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Chantiers et matériaux de construction

 | 
Anne Baud
, 
Gérard Charpentier

L’exploitation de chaux des Eaux-Belles à Étrembières (Haute-Savoie)

Christophe Guffond e Samir Mahfoudi

Testo integrale

1Le sujet présenté ici a été appréhendé dans un premier temps sous l’angle d’une démarche d’inventaire, l’approche archéologique s’est développée dans un second temps. Les travaux archéologiques ont d’abord porté sur le bâti conservé et se sont poursuivis avec une prospection sur la montagne du Petit Salève, révélant une abondance de structures en lien avec les activités extractives.

Contexte de l’étude

2Cet article présente les résultats d’une étude portant sur une exploitation artisanale, qui a mobilisé les ressources d’un territoire assez vaste couvrant les versants nord-ouest et sud-est du Petit Salève. Initialement, l’étude portait sur la compréhension d’un patrimoine hydraulique. Aussi, au regard d’autres prospections portant sur cette thématique, nous savons que les moulins savoyards ont été le siège d’une activité économique fondamentale au sein des communautés villageoises. Le moulin des Eaux-Belles (fig. 1) se distingue par la pluriactivité de sa production qui tend à se spécialiser aux xviiie et xixe siècles. À côté du moulin à façon traditionnel, les propriétaires tirent parti des revenus générés par le traitement des matières à exploiter à proximité de la chute d’eau disponible. Les nombreux vestiges disséminés sur les pentes du Petit Salève montrent, plus précisément, les relations entre ce moulin hydraulique et les exploitations de pierres à chaux pendant le xixe siècle, et peut-être avant…

Fig. 1 – Vue de la façade antérieure nord du bâtiment du moulin (cliché S. Mahfoudi, Conseil départemental de la haute-Savoie [CD 74]).

Fig. 1 – Vue de la façade antérieure nord du bâtiment du moulin (cliché S. Mahfoudi, Conseil départemental de la haute-Savoie [CD 74]).

Situation géographique

3Le Petit Salève domine les communes d’Étrembières (524 hectares) et de Monnetier-Mornex (1 140 hectares) tiraillées entre l’aire urbaine de Saint-Julien-Genevois et celle d’Annemasse, toutes deux pleinement intégrées à l’aire urbaine de Genève. L’altitude varie entre 393 m et 899 m selon qu’on se trouve sur les coteaux de Monnetier-Mornex, la plaine d’Étrembières ou les hauteurs du Petit Salève. Située à 7 km du centre de Genève, l’extrémité nord-est de ce massif est bordée d’une plaine alluviale, elle-même ceinturée dans sa partie nord par le torrent de l’Arve qui dessine une boucle en ce point. C’est dans cette zone que se concentrent les vestiges du four et du battoir à chaux. La superficie de l’espace prospecté est d’environ 1,8 km², elle s’étend essentiellement sur la partie nord du Petit Salève.

  • 1 Sesiano 1988, p 62.
  • 2 Que nous remercions pour son aimable esprit de partage.

4Dressons un portrait rapide du massif du Salève (fig. 2). Le Petit Salève est séparé du Grand Salève (1 379 m au Grand Piton) par le col de Monnetier. Ce chaînon est constitué de roches analogues à celles du Jura. Au regard du temps géologique, ce relief se serait formé à partir d’un ancien plancher océanique, il y a 5 à 10 millions d’années1. Plusieurs phénomènes, émaillant son histoire, expliquent la grande diversité de couches sédimentaires oscillant, pour le Petit Salève, entre les dépôts de calcaire de l’Urgonien, les calcaires roux et les multiples faciès récemment mis en évidence par Bruno Mastrangelo2.

Fig. 2 – La partie sud-ouest du Petit Salève (à gauche) vue depuis Gaillard. À l’arrière-plan le début du Grand Salève (cliché Chr. Guffond, CD 74).

Fig. 2 – La partie sud-ouest du Petit Salève (à gauche) vue depuis Gaillard. À l’arrière-plan le début du Grand Salève (cliché Chr. Guffond, CD 74).

Données historiques et iconographiques

5Les exploitations et artifices hydrauliques des Eaux-Belles bénéficient d’une documentation archivistique et iconographique assez variée.

Petit historique d’une exploitation agricole

  • 3 Frommel 2009, p 36.
  • 4 Archives départementales (AD par la suite) de la Haute-Savoie : E-DÉPÔT 118/1 01, Cadastre Sarde, (...)
  • 5 Deux grands propriétaires fonciers se partagent alors le territoire de la paroisse de Veyrier (Étr (...)
  • 6 L’étude de la mappe sarde montre aussi que le territoire de la paroisse de Veyrier (Étrembières) e (...)

6L’analyse des documents d’archives permet de documenter le site des Eaux-Belles. Attesté depuis 1474, un moulin d’Aiguebelle dépendait du château de Châtillon3, situé à 500 mètres dans les plaines. Par la suite, le château et toutes les dépendances deviennent la propriété du comte de Veyrier, qui délaisse le domaine pour un nouveau fief. Avec la Révolution française, le moulin d’Aiguebelle devient la propriété de cultivateurs4. La consultation des cartes et plans anciens, comme la mappe sarde en 1733, confirme l’existence du moulin des Eaux-Belles5. Il s’agit d’un document fiscal. Afin de comprendre la nature des propriétés localisées, il convient aussi de consulter le registre des numéros suivis (livre de géomètre) portant mention de la nature des parcelles rattachées au moulin. Ensuite, il faut suivre le livre des transports pour identifier les mutations de propriété6.

  • 7 Après le rattachement de la Savoie à la France, tous les établissements vont faire l’objet d’enquê (...)
  • 8 Le Code rural (décrets des 28 sept.-6 oct. 1791) ou les décrets des 15 octobre 1810 et 1er mars 18 (...)

7La consultation des documents tels que les règlements d’eau7 ou encore les pièces administratives des Enquêtes portant sur les établissements dangereux, insalubres et incommodes8 ne nous ont pas permis d’y trouver des traces de cette exploitation. Les dossiers ayant disparu, il a donc fallu compter sur la richesse des documents iconographiques qui nous permettent de noter l’évolution de la structure bâtie de 1826 à la fin du xixsiècle.

  • 9 Il s’agit de la première mention écrite du battoir à chaux.

8Entre 1733 et 1826, le moulin d’Aiguebelle (des Eaux-Belles) se compose essentiellement de trois bâtiments, dont deux sur les terrasses supérieures qui sont essentiellement des moulins à blé mus par une roue chacun. La surface des deux moulins est équivalente, alors que le battoir situé en contrebas reste plus petit. Selon une enquête statistique de 1809‑1810 portant sur les moulins à farine du Faucigny, ce site comprend trois roues pour la mouture du blé et un battoir à chaux9 (fig. 3).

Fig. 3 – Moulins d’Aiguebelle, 1826, fusain sur papier (collection Payot, CD 74).

Fig. 3 – Moulins d’Aiguebelle, 1826, fusain sur papier (collection Payot, CD 74).

Une production qui tend à se spécialiser

  • 10 AD Haute-Savoie, 6 S 211, Affaire Abate Joseph, Bachet Eugène, 1911.
  • 11 AD Haute-Savoie, 6 S 211, Affaire Abate Joseph, Bachet Eugène, 1911.

9Dans les années 1800, cette petite exploitation connaît un accroissement de son activité avec le développement des carrières appartenant à l’aubergiste Petit. Le tènement des meuniers est attenant à une auberge qui se trouve à l’entrée des carrières sur la route allant de Veyrier au village d’Étrembières10. Dans un courrier datant de 1865 adressé au préfet de la Haute-Savoie concernant la source des Eaux-Belles, il est noté que M. Petit exploite depuis plusieurs années une carrière de moellons et de pierres à chaux avec l’autorisation de l’administration sarde accordée à son prédécesseur, en date du 23 mai 1857, et par l’administration française suivant l’arrêté en date du 10 octobre 186111.

10Avec un autre courrier de 1862, provenant des voisins de l’exploitation de chaux, on apprend que les pierres extraites alimentent un four à chaux. Un arrêté préfectoral du 14 novembre 1862 interdit partiellement l’extraction par M. Petit des pierres à cause des dommages engendrés sur le débit d’une cascade alimentée, elle aussi, par la source des Eaux-Belles.

Évolution des bâtiments du moulin

  • 12 AD Haute-Savoie, E-DÉPÔT 118/1 02, Cadastre Sarde : livre de transports, consignation des mutation (...)
  • 13 AD Haute-Savoie, 3 Q, Actes notariés, statuts de la Société Anonyme des Eaux-Belles, 1883.

11Entre 1823 et 188112, les trois bâtiments du moulin comprennent cinq roues (deux pour le bâtiment du battoir) et de nombreuses dépendances. Cette proximité avec les carrières induit certaines transformations du bâti. De nombreux travaux d’agrandissement sont entrepris. Ainsi, une extension en appentis complète le moulin alors que le second édifice est reconverti en battoir à chaux (fig. 4). Entre 1823 et 1881, le moulin comprend cinq roues et de nombreuses dépendances. La famille Merigay, alors propriétaire du bien, le vend en 188213 à des rentiers de Genève qui décident de reconvertir le site en usine de traitement pour la fourniture d’eau potable.

Fig. 4 – Plan de la source des Eaux-Belles réalisé avant 1882 par la société genevoise (AM Annemasse : 36/40).

Fig. 4 – Plan de la source des Eaux-Belles réalisé avant 1882 par la société genevoise (AM Annemasse : 36/40).
  • 14 AM Annemasse, 36/40, Plan non daté redessiné (S. Mahfoudi, APS/CG74).

12Ensuite, le moulin à blé adossé à la maison du meunier est reconverti en bâtiment des turbines. L´ancien battoir à chaux est transformé en maison alors que l’ancien battoir à chanvre accueille une usine à vapeur. Le plan dressé à cette époque par les ingénieurs suisses est la seule représentation montrant l’organisation de cette exploitation avant 1882 (fig. 5). Ce document indique les accès reliant les carrières au four situé au sud-ouest de l’auberge tenue par M. Petit. Depuis la cour de cette propriété, un chemin part en direction des plateformes aménagées autour des bâtiments du moulin14. Les bâtiments ne cessent ensuite de se dégrader tout au long du xxe siècle.

Fig. 5 – Parties constituantes du moulin des Eaux-Belles avant 1882. Schéma réalisé d’après un plan de la source de la cascade (AM Annemasse : 36/40, plan S. Mahfoudi, CD 74).

Fig. 5 – Parties constituantes du moulin des Eaux-Belles avant 1882. Schéma réalisé d’après un plan de la source de la cascade (AM Annemasse : 36/40, plan S. Mahfoudi, CD 74).

13De nombreux vestiges archéologiques présents sur le Petit Salève sont en lien avec l’exploitation de la pierre et notamment de la chaux.

14Le seul secteur des Eaux-Belles possède, en 2015, différents vestiges de bâtiments ouvertement en lien avec l’activité chaufournière : les vestiges d’un four à chaux permanent et ceux du battoir à chaux.

Un four à chaux permanent

15Les vestiges d’un four à chaux (fig. 6, 7) se situent non loin de la cascade des Eaux–Belles. Cette structure semble appartenir à un four permanent très vraisemblablement à cuisson intermittente longue flamme. Ce type de four était doté d’une cuve dans laquelle était calcinée une quantité de calcaire mise en place avant cuisson.

Fig. 6 – Vue des vestiges du four à chaux des Eaux-Belles (cliché Chr. Guffond, CD 74).

Fig. 6 – Vue des vestiges du four à chaux des Eaux-Belles (cliché Chr. Guffond, CD 74).

Fig. 7 – Relevé archéologique des vestiges du four à chaux (DAO Chr. Guffond, CD 74).

Fig. 7 – Relevé archéologique des vestiges du four à chaux (DAO Chr. Guffond, CD 74).
  • 15 Encore que, parfois, le cuvelage puisse être en calcaire : Demarez 2014.

16L’entretien d’un feu à la base du four transforme, par le biais de cette cuisson, la masse de calcaire présente dans la cuve en chaux. Aucune trace de la cuve (le plus souvent en matériaux réfractaires : brique ou molasse)15, ni même du comblement destiné à faire le tampon thermique entre la cuve et la structure maçonnée, n’a été conservée. De cette dernière subsiste l’élévation ouest, percée de la gueule du four (d’ailleurs assez importante : 1,80 m) qui possède une large embrasure ainsi qu’un emmarchement. La présence de ce dernier est relativement étonnante et ne doit pas faciliter le travail du chaufournier.

17Ancré dans la pente sur son côté sud, le four voit son angle nord-ouest renforcé par un contrefort. L’élévation ouest présente une longueur de 8 m en façade en raison de l’aménagement qui permet de le charger en calcaire par le gueulard (partie haute). Les murs présentent une largeur d’environ 0,60 m et les parements sont constitués de moellons irréguliers vaguement assisés. En partie haute de l’élévation conservée (environ 5 m) des crochets métalliques sont pris dans les maçonneries (trois dans la façade ouest et un dans la façade nord). Sont-ils liés à une structure de couverture, un parapet démontable ? Lors de l’installation de l’hôtel, le four, qui n’était probablement déjà plus en activité depuis longtemps, a été partiellement démoli et une construction en matériaux légers a permis, dans le courant du xxe siècle, d’aménager un espace dans son emprise.

18Au four est associé un petit bâtiment de 2 m par 3 m, construit en maçonnerie (murs de 0,40 m d’épaisseur) et couvert depuis avec une dalle ciment. Si la présence de cette structure peut coïncider avec la période de son fonctionnement, son rôle n’est pas clarifié. Enfin, un peu plus haut dans le talweg d’où provient la cascade dite des Eaux-Belles, se trouve un bassin dont la vocation ne paraît pas être en lien avec le four. S’agit-il d’un élément d’agrément lié à l’hôtel ?

19Ce four est mentionné pour la première fois en 1882, dans la documentation retrouvée. Il peut néanmoins être bien antérieur à cette date, puisque ce type, à cuisson intermittente longue flamme, est très répandu tout au long du xixe siècle.

Un battoir à chaux

  • 16 D’après les fonds de photographies aériennes de l’Institut géographique national en ligne, en 1927 (...)

20Situé à 200 m au nord-est du four, le battoir (fig. 8) constitue un élément d’un ensemble de structures exploitant la force hydraulique qui, dans son dernier état, comptait trois artifices, encore décelables. Ces artifices étaient tous alimentés par les dérivations du ruisseau des Eaux-Belles. Le bâtiment du battoir à chaux est passé à l’état de ruine dans le courant du xxe siècle, ainsi que le montrent les photos aériennes du secteur16, alors même qu’il avait déjà probablement cessé de fonctionner bien plus tôt. Cet édifice connaît au moins deux états si l’on se base tant sur l’iconographie disponible que sur l’observation des vestiges. Il convient de noter que dans les décombres du battoir a été retrouvé un bloc millésimé portant la date de 1774, millésime également présent sur un linteau en réemploi dans la façade occidentale du moulin des Eaux-Belles. Ces deux éléments évoquent la probabilité d’un réaménagement de l’ensemble à l’aube du dernier quart du xviiie siècle.

Fig. 8 – Vue des vestiges du battoir des Eaux-Belles (cliché Chr. Guffond, CD 74).

Fig. 8 – Vue des vestiges du battoir des Eaux-Belles (cliché Chr. Guffond, CD 74).

21L’observation des élévations du battoir renseigne le diamètre de l’une des roues (environ 5 m). Il convient de noter que l’eau est très chargée en calcaire, formant des concrétions puis une roche dénommée au moins localement le tuf (appelé également travertin, mais différent du tuf volcanique). Ces concrétions assez spectaculaires sont également un indice pour déterminer les emplacements des chutes d’eau et donc des roues.

22Outre ces éléments construits que sont le four et le battoir, il est possible de localiser différentes carrières sans toutefois savoir, en l’état actuel de la connaissance, laquelle, ou lesquelles alimentaient l’exploitation de chaux.

  • 17 Raucourt de Charleville 1828, Piot 1860 ou Leduc 1902 donnent nombres d’indications sur les procéd (...)
  • 18 Auguste Piot (Piot 1860) établit une nomenclature des différentes meules et roches employées selon (...)

23À l’issue des nombreuses lectures17, une reconstitution du fonctionnement d’un battoir à chaux peut être proposée (fig. 9). Sortant des fours, la chaux vive est le plus souvent éteinte sur place par aspersion d’eau dans des fosses d’extinction appelées « fusoirs » dans certains ouvrages. Elle est ensuite acheminée vers un battoir mû par la force hydraulique. Celui-ci comprend généralement deux meules tronconiques tournant sur une meule dormante en forme de cuve. Elles sont généralement en granite18. La chaux est ensuite blutée avec un système de tamis avec mailles en fer.

Fig. 9 – Reconstitution d’un battoir à chaux de la première moitié du xixe siècle d’après Auguste Piot (croquis S. Mahfoudi, CD 74).

Fig. 9 – Reconstitution d’un battoir à chaux de la première moitié du xixe siècle d’après Auguste Piot (croquis S. Mahfoudi, CD 74).

Des carrières

  • 19 Information de François Girod, directeur de la cimenterie d’Eclépens (Holcim, Suisse).
  • 20 Entre 1851 et 1854, l’hôpital général d’Annecy, propriétaire du château d’Étrembières, demande l’a (...)

24Les carrières repérées s’ouvrent essentiellement dans les niveaux supérieurs de l’Urgonien blanc, calcaire très pur donnant une chaux grasse ou aérienne19. Des fronts de taille d’importances différentes ont pu être repérés, du plus gros, près du château d’Étrembières, aux plus petits, dominant le secteur des Eaux-Belles entre les cotes 600 et 700 m. Peu d’éléments de datation sont visibles au premier abord quant aux périodes d’exploitation. Dans une carrière située à la cote 670 m, l’emploi de l’explosif ne laisse aucun doute puisque quelques trous de mine sont visibles, présentant un diamètre d’environ 28 mm. Les documents d’archives renseignent également la réouverture d’une carrière sur des communaux, avec reconstruction d’un four à chaux au milieu du xixe siècle20.

Un réseau de chemins et un « châble »

  • 21 Mélo 2014, p. 72‑73, citant AD Haute-Savoie, E-DÉPÔT 273.

25Un réseau viaire étonnamment fourni rayonne sur le Petit Salève, aussi bien sur le territoire d’Étrembières que sur celui de Monnetier-Mornex. Sur le versant nord-ouest, la pente contraint un peu les parcours. Le seul axe carrossable longe les abords du four à chaux et le battoir ; en revanche, un chemin rallie les carrières situées au-dessus de la cote 600 m au four des Eaux-Belles. Est-ce la vocation première de cet axe de circulation ? Un « châble » (glissoir, couloir pour descendre généralement le bois) important (d’une largeur de plus de 6 m dans sa partie supérieure) pourrait avoir notamment servi à mettre en relation les carrières qui s’ouvrent entre les cotes 600 et 700 m et les fours des Eaux-Belles. Il suit le même axe que le chemin évoqué plus haut. L’emploi d’un châble pour descendre des matériaux autres que les bois, auxquels ils sont traditionnellement destinés, est attesté à Sixt-Fer-à-Cheval pour l’exploitation des mines de la Vogealle, au milieu du xviie siècle21.

26Sur le versant sud-est, de très nombreux chemins existent et sont encore cartographiés sur la carte IGN au 1/25 000e. Peu sont cadastrés. Sur ce même versant sud-est, un beau chemin carrossable taillé dans la roche est peut-être lié à l’exploitation des blocs erratiques de granite, autre activité extractive attestée sur le Salève.

Des vestiges de fours provisoires

  • 22 Les vestiges observés se présentent sous la forme de cuvettes creusées partiellement dans le sol e (...)

27Les pentes nord-ouest et sud-est du Petit Salève portent différents vestiges de fours provisoires, dont les diamètres vont de 5 à 8 m22. Si deux sont bien visibles non loin du four à chaux permanent, le versant sud-est (côté Monnetier-Mornex) en présente la plus belle concentration.

  • 23 Dont l’existence nous a été aimablement communiquée par Nathalie Favre-Bonvin, archiviste de l’Agg (...)
  • 24 Joseph-François Burdallet (1781‑1851) était ingénieur, géomètre et dessinateur. Ami de Rodolphe Tö (...)
  • 25 Du Bois-Melly 1876.

28L’iconographie (fig. 1011) offre notamment deux superbes représentations de fours provisoires à boisage, signées de Joseph-François Burdallet (et datées de 1847 et 1848). Ces deux précieux documents, conservés au Centre d’iconographie genevoise23, sont extrêmement intéressants, car ils livrent une vision (que l’on peut juger fiable du fait des compétences de leur auteur24) de deux fours provisoires munis d’un boisage assurant la stabilité durant la cuisson. Étonnamment, les artistes du milieu du xixe siècle voient un sujet de représentation dans les fours à chaux du Salève. En effet, l’activité chaufournière à Étrembières inspire, après Burdallet, Charles Du Bois-Melly pour une nouvelle intitulée « La veillée des chaufourniers », qu’il publie dans son recueil des Nouvelles montagnardes, édité pour la première fois en 185825. Une version illustrée par Gustave Roux de cette histoire romancée, où la chaufournerie est plutôt anecdotique, livre une troisième représentation d’un four à boisage (fig. 12). Cette scène censée se dérouler à Étrembières frappe par son réalisme et rappelle les œuvres de Burdallet.

Fig. 10 – Joseph-François Burdallet, « 8 juillet 1847. Four à chaux entre Monnetier et Mornex » (Centre d’iconographie genevoise, Ville de Genève, inv. VG 4047).

Fig. 10 – Joseph-François Burdallet, « 8 juillet 1847. Four à chaux entre Monnetier et Mornex » (Centre d’iconographie genevoise, Ville de Genève, inv. VG 4047).

Fig. 11 – Joseph-François Burdallet, « À Monnetier 17 août 1848. Un four à chaux en ignition, à gauche la carrière d’où l’on extrait la pierre calcaire. Au fond le rideau des Alpes ». Cette nouvelle vue établie par le même artiste, un an après la précédente, livre une représentation d’un autre four. Ce dessin à la mine de plomb extrêmement détaillé renseigne l’activité chaufournière sous bien des aspects : proximité du front de taille, aménagement du four, dimensions, combustibles, ouvriers s’affairant à la cuisson, dégagement de fumée et conduite de la cuisson… (Centre d’iconographie genevoise, Ville de Genève, inv. VG 4047).

Fig. 11 – Joseph-François Burdallet, « À Monnetier 17 août 1848. Un four à chaux en ignition, à gauche la carrière d’où l’on extrait la pierre calcaire. Au fond le rideau des Alpes ». Cette nouvelle vue établie par le même artiste, un an après la précédente, livre une représentation d’un autre four. Ce dessin à la mine de plomb extrêmement détaillé renseigne l’activité chaufournière sous bien des aspects : proximité du front de taille, aménagement du four, dimensions, combustibles, ouvriers s’affairant à la cuisson, dégagement de fumée et conduite de la cuisson… (Centre d’iconographie genevoise, Ville de Genève, inv. VG 4047).

Fig. 12 – Illustration par Gustave Roux (1828‑1885) de la nouvelle La veillée des chaufourniers de Charles Dubois-Melly (cliché J.-J. Richard-Pomet). L’histoire se déroule à Étrembières dans la première moitié du xixe siècle et l’illustrateur est connu pour ses représentations réalistes. Si l’on excepte l’animation champêtre, on en apprécie d’autant plus cette nouvelle représentation d’un four à boisage sur le Petit Salève…

Fig. 12 – Illustration par Gustave Roux (1828‑1885) de la nouvelle La veillée des chaufourniers de Charles Dubois-Melly (cliché J.-J. Richard-Pomet). L’histoire se déroule à Étrembières dans la première moitié du xixe siècle et l’illustrateur est connu pour ses représentations réalistes. Si l’on excepte l’animation champêtre, on en apprécie d’autant plus cette nouvelle représentation d’un four à boisage sur le Petit Salève…
  • 26 Hassenfratz 1825.
  • 27 Gerber, Portmann, Kündig 2002.
  • 28 Cattin 1993, p. 49‑50 citant AD Côte d’Or, B 9024, Compte de Jean Bérard (17 mars 1335‑29 août 133 (...)
  • 29 Cette référence nous a été communiquée par Alain Kersuzan.

29Ce type de four est notamment connu dans le traité de Hassenfratz (1825)26. Des fours à boisage ont également été fouillés en Suisse, à Moutier sur le site de la combe Tenon, datant de la période moderne27. On le rencontre déjà au xive siècle avec l’exemple des « raffours » du château de Pont-d’Ain (situé au cœur du département de l’Ain sur la rivière du même nom, arrondissement de Bourg-en-Bresse)28. La scrupuleuse comptabilité savoyarde nous permet en effet de saisir la complexité de la mise en œuvre de trois fours à chaux destinés à alimenter les travaux du château de Pont-d’Ain29. Le plus important nécessite une mise en œuvre assez spectaculaire :

  • 30 Environ 8 m de haut.

Pour un autre raffour d’une grosseur, quant à la pierre, de 25 pieds30, fait à neuf près du château, depuis la fête de Noël 1336 jusqu’à la fête de Saint-Jean-Baptiste suivante […] Pour les gages de 291 journées de maçons et de carriers qui ont travaillé jusqu’à la cuisson dudit raffour […] Pour les 1563 journées de manœuvres, hommes, femmes et garçons qui ont porté les pierres et la terre, coupé les gros bois, fait les clôtures […] et coupé les 124 gros chênes ci‑dessous pour faire les appuis […] Pour l’achat de 42 milliers de fagots […] Au nommé Balet qui dénombra les fagots à qui on donna 1 denier gros tournois…

  • 31 Information de Christophe Vaschalde.

30Des fours semblables sont également attestés en Chine de nos jours31 !

  • 32 Il décrit en 1844 la manière de produire la chaux au Grand-Bornand. ADHS 11 J 860, Rapport sur les (...)
  • 33 AD Haute-Savoie, SA 14711, information aimablement communiquée par Sylvain Macherat.
  • 34 Mélo 2002.
  • 35 Recherches d’Alain Mélo et Sébastien Perret.
  • 36 Depres 2004 et repérage sur place.

31Ces fours à boisage connus sur le Petit Salève sont-ils les seuls types d’installations provisoires que l’on rencontrait sur le Petit Salève ou ont-ils cohabité avec d’autres types de fours, comme ceux décrits dans les Bornes par l’intendant du Genevois au milieu du xixe siècle32 ? Toujours est-il que la production de chaux au Petit Salève est ancienne. En 1317‑1319, une partie de celle qui est employée pour le château de Ville-la-Grand provient du secteur d’Étrembières (Veyrier). En 1331‑1335, de la chaux provenant d’Étrembières est utilisée pour le château de Monthoux33. Un peu plus au sud, mais toujours sur le versant nord-ouest du Salève, sur le territoire de Présilly et dans l’emprise du domaine de la chartreuse de Pomier (fondée vers 1170), connue pour l’activité métallurgique qu’elle a suscitée34 (ainsi que les charbonnières)35, pas moins d’une quarantaine de fours à chaux provisoires ont pu être repérés36.

  • 37 Mégevand 1995. Sur Joseph Despine, voir Devos 1987, p. 11‑40 et également Gabion 1981, p. 5‑25.
  • 38 Bois d’aulne.

32Dans la seconde moitié du xixe siècle, ainsi que le révèle l’enquête sur les forêts conduite par Joseph Despine (1829)37, l’activité chaufournière est importante sur le Petit Salève. Selon ses statistiques, dans la province de Saint-Julien (une cinquantaine de communes côté Rhône), « il se fait aussi pour les constructions 50 à 60 fours à chaux. Une grande partie de la chaux se prépare sur les communes de Monnetier-Mornex, Essert-Ésery et Étrembières. Chaque four consomme 1 000 à 1 200 fagots. Ils représentent une consommation totale de près de 3 000 stères ». Ces données donnent une consommation moyenne de 55 m3 par cuisson ! À Étrembières, J. Despine rapporte alors que « tous les bois taillis [des particuliers], sauf les vernes38, ne servent que pour les fours à chaux ».

Une exploitation forestière au service de la production chaufournière

  • 39 Mégevand 1995, p. 136.

33La belle forêt de feuillus que l’on peut admirer encore en 2016 ressemble à ce qu’elle était déjà en 1829, les dimensions des arbres mises à part. Les bois communaux étaient alors essentiellement constitués de « chêne taillis et le reste en bois verne », exploités en affouage ; les bois particuliers en taillis comptent « chêne, coudrier, tilleul et plane avec environ 20 journaux de châtaigniers en haute futaie et une partie en verne »39.

Les activités extractives sur le Petit Salève

  • 40 AD Haute-Savoie 11 J 929, p. 477 : à Monnetier, on produit 8 à 10 pierres meulières par an ; p. 49 (...)
  • 41 Bertrandy, Chevrier, Serralongue 1999, p. 231.

34Le réseau viaire sert partiellement à l’exploitation de la chaux, mais également à la production de pierre à bâtir tirée des affleurements calcaires ou des nombreux blocs erratiques majoritairement en granite. Joseph Despine rapporte en 1829 que ces blocs servent essentiellement à la production de « pierres meulières »40. Non loin des Eaux-Belles, un hypothétique dolmen en granite aurait d’ailleurs été détruit en 1836 pour ce même usage41.

35Le tuf formé notamment par les ruisseaux du Petit Salève est aussi une roche employée dans la construction. Les vestiges du château de Châtillon, situés à quelques centaines de mètres des Eaux-Belles, comptent certains niveaux en tuf. L’origine de ces blocs peut très vraisemblablement être locale.

36Depuis le xixe siècle, la montagne du Salève est renommée pour son important potentiel archéologique et plus particulièrement pour les périodes préhistoriques. Terrain de jeu des pionniers de l’archéologie, d’ailleurs le plus souvent genevois (Alphonse Favre, Hippolyte Gosse, François Mayor, François Thioly...), cette montagne livre alors ses richesses archéologiques à la faveur des travaux des carriers.

  • 42 Détrempe sur bois (132 x 154 cm), cote 1843‑0011 et conservé au musée d’Art et d’Histoire de Genèv (...)
  • 43 Broillet, La Corbière (de), Mélo 1996, p. 70‑78.
  • 44 Les auteurs précités proposent de voir au premier plan, dans le lac, la carrière de glaise de Sain (...)
  • 45 Nous adressons tous nos remerciements à Alain Mélo qui nous en a aimablement communiqué l’existenc (...)

37Cette brève évocation de différents états de l’exploitation de la chaux sur le Salève tend à montrer que l’activité extractive est en soi un élément identitaire du Salève. Les carrières y sont de véritables marqueurs paysagers. On le voit très bien aujourd’hui lorsque l’on emprunte l’autoroute qui mène d’Annemasse à Saint-Julien, et on le voyait déjà au début du xxe siècle, comme l’attestent les innombrables cartes postales sur le Salève (et notamment les communes d’Étrembières ou de Monnetier-Mornex) [fig. 13]. Néanmoins l’activité extractive est ancienne, comme le confirment les données historiques et archéologiques, et elle était déjà suffisamment importante au début du xve siècle pour que Konrad Witz (vers 1400‑1445) représente sur son célèbre tableau La pêche miraculeuse42 (fig. 1415) le Petit Salève, et plus particulièrement le secteur à l’aplomb des Eaux-Belles, avec des fronts de taille ! L’étude de cette œuvre assurée par Philippe Broillet, Matthieu de la Corbière et Alain Mélo43, montre que l’artiste a intégré dans cette scène religieuse un certain nombre d’éléments réalistes relatifs aux activités constructives44 et piscicoles, ou à l’architecture des bâtiments visibles alors depuis la place de Saint-Gervais à Genève. Cette représentation des fronts de taille des Eaux-Belles45 (situés à 7 km à vol d’oiseau de la place de Saint-Gervais) constitue donc une attestation supplémentaire de cette démarche volontariste de l’artiste et renforce la perception du lien séculaire entre les carrières et la ville et ses chantiers.

Fig. 13 – Carte postale ancienne, « J.-J. 8016 Monnetier – Vue générale », vers 1910 (collection L. Berman).

Fig. 13 – Carte postale ancienne, « J.-J. 8016 Monnetier – Vue générale », vers 1910 (collection L. Berman).

Fig. 14 – Konrad Witz, La Pêche miraculeuse, 1444, huile sur bois de sapin (H. 132, L. 154 cm) [Musée d’art et d’histoire, ville de Genève, inv. 1843‑0011, cliché Fl. Bevilacqua].

Fig. 14 – Konrad Witz, La Pêche miraculeuse, 1444, huile sur bois de sapin (H. 132, L. 154 cm) [Musée d’art et d’histoire, ville de Genève, inv. 1843‑0011, cliché Fl. Bevilacqua].

Fig. 15 – Extrait de l’œuvre de K. Witz (fig. 14) montrant les carrières des Eaux-Belles.

Fig. 15 – Extrait de l’œuvre de K. Witz (fig. 14) montrant les carrières des Eaux-Belles.

Bibliografia

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Note

1 Sesiano 1988, p 62.

2 Que nous remercions pour son aimable esprit de partage.

3 Frommel 2009, p 36.

4 Archives départementales (AD par la suite) de la Haute-Savoie : E-DÉPÔT 118/1 01, Cadastre Sarde, livre journalier, consignation des mutations de propriété dans l’ordre chronologique, 1733‑1803. L’étude du livre des transports indique que trois générations de meuniers se succèdent à la tête de cette exploitation familiale.

5 Deux grands propriétaires fonciers se partagent alors le territoire de la paroisse de Veyrier (Étrembières) : le comte de Châtillon propriétaire du moulin des Eaux-Belles et l’hôpital d’Annecy.

6 L’étude de la mappe sarde montre aussi que le territoire de la paroisse de Veyrier (Étrembières) est divisé entre trois grandes propriétés foncières et que le moulin des Eaux-Belles est intégré au domaine du seigneur de Châtillon en 1732.

7 Après le rattachement de la Savoie à la France, tous les établissements vont faire l’objet d’enquêtes et être autorisés à fonctionner par un règlement d’eau. Ces dossiers sont riches en procès-verbaux détaillés des installations, accompagnés de plans levés par les ingénieurs du Service hydraulique.

8 Le Code rural (décrets des 28 sept.-6 oct. 1791) ou les décrets des 15 octobre 1810 et 1er mars 1825 donnent des indications sur les dommages causés par ces dérivations et établissent un classement des usines suivant les nuisances qu’elles causent (moulins à chaux, à cailloux ou à ciment sont classés en seconde classe).

9 Il s’agit de la première mention écrite du battoir à chaux.

10 AD Haute-Savoie, 6 S 211, Affaire Abate Joseph, Bachet Eugène, 1911.

11 AD Haute-Savoie, 6 S 211, Affaire Abate Joseph, Bachet Eugène, 1911.

12 AD Haute-Savoie, E-DÉPÔT 118/1 02, Cadastre Sarde : livre de transports, consignation des mutations de propriété par comptes nominatifs des propriétaires, 1733‑1803. AD Haute-Savoie, E-DÉPÔT 118/1 03, Projet Cadastre français, tableau indicatif des propriétaires foncières, de leurs contenances, de leurs revenus des propriétés non bâties, livre 1, 1860. Archives municipales (AM par la suite) d’Annemasse : 36/36, Eaux-Belles-Canalisations, 1884.

13 AD Haute-Savoie, 3 Q, Actes notariés, statuts de la Société Anonyme des Eaux-Belles, 1883.

14 AM Annemasse, 36/40, Plan non daté redessiné (S. Mahfoudi, APS/CG74).

15 Encore que, parfois, le cuvelage puisse être en calcaire : Demarez 2014.

16 D’après les fonds de photographies aériennes de l’Institut géographique national en ligne, en 1927 il a encore sa toiture (photo n° 70 de la mission C3429-0191_1927_NP3_0070). Il l’a perdue en 1936 (photo n° 92 de la mission C3410-0351_1936_F3429A_0092).

17 Raucourt de Charleville 1828, Piot 1860 ou Leduc 1902 donnent nombres d’indications sur les procédés de blutage de la chaux.

18 Auguste Piot (Piot 1860) établit une nomenclature des différentes meules et roches employées selon les usages. Pour le broyage du plâtre ou de la chaux, le granite est généralement utilisé. Les blocs erratiques en granite du Salève ont pu servir pour la confection des meules, voir plus loin.

19 Information de François Girod, directeur de la cimenterie d’Eclépens (Holcim, Suisse).

20 Entre 1851 et 1854, l’hôpital général d’Annecy, propriétaire du château d’Étrembières, demande l’autorisation à l’intendant de la province du Faucigny d’exploiter des carrières de pierres (n° 143 de la mappe de la paroisse d’Étrembières), de faire un défrichement (n° 337) et d’établir à l’emplacement même d’un ancien équipement (n° 328), un four à chaux… (AD Haute-Savoie, 6 FS 137).

21 Mélo 2014, p. 72‑73, citant AD Haute-Savoie, E-DÉPÔT 273.

22 Les vestiges observés se présentent sous la forme de cuvettes creusées partiellement dans le sol et circonscrites sur une bonne partie de leur circonférence par un bourrelet, interrompu par un accès identifié comme correspondant à l’emplacement de l’alandier. Souvent, une zone plane se trouve dans l’axe de l’alandier, correspondant à la zone de travail, notamment pour l’enfournement.

23 Dont l’existence nous a été aimablement communiquée par Nathalie Favre-Bonvin, archiviste de l’Agglomération d’Annemasse.

24 Joseph-François Burdallet (1781‑1851) était ingénieur, géomètre et dessinateur. Ami de Rodolphe Töpffer, il a beaucoup exposé à Genève, https://museris.lausanne.ch/SGP/Consultation.aspx?Id=10295 [consulté en février 2016].

25 Du Bois-Melly 1876.

26 Hassenfratz 1825.

27 Gerber, Portmann, Kündig 2002.

28 Cattin 1993, p. 49‑50 citant AD Côte d’Or, B 9024, Compte de Jean Bérard (17 mars 1335‑29 août 1336) pour la châtellenie de Pont-d’Ain.

29 Cette référence nous a été communiquée par Alain Kersuzan.

30 Environ 8 m de haut.

31 Information de Christophe Vaschalde.

32 Il décrit en 1844 la manière de produire la chaux au Grand-Bornand. ADHS 11 J 860, Rapport sur les principales pierres à chaux en usage pour les constructions dans la province du Genevois. Des restitutions de fours partiellement creusés dans le sol se trouvent dans Gras et Tonini 1979, p. 227.

33 AD Haute-Savoie, SA 14711, information aimablement communiquée par Sylvain Macherat.

34 Mélo 2002.

35 Recherches d’Alain Mélo et Sébastien Perret.

36 Depres 2004 et repérage sur place.

37 Mégevand 1995. Sur Joseph Despine, voir Devos 1987, p. 11‑40 et également Gabion 1981, p. 5‑25.

38 Bois d’aulne.

39 Mégevand 1995, p. 136.

40 AD Haute-Savoie 11 J 929, p. 477 : à Monnetier, on produit 8 à 10 pierres meulières par an ; p. 495 : « Les blocs roulés de granit qui se trouvent isolés et en grand nombre sur la pente orientale du Salève et sur le Mont de Sion sont aussi utilisés pour pierres meulières surtout à Monnetier Mornex et à Présilly. Il s’en fait environ 40 qui s’écoulent dans la province et la Suisse et qui se vendent 100 à 120 francs la pièce, en sorte qu’elles procurent un produit brut de 4 à 5000 F ».

41 Bertrandy, Chevrier, Serralongue 1999, p. 231.

42 Détrempe sur bois (132 x 154 cm), cote 1843‑0011 et conservé au musée d’Art et d’Histoire de Genève.

43 Broillet, La Corbière (de), Mélo 1996, p. 70‑78.

44 Les auteurs précités proposent de voir au premier plan, dans le lac, la carrière de glaise de Saint-Gervais dont les périodes d’exploitation sont bien documentées.

45 Nous adressons tous nos remerciements à Alain Mélo qui nous en a aimablement communiqué l’existence.

Indice delle illustrazioni

Titolo Fig. 1 – Vue de la façade antérieure nord du bâtiment du moulin (cliché S. Mahfoudi, Conseil départemental de la haute-Savoie [CD 74]).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-1.jpg
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Titolo Fig. 2 – La partie sud-ouest du Petit Salève (à gauche) vue depuis Gaillard. À l’arrière-plan le début du Grand Salève (cliché Chr. Guffond, CD 74).
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Titolo Fig. 3 – Moulins d’Aiguebelle, 1826, fusain sur papier (collection Payot, CD 74).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-3.jpg
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Titolo Fig. 4 – Plan de la source des Eaux-Belles réalisé avant 1882 par la société genevoise (AM Annemasse : 36/40).
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Titolo Fig. 5 – Parties constituantes du moulin des Eaux-Belles avant 1882. Schéma réalisé d’après un plan de la source de la cascade (AM Annemasse : 36/40, plan S. Mahfoudi, CD 74).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-5.jpg
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Titolo Fig. 6 – Vue des vestiges du four à chaux des Eaux-Belles (cliché Chr. Guffond, CD 74).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-6.jpg
File image/jpeg, 5,7M
Titolo Fig. 7 – Relevé archéologique des vestiges du four à chaux (DAO Chr. Guffond, CD 74).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-7.jpg
File image/jpeg, 446k
Titolo Fig. 8 – Vue des vestiges du battoir des Eaux-Belles (cliché Chr. Guffond, CD 74).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-8.jpg
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Titolo Fig. 9 – Reconstitution d’un battoir à chaux de la première moitié du xixe siècle d’après Auguste Piot (croquis S. Mahfoudi, CD 74).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-9.jpg
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Titolo Fig. 10 – Joseph-François Burdallet, « 8 juillet 1847. Four à chaux entre Monnetier et Mornex » (Centre d’iconographie genevoise, Ville de Genève, inv. VG 4047).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-10.jpg
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Titolo Fig. 11 – Joseph-François Burdallet, « À Monnetier 17 août 1848. Un four à chaux en ignition, à gauche la carrière d’où l’on extrait la pierre calcaire. Au fond le rideau des Alpes ». Cette nouvelle vue établie par le même artiste, un an après la précédente, livre une représentation d’un autre four. Ce dessin à la mine de plomb extrêmement détaillé renseigne l’activité chaufournière sous bien des aspects : proximité du front de taille, aménagement du four, dimensions, combustibles, ouvriers s’affairant à la cuisson, dégagement de fumée et conduite de la cuisson… (Centre d’iconographie genevoise, Ville de Genève, inv. VG 4047).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-11.jpg
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Titolo Fig. 12 – Illustration par Gustave Roux (1828‑1885) de la nouvelle La veillée des chaufourniers de Charles Dubois-Melly (cliché J.-J. Richard-Pomet). L’histoire se déroule à Étrembières dans la première moitié du xixe siècle et l’illustrateur est connu pour ses représentations réalistes. Si l’on excepte l’animation champêtre, on en apprécie d’autant plus cette nouvelle représentation d’un four à boisage sur le Petit Salève…
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-12.jpg
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Titolo Fig. 13 – Carte postale ancienne, « J.-J. 8016 Monnetier – Vue générale », vers 1910 (collection L. Berman).
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-13.jpg
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Titolo Fig. 14 – Konrad Witz, La Pêche miraculeuse, 1444, huile sur bois de sapin (H. 132, L. 154 cm) [Musée d’art et d’histoire, ville de Genève, inv. 1843‑0011, cliché Fl. Bevilacqua].
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Titolo Fig. 15 – Extrait de l’œuvre de K. Witz (fig. 14) montrant les carrières des Eaux-Belles.
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9807/img-15.jpg
File image/jpeg, 2,0M

Autori

Service archéologie et patrimoine bâti du Conseil départemental de la Haute-Savoie

Service archéologie et patrimoine bâti du Conseil départemental de la Haute-Savoie

CC-BY-NC-ND-4.0

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