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Akh Purattim 3

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Jean-Claude Margueron
, 
Olivier Rouault
, 
Pascal Butterlin
, 
et al.

Mari et sa région

Mission archéologique française de tell Hariri-Mari : rapport préliminaire à l’issue de la 43e campagne (septembre-octobre 2006)

Pascal Butterlin

Texte intégral

INTRODUCTION

1La 43e campagne de la mission archéologique française de Mari s’est déroulée du 5 septembre au 24 octobre 2006. L’équipe est arrivée pour l’essentiel le 7 septembre puis de manière échelonnée jusqu’au 22 septembre. Elle a retrouvé à Damas l’équipe d’épigraphistes à pied d’œuvre sur l’étude des tablettes Shakkanakku, depuis le début du mois d’août. Antoine Cavigneaux a rejoint l’équipe au cours du mois de septembre.

2Elle a compris cette année deux topographes (Pascal Rieth et Laurent Vallières, Inrap), quatre architectes (Françoise Laroche-Traunecker, Nicolas Bresch, Lorraine Sartorius, Soline Delcros), huit archéologues (Béatrice Muller-Margueron, CNRS, Dominique Beyer, université de Strasbourg II, Wael Abu Azizeh, boursier Ifpo, Leila Ayache, doctorante, Julien Chanteau, doctorant, Hélène Criaud, doctorante, Julie Patrier, doctorante, Sébastien Rey, boursier Ifpo), un dessinateur et céramologue (Hubert Mathot), une anthropologue (Joyce Nassar), deux épigraphistes (Antoine Cavigneaux, université de Genève, et Laurent Colonna d’Istria, épigraphiste), un paléomagnéticien (Yves Gallet, IPG de Paris). Outre l’université de Versailles Saint-Quentinen-Yvelines, laboratoire Urmed, les partenaires scientifiques de cette campagne ont été l’université Marc Bloch de Strasbourg, l’université de Genève et l’Institut de physique du globe de Paris. La mission a été soutenue, pour son financement, par le ministère des Affaires étrangères, le CNRS (Versailles Saint-Quentin, Institut de physique du globe de Paris, université de Strasbourg II) et l’université de Genève.

3Nous avons bénéficié cette année encore de l’accueil très chaleureux des autorités locales, aussi bien de la direction générale des Antiquités et des Musées à Damas, que des autorités locales à Deir-ez-Zor et à Abu Kémal. Rudeina Harfouch a représenté la DGAM sur le site et a participé aux travaux de recherche. La mission s’est appuyée sur le soutien logistique de l’Ifpo et sur l’assistance amicale de ses directeurs, Jean-Yves L’Hopital, Floréal Sanagustin et Bertrand Lafont. Jean-Yves L’Hopital et Bertrand Lafont ont visité les chantiers les 5 et 6 octobre.

4La mission a gagné le tell Hariri le 10 septembre. Les objectifs cette année de la campagne, définis en fonction de nos trois axes de recherche, étaient les suivants :

  • axe 3 : poursuivre les recherches sur le site de tell Medkouk, amorcer celles dans les parties basses du tell (chantier N 3) ;

  • axe 2 : poursuivre les recherches sur la ville est (chantiers N 1 et nouveau chantier N 2) ;

  • axe 1 : dans le secteur monumental, ouvrir deux nouvelles fouilles : Palais Sud 2 et les chantiers Temple

5Nord, au nord du Massif Rouge.

6Un dernier aspect majeur de notre programme était d’entamer le relevé topographique du tell et de son environnement.

Fig. 1 - Chantiers ouverts en 2006

AXE 3 : TELL MEDKOUK ET CHANTIER N 3

Recherches au tell Medkouk

7Les résultats obtenus l’an dernier sur le site nous ont conduits à réaliser à partir du sondage M 3 à mi-pente du tell un sondage profond. Nous savions que Medkouk est, au moins pour ses couches supericielles, une gigantesque masse de terre rapportée très compacte et gypseuse, dont la datation restait pour l’essentiel énigmatique. Deux opérations ont été conduites sur le tell :

  • l’achèvement du lever topographique, amorcé en 2005 ;

  • un sondage profond à sa base ouest.

8L’objectif du sondage M 3 en 2006 était de s’assurer de la structure profonde du tell et d’atteindre si possible le sol vierge en sa périphérie. Le responsable de ce sondage était Julien Chanteau. Nous avons procédé à une fouille de 6 m de profondeur en paliers, sur une largeur de 5 m (fig. 2). Nous avons atteint le sol vierge. On n’a pas retrouvé, pas plus qu’en 2005, le moindre vestige mais un système terrassé où ont été identifiées quatre couches successives :

Fig. 2 – Tell Medkouk
a – Vue générale de la tranchée-sondage vers l’ouest
b – Tranchée-sondage, détail paroi ouest, palier 3
c – Tranchée-sondage paroi nord, litages de terre compacte
d – Tranchée-sondage palier inférieur, litages de terre compacte

  • une première série de couches litées à fort pendage vers l’intérieur du tell, qui correspondent aux couches rencontrées l’an dernier ;

  • une série de couches argileuses horizontales de préparation très compactes ;

  • une couche de terre gravillonneuse ;

  • et enfin une couche jaunâtre qui marque la base du tell et correspond au sol vierge atteint à une cote de 172,20.

  • 1 Sur ce problème, Margueron 2004, p. 338-340 et Butterlin 2007a, p. 238-242.

9Sur le premier sol, un bol fragmentaire à profil complet a été recueilli. Il date de la période Shakkanakku et a été jeté au moment des travaux probablement. Il offre donc un très maigre indice de datation qui laisse supposer que le monument a été érigé soit par les Shakkanakku de Mari soit plus tard. L’importance toutefois des activités de construction de la dynastie en question laisse supposer que le tell Medkouk est à ranger dans la liste des constructions très massives des deux ou trois lignées de Shakkanakku qui ont gouverné Mari1. Notons pour conclure que les couches de préparation réalisées, notamment la couche argileuse, ont mis le tell « hors d’eau » et à l’abri du sel qui est omniprésent dans les champs irrigués environnant le site.

  • 2 Sur ces tumuli, voir en dernier lieu Kepinski 2006, notamment p. 91 ; sur les liens entre Mari et M (...)

10On a donc acquis maintenant la certitude que le tell Medkouk est un énorme dôme de terre très compacte conçu de manière volontaire et construit soigneusement en plusieurs étapes. L’absence au sommet de toute trace d’édifice ou de fondation, l’absence surtout de briques, nous conduit pour l’instant à privilégier l’idée qu’il s’agit d’un grand tumulus, édifié pour protéger une chambre funéraire. Il pourrait venir grossir les rangs des grands tumuli construits extra-muros dans la vallée de l’Euphrate, à Jerablus Tahtani ou tell Banat (White Monument)2. Il faut toutefois souligner que Medkouk ne présente pas, contrairement au monument blanc de Banat, de briques. Au vu des résultats de 2006, il n’est pas question de poursuivre les recherches sur le site avec des moyens conventionnels de fouille. Il faut donc s’orienter vers d’autres solutions. À cette fin, des échantillons de sédiments ont été recueillis pour analyse à l’Institut de physique du globe de Paris.

Chantier N 3

  • 3 Sur les remparts de la Ville III de Mari, Margueron 2004, p. 343-347.

11Ouvert au sud du chantier N 2, le chantier N 3 est une opération qui doit se dérouler sur trois campagnes et dont l’objectif est double : éclaircir la nature et les fonctions d’une petite éminence située à la limite sud du tell central en bordure de la route actuelle et établir dans ce secteur, qui est en principe au sud et à l’extérieur du rempart médian de la ville, quels sont les liens entre cet ensemble et la trame urbaine. Le sommet de la butte, large de 7 m environ, est à l’altitude de 177 m environ et présente une croûte gravillonneuse très compacte et aux limites quasiment rectilignes. Il était donc assez probable que se trouvaient là les restes d’une installation avancée en ville basse du rempart médian. Rappelons que l’étude amorcée par J. Margueron a permis de reconnaître dans la partie ouest de la ville les restes des remparts des Villes I et III (chantiers J)3. J. Margueron a restitué une enceinte dont on ne connaît pour la Ville III que les fondations et les soubassements en pierre qui remontent à la Ville I. Large de 8 m et dotée de tours en saillie légère, cette enceinte a été reconnue sur plusieurs dizaines de mètres de longueur à l’ouest, et son tracé polygonal a pu être restitué à l’est grâce aux traces linéaires présentes dans le relevé géomagnétique. Notre but n’est donc pas de fouiller des remparts déjà connus, mais d’étudier un secteur stratégique qui semble avoir laissé, en avant des remparts, des vestiges substantiels.

12La butte où a été implanté notre sondage (fig. 1), placé sous la responsabilité de Sébastien Rey, s’élève au sud du tracé supposé du rempart, à un point où se rejoignent deux sections de directions sensiblement différentes. Elle est couverte d’une véritable calotte de gravillons qui dessinent un plan rectangulaire, marqué au nord par un double resserrement. Notre hypothèse de départ est qu’il s’agit là du soubassement d’une tour, située en avant des remparts en ville basse.

13On a donc ouvert une tranchée longue de 15 m et large de 5 m sur le flanc est de cette butte en s’appuyant sur le tracé dessiné par la masse de gravillons. Il s’agissait de comprendre l’épaisseur de la couche de gravillons, dont on espérait qu’elle ne se réduise pas à une pellicule résiduelle. La fouille (fig. 3 et 4) a permis de dégager une énorme masse de briques qui occupe pour le moment l’intégralité du périmètre fouillé. La masse de graviers repérée est bordée à l’est d’une grande masse de briques dont les directions structurales sont parallèles à celles de la masse de gravillons. Le format des briques (44 × 44 cm) laisse supposer que nous sommes en présence d’un ouvrage de la Ville III, ouvrage dont il sera indispensable de préciser la nature au cours de la prochaine campagne.

Fig. 3 – Chantier N 3 : vues générales
a – Bastion, vue vers l’ouest, briques et caissons de gravillons à l’arrière-plan
b – Vue générale vers le sud-ouest
c – Vue générale vers le nord-ouest d – Massif de briques vu vers le nord

14On a par ailleurs sondé la masse de gravillons et établi que celle-ci n’est que la croûte sommitale d’une importante nappe de galets, profonde au moins au nord de 1,30 m. Tout se passe comme si un espace avait été réservé dans la masse de briques pour déverser ces galets. La maçonnerie dégagée et la nappe de galets appartiennent donc à un ensemble unique qui correspond très probablement à un bastion avancé d’au moins 15 m par rapport à la ligne supposée du rempart.

  • 4 Butterlin 2009a, pour une mise au point sur cette terminologie à Mari.

15L’existence d’un tel ouvrage au contact de la ville haute (kirhum) et de la ville basse (adasshum)4 s’explique probablement par une volonté de renforcer le système de défenses à un point de rupture de l’orientation de l’enceinte, qui d’une direction nord-ouest - sud-est s’infléchit vers une orientation ouest-est. Ce point est de surcroît à une distance d’environ cent mètres de deux portes situées de part et d’autre de notre butte. S’il s’agit bien d’un bastion, celui-ci pouvait couvrir l’accès de deux portes aménagées dans cette partie de la ville est de part et d’autre du tell méridional, objet de nos recherches en N 2. Notons enfin que les cotes d’altitude de ces vestiges – environ 177 – est unique dans toute cette zone de la ville est et laisse présager la possibilité d’une étude de vestiges de la Ville III dont on ignore tout pour le moment.

Fig. 4 – Chantier N 3 : relevé 2006

AXE 2 DE RECHERCHES : LA VILLE EST

16L’étude de l’urbanisme mariote s’est poursuivie en 2006 dans la « ville est » : outre le chantier N 1 dont le sondage profond avait été amorcé en 2005, on a ouvert au sud de N 1 une nouvelle fouille, le chantier N 2. L’objectif, rappelons-le, est toujours de préciser la nature des tracés visibles dans le relevé géomagnétique et de les dater.

Chantier N 1

17Ce chantier, dirigé cette année-là encore par Béatrice Muller-Margueron, avait permis d’identifier, en 2005, des fondations d’un grand bâtiment datable de la Ville II, ainsi que les vestiges très érodés d’une rue nord-sud dont la largeur n’avait pas pu être déterminée : si à l’ouest, la limite est du grand édifice de la Ville II était très claire, à l’est rien de significatif n’avait pu être reconnu. L’objectif cette année était d’approfondir la fouille dans le carré IX N 24 où on avait entamé une coupe transversale de l’édifice et de la rue supposée (fig. 5 et 6). Il s’agissait d’atteindre la base des fondations et d’élargir le sondage pour préciser la stratigraphie des lieux et atteindre si possible les vestiges de la Ville I. Le but était de confronter nos résultats avec ceux des recherches analogues conduites par Jean Margueron en ville ouest et dans le secteur des temples. Il s’agissait surtout de disposer d’une solide référence stratigraphique pour étudier le matériel céramique au moins de la Ville II, voire de la Ville I.

Fig. 5 - Chantier NI : IX N 24, section à travers les niveaux de la ville II
a - Paroi nord, remplissage de gravillons de la rue
b - Vue générale de la rue, prise du nord
c - Détail de section, contact rue et fondation, vue vers l’est
d - Vue générale de la section, vers l’est
e - Section vue vers le nord-est, superposition de pierres de gypse
au contact entre fondation et remplissage de gravillons

Fig. 6 – Chantier N 1 : relevé de la rue de la Ville II

18Les recherches nous ont conduit à formuler plusieurs hypothèses nouvelles.

  • Il existe des traces, en fondation, d’un niveau, présumé ancien, de la Ville II antérieur au niveau final dégagé en 2005 en IX N 25, locus 1. Ces traces viennent s’ajouter aux informations glanées dans le locus 7 : là, la succession de sols et l’évolution du matériel céramique suggéraient une évolution qui est maintenant calée par l’architecture et par les observations faites dans la rue.

  • En IX N 24, on a identifié un niveau de rue de la Ville II. Les couches sommitales, on l’avait constaté l’année précédente, sont des couches litées lessivées qui résultent de l’accumulation de matériaux détritiques après abandon du quartier. Par-dessous on a dégagé un niveau gypseux qui pourrait avoir été, sous toutes réserves, un niveau lessivé de rue, mais la situation est équivoque. En revanche, on a retrouvé plus bas (à la cote 175,60) une surface de galets épaisse d’au moins 50 cm et bordée à l’est par un long mur renforcé à sa base, ponctuellement, de dalles de gypse. Ce mur arasé à une cote d’altitude voisine de l’arasement des murs de la Ville II ancienne, est contemporain de cette phase. Nous avons donc atteint là un niveau bien défini de rue dans toute sa largeur (environ 4 m).

  • Enfin, une belle série de tombes a été constituée : disposées clairement sur deux niveaux (l’un datable de la Ville II ancienne et l’autre de la Ville II récente), ces tombes offrent un bel échantillon anthropologique et céramique de la Ville II, ancienne et récente.

Les vestiges d’un niveau ancien de la Ville II

19Des recherches en profondeur ont été entreprises dans trois loci : les loci 1, 6 et 7. Rappelons la situation : les sommets des murs ont été dégagés à une cote voisine de 177 environ. Dans le locus 7, on a identifié un sol avec du matériel en place, notamment des restes de jarre que Hubert Mathot date d’une phase récente de la Ville II et rapproche de la céramique du niveau P 0 du palais. Par-dessous, on a fouillé les fondations d’un grand bâtiment, fondations qui s’enfoncent, on le sait au moins dans le cas du mur 1, à une cote d’altitude voisine de 175.

20Les fouilles dans le locus 1 (carré IX N 24) ont permis d’identifier à la cote 176 des traces de reprise du mur 1 nord-sud et le sommet arasé de murs très abîmés par les travaux de construction postérieurs, dont un mur transversal est-ouest qui a permis de définir deux nouveaux loci. On a également dégagé, dans ce niveau, un tannour, arasé lui aussi à 176,03. La base de la plupart des murs se trouve à 175,15 si bien que l’on en conclut à l’existence de deux états : l’un entre les cotes 175 et 176 et l’autre entre 176 et 177 environ. Sous l’état ancien, une tombe d’enfant (SO T-1) a livré du matériel (fig. 7) : une belle céramique en Red Banded Euphrates Ware, une céramique typique de la période de la Ville II, bien connue dans la vallée de l’Euphrate au Bronze Ancien III. Il s’agit d’une inhumation d’enfant située sous une jarre arasée, scellée par le niveau ancien de la Ville II, dont le sol se trouvait à 175,30 environ.

21Dans le locus 6, on a atteint une surface à 176,90 et deux sols, sols 2 et 3 à 176,45-45 et 176,20. Ces sols correspondent aux surfaces dégagées dans le locus 7, les surfaces 3 et 4. Peu de matériel a été découvert sur ces sols. Le matériel du locus 7 a été étudié cette année en détail par Hubert Mathot. Là, le sol 2 a livré de la céramique que l’on peut dater de la Ville II finale, soit des niveaux comparables au niveau III du chantier B et au sol de P 0. À la base de la couche 4 (surface 5), on a retrouvé des céramiques qui offrent un répertoire plus ancien, de la Ville II. Entre ces deux états, il y a eu remplissage avec exhaussement de 1 m du niveau du sol, les murs anciens devenant les fondations du niveau supérieur. Ce remplissage est très clairement visible en section dans notre coupe est-ouest. On a atteint dans la partie occidentale du carré IX N 24 la base des murs et l’étude s’est dès lors concentrée sur la rue.

Fig. 7 – Tombe IX N 24 SO T-1
a – Sélection du mobilier de la tombe IX N 24 SO T-1
b et c – Tombe
in situ, hache et bandeau in situ
d – Perles et mobilier métallique, hache, poignard, épingle et bandeau en or

La rue et les soubassements de l’état ancien de la Ville II

22On a entrepris l’an dernier une recherche en profondeur destinée à identifier clairement des vestiges de la Ville I dans cette partie du tell. Ces vestiges n’ont pas été retrouvés en toute certitude : on a découvert le sous-œuvre de l’état ancien de la Ville II, à la fois dans la rue et dans les secteurs d’habitation de part et d’autre de la rue. Les restes éventuels d’un niveau plus ancien ont été repérés à l’est, mais ce point reste à préciser.

  • 5 Margueron 2004, p. 142-144, et notamment fig. 115 p. 143, et fig. 116 p. 143.

23Si, au niveau supérieur de la Ville II, les traces de la rue sont pour le moins ténues et paraissent avoir été largement emportées par l’érosion, on a atteint à 175 m les vestiges d’une rue pavée de galets. La rue était large de 3 m. Sous ces galets et sur 3 m d’épaisseur, on a dégagé dans une tranchée sondage est-ouest des lits réguliers de gravillons qui constituent une chaussée drainante ou filtrante. Ce type d’installations, bien connues à Mari pour les rues sécantes du système urbain, est pour la première fois découvert dans un des axes du système radial de circulation de la ville5. La base des lits de gravillons a été atteinte à la cote 173 environ et on a dégagé par-dessous des couches terrassées qui apparaissent comme des couches de préparation. À 1,50 m du sol vierge, les chances de retrouver des vestiges de la Ville I se sont amenuisées. Soit la ville était moins densément occupée dans ces secteurs éloignés du fleuve et du canal, soit il y eut une érosion considérable dans l’ensemble de ce quartier, entre la Ville I et la Ville II. En l’état, il n’est guère possible de répondre à cette question.

24On a étudié en détail les fondations du mur oriental de la rue, qui est beaucoup plus profondément fondé que le mur occidental. Il y a là une dissymétrie qui fait penser qu’à ce point, il a fallu remblayer le terrain pour égaliser le niveau de la ville. Le déroulement de ces travaux a pu être suivi à l’envers au fur et à mesure de la descente. À une cote voisine de 174,50 on a identifié une rupture dont il est pour l’heure difficile de savoir si elle correspond à un état ancien du système ou simplement à une étape des travaux. On n’a pas dégagé de sols d’occupation, ce qui rend toute spéculation hasardeuse. Ce chantier a donc été riche de surprises et a modifié sensiblement notre approche de l’histoire urbaine de Mari. On n’a certes pas retrouvé la Ville I mais deux états bien distincts de la Ville II.

25Une dernière surprise nous attendait sous les fondations des murs du locus 7. Là, scellée par un mur de fondation de l’état ancien du quartier, se trouvait une tombe (IX N 24 SO T-2) exceptionnellement riche. Le sujet a été enfoui en position fléchie dans ce qui paraît avoir été un sac. Il était accompagné d’une vingtaine de céramiques, dont à nouveau une céramique Red Euphrates Banded Ware, mais aussi une gargoulette bien connue dans le répertoire céramique de la Ville I. Le sujet a été inhumé avec deux armes, une hache et un couteau très bien conservés. Enfin, il portait sur le front un bandeau en or, une parure frontale longue de 11,6 cm et large de 4,5 cm. Cette parure, au décor moulé à froid, fait d’une rosette centrale bordée de deux palmettes, est plus richement décorée que les bandeaux trouvés à Ur et peut être rapprochée d’un bandeau frontal en or découvert par A. Parrot au tombeau 300. Cet objet vient donc confirmer l’extraordinaire dynamisme des ateliers d’orfèvrerie de Mari étudiés par Gérard Nicolini. Enfin, une série de perles de nacre, de lapis et de cornaline complète ce magnifique inventaire. Dans un tel quartier dont rien n’indiquait jusqu’ici la richesse, la tombe de ce personnage pose un problème : la hache est une arme d’apparat comme le couteau. La présence sous les fondations de cette tombe laisse supposer que l’inhumation a eu lieu avant l’édification de ces murs, peut-être pendant les travaux. Si tel est le cas, on peut même se demander s’il n’y a pas eu sacrifice mais l’analyse anthropologique préliminaire n’a donné aucune information à ce sujet.

26Notre connaissance de la Ville II de Mari a donc considérablement progressé grâce aux recherches menées au chantier N 1. Toutefois, la nature des vestiges pose des problèmes d’interprétation : les vestiges d’occupation sont très ténus, on n’a retrouvé aucune trace d’incendie, si bien que ces résultats préliminaires exigent un approfondissement.

Le chantier N 2

27Il s’agit d’un nouveau chantier ouvert au sud du chantier N 1, dans les carrés IX N 12 et 13 (fig. 1). Il vise cette fois à comprendre une anomalie apparente du tracé radial de Mari décelée dans le relevé géomagnétique : la grande voie nord-sud que nous avons dégagée au nord, au chantier N 1 en 2005 et 2006, s’infléchit au sud-ouest alors qu’une autre à l’est s’infléchit vers l’est. Cette divergence apparente définit un vaste périmètre de forme triangulaire qui s’appuie au sud sur le rempart. Les recherches ont été conduites par Wael Abu Azizeh assisté au départ par Sébastien Rey.

28Deux faits fondamentaux ont été établis.

  • Il existe dans les deux carrés des traces très diffuses d’un niveau d’occupation postérieur à la destruction de la ville : il est fait d’installations légères et de fosses, accompagnées de tombes, que l’on peut dater de l’époque de Hana.

  • En IX N 13, on a repéré une série de murs orientés respectivement nord-est - sud-ouest et sud-est - nord-ouest, qui dessinent deux ensembles bâtis au nord-nord-ouest et au sud-est du carré. Il s’agit pour l’essentiel d’un réseau de fondations, un seul sol ayant été identifié (fig. 8). En IX N 12, ces niveaux ont pour le moment été très difficiles à repérer. On a retrouvé des nappes de galets qui pourraient attester de la présence d’installations de la Ville III. Dans le sud du carré se dressent, isolés, les vestiges d’un petit ensemble quadrangulaire dont la fonction n’a pu être éclaircie. Le format des briques renvoie là encore à la Ville III. En résumé, nous avons touché là une situation complexe qui s’inscrit dans un environnement de Ville III plutôt que de Ville II.

29L’un des intérêts majeurs de ce chantier réside dans les particularités des tombes de la Ville III qui ont été dégagées aussi bien en N 12 qu’en N 13. Elles ont livré un abondant matériel céramique qui vient compléter très opportunément les données glanées au chantier N 1 sur la Ville II. On dispose ainsi maintenant dans la ville est de deux références céramologiques complémentaires, respectivement sur la Ville II et la Ville III.

Fig. 8 – Chantier N 2, vue générale
a – Vue générale du chantier vers le sud-ouest
b – Niveau ville III, bourrage de tessons à la base des murs
c – Plate-forme de briques d – Murs de la Ville II sous les murs de la Ville III

Les tombes Shakkanakku du chantier N 2 (fig. 9)

30Deux tombes, respectivement en N 12 et N 13, ont livré des informations significatives.

31En IX N 12, les tombes IX N 12 NO T-1 et T-2 constituent un ensemble remarquable : la première est le résultat d’un traitement très spécifique du matériel. Le calcul du nombre minimum d’individus par Joyce Nassar a mis en évidence la présence de cinq sujets, trois adultes et deux adolescents. Les os longs et les crânes sont surreprésentés, et il y a donc eu sélection de certaines parties du squelette au moment du dépôt. Cette sépulture collective a été associée à la tombe T-2, sous jacente. Il s’agit cette fois d’une sépulture individuelle d’un adulte âgé entre 29 et 50 ans. L’ensemble constitue ainsi une fosse funéraire complexe tout à fait originale, qui offre d’intéressantes perspectives pour l’étude des pratiques funéraires à Mari, à l’époque de la Ville III.

32En IX N 13, on est en présence de la sépulture primaire d’un adolescent (entre 15 et 19 ans), dans une fosse en pleine terre où a été déposé un riche matériel funéraire (fig. 9). Le sujet était placé sur le côté gauche, membres fléchis et genoux surélevés. Quarante objets ont été recueillis, notamment trois vases en albâtre à décor de cercles pointés, courants à Mari. La finesse de ces objets les range parmi les belles productions de la vaisselle de luxe en pierre à Mari.

Les niveaux de la Ville III

33Toutes ces installations ont perturbé les niveaux d’habitation sous jacents, en l’occurence un réseau de murs M 2, M 3, M 4, M 5 et M 6, tous arasés à une altitude proche de 175,47. Ces murs liés entre eux forment le niveau II et ils délimitent les loci 5, 6 et 3 dans la partie ouest du carré. À l’est, deux murs, les murs 8 et 1 ne sont pas liaisonnés à cet ensemble et constituent les fondations d’un autre système qui a été coupé par les fondations du niveau II. Il s’agit donc d’un niveau antérieur, mais aucun sol n’a été là préservé. En revanche, un seul sol a été identifié dans le locus 5 à 174,88 et il présente du matériel céramique de la Ville III. Les murs qui limitent ce locus ont été réparés avec des tessons. C’est le seul indice d’occupation que nous ayons, mais il est d’importance car on ne s’attendait pas à trouver si bas dans la ville est des vestiges de la Ville III. Ils viennent en tout cas confirmer l’occupation de toute la ville au cours de la période finale de l’histoire de Mari.

34L’ensemble du niveau II présente en outre une caractéristique intéressante : le mur M 3 est courbe et cette courbe correspond assez précisément à l’inflexion de direction observée dans le relevé géomagnétique dans ces secteurs. Il est donc probable qu’à l’est de ce mur se trouvait une rue qui s’infléchissait vers le sud-ouest dans cette zone. Les murs 1 et 8, qui sont parallèles, définissent une autre circulation qui a été coupée par l’installation du niveau II : il s’agit d’un niveau antérieur, le niveau III. La coupe pratiquée au travers de cet axe a permis d’identifier les litages très réguliers de terres cendreuses et gravillonneuses de remplissage de ce qui peut avoir été une ruelle.

35Cet axe apparaît également dans le relevé géomagnétique qui dessine dans ce secteur des lignes qui ne permettent pas de discerner un réseau très rationnel. Une conclusion s’impose : il s’agit d’axes qui ont été remaniés à plusieurs reprises et le réseau de fondation repéré est le résultat de ces remaniements, tout comme leur relevé géomagnétique. Celui-ci voit donc se télescoper divers états et les anomalies du plan radial peuvent s’expliquer par des réaménagements intervenus au cours de l’histoire de la Ville III, à une époque tardive. D’importants travaux de terrassement ont en tout cas été réalisés dans le secteur car le sommet des niveaux de la Ville II se trouvait 1,50 m plus bas.

Les niveaux de la Ville II

36Sous des remblais massifs de plus d’un mètre d’épaisseur, un nouveau niveau a été atteint dans les deux carrés. Celui-ci est défini, dans le carré N 12, par le mur M 12. Dans le locus 8 on a mis au jour un sol : il est caractérisé par une surface brun-gris assez sombre avec de nombreuses inclusions de gravillons blancs calcaire. Les fragments d’une jarre à plat ont permis de suivre ce sol. Par-dessus ce sol a été retrouvée une masse de briques cassées et de terre rubéfiée. Enfin, une épaisse couche de sédiments charbonneux et cendreux recouvre l’ensemble. Le carré N 13 a livré quant à lui les restes d’un grand mur dont les enduits avaient brûlé. Large de 1 m, il présente une porte large de 90 cm, mais la fouille n’a pas permis d’atteindre le sol. Notons pour l’heure que ce mur se situe dans la même direction que le mur 1 et qu’il paraît donc y avoir eu une certaine permanence des tracés entre la Ville II et la Ville III initiale (niveau III et niveau IV). Nous avons en tout cas cette fois établi clairement le contact entre la Ville II et la Ville III et retrouvé la couche d’incendie surmontée d’importantes nappes de terre cendreuse. Celles-ci sont le résultat de gigantesques travaux de terrassement et de réaménagement intervenus au début de la Ville III. Le chantier N 2 a donc livré, en dépit de son caractère limité, de très intéressantes informations : la présence d’importants niveaux de la Ville III, au moins deux niveaux en fondation, atteste de l’occupation de ce secteur à la suite de l’incendie de la Ville II.

Fig. 9 – Chantier N 2, tombe IX N 13 NE T-3, ville III, Shakkanakku Ancien
a – Mobilier céramique
b – Petites écuelles à oreilles
c – Mobiler de la tombe, vases en albâtre, coquillages et perles
d – Vase en albâtre à décor de cercles pointés
e – Vue générale vers le nord

37L’ensemble de ces observations doit maintenant être lié aux données glanées à la fois sur le chantier N 1 et sur le chantier N 3, une fois que sur ce chantier on aura atteint les parties intérieures de la « ville haute ».

AXE 1 DE RECHERCHES : UN CENTRE MONUMENTAL ET SON ENVIRONNEMENT

38Trois fouilles ont été ouvertes au cours de la campagne dans la périphérie du centre monumental de Mari : le chantier Palais Sud 2, et les chantiers Temple Nord 1 et 2.

Temple Nord 1 et 2 (fig. 10)

39La fouille de ce secteur est une opération de grande envergure programmée sur plusieurs années : le secteur Temple Nord est la zone située au nord du Massif Rouge et des dépendances dites de Dagan. Il comprend deux types de chantiers. Les chantiers Temple Nord 1 sont destinés à étudier le Massif Rouge et son environnement immédiat à l’est, au nord et à l’ouest, dans des secteurs où la fouille d’André Parrot est restée inachevée et n’a jamais été publiée. Le chantier Temple Nord 2, sous la responsabilité de Dominique Beyer, est un grand chantier ouvert au nord du Massif Rouge dans un secteur du tell qui n’a jamais été fouillé. Il y a une évidente complémentarité entre ces deux types d’opérations : les premières sont destinées à raccrocher au Massif Rouge et à son histoire les observations faites dans les secondes afin de disposer d’une stratigraphie et de données fiables.

Temple Nord 1 (fig. 10)

40Il s’agit donc d’une série de sondages dont le but était de faire le raccord entre les secteurs fouillés par A. Parrot et les fouilles nouvelles. L’objectif était d’obtenir des informations stratigraphiques fiables sur le Massif Rouge et d’intégrer le monument dans le nouveau plan topographique du site. La première opération menée est un sondage pratiqué à l’angle nord-est du Massif Rouge, un sondage de 5 m de largeur, sur 10 m de longueur, sous la responsabilité de Julien Chanteau (UVSQ). L’angle nord-est de l’édifice a été noyé sous les déblais et était à peine visible. On a donc repris la fouille pour retrouver l’angle nord-est dégagé partiellement par A. Parrot en 1952. Rappelons que A. Parrot avait trouvé à l’angle nord-est de l’édifice un « blocage » de pierres, blocage qu’il a suivi sur une vingtaine de mètres de longueur en façade est. Ce blocage a été relevé et figure sur le dernier plan du Massif Rouge publié en 1952 (plan A 88). Une série de clichés inédits dans les archives d’A. Parrot nous a permis de comprendre la situation trouvée alors : pour dégager l’angle nord-est du massif, il a fait une tranchée étroite, large d’environ 1 m seulement. À cet endroit-là, on pouvait donc espérer retrouver au plus près de l’édifice des couches encore en place, et envisager une section de la via sacra, un enjeu majeur de toute étude de l’environnement du centre monumental de Mari.

41De fait, on a retrouvé dans un parfait état de conservation l’angle nord-est tel que l’avait dégagé A. Parrot. L’angle nord-est est conservé à une altitude beaucoup plus faible que dans les autres secteurs du Massif Rouge, qui a été très abîmé par l’érosion. L’ensemble du massif présente en effet une forte pente d’ouest en est. Au nord-est, A. Parrot avait dégagé quatre assises de ce « blocage ». La fouille a procédé en trois étapes : retrouver d’abord la situation au moment du dégagement par A. Parrot, poursuivre la fouille pour atteindre la base du blocage et en profiter pour étudier là où cela serait possible la stratigraphie de l’environnement de l’édifice, à l’est. Une fois cette situation comprise, il serait alors possible d’élargir la tranchée vers l’est, pour obtenir une section de la via sacra qui longe par l’est le Massif Rouge, rappelons-le.

L’angle nord-est du Massif Rouge (fig. 10 et 11)

42On a dégagé sur plus de trois mètres de hauteur l’angle nord-est de l’édifice : il s’agit à l’est comme au nord de l’édifice d’un mur fait de moellons et de grands blocs de gypse non taillé, les grands blocs posés dans le sens de la longueur alternant avec des moellons de petite dimension qui permettaient de caler les assises de ces blocs. Ces derniers, dont certains sont longs de plus d’un mètre et épais de 50 cm, ne sont pas taillés mais ont été débités pour exploiter au mieux les lits horizontaux de gypse. Au nord comme à l’est, ce mur de pierres venait renforcer la maçonnerie de briques du massif et devait être recouvert d’un parement de briques qui a disparu, si l’ensemble n’était pas tout simplement en fondations ; on reviendra sur ce problème.

Fig. 10 – Temple Nord 1 NE
a – Vue générale vers le sud-ouest du Massif Rouge et du chantier,
b –
Via sacra et couches de remblai Shakkanakku vers l’est
c – Angle nord-est du Massif Rouge, vers le sud
d – Paroi sud du chantier, dessin Julien Chanteau

Fig. 11 – Temple Nord 1 NE, relevé

43L’ensemble très imposant montre des caractéristiques différentes au nord et à l’est. À l’est, le mur présente un fruit sensible vers l’intérieur du monument et surtout une semelle qui déborde de 30 cm. Cette semelle était haute de 1,05 m et renforcée au niveau au moins de l’angle par deux dalles de gypse posées côte à côte verticalement contre le mur en débord. An nord, le mur ne présente pas ce décrochement, il est conservé d’une seule venue sur 3,50 m de hauteur et appareillé parfaitement avec le blocage est. Sous le niveau de la semelle, le mur nord est moins soigneusement appareillé et les deux dernières assises sont plus courtes à l’est, ce qui indique qu’à ce niveau nous sommes clairement en fondation.

44L’angle lui-même a été particulièrement soigné : outre l’alternance de moellons et de blocs, on observe en effet une alternance de grands blocs, les uns disposés en longueur en façade est et les autres en façade nord. Au point de contact avec la semelle est, ce sont deux blocs qui ont été appareillés en carreau et boutisse pour renforcer encore la structure de la construction. L’ensemble a donc été construit, sans aucun doute, en une seule fois, avec un souci évident d’aménager à l’est un renfort que l’on n’a pas jugé nécessaire au nord où l’on s’est contenté d’un mur continu. Il faudra expliquer cette dissemblance qui renforce et privilégie la circulation dans la via sacra. De la même manière, il faut expliquer la présence de cette pierre dressée et appliquée contre la semelle de telle sorte qu’elle ne dépasse pas en hauteur du niveau de la semelle du blocage.

Stratigraphie urbaine et Massif Rouge

45L’étude de l’angle nord-est du massif a été accompagnée d’une tranchée-sondage de 5 m de largeur, de direction est-ouest, dessinée depuis l’angle du Massif Rouge jusqu’au tas de déblais de 1938 situé à l’est du Massif Rouge et partiellement évacué par A. Parrot en 1952. On a d’abord retrouvé le long du Massif Rouge les limites de la fouille A. Parrot et son arrêt lors de la huitième campagne. De grands blocs de gypse reposent sur le socle du Massif Rouge et scellent des couches de terre rougeâtre qui sont en place. Ces blocs, visibles sur les photos des travaux de 1952, proviennent clairement de la ruine de l’édifice et ont été pris dans des remblais rougeâtres encore visibles au sud.

46À l’est de la limite de fouille on a élargi la tranchée pour fouiller des niveaux en place, là où passait la via sacra de la Ville II. On a dégagé sous la surface les fondations très massives d’un édifice monumental : un mur large d’au moins 2,50 m, constitué de briques de 44 × 44 cm, repose sur une épaisse couche de terre cendreuse litée. On a pratiqué une section à l’aplomb du mur qui a livré la stratigraphie suivante :

  • des couches litées grisâtres très chargées en charbons de bois : elles correspondent au sous-œuvre des terrassements réalisés par les Shakkanakku dans l’ensemble du secteur Temple Nord ; ces couches ont été identifiées et bien décrites par A. Parrot ;

  • des nappes alternées de terre rougeâtre et jaunâtre extrêmement compacte proviennent peut-être de la destruction du Massif Rouge : elles correspondent à des terrassements dont la datation est incertaine ; épaisses de 1,75 m, elles ont scellé les dalles de gypse qui ont glissé du massif ;

  • les couches en place de la Ville II : il s’agit d’une mince couche de gravillons située le long du massif à la même altitude que le sommet du socle est ; en fin de campagne, un sondage réalisé à l’angle nord-est du massif a permis d’identifier une couche de terre brunâtre sur une épaisseur de 1,50 m ; ses fondations ont été noyées dans ces terrassements, à la base desquels un lit de gravillons a été repéré.

47Il est bien évidemment crucial de lier ces terrassements successifs à l’évolution du Massif Rouge lui-même et à ce blocage de pierres qui, par son ampleur, est unique dans l’architecture de la Ville II. Avons-nous un ensemble d’une seule venue (mur de pierre, couches grises et rougeâtres) ou bien faut-il distinguer plusieurs étapes ? La présence de l’empâtement du massif à l’est, qui correspond à notre surface de graviers (surface 1) me conduit à suggérer très provisoirement que nous avons là deux états de ce massif doté de son coffrage de pierres. Après destruction, le niveau de l’ensemble de la rue a été surélevé (couches rougeâtres/jaunâtres) et on aurait alors un deuxième état du massif.

48En conclusion, l’histoire du secteur se présenterait ainsi :

  • terrassements Ville II et édification du Massif Rouge avec ses limites telles qu’on les connaît ; ce massif est doté au nord et à l’est d’un coffrage de pierres, avec semelle à l’est et le long de la base de la terrasse, la surface 1 de graviers de la via sacra ;

  • ruine de cet ensemble avec chute des pierres ;

  • scellement et restauration du Massif Rouge, avec dépôt de couches rubéfiées et rougeâtres sur 90 cm d’épaisseur ;

  • enfin, l’ensemble est noyé dans des terrassements grisâtres de terre cendreuse et accompagné de la construction de puissantes fondations : le matériel céramique recueilli, en contexte bien sûr secondaire, date de la Ville III et ne nous donne qu’une datation très relative.

49Tout le problème est naturellement de dater ces travaux au Massif Rouge et de faire le lien avec l’évolution que nous connaissons de l’édifice.

L’angle nord-ouest : chantier Temple Nord 1 ouest (fig. 12)

50C’est dans cet esprit que nous avons ouvert une autre opération très ponctuelle sur le Massif Rouge, cette fois à l’angle nord-ouest de l’édifice. La situation est là très différente de ce qu’on a observé à l’angle nord-est. L’édifice est beaucoup mieux conservé qu’à l’est et a été dégagé sur plus de 2,50 m de hauteur. Il présente une feuillure d’angle massive un peu étrange si bien qu’il n’y a pas d’angle à proprement parler, mais un décrochement qui n’est pas un décor mais résulte vraisemblablement d’un remaniement ou d’un élargissement de l’édifice vers le nord. A. Parrot a identifié le sommet de pierres en façade ouest et l’objectif est ici de comprendre la nature de ces pierres et de faire surtout le lien avec la façade ouest où deux niveaux de niches et redans remarquablement bien conservés ont été dégagés. L’édifice est aujourd’hui bien érodé et on a effectivement retrouvé dans la partie nord de façade ouest sur 1,80 m de long un coffrage de pierres. L’altitude supérieure de cette installation est la même qu’à l’est, mais le blocage s’interrompt au nord (20 cm avant la limite nord de la façade ouest). Forts de cette observation, nous avons entrepris deux recherches actuelles complémentaires :

  • l’une en façade nord ;

  • l’autre sur les niches et redans.

51À l’angle nord-ouest, une saignée de trente centimètres de profondeur a été effectuée, dans l’angle nord : on a retrouvé le blocage nord, dont le sommet est toujours à la même altitude. Cette installation se situe nettement en retrait par rapport à la façade nord actuelle de l’édifice et est parfaitement alignée avec la limite nord du blocage à l’est, et avec sa limite à l’ouest. Il y a donc eu élargissement du massif et le blocage de pierres dessine clairement les restes d’un état plus ancien du massif. Le problème est de lier cette installation à l’histoire de l’édifice.

Fig. 12 – Temple Nord-ouest 1
a – Vue de l’angle nord-ouest du Massif Rouge
b – Saignée dans la maçonnerie contact Massif Rouge et mur de blocs de gypse
c – Angle nord-ouest du Massif Rouge, superposition maçonnerie de briques et dalles de gypse, vue vers l’est

  • 6 Butterlin 2007a, p. 230-238 pour une première hypothèse sur la datation de la séquence du Massif Ro (...)

52Il a été possible en dépit de l’érosion d’identifier précisément sur la façade ouest le niveau de reprise de l’édifice doté de niches et redans. La cote d’altitude de ce niveau de reprise qui correspond aussi à un très net changement de briques (format de 44 x 44 cm et couleur grisâtre) est de 181,10, soit au-dessus du sommet du blocage de pierres qui se situe uniformément à 180,84-180,85 à l’angle nord-est et nord-ouest du massif. On est donc en présence d’un procédé constructif qui paraît avoir embrassé au moins les angles nord-est et nord-ouest. La difficulté est de parvenir à le dater. S’il s’agit de réparations effectuées sur l’édifice, elles ne nous paraissent pas être liées à l’état le plus récent du Massif Rouge, à moins de considérer que des réparations de grande ampleur ont été réalisées en sous-œuvre, au moment de l’exhaussement général du niveau du massif, ce qui n’est pas exclu. Ou alors, il s’agit de travaux réalisés sur la phase ancienne que nous connaissons mal : rien n’indique que A. Parrot ait atteint la base des niches du premier état sur les photos conservées dans nos archives, si bien que des travaux sur la façade ouest s’imposent, pour comprendre plus avant l’histoire de cet ensemble6.

Le chantier Temple Nord 2 (fig. 13)

53Ce chantier est situé au nord du Massif Rouge : là, A. Parrot avait préparé une extension de la fouille au nord du massif qui n’a jamais eu lieu. Situé dans l’axe de la Voie Sacrée, ce secteur est du plus haut intérêt pour la compréhension de l’histoire de la ville car il se trouve sur l’axe qui liait le Massif Rouge – l’édifice religieux le plus important de la ville avec l’Enceinte Sacrée – au centre de la ville, situé en contrebas le long du canal. La fouille, conduite par Dominique Beyer assisté de deux doctorantes (Leïla Ayache et Julie Patrier) a débuté par l’enlèvement d’une couche de surface épaisse de 20 cm environ.

54L’implantation de ce chantier au nord de la terrasse de la Ville II a nécessité une approche prudente du terrain. En effet la topographie du cœur du tell a été bouleversée à la fois :

  • par des déblais accumulés au fil des campagnes d’A. Parrot ;

  • par les fouilles mêmes d’A. Parrot ; il s’agit non seulement de la fouille du Massif Rouge en 1952, mais aussi de la première tranchée ouverte sur le site en décembre 1933 ;

  • par ses travaux préparatoires dans le secteur, en 1952 : un important tas de déblais remontant à la cinquième campagne a alors été pour l’essentiel évacué (il reste encore une butte de plus de 4 m de hauteur à l’est du massif).

Fig. 13 – Temple Nord 2, vue générale de la fouille

55L’étude des archives d’A. Parrot nous a permis de choisir un secteur encore vierge situé au nord-est du Massif Rouge dans les carrés IV J 2 et IV H 3 (fig. 13). La fouille a débuté dans le carré IV J 2, au nord du Massif Rouge lui-même et du chantier Temple Nord 1 est. On a rapidement repéré les limites occidentales de la tranchée A. Parrot et trouvé les restes mal conservés d’un niveau tardif : des lambeaux de dalles de terre cuite, des crapaudines et des jarres cassées. Cet ensemble reposait sur des murs extrêmement massifs qui forment un réseau de fondation de direction nord-sud. La base de ces fondations est située à la même altitude que la base du mur repéré en Temple Nord 1 est, si bien que se dessine là tout un réseau de fondations de la Ville III à la fois à l’est et au nord du Massif Rouge.

56Un deuxième carré de fouille a été exploré en IV H 3 afin de compléter notre connaissance de cet ensemble et d’atteindre les niveaux de la Ville II : sur le premier point, on a effectivement retrouvé des murs dans le prolongement de l’ensemble dégagé plus à l’est, mais des installations postérieures ont recouvert l’ensemble au moins à l’ouest. Là, trois murs reposent sur un grand mur est-ouest ; une série de sols a été identifiée. Cet ensemble tardif daté de la période « lim » a été perturbé par une série de tranchées et de fosses à l’est si bien que sa compréhension devrait rester limitée.

  • 7 Parrot 1956, pl. LXVIII, no 50, pour des fragments, pl. LXVIII, no 440, 433, 133 et 372 et Parrot 1 (...)

57Enfin, une impressionnante série de tombes a été creusée dans ou à partir de ces niveaux. L’une de ces tombes, probablement pillée et vue par A. Parrot, a livré une magnifique figurine féminine datant de la période Shakkanakku. Haute de 17 cm environ, elle se présente de face, les moins jointes (fig. 14). Le visage est traité de manière très stylisée et les yeux sont constitués de deux pastilles ovales évidées latéralement ; il est encadré par une complexe coiffure faite de trois rangs de boucles et d’une coiffe droite. Le modelé de l’ensemble est d’une exceptionnelle délicatesse et fait de cette figurine l’un des exemples les plus achevés d’une série bien connue à Mari par de nombreux fragments et de rares pièces complètes, comme celle qu’a retrouvée A. Parrot au temple d’Ishtar7.

58Sous ces niveaux datés de la Ville III, les niveaux de la Ville II n’ont pu être qu’effleurés. Il s’agissait là d’établir le lien entre la zone de recherche et le corps de bâtiment nord dégagé par A. Parrot au nord du Massif Rouge. Cet ensemble énigmatique n’a été que très lapidairement décrit par A. Parrot et pose en soi un problème : comment comprendre son fonctionnement et son lien avec le massif ? En apparence, le relevé A. Parrot donne le sentiment que l’ensemble constitue une série de pièces, situées le long de la façade nord, et qu’une porte y donnait accès à l’est. Un départ de murs laissait espérer retrouver la suite de cette aile à l’est mais il n’en est rien. Un sondage pratiqué à l’est du mur no 1 n’a pas permis d’identifier de murs mais un sol qui bute contre le mur à 180,45 m. C’est là la seule indication stratigraphique assurée pour ce secteur et elle correspond au sol 2 observé au sud, en Temple Nord 1 (nord-est), à savoir le niveau de destruction de la Ville II, dans lequel A. Parrot a retrouvé de nombreux fragments de nacre mais aussi des restes inédits de bois. L’ensemble des murs de cette aile nord a été arasé à une cote de 181 sous le niveau de reprise du Massif Rouge, état 2 à l’ouest. En dépit de l’absence de murs, ces quelques observations sont prometteuses et permettent d’entrevoir une situation qui est plus complexe qu’on ne le pensait initialement.

Fig. 14 – Figurine féminine IV H 3 SE 4

Le chantier Palais Sud 2 (fig. 15-16)

59Le chantier Palais Sud 2 est une tranchée longue de 30 m et large de 10 m, implantée dans la partie sud-ouest du Grand Palais Royal (fig. 15). Comme dans le chantier Palais Sud 1, la fouille est destinée à explorer le secteur sud du palais de la Ville III, et à définir l’environnement du palais de la Ville II. La fouille, confiée à Hélène Criaud, a progressé du nord au sud depuis les niveaux encore visibles du Grand Palais Royal (secteur de la domesticité masculine) dans la pente du tell. Les murs du quartier des domestiques ont été aisément retrouvés, bordés au sud d’une nouvelle série de pièces non fouillées du Grand Palais Royal (fig. 15). Un grand mur est-ouest de 3 m de large (M 6) et dégagé sur 20 m de longueur, limite au sud ce secteur : il se situe dans le prolongement du retour de mur mis au jour par A. Parrot au sud-ouest et qui marque sur les plans du palais la limite de l’édifice au sud-ouest. Le dégagement de l’édifice était inachevé et nous avons pu compléter rapidement le travail, les murs n’étant conservés qu’en fondation. Trois pièces ont été définies : loci 1, 2 et 3. Les loci 1 et 2 (VIII L 48) situés à l’ouest sont larges chacun de 1,20 m environ et permettent de définir une cage d’escalier dans ce secteur. C’est une importante information pour la compréhension des circulations dans cette partie cruciale du palais, qui permettait la communication à l’étage entre les appartements royaux et le secteur des cuisines.

Fig. 15 – Chantier Palais Sud 2, relevé général

La fouille de l’aile sud du Palais (fig. 16)

60Le premier objectif atteint, la fouille s’est portée plus au sud à la recherche du mur sud du palais de la Ville II (carrés VIII L 48 et VIII L 47). Là toutefois, nous avons d’abord vu apparaître un réseau de murs conservés en fondation sur quelques assises à peine. Deux ensembles de pièces ont été dégagés (fig. 15) :

  • au nord, les loci 11 et 12 d’une part et 7 et 8 d’autre part ;

  • au sud, les loci 5 et 9.

61Les loci 11 et 12 sont deux pièces qui ont été tronquées par la construction du mur M 6 qui limite le quartier des domestiques du Grand Palais Royal. Les murs M 11 et M 10 ont été coupés par la tranchée de fondation du mur M 6. Le locus 7 situé au sud est défini en fondations uniquement, comme le locus 8. Les murs reposaient sur un radier de galet et une lacune de ce radier à l’ouest permet de restituer une porte entre les loci 12 et 8. Au sud, le locus 5 est une pièce de 5 m sur 4 m qui présente au sud un dallage de tabuk (fig. 16 c). Un passage était ménagé dans le mur M 11 : lui aussi muni d’un dallage, il était large de 90 cm environ, et ses montants étaient faits de briques de bitume. Au sud, un alignement de pierres de gypse appuyées contre les briques limite l’ensemble, qui pourrait être une réoccupation postérieure à la destruction du palais ou même de la ville. En effet, tous les murs de cet ensemble ne sont pas liaisonnés.

62Nous sommes donc en présence de trois ensembles distincts dans ce secteur sud du Grand Palais Royal (fig. 15) :

  • l’aile sud du secteur des domestiques du palais limité par le grand mur M 6 ;

  • un réseau de murs en fondations qui est antérieur ;

  • et le locus 5 qui pourrait avoir réutilisé ces murs en partie.

Fig. 16 – Chantier Palais Sud 2
a – Vue générale vers l’est
b – Vue générale vers le nord, sondage profond et mur M 6
c – Locus 5, vue générale vers l’est, briques bitumées au premier plan

Le sondage profond : loci 8-13

  • 8 Margueron 2004, p. 367-371 sur la notion de palais fantôme.

63Ensuite, les travaux se sont concentrés dans le locus 8 où l’état de vestiges présumés des palais de la Ville III permettait d’envisager une fouille profonde. Il s’agissait là de dégager le niveau du palais de la Ville II, à la fois sa façade sud mais aussi le sol intérieur du palais P 1. Une fois cette opération réalisée, il deviendrait alors possible d’étudier l’environnement du palais. Seule une partie de l’opération a pu être menée à bien en 2006 : on a atteint le sommet des murs du palais P 1/P 0 après avoir traversé des couches complexes mêlant tranchées de fondations et vestiges du « palais intermédiaire »8. Sous les murs M 12 et M 13 se trouvaient en effet des tranchées remplies de terre très tassée verdâtre dans laquelle on a trouvé deux tablettes qu’une analyse préliminaire permet d’attribuer à la période Shakkanakku : leur graphie archaïsante indique qu’elles sont bien antérieures aux tablettes conventionnellement qualifiées comme telles dans les archives royales de Mari et datées du règne de Yahdun-Lim. Ces tablettes permettent ainsi de dater la construction de cette aile sud de la période des Shakkanakku. Cette dernière a été détruite pour construire le grand mur M 6, probablement à l’occasion des grands travaux menés par les dynastes amorrites au palais, sous le règne de Samsî Addu. On n’a pour l’instant aucune preuve que le secteur au sud du mur M 6 ait été occupé à l’époque amorrite.

64À 180,90 m on a atteint le sommet des murs du palais P 1 que l’on a mis au jour sur 1,30 m de hauteur. Une pièce – locus 13 – a été définie et trois murs dégagés (M 19, M 20 et M 16) qui présentaient un enduit brûlé. Le mur M 16 est probablement le mur d’enceinte sud du palais, mais seule sa face nord est dégagée pour le moment. Des travaux complémentaires permettront de fouiller toute la pièce puis d’amorcer l’étude du mur sud du palais et de son environnement.

65La fouille Palais Sud 2 a donc apporté une riche moisson d’informations pour l’histoire de la zone palatine : le Grand Palais Royal s’est enrichi de plusieurs pièces nouvelles, un état antérieur de la période des Shakkanakku a été identifié au sud et nous avons là un indice pour dater l’extension de la zone palatine au sud, une extension qui a probablement été éphémère : le grand mur M 6, large de 3 m, semble clairement limiter le palais amorrite dans ce secteur, mais seules des recherches complémentaires permettront de préciser ce point.

CONCLUSION

66Les résultats de la 43e campagne de recherche à Mari sont très contrastés et pour certains inattendus : aussi bien dans le secteur du palais que dans celui du Massif Rouge, le bilan est très encourageant ; cependant ces secteurs se révèlent plus complexes que prévu. Si leur étude est à peine amorcée, l’histoire de la zone palatine et du centre monumental en sort déjà considérablement enrichie. Les chantiers de la ville est (N 1 et N 2) ont livré d’importantes informations aussi bien sur l’histoire de la Ville II que sur celle de la Ville III. La Ville I n’a pas encore été touchée en N 1 malgré la profondeur atteinte par la fouille : cela pose en soi un problème qu’il faudra examiner de près. Outre la présence de tombes et d’un riche matériel archéologique, ces chantiers permettent d’entrevoir d’intéressantes perspectives d’étude sur l’évolution de l’urbanisme mariote. Enfin, la fouille de N 3 est la première d’une série de sondages projetés dans les parties basses du tell, des sondages que l’on réalisera une fois achevé le nouveau lever topographique du tell et de son environnement.

Notes

1 Sur ce problème, Margueron 2004, p. 338-340 et Butterlin 2007a, p. 238-242.

2 Sur ces tumuli, voir en dernier lieu Kepinski 2006, notamment p. 91 ; sur les liens entre Mari et Medkouk, Butterlin 2009a.

3 Sur les remparts de la Ville III de Mari, Margueron 2004, p. 343-347.

4 Butterlin 2009a, pour une mise au point sur cette terminologie à Mari.

5 Margueron 2004, p. 142-144, et notamment fig. 115 p. 143, et fig. 116 p. 143.

6 Butterlin 2007a, p. 230-238 pour une première hypothèse sur la datation de la séquence du Massif Rouge.

7 Parrot 1956, pl. LXVIII, no 50, pour des fragments, pl. LXVIII, no 440, 433, 133 et 372 et Parrot 1967b, pl. LXXVIII, no 2208 et 2566.

8 Margueron 2004, p. 367-371 sur la notion de palais fantôme.

Table des illustrations

Légende Fig. 1 - Chantiers ouverts en 2006
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4437/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 668k
Légende Fig. 2 – Tell Medkouka – Vue générale de la tranchée-sondage vers l’ouestb – Tranchée-sondage, détail paroi ouest, palier 3c – Tranchée-sondage paroi nord, litages de terre compacted – Tranchée-sondage palier inférieur, litages de terre compacte
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4437/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 616k
Légende Fig. 3 – Chantier N 3 : vues généralesa – Bastion, vue vers l’ouest, briques et caissons de gravillons à l’arrière-planb – Vue générale vers le sud-ouestc – Vue générale vers le nord-ouest d – Massif de briques vu vers le nord
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4437/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 432k
Légende Fig. 4 – Chantier N 3 : relevé 2006
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4437/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 604k
Légende Fig. 5 - Chantier NI : IX N 24, section à travers les niveaux de la ville IIa - Paroi nord, remplissage de gravillons de la rueb - Vue générale de la rue, prise du nordc - Détail de section, contact rue et fondation, vue vers l’estd - Vue générale de la section, vers l’este - Section vue vers le nord-est, superposition de pierres de gypseau contact entre fondation et remplissage de gravillons
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4437/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 548k
Légende Fig. 6 – Chantier N 1 : relevé de la rue de la Ville II
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4437/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 268k
Légende Fig. 7 – Tombe IX N 24 SO T-1a – Sélection du mobilier de la tombe IX N 24 SO T-1b et c – Tombe in situ, hache et bandeau in situd – Perles et mobilier métallique, hache, poignard, épingle et bandeau en or
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Légende Fig. 8 – Chantier N 2, vue généralea – Vue générale du chantier vers le sud-ouestb – Niveau ville III, bourrage de tessons à la base des mursc – Plate-forme de briques d – Murs de la Ville II sous les murs de la Ville III
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Légende Fig. 9 – Chantier N 2, tombe IX N 13 NE T-3, ville III, Shakkanakku Anciena – Mobilier céramiqueb – Petites écuelles à oreillesc – Mobiler de la tombe, vases en albâtre, coquillages et perlesd – Vase en albâtre à décor de cercles pointése – Vue générale vers le nord
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Légende Fig. 10 – Temple Nord 1 NEa – Vue générale vers le sud-ouest du Massif Rouge et du chantier,b – Via sacra et couches de remblai Shakkanakku vers l’estc – Angle nord-est du Massif Rouge, vers le sudd – Paroi sud du chantier, dessin Julien Chanteau
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Légende Fig. 11 – Temple Nord 1 NE, relevé
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Légende Fig. 12 – Temple Nord-ouest 1a – Vue de l’angle nord-ouest du Massif Rougeb – Saignée dans la maçonnerie contact Massif Rouge et mur de blocs de gypsec – Angle nord-ouest du Massif Rouge, superposition maçonnerie de briques et dalles de gypse, vue vers l’est
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Légende Fig. 13 – Temple Nord 2, vue générale de la fouille
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Légende Fig. 14 – Figurine féminine IV H 3 SE 4
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Légende Fig. 15 – Chantier Palais Sud 2, relevé général
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Légende Fig. 16 – Chantier Palais Sud 2a – Vue générale vers l’estb – Vue générale vers le nord, sondage profond et mur M 6c – Locus 5, vue générale vers l’est, briques bitumées au premier plan
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