Version classiqueVersion mobile

Akh Purattim 3

 | 
Jean-Claude Margueron
, 
Olivier Rouault
, 
Pascal Butterlin
, 
et al.

Mari et sa région

Mari : rapport préliminaire sur la 41e campagne (2004)

Jean-Claude Margueron, Dominique Beyer, Pascal Butterlin, Jean-Olivier Gransard-Desmond, Béatrice Muller et Malou Schneider

Texte intégral

VIE DE LA MISSION

1L’arrivée des premiers membres de l’équipe sur le site de tell Hariri a eu lieu le 15 septembre 2004 et dès le 18 tous les chantiers ont été ouverts.

2Le 25 octobre a marqué le dernier jour de fouille de cette 41e campagne : les derniers travaux d’enregistrement et d’analyse se sont poursuivis jusqu’au 29 ; la maison de fouille a été fermée le 30 octobre et l’équipe s’est définitivement dispersée le 2 novembre.

3Le temps a été très beau pendant les trois premières semaines ; il s’est déréglé le 6 octobre avec un violent vent de sable ; à partir de ce moment, l’instabilité est restée grande, les menaces de pluie constantes, mais les averses ont été rares et de peu d’ampleur.

4Aucune difficulté n’est venue gêner les travaux de fouille.

L’ÉQUIPE

5À certains moments l’effectif de l’équipe a pu atteindre au maximum une vingtaine de membres :

  • archéologues : D. Beyer, P. Butterlin, J. Chanteau, J.-O. Gransard-Desmond, N. Hanna, J.-Y. Monchambert, B. Muller-Margueron, J. Nassar, M. Schneider ;

  • archéologue stagiaire : Y. Kanhouche ;

  • ostéologie animale : E. Vila, M. el Busso ;

  • épigraphiste : A. Cavigneaux ;

  • dessin : N. Latinus ;

  • dessin du matériel céramique : Kh. et Kh. al Mojadie (en fin de mission) ;

  • architectes : N. Bresch, Fr. Laroche-Traunecker, M. Leconte ;

  • architecte/restauration : M. Bendakir, L. Mohamed Ali ;

  • représentant : M. el Ali.

LES OBJECTIFS

6Les objectifs de la 41e campagne se situent dans le droit fil des résultats obtenus lors des dernières campagnes. Mais ils ont été aussi établis dans la perspective d’une cessation des activités de terrain du directeur actuel, donc avec le souci de terminer certaines des opérations en cours ou d’apporter des compléments indispensables à la compréhension d’opérations plus anciennes.

Poursuite de l’étude des niveaux inférieurs de la Ville I

Au chantier L principalement, il s’agissait :

Fig. 1 – Plan du site avec emplacement des chantiers fouillés en 2004
Le domaine archéologique de la cité de Mari est divisé en 15 zones rectangulaires – 250 m en abscisse et 500 m en ordonnée – numérotées de I à XV ; chaque zone est subdivisée en carrés de 10 m de côté, 25 d’ouest en est, désignés par les lettres de l’alphabet (sauf I), et 50 du sud au nord, numérotés de 1 à 50. Un carré de fouille est donc désigné par un chiffre romain donnant la zone, puis une lettre de l’alphabet (excepté I) associée à un numéro de 1 à 50 ; chaque carré est alors subdivisé en 4 quadrants : NO, NE, SO et SE, de façon à faciliter l’enregistrement des faits de fouille et des objets. Tout l’enregistrement repose sur ce carroyage. Les grands secteurs de recherche sont définis par une lettre A, B, C,… (chantier A,…), qui se surajoute au système précédent pour faciliter les localisations, mais qui ne servent jamais à l’enregistrement.

  • de poursuivre la descente dans les niveaux inférieurs de la partie orientale du chantier ;

  • si possible, d’atteindre la base de l’installation de Mari dans cette partie du chantier ;

  • mais aussi d’étendre la connaissance des phases 3, 4 et 5 dans le secteur nord-ouest du chantier, c’est-à-dire dans la partie de l’unité dépendant de la rue du temple d’Ishtar.

P-Espace 4

7La poursuite de l’étude du chantier P-Espace 4 a malheureusement du être abandonnée du fait de l’absence de Mohammed Muftah, retenu par une autre mission. C’est regrettable car ce chantier ne sera sans doute jamais terminé.

Maison Rouge

  • 1 Dans cette même livraison : chantier L, rapport 1999 p. 70-72 et 78, rapport 2000 p. 102-103, rappo (...)

8Enfin un sondage très limité était envisagé sous la Maison Rouge de la Ville II de façon à confirmer ou à infirmer les observations faites en L, en Pec, et en P-Espace 4 en ce qui concerne le contact entre Ville I et Ville II1.

Poursuite de l’étude la Ville II

Chantier P

9Une extension de la fouille du secteur du palais vers le sud était programmée pour élargir la jonction entre le secteur occidental de la Porte et la salle aux Piliers, mais l’urgence d’une intervention dans la salle 64 (le papahum) a conduit à ne pas insister sur cette partie du programme.

Chantier G

10Par ailleurs, un élargissement des recherches au niveau du temple de Ninhursag devait permettre de comprendre les rapports entre la phase architecturale étudiée, le secteur des fours fouillés en 2001, 2002 et 2003 et les zones explorées autour de ces secteurs où subsistaient beaucoup d’obscurités.

Analyse des niveaux inférieurs de la salle 64 du Grand Palais Royal : évolution et contact Ville III/Ville II

11Ce chantier, qui n’avait pas été prévu dans le programme établi à l’issue de la campagne de 2003, a été ouvert en raison du démarrage des travaux de restauration portant sur l’ensemble de l’unité de la salle du trône ; en effet la réparation des murs, l’installation de piliers de soutènement pour la couverture, l’aménagement d’un dispositif destiné à empêcher les remontées capillaires condamnaient toute possibilité ultérieure de fouille dans cet espace clé, situé entre la cour du palmier et la salle du trône dans la Ville III et, au niveau de la Ville II, entre la façade de la salle aux piliers du palais P-0 et les salles repérées sous la salle du Trône.

12Il s’agissait donc, en déterminant les conditions de sauvegarde de cette salle, de définir :

  • les niveaux inférieurs de la salle 64, à l’époque du Palais Royal du début du IIe millénaire, pour connaître l’évolution du concept du papahum dans l’organisation du bloc officiel entre l’époque des shakkanakku et la dynastie amorite ;

  • le contact (ou son absence) entre le niveau arasé du palais de la Ville II et celui de la construction de l’époque des Shakkanakku et la présence éventuelle de vestiges du palais intermédiaire (« Palais Fantôme ») ;

  • la nature des installations du palais de la Ville II et la relation stratigraphique entre la salle aux piliers et les installations du palais de la Ville II retrouvées sous la salle du trône du palais de la Ville III.

La restauration

13La restauration a porté en 2004 sur le secteur de la salle du Trône du Grand Palais Royal de la Ville III.

LES CHANTIERS ET LEURS RESPONSABLES (fig. 1)

  • Au chantier L, Pascal Butterlin, Béatrice Muller et Julien Chanteau se sont partagé les travaux ; ils ont été secondés par Joyce nassar et Yasmine Kanhouche.

  • Au chantier G, l’étude a été reprise par Dominique beyer.

  • Le sondage très limité sous la Maison Rouge de la Ville II a été assuré par Jean-Olivier Gransard-Desmond.

  • L’étude du papahum, salle 64 du Grand Palais Royal (Ville III) a été placée sous la responsabilité de Malou Schneider, secondée par nathalie hanna, puis par Jean-Olivier Gransard-Desmond.

  • Les travaux de restauration ont été repris sous la direction de Mahmoud Bendakir.

J.-Cl. M.

CHANTIER G – MAISON ROUGE

  • 2 Parrot 1955, p. 187-199 et fig. 5 p. 194 (plan de Jean Brusson A 104 reproduit également dans Parro (...)
  • 3 Études architecturales : Margueron 1996, p. 24-32 ; 2004, p. 172-174 ; 2007b, p. 240-244.
  • 4 Cf. rapport de 2002 dans cette livraison, p. 149 et 156.

14Sous la responsabilité de Jean-Olivier Gransard-Desmond, ce chantier a fonctionné du 18 septembre au 9 octobre. Ouvert à l’origine par André Parrot en 1953 et poursuivi en 19542, il avait donné une maison domestique de la Ville II ouvrant sur une rue, particulièrement bien conservée et d’un grand intérêt3. Il avait paru opportun en 2002 d’étudier l’infrastructure de cette rue, pour savoir si elle avait été, à l’instar de la rue du Souk, de celle du palais ou de celle de la Maquette, pourvue d’une chaussée absorbante4.

Objectifs

15Trois objectifs présidaient à l’action de 2004 :

  • reprendre le sondage de la rue pour définir sa texture, le sondage de 2002 n’ayant pas été concluant ; il s’agissait aussi de comprendre les raisons d’une situation peu claire ;

    • 5 Pour les interprétations qui ont longtemps prévalu, Muller 2002, no 111. Pour les nouvelles données (...)

    repérer, pour la fixer sur un plan, la fosse – d’extraction plutôt que de fondation – de la maquette circulaire trouvée en 1954 (maquette B), trouvée brisée en plusieurs morceaux dans la maison, sur le seuil et dans la rue, morceaux provenant en réalité non pas d’une chute depuis l’étage, mais vraisemblablement d’une volonté de sauvetage dans l’Antiquité par les habitants eux-mêmes5 ;

  • établir la relation stratigraphique entre le niveau de la Maison Rouge et celui de la Ville I, parce que seul ce chantier de la moitié orientale de la cité permettait de vérifier que le processus de formation de la Ville II était identique à celui observé dans les chantiers de la moitié occidentale ou de la partie centrale (chantiers L, F, H, G, palais, secteur des temples).

La fouille : modalités

16Pour donner les résultats espérés, la fouille s’est exercée à la fois dans la rue et dans trois des pièces de la maison sur une superficie d’environ 6 m sur 8 m ; on n’a donc pas procédé à un nouveau dégagement de la totalité de la maison, mais à une partie seulement (fig. 2). Afin d’établir des plans de coupe conformes à l’architecture, l’implantation de la fouille a volontairement été réalisée selon la direction des murs et se retrouve donc en oblique par rapport au carroyage, à cheval sur les carrés IX F 35 (quadrants nord-ouest - nord-est) et IX F 36 (quadrants sud-ouest - sud-est). Une berme de 2 m a été laissée entre le sondage de 2004 et celui de 2002. Un sondage étroit et profond (longueur env. 7 m, largeur env. 1 m, profondeur un peu plus de 3 m) a été réalisé le long de la limite sud-ouest de la fouille ; il s’enfonce sous le sol de la rue et sous les pièces 1, 4 et 3.

17Nous avons retrouvé la base des murs dégagés en 1953-1954 et remis au jour la banquette bitumée, la petite canalisation liant la banquette à la pièce 2, l’une des marches menant à la pièce 2, l’escalier, le sol de la pièce ainsi que la fosse de la maquette. l’emplacement de la fosse d’où provenait la maquette a été défini avec précision. Le sondage a donné des indications sur la constitution de l’infrastructure et sur la relation avec la Ville I (fig. 3 et 4).

18Le bilan de cette action est largement positif et l’on peut admettre que tous les objectifs définis ont été atteints.

Le contact avec la Ville I

19On a pu constater que l’on retrouvait ici le même processus d’évolution que partout ailleurs sur le site. Sous une importante couche de tessons dont le sommet se situe à 176,95, une surface d’arasement avec des traces rougies d’installations métallurgiques ayant appartenu à la Ville I apparaît à 176,04 (fig. 5). Cette surface, dont la partie la plus basse se situe à 175,87, correspond à l’arasement du mur 7 dont seulement trois assises de briques ont été mises au jour (dans cette zone la fouille s’est arrêtée à 176,90). Ce mur présente les caractéristiques de la Ville I (largeur 29 à 30 cm ; format des briques 29 × 29 × 9 cm). Au-dessus du niveau d’arasement de la Ville I, on observe un comblement artificiel d’environ 2 m avant le premier sol d’occupation réelle.

Fig. 2 – Chantier G-Maison Rouge : implantation du carroyage et plan schématique des niveaux respectivement Ville II et Ville I

Fig. 3 – Chantier G-Maison Rouge (Ville II) : secteur refouillé en 2004

Fig. 4 – Chantier G-Maison Rouge :
coupes architecturales montrant la hauteur des fondations de la Maison Rouge et la relation avec le niveau d’arasement de la Ville I
a – La coupe AA’ va de la rue au
loc. 3 en passant par le loc. 1. Les murs de fondation apparaissent nettement, ainsi que la fosse d’extraction de la maquette
b – La coupe BB’ passe en partie à l’aplomb d’un mur de fondation interne à la Maison Rouge et sa base atteint le niveau d’arasement de la Ville I

20Le contact entre la Ville II et la Ville I qui a pu être obtenu à 176,14, niveau d’arasement de l’occupation Ville I, permet de se rendre compte d’une différence d’environ 1 m avec le niveau d’arasement mis en évidence par ailleurs, – ou même 2 m par endroits –, en particulier au croisement de la Voie Sacrée et de la rue de la Maquette. La raison de cette surélévation n’apparaît pas clairement et il faudra reprendre la question par de nouvelles analyses.

21Hormis cette question qui met en évidence un certain terrassement peut-être lié aux questions d’écoulement des eaux, le contact avec la Ville I est remarquablement identique et confirme que l’ensemble de la Ville II a fait l’objet d’une reconstruction générale.

Fig. 5 – Chantier G-Maison Rouge : traces de foyers métallurgiques en IX F 35 et mur 7 à l’arrière-plan (Ville I), vus vers le sud-est

Les modalités de l’érosion

22L’édifice retrouvé par André Parrot était remarquablement conservé, avec des murs hauts encore de 2 m et même parfois 2,20 m. Son abandon depuis 1954 (exactement 50 ans) a entraîné une reprise de l’érosion par l’action du sillon destructeur qui s’est attaqué aux murs juste remis au jour et les a fait disparaître par la base en n’en laissant subsister que des moignons.

23On est donc en présence d’un véritable cas d’école concernent la destruction d’un édifice construit en briques crues : une première phase marquée, lors de l’incendie de la Ville II par naram-Sîn, par l’effondrement des superstructures qui ont enseveli et protégé la base de l’édifice sur 2 m de hauteur et plus, situation pérennisée grâce à la réoccupation de la Ville III au-dessus du niveau d’effondrement ; puis le dégagement par la fouille de 1954 a provoqué une nouvelle phase de destruction du fait de l’abandon à l’air qui a abouti à un arasement des murs à la hauteur du sillon destructeur.

Les fondations

  • 6 Selon les faces observées, les bases des murs ne se situent pas au même niveau. Celles du mur 3 se (...)

24L’étude, réalisée dans les sondages, des fondations sous chacun des murs de superstructure est significative du mode de reconstruction de la cité (Ville II). Il faut noter tout d’abord qu’aucun des murs de fondation mis au jour et analysés n’a montré l’existence d’une tranchée de fondation. Il est clair au contraire qu’ils ont été édifiés de façon libre dans un espace ouvert, à partir de niveaux légèrement différents pour les uns ou pour les autres au fur et à mesure que le niveau de comblement s’élevait à l’aide de terres rapportées, comme le met en valeur l’irrégularité de pose des parois des fondations (fig. 6)6. Un niveau de démarrage a pu être décelé à quelque 176,50 m avec un tannour et des débris de céramiques : il s’agit d’un niveau de chantier établi à une cinquantaine de centimètres du niveau d’arasement de la Ville I, après une première phase de comblement, niveau de chantier préalable à partir duquel les fondations ont été construites. C’est à partir du sommet des fondations que les sols de la maison et de la rue ont été aménagés et que les murs de la maison ont été édifiés.

Fig. 6 – Chantier G-Maison Rouge : mise en évidence des fondations, vue vers le sud. Au premier plan, sondage dans le loc. 3 ; au second plan, à gauche, l’antichambre 1

L’aménagement de la rue

  • 7 Dans la zone est de IX F 35 NE, une couche de graviers s’étendant sur l’ensemble de la surface déga (...)
  • 8 Beyer dans Margueron et al. 1997, p. 51 ; Margueron 2004, fig. 229 p. 310.

25L’élargissement de l’exploration de la rue a permis de comprendre pourquoi on ne trouvait que par endroits des restes de couches absorbantes7 : en effet une perturbation est clairement visible, surtout dans la partie médiane de la rue : l’étude de la paroi nord-est du sondage de 2002 (nettoyée et élargie) montre un remplissage par une terre assez rougeâtre provenant sans doute de la décomposition du niveau d’incendie qui a mis fin à la Ville II. On se trouve donc en présence de la même situation, mais à un moindre degré, que celle observée en 1990 dans la Voie sacrée8. On y avait conclu à une érosion intense tout au long de la voie, sans doute à la suite de plusieurs séries de pluies diluviennes postérieures à la destruction de la Ville II, suivies d’un comblement, peut-être en partie volontaire, par les reconstructeurs, à l’aide des terres rougies par la destruction des niveaux incendiés. L’orientation un peu différente des deux voies (Voie sacrée et voie de la Maison Rouge) permet sans doute d’expliquer le surcreusement inégal, la rue de la Maison Rouge, par ses dimensions, ne pouvant être assimilée aux grandes radiales – comme le montre d’ailleurs l’installation d’une chaussée absorbante par endroits conservée.

Sol et emplacement de la maquette

26Le sol de la pièce 3 (espace central) a été mis en évidence grâce à la présence de la crapaudine fonctionnant avec la porte reliant la pièce 1 à la pièce 3. L’ensemble donne une altitude située entre 178,15 et 177,90 pour le niveau d’utilisation de la Maison Rouge. Les banquettes indiquées par A. Parrot n’ont pas été retrouvées, sauf celle de la pièce 1. La cause en est la confusion du premier fouilleur quant aux empattements des fondations. En effet, après analyse du plan donné par A. Parrot, il est clair que la fouille a percé le sol : la crapaudine de la pièce 3 apparaît non seulement au niveau du sol mais aussi au même niveau que les banquettes indiquées par le fouilleur qui, par ailleurs, ne sont pas d’une hauteur suffisante pour une utilisation comme telles.

  • 9 Raison de plus pour y voir la fosse d’extraction et non d’enfouissement. Muller et Weygand 2007, p. (...)

27L’ensemble de la zone bitumée de la pièce 1 semble avoir été assis sur des gravillons dont une partie a été coupée par la fosse de la maquette9, identifiable comme telle par l’effondrement d’une partie des pierres de gypse prolongeant la banquette dans sa partie non bitumée.

28L’emplacement de la fosse de la maquette circulaire a été précisé : malgré les effets de l’érosion, il a été possible de trouver son diamètre (environ 1 m), sa profondeur (base à 177,70) et de les considérer conformes à la maquette. Il est donc maintenant certain que cette maquette, comme les trois autres, a été utilisée comme dépôt de fondation de la maison lors de la création de la Ville II.

La stratigraphie et la composition de la couche que forme la Ville II

29Finalement on constate, à partir de l’arasement de la Ville I (176 m environ), la séquence stratigraphique suivante :

  • comblement (en 2 phases sans doute), sur une hauteur de 2,20 m, entre l’arasement de la Ville I et le sol d’occupation de la rue et de la Maison Rouge – le sol de la maison se trouvant environ à 178,20 ;

  • la hauteur des murs dégagés par Parrot était de 2,20 m environ. Cela donne donc une hauteur de la couche formée par la Ville II de quelque 4 m à 4,40 m.

Conclusion

30Il y a donc un seul niveau d’habitation pour la Ville II à cet endroit, et ce pour une durée d’existence d’un siècle et demi à deux siècles sans doute. C’est évidemment assez étonnant, surtout si on attire l’attention sur le très bon état de la maison lors de son dégagement en 1954.

31Les murs de la Maison Rouge étaient assis sur une fondation d’un mètre de large et ne dépassaient pas 80 cm de large dans leur hauteur. La lacune dans la porte supposerait une réutilisation de murs de fondation plus anciens que ceux de la Maison Rouge, tout en gardant un niveau égal au précédent. La conclusion la plus raisonnable est certainement que la Maison Rouge a été reconstruite une ou deux fois dans le courant de l’histoire de la Ville II exactement au même emplacement, après que les reconstructeurs eurent éliminé les superstructures et recherché le niveau sommital des fondations, pour repartir de ce niveau sans mettre en danger le système d’écoulement des eaux.

32Ces recherches complémentaires sur le secteur de la maison Rouge se révèlent donc comme une opération riche d’enseignements divers.

J.-O. Gr.-D. et J.-Cl. M.

CHANTIER G (SECTEUR SACRÉ), ZONE DES FOURS

  • 10 Voir le rapport de 2003 cette même livraison, p. 175-176 et, sur les deux premiers fours, Beyer et (...)

33Les travaux ont été consacrés à la zone des fours en VIII Z 46 NE/NO-VIII Z 47 SE/SO (fig. 7) : dégagement du troisième four et exploration des environs immédiats, en particulier vers le nord-ouest10.

Observations sur la façade de la terrasse du temple aux Lions

34Le long de cette façade, une sorte de « banquette » recouverte d’enduit (surface à 178,77) a été retrouvée, adossée au mur, lui-même pourvu, ici, de restes d’enduit. Ces caractéristiques sont étranges si l’on considère que la terrasse d’Ishtup-Ilum, fondateur du temple aux Lions, devait être enterrée. Aucune trace d’enduit n’avait apparemment été retrouvée auparavant dans ce contexte.

Le niveau des murs de la Ville II

35Les prolongements vers le nord-ouest des murs 10 et 7 ont été reconnus jusqu’à la rencontre d’un mur 34, qui leur est perpendiculaire, et dont les deux extrémités restent inconnues, celle du nord-est surtout, car le mur passe sous la terrasse du temple aux Lions. Un autre nouveau mur, M-35, repart en direction du nord-ouest, du côté d’une très grande fosse remplie d’argile qui a gravement entamé les murs de ce secteur ouest. Le loc. H est maintenant bien connu, de plan trapézoïdal, avec sol montant vers le nord. Le couloir I en est son seul système d’accès. Dans l’état actuel des dégagements, rien n’indique que ces espaces appartiennent encore au complexe du temple de Ninhursag : le mur 8 semble en effet constituer une limite importante, et les espaces H, I et J semblent davantage s’ouvrir vers le nord et le nord-ouest, éventuellement sur une nouvelle unité cultuelle.

Fig. 7 – Chantier G : plan schématique du secteur des fours sous le niveau des murs Ninhursag III

Les restes d’installations postérieures aux fours

36On sait, depuis les fouilles de 2002, qu’avant l’installation du niveau de l’ensemble des murs, les constructeurs de la Ville II avaient aménagé banquettes et bassins en djuss, retrouvés très abîmés, pour une utilisation précise qui nous échappe. Cet aménagement se prolongeait sous le mur 7 (mais jusqu’où ?), sans doute installé partiellement sur les restes rasés de l’état ancien du mur 7, qui préexistait à l’installation des fours. Ce sol de djuss ainsi que les vestiges de bassins se terminaient vraisemblablement par une rigole débouchant dans le puisard VIII Z 46 NO 2 dont l’aménagement avait percé la cloison du troisième four. Ces installations peuvent avoir fonctionné en même temps que la plate-forme d, dans la partie nord-est de VIII Z 46 NE, nord-ouest de IX A 46 NO. Cette plate-forme de leben retrouvée en 2003, accolée aux bassins de tabuk a et b, avec phase d’agrandissement vers le nord-ouest et le nord-est, empiète visiblement sur l’angle nord-est du four VIII Z 46 NE 18. Le réexamen de la stratigraphie du secteur montre clairement que la plate-forme n’est pas en relation avec l’utilisation des fours comme on le suggérait en 2003 : elle est installée sur les couches cendreuses, avec nombreux ossements, restes de cuisine, liés à la présence des tannour au nord-ouest comme au sud-est, y compris de l’autre côté du mur 8. Ces vestiges d’activités de cuisine sont postérieurs à la période d’utilisation des fours, activités de chantier vraisemblablement. Mais la destination de la plate-forme reste problématique.

Le four VIII Z 46 NE 18 (ex-SE 6)

37Ce troisième four, en forme de poire, est le plus grand (près de 5 m de long pour env. 3,70 m de large), avec des murs plus puissants et un alandier mieux conservé (fig. 8). La sole s’était effondrée dans la zone centrale, sur les vestiges des carneaux, comme la plupart des arcs de briques qui la soutenaient. Mais les parties conservées sont suffisantes pour montrer que la sole n’était ici percée, pour l’évacuation des gaz de chauffe, que de longues feuillures au fond et, sans doute, à l’avant du four. Faut-il suggérer que ces fours étaient destinés à un autre usage qu’à la cuisson de céramiques ?

D. B.

Fig. 8 – Chantier G : le troisième four (VIII Z 46 NE 18, ex-NE 6), vu vers le sud

LE CHANTIER L

  • 11 Cf. rapports annuels dans cette même livraison.

38Ce chantier représente la première recherche extensive entreprise pour définir la Ville I, celle de la fondation, à la fois dans sa stratigraphie (donc son histoire) et dans ses modes de vie. La fouille y a débuté en 1999 et s’est régulièrement poursuivie depuis11. Engagée sur une superficie de 6 carrés de 100 m2 chacun, elle s’est progressivement concentrée sur quelque 400 m2 dans la partie orientale.

  • 12 Béatrice Muller et Pascal Butterlin se sont, cette année encore, partagé les secteurs de fouille av (...)

39En activité pendant la totalité de la campagne, le chantier a été fouillé dans les secteurs où les recherches avaient été conduites lors des années précédentes, à savoir en VII W 50, VII X 50 et VII Y 50 au nord-est, VII X 49 et VII Y 49 au sud-est12.

Les opérations de fouille

La partie septentrionale

40VII W 50 a été un chantier de délestage : en conséquence, les recherches n’y ont été qu’épisodiques, et localement limitées à l’angle sud-est du quadrant SE. En revanche, les recherches ont été spécialement concentrées dans la bande VII X 50 SO/SE et VII Y 50 SO, c’est-à-dire à l’emplacement de la partie septentrionale de la maison dont les étapes ont été suivies depuis la phase 3.

La partie méridionale

41On a régulièrement travaillé dans la moitié orientale (sud-est et nord-est) de VII X 49 et dans la totalité de VII Y 49, c’est-à-dire dans le bâtiment principal de la maison donnant sur la rue orientale et dans l’atelier de métallurgie.

Données complémentaires concernant les phases déjà connues (3, 4 et 5 = niveau architectural C)

  • En VII W 50, les caractéristiques de la phase 3 ont pu être précisées, puis le dégagement de la phase 4 a renforcé l’hypothèse de l’existence d’un tremblement de terre qui aurait mis fin à celle-ci, comme les deux ânes de la maison orientale avaient permis de l’inférer : cette fois, c’est la découverte d’un mur effondré associé, une fois encore, à une tête d’âne (le reste du corps ayant disparu) dans une pièce d’une maison desservie par la rue dite du temple d’Ishtar.

  • En VII X 50 et VII Y 50 SO/SE nous avons pu mieux définir le passage de la phase 5 à la phase 6, ceci avant de dégager la phase 6.

    • 13 Cf. rapport de 2003 dans cette même livraison, p. 167-169.

    Il a enfin pu être établi que le mur qui délimite la rue orientale, au niveau de la phase 3, n’est pas celui de cette phase, mais provient d’un mur de fondation intrusif qui n’assure aucune des communications de la maison et de l’atelier de métallurgie. Ce mur a été installé à l’emplacement de l’ancien et descend parfois jusqu’à la phase 4 : ce n’est donc pratiquement que dans les premières phases de cette maison (phases 6 et 5) que l’on possède clairement son fonctionnement. Il est par conséquent manifeste que les troubles apportés par les intrusions de la période 3-2 sont très importants et qu’il faut les avoir constamment à l’esprit13.

  • La mise au net du sol inférieur de la phase 5 de l’atelier de métallurgie a permis de constater que l’on avait dégagé en 2003 l’ensemble des installations à feux à l’exception d’une fosse à galets.

  • Les seuils des portes vers la rue et vers la dépendance orientale de l’atelier de métallurgie ont été soigneusement étudiés (fig. 9).

La phase 6

42Le passage de la phase 5 à la phase 6 a été suivi sur une grande partie de la superficie fouillée : il a fallu néanmoins en plusieurs endroits restreindre le champ étudié (fig. 10).

Fig. 9 – Chantier L, Ville I : couloir conduisant de la rue à l’atelier de métallurgie en VII Y 49 NE, vu vers le sud-ouest ; on remarquera les seuils en gypse des portes donnant sur la rue (au premier plan, phase 4) et sur la grande salle incomplètement fouillée au sud-est (phase 5)

Fig. 10 – Chantier L : plan schématique de la phase 6, Ville I

  • La première constatation d’importance touche à l’existence, dès cette phase, du réseau des murs qui délimitent les espaces clairement définis lors de la phase 5 ; on est donc certain que l’organisation de l’espace et le parcellaire sont alors parfaitement établis et qu’ils vont perdurer jusqu’à la fin de la phase 3 au moins.

  • De la maison septentrionale, nous avons retrouvé le plan des dépendances qui entouraient la cour ; quant à la grande pièce méridionale, son mur nord fait défaut, alors que celui du sud a été clairement délimité. Son issue vers la rue orientale a été repérée (fig. 11).

  • L’espace méridional (atelier au moins partiellement à ciel ouvert) semble avoir déjà eu une vocation artisanale, même si la métallurgie n’y est représentée que par une seule installation à feu. Mais un four à céramique de plan plutôt circulaire et qui, d’après l’importance de la paroi brûlée, a été bien utilisé, est installé au centre de cet espace (fig. 12). Il semble donc que, dès la planification initiale, ce secteur était voué à une activité manufacturière.

La phase 7 et la structuration de l’urbanisme

43La phase 7 a été repérée en plusieurs endroits à partir de la cote 172 environ, mais toujours sur de petites superficies et de façon discontinue. On peut cependant retenir quelques indices intéressants sur la nature de l’occupation.

44Des murs, évidemment très fragmentaires, ont été retrouvés à l’emplacement et selon les directions de certains des murs des niveaux supérieurs, ce qui peut permettre de penser que la division parcellaire était déjà réalisée ; dans le même ordre de constat, un alignement de pierres, quoique de faible épaisseur, semble avoir déterminé la limite est de la maison et donc la rue orientale ; enfin un mur est-ouest pourrait bien aussi avoir marqué la séparation entre le territoire de la maison et celui de l’atelier.

45Cependant une particularité doit être signalée parce qu’elle empêche une conclusion très ferme : sur trois points, très bien observés, ces murs de la phase 7, arasés vers 172,18 en VII X 50 SO/SE et 171,71 en VII Y 49 NO, sont surmontés par une couche de remblai (?) de 20 à 40 cm (selon les secteurs) qui implique une phase d’exhaussement et de nivellement général après l’arasement. Dans ces conditions, l’idée d’une simple reprise en phase 6 des murs d’une organisation parcellaire réalisée à la phase 7 n’est pas certaine puisque celle-ci a nécessairement été cachée par le remblai : se pourrait-il que l’implantation parcellaire soit restée inachevée vers la cote 172 pour être reprise vers 172,60 ? Une étude comparative des niveaux de départ de l’occupation, et en particulier celui du secteur sous le temple d’Ishtar voisin (premier sol vers 172,85) pourrait rendre crédible ce qui n’est encore qu’une hypothèse (voir ci-dessous la conclusion).

Fig. 11 – Chantier L : mise en évidence du montant nord de la porte (non dégagée) de la maison sur la rue nord-est (phases 3 à 6, niveau C) dans le mur 239 en VII Y 50 SE, vue vers l’est

Fig. 12 – Chantier L : four à céramique VII Y 49 SE 142 à côté d’une tombe de nourrisson à couverture de dalles de gypse (VII Y 49 NO T-5), vus vers le sud-ouest (phase 6)

Impossibilité de dégager les phases 8 et 9

46Le très haut niveau de la nappe phréatique n’a pas permis la fouille systématique des deux phases 8 et 9 repérées lors du sondage de 2001. Il a été seulement possible, dans deux sondages, avec l’aide d’une pompe à moteur qui évacuait l’eau qui s’accumulait rapidement, de retrouver le niveau originel vers 170,45, c’est-à-dire 60 à 80 cm plus bas que dans les autres sondages. Quelques artefacts ont été mis au jour dans la terre boueuse : une grosse jarre fragmentaire, une « gargoulette » (vase globulaire à goulot), une trace d’installation à feu.

47On est donc bien dans une phase de la construction de la cité : mais ce n’est sans doute qu’une phase d’aménagement, la véritable organisation et structuration de la cité nouvelle se faisant aux phases 7 et surtout 6.

Signification des tombes

  • 14 Étude par Joyce Nassar dans Les espaces funéraires suburbains de Mari (Moyen-Euphrate, 2900-1760 av (...)
  • 15 Pour la situation des tombes des phases 4 et 5, voir les plans schématiques fig. 3 et 4 du rapport (...)

48Une demi-douzaine de tombes ont été fouillées14 ; la plupart doivent être associées aux phases 5 et 6 (cf. fig. 10) – en particulier celles de l’atelier de métallurgie (VII Y 49 NO T-5 et SE T-4) et celle au milieu de l’espace ouvert au centre de la maison, VII X 50 SE T-5) mais l’une, sous le couloir d’accès de la maison à la limite de la rue, vient de la phase 415 (loc. 422 = VII Y 50 SO T-2, fig. 13).

49Cette dernière, construite en briques crues, était d’une certaine richesse, avec un bol, une épingle et un objet indéterminé en cuivre/bronze, avec des céramiques nombreuses et variées dont un support, une grande jarre, une tuyère… et avec une perle en cornaline chauffée. Son extrémité ouest était marquée par deux dalles de gypse dressées.

  • 16 VII Y 49 SO T-1, cf. plan schématique de la phase 5, fig. 4 du rapport de 2003, p. 165.
  • 17 M. Jean-Marie dans Margueron et al. 2007b, p. 21 et fig. 22 et 23 p. 29-30.

50Toutes (sauf une) étaient construites et recouvertes soit de briques, soit de dalles de gypse ; la seule sépulture en pleine terre (VII Y 49 SO T-1) était dépourvue de tout mobilier à l’exception d’une petite perle16. Ainsi, comme en Pec, à l’approche de la base de la cité les tombes se font nombreuses17 ; elles sont presque toutes construites sur un modèle voisin, mais aussi, sans être dépourvues de tout matériel, elles apparaissent, à l’instar du chantier Pec, comme très pauvres.

51Une tombe mérite une attention particulière : celle d’un petit enfant qui contenait, outre des céramiques courantes, deux vases miniatures (VII Y 49 NO T-5, cf. fig. 12). On ne peut en effet la considérer comme une simple tombe d’enfant, perdue au milieu des autres dans cette phase de fondation de la cité, car, à quelques centimètres au sud, juxtaposé à elle, a été dégagé le petit four de potier circulaire VII Y 49 SE 142 mentionné ci-dessus p. 195. Faut-il mettre en relation cette tombe d’enfant et le four de potier ? Ce qui permet de franchir le pas, c’est :

  • leur très étroite association ;

    • 18 Cf. dans cette livraison, rapport de 2005, p. 218-219.

    une association semblable retrouvée, en 2005, à une douzaine de mètres au nord-ouest, en VII W 5018 ;

    • 19 Margueron 1998 ; III E 1 SE T-2 = T 1065, cf. I. Weygand dans Margueron et al. 2007a, p. 25 ; III E (...)

    le fait que dans un autre chantier de Mari (F), on ait déjà retrouvé, dans les fondations du premier niveau de la Ville III, deux inhumations de petits enfants étroitement associées à un four à céramiques dans la maison d’un potier. Cette découverte avait mis l’accent sur l’existence d’une pratique unissant le potier et l’inhumation d’enfants en bas âge, qu’il s’agisse ou non d’un sacrifice19.

Fig. 13 – Chantier L, vu vers le sud-ouest : à gauche, VII Y 50 SO T-2 avec ses dalles dressées, au centre VII X 50 SE T-5 non vidée, à l’arrière-plan à droite VII X 50 SE T-4

  • 20 Cf. dans cette livraison, rapport de 2001, p. 122-123 et fig. 10.

52On la retrouve maintenant par deux fois aux origines mêmes de la cité : cela ne peut être l’effet du hasard. Faut-il aussi rappeler que, sous le seuil de la maison située sous l’Espace 4 de la Ville I, dont le niveau II était rempli de céramiques, on a retrouvé une petite tombe de nourrisson20 ?

Conclusion : les débuts de la ville dans ce secteur

53Les renseignements obtenus dans les phases 6 et 7, cumulés à ceux venant du secteur voisin, sous le temple d’Ishtar, permettent de se faire une idée du processus de l’aménagement de la cité dans cette partie de la ville (fig. 14).

54C’est à une altitude de 171,61 que le niveau d’origine a été repéré dans le secteur du temple d’Ishtar ; à l’emplacement du bâtiment aux fondations de pierre, la première couche de terres rapportées dans laquelle les fondations ont été enfoncées fait presque 1,20 m de haut et le sommet des fondations, donc le sol d’occupation approximativement, se trouve à 172,85 ; au chantier L, cette altitude correspond sensiblement au sommet de la phase 5 ; or le premier niveau certain d’occupation urbaine semble bien apparaître à la phase 7, soit environ un mètre plus bas que le bâtiment aux fondations de pierre situé seulement à une trentaine de mètres à l’ouest. Il est assez difficile, mais non impossible, d’expliquer une telle différence : cependant avant de se prononcer, une recherche complémentaire s’impose.

J.-Cl. M.

Fig. 14 – Chantier L, Ville I : vue d’ensemble vers le nord-ouest à la fin de la campagne 2004

GRAND PALAIS ROYAL – SALLE 64 (CHANTIER P)

La fouille21

  • 21 Sous la conduite, cette année encore, de Malou Schneider, secondée par Nathalie Hanna et, à certain (...)

55Compte tenu des objectifs et de l’espace très limité de la recherche à l’intérieur des murs du papahum qu’il faut conserver et restaurer – un rectangle de 25,50 sur 7,50 m –, il a été décidé de renoncer à implanter la fouille selon le carroyage comme il est normalement pratiqué.

  • 22 Les dimensions de ces aires de fouille correspondent sensiblement d’ailleurs à la superficie normal (...)
  • 23 C’est, avec la numérotation de la fouille profonde réalisée en 1994 dans l’espace central de l’ence (...)

56Une division du papahum en trois espaces de fouille a donc été établie, d’importance pratiquement égale : un petit peu plus de 8 m de large (dans le sens est-ouest) sur 7,50 m nord-sud (correspondant à la largeur de la salle), les limites de ces espaces étant conformes aux directions des murs22. Ces trois « carrés » ont été, par exception, désignés par le numéro de la salle du palais – 64 – suivi d’est en ouest des lettres A, B et C et non par le système habituel de repérage puisqu’ils ne correspondent pas au carroyage23.

57De façon à ménager les circulations entre la cour 106 et la salle 65 ainsi que l’évacuation des terres, seuls les deux carrés C et A ont été ouverts dès le début de la campagne ; ils sont restés en activité jusqu’à la fermeture des travaux ; le carré B (au centre) a fait l’objet d’une investigation de surface lors des derniers jours.

58Pour permettre les travaux de restauration, nous avons comblé les carrés de fouille après la fermeture du chantier.

La remise au jour du podium de la salle 64

  • 24 Podium : cf. Parrot 1958a, p. 104-110 et 1958b, p. 67-69. Zone carrelée, partie occidentale : cf. P (...)

59Le nettoyage de la salle 64 (fig. 15) a permis de remettre au jour ce qui restait du podium peint dégagé lors de la découverte du palais et au pied duquel gisait la statue de la déesse aux eaux jaillissantes24. On n’a évidemment retrouvé que des débris du revêtement en plâtre peint qui recouvrait le podium le plus récent ; quelques plaques étaient cependant encore en place ou intactes : elles ont été soigneusement recueillies ainsi que tous les débris mélangés à la terre d’érosion. Il est possible que l’on puisse en restaurer une partie.

  • 25 Margueron 1987b, en particulier fig. 3 p. 467 et fig. 7 p. 476.

60Lors du réajustement de la symétrie dans l’ensemble 106-64 à la suite du doublement du mur occidental de la cour25, le podium a été déplacé vers l’est afin qu’il conserve sa position à l’extrémité de l’axe de symétrie. Il a donc suivi le mouvement général de la transformation de ce secteur (fig. 16).

61Un sondage pratiqué dans le cœur du podium a permis de récupérer quelques fragments (étoiles en bleu) d’une autre composition picturale qui a appartenu à une phase antérieure de celui-ci.

62Il n’est pas sans intérêt de constater une évolution des motifs dans un laps de temps assez court qui pourrait ne pas dépasser quelques dizaines d’années. Si on attribue à l’époque de Samsi-Addu le décor de la phase finale du podium, et ce en accord avec l’ensemble des observations portant sur les travaux du secteur 106-64, cette composition étoilée pourrait soit appartenir au moment où la peinture de l’Investiture a été réalisée, soit encore à une phase antérieure remontant au xixe siècle.

Observations portant sur l’architecture de la phase finale avec le papahum26

Le papahum

  • 27 Margueron 2007e, fig. 7-a et -b p. 93.

63Dans sa forme finale, celle précisément appelée, à partir des textes, le papahum, c’est-à-dire le « vestibule », on constate dans la salle 64 deux étapes, que l’on peut définir comme 1 – la plus ancienne – et 2 – la plus récente – et que j’appellerai en conséquence papahum récent 1 et papahum récent 2 (fig. 1727).

Les sols

64Il n’y a pas eu, semble-t-il, de réelle modification du niveau du sol d’une étape à l’autre. Il nous faut cependant remarquer que la multiplication des interventions dans ce secteur du palais, sans qu’il y ait eu un exhaussement majeur du niveau d’occupation, rend très difficile l’attribution des lambeaux de sol subsistants à l’une ou l’autre des phases que l’architecture permet de définir, les contacts sols/murs ne se faisant plus de façon claire. Il faudra donc traiter de façon indépendante les sols et les murs et voir s’il est possible de mettre certains en relation. Ce travail ne peut être fait dans le cadre de ce rapport préliminaire.

Les « cicatrices » architecturales

65Des observations faites par l’équipe d’André Parrot portant sur la structure des murs ont été confirmées, d’autres, nouvelles, peuvent être ajoutées à la liste :

  • La porte centrale, bien axée, du mur nord, a connu un rétrécissement, par l’adjonction d’une tête de mur de 1,50 m de longueur du côté ouest ; c’est le dédoublement du mur occidental de la cour 106, déjà mentionné, qui est responsable de cette transformation (cf. fig. 16).

  • Les deux murs est et ouest de la salle 64 viennent s’appliquer contre le mur septentrional de la salle du Trône : aucun liaisonnement n’a été constaté : dès lors le constat d’une reprise totale de ce secteur à un moment s’impose et il apparaît que le papahum-vestibule doit être considéré comme une adjonction seconde, et donc comme une transformation sans doute drastique d’une première organisation.

  • Une porte obstruée, près de l’angle nord-ouest du mur occidental, montre un système de circulation différent dans une étape antérieure ; il est assez vraisemblable que la porte sud-ouest qui conduit, dans la phase finale, à la même salle 56, sorte d’antichambre pour la salle 1 – siège de l’administration à l’époque de Zimri-Lim – n’existait pas alors.

  • Le mur septentrional de 64 présente diverses « malfaçons » structurales (différentes dans ses sections est et ouest) dont certaines ont été observées lors de sa découverte : certaines sont sans doute l’indice de reprises en sous-œuvre pendant la vie de ce bâtiment ; cependant, il est difficile de fixer dans le temps ces travaux, car la date du mur est incertaine : il pourrait dater du moment où l’ensemble du papahum de la dernière formule a été aménagé, mais rien ne prouve – et l’état des liaisonnements ne permet aucune conclusion – que ce mur ne date pas du papahum première formule, voire de la période des shakkanakku.

Fig. 15 – Chantier P, salle 64 (Ville III) : vue d’ensemble vers le sud-est après remise au jour de la zone carrelée (au premier plan) et du podium peint

Fig. 16 – Chantier P, salle 64 (Ville III) : modification de l’axe de l’enfilade cour 106-salle 64 à la suite du doublement du mur occidental de la cour 106

Fig. 17 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : papahum récent 1 (époque amorite ancienne) et papahum récent 2 (époque de Samsi-Addu) ; le podium a été omis

66Ces « cicatrices » témoignent d’une histoire ancienne et complexe mais, pour trouver la logique des transformations, il faut faire intervenir d’autres données, en particulier celles de la stratigraphie.

Un papahum (?) d’une époque antérieure morphologiquement différent

67Sous les niveaux de sols, dont certains fragments ont pu avoir appartenu aux dernières phases de la vie du palais, ont été remises au jour des bases de murs (à la limite des fondations) qui ont appartenu à une phase précédant celle du papahum récent (fig. 18). Il n’est plus possible de savoir si, pour les constructeurs, il s’agissait déjà d’un papahum car, si la fonction d’accès est présente, le plan, plus complexe, introduit une organisation de l’espace totalement différente de la formule classique de l’époque des dynasties amorites et ne met pas en place la grande salle majestueuse ; cependant, l’accès semble toujours centré sur l’axe majeur de la cour du Palmier, selon la plus ancienne phase de celle-ci (dont l’axe est plus à l’ouest que dans la phase finale, cf. fig. 16).

  • 28 Margueron 2007e, fig. 6-g p. 89.

68Ce qui a été conservé ou retrouvé du plan montre la présence, au centre du dispositif, d’une pièce de 9 m de large (est-ouest) sur plus de 7,50 m mais dont aucune limite (nord et sud) n’est définie de façon assurée (fig. 19)28. Deux portes en vis-à-vis, à l’extrémité nord des deux murs est et ouest, donnent accès à deux pièces de taille différente. À l’est, un seul espace de 5,50 m (est-ouest) et au moins 7,50 m (nord-sud) pourrait avoir permis l’accès à la salle du trône par le sud ; à l’ouest, on rencontre d’abord une petite pièce de 5 m sur 2,70 m, et vers le sud une autre (incomplètement connue) certainement de mêmes dimensions : l’état de conservation ne permet plus de savoir si une porte avait existé entre ces deux pièces, mais cela paraît vraisemblable. Les relations avec la salle du Trône ou avec le secteur occidental n’apparaissent plus clairement : il est problable cependant que l’une et l’autre existaient à cette époque ; mais on notera que la nature des deux espaces ne favorise pas une entrée solennelle.

Fig. 18 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : infrastructure du papahum, partie orientale (vue vers le nord-est)

69En revanche, la pièce centrale (en 64-B), par ses dimensions et sa position, forme un hall d’accueil assez imposant qui, en donnant accès à 64-A, permettait d’atteindre du bon côté la salle du trône, c’est-à-dire par l’est afin d’autoriser une approche progressive vers le trône.

70La date de construction de ce dispositif n’a pu être précisée ; elle se situe nécessairement au xxe ou au xixe siècle, entre la formule datant de l’édification (vers 2000) et le dernier grand réaménagement, que l’on peut placer à l’époque de la dynastie amorite.

Vestiges datant de la phase de construction par les Shakkanakku ?

  • 29 Margueron 2007e, fig. 6f p. 89.

71Assez étroitement imbriquées aux vestiges du papahum ancien 1 ont été retrouvées en plusieurs endroits les fondations du mur septentrional qui fixait la limite du bas-côté de la salle du trône lors de la construction du palais vers 2000 (sans doute par les soins de hanun dagan). Cette découverte montre qu’à l’origine, la salle du trône était aménagée selon le parti du plan tripartite traditionnel (fig. 2029) et que la disparition du bas-côté septentrional vient d’une réadaptation du plan d’ensemble au moment où l’on a aménagé le papahum ancien ; l’impossibilité de modifier l’implantation de la cour 106 peut avoir été à l’origine de la suppression du bas-côté : on a préféré supprimer complètement le bas-côté septentrional originel pour avoir la place d’installer le papahum, nouveau bas-côté élargi, plutôt que de prolonger la cour vers le nord de la valeur du papahum en appliquant celui-ci contre l’ensemble du bâtiment tripartite.

72Cette opération est intéressante à plus d’un titre.

  • Elle montre que toute modification de la superficie de la cour 106 aurait porté atteinte au concept même qui avait présidé à son emplacement et à ses traits morphologiques ; cette explication paraît préférable à celle qui envisagerait simplement que l’on ne voulait pas toucher aux bâtiments installés au nord de la cour 106, ceux-ci ne présentant aucun caractère sacré ou monumental particulier.

  • Elle met en valeur la maîtrise technique des constructeurs, qui ont été capables de maintenir en place la salle du trône et l’un de ses bas-côtés, tout en démolissant le second en dépit de l’organisation structurale impliquée par la couverture, et en le remplaçant par une construction d’une autre nature recevant pourtant les mêmes charges.

Fig. 19 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : papahum ancien 2 (fin de l’époque des Shakkanakku)

73En tout cas il est clair qu’il n’y a, au moment de la fondation, aucun papahum semblable aux deux formes qui sont attestées par la suite.

74Des restes de sols en plâtre ayant sans doute appartenu à la première période, celle de la construction par les Shakkanakku, ont été retrouvés sous le sol d’occupation final (fig. 21).

  • 30 Margueron et al. 1993, p. 31 et fig. 34 p. 32 ; Margueron 2004, p. 367-369 et fig. 355 à 359.

75Enfin il n’a pas été possible de définir la présence de murs de fondation ayant appartenu au palais intermédiaire, datable du début de l’époque des Shakkanakku et donc antérieur au palais de la Ville III, dont des restes ont été retrouvés sous la salle du trône voisine30.

Fig. 20 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : papahum ancien 1 (époque de la construction du Grand Palais Royal, vers 2000)

Vestiges de la Ville II

76Le niveau du palais de la Ville II a été atteint en deux points différents : c’était l’un des objectifs de l’opération (fig. 22).

  • En 64-C d’une part, à proximité de l’aplomb du mur ouest a été retrouvé le tracé d’un mur parallèle, donc de direction nord-sud, épais de quelque 1,80 m, dont la hauteur de conservation, à plus de 2 m de haut au nord, s’abaisse au centre à 1 m environ à cause du mur de fondation du GPR. Des traces d’incendie ont été repérées dans le faible espace dégagé entre ce mur et la limite de fouille à l’aplomb du mur occidental de 64 ; il est cependant difficile de les attribuer en toute certitude au niveau P-1 en raison de l’altitude un peu élevée de leur apparition et de la faible étendue du dégagement.

Fig. 21 – Chantier P, salle 64 : partie orientale vue vers l’ouest

Fig. 22 – Chantier P, sous la salle 64 : vestiges de la Ville II

    • 31 Margueron 1983, p. 17.

    En 64-A, dans le milieu de la zone fouillée, le niveau de la Ville II est réapparu avec des caractéristiques assez curieuses : tout d’abord la maçonnerie n’apparaît pas de direction conforme au reste du palais ; ensuite trois installations de morphologie proche de celle de tannour étaient alignées le long du mur sud, mais divers indices conduisent à y voir plutôt des sortes de petits silos ; enfin le sol, plus ou moins cendreux et rougi par l’action d’un feu (incendie ? activité artisanale ?), était parsemé d’une multitude de petites perforations, en général verticales, qui font songer à des traces laissées par des bâtons enfoncés dans le sol (cf. fig. 18). On ne comprend pas clairement l’origine de ces traces, mais il faut rappeler qu’à quelque 5 m de là, au nord-est, les mêmes traces – petits trous verticaux, terre cendreuse et sol plus ou moins rougi – ont été observées en 1980 dans le couloir 67 (ex-LXVII) à la même altitude31. La jonction entre les deux zones de fouille donnerait peut-être l’explication, malheureusement le mur 106/64 se trouve exactement au-dessus.

77La question de l’appartenance de chacun de ces restes au palais P-0 ou à P-1 est un peu difficile à résoudre du fait des faibles superficies dégagées, mais aussi parce que la couche P-1/P-0 est, dans tout ce palais de la Ville II, particulièrement difficile à définir.

Conclusions sur les résultats obtenus dans le sondage sous la salle 64

Évaluation des problèmes en suspens concernant les vestiges de la Ville II et les débuts de la Ville III

  • 32 Fouilles 1980 : Margueron 1983, p. 17 et plan fig. 6 p. 29. Fouilles 1982 : Margueron 1984, p. 31, (...)
  • 33 Fouilles 1987 : Margueron et al. 1993, plan fig. 20 p. 23 et p. 30-34. Fouilles 1990 : Margueron et (...)

78Finalement la jonction recherchée entre les parties du palais de la Ville II repérées sous la cour 106 (la bordure sud de la salle aux Piliers et sa façade, le couloir 67 [ex-LXVII] – fouilles 1980-198232 –) et sous la salle du Trône (fouilles 1987 et 199033) n’est pas claire du tout et il me paraît difficile d’avancer des hypothèses sur les parties manquantes. Il est à craindre que la réponse ne soit jamais obtenue car tout ce secteur sera bientôt inaccessible à cause des travaux de restauration de la salle du trône.

79En tout cas, la discontinuité entre le niveau de la Ville II et celui de la Ville III est totale ; il n’existe pas d’élément permanent entre le palais de Ville II et le palais Ville III, pas plus dans ce secteur que dans les autres parties de l’édifice.

Évolution du dispositif de la salle du Trône du Palais Royal, de l’époque des Shakkanakku au papahum de la phase amorite

80En revanche, le grand apport de cette fouille réside dans les informations nouvelles obtenues sur le papahum.

81Ce dernier est un aménagement caractéristique de l’organisation du groupe officiel du palais de l’époque des dynasties amorites ; il est considéré souvent, mais à tort, comme la salle du Trône elle-même ; les découvertes faites cette campagne à Mari permettent de retracer son histoire dans le contexte mariote et de poser les termes de l’évolution d’un dispositif architectural qui marque certainement une étape spécifique dans le cérémonial royal mésopotamien.

  • lors de la construction du palais par Hanun Dagan, vers 2000, c’est au plan traditionnel de la salle tripartite que les constructeurs font appel pour abriter la salle du trône ; elle présente la particularité d’offrir un exemple remarquable d’axialité ; malheureusement, on ne peut plus connaître le cheminement qui assurait cette liaison axiale entre la salle du Trône et la cour 131. Il ne semble pas qu’il y ait eu alors de relation entre le bas-côté septentrional de la salle et l’espace occupé par la cour 106 qui s’étendait au nord ; cependant si une relation a néanmoins existé, elle n’a pu avoir été que de faible importance et son rôle cérémoniel était certainement nul. Quant à la cour 106, il semble qu’elle ait formé alors, sur un plan pratiquement carré, une unité à ciel ouvert cernée de couloirs assurant les relations avec les unités périphériques sans qu’il y ait eu une volonté de mettre en valeur l’une ou l’autre partie.

    • 34 Parrot 1958a, fig. 106 p. 104.

    Une première et drastique transformation pourrait marquer la fin de la dynastie des shakkanakku, sans que l’on puisse définir le moment précis de celle-ci dans l’état présent des recherches ; elle touche à la bordure septentrionale de la salle du trône. Le bas-côté nord a été totalement éliminé, comme le montrent clairement les traces de rupture de liaisonnement des murs (observées en 193634) et la fondation du mur septentrional (repérée cette année). Un premier papahum ou papahum ancien a alors été érigé. Le parti adopté alors a été d’installer, à la place du bas-côté et du couloir (?) qui bordait au sud la cour 106, une salle de 9 m (est-ouest) sur 8 m au moins (nord-sud) qui débouchait, par une baie large et bien axée, sur la cour 106. Des pièces ont été aménagées de part et d’autre de celle-ci : une à l’est (8 m env. sur 5,50 m) semble avoir servi de pièce intermédiaire à partir de la salle centrale pour rejoindre la salle du trône ; une plus petite à l’ouest (4,80 sur 2,80 m), apparemment indépendante, et derrière le mur méridional, l’amorce d’une troisième pièce qui pourrait avoir servi pour atteindre la partie ouest de la salle du Trône à partir du couloir occidental de la cour 106 ; cette dernière pièce, tout en étant prise sur l’ancien bas-côté, participe donc d’un autre système de circulation. Les deux pièces à l’est et à l’ouest de la salle centrale sont reliées à celle-ci par des portes en vis-à-vis, chacune équipée d’un coffre de crapaudine.

  • Une nouvelle étape a été franchie avec la transformation du papahum ancien en une organisation simplifiée de l’espace (papahum récent 1) : les quatre pièces de l’organisation précédente sont réunies en une seule salle allongée qui occupe toute la largeur de la cour 106 ; ouvrant sur celle-ci par le même accès centré que lors du papahum ancien, elle permet de rejoindre la salle du trône par une porte installée à chacune de ses deux extrémités, est et ouest. On est donc maintenant en présence d’un vestibule monumental de 26 m sur 8 m ; dans l’axe de la cour 106 était élevé un podium recouvert de plâtre peint, sur lequel se dressait une statue, peut-être déjà celle de la déesse aux eaux jaillissantes.

    • 35 Margueron 1987b, fig. 7 p. 476.

    Une dernière modification, mineure cette fois, donne naissance au papahum récent 2 ; en effet le dédoublement du mur occidental de la cour 106 (un nouveau mur d’environ 1,80 m qui, en s’ajoutant au premier de même épaisseur, donne une épaisseur de 3,60 m) a entraîné une diminution de la largeur de la cour 106 et par voie de conséquence un réajustement des axes de symétrie : de ce fait, le palmier ne se trouve plus au centre de la cour puisque les diagonales se croisent maintenant à près de 1 m plus à l’est35 ; il ne semble pas cependant qu’une nouvelle implantation ait été prévue, au point que l’on peut se demander si l’arbre symbolique existait encore dans l’état dernier du palais. Pour assurer le nouvel axe de symétrie, les architectes ont simplement procédé au rétrécissement des baies et portes en avançant les chambranles occidentaux.

82Il faut souligner le souci des constructeurs de préserver, en dépit des modifications, l’harmonie de cet ensemble majestueux : il y a là une information d’une grande importance concernant les modes de pensée des architectes.

Importance de ces observations et de l’évolution

83L’évolution de la salle du Trône du palais de Mari est donc exemplaire à plus d’un titre, puisqu’elle montre comment est né le plan caractéristique de l’époque amorite, issu d’une transformation du concept mis en œuvre à l’époque des Shakkanakku.

J.-Cl. M.

LES TRAVAUX DE RESTAURATION DU GROUPE LIÉ À LA SALLE DU TRÔNE 65

84Sous la responsabilité de Mahmoud Bendakir a été engagée une opération de restauration de la salle du trône et de son environnement immédiat. Il faut souligner que la responsabilité en incombe à l’Association des amis de Mari pour la sauvegarde du site (AAMSS) et non à la mission de mari. Cependant, il convient de signaler ici cette opération pour les répercussions qu’elle a sur l’apparence du site et parce qu’elle concerne un matériel archéologique.

85Les objectifs poursuivis sont au nombre de quatre :

  • mettre l’ensemble de la salle du Trône et du papahum sous une couverture ;

  • arrêter les effets du sillon destructeur ;

  • réparer les murs – base et faces ;

  • assurer un bon drainage au niveau du sol.

86La première tranche de l’opération a permis de :

  • vider l’ensemble des salles des terres qui s’y étaient accumulées depuis la fouille conduite par André Parrot avant la Seconde Guerre mondiale ;

  • procéder au comblement des fouilles réalisées en 1987 et 1990 dans la salle du Trône et dans une partie de la cour du Palmier (fouilles 1980-1985) ;

  • réaliser un fossé de drainage rempli de galets au centre de la salle du Trône pour absorber l’humidité de l’hiver prochain en attendant la pose de la couverture ; le même fossé a été aménagé au pied des murs de la partie orientale de la salle du trône, tout autour de la tribune 66, et rempli de même ;

  • reconstruire la base des murs avec des blocs de gypse ;

  • remettre en état les deux cheminées de ventilation retrouvées dans le mur ouest du couloir 68 (celle du sud repérée par André Parrot et celle du nord retrouvée lors des travaux de préparation de la restauration). Une seconde phase de travaux de restauration est prévue pour le printemps 2005.

J.-Cl. M.

CONCLUSIONS

87Cette 41e campagne a apporté à nouveau des informations de tout premier ordre :

  • sur la Ville I, en donnant les modalités de l’installation des tout premiers niveaux – donc à la fois des confirmations et des données nouvelles sur la fondation de la cité ;

  • sur la Ville II, en fournissant des données sur l’infrastructure de la Maison Rouge qui viennent confirmer celles obtenues partout ailleurs sur le site et en particulier au chantier L, lesquelles mettent en lumière l’existence de travaux gigantesques en préparation du niveau d’occupation de la cité avec des techniques très élaborées de chaussées absorbantes ;

  • sur le Grand Palais Royal (Ville III), la mise en évidence de l’évolution du secteur officiel depuis la fondation de ce palais jusqu’au dernier aménagement de la phase finale par Yasmah-Addu, fils de Samsi-Addu et vice-roi de Mari.

88Très curieusement, j’avais commencé à découvrir Mari par l’étude du Grand Palais Royal (Ville III) et ma dernière opération a touché à un point crucial, celui du secteur de la pompe royale. Un cycle terminé ? Peut-être pas, car il y a encore beaucoup de questions en suspens.

89J.-Cl. M.

Notes

1 Dans cette même livraison : chantier L, rapport 1999 p. 70-72 et 78, rapport 2000 p. 102-103, rapport 2002 p. 144 ; P-Espace 4, rapport 1999 p. 77-78 et rapport 2000 p. 106-107 ; on peut y ajouter les chantiers C-5 (rapport 1997 p. 11-13), C-6 et C-7 (rapport 2000 p. 83-85) ; le chantier F (rapport 2000 II p. 90-93) ; le chantier J (J-1, rapport 1997 p. 17 ; J-1, rapport 1998 p. 39-44 ; J-3, rapport 1999 p. 64 ; J-4, rapport 2000 p. 98). Publications antérieures sur cette question : B. Muller et M. Muftah dans Margueron et al. 2007b, p. 18-34 (Pec) ; Butterlin 2008a, p. 293 et 294 et fig. 2 p. 299 (L). De façon plus générale : Margueron 2004, p. 137-146 ; Muller 2008, p. 460-461 et fig. 2 p. 469.

2 Parrot 1955, p. 187-199 et fig. 5 p. 194 (plan de Jean Brusson A 104 reproduit également dans Parrot 1967b, fig. 310 p. 293).

3 Études architecturales : Margueron 1996, p. 24-32 ; 2004, p. 172-174 ; 2007b, p. 240-244.

4 Cf. rapport de 2002 dans cette livraison, p. 149 et 156.

5 Pour les interprétations qui ont longtemps prévalu, Muller 2002, no 111. Pour les nouvelles données qui ont motivé cette interprétation, Muller et Weygand 2007, p. 145-155, et en particulier p. 151 et note 44.

6 Selon les faces observées, les bases des murs ne se situent pas au même niveau. Celles du mur 3 se situent à 176,37. Celles du mur 5, qu’une fosse (IX F 36 SO F-2) a percé de moitié, sont à 176,70 du côté de la fosse et à 176,88 de l’autre côté.

7 Dans la zone est de IX F 35 NE, une couche de graviers s’étendant sur l’ensemble de la surface dégagée (2 × 2 m) se révéla rapidement (sommet à 178,37). Une couche de tessons de moindre extension lui fit suite, l’ensemble étant caractéristique d’une chaussée absorbante.

8 Beyer dans Margueron et al. 1997, p. 51 ; Margueron 2004, fig. 229 p. 310.

9 Raison de plus pour y voir la fosse d’extraction et non d’enfouissement. Muller et Weygand 2007, p. 150-151.

10 Voir le rapport de 2003 cette même livraison, p. 175-176 et, sur les deux premiers fours, Beyer et Laroche-Traunecker 2006.

11 Cf. rapports annuels dans cette même livraison.

12 Béatrice Muller et Pascal Butterlin se sont, cette année encore, partagé les secteurs de fouille avec l’aide épisodique de Julien Chanteau, Joyce Nassar et Yasmine Kanhouche.

13 Cf. rapport de 2003 dans cette même livraison, p. 167-169.

14 Étude par Joyce Nassar dans Les espaces funéraires suburbains de Mari (Moyen-Euphrate, 2900-1760 av. J.-C.) : analyse archéoanthropologique, thèse de l’université de Bordeaux I, 2010, p. 187-192.

15 Pour la situation des tombes des phases 4 et 5, voir les plans schématiques fig. 3 et 4 du rapport de 2003, p. 164-165.

16 VII Y 49 SO T-1, cf. plan schématique de la phase 5, fig. 4 du rapport de 2003, p. 165.

17 M. Jean-Marie dans Margueron et al. 2007b, p. 21 et fig. 22 et 23 p. 29-30.

18 Cf. dans cette livraison, rapport de 2005, p. 218-219.

19 Margueron 1998 ; III E 1 SE T-2 = T 1065, cf. I. Weygand dans Margueron et al. 2007a, p. 25 ; III E 1 SO T-5, cf. M. Jean-Marie dans Margueron et al. 2007c, p. 50 et fig. 19 p. 51.

20 Cf. dans cette livraison, rapport de 2001, p. 122-123 et fig. 10.

21 Sous la conduite, cette année encore, de Malou Schneider, secondée par Nathalie Hanna et, à certains moments, par Jean-Olivier Gransard-Desmond et Yasmine Kanhouche.

22 Les dimensions de ces aires de fouille correspondent sensiblement d’ailleurs à la superficie normale de recherche à l’intérieur d’un carré de 10 m de côté.

23 C’est, avec la numérotation de la fouille profonde réalisée en 1994 dans l’espace central de l’enceinte sacrée (Pec), la seule anomalie dans le système de repérage topographique et de désignation du matériel mis au point depuis la reprise des fouilles en 1979.

24 Podium : cf. Parrot 1958a, p. 104-110 et 1958b, p. 67-69. Zone carrelée, partie occidentale : cf. Parrot 1958a, fig. 106 p. 104.

25 Margueron 1987b, en particulier fig. 3 p. 467 et fig. 7 p. 476.

26 Margueron 2007e, p. 88 et fig. 6-f et-g p. 89 ; p. 90-91 et fig. 8 p. 94.

27 Margueron 2007e, fig. 7-a et -b p. 93.

28 Margueron 2007e, fig. 6-g p. 89.

29 Margueron 2007e, fig. 6f p. 89.

30 Margueron et al. 1993, p. 31 et fig. 34 p. 32 ; Margueron 2004, p. 367-369 et fig. 355 à 359.

31 Margueron 1983, p. 17.

32 Fouilles 1980 : Margueron 1983, p. 17 et plan fig. 6 p. 29. Fouilles 1982 : Margueron 1984, p. 31, 34 et plan fig. 28 p. 33.

33 Fouilles 1987 : Margueron et al. 1993, plan fig. 20 p. 23 et p. 30-34. Fouilles 1990 : Margueron et al. 1997, p. 59-63 et fig. 54-56.

34 Parrot 1958a, fig. 106 p. 104.

35 Margueron 1987b, fig. 7 p. 476.

Table des illustrations

Légende Fig. 1 – Plan du site avec emplacement des chantiers fouillés en 2004Le domaine archéologique de la cité de Mari est divisé en 15 zones rectangulaires – 250 m en abscisse et 500 m en ordonnée – numérotées de I à XV ; chaque zone est subdivisée en carrés de 10 m de côté, 25 d’ouest en est, désignés par les lettres de l’alphabet (sauf I), et 50 du sud au nord, numérotés de 1 à 50. Un carré de fouille est donc désigné par un chiffre romain donnant la zone, puis une lettre de l’alphabet (excepté I) associée à un numéro de 1 à 50 ; chaque carré est alors subdivisé en 4 quadrants : NO, NE, SO et SE, de façon à faciliter l’enregistrement des faits de fouille et des objets. Tout l’enregistrement repose sur ce carroyage. Les grands secteurs de recherche sont définis par une lettre A, B, C,… (chantier A,…), qui se surajoute au système précédent pour faciliter les localisations, mais qui ne servent jamais à l’enregistrement.
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 564k
Légende Fig. 2 – Chantier G-Maison Rouge : implantation du carroyage et plan schématique des niveaux respectivement Ville II et Ville I
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 468k
Légende Fig. 3 – Chantier G-Maison Rouge (Ville II) : secteur refouillé en 2004
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 524k
Légende Fig. 4 – Chantier G-Maison Rouge :coupes architecturales montrant la hauteur des fondations de la Maison Rouge et la relation avec le niveau d’arasement de la Ville Ia – La coupe AA’ va de la rue au loc. 3 en passant par le loc. 1. Les murs de fondation apparaissent nettement, ainsi que la fosse d’extraction de la maquetteb – La coupe BB’ passe en partie à l’aplomb d’un mur de fondation interne à la Maison Rouge et sa base atteint le niveau d’arasement de la Ville I
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 328k
Légende Fig. 5 – Chantier G-Maison Rouge : traces de foyers métallurgiques en IX F 35 et mur 7 à l’arrière-plan (Ville I), vus vers le sud-est
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Légende Fig. 6 – Chantier G-Maison Rouge : mise en évidence des fondations, vue vers le sud. Au premier plan, sondage dans le loc. 3 ; au second plan, à gauche, l’antichambre 1
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 308k
Légende Fig. 7 – Chantier G : plan schématique du secteur des fours sous le niveau des murs Ninhursag III
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 400k
Légende Fig. 8 – Chantier G : le troisième four (VIII Z 46 NE 18, ex-NE 6), vu vers le sud
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 416k
Légende Fig. 9 – Chantier L, Ville I : couloir conduisant de la rue à l’atelier de métallurgie en VII Y 49 NE, vu vers le sud-ouest ; on remarquera les seuils en gypse des portes donnant sur la rue (au premier plan, phase 4) et sur la grande salle incomplètement fouillée au sud-est (phase 5)
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Légende Fig. 10 – Chantier L : plan schématique de la phase 6, Ville I
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 196k
Légende Fig. 11 – Chantier L : mise en évidence du montant nord de la porte (non dégagée) de la maison sur la rue nord-est (phases 3 à 6, niveau C) dans le mur 239 en VII Y 50 SE, vue vers l’est
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 176k
Légende Fig. 12 – Chantier L : four à céramique VII Y 49 SE 142 à côté d’une tombe de nourrisson à couverture de dalles de gypse (VII Y 49 NO T-5), vus vers le sud-ouest (phase 6)
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 200k
Légende Fig. 13 – Chantier L, vu vers le sud-ouest : à gauche, VII Y 50 SO T-2 avec ses dalles dressées, au centre VII X 50 SE T-5 non vidée, à l’arrière-plan à droite VII X 50 SE T-4
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Légende Fig. 14 – Chantier L, Ville I : vue d’ensemble vers le nord-ouest à la fin de la campagne 2004
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Légende Fig. 15 – Chantier P, salle 64 (Ville III) : vue d’ensemble vers le sud-est après remise au jour de la zone carrelée (au premier plan) et du podium peint
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Légende Fig. 16 – Chantier P, salle 64 (Ville III) : modification de l’axe de l’enfilade cour 106-salle 64 à la suite du doublement du mur occidental de la cour 106
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Légende Fig. 17 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : papahum récent 1 (époque amorite ancienne) et papahum récent 2 (époque de Samsi-Addu) ; le podium a été omis
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 212k
Légende Fig. 18 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : infrastructure du papahum, partie orientale (vue vers le nord-est)
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Légende Fig. 19 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : papahum ancien 2 (fin de l’époque des Shakkanakku)
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Légende Fig. 20 – Chantier P, sous la salle 64 (Ville III) : papahum ancien 1 (époque de la construction du Grand Palais Royal, vers 2000)
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Légende Fig. 21 – Chantier P, salle 64 : partie orientale vue vers l’ouest
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 196k
Légende Fig. 22 – Chantier P, sous la salle 64 : vestiges de la Ville II
URL http://books.openedition.org/momeditions/docannexe/image/4431/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 199k

Auteurs

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search