Avec une différence pour la classe 6, celle que nous avons appelée « classe du service public » associant France Inter, France Musique et France Culture.

36 Nous ne commenterons qu’un peu plus loin les deux classes intermédiaires 2 et 3, mais on peut d’ores et déjà noter ici qu’elles précèdent les généralistes dans ce regroupement, signe de leur plus forte proximité avec ce comportement moyen, etc.

37 Nous n’y avons pas fait figurer les scores obtenus par les autres radios, groupe hétérogène qui de toute manière ne figurait que comme illustratif, et par les non-auditeurs.

38 Mais si l’on observe les modalités correspondantes, non reprises dans le tableau ici, il n’y a pas d’exception à cette logique de bipolarisation : la classe d’âge 35-39 ans est la seule « renvoyée au centre » – valeur test non significative –, les 30-34 ans se retrouvant « avec les jeunes » (valeur test + 3,9) et les 40-44 ans « avec les plus âgés » (valeur test - 6,3).

39 Ce côté un peu moins concentré du public de Fun Radio explique que nous ayons noté (et fait figurer en bas du graphique, au niveau de la coupure en quatorze classes), que l’écoute plus fréquente de Fun Radio [et pas de Skyrock] apparaissait aussi comme une modalité significative de la branche concentrant spécifiquement le public privilégié de NRJ).

40 Ce score n’est plus que de + 7,0 pour les 20-24 ans, ce qui reste significatif, mais à un niveau beaucoup plus faible.

41 Dans la logique de l’analyse (espace factoriel qui supporte la classification), il y a aussi une centralité des positions dans l’espace, mais dans ce sens-là c’est la très majoritaire classe 1 qui est la plus proche du centre, puisqu’elle contribue par définition fortement aux positions moyennes (voir le graphique des centres des six classes).

42 Cf. les grilles de programmes en annexe II.

Table des illustrations

Titre Graphique 9 : Dendrogramme des profils radiophoniques
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 160k
Titre Graphique 10 : Les centres de classe dans l’espace des axes 1-2 de l’ACP supportant la classification
Légende Contribution du 1er axe, horizontal : 7,6 % ; 2e axe, vertical : 6,7 %.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 52k
Titre Tableau 43 : Le profil dominant des auditeurs français
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 300k
Légende Source Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.NB : la notation a été effectuée en base hexadécimale (A = 10 contacts, B = 11 contacts, etc.).Lecture : sur les 15 jours, le parangon de la classe 1 a noté 1 contact avec la radio Skyrock entre 5 h 30 et 5 h 45, 2 contacts avec Fun Radio entre 5 h 45 et 6 heures, etc.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Légende Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clers-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 236k
Légende Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 196k
Légende Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Légende Source : Panel radio Médiamétrle 2000-2001/Clersé-LCP, base : 15 purs, lundi-vendredi, 0 h-23 h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 188k
Légende Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Légende Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0h-23 h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 160k
Légende Source : Panel radio Médiamêtrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Légende Source : Panel radio Médiamétrie 2000-2001/Clersé-LCP ; base : 15 jours, lundi-vendredi, 0 h-23 h.
URL http://books.openedition.org/ms/docannexe/image/1241/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 198k

© Éditions Mélanie Seteun, 2009

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