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Vienne dans les textes grecs et latins

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Gérard Lucas

Textes, traductions et commentaires

Georges Cédrénus

Texte intégral

On ne sait rien de la vie de Georges Cédrénus (Georgius Cedrenus, Γεώργιος Κεδρηνός, ΧIe-XIIe s.), si ce n’est qu’il est l’auteur d’une compilation, Σύνοψις ἱστορίων, Compendium historiarum ab Orbe condita ad Isaacum Comnenum, qui part donc de la création du monde pour atteindre l’année 1057, avènement d’Isaac Comnène. L’ouvrage, jugé souvent peu fiable, puise dans ceux de Siméon Métaphraste et de Georges le Moine et surtout décalque pour ainsi dire la chronique de Jean Skylitzès pour la période 811‑1057.

138. La dynastie maudite

Ὅτι τῷ ͵εφιθʹ τοῦ κόσμου, τῆς δὲ θείας σαρκώσεως ἔτει ιγʹ Ἰουδαίων τρίτος Ἡρώδης ἐκράτησεν, ὃς καὶ Ἀγρίππας ἐλέγετο, ἀλλόφυλος ὤν, υἱὸς Ἡρώδου, ἀδελφὸς Ἀρχελάου, ἔτη κδʹ· ὁ γὰρ Ἀρχέλαος μετὰ θʹ τῆς ἀρχῆς ἔτη εἰς Βίενναν πόλιν τῆς Γαλλίας ὑπὸ Ῥωμαίων ἐξωρίσθη. Οὗτος Ἡρώδης, ὁ καὶ Ἀγρίππας, Ἰωάννην τὸν βαπτιστὴν ἀνεῖλε τῷ ιγʹ μὲν ἔτει τῆς ἀρχῆς αὐτοῦ, λβʹ δὲ τῆς τοῦ κυρίου σαρκώσεως· ἐφ᾿ οὗ καὶ ὁ κύριος ἡμῶν Ἰησοῦς Χριστὸς ἑκουσίως δι᾿ ἡμᾶς τὸ σωτήριον ὑπέστη πάθος.

Année du Monde 5519, la 13e de l’Incarnation divine, Hérode, appelé aussi Agrippa, bien qu’étranger, fils d’Hérode, frère d’Archélaos, fut le troisième à régner sur les Juifs, pour 24 ans. Car Archélaos, après 9 ans de règne, fut exilé par les Romains à Vienne, une cité de Gaule. C’est cet Hérode Agrippa, qui fit mettre à mort Jean Baptiste, la 13e année de son règne, la 32e de l’Incarnation du Seigneur. C’est sous son règne aussi que Notre Seigneur Jésus-Christ endura de son plein gré sa passion pour notre salut.
(Georges Cédrénus, Historiarum Compendium)

  • 471 Éd. Ε. Bekker (voir infra), p. 343.
  • 472 Geoltrain et Kaestli 2005, p. 321.
  • 473 Éd. E. Bekker (voir infra), p. 326.

1Bien entendu, il s’agit d’Hérode Antipas, frère d’Archélaos, tétrarque de Galilée et de Pérée entre 4 et 39, et non d’Hérode Agrippa Ier, roi des Juifs de 41 à 44. Cédrénus ne manque pas d’évoquer la mort de Pilate, sans évoquer Vienne ; mais il rapporte deux versions de la mort de Pilate inhabituelles, inspirées des écrits apocryphes : selon la première, accusé par Marie-Madeleine auprès de César, il aurait été enfermé dans une peau de bœuf tout juste écorché en compagnie d’un coq, d’une vipère et d’un singe, et exposé à la chaleur du soleil ; Cédrénus évoque ensuite une autre version selon laquelle Pilate aurait été écorché471. Le premier châtiment est celui que subit Anne, le grand prêtre du Temple, dans l’apocryphe intitulé Réponse de Tibère à Pilate, 8, alors que dans le même écrit Pilate est simplement emmuré dans une grotte où on l’abandonne ; il y sera tué par une flèche perdue tirée par l’empereur Tibère, un jour que ce dernier chassait à proximité472… D’après le même écrit, Archélaos (exilé à Vienne et mort vers 18) est empalé en compagnie de son « complice », Hérode Philippe (qui, en réalité, meurt de mort naturelle en 34) ; les écrits apocryphes prennent bien des libertés avec les faits historiques. Dans un autre écrit apocryphe, La comparution de Pilate, Pilate est décapité sur ordre du césar473.

Références

Auteur

Brill Online, s.v. « Kedrenos Georgios » [A. Berger].

Éditions

Georgii Cedreni Historiarum Compendium, tome I, éd. E. Bekker, CSHB 8, Bonn, 1838, p. 322‑323. Trad. G. Lucas.

Voir également, PG 121, 1864, col. 360 (323).

Notes

471 Éd. Ε. Bekker (voir infra), p. 343.

472 Geoltrain et Kaestli 2005, p. 321.

473 Éd. E. Bekker (voir infra), p. 326.

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