Chantiers et matériaux de construction
| ,Jeu de Tétris entre réemploi, grand appareil et ornementation : les élévations romanes de la cathédrale de Lyon
Texte intégral
- 1 De Bruyne 1998, p. 461.
1« La cathédrale est d’une unité parfaite, sans joints apparents, sans lézardes, sans défauts dans la maçonnerie ; d’un effet merveilleux : large et spacieuse, toute claire, ayant la grandeur qu’il faut et les proportions de longueur, de largeur et de hauteur qui conviennent ; elle prouve un métier admirable et ineffable.1 » De cet extrait du Guide des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, œuvre attribuée à Aimery Picaud de Parthenay-le-Vieux et rédigée vers 1140, Edgar De Bruyne écrit qu’il est « une brève synthèse [de] toutes les raisons esthétiques du Moyen Âge ». Pour tout visiteur parcourant le sanctuaire de la cathédrale de Lyon, il dépeint parfaitement cette architecture dont l’édification débuta un quart de siècle plus tard.
- 2 À la même phase de travaux appartient l’établissement du plan général, matérialisé par l’érection (...)
2Les instigateurs du chantier de la partie orientale de l’édifice furent l’archevêque Guichard de Pontigny (1165‑1182) et son successeur Jean Bellesmains (1182‑1193)2. Le projet s’affirme par son caractère monumental et un registre décoratif largement inspiré des mondes romain et byzantin. En plan, le vaste hémicycle de l’abside est précédé de deux larges travées de chœur, elles-mêmes flanquées de deux chapelles latérales à chevet plat. Construites en grand appareil de pierre marbrière polie, les élévations intérieures sont scandées d’arcatures aveugles alternant pilastres et orthostates. Des marbres blancs ou colorés composent de nombreux éléments des supports, de la base au tailloir. Une frise sculptée à décor d’incrustation couronne chaque niveau d’un bandeau bicolore.
- 3 Boissard 2017.
3Au-delà d’une expression architecturale et ornementale remarquable, les trente premières années du chantier de construction se singularisent par les matériaux utilisés et la qualité de leur mise en œuvre. L’étude archéologique des élévations s’est appuyée sur un important travail de relevés manuels, associé à une observation minutieuse et systématique des indices liés à la nature, au façonnage et à l’assemblage des pierres de taille3. Une attention particulière a été portée à la restitution de la géométrie singulière de chaque composante au sein de l’organisation générale de l’appareil. Quelques exemples illustreront ici les résultats de cette analyse du bâti intérieur du sanctuaire. Ils offrent une nouvelle occasion de porter notre regard sur une création issue de la rencontre entre un approvisionnement spécifique, une technicité complexe et un projet d’envergure.
Une construction de réemploi
- 4 Bégule 1913, Aubert 1936, Reveyron 2005.
4Ainsi que l’ont remarqué les différents auteurs qui, depuis Lucien Bégule à la fin du xixe siècle, ont travaillé sur cet édifice, la transition entre les constructions « romane » et « gothique » se lit clairement à la faveur du changement de matériaux qui s’observe dans les élévations intérieures du chœur et de l’abside4. Si, comme toute l’architecture gothique lyonnaise, la cathédrale bénéficia dès l’aube du xiiie siècle de l’exploitation du calcaire dit de Lucenay, extrait de carrières que possédaient les chanoines à environ 25 km au nord de Lyon, à proximité de la Saône, c’est un approvisionnement original qui caractérise la construction romane. Le chantier du xiie siècle a en effet majoritairement utilisé des matériaux prélevés sur les vestiges de la ville antique, occasionnant ainsi une remarquable architecture de réemploi.
- 5 L’étude géologique a été menée par Hugues Savay-Guerraz, ancien conservateur du patrimoine et dire (...)
- 6 Le terme « choin » apparaît dans la charte de la première fondation de la collégiale de Fourvière (...)
- 7 Savay-Guerraz 1990, p. 429.
5Différents types de pierres ont été reconnus lors de l’étude archéologique des élévations intérieures du sanctuaire5, parmi lesquels prédomine le choin6, qui compose la quasi-totalité des parements. Le choin est un calcaire portlandien du Bugey, caractérisé par une extrême compacité et un poids spécifique élevé (2 600 kg/m3), le situant au sommet de l’échelle des duretés dans la classification des tailleurs de pierre. Il fit l’objet d’importations massives à Vienne et à Lyon à partir du milieu du Ier siècle de notre ère. Du fait des caractéristiques propres à cette roche, les constructeurs l’utilisèrent principalement en grand appareil dans l’architecture publique ou privée, y compris pour des éléments tels que les seuils, les dalles de stylobates, les bases et fûts de colonnes, ainsi que pour des monuments funéraires7. À l’époque romaine, son emploi inclut donc le façonnage de certaines moulurations simples, mais jamais celui d’éléments sculptés. Les surfaces planes furent généralement dressées au ciseau grain d’orge, ou égrisées lorsque le parement portait une inscription.
6À contrario, au sein des élévations intérieures de l’abside, du chœur et des chapelles latérales de la cathédrale Saint-Jean‑Baptiste, les pierres de grand appareil de choin ont fait l’objet de traitements de finition très aboutis. De nombreux chapiteaux à feuilles d’eau y ont été sculptés et l’ensemble des parements a été poli.
7Les marbres et autres pierres marbrières occupent également une place importante au sein des élévations orientales de la cathédrale ; ils constituent en particulier les pilastres et les chapiteaux sculptés du banc presbytéral de l’abside, les chapiteaux des lancettes, les frises à décor d’incrustation ainsi que les bases des piles de l’abside et du chœur. Ils ont également été utilisés pour une partie des supports du triforium. Ils composent enfin les colonnettes, bases et chapiteaux des baies des chapelles latérales, auxquels s’ajoutent quelques éléments plus ponctuels des arcatures du niveau inférieur.
- 8 L’identification des marbres a été réalisée par Benjamin Clément (maître de conférences en Antiqui (...)
8En l’absence de caractérisation pétrographique, seules quelques propositions d’identification peuvent être données pour leurs origines géologiques. Ont donc été reconnus8 : des marbres italiens, tels que le marbre blanc laiteux à grains très fins de Carrare (Luni ?) et le marbre blanc veiné de Bardiglio ; des marbres grecs dont un marbre blanc diaphane à gros grains, du greco scritto et du rosso antico ; des marbres d’Asie Mineure, et notamment un marbre blanc veiné semblable à celui de Proconnèse ainsi que des marbres colorés ; mais également, un calcaire dit de « Pouillenay », originaire de Côte-d’Or ; et enfin un poudingue savoyard, le conglomérat de Bourdeau.
- 9 Rival, Tritenne 2006.
9L’utilisation de cette dernière roche mérite d’être soulignée, puisqu’il s’agit du premier exemple identifié dans le Rhône. Les monuments paléochrétiens de Grenoble en concentrent la plupart des éléments reconnus ; elle est cependant traditionnellement considérée comme un matériau de réemploi romain9. Dans la cathédrale romane lyonnaise, ce poudingue constitue deux des pilastres du banc presbytéral de l’abside, et notamment celui du pan central, contre lequel vient s’adosser la cathèdre.
10Deux pilastres de marbre rudentés et cannelés forment par ailleurs les seuls exemples de réutilisation directe identifiés dans les élévations intérieures du sanctuaire : sciés pour être réduits en largeur comme en hauteur, ils s’intègrent à l’arcature du mur sud de la chapelle Saint-Pierre.
- 10 Ponctuellement deux autres calcaires : la pierre de Seyssel et la pierre du Midi, dont nous ne tra (...)
- 11 Cf. note 4.
11Le caractère de réemploi de tous ces matériaux10 – choin, marbres et autres pierre marbrières –, est confirmé historiquement par les sources telles que la charte de 119211, mentionnant explicitement l’exploitation des ruines de la colline de Fourvière, cœur de la ville romaine de Lugdunum et lieu d’implantation de nombreux édifices publics. Il l’est aussi archéologiquement, puisque des indices d’utilisation antérieure peuvent être décelés sur de nombreux blocs.
- 12 Reveyron 2005, Barbarin 2011.
12Cependant, et contrairement à ce qui a pu être observé sur les élévations extérieures12 où les bossages, inscriptions et autres vestiges de la mise en œuvre antique ont été préservés, voire exposés, un soin particulier a été pris pour effacer ces stigmates d’un usage passé sur les parements intérieurs en grand appareil de choin poli du sanctuaire. N’en subsistent que les traces discrètes de creusements plus ou moins profonds dont la suppression aurait nécessité un trop grand enlèvement de matière. Un simple mortier fin et lissé en surface comble les cavités les plus réduites, telles que les trous de pince ou de crochet. L’existence de cavités plus profondes se signale par des bouchons de pierre rectangulaires taillés pour s’insérer précisément dans des encoches aux contours préalablement redressés. Celles-ci peuvent être assimilées, selon leurs dimensions et leur emplacement, à des trous de louve ou des logements d’agrafe.
13Des indices de leur premier emploi apparaissent également au sein des blocs de marbre, dont les plus grands spécimens, pilastres ou longs segments de frise, montrent parfois des perforations ou des découpes inadaptées, ou s’avèrent de dimensions insuffisantes pour leur destination. Un bouchon ou un fragment complémentaire juxtaposé, taillés dans une roche d’apparence plus ou moins semblable, compensent ces lacunes. Les formes irrégulières et les modules hétérogènes des plus petits blocs découlent par ailleurs directement de la récupération systématique de ces matériaux rares et, dès l’origine, destinés à des usages spécifiques.
14Les traces d’utilisation antérieure renseignent en outre sur la façon dont les artisans de la construction romane ont composé avec la configuration d’origine des pierres de réemploi.
- 13 Les pans verticaux pouvaient quant à eux présenter un bossage en tête ou être traités par un cadre (...)
15Ainsi, qu’elle soit liée à l’usage de pinces, de louves ou d’agrafes, la présence de ces marques en parement démontre que ce qui constituait le lit d’attente d’une pierre dans l’appareil de choin antique a régulièrement été utilisé pour en constituer la tête dans l’édifice médiéval. Ces pierres de taille ont donc subi une rotation d’un quart de tour d’une époque à l’autre. Dans la construction romaine, un soin particulier était apporté au dressage des lits de pose et d’attente, seules faces qui devaient être rigoureusement planes13. Cette qualité de planéité semble avoir été privilégiée dans la mise en œuvre du parement médiéval, en dépit des anomalies de surface que constituaient les différentes cavités.
16Au sein d’un bloc, la position des bouchons, et donc des encoches identifiées comme des trous de louve et des logements d’agrafe, nous fournit également des indications sur le degré de retaille apporté à l’appareil romain. De nombreux éléments semblent avoir conservé leurs dimensions d’origine ; en témoignent différents exemples de logements d’agrafe repérables en bordure, à équidistance des angles, ainsi que les trous de louve encore exactement centrés, notamment pour ce qui concerne les orthostates de l’abside et du chœur. Certains monolithes ont cependant subi des découpes entraînant des suppressions conséquentes de matière, liées à un emploi spécifique. Nous en détaillerons quelques cas ci-dessous.
Technicité et mise en œuvre
17Les qualités esthétiques des élévations romanes de la partie orientale de la cathédrale ont été largement commentées ; en particulier celles du grand appareil de choin poli à joints vifs, des deux niveaux d’orthostates rythmés par des pilastres qui structurent les parties basses de l’abside et du chœur, et du singulier décor d’incrustation qui constitue notamment les trois bandeaux qui règlent l’élévation. À ces formes artistiques correspondent des réalisations techniques tout aussi remarquables dans la mise en œuvre du choin comme dans celle du marbre.
Le choin
18Le savoir-faire des tailleurs de pierre se révèle, au premier regard, dans les différents traitements de finition qu’ils ont su appliquer à ce calcaire froid qu’est le choin. Le travail de refouillement nécessaire à la sculpture des chapiteaux à feuilles d’eau et celui de polissage appliqué aux surfaces lisses comme aux reliefs les plus élaborés témoignent d’une exploitation maximale des qualités de cette roche par des artisans expérimentés.
19Cette maîtrise du matériau se double de celle de la stéréotomie et de l’appareillage, qu’illustrent différents exemples au sein des élévations.
20L’utilisation des plus grands modules de choin se combine avec la réalisation de découpes complexes pratiquées dans les trois dimensions. Ce façonnage a pour objectif de tailler dans un unique bloc un ensemble d’éléments qu’auraient aisément pu former plusieurs pierres appareillées. Tout en exploitant de façon maximale les grands volumes disponibles, la mise en œuvre de ces monolithes conduit ainsi à un important enlèvement de matière, contrastant fortement avec l’idée d’une gestion raisonnée, telle que nous l’entendons à l’heure actuelle, du matériau et de l’effort. Nous en donnerons ici trois exemples.
- Trois arcs ouvrent du transept vers le chœur et les deux chapelles latérales ; ils retombent sur quatre piles composées, dont les socles portent pour moitié sur l’emmarchement continu qui matérialise le passage vers le sanctuaire. De part et d’autre des arcs nord et sud14, un même bloc (48 x 150 x > 95 cm)15 constitue à la fois les trois marches et, sur une hauteur équivalente, près d’un quart de la pile composée qui s’y superpose, soit, en plan, trois ressauts du socle (fig. 1)16.
- Entre les hautes lancettes de l’abside, dont l’embrasure est ornée d’une fine mouluration centrale et dont deux colonnettes engagées portent le couvrement en arc brisé, les trumeaux reçoivent eux-mêmes les colonnes adossées supportant la retombée de la voûte. Au sommet des piédroits, sous la naissance des arcs couvrant deux baies adjacentes, un même bloc (66 x 160 x ≈ 80 cm) est taillé pour composer toute la partie du trumeau comprise entre les moulurations des deux embrasures, y compris les trois fûts engagés et les alettes qui les séparent (fig. 2). Le lit d’attente de cette pierre présente par ailleurs deux décrochements successifs destinés à recevoir l’insertion des chapiteaux et tailloirs de marbre qui couronnent les colonnettes.
- Entre le chœur et l’abside, deux piles engagées composées d’un noyau carré flanqué de trois colonnes adossées supportent l’arc-doubleau. Au nord, au-dessus d’un socle d’une hauteur équivalente à celle de l’exèdre, trois monolithes verticaux composent la partie inférieure de la pile, sur une élévation correspondant approximativement à celle des arcatures du banc presbytéral (fig. 3). Le bloc (a) central (230 x 60 x > 60 cm) comprend la colonne centrale et l’angle sud-est du noyau et s’élève 10 cm plus haut que les deux blocs latéraux. Dans le bloc (b) latéral ouest (221 x 52 x > 36 cm) sont taillés l’angle sud-ouest du noyau, la colonne occidentale et le demi-pilastre oriental de l’arcature immédiatement adjacente du chœur. À l’est, le bloc (c) latéral (220 x 42 x > 46 cm) compose, quant à lui, la colonne orientale, et les deux demi-pilastres qui se succèdent ensuite, y compris le chapiteau à feuille d’eau du second, l’un soutenant la corniche sommitale et l’autre l’arcature immédiatement adjacente de l’abside. Les lits d’attente de ces deux pierres présentent par ailleurs des décrochements pour s’adapter à la hauteur inférieure des orthostates (H. 204 cm) et recevoir ainsi l’insertion de l’imposte à l’ouest et du tailloir à l’est. À l’assise supérieure, un bloc (d) unique (73,5 x 120 x ≈ 66 cm) vient couronner l’ensemble, composant en plan l’ensemble de la pile composée et s’adaptant en élévation aux différentes hauteurs des trois pierres inférieures.
Fig. 01 – Bloc d’emmarchement sous la pile sud de l’arc entre le transept et la chapelle Notre-Dame-du-Haut-Don (cliché et DAO E. Boissard).

Fig. 02 – Monolithe au sommet des piédroits des lancettes (cliché E. Boissard ; DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum).

Fig. 03 – Monolithes composant la pile entre le chœur et l’abside au nord (cliché E. Boissard ; DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum).

21En dépit de la complexité des volumes façonnés, l’ajustement s’avère parfaitement exact entre tous ces monolithes et les différents éléments dont ils prolongent les profils.
22À cette manière d’exploiter les plus grands modules en leur imposant de nombreuses découpes, s’ajoutent d’autres exemples de taille impliquant décrochements complexes et ajustements précis des blocs de choin.
- Il en est ainsi du montage caractéristique de l’arcature aveugle du banc presbytéral de l’abside, divisée en sept travées par de hauts pilastres en marbre ou pierre marbrière (H. 240 cm). Chacun de ces pilastres supporte un chapiteau en marbre à décor végétal et figuré, et est flanqué de deux demi-pilastres latéraux en choin, d’une hauteur égale aux deux tiers de celle des précédents (H. 165 cm), et couronnés d’un chapiteau à feuilles d’eau en choin et d’un tailloir en marbre à décor d’incrustation. Les travées se composent de deux orthostates (H. 204 cm ; L. 100 à 128 cm)17, couverts d’arcs en plein cintre jumelés avec retombée pendante taillés dans un monolithe (H. 43 cm ; L. 132 à 138 cm), et séparés par des pilastres cannelés en marbre (H. 165 cm).
Le suivi du travail de restauration nous a permis d’observer l’assemblage des différentes composantes de cette arcature, au niveau des supports rythmant les travées (fig. 4). Les deux demi-pilastres encadrant le haut pilastre en marbre sont taillés dans un même monolithe (a) de choin. Engagé entre les orthostates (b) de deux travées contiguës, ce bloc de choin offre une section légèrement en T ; les courts ressauts ainsi formés en parement, de 18 mm environ, gomment toute visibilité frontale des joints entre les trois éléments. Un évidement central crée parallèlement un profil en U de faible profondeur (34 mm environ), qui permet l’encastrement du pilastre (c) central en marbre, dont la pénétration n’excède cependant pas 16 mm. Ce pilastre présente également une légère section en T, débordant de moins d’un centimètre de part et d’autre sur le double support de choin. Cette découpe suit un tracé préparatoire vertical, dont l’incision a été réalisée sur le chant poli du bloc de marbre. Une autre incision horizontale matérialise l’interruption de la section en T à hauteur du chapiteau du demi-pilastre (fig. 5), immédiatement sous l’astragale ; à ce niveau, ce sont les éléments moulurés et sculptés en choin qui viennent s’ajuster au plus près du pilastre de marbre. Au-dessus du chapiteau, le bloc de choin est réduit en épaisseur, afin de laisser place aux tailloirs de marbre. Ceux-ci ne s’insèrent cependant pas dans la maçonnerie, mais sont appliqués à l’aplomb du parement des orthostates. Des coulures de plomb, visibles sous le lit de pose, suggèrent l’utilisation d’une cheville en métal à l’arrière du tailloir pour sa fixation sur le bloc de choin, dont la hauteur se prolonge (fig. 6), probablement jusqu’à recevoir, dans l’épaisseur de la maçonnerie, la retombée du monolithe où sont taillés les arcs jumelés. Au-delà du tailloir, l’élévation du pilastre central se poursuit, adoptant à nouveau un profil un T encastré entre les monolithes, jusqu’à l’astragale. - Deux niveaux d’orthostates ornent la seconde travée de chœur. L’arcature supérieure est composée de quatre hautes baies aveugles (H. 288 cm) séparées par des pilastres cannelés (H. 250 cm) supportant des arcs trilobés par l’intermédiaire de chapiteaux plats en marbre à décor d’incrustation (fig. 7) ; elle s’élève sur quatre assises. Le stylobate est constitué de trois longs blocs (H. 62 cm ; L. 100 à 212 cm), dans lesquels sont sculptées les bases des pilastres. Au-dessus, le groupement de quatre baies jumelées se compose, pour ses deux tiers inférieurs, de quatre orthostates (H. 208 cm ; L. 98 à 102 cm), encadrés par cinq blocs hauts et étroits (H. 208 cm ; L. 20 à 26 cm) formant les trois quarts de la hauteur des pilastres. Cinq autres pierres composent l’assise suivante (H. 80 cm ; L 65 à 130 cm), posées de manière à ce que les joints montants s’alignent approximativement sur la médiane des orthostates. Chacune forme ainsi une partie du fond des baies aveugles et la partie supérieure d’un pilastre. L’ensemble est couronné de quatre monolithes (H. 43 cm ; L. 132 à 138 cm) dans lesquels sont façonnés les arcs trilobés. Comme dans le banc presbytéral et les autres décors d’arcature inférieurs du chœur, ou ceux des chapelles, l’assemblage entre pilastres et orthostates reprend ici l’artifice consistant à faire adopter une section en T au bloc du support, afin que le léger ressaut ainsi formé masque les joints entre les éléments mis en œuvre. De même, les pierres de la troisième assise sont entaillées en U à l’aplomb des pilastres, afin de recevoir l’insertion des chapiteaux et des tailloirs, d’une profondeur de 9,5 cm environ dont 5 cm de pénétration. Et, là encore, une section en T permet à leur emprise de déborder sur le parement et de couvrir l’échancrure réalisée dans le bloc de choin.
Fig. 04 – Assemblage des blocs au sein du décor d’orthostates et de pilastres des arcatures du banc presbytéral (cliché E. Boissard ; DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum).

Fig. 05 – Détail des incisions préparatoires sur le pilastre central en marbre (cliché E. Boissard).

Fig. 06 – Montage des tailloirs au sein du décor d’orthostates et de pilastres des arcatures du banc presbytéral (DAO Ph. Dessaint).

Fig. 07 – Assemblage des blocs au sein du décor d’orthostates et de pilastres des arcatures trilobées du chœur (DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum).

- 18 Nous avons en effet pu observer en plusieurs points que les parties masquées des pierres présenten (...)
23De tels exemples pourraient être multipliés ; ils témoignent de la manière dont la mise en œuvre du choin constitue un modèle de coupe, de taille et d’assemblage dans cette partie de la cathédrale lyonnaise. Le polissage de finition, réalisé avant le montage des blocs18, a imposé ici un souci d’exactitude supplémentaire, puisqu’il n’autorise aucune rectification à posteriori. L’appareillage à joints vifs a en outre bénéficié de l’utilisation de tables de plomb en amortissement ; elles apparaissent au sein du décor d’orthostates ou des différentes composantes d’un support, et en particulier aux interfaces horizontales entre deux matériaux, tels que choin et marbre.
Le marbre
24La frise à décor d’incrustation qui souligne l’arcature du triforium illustre l’habileté et l’inventivité mises en œuvre dans le réemploi des blocs de marbre. Elle se développe sur une hauteur de 34 cm, soit 9 cm de plus que les frises inférieures et supérieures, et compose le motif le plus élaboré : sous une rangée d’oves, deux liserés encadrent un rinceau de feuillages liés deux à deux par une bague, entre lesquels alternent des figures humaines, animales ou fantastiques. Les blocs présentent des dimensions très hétérogènes ; la hauteur varie de 9 à 34 cm, la longueur de 8 à 170 cm et les profondeurs que nous avons pu mesurer oscillent entre 9 et 18,5 cm (fig. 8). Outre ces modules irréguliers, ils conservent parfois des traces d’utilisation antérieure.
Fig. 08 – Assemblage des blocs au sein de la deuxième frise à décor d’incrustation (cliché et DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum).

25En dépit de cette composition contrastée, la frise déroule un enchaînement continu de motifs au sein de chaque portion d’élévation, tout en s’adaptant parfaitement à la fluctuation des longueurs délimitées par les supports séparant chaque pan ou travée.
26D’un point de vue technique, ce décor d’incrustation repose sur l’association de deux matériaux : le marbre, dans lequel le décor est gravé, et un mortier rouge, qui vient remplir, dans la plupart des cas, le fond du motif, ou, spécifiquement dans les chapiteaux des arcatures trilobées du mur sud du chœur, le contour des figures. Le travail de gravure consiste en une taille d’épargne de 5 mm de profondeur en moyenne, aux contours chanfreinés, dégageant la figure du fond en creux, et conjuguant grands aplats et fins tracés de détail. Le fond des aplats présente souvent une surface grenue, probablement destinée à faciliter l’accroche du mortier d’incrustation. Celui-ci est principalement constitué d’un mélange de chaux et de tuileau finement broyé qui lui confère sa couleur brun-rouge, auquel était probablement ajouté un liant organique, comme le suggèrent les craquelures observées à sa surface.
- 19 Les mouvements subis par l’édifice ont localement provoqué l’écartement des fragments d’une même s (...)
27L’étude archéologique a montré que la sculpture n’a pas été réalisée sur un parement en place, mais bien en atelier, et ce pour chaque bloc pris isolément, jusqu’à l’application, le lissage et le séchage du mortier de remplissage19. Les variations de style et de qualité attestent l’intervention de plusieurs sculpteurs. Cependant, à l’exception de rares maladresses, le décor se déploie sans rupture sur cet assemblage de multiples fragments aux formats hétéroclites.
28Choix et ajustement des blocs aux dimensions de la séquence, tracé continu du motif sur la série ainsi disposée, gravure et incrustation du mortier sur chaque fragment, remontage et mise en œuvre dans l’élévation ; ce travail du marbre, comme celui du choin, a nécessairement impliqué une vision d’ensemble et la mise en place d’un protocole précis pour sa réalisation.
Un projet, des matériaux, un savoir-faire
- 20 De Bruyne 1998, p. 449.
- 21 Bégule 1905.
29Les élévations intérieures du projet roman rassemblent tous les sujets d’admiration qu’Edgar De Bruyne énumère pour l’époque romane : « beauté de la grandeur (magnitudo), de la richesse (somptuositas), du travail (operis subtilitas), de la décoration (venustas), de la variété des couleurs (variatio), de l’éclat et de la lumière (splendor), etc. »20. Cette esthétique se rattache tout naturellement à la Renaissance du xiie siècle et puise ses références dans l’Antiquité, par ses matériaux et l’inspiration de nombre de ses motifs sculptés, tout autant que dans le monde byzantin, par ses jeux de bichromie et la technique du décor d’incrustation21. Expression architecturale remarquable, la réalisation de cette œuvre monumentale apparaît indissociable de son approvisionnement spécifique et des techniques utilisées pour sa mise en œuvre.
- 22 On peut estimer un poids d’environ 2 tonnes par orthostate, et probablement entre 2 300 et 2 900 t (...)
- 23 Si la ville antique s’élevait sur la colline de Fourvière, la cathédrale de Lyon s’est implantée e (...)
- 24 Charron, Guillouët 2009, p. 797‑799 ; Bernard, Bernardi, Esposito 2010.
- 25 Reveyron 2005, Barbarin 2011.
30Quels furent les arguments en faveur d’un approvisionnement constitué quasi exclusivement de matériaux de réemploi ? En dépit de l’organisation qu’a pu nécessiter le transport de charges considérables22 sur une pente de 12 %23, le bénéfice lié à l’exploitation des ruines romaines, propriétés de l’église lyonnaise et situées à seulement environ un kilomètre du chantier, le ferait volontiers résulter du simple argument économique. Sa valeur symbolique apparaît pourtant tout aussi significative24 ; les textes médiévaux témoignent du prestige qu’ajoute une origine antique à la richesse matérialisée par les marbres et autres pierres marbrières dans les descriptions architecturales. Le caractère ostentatoire des réemplois romains s’affirme ainsi largement dans les parements extérieurs25. Il disparaît cependant totalement au sein des élévations intérieures. Les pierres de taille y ont conservé leur fonction, parfois même leurs dimensions, mais y ont subi une importante transformation formelle. Les constructeurs du xiie siècle ont imposé polissage et sculpture aux monolithes de choin, exploitant de façon inédite les qualités de cette roche. Ainsi, l’utilisation et la conversion du choin se trouvent avoir d’abord répondu à des impératifs structurels et esthétiques, au service desquels s’est déployée une rare inventivité technique.
- 26 Reynaud 1998.
31Deux critères convergents semblent en effet avoir présidé aux procédés développés pour la mise en œuvre des blocs de choin. L’emploi de monolithes et leur imbrication, plutôt que leur juxtaposition, confèrent une solide armature à cette partie de l’édifice, bâtie sur des terrains instables gagnés sur la Saône, et dont l’emprise est traversée par un mur antérieur, dangereuse ligne de fracture26. S’y ajoute le soin apporté à l’effacement des joints de ce grand appareil poli, mêlant grandes surfaces lisses et reliefs moulurés et sculptés, choin et marbres polychromes, tout en créant l’illusion d’une construction sans rupture, d’une unité au sein de la variété. À ces caractéristiques esthétiques revendiquées par de nombreux auteurs du xiie siècle, répondent parfaitement les matériaux et les savoir-faire utilisés.
- 27 Au sein des blocs que conserve le stylobate de l’Odéon, qu’Hugues Savay-Guerraz a mesurés, la long (...)
32Pour autant, se pose également la question d’une forme de subordination réciproque de la ressource et du projet. Si l’origine exacte des réemplois s’avère difficile à déterminer, les orthostates semblent avoir conservé pour la plupart leurs dimensions d’origine27. Une telle constatation inspire immédiatement une réflexion sur l’économie du chantier : l’inventaire et la gestion des modules disponibles ont été nécessaires afin de sélectionner un nombre suffisant de pierres de dimensions similaires, tout en limitant ainsi un travail laborieux et sensible de sciage. Elle révèle par ailleurs l’influence directe qu’a pu exercer l’approvisionnement sur le plan même du sanctuaire. La longueur des monolithes fonde en effet celle des travées du chœur et de l’abside, et l’ordonnancement des pilastres et des orthostates dicte ses proportions à l’édifice médiéval.
- 28 Des marques de repérage ont notamment été repérées sur le mur oriental, à la transition entre l’hé (...)
33En résulte une construction d’exception, issue de la conjonction entre un approvisionnement, une technicité et un projet architectural. L’utilisation optimale des matériaux et modules disponibles a induit une administration rigoureuse des ressources et une réflexion sur la structure elle-même. La complexité des agencements a impliqué un calepinage minutieux combiné à l’utilisation de marques de repérage28, ainsi qu’une maîtrise exceptionnelle de la stéréotomie, compte tenu de la dureté des matériaux utilisés et de la précision des découpes à réaliser. Le chantier roman de la cathédrale Saint-Jean‑Baptiste de Lyon, et plus précisément encore celui des élévations intérieures édifiées sous l’archiépiscopat de Guichard de Pontigny, révèle ainsi un savoir-faire et des solutions techniques originales dans la mise en œuvre du grand appareil.
- 29 Pour rappel, le nom de Stefanus apparaît à plusieurs reprises sous différentes formes en Provence (...)
- 30 N. Reveyron retient pour le commencement des travaux la date de 1175, qui est l’année d’installati (...)
34Deux occurrences inédites d’une même signature pourraient être associées à ces réalisations : STE:FANUS, gravée sur un fragment de la frise inférieure du pan sud de l’abside (fig. 9), et STEPHAN FECIT, sur le chapiteau nord-est de la grande arcade sud du chœur (fig. 10)29. Dans les deux cas, les sculptures ainsi signées constituent vraisemblablement les modèles qui ont respectivement servi à la réalisation du motif de doubles volutes adossées et à celle de douze autres chapiteaux et corbeaux du même niveau. Ce maître sculpteur aurait-il pu être l’appareilleur du premier chantier, entre 117530 et 1182 ?
Fig. 09 – Signature STE:FANUS sur un bloc de la frise à décor d’incrustation couronnant le banc presbytéral (cliché J.-M. Reffle, © Drac Rhône-Alpes).

Fig. 10 – Signature STEPHAN FECIT sur le chapiteau nord-est de la grande arcade sud du chœur presbytéral (cliché J.-M. Reffle, © Drac Rhône-Alpes).

35Quoi qu’il en soit, c’est au maître d’œuvre plus qu’à son commanditaire qu’il faudrait attribuer l’exploitation raisonnée des pierres de taille issues des ruines romaines. Celle-ci n’a pu être réalisée sans une connaissance approfondie des vestiges et de leur potentiel, l’adaptation du projet architectural à cet approvisionnement de réemploi, le façonnage et la mise en œuvre tout à la fois maîtrisée et innovante des différentes composantes de l’appareil. Le tout au service d’une création qui, par ses références mêmes, se révèle être une admirable manifestation technique et formelle des aspirations esthétiques de son siècle.
Bibliographie
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Notes
1 De Bruyne 1998, p. 461.
2 À la même phase de travaux appartient l’établissement du plan général, matérialisé par l’érection des premières assises de grand appareil du transept, des travées orientales des murs gouttereaux de la nef et des piles engagées du revers de façade occidentale. L’église antérieure, de dimensions plus modestes, fut donc conservée en usage au sein de l’emprise ainsi délimitée, jusqu’à ce que l’avancement du chantier nécessite sa démolition progressive. La reconstruction de la cathédrale de Lyon s’est néanmoins échelonnée au total sur plus de trois siècles ; le voûtement des travées occidentales de la nef n’est achevé qu’au xive siècle, et l’érection des parties hautes de la façade et des tours, au siècle suivant.
3 Boissard 2017.
4 Bégule 1913, Aubert 1936, Reveyron 2005.
5 L’étude géologique a été menée par Hugues Savay-Guerraz, ancien conservateur du patrimoine et directeur du musée Lugdunum.
6 Le terme « choin » apparaît dans la charte de la première fondation de la collégiale de Fourvière par J. Bellesmains en 1192 : Dedimus etiam eis plateam inqua turris de Collia fuerat, retento tamen per omnia supra dicta quod si major et mater ecclesia fodere vel cavare voluerit, marmorei lapides et illi qui vulgo dicuntur Chaon, proprii erunt ipsius majoris ecclesiae (Cahour 1838, p. 401).
7 Savay-Guerraz 1990, p. 429.
8 L’identification des marbres a été réalisée par Benjamin Clément (maître de conférences en Antiquités nationales et archéologie de la Gaule romaine, université de Franche-Comté).
9 Rival, Tritenne 2006.
10 Ponctuellement deux autres calcaires : la pierre de Seyssel et la pierre du Midi, dont nous ne traiterons pas dans cet article.
11 Cf. note 4.
12 Reveyron 2005, Barbarin 2011.
13 Les pans verticaux pouvaient quant à eux présenter un bossage en tête ou être traités par un cadre d’anathyrose en queue (Adam 1984, p. 53).
14 Au niveau de l’arc triomphal, l’emmarchement a été entièrement repris au cours des travaux du début du xxe siècle.
15 Ces dimensions sont celles du bloc sud de l’arc sud. Par ailleurs, dans l’ensemble du texte, les dimensions indiquées entre parenthèses sont les hauteurs, longueur et profondeur visibles maximales.
16 Sauf indication contraire, les illustrations sont issues d’un travail commun d’Emmanuelle Boissard et de l’équipe d’Archeodunum, composée de Camille Collomb et Aurélie Devillechaise, avec la participation de David Baldassari et Amaury Collet, et de Gevorg Soloyan, stagiaire.
17 Le percement d’une porte dans le mur nord de la chapelle Saint-Pierre au xve siècle permet de mesurer la profondeur d’un orthostate et d’un pilastre, qui est d’environ 45 cm.
18 Nous avons en effet pu observer en plusieurs points que les parties masquées des pierres présentent la même finition. Il apparaît par ailleurs évident que le travail de polissage, incluant plusieurs passages et l’utilisation d’un abrasif et d’eau, s’effectue plus aisément au sol et à l’horizontale.
19 Les mouvements subis par l’édifice ont localement provoqué l’écartement des fragments d’une même section de frise, sans pourtant fissurer le mortier d’incrustation. Ce dernier présente au contraire un bord adouci aligné sur l’arête du bloc, caractéristique d’une application et d’une finition élément par élément.
20 De Bruyne 1998, p. 449.
21 Bégule 1905.
22 On peut estimer un poids d’environ 2 tonnes par orthostate, et probablement entre 2 300 et 2 900 tonnes de choin pour l’ensemble de l’édifice.
23 Si la ville antique s’élevait sur la colline de Fourvière, la cathédrale de Lyon s’est implantée en contrebas, en bordure de Saône.
24 Charron, Guillouët 2009, p. 797‑799 ; Bernard, Bernardi, Esposito 2010.
25 Reveyron 2005, Barbarin 2011.
26 Reynaud 1998.
27 Au sein des blocs que conserve le stylobate de l’Odéon, qu’Hugues Savay-Guerraz a mesurés, la longueur disponible varie de 76 à 193 cm pour une largeur d’environ 153 cm, et une hauteur visible de 50 cm. Seules quatre pierres présentent des dimensions approchantes de celles des orthostates ; de 177 à 260 cm de longueur pour 92 à 124 cm de largeur. Une autre possibilité serait celle des gradins du théâtre, mais aucun bloc n’en a été conservé.
28 Des marques de repérage ont notamment été repérées sur le mur oriental, à la transition entre l’hémicycle du banc presbytéral et les sept pans des lancettes. Ces marques désignent les travées de l’abside par les sept premières lettres de l’alphabet, soit A à G du nord au sud. Elles apparaissent sur deux assises superposées, d’une part celle de la corniche couronnant le niveau inférieur, et d’autre part celle de la base de l’appui taluté des baies.
29 Pour rappel, le nom de Stefanus apparaît à plusieurs reprises sous différentes formes en Provence et dans la basse vallée du Rhône, et notamment à la coupole de la tour de la cathédrale de Viviers, à la cathédrale de Saint-Paul-Trois‑Châteaux, aux églises Saint-Pierre de Larnas et Saint-Polycarpe de Bourg-Saint‑Andéol en Ardèche et à Saint-Trophime d’Arles (Esquieu, Hartmann-Virnich 2007).
30 N. Reveyron retient pour le commencement des travaux la date de 1175, qui est l’année d’installation de l’évêque Guichard de Pontigny à Lyon, et non celle de sa nomination en 1165 (Macabéo 2012, p. 37).
Table des illustrations
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Titre | Fig. 01 – Bloc d’emmarchement sous la pile sud de l’arc entre le transept et la chapelle Notre-Dame-du-Haut-Don (cliché et DAO E. Boissard). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 958k |
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Titre | Fig. 02 – Monolithe au sommet des piédroits des lancettes (cliché E. Boissard ; DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 682k |
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Titre | Fig. 03 – Monolithes composant la pile entre le chœur et l’abside au nord (cliché E. Boissard ; DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
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Titre | Fig. 04 – Assemblage des blocs au sein du décor d’orthostates et de pilastres des arcatures du banc presbytéral (cliché E. Boissard ; DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 568k |
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Titre | Fig. 05 – Détail des incisions préparatoires sur le pilastre central en marbre (cliché E. Boissard). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 536k |
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Titre | Fig. 06 – Montage des tailloirs au sein du décor d’orthostates et de pilastres des arcatures du banc presbytéral (DAO Ph. Dessaint). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 212k |
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Titre | Fig. 07 – Assemblage des blocs au sein du décor d’orthostates et de pilastres des arcatures trilobées du chœur (DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 475k |
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Titre | Fig. 08 – Assemblage des blocs au sein de la deuxième frise à décor d’incrustation (cliché et DAO E. Boissard et équipe de fouille Archeodunum). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 928k |
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Titre | Fig. 09 – Signature STE:FANUS sur un bloc de la frise à décor d’incrustation couronnant le banc presbytéral (cliché J.-M. Reffle, © Drac Rhône-Alpes). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 491k |
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Titre | Fig. 10 – Signature STEPHAN FECIT sur le chapiteau nord-est de la grande arcade sud du chœur presbytéral (cliché J.-M. Reffle, © Drac Rhône-Alpes). |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/9787/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 574k |
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