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Michel-Eugène Chevreul

 | 
Georges Roque
, 
Bernard Bodo
, 
Françoise Viénot

I. Chevreul : L'homme de laboratoire et l’homme de la méthode

Chevreul à la Manufacture des Gobelins

Chevreul at the Manufacture des Gobelins

Chantal Gastinel-Coural

Résumé

This paper describes for the first time an important part of Chevreul's activities: his work as director of the dyeing department at the Gobelins. Many unpublished archive documents have been used to portray the different tasks Chevreul was confronted with: research, teaching, administration.

Note de l’éditeur

In : G. ROQUE, B. BODO & F. VIÉNOT (eds) Michel-Eugène Chevreul. Un savant, des couleurs ! MNHN/EREC. 1997, 67-80, Paris ISBN 2-85653 50308

Texte intégral

1L'activité exercée par Michel-Eugène Chevreul à la Manufacture des Gobelins dont il dirigea l'atelier de teinture pendant près de soixante ans justifiait que l’administration générale du Mobilier national et des Manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie s’associe à l’hommage rendu pour le centenaire de sa mort.

2De la très longue et riche carrière du savant, nous ne retiendrons que son action à la Manufacture des Gobelins, le rôle qu’il y joua, ses difficultés et ses succès, l’importance de ses découvertes, leur permanence et leur prolongement actuel, sans omettre de rappeler les critiques dont il fit l’objet. Nous mentionnerons aussi ses relations avec Lyon.

3On sait que la renommée dont jouissait Chevreul de son vivant était immense. Aussi sa mise à la retraite en décembre 1883, à plus de 97 ans, fut-elle considérée comme une véritable « destitution ». Perdant la direction de l’atelier de teinture, il reçut toutefois le titre de directeur du laboratoire supérieur de recherches sur la théorie et la constitution des couleurs. Est-ce pour effacer cette mise à l’écart que des manifestations très exceptionnelles furent organisées pour son centenaire ? Près d’une semaine d'hommages, des articles dans toute la presse et un document rare et précieux : Chevreul photographié et interviewé par Nadar.

4Après une soirée à l’Opéra, le 30 août 1886, eut lieu, le lendemain au Muséum, une cérémonie en hommage à Chevreul. Des nombreux discours (soixante) qui furent prononcés, relevons celui de l’administrateur des Gobelins, Gerspach :

  • 1 Archives Mobilier national, G 24.

5« Très cher et vénéré Maître. Vous êtes la gloire de notre maison. La date du 1er novembre 1824, jour de votre nomination de directeur du laboratoire des teintures restera mémorable dans nos annales. Nulle autre administration dans le monde, sauf le Muséum, n’a droit à un tel orgueil. Depuis 62 ans, vous vous consacrez à la Manufacture. Vous l’aimez, elle a pour vous en retour, une affection et un respect filial ». Offrant à Chevreul une tapisserie au nom des élèves des Gobelins (Le Florentin d’après Galland), Gerspach ajoutait : « ainsi que leurs aînés, ils sont fiers d’avoir grandi sous vos yeux et de mettre en pratique vos enseignements »1.

  • 2 Le Figaro, supplément, 18 septembre 1881.
  • 3 Archives nationales, F21 679.

6Pour être méritées, ces paroles flatteuses correspondaient-elles à l’exacte vérité et n’était-ce pas vouloir peindre sous un jour idyllique les relations entre le savant et les responsables de la Manufacture ? Certes la valeur de Chevreul avait toujours été reconnue et ce, dès sa nomination. En revanche ses activités multiples, ses incessantes recherches dans des domaines qui semblaient éloignés des réalités quotidiennes de l’atelier ne furent pas toujours bien perçues aux Gobelins. Malgré la très grande réputation de ce savant comblé d’honneurs, que les sociétés savantes étrangères proclamaient « prince de la science européenne »2, les déceptions, les difficultés et les heurts ne lui furent pas épargnés. Un administrateur de la manufacture eut même des phrases sévères à son égard : « pour la teinture, M. Chevreul est comme l’eau de la Bièvre, un préjugé » écrit Darcel dans une lettre de janvier 1873 au Ministre de l’Instruction publique3. Chevreul ne fut-il pas accusé aussi, par des personnalités extérieures à la Manufacture, d’avoir une certaine responsabilité dans la décadence de la tapisserie qu’il aurait mise « en état de rivaliser avec la peinture à l’huile, ce qui est détestable ? » (Chevreul, 1872 a). Il s’en défendit avec une extrême vigueur.

7Nommé dans les derniers jours du règne de Louis XVIII, Chevreul meurt alors que Sadi Carnot est Président de la République. Au cours de sa carrière aux Gobelins, il connut donc cinq régimes politiques différents (Restauration, Monarchie de Juillet, IIe République, Second Empire, IIIe République), vécut les Révolutions de 1830 et de 1848, la guerre de 70, la Commune et ses graves conséquences pour la Manufacture dont les bâtiments furent incendiés et en partie détruits, entraînant la perte de nombreuses tapisseries. Cette longue présence aux Gobelins plaça Chevreul sous l’autorité de six administrateurs successifs : le baron des Rotours, Lavocat, Lacordaire, Badin, Darcel avec lequel Chevreul eut des relations particulièrement difficiles, enfin Gerspach ; Chevreul lui-même assurant pendant trois mois la direction par intérim de la Manufacture qui lui fut confiée, à la suite d’une pétition unanime du personnel, en juin 1871, au lendemain de la Commune, au moment même où l’Assemblée nationale hésitait à maintenir les Manufactures.

  • 4 Discussion du budget de 1891, Séances des 22 et 24 novembre 1890 in Journal Officiel.

8Epoque troublée que celle qui correspond aux soixante années passées par Chevreul aux Gobelins. A diverses reprises, les Manufactures furent violemment critiquées et leur suppression plusieurs fois envisagée. On sait combien, il y a un siècle, le député de Lyon, Edouard Aynard, s’opposa lors des discussions budgétaires à la Chambre des Députés en novembre 18904, c’est-à-dire un an après la mort de Chevreul, aux manufactures nationales et aux Gobelins en particulier. Il reprochait notamment le goût pour l’imitation de la peinture. Pour lui, la tapisserie est une décoration murale qu’il qualifie de « fresque immobile », obéissant à de toutes autres lois de perspective et d’effet que l’art des tableaux. En avril 1890, il avait déjà condamné en bloc la production : « Il est impossible d’accorder, dans notre siècle, aucune supériorité aux prétendus chefs d’œuvre de Sèvres et des Gobelins qui n’ont pour eux que des qualités de matière et d’exécution qui ne sont pas à imiter ». Vieille querelle que celle de la tapisserie-peinture. A diverses époques, des réactions étaient apparues. Aussi les critiques d'Aynard à propos de l’exécution en tapisserie de tableaux dont la traduction avait été facilitée, bien qu’il s’en défendît, par les gammes si riches de couleurs créées par Chevreul, n’étaient-elles plus, en 1890 et depuis plusieurs années déjà, parfaitement justifiées. On put, à juste titre, reprocher au député de Lyon un certain manque d’information sur les tissages en cours.

9C’est sur proposition du baron des Rotours que le directeur du département des Beaux-Arts, Sosthène de La Rochefoucauld prit la décision le 9 septembre 1824 de nommer Chevreul directeur des teintures de la Manufacture royale des Gobelins, nomination confirmée par Charles X le 24 septembre 1824. Succédant au comte de la Boulaye-Marillac, décédé le 25 août précédent, Chevreul entre en fonction le 1er novembre. Il a 38 ans. Sa réputation, déjà grande, est la raison même de sa nomination : le choix du directeur des Beaux-Arts s’est porté sur le meilleur chimiste du moment. Rappelons que Chevreul, avant même d’étudier les corps gras, a consacré ses premiers travaux aux matières tinctoriales. Il a tout juste 20 ans lorsqu’il entreprend en 1806 ses recherches sur l'indigo qu’il poursuit en 1808-1809, de même que sur le pastel et le bois de campêche. Sa nomination aux Gobelins sera déterminante pour l’orientation de ses recherches. Elles aboutirent notamment à la découverte de « la loi du contraste simultané des couleurs ».

10On a beaucoup dit, et Chevreul lui-même l’a écrit, qu’en arrivant aux Gobelins, il avait pris possession d’un atelier dépourvu de l’essentiel. Certes on conserve encore les factures des premiers achats qu’il effectue chez Vauquelin. Mais il faut rappeler que son prédécesseur, La Boulaye-Marillac avait fait la même constatation en 1816 lors de sa nomination. Or, on ne peut méconnaître la très réelle importance de l'atelier de teinture des Gobelins sous l’Empire et le rôle qu’il exerça. Napoléon lui-même s’intéressa aux problèmes de la teinture qu’il fallait réorganiser en France après la période révolutionnaire, encourageant recherches et expériences, créant des prix, un enseignement à Lyon tout d’abord, puis aux Gobelins, enseignement que Chevreul reprendra. C’est aussi aux Gobelins, faut-il le rappeler, que furent effectués tous les contrôles pour les grandes commandes de l’Empereur à la fabrique lyonnaise et menées bien des recherches sur les nouveaux colorants afin d’éviter l’emploi de l’indigo, par exemple.

11Depuis 1803, l’atelier était dirigé par un chimiste, Roard. C’est « le premier chimiste » dira Chevreul, à la tête de l’atelier qui, jusqu’alors, avait été entre les mains de praticiens. Ceci n’avait pas empêché la réalisation de très intéressantes recherches dans les années 1775-1780. Chevreul en eut d’ailleurs connaissance : « Je vis en 1824 à mon entrée dans l’établissement des débris de recueils in folio d’échantillons numérotés, en partie moisis et rongés par les vers. Je retrouvais des morceaux de tapisseries qui probablement étaient des fragments du tableau de Quémiset. » (Chevreul, 1872 a).

  • 5 Bibliothèque nationale, Département des Manuscrits, Fonds français 11 183.

12Il fait allusion aux travaux entrepris sous l’autorité du comte d’Angiviller, directeur des Bâtiments du Roi, grâce à l’impulsion de Jacques Neilson, chef de l’atelier de basse lisse et aussi responsable de la teinture de 1773 à 1786. Depuis longtemps déjà on se plaignait de la mauvaise qualité des laines et soies teintes aux Gobelins. L’influence d’Oudry qui préconisait la copie intégrale des tableaux avait conduit à la multiplication des tons dans les tapisseries, tons souvent très légers obtenus par l’emploi des « petits teints » dont la fugacité devait être déplorée. On reprochait notamment aux « couleurs composées formant la suite immense des gris ou des bruns ... (d’être faits) sans aucune règle par le seul tâtonnement et l’habitude des teinturiers. »5 Neilson et Quémiset firent des recherches sur les tons les plus fragiles employés pour les carnations, les architectures... (Chevreul a indiqué que les colorants réputés de « bon teint » – garance, cochenille, gaude, etc. – ne le sont plus, à proprement parler, lorsqu’ils sont appliqués en faible quantité).

13Après avoir dépouillé tous les documents de la Bibliothèque du Roi sur la teinture, Neilson fit, avec le très efficace concours de Quémiset, premier compagnon teinturier, des essais de tous les procédés anciens et en rechercha de nouveaux, permettant d'obtenir une plus grande solidité des couleurs et une meilleure dégradation. Des tests de contrôle étaient effectués sur les échantillons exposés à l’air et au soleil et soumis à l’épreuve du débouilli (tartre + alun).

  • 6 Archives nationales, F12 1329.

14Toutes ces expériences furent vérifiées, dans les années 1777-1778, par Macquer, professeur de chimie au Jardin du Roi et Commissaire du Conseil du Commerce pour les Teintures. Il faut préciser ici que, contrairement à ce qui a pu être récemment écrit, Macquer n’a jamais été directeur des teintures de la Manufacture des Gobelins et Berthollet ne lui a donc pas succédé dans ce poste. Une confusion a été faite avec le poste de Commissaire du Conseil du Commerce pour les Teintures qui relevait de Calonne, contrôleur général des Finances6. A ce titre, Macquer puis Berthollet contrôlaient toutes les manufactures de France mais non les Gobelins et la Savonnerie qui dépendaient de la Maison du Roi et plus précisément de la Direction des Bâtiments du Roi.

15Il convient d’insister sur l’intérêt des travaux de Neilson et Quémiset. Pour la première fois aux Gobelins les expériences sont notées avec précision : une description scientifique des procédés de teinture est entreprise en même temps qu’une tentative sérieuse de classification des couleurs. Quémiset composa un tableau coloré de toutes les nuances dont les procédés étaient décrits, soit un ensemble de 35 000 tons représentés dans un volume par autant d’écheveaux dessinés et coloriés portant un numéro renvoyant aux cahiers de description des procédés. Immense travail qui annonce les recherches de Chevreul, mais qui, pour diverses raisons, fut sans lendemain.

16C’est, il faut bien le dire, avec un immense intérêt que l’on parcourt dans les archives des Gobelins, les longues lettres et rapports, rédigés d’une écriture fine et serrée, qui font découvrir Chevreul dans sa vie quotidienne à la Manufacture et révèlent, dès les premiers mois, ce que seront ses activités. Elles furent considérables et s’exercèrent dans trois lieux à la Manufacture :

17L’atelier de teinture. Comme directeur, il incombe à Chevreul de faire teindre les laines et soies nécessaires aux trois manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais. Travail qu’il jugea bien souvent contraignant.

18Le laboratoire. Situé au 1er étage au-dessus de l’atelier de teinture, Chevreul y procède aux analyses et expériences relatives à la teinture mais on lui reprochera souvent de le considérer comme un laboratoire personnel et d’y entreprendre « une multitude de recherches étrangères au service » (Figs. 1 et 2).

  • 7 Cf. note 5 et Bibliothèque nationale, Cabinet des Estampes, Lh 31 fol.

19L'amphithéâtre des Gobelins enfin où Chevreul, après avoir vaincu certaines difficultés grâce à l’appui de Sosthène de La Rochefoucauld, reprend l’enseignement à la fin de 1826 : trente leçons par an pour le cours de chimie appliquée à la teinture sur un cycle de deux ans. Il le poursuivra jusqu’en 1850. A partir de 1830 Chevreul fait tous les deux ans un cours sur la Loi du Contraste simultané des Couleurs qu’il poursuit aussi jusqu’à la même époque. Les grandes orientations des recherches de Chevreul dans le domaine de la teinture et de la couleur ont été clairement exposées par lui. Il les classe en quatre catégories : les premières recherches ont la teinture pour objet. Les « secondes » concernent le principe du mélange des couleurs, les troisièmes recherches se rapportent au contraste simultané des couleurs et les quatrièmes, au moyen de nommer et de définir les couleurs.7

Figure 1. Atelier des teintures aux Gobelins : vue ancienne de l'atelier. (Coll. Mobilier national).

  • 8 Archives Mobilier national, Gob 56.
  • 9 Archives Mobilier national, Gob 54.

20Lorsque Chevreul entre en fonction, les plaintes sont nombreuses sur le manque de solidité de plusieurs couleurs. Dès juin 1825, des Rotours lui demande de « constater les ravages que l’influence de l’air fait éprouver plus rapidement que jamais à certaines couleurs telles que les tons gris, bleuâtres, violâtres et généralement aux clairs et aux demi-teintes qu’on obtient par ce qu’on appelle le rabat... »8 ; celui-ci était fait avec des ingrédients manquant de solidité. Estimant que « tout l’avenir de la tapisserie est là », l’administrateur des Gobelins réclame « toute l’attention, toute la sollicitude, toutes les méditations de M. Chevreul ». Sans tarder, Chevreul s’attelle au travail. Il recherche les causes de l’altération rapide de certaines couleurs et les moyens pour y remédier. « Ces moyens sont à découvrir pour la plupart des couleurs », écrit-il le 31 août 18269. Pour cela, il faut trouver des matières colorantes, des mordants ayant plus de stabilité que ceux employés et il ajoute : « Je ne doute pas que l’art de la teinture ne soit susceptible de grands perfectionnements ; mais il ne faut pas se dissimuler qu’ils seront le fruit d’expériences nombreuses habilement dirigées ». Chevreul s’y consacrera, obsédé toute sa vie par la question des couleurs et de la teinture. S’il constate le bien-fondé de certaines plaintes émises alors, il constate aussi très vite, et ceci est extrêmement important, que « le défaut de vigueur reproché aux noirs tenait à la couleur qu’on y juxtaposait et qu’il rentrait dans le phénomène du contraste des couleurs » (Chevreul, 1839 : VIII-IX). Ses recherches auront dès lors une double orientation : la partie chimique de la teinture et ce qu’il appellera le contraste simultané des couleurs.

Figure 2. Atelier des teintures aux Gobelins : Chevreul debout à l'entrée de son laboratoire. (Coll. Mobilier national).

  • 10 Cf. note 9.

21Chevreul remarque par ailleurs la mauvaise qualité des laines employées, ce qui entraîne des résultats médiocres pour les teintures. Il étudie les causes de l’inégalité des fils composant un même écheveau : mélange de laines provenant d’animaux morts ou malades avec celles d’animaux sains, mélange de laines provenant d’animaux de diverses races, méconnaissance des meilleurs procédés pour le désuintage et le blanchiment des laines (pendant plus de 50 ans, Chevreul travaillera sur le suint des moutons). Il travaille aussi sur le « Rabat ». « Mes essais déjà assez nombreux sur le Rabat, répond-il en août 1826 à des Rotours, m’ont fait connaître la cause de la couleur rouge que prennent assez promptement les gris sur lesquels on applique cette composition en même temps qu’ils m’ont conduit à en préparer un qui n’a pas l’inconvénient de rougir. Je n’oserais dire lequel des deux a le plus de solidité... »10. Avant de se prononcer, il veut expérimenter mais pour cela il manque d’une « pièce convenablement disposée pour juger d’une manière précise de l’action des agents atmosphériques sur les couleurs ».

  • 11 Archives Mobilier national, Gob 53.

22L’expérimentation. Ce fut une préoccupation constante pour Chevreul. Les procédés en usage à l’atelier ne seront changés qu’en ayant la certitude de parvenir à un meilleur résultat. Pour juger de la « bonté d’une couleur », il réclame une nouvelle fois en février 1827, « une chambre à large ouverture vitrée exposée au midi où l’on pourra suivre les changements que les étoffes éprouvent dans leurs couleurs pendant des mois et même des années »11. Il les soumettra à la pluie et à l’air.

23Dès 1830, il commence à former aux Gobelins une collection de matières tinctoriales dont il étudie les propriétés. Par l’intermédiaire du Ministre de la Marine et des Colonies, ainsi que du Ministre du Commerce, toutes sortes d’échantillons (cochenille, indigo, Rocou, carthame, curcuma...) sur lesquels on sollicite son avis, lui sont envoyés de tous pays (Guyane, Sénégal, Indes...). Inlassablement, il expérimente sur le coton, la soie, la laine, qu’il soumet aux influences de l’air et de la lumière. Il parvient à créer, comme le souhaitait Lacordaire, un musée des matières tinctoriales et des produits applicables à la teinture. Le musée s’enrichit notamment des produits présentés par des exposants français et étrangers à l’exposition universelle de 1855 qui en firent don aux Gobelins en raison de la place de la Manufacture dans l’art de la teinture, mais aussi pour avoir connaissance du résultat des essais de ces produits et de leur valeur au point de vue industriel. L’incendie des Gobelins détruisit ce musée en 1871.

  • 12 Cf. note 11.

24Pour organiser la bonne marche de l’atelier, Chevreul, dès les premiers mois de sa présence aux Gobelins, a adressé à des Rotours une série de questions ; en même temps, il lui soumettait différentes propositions. Il n’est pas sans intérêt de mentionner deux d’entre elles : Chevreul préconise alors l’emploi d’une chaîne colorée qui « ne trancherait jamais autant sur l’ensemble des laines qu’on y applique que le fait une chaîne blanche »12. Il reprenait, en partie, une idée de son prédécesseur, Roard, qui avait proposé de teindre la chaîne en différentes couleurs suivant celles des trames pour éviter l’inconvénient de la blancheur de la chaîne sur les couleurs de la tapisserie. Idée jugée alors difficile à appliquer. (Actuellement une tapisserie avec une chaîne de plusieurs couleurs est en cours de tissage à la Manufacture de Beauvais, d’après Chompré). Chevreul demande que le chef d’atelier, responsable du tissage d’un tapis ou d’une tapisserie, détermine, aussi exactement que possible, la quantité de laine nécessaire pour chaque couleur principale afin qu’elle soit teinte en une seule fois. Précaution essentielle mais non respectée, ce qui entraînait, dans une même pièce, de fréquentes disparités dont l'atelier de teinture ne devait pas être tenu pour responsable.

  • 13 Cf. note 11.

25Les chefs d’ateliers, après avoir laissé à Chevreul quelque temps pour s’installer dans son laboratoire et dans son appartement des Gobelins, estiment qu’il ne répond pas à toutes leurs demandes. Les exemples de leurs plaintes sont innombrables : « nous regrettons, écrivent-ils le 1er septembre 182713, que M. le Directeur des teintures ajourne indéfiniment d’effectuer la promesse formelle qu’il a plusieurs fois réitérée d’enrichir notre palette d’une dégradation complète de Bleu Rémond... » (Darcel, 1883) ce qui les contraignait à l’utiliser conjointement avec le bleu indigo, couleur manquant de fixité dans le passage des demi-teintes.

26En février 1830, alors qu’il vient d’être nommé professeur au Jardin du Roi (le Muséum), Chevreul, qui est membre de l'Institut depuis quatre ans, doit répondre aux plaintes du personnel des Gobelins et de Beauvais. Elles concernent, ainsi qu’il l’écrit lui-même : les couleurs qui passent, celles qui déchargent, les couleurs mal unies, les couleurs qui manquent d’éclat et de vivacité, le retard dans les envois de laines et de soies à Beauvais ou celles qui ne sont pas conformes aux échantillons. Point par point Chevreul répond et se justifie.

  • 14 Archives Mobilier national, Gob 57.

27Les difficultés de Chevreul aux Gobelins furent pour ainsi dire constantes. Comme un leitmotiv reviennent à peu près à toutes les époques les mots : insuffisance de fonds, pénurie du laboratoire de chimie, manque d’eau, personnel trop restreint de l’atelier de teinture (1 chef et 1 ou 2 compagnons), exigence des ateliers des manufactures. Prenons au hasard une lettre du 8 juin 1853 à l’administrateur des Gobelins, Lacordaire : « Je ne dois pas vous cacher que si l’atelier satisfait aux demandes qui lui sont adressées par les trois manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais, c’est à la condition que mes recherches sur la teinture et sur la construction des cercles chromatiques soient constamment sacrifiées à ces demandes »14.

  • 15 Cf. note 11.

28Ainsi l’achèvement de son « travail sur les moyens de nommer et de définir les couleurs » est-il encore retardé. Et maintes fois Chevreul déplore l’exigence des ateliers et la perte de temps due à « l’usage actuel de faire teindre conformément à des échantillons pris sur le modèle même du tapissier au lieu de recourir à un magasin où se trouveraient des couleurs définies classées conformément à un seul système »15. Phrase importante mais vain regret ; Chevreul devra toujours se conformer aux tons qui lui sont remis. Ainsi pour les meubles destinés aux salons de l’Impératrice Eugénie aux Tuileries, il lui est recommandé de « teindre avec grand soin et rigoureusement les tons rose et vert... ils sont adoptés pour s’harmoniser avec la décoration des appartements ; il est donc extrêmement important qu’ils aient la finesse de couleurs des échantillons ».

  • 16 Archives nationales, F21 679.

29Lorsque le manque de conformité d’un bleu lui est reproché par la Manufacture de Beauvais, il répond en homme qui connaît son métier : « ... cette couleur ne sort pas de la main du teinturier avec la hauteur de ton qu’elle acquerra plus tard... (il faut donc) une grande habitude au praticien pour juger si la couleur qu’il a en main sera au bout de quelques jours conforme à l’échantillon donné »16.

30Difficultés dans la vie quotidienne mais renommée nationale et internationale due aux travaux, aux cours et aux publications de Chevreul. Dans sa longue bibliographie qui ne compte pas moins de 800 titres, deux sont essentiels pour nous. Il s’agit bien sûr des Leçons de chimie appliquée à la teinture publiées en 1829-1830 et De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assortiment des objets colorés, considérés d’après cette loi dans ses rapports avec la peinture, les tapisseries des Gobelins, les tapisseries de Beauvais pour meubles, les tapis, la mosaïque, les vitraux colorés, l’impression des étoffes... Ce traité, publié en 1839, réédité en 1889, avait été précédé en 1828 par le Mémoire sur l'influence que deux couleurs peuvent avoir l’une sur l’autre quand on les voit simultanément. Traduit et publié en allemand en 1840, le traité du contraste paraît à Londres en 1854. Une édition en a été faite à New York en 1967.puis en 1987. Il a été réédité à Paris en 1969.

31L’influence de cet ouvrage fut très grande dès sa parution d’autant que des articles de presse en rendirent compte ainsi que des cours. On sait son importance sur Baudelaire qui s’en inspira très certainement pour les belles pages de son chapitre « De la couleur » dans le Salon de 1848.

  • 17 Archives de la Chambre de Commerce de Lyon. Registre de correspondance. Procès-verbaus et délibéra (...)

32La Chambre de Commerce de Lyon fit appel à Chevreul pour donner un enseignement sur la perception des couleurs17. En mars 1842, Chevreul accepte de faire « bénévolement » un cours sur le contraste simultané. Il dut l’adapter aux applications que l’on pourrait en faire dans la fabrication des étoffes.

33A la suite de ces cours qui eurent lieu avec succès en 1842 et 1843 et qui feront l’objet d’une publication aux frais de la Chambre de Commerce en 1846, celle-ci demanda que soit réalisé un cercle chromatique en porcelaine de Sèvres qui « serait mis comme Etalon à la disposition des Industriels qui voudront le consulter ». Idée qui ne pouvait que plaire à Chevreul et qu’il avait peut-être suggérée. On sait en effet qu’il se préoccupa, tout comme Ingres d’ailleurs, de la reproduction des « chefs d’œuvre de la peinture » sur porcelaine ou sur lave de Volvic pour en assurer l’indestructibilité.

  • 18 Je remercie Madame Tamara Preaud, chef du service des Archives de la Manufacture de Sèvres, de l'a (...)

34En octobre 1843, Brongniart demande à Chevreul les types de couleurs, mais celui-ci ne peut immédiatement les fournir : « Malheureusement j’étais loin d’être près de satisfaire à cette demande, je ne m’étais livré à aucune expérience relative à la réalisation de ces types, et avant tout il fallait imaginer de les disposer de manière qu’il fût facile de les comparer avec les objets dont on voulait déterminer les couleurs. En y réfléchissant, je distribuai les types de la construction chromatique hémisphérique, telle que je l’avais conçue, en dix cercles... » (Chevreul, 1872 a). Les Archives de la Manufacture de Sèvres18 conservent la trace des études qui furent alors entreprises et les modèles des segments du cercle chromatique. Il ne fut finalement, au grand regret de Chevreul, jamais réalisé et c’est aux Gobelins que les cercles chromatiques qui devaient être au nombre de dix, seront exécutés. Chevreul les mit donc au point pour résoudre le problème de la définition des couleurs et répondre en même temps à la demande de la Chambre de Commerce de Lyon. Il parvint à la classification de 14 400 tons (plus 20 gris) selon la place occupée par les couleurs dans le cercle chromatique, invention présentée par Chevreul à l’Académie des Sciences le 12 mai 1851, qui concourut à faire attribuer aux Manufactures la grande médaille de l’Exposition universelle de Londres de 1851.

35Rappelons que Chevreul désigne par ton « les diverses modifications qu’une couleur prise à son maximum est susceptible de recevoir du blanc, qui en abaisse le ton, ou du noir qui le rehausse, par gamme « l’ensemble des tons d’une même couleur ainsi modifiée » et par nuance « toutes les modifications que reçoit une couleur de l’addition d'une petite quantité d’une autre couleur ».

36De jeunes teinturiers étrangers obtiendront de venir réaliser aux Gobelins, sous la direction de Chevreul, des cercles chromatiques destinés à l’enseignement professionnel en Egypte, en Espagne, au Portugal...

37De toutes les régions de France, des élèves demandent à venir en stage au laboratoire des Gobelins, considéré alors comme le seul représentant des anciennes traditions de teinture solide.

  • 19 Cf. note 16.

38En 1866, le célèbre fabricant lyonnais Grand sollicite l'autorisation de faire teindre aux Gobelins des soies pour des commandes officielles destinées aux palais car les meilleurs teinturiers lyonnais ont perdu “le secret de teindre solides les couleurs les plus ordinaires telles que les verts, les jaunes et certains rouges... Nos verts après quelques mois jaunissent et se ternissent, après quelques années ils deviennent absolument jaunes”19. Malgré l’hommage rendu par Grand à “l’habile et illustre Directeur” des teintures, la requête fut rejetée ; il fut seulement autorisé à recueillir “conseils et indications” auprès de Chevreul. A diverses reprises, son avis fut sollicité. Ainsi en 1872, à propos d’un damas vert dont la couleur s’est profondément altérée en quelques jours : Chevreul, qui a dénoncé dès 1860, le “peu de stabilité des produits tinctoriaux nouveaux” dérivés de l’aniline, fait à ce propos une communication à l’Académie des Sciences dans laquelle il conclut : “si malheureusement la fabrique de Lyon envoyait des étoffes de soie destinées à l’ameublement d’un aussi mauvais teint que celui que l’Académie a sous les yeux dans les pays étrangers, où ces étoffes sont recherchées à cause de la beauté et de la stabilité de leurs couleurs, l'industrie nationale et particulièrement l’industrie lyonnaise seraient exposées à perdre la réputation dont elles sont en possession depuis longtemps” (Chevreul ; 1872 b).

39Les “couleurs nouvelles” n’étaient pas employées aux Gobelins : “C’est bien assez, écrira Darcel, “que d’avoir à sa disposition un nombre considérable de couleurs et de tons faits avec les anciens procédés que l’on a été entraîné à teindre lorsque l’art de la tapisserie dévoyé s’est appliqué à copier le premier tableau venu”. Allusion directe à cette “responsabilité” qu’aurait eue Chevreul dans la décadence de la tapisserie au XIXe siècle.

40Chevreul ne fut pas insensible aux critiques. Une l’affecta profondément. Elle apparaît dans le rapport établi à la suite de l’Exposition internationale de Londres de 1871, sous la plume d’Anatole Gruyer. “...Il ne faut pas confondre les genres, il faut laisser à chaque chose sa physionomie propre. Une tapisserie qui ne paraît plus être une tapisserie est un produit bâtard... En fait de tapisseries, les progrès de la science, s’ils ont utilement servi la Technologie, ont fait à l’art un tort considérable. L’illustre inventeur de la chimie des corps gras a plus entravé qu’avancé nos manufactures par ses savantes recherches sur la couleur. En composant ces claviers chromatiques où les tons se comptent, non plus par demi, mais par des différentielles pour ainsi dire infinitésimales, il a mis la tapisserie en état de rivaliser non seulement avec la peinture à fresque ou avec la peinture à détrempe, ce qui ne serait que demi-mal, mais avec la peinture à l’huile, ce qui est détestable” (Chevreul, 1872 a).

41Le reproche n’est pas nouveau, mais jamais il n’a été exprimé aussi violemment. Déjà en 1859, on pouvait lire dans la presse : “...Au XVe siècle, on employait une vingtaine de nuances, à présent on se perd dans une gamme de plusieurs milliers et on n’a plus la moindre idée de l’art de la tapisserie. Les principes de Chevreul, inexactement interprétés, ont amené une véritable confusion...”.

42Devant l’Académie des Sciences le 21 octobre 1872, Chevreul répond longuement à l’attaque. Jamais, dira-t-il, l’administration des Gobelins ne l’a consulté sur le choix des modèles, la partie technique de la confection des tapisseries et tapis “ni même sur la classification des laines et des soies teintes de ses magasins. Je répète ce que j’ai eu plusieurs fois l’occasion de dire, c’est que, étranger aux choix des modèles et aux travaux du tapissier, mes fonctions se bornent exclusivement à faire teindre les laines et les soies aussi conformes que possible aux échantillons que je reçois de l’Administration”. Avec force, Chevreul affirme : “L’influence qu’on m’attribue sur la confection des tapisseries et des tapis a constamment été nulle en réalité, les cercles chromatiques sont absolument étrangers à l’administration des Gobelins puisqu’ils ont été exécutés à la demande de la Chambre de Commerce de Lyon” (Chevreul, 1872 a).

43Il est exact que depuis longtemps Chevreul critiquait le choix de certains modèles tissés aux Gobelins. Les comptes rendus du Conseil supérieur de perfectionnement des manufactures en témoignent (1848-1851). Ne partage-t-il pas l'avis d’Ingres qui prône “la simplicité des tons employés dans les anciens tapis turcs” et ne dit-il pas, dans une des séances, à propos de ces modèles : “On a dû pour les reproduire, rechercher des demi-teintes inconnues jusqu’alors ou faux-tons dits rabattus, dans la composition desquels entrent des matières contenant un principe dissolvant et qui dès lors ne présentent aucune solidité”.

44En 1851, il écrit aussi : “Il faut le dire, l’habitude de copier des tableaux a introduit un changement dans la composition des gammes qui a eu plus d’un inconvénient...” Et il ajoute : “En définitive, la tapisserie ne pouvant triompher de la peinture ne doit point user son temps à lutter avec elle, en cherchant à reproduire des détails et des effets pour lesquels elle n’est pas faite, rappelons que sa structure cannelée, que la forme filamenteuse de ses couleurs s’y opposent...” (Chevreul, 1872 a).

45On ne saurait être plus clair mais l’accusation d’avoir facilité le tissage de tapisserie-tableau n’en fut pas moins tenace.

46Chevreul avait une grande admiration pour l'œuvre de Colbert. Il estimait que chaque manufacture doit conserver “dans ses produits le caractère qui lui est essentiel et que toutes les trois soient appelées à concourir simultanément à décorer un même lieu d’après une pensée qui soit une” et il appelle de ses vœux une grande commande pour “un palais décoré, d’après une pensée unique, avec les teintures des Gobelins, les sièges en tapisserie de Beauvais, des tapis de la Savonnerie, assortis de manière à se faire valoir mutuellement, par le dessin et les couleurs”.

47Pour lui, hors de France, il n’existe rien de comparable aux manufactures nationales. Evoquant une possibilité d’accélérer la production, il précise que ce ne peut être au détriment de la “perfection” : “si leurs produits cessaient d’être à une grande distance des produits de l'industrie privée, le temps de ces manufactures serait passé, elles n’auraient plus de raison d’être” (Chevreul, 1854).

48A plusieurs époques, la mise à la retraite de Chevreul avait été souhaitée, envisagée, puis écartée par le Ministre. Dans les années 1880, la situation du directeur des teintures, devenue presque intolérable pour lui, aboutit à une relative désorganisation de l’atelier. Une solution, critiquée violemment par certains, fut trouvée avec la création du laboratoire supérieur de recherches sur la théorie et la constitution des couleurs. En 1887, l’administrateur Gerspach fera encore appel à Chevreul pour y réaliser les quatre cercles chromatiques destinés aux ateliers des Gobelins et de Beauvais. Ce fut très certainement le dernier travail du savant qui, en 1845, avait rendu ce bel hommage à la Manufacture : “Mors des Gobelins, il n’y avait pour moi ni recherches sur la teinture, ni recherche sur le contraste des couleurs possibles, et sans les lumières que j’y ai puisées, j’aurais été incapable de faire à Lyon, en 1842 et 1843, les leçons sur la théorie des effets optiques des étoffes de soie”. (Chevreul, 1854).

  • 20 Archives Mobilier national, G 277.

49Aujourd’hui la mise au point de NIMES, le nuancier informatique des Manufactures, se fait à partir des échantillons de laine du cercle chromatique de Chevreul.20

Bibliographie

Références bibliographiques

Chevreul M.E., De la loi du contraste simultané des couleurs..., Paris, Pitois-Levrault, 1839.

Chevreul M.E., Rapport sur les Tapisseries et les Tapis des Manufactures nationales fait à la Commission française du jury international de l'exposition universelle de Londres, Paris, 1854.

Chevreul M.E., « Rapport de la Commission supérieure sur les produits industriels envoyés par la France à l'exposition internationale de Londres en 1871 », Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 21 octobre 1872.

Chevreul M.E., « Note sur la stabilité des couleurs fixées sur les étoffes en général et sur la soie en particulier », Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 1872.

Coural J., et Gastinel-Coural Ch., Le Sete impero di Palazzi napoleonici, Florence, 1988.

Vaisse P., « La querelle de la Tapisserie au début de la IIIe République », Revue de l'Art, 22, p. 66-86.

Notes

1 Archives Mobilier national, G 24.

2 Le Figaro, supplément, 18 septembre 1881.

3 Archives nationales, F21 679.

4 Discussion du budget de 1891, Séances des 22 et 24 novembre 1890 in Journal Officiel.

5 Bibliothèque nationale, Département des Manuscrits, Fonds français 11 183.

6 Archives nationales, F12 1329.

7 Cf. note 5 et Bibliothèque nationale, Cabinet des Estampes, Lh 31 fol.

8 Archives Mobilier national, Gob 56.

9 Archives Mobilier national, Gob 54.

10 Cf. note 9.

11 Archives Mobilier national, Gob 53.

12 Cf. note 11.

13 Cf. note 11.

14 Archives Mobilier national, Gob 57.

15 Cf. note 11.

16 Archives nationales, F21 679.

17 Archives de la Chambre de Commerce de Lyon. Registre de correspondance. Procès-verbaus et délibérations. Archives Raoul Chevreul.

18 Je remercie Madame Tamara Preaud, chef du service des Archives de la Manufacture de Sèvres, de l'aide qu'elle a bien voulu m'apporter pour ces recherches.

19 Cf. note 16.

20 Archives Mobilier national, G 277.

Table des illustrations

Légende Figure 1. Atelier des teintures aux Gobelins : vue ancienne de l'atelier. (Coll. Mobilier national).
URL http://books.openedition.org/mnhn/docannexe/image/532/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 555k
Légende Figure 2. Atelier des teintures aux Gobelins : Chevreul debout à l'entrée de son laboratoire. (Coll. Mobilier national).
URL http://books.openedition.org/mnhn/docannexe/image/532/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 746k

Auteur

Administration du Mobilier National, 1, rue Berbier du Mets, 75013 Paris

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