Akh Purattim 3
| , , ,Le verrou de halabiyé
Nouveau projet archéologique au verrou de Halabiyé (Deir-ez-Zor)
Rapport préliminaire de la première campagne à tell Qabr Abu al-‘Atiq1
Texte intégral
- 1 Ce programme archéologique fait partie des projets de recherche « Expedición arqueolóxica da Unive (...)
1Tell Qabr Abu al-‘Atiq est un site archéologique situé en rive gauche de la vallée du Moyen-Euphrate syrien (fig. 1) et à l’entrée du verrou basaltique de Halabiyé (mohafazat de Deir-ez-Zor). Le site est formé de deux parties bien différenciées : d’un côté, une petite colline d’environ 2 000 m2, située à l’extrémité occidentale, et de l’autre une grande « ville basse » de 6 hectares de superficie, de forme très irrégulière à cause de la topographie sinueuse de la terrasse sur laquelle se trouve le site.
2L’établissement de tell Qabr Abu al-‘Atiq a été bâti sur une terrasse quaternaire, dont l’aspect actuel est le résultat d’une érosion non négligeable. Cette terrasse se trouve à côté d’un ancien méandre de l’Euphrate, aujourd’hui abandonné par le fleuve (fig. 2). Le caractère stratégique du site est évident, parce que depuis la colline principale il y a un excellent contrôle visuel sur l’accès au défilé de Halabiyé et, par conséquent, sur le trafic fluvial dans la région pendant l’Antiquité. Par sa genèse géologique et sa géographie, il s’agit, en effet, d’un secteur clé de l’Euphrate syrien, situé à mi-chemin entre le Balikh et le Khabur, qui a servi de frontière naturelle, et politique éventuellement, tout au long de l’histoire de la région syro-mésopotamienne.
LES TRAVAUX PRÉCÉDENTS
- 2 Sachau 1883, p. 255.
- 3 Sarre et Herzfeld 1911, p. 165.
- 4 Bell 1924, p. 66-68.
- 5 Lauffray 1983, p. 72-73.
- 6 Kohlmeyer 1986, p. 54.
- 7 Einwag, Kohlmeyer et Otto 1995, p. 102-104.
3Le site est déjà cité en 1883 comme « Gabr el-Abû ‘Atič » dans la littérature de voyages par l’Allemand Eduard Sachau2. Friedrich Sarre et Ernest Herzfeld l’ont appelé Khānūqah, en l’identifiant avec la forteresse byzantine d’Annoucas mentionnée par Procope (De Aedif. II, 68)3. Gertrude Bell fait référence au site sous le nom d’Abu ‘Atîk, qui serait à identifier, également d’après l’archéologue anglaise, avec les ruines de l’ancienne Annoucas4, qu’elle décrit de la façon suivante : « stone and brick foundations, some of them built of great blocks of hewn basalt ». Dans les années quarante, l’architecte français Jean Lauffray confirmait le nom du site, Qoubr Abou al-‘Atiq, mais il a proposé une chronologie encore plus récente, parce que, à son avis, il n’y avait pas d’objets qui puissent avec certitude être datés antérieurement à l’époque islamique5. Ensuite, Kay Kohlmeyer a affirmé, après la visite du site (dénommé Tall Gabr Abu ‘Atiq dans son rapport), qu’il s’agissait d’un tell de l’âge du Bronze Ancien6. Mais, plus récemment, il a signalé l’existence d’une nouvelle phase d’occupation du site, à dater de la période médio-assyrienne7.
- 8 Montero Fenollós et al. 2008, p. 87.
4La prospection de la mission syro-espagnole à Deir-ez-Zor, réalisée en 2005-2007 au verrou de Halabiyé/Hanuqa, n’a donné aucune céramique d’époque byzantine ou islamique, bien que cette datation ait été proposée par certains auteurs pour le site. D’après les tessons ramassés, nous avons repéré deux phases archéologiques différentes : l’une datée du début du Bronze Ancien et l’autre du Bronze Récent8.
LA CAMPAGNE DE 2008
- 9 L’équipe de la première campagne, qui a eu lieu au mois de juillet, était constituée de Juan-Luis (...)
5La première campagne de fouille sur le terrain s’est orientée vers trois sondages9, un premier situé au sommet de la colline principale du site (sondage A) et, à 120 m à l’est, deux dans le secteur qu’on a appelé ville basse (sondages B et C). L’objectif de cette planification de fouille a été conçu à partir des travaux de prospection des dernières campagnes, afin de confirmer l’occupation médio-assyrienne sur le tell, et attester l’existence d’un établissement du Bronze Ancien en « ville basse ».
Sondage dans la partie haute du tell : sondage A (fig. 3)
6Le sondage (7 m sur 3 m) a été situé dans la limite occidentale du sommet du tell. Les travaux réalisés sur le chantier nous ont permis de constater que cette partie du site a été occupée et utilisée pendant deux périodes tout à fait différentes. La fouille a montré jusqu’à présent une occupation à l’époque islamique et une autre à dater du Bronze Récent II.
7La dernière utilisation du site de tell Qabr Abu al-‘Atiq a été celle d’un cimetière de rite islamique à une époque difficile à préciser, mais sans doute ancienne. Il s’agit de huit tombes en fosse simple. Le défunt est déposé de façon latérale avec une orientation ouest-est et le visage vers le sud. Les tombes étaient signalées par une série de pierres placées sur la fosse funéraire.
8Les fosses de ces tombes ont été creusées à partir d’un niveau archéologique plus ancien datant de la fin du II e millénaire av. J.-C. Ce niveau était constitué par les restes d’un bâtiment effondré, dont a été mis au jour un petit secteur. Les vestiges architecturaux dégagés ont été les suivants :
- mur en brique crue (UC. 104) : longueur dégagée 2,70 m, hauteur conservée 1,40 m, épaisseur inconnue et format de la brique 40 sur 40 cm ;
- mur en brique crue (UC. 102) : longueur dégagée 1,75 m, hauteur conservée 66 cm, épaisseur inconnue, et format des briques divers : 39 sur 39 cm, 50 sur 39 cm et 50 sur 31 cm ;
- sol (US. 114) construit en terre battue ;
- porte (UC. 105) : largeur 1 m.
9Ces quatre éléments architecturaux délimitent une pièce d’un bâtiment de nature incertaine pour le moment (fig. 4). De cette pièce, de dimensions inconnues, dénommée numéro I, on a fouillé durant cette campagne une surface de 6,59 m2. Le sol était couvert d’une couche de terre mêlée à des éléments architecturaux, briques crues et restes de la couverture (empreintes avec des traces de natte), rougis par l’action du feu qui a détruit l’édifice. En fait, on peut observer aussi les traces laissées par le feu sur la surface des murs. Cette destruction violente est observable par le fait que tout le mobilier céramique est resté écrasé et a brûlé sur place lorsque l’effondrement du bâtiment a eu lieu (fig. 5). Pour cette raison, nous avons trouvé dans la pièce I un ensemble de céramiques tout à fait cohérent pour obtenir une datation précise sur la fin de ce bâtiment à l’époque du Bronze Récent. Ce répertoire était formé de types divers : grandes jarres de stockage, petits vases, marmites, petites jarres, etc. (fig. 6 et 7).
10À la limite ouest du tell et du sondage A été identifié un mur (UC. 101) de pierre non taillée en gypse, basalte et calcaire dont l’épaisseur ne dépasse pas un mètre. Ce mur était formé d’un parement extérieur d’un seul lit de pierres de grande taille et d’un remplissage intérieur de pierres de petites dimensions. Cette technique constructive, ainsi que la faible épaisseur de ce mur (0,75-1 m), fait penser à un mur de terrassement plutôt qu’à un mur défensif. Reste aussi à résoudre la question de la datation, mais il est vrai qu’entre les pierres de ce mur gisait un gobelet à dater au Bronze Récent II. À la prochaine campagne, nous espérons trouver une réponse définitive à la fonction et à la datation précises de ce mur qui se prolonge en bordure occidentale du tell.
Sondages dans la « ville basse » : sondages B et C (fig. 8)
11Les travaux de prospection menés durant les campagnes 2005-2007, en particulier les tessons ramassés en surface de façon systématique, ont mis en évidence que, dans l’Antiquité, la « ville basse » de tell Qabr Abu al-‘Atiq a été occupée principalement, sinon exclusivement, à l’époque du Bronze Ancien. Lors de ces campagnes de prospection, on a repéré en surface des tracés de murs en briques ainsi que des alignements de grands blocs en basalte.
12Lors de cette campagne, nous avons réalisé un sondage (4 m sur 7 m) sur des tracés de murs en brique, visibles en surface, d’un bâtiment situé à quelque 60 m à l’est du pied de la colline principale du tell. Le sondage avait pour objectif, d’une part de vérifier la nature ainsi que la date du bâtiment, et d’autre part, de mettre en évidence les différentes phases d’occupation de la « ville basse » de tell Qabr Abu al-‘Atiq.
13Visibles en surface, et donc malheureusement très érodés, ont été mis au jour les murs nord, ouest et sud d’une pièce quadrangulaire (appelée pièce I), ainsi qu’une porte dans le mur sud (porte 1). Après le dégagement de diverses couches de briques d’effondrement décomposées, une dernière couche, de terre meuble et sableuse, recouvrait le sol de la pièce I. Le sol et l’enduit des murs intérieurs de la pièce étaient réalisés en plâtre. Ce sol, un peu défoncé au milieu de la pièce, n’est pas tout à fait horizontal (fig. 9).
14Afin de compléter le plan de la pièce I, il fut décidé d’ouvrir un nouveau sondage (5 m sur 7 m) vers l’est (appelé sondage C), séparé du sondage B par une berme d’un mètre. De la même façon qu’au sondage B, des murs en brique très érodés ont été dégagés. Ils délimitent une nouvelle pièce (pièce II) associée à la pièce I. Le sol, qui se trouve à un niveau un peu plus haut que celui de la première pièce, et l’enduit des murs présentent les mêmes caractéristiques que ceux de la pièce voisine. Dans ce secteur, nous avons identifié deux couches : l’une de terre meuble sur le sol et, au-dessus, une autre plus épaisse de briques effondrées, abîmées et décomposées.
15Au cours de la fouille, nous avons décidé d’enlever la berme qui séparait les sondages B et C. Elle cachait effectivement le mur qui séparait les deux pièces ainsi que la porte qui les faisait communiquer. Le dégagement de la berme a mis en évidence la relation stratigraphique entre les deux pièces voisines : la couche de terre meuble et la couche de briques effondrées se trouvent de part et d’autre du mur. Mais le décalage entre les deux sols (le sol de la pièce II est 20 cm plus haut) montre une dénivellation entre ces deux pièces, qui communiquaient par une porte (n o 2) large de 60 cm, comme la porte 1. La porte 2 présente une marche de 40 cm de profondeur, qui conserve des traces d’enduit de plâtre (fig. 10).
16Dans la partie nord de la pièce II, un aménagement ressemble à une sorte de bassin rectangulaire (2,05 m sur 0,95 m). Celui-ci est défini par : un mur de briques de 10 cm d’épaisseur et 30 cm de hauteur, de direction ouest-est, avec un enduit de plâtre, et les trois murs de la pièce II (fig. 10). Il est important de remarquer que, dans une deuxième phase, le bassin a été réaménagé, rempli et transformé pour servir de banquette.
17La suite des travaux de fouille dans les sondages B et C a permis de dégager la partie extérieure des deux pièces. Vers l’est de la pièce II, nous avons décelé la suite ou prolongement des murs nord et sud, c’est-à-dire ce qui semble constituer une nouvelle pièce du bâtiment (pièce III). Il faut remarquer que la face externe du mur sud de cette nouvelle pièce présente une légère déviation vers le sud, voire un angle avec le mur nord-sud un peu inférieur à 90°, laquelle s’accorde d’autre part aux traces des murs visibles en surface sur le secteur du tell à l’est du sondage C. Le nettoyage de l’espace intérieur de la pièce III a mis au jour quelques blocs de basalte de la fondation du mur, très proche de la surface à cause de la forte érosion.
18Vers le sud des pièces I et II, a été mis en évidence le départ de trois murs malheureusement très érodés, qui suivent une orientation nord-sud. Il est donc possible de proposer encore deux nouvelles pièces (IV et V), appartenant au même bâtiment. En revanche, vers le secteur nord du sondage, la fouille n’a livré aucun vestige de murs. En effet, il y avait une couche formée, tout au long des murs nord des pièces I et II, d’une terre grise cendreuse, mélangée de cailloux et de galets, en légère pente vers le nord, c’est-à-dire vers l’extérieur de l’édifice. Il s’agit donc, selon toute vraisemblance, d’un espace ouvert, sans doute une rue, qui délimitait vers le nord le bâtiment en question. Un petit sondage dans l’angle nord-ouest a mis en évidence l’aménagement de la rue au moyen d’une couche de base formée de pierres de basalte de taille petite et moyenne (fig. 11).
19Le secteur situé à l’ouest de la pièce I fut choisi pour réaliser un petit sondage stratigraphique, c’est-à-dire pour mettre en évidence les différentes phases d’occupation de la « ville basse » du tell. Les travaux dans ce secteur ont permis de dégager la fondation du mur ouest de la pièce I, qui était constituée de deux assises de blocs de basalte, de gypse et de calcaire de forme irrégulière et de taille grande et moyenne. On a pu constater l’absence d’une tranchée de fondation, étant donné que les pierres ont été placées directement sur la couche géologique, c’est-à-dire sur le conglomérat de cailloux et de gypse qui forme la terrasse du tell (fig. 12).
20En somme, les travaux effectués dans les sondages B et C (fig. 13) ont mis au jour des murs en brique et des fondations en pierre d’orientation ouest-est et nord-sud, dont la largeur varie entre 0,80 m et 1,20 m ; ces murs délimitent deux pièces complètes, la pièce I qui est presque carrée (3,20 m sur 3,05 m), et la pièce II (3,13 m sur 1,90 m), qui possède au nord une sorte de bassin rectangulaire (2,05 m sur 0,95 m). Les deux pièces communiquent entre elles par une porte de 0,60 m de largeur ; la pièce I donne accès à une autre pièce (appelée IV), située au sud par une porte de la même largeur.
21Les objets, pas très abondants, retrouvés dans les pièces, ne permettent pour le moment de définir ni la fonction des salles, ni celle du bâtiment auquel ils appartiennent. Les dimensions de ce bâtiment, qui se prolonge vers l’est (pièce III) et le sud (pièces IV et V), devront être définies dans les prochaines campagnes. Par contre, on croit avoir pu repérer la limite septentrionale du bâtiment, c’est-à-dire le mur nord des pièces I et II, à l’extérieur duquel se trouve une rue, aménagée avec des petits cailloux et des galets, et dégagée seulement partiellement lors des travaux de cette campagne.
22À en juger par les travaux réalisés, la « ville basse » de tell Qabr Abu al-‘Atiq a connu seulement une phase d’occupation, qui a souffert malheureusement d’une érosion très forte. En effet, le sol vierge ou couche géologique se trouve à 1,50 m de la surface actuelle au sondage B, et elle peut se trouver à une profondeur encore moindre dans d’autres secteurs étant donné la morphologie du site. Les pièces du bâtiment fouillé ont été bâties directement sur la terrasse géologique.
23La céramique découverte lors de ces travaux est représentée par une centaine de tessons et, plus important, par deux vases (une petite jarre et une grande jatte) trouvés en place dans le sol de la pièce I (fig. 14). L’étude préliminaire de ces exemplaires, ainsi que des tessons, montre des comparaisons avec le mobilier céramique de la Ville I de Mari.

Fig. 12 – Sondage B : mur ouest de la pièce I avec les fondations en pierre sur la couche géologique vers l’est
BREF BILAN SUR L’INTÉRÊT HISTORIQUE DE LA RÉGION DE HALABIYÉ ET DU SITE
24Les résultats de la prospection réalisée par la mission syro-espagnole entre 2005 et 2007 ont montré que la région du verrou de Halabiyé a été occupée et contrôlée par l’homme durant différentes phases historiques depuis la fin du IV e millénaire av. J.-C., contrairement à ce que les auteurs précédents ont affirmé. Notons les phases identifiées par la prospection : période d’Uruk Moyen et Récent, Dynasties archaïques I-II, période des Shakkanakku, dynastie Lim, période médio-assyrienne, époque romano-byzantine et période islamique, en somme quatre millénaires environ d’histoire.
25Cette continuité de l’occupation montre bien l’importance géopolitique et économique de la région prospectée : de tell Humeida à l’entrée (6 km au nord du verrou) jusqu’à tell Abu Fahd à la sortie (6 km au sud du défilé). Le site de tell Qabr Abu al-‘Atiq, situé en rive gauche, participe aussi de la même importance stratégique et donc historique de la région du verrou. Par sa position géographique, près d’un ancien méandre de l’Euphrate et de l’entrée de la gorge de Halabiyé, tell Qabr Abu al-‘Atiq nous semblait un site clé pour étudier et comprendre les processus historiques (politiques, économiques, militaires, etc.) du contrôle d’un territoire entre le début du IIIe et la fin du IIe millénaire av. J.-C. dans la vallée du Moyen-Euphrate syrien.
- 10 Pfälzner 2007, p. 250.
- 11 Pfälzner 1995.
26Les sondages réalisés pendant cette campagne ont confirmé la valeur historique du site. D’une part, le sondage A a permis de faire la mise au jour partielle d’une pièce d’un bâtiment détruit par un incendie, dont l’effondrement a écrasé sur le sol un lot de vases en céramique. L’étude de cet ensemble nous fait penser qu’il s’agit de ce qu’on a appelé « poterie administrative médio-assyrienne », une production d’un répertoire céramique standardisé sous le contrôle impérial d’Assur10. Les comparaisons typologiques avec la phase I du site de tell Sheikh Hamad, dans la vallée du Khabur, nous permettent de dater la collection de tell Qabr Abu al-‘Atiq à la phase initiale de la période médio-assyrienne I11.
- 12 Lebeau 1985, 1990 et 2007.
27En ce qui concerne les sondages B et C, la céramique découverte est représentée par quelques tessons et par deux vases trouvés en place dans le sol de la pièce I. L’étude préliminaire de cette collection montre des comparaisons typologiques avec la céramique des couches 8-14 du chantier B et dans le tombeau 300 de Mari12. Ces exemplaires, ainsi que les tessons ramassés dans la prospection (céramique métallique et poterie « Ninive 5 » à décor excisé), nous font penser à une datation, encore provisoire, dans le cadre chronologique de la fin de la Ville I de Mari, probablement au deuxième quart du IIIe millénaire av. J.-C.
28En guise de bilan préliminaire sur cette première campagne à tell Qabr Abu al-‘Atiq, on peut affirmer que nous sommes devant un site d’une valeur historique tout à fait exceptionnelle, pour étudier, d’une part, la politique territoriale des rois assyriens au xiiie siècle av. J.-C. et, d’autre part, la naissance de la vie urbaine entre la chute de la culture d’Uruk et la période dite de la « deuxième révolution urbaine » dans la vallée du Moyen-Euphrate syrien.
- 13 Luciani 1999-2001, p. 102.
- 14 Parrot 1937, p. 81-84 ; Margueron et al. 1993, p. 17-19.
- 15 Sur la faible présence de vestiges médio-assyriens dans la vallée du Haut Euphrate syrien cf. Tenu(...)
29La période médio-assyrienne est bien connue en Syrie grâce aux fouilles menées dans les vallées du Balikh (à tell Sabi Abyad, tell Khuera, Khirbet esh-Shenef, etc.) et du Khabur (à tell Sheikh Hamad, tell Barri, tell Hamidiya, etc.). Néanmoins, la présence des Assyriens dans la vallée moyenne de l’Euphrate, évoquée par les rois Adad-nêrârî Ier, Salamanazar Ier et Tukultî-Ninurta Ier dans des inscriptions13, était seulement identifiée dans la nécropole médio-assyrienne qui avait occupé les ruines du palais de Zimri-Lim et dans la bourgade fouillée partiellement au chantier E de Mari14. Par conséquent, tell Qabr Abu al-‘Atiq devient le seul site de toute la vallée du Moyen-Euphrate syrien à apporter une information nouvelle pour connaître le modèle d’habitat d’un établissement assyrien (une petite forteresse ou citadelle ?) du xiiie siècle15, dans une période de grande complexité politique dans la région.
30De même, il faut aussi remarquer qu’aujourd’hui il n’y a aucun site du IIIe millénaire av. J.-C. fouillé, à notre connaissance, dans la vallée de l’Euphrate entre les fleuves du Balikh et du Khabur. En effet, tell Qabr Abu al-‘Atiq est le seul site des phases initiales du Bronze Ancien en cours de fouille entre Tuttul/tell Bi’a et Terqa/tell ‘Ashara. Tell Qabr Abu al-‘Atiq est un tell magnifique pour étudier l’urbanisme et l’architecture des premiers siècles du IIIe millénaire av. J.-C., étant donné qu’il s’agit, d’après les sondages B et C, d’une fondation nouvelle.
Bibliographie
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2006 « Du Tigre à l’Euphrate : la frontière occidentale de l’empire médio-assyrien », State Archives of Assyria Bulletin 15, p. 161-181.
Notes
1 Ce programme archéologique fait partie des projets de recherche « Expedición arqueolóxica da Universidade da Coruña no Medio Éufrates sirio. Cidade e vida urbana en Mesopotamia (IV-III milenio a. C.) », Xunta de Galicia (10 PXIB 167 197 PR), et « Investigaciones arqueológicas en el Medio Éufrates. De la cultura de Uruk al reino de Mari : urbanismo y vida urbana en Mesopotamia (IV y III milenios a. C.) », Secretaría de Estado de Investigación, Desarrollo e Innovación (HAR2010-15866). Les institutions des auteurs sont respectivement : université de La Corogne, DGAM (Idlib), Université nouvelle de Lisbonne, CSIC (Madrid).
2 Sachau 1883, p. 255.
3 Sarre et Herzfeld 1911, p. 165.
4 Bell 1924, p. 66-68.
5 Lauffray 1983, p. 72-73.
6 Kohlmeyer 1986, p. 54.
7 Einwag, Kohlmeyer et Otto 1995, p. 102-104.
8 Montero Fenollós et al. 2008, p. 87.
9 L’équipe de la première campagne, qui a eu lieu au mois de juillet, était constituée de Juan-Luis Montero, Shaker al Shbib, Francisco Caramelo, Ignacio Márquez, Yarub alAbdalha, Rama Zawawi, Ana García, Ana Bermejo, Jon Uranga, Sergio Cerra, Eloy Taboada et treize ouvriers locaux. Nous voudrions remercier monsieur le directeur général des Antiquités et Musées de Syrie, le D r Bassam Jammous, ainsi que le Dr Michel al Maqdissi, directeur du service des fouilles archéologiques de la DGAM, pour toutes les facilités qui nous ont permis de mener à bien ce projet de recherche. Notre gratitude est grande envers la Fondation Osmane Aïdi, qui nous a fourni l’hébergement et la nourriture pour l’équipe, le transport et les ouvriers locaux nécessaires pour mener à bien notre travail à Deir-ez-Zor. Madame Rawa Batbouta (Chamtour, Damas) a mis à notre disposition tout ce dont nous avions besoin pour garantir le succès de notre entreprise. L’ambassade d’Espagne à Damas nous a offert son soutien dès le début du projet. Cette campagne a été possible grâce aussi à une subvention du ministère de la Culture espagnol (Dirección General de Bellas Artes y Bienes Culturales), de la mairie de Ferrol (Galice, Espagne), de l’université de La Corogne (Campus de Ferrol), et du CSIC (Instituto de Culturas y Lenguas del Mediterráneo y Oriente Próximo) de Madrid. L’aide de toutes ces personnes et de tous ces organismes nous a été précieuse et nous leur en savons gré.
10 Pfälzner 2007, p. 250.
11 Pfälzner 1995.
12 Lebeau 1985, 1990 et 2007.
13 Luciani 1999-2001, p. 102.
14 Parrot 1937, p. 81-84 ; Margueron et al. 1993, p. 17-19.
15 Sur la faible présence de vestiges médio-assyriens dans la vallée du Haut Euphrate syrien cf. Tenu 2006, p. 167-173.
Table des illustrations
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Légende | Fig. 1 – Situation de tell Qabr Abu al-‘Atiq au verrou de Halabiyé |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 469k |
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Légende | Fig. 2 – Vue du paléoméandre prise de tell Qabr Abu al-‘ Atiq |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 214k |
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Légende | Fig. 3 – Sondage A |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 330k |
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Légende | Fig. 4 – Sondage A : vue générale de la pièce I vers le nord-ouest |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 417k |
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Légende | Fig. 5 – Sondage A : céramique écrasée dans la pièce I (vue vers le sud-est) |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 429k |
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Légende | Fig. 6 – Sondage A : grande jarre médio-assyrienne |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 148k |
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Légende | Fig. 7 – Sondage A : gobelets médio-assyriens |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 75k |
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Légende | Fig. 8 – Sondages B et C |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 779k |
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Légende | Fig. 9 – Sondage B : vue de la pièce I avec les portes 1 et 2 vers le sud |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 111k |
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Légende | Fig. 10 – Sondage C : vue de la pièce II avec le bassin vers le sud |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 119k |
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Légende | Fig. 11 – Sondage B : vue de la rue au nord de la pièce I vers le sud-est |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 116k |
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Légende | Fig. 12 – Sondage B : mur ouest de la pièce I avec les fondations en pierre sur la couche géologique vers l’est |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 105k |
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Légende | Fig. 13 – Sondages B et C : vue générale, vers le sud, sur la vallée de l’Euphrate |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 307k |
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Légende | Fig. 14 – Sondage B : céramique trouvée sur le sol de la pièce I |
URL | http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4509/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 76k |
© MOM Éditions, 2015