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La Radio et ses publics

 | 
Hervé Glevarec
, 
Michel Pinet

Introduction

Texte intégral

  • 1 Le Temps des médias. L’essentiel Les comportements médias et les pratiques multimédias des Français (...)

1Nous vivons désormais dans un environnement médiatique dense et relativement diversifié. Le taux d’écoute journalière des deux principaux médias audiovisuels que sont la radio et la télévision atteint 80 % parmi les individus de plus de 13 ans1. Les médias, et particulièrement la radio, sont fortement ancrés dans les routines et les activités de la vie quotidienne. Pourtant l’intérêt des sociologues pour les pratiques médiatiques est relativement récent et presque inexistant du point de vue statistique. La télévision a été l’objet privilégié des recherches. On ne sait pas grand-chose de la structuration de l’univers radiophonique, qui offre en France une diversité remarquable des radios, depuis les stations publiques thématiques France Culture et France Musique jusqu’aux stations jeunes et musicales Skyrock, NRJ, Fun Radio... en passant par le secteur public et privé généraliste (RTL, Europe 1, France Inter), l’ensemble des radios associatives et locales et les radios atypiques comme Fip (radio de l’éclectisme musical). On ne sait pratiquement rien sur les modalités des usages quotidiens et hebdomadaires de ce média, sur la sociologie de ses publics.

  • 2 id.

2Toute l’histoire du xxe siècle et la structuration contemporaine des pratiques montrent que les nouveaux médias ne tuent pas les anciens. Il en est ainsi de la radio que la télévision n’a pas fait disparaître, et la question se pose à nouveau à propos d’Internet par rapport à la radio hertzienne traditionnelle. Jusqu’à présent, les internautes se caractérisent davantage par le cumul et la surconsommation radiophonique que par l’abandon de cette pratique2. Et les deux changements techniques en cours que sont la radio numérique et l’écoute via Internet agiront sans doute davantage au niveau des modalités de la pratique que sur la structuration des affinités avec les radios. Bien au contraire, les radios offrent un objet d’étude particulièrement intéressant parce que leur histoire récente, celle de ces 25 dernières années, préfigure ce qui sera sans doute l’audience de la télévision (numérique et multisupports) à venir, à savoir un modèle de structuration plus proche de la segmentation que de la stratification sociale.

  • 3 Hesmondhalgh D., The Cultural Industries, Londres, Sage, 2002.
  • 4 Cheval J.-J., Les Radios en France. Histoire, état et enjeux, Rennes, Éditions Apogée, 1997 ; Chev (...)
  • 5 En 1964, sur 100 adultes interrogés : 12 % n’écoutent jamais la radio, 9 % écoutent uniquement l’O (...)
  • 6 Berland J., « Radio Space and Industrial Time : The Case of Music Formats », dans Frith S. et al. (...)

3Depuis les trente dernières années, le mouvement d’ensemble des médias audiovisuels est tendu vers la spécialisation des supports, des temps de consommation et des publics. La segmentation des publics et des médias s’affirme dans les années 1970 aux États-Unis3, dans les années 1980 en France, principalement pour la radio dont le champ se diversifie à la faveur de son ouverture aux acteurs privés4. L’appréhension de la structuration d’un champ de pratiques tournées vers les industries culturelles que sont les radios laisse présager une configuration spécifique, différente de la télévision, champ oligopolistique et malthusien (où quelques chaînes dominent l’audience). On sait que l’avènement des chaînes du câble et de la télévision numérique (TNT) a déjà provoqué une chute de l’audience des télévisions nationales hertziennes françaises. L’espace des radios n’est plus sous la domination de quelques acteurs comme il a pu l’être durant la longue période d’après-guerre avec les postes nationaux, Europe no 1 et Radio Luxembourg5. Il est au contraire tendu vers un resserrement des audiences et un accroissement de la spécialisation des « cibles ». Dans le monde radiophonique, le dit « format » est l’outil professionnel qui signale et atteste de cette transformation depuis les années 1980 en France6, et depuis les années 1950 aux États-Unis.

De la sociologie de la radio à la sociologie de la société française

  • 7 Brochand C, Histoire générale de la radio et de la télévision en France. Tome III 1974-2000, Paris (...)
  • 8 Mccouri T. et Rothenbuhler E., « Radio Redefines Itself, 1947-1962 », dans Hilmes M. et Loviglio J (...)
  • 9 Cavalli A, et Galand O. (dir.), L’Allongement de la jeunesse, Paris, Actes Sud, 1993 ; de Singly F (...)

4S’intéresser à la radio, ce n’est pas seulement faire la sociologie d’une pratique médiatique parmi d’autres, au demeurant si symbolique en France d’une certaine conception de la démocratie et de la culture, c’est aussi faire la sociologie de la société française. Étudier un champ de pratiques médiatiques comme la radio est l’occasion de mettre à jour le mouvement de nos sociétés vers une fragmentation des publics, qui n’exclut pas l’émergence, à un certain niveau d’agrégation que permet l’analyse statistique, d’un « profil dominant » d’auditeurs, quelque vingt-cinq ans après le bouleversement du paysage radiophonique qu’a provoqué la libéralisation des ondes de 19817. Il s’est produit ainsi deux grands changements durant les dernières décennies : la pluralisation de l’offre radiophonique et l’articulation sociologique du secteur privé de radiodiffusion de la bande FM autour de classes d’âge jeunes, puis jeunes-adultes et adultes8 ; en second lieu, nous avons assisté à la montée de la catégorie de la jeunesse, adolescente et « adonaissante » notamment, et au prolongement de la jeunesse au-delà de la majorité9. La radio est ici d’autant plus intéressante à étudier qu’elle est à l’articulation de processus culturels, autour de la musique qu’elle diffuse notamment, et sociaux, à travers la structuration des goûts par âge qu’elle accompagne ou renforce.

  • 10 Donnai O., « La stratification sociale des pratiques culturelles et son évolution 1973-1997 », Rev (...)
  • 11 Glevarec H. et Pinet M., « From Liberalization to Fragmentation : A Sociology of French Radio Audi (...)

5L’analyse sociologique des pratiques culturelles rappelle régulièrement la structuration sociale et socioprofessionnelle de ces dernières, ainsi que la valeur explicative du capital culturel10. Par contraste, la structuration de l’écoute radiophonique fait apparaître massivement la variable de l’âge comme variable déterminante des pratiques de cet univers11. Pourquoi ? Parce que la radio est l’un des premiers médias qui tend à relayer, sinon une fragmentation de la société française, du moins une structuration par l’âge et par les générations culturelles. Annonce-t-elle, à l’instar d’Internet, une valeur décisive des goûts culturels dans la sociologie actuelle des individus et des groupes sociaux ? La radio manifesterait ainsi ce que les Anglais appellent le « tournant culturel » de nos sociétés.

Le paysage contemporain des médias et de la radio

  • 12 Médiamétrie est une « entreprise interprofessionnelle de mesure d’audience et d’études des médias (...)
  • 13 Il y a trois façons d’être « premier » en radio : en pénétration sur une catégorie, en durée d’éco (...)
  • 14 Glevarec H., France Culture à l’œuvre. Dynamique des professions et mise en forme radiophonique, P (...)

6L’audience radiophonique est connue en France par les taux d’audience de la société Médiamétrie12 et mise en scène à travers les usages publics qu’en font les radios elles-mêmes : « audience cumulée », « durée d’écoute » et « part de marché » sont les trois indicateurs du succès et de la répartition des auditeurs13. Pour autant, les données de mesure d’audience de Médiamétrie ne sont pas exploitées par les chercheurs. Des réflexes de morgue et de suspicion, qui n’ont pas lieu d’être au regard de la rigueur des enquêtes et une fois que l’on a reconsidéré – comme nous le ferons plus loin – ce qu’est « l’audience », semblent avoir empêché jusqu’à maintenant les chercheurs de tirer de ces données ce qu’elles peuvent apprendre sur une pratique aussi méconnue et importante que l’écoute de la radio aux enjeux sociologiques décisifs14. Que nous disent les données de Médiamétrie sur la fragmentation ou l’homogénéité de l’audience radiophonique en France ? Dans quelle mesure y a-t-il des audiences segmentées, des auditoires, voire des « collectifs » spécifiques ? Les auditeurs sont-ils « monogames » ou « polygames » vis-à-vis des radios ? Quelles sont les caractéristiques sociales des « publics » réguliers et des « audiences » évanescentes ? Quelle est la forme de présence à la radio ? A-t-elle la même présence que la télévision ? Quelles sont les conditions de l’écoute radiophonique ?

  • 15 Glevarec H„ Libre antenne. La réception de la radio par les adolescents, Paris, Colin/Ina, 2005.

7La réflexion à partir des données statistiques de déclarations de contacts pose la question sociologique de la distribution des pratiques. Elle demande par exemple de formuler les descriptions dans un modèle de la stratification et/ou dans un modèle de la segmentation. En fait, il s’agit de savoir si la radio et la télévision ne sont pas tout autant segmentées l’une que l’autre, à la différence près que si cela se voit pour la première, cela reste caché pour la seconde. La segmentation de la télévision se fait via les émissions (elle est intra-chaîne), la segmentation de la radio via les radios (elle se fait entre radios). Les télévisions forment un espace très structuré (quelques acteurs dominent le champ de l’audience malgré la multitude des chaînes sur le câble), mais ce sont des médias segmentés (leurs grilles sont hétérogènes). Les radios forment, à l’inverse, un espace très segmenté mais représentent des médias très structurés (« un monde en continu sur toute la journée », pour reprendre la formule d’un auditeur15).

  • 16 Bourdieu P., « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, 22/1, 1971b, p. 49-126.

8Du coup, ne faut-il pas repenser la description de cet ensemble de pratiques et d’objets ? Quelle est la nature de cet espace ? Est-ce un « grand public » ? Est-ce un « champ » comme l’aurait sans doute entendu P. Bourdieu16 ? Cet espace étant tellement segmenté par les fractions de publics, a-t-il un auditeur partagé et collectivement convoité ? Cette réflexion sera au cœur de notre analyse.

Fragmentation sociologique et formes du lien à la radio

9Nous visons dans ce travail à proposer une cartographie claire d’une pratique médiatique quotidienne méconnue mais qui n’échappe pas à certains attendus traditionnels de la sociologie de la culture et des médias. Aussi, afin de situer notre analyse dans les réflexions actuelles sur l’audience et sa mesure, nous revenons dans le premier chapitre sur le débat entre « audience » et « public », ainsi que sur les notions de « grand public » et de « cibles ». Notre apport tient ici dans le fait de défendre la « déclaration comme auditeur » face à « l’audience comme artefact ». Nous faisons deux propositions : reformuler l’audience comme « jeu de langage » et revaloriser la notion d’auditoire comme « objet » minimum avec lequel les sociologues doivent compter sauf à renoncer aux statistiques d’audience. Le deuxième chapitre présente la méthodologie de l’enquête Panel de Médiamétrie. Nous montrons que la méthode du carnet d’écoute engage une certaine sorte de recueil de la déclaration. Nous revenons sur les artefacts radiophoniques créés par cette méthodologie d’enquête. Le chapitre suivant présente le champ des radios en France sous l’angle de la diversité des formats et des programmations. L’univers des radios nationales se caractérise par un resserrement continu des audiences et par sa segmentation en « formats » couplés aux générations.

  • 17 C’est le cas notamment des adolescents pour lesquels elle est un agent de socialisation. Cf. Gleva (...)

10Nous traitons dans la seconde partie de sociologie des auditeurs de radios. Dans le chapitre IV nous analysons les différentes modalités et forces du « lien » des auditeurs aux radios en termes de « fréquence » et de « régularité » des contacts ; pour cela, nous construisons des indicateurs permettant de qualifier les formes de la « fidélité » et de la « ponctualité » de l’écoute. L’ancienne distinction des « gros » et des « petits » consommateurs, introduite par M. Souchon à propos de l’audience de la télévision, s’avère en radio moins pertinente que la notion « d’hétérogénéité structurelle » des auditoires pour décrire les figures dominantes de l’audience radiophonique. Le chapitre V est consacré, dans un mouvement de comparaison permis par les données de l’enquête avec la pratique de la télévision, à préciser les caractéristiques significatives de l’auditeur de radio selon ses attributs sociaux. Tout laisse penser que le média radio est un objet social « polyphonique », ni tout à fait « culture » moyenne, ni non plus écoute strictement populaire, puisque les membres des classes supérieures le pratiquent quotidiennement. La fréquence d’écoute quasi quotidienne suit, elle, dans son ensemble, la hiérarchie sociale des professions et catégories socioprofessionnelles. La comparaison avec la pratique télévisuelle est particulièrement instructive puisqu’elle indique une quasi-inversion de la distribution des taux de fréquence d’écoute selon les catégories socioprofessionnelles entre la télévision et la radio. Cette comparaison accentue une différence de valeur sociale entre la télévision et la radio. La seconde semble bénéficier d’un crédit symbolique de la part des catégories sociales supérieures que n’a pas la première. Les données dessinent plutôt une image sociale de la pratique radiophonique sous le coup d’une alternative assez tranchée entre une infime partie de la population absente de ce média (qui déclare ne jamais l’écouter) et une autre, majoritaire, dont la présence au média est au contraire très fréquente17. Ce chapitre se clôt par une analyse dite « log-linéaire », c’est-à-dire une modélisation statistique des déterminants de l’écoute de chaque radio, dont on cherche le « meilleur modèle », celui qui offre le compromis le plus satisfaisant entre fidélité aux données d’enquête et simplicité des facteurs explicatifs.

  • 18 Une tendance récente de la sociologie des pratiques culturelles et de la réception des médias port (...)

11La troisième partie est consacrée à une description de la fragmentation des audiences radiophoniques. Les radios sont des médias disponibles et peu de barrières limitent, dans les différents espaces de réception et à quelques exceptions géographiques près, la disponibilité d’un large spectre de radios. Des segmentations des auditoires et des distributions des auditeurs apparaissent pourtant18. Nous verrons qu’il n’existe pas de « grand public radiophonique » au sens logique. Sur 21 jours, des auditeurs n’écoutent jamais RTL, d’autres jamais France Culture, d’autres jamais Chérie FM, etc. L’audience radiophonique est un espace que structurent des variables radiophoniques, des variables de pratiques et des variables sociales.

12La sociologie de l’auditeur de radio en général appelle une analyse plus serrée, analyse menée dans le chapitre VI, des affinités entre catégories sociales et radios. Nous tentons de qualifier ce lien à partir d’une série de notions progressives de « mesure » de l’affinité entre une catégorie et une radio, et ce à l’aide des deux variables que sont le taux d’audience et la durée d’écoute, variables qui ne mesurent pas la même chose et ne varient pas nécessairement dans le même sens. Nous étudions successivement trois « objets » : « l’affinité » plus ou moins grande entre une radio et une catégorie à partir des taux d’audience, « l’investissement » radiophonique des auditeurs à partir de leurs durées d’écoute, et, enfin, la structure des auditoires à partir de leur composition sociodémographique. Ce chapitre permet de discuter de la notion de « cible » radiophonique. Dans le chapitre VII, nous mettons à l’épreuve des statistiques la notion de « grand public », en radio. Il y a une fragmentation des auditoires radiophoniques qui empêche de tenir le discours du « grand public » à leur propos. La méthode des classifications hiérarchiques à laquelle nous recourons permet de faire apparaître les grands profils radiophoniques du champ de l’audience en France. Nous illustrons chacune des classes de l’analyse hiérarchique par un parangon, soit un portrait sociologique illustratif de l’auditeur de la classe.

13La dernière partie traite successivement des « temps sociaux » de l’écoute radiophonique et des lieux de l’écoute. Nous analysons dans le chapitre VIII des profils temporels tant des radios (ou des « genres » de radios) que des catégories d’auditeurs (hommes/femmes, niveaux d’études, etc.). Nous argumentons en faveur de l’hypothèse d’un lien situé entre la radio et ses auditeurs. À la différence de la télévision, la radio est un média qui accompagne, un média délocalisé. Le dernier chapitre permet d’approcher quelques modalités des contextes d’écoute de la radio à partir des données disponibles de localisations catégorisée (« à domicile », « au travail », « en voiture », « ailleurs ») de l’écoute. Nous avons retenu quelques variables de lieu et catégorie sociale à partir desquels une connaissance, même circonscrite par les données disponibles, sur la pratique de ce média est possible. Le chapitre IX propose une analyse des incidences de l’environnement numérique sur le statut de la radio à venir et de la structuration des audiences. La fragmentation du début des années 2000 trouvera-t-elle à s’accentuer avec la radio numérique ? La radio va-t-elle changer de statut à la faveur de la multiplication des sources de l’écoute, de l’information musicale et des possibilités expressives ?

14Ainsi, nous nous employons dans ce livre à reconsidérer l’audience et sa mesure, à proposer au lecteur un état du paysage radiophonique actuel et à produire un modèle, appuyé sur la statistique, de compréhension de la structuration d’une pratique médiatique peu analysée, routinière, régulière, mais segmentée dans un environnement dorénavant concurrentiel et ouvert qui se donne pour tâche notamment « d’aller » vers les auditeurs. Dans le contexte contemporain marqué par la place prise par Internet et les fichiers audionumériques, nous faisons fond sur l’hypothèse que l’analyse statistique de l’audience de la radio hertzienne demeure valide quant aux grands déterminants de l’audience de ce média comme nous le verrons dans le dernier chapitre. À défaut, elle prendra valeur de point de comparaison historique pour la compréhension des affinités et formes de lien à ce média. Les nouveaux modes de consommation que représentent Internet, le MP3, le téléphone, le WiFi, etc., font-ils varier la sociologie des affinités sociales avec les radios hertziennes analysées ici, celles qui continuent d’avoir le plus d’audience ? Il n’y a aucune raison de supposer une telle hypothèse révolutionnaire, tandis que le renforcement des affinités est tout aussi envisageable.

15Aux yeux des acteurs du marché qui ajustent sans arrêt leurs décisions en fonction de l’audience bimestrielle des radios, les données perdent leur fraîcheur plus vite que le temps nécessaire aux chercheurs pour en effectuer l’analyse. Elles représentent pourtant un matériau d’enquête sur les publics et les usages de la radio en France qui n’a jamais été analysé finement et, a fortiori, dans une problématique sociologique de structuration sociale et radiophonique, et de lien à la radio. Leur valeur est sociohistorique, celui de dessiner le paysage de la radio à l’orée des années 2000 et de la pluralisation du champ médiatique et musical qui caractérise le champ contemporain.

Notes

1 Le Temps des médias. L’essentiel Les comportements médias et les pratiques multimédias des Français, dans leurs contextes, Médiamétrie, 2005.

2 id.

3 Hesmondhalgh D., The Cultural Industries, Londres, Sage, 2002.

4 Cheval J.-J., Les Radios en France. Histoire, état et enjeux, Rennes, Éditions Apogée, 1997 ; Cheval J.-J. (dir.), Audiences, publics et pratiques radiophoniques, Pessac, Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2003a.

5 En 1964, sur 100 adultes interrogés : 12 % n’écoutent jamais la radio, 9 % écoutent uniquement l’ORTF et jamais les chaînes périphériques, 51 % écoutent et l’ORTF et les chaînes périphériques, 28 % écoutent seulement les chaînes périphériques. Enquête du CESP, « Écoute de la veille par quart d’heure », janvier et juin 1964 (A. N. Versement 890 447, art. 3). « S’agissant des adultes, les auteurs d’une enquête ORTF de 1964 écrivent que Luxembourg en prend la plus grosse partie ; quant au reste Europe no 1 et France Inter se le disputent avec une légère supériorité d’Europe no 1. S’agissant des vieux, Luxembourg et France Inter s’en partagent la plus grosse partie avec une légère supériorité de Luxembourg », ORTF, Enquête ORTF, service des études de marchés, 9 au 11 novembre 1964. Interviews auprès de 4070 personnes de 15 ans et plus (A. N. Versement 870 589, art. 8).

6 Berland J., « Radio Space and Industrial Time : The Case of Music Formats », dans Frith S. et al. (dir.), Rock and Popular Music : Politics, Policies, Institutions, Londres, Routledge, 1993, p. 104-118.

7 Brochand C, Histoire générale de la radio et de la télévision en France. Tome III 1974-2000, Paris, La Documentation Française, 2006.

8 Mccouri T. et Rothenbuhler E., « Radio Redefines Itself, 1947-1962 », dans Hilmes M. et Loviglio J. (dir.), Radio Reader : Essays in the Cultural History of Radio, New York/Londres, Routledge, 2002, p. 367-87.

9 Cavalli A, et Galand O. (dir.), L’Allongement de la jeunesse, Paris, Actes Sud, 1993 ; de Singly F., Les Adonaissants, Paris, Colin, 2006.

10 Donnai O., « La stratification sociale des pratiques culturelles et son évolution 1973-1997 », Revue française de sociologie, XL/1, 1999, p. 111-119.

11 Glevarec H. et Pinet M., « From Liberalization to Fragmentation : A Sociology of French Radio Audiences Since the 1990s and the Consequences for Cultural Industries Theory », Media, Culture and Society, vol. 30, no 2, 2008, p. 215-238.

12 Médiamétrie est une « entreprise interprofessionnelle de mesure d’audience et d’études des médias audiovisuels et interactifs en France » (verbatim). Elle occupe, notamment dans le champ de la télévision et de la radio, la place de référence. Pour son histoire nous renvoyons à Souchon M., « Les études sur l’audience de la radiotélévision en France », Quaderni, 35, 1998b, p. 79-92. et Chaniac R., « Télévision : l’adoption laborieuse d’une référence unique », Hermès, 37, 2003, p. 81-93. C. Méadel revient sur l’originel « "vrai-faux" statut public de Médiamétrie », créée en 1985 sous ce nom. Elle revient sur la bataille, en 1987, peu après la création de Médiamétrie, avec le CESR puis entre 1988 et 1991 avec Nielsen, qui se conclut par l’installation de Médiamétrie comme l’opérateur reconnu du marché de l’audience télévisée et radiophonique en France. C. Méadel indique très bien que Médiamétrie ne travaille pas à mesurer des publics mais des audiences, en construisant un outil accepté et acceptable de mesure. Libre maintenant à nous sociologues de partir de là pour déconstruire/reconstruire cette mesure. Ce que nous nous proposons de faire ici. Cf. Méadel C., « L’audimat ou la conquête du monopole », Le Temps des Médias, 3, 2004, p. 151-159.

13 Il y a trois façons d’être « premier » en radio : en pénétration sur une catégorie, en durée d’écoute ou en part de marché. De même, il y a deux façons d’être un public « majoritaire » : en structure et en surreprésentation, c’est-à-dire en proportion par rapport aux autres catégories et en représentation par rapport à la part que la catégorie représente dans la population en général. Cf. pour les définitions de l’audience le chapitre II.

14 Glevarec H., France Culture à l’œuvre. Dynamique des professions et mise en forme radiophonique, Paris, CNRS Éditions, 2001b.

15 Glevarec H„ Libre antenne. La réception de la radio par les adolescents, Paris, Colin/Ina, 2005.

16 Bourdieu P., « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, 22/1, 1971b, p. 49-126.

17 C’est le cas notamment des adolescents pour lesquels elle est un agent de socialisation. Cf. Glevarec H. et Pinet M., « La radio : un espace d’identification pour les adolescents », dans Donnat O. (dir.). Regards croisés sur les pratiques culturelles, Paris, La Documentation française, 2003, p. 319-342.

18 Une tendance récente de la sociologie des pratiques culturelles et de la réception des médias porte au contraire à considérer que rien n’est dans les publics (« impossible d’associer une catégorie de textes à une catégorie d’agents ») mais dans les usages, sociologiquement contrastés. Voir Darras E., « Les limites de la distance. Réflexions sur les modes d’appropriation des produits culturels », dans Donnat O. et Toula P (dir.), Le(s) Public(s) de la culture, Paris, Presses de Sciences Po, vol. II, 2003, p. 231-253, p. 234-235.

© Éditions Mélanie Seteun, 2009

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