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Chantiers et matériaux de construction

 | 
Anne Baud
, 
Gérard Charpentier

Introduction générale

Anne Baud, Gérard Charpentier, Maryline Martin et Florian Renucci

Texte intégral

1Le colloque « Chantier et matériaux de construction en Orient et en Occident, de l’Antiquité à la Révolution industrielle » marque l’aboutissement de quatre années de recherches menées dans le cadre des « thèmes transversaux » de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (Lyon), avec la création en 2014 d’un blog largement visité par les internautes (68 000 visites depuis sa création). Initié en 2011, le thème du « chantier » a réuni archéologues, architectes, historiens, géographes et praticiens afin de croiser les sources archéologique et textuelle avec celles du chantier expérimental et de la restauration. Il semble en effet essentiel que les recherches sur les chantiers de construction soient effectuées avec le concours de ces nombreux partenaires : l’historien et l’historien de l’art, qui replacent le bâtiment dans son contexte culturel, économique, social et politique ; le géographe qui restitue l’environnement naturel ; l’archéologue et l’architecte qui déconstruisent mentalement le bâtiment en fonction du choix des matériaux utilisés et des traces provenant des phases de construction ; enfin l’artisan qui, s’appuyant sur son savoir-faire, façonne le matériau, du gisement à la pose finale.

2De même, nous considérons que l’archéologie expérimentale est intrinsèquement associée à la démarche scientifique. Les observations archéologiques ont besoin d’être confrontées au prisme de la restitution. Le chantier expérimental ouvert en 1997 à Guédelon (Yonne) est à ce titre un laboratoire remarquable qui permet de nombreuses expérimentations. De l’extraction de la pierre à la mise en place des voûtes, en passant par les échafaudages, les charpentes, la fabrication des mortiers, l’édification du château de Guédelon ne cesse de mettre à l’épreuve les analyses et les interprétations des scientifiques. Plus qu’une caution intellectuelle ou un apprentissage des métiers de la construction, cette collaboration s’articule autour d’une réflexion commune sur la réalité du bâti. La restitution des gestes et des techniques anciens peut ensuite être comparée aux pratiques des artisans actuels.

3C’est dans ce cadre apparemment peu académique qu’ont eu lieu les rencontres et les séminaires, ouverts également aux étudiants de l’université Lyon 2. Parmi les problématiques dégagées, nous nous sommes particulièrement attachés aux questions ayant trait aux gisements, à l’extraction des matériaux, au transport, au conditionnement, à la fabrication, à la gestion des chantiers et à la mise en œuvre.

4Le colloque de Guédelon reflète l’avancée de ces travaux collectifs. Il avait pour ambition de présenter à un large public (scientifiques, praticiens et passionnés du bâti) les différentes phases d’un chantier de construction, avec des communications portant sur les matériaux, le transport et la mise en œuvre en Occident et en Orient, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne. La dernière matinée a été consacrée à des interventions sur la valorisation des sites à travers la restauration et l’expérimentation. Au-delà de l’ouverture sur la dimension patrimoniale, ces chantiers internationaux sont essentiels et complémentaires à nos travaux de recherches.

  • 1 Fl. Renucci, maître d’œuvre, chantier de Guédelon, « La mise en œuvre d’une voûte à croisée d’ogiv (...)

5Sur les vingt-quatre interventions programmées, vingt-deux ont été filmées et diffusées sur Youtube en 2016 (« Guédelon Colloque 2015 »). Sur les dix-neuf contributions réunies, en 2017, en vue d’une publication scientifique, quinze apparaissent dans cet ouvrage sous la forme d’articles et quatre, présentées sous la forme de témoignages et retours d’expérience, sont diffusées, pour des raisons liées à la ligne éditoriale de MOM Éditions, sur le blog chantiers.hypotheses.org1.

6Compte tenu de la diversité des articles qui constituent cette publication, nous avons choisi de présenter les actes en privilégiant deux aspects essentiels, équivalant aux deux parties présentées dans le sommaire. La première rassemble des études de cas présentés suivant un ordre chronologique. La seconde réunit des articles liés à des travaux d’expérimentation, de restauration et de gestion du patrimoine.

Notes

1 Fl. Renucci, maître d’œuvre, chantier de Guédelon, « La mise en œuvre d’une voûte à croisée d’ogives dans une chapelle castrale du xiis. », Chr. Le Barrier, archéologue, Inrap, « Maçonnerie et construction publique. Regard sur la ville antique d’Augustonemetum », Ph. Bertone, restaurateur-stucateur (Forcalquier), « Une réhabilitation du plâtre dans les constructions traditionnelles », Ph. Griot, tailleur de pierre (Cluny), « Le geste et l’outil : les principes de taille de pierre et l’utilisation de la boucharde ».

CC-BY-NC-ND-4.0

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