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    Plan détaillé Texte intégral Les débuts : d'Angers au Muséum Chevreul au Muséum : la chimie des corps gras Chevreul enseignant et administrateur Chevreul à la Manufacture des Gobelins Les cérémonies du centenaire Bibliographie Auteur

    Michel-Eugène Chevreul

    Ce livre est recensé par

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    À travers l’exposition « il y a cent ans, Michel-Eugène Chevreul 1786-1889 »

    About the exhibition «Il y a cent ans, Michel-Eugène Chevreul 1786-1889»

    Bernard Bodo

    p. 45-59

    Résumé

    This exhibition was presented in the Muséum national d’Histoire naturelle where Chevreul had worked for about 80 years. The aim was to recall the main contributions of this famous long living chemist in two fields of chemistry, by showing the chemical compounds he isolated and worked on, some apparatus from his laboratory and the original editions of his books and publications: in the Muséum he isolated, named and described most of the fatty acids, the cholesterol and gave the first scientific explanation of saponification. At the Manufacture des Gobelins, where he was Director of the dye workshop, he studied the contrast of colours and their classification. The celebration of his centenary in the new zoological Galeries of the Muséum in 1886 was also evocated.

    Note de l’éditeur

    In : G. ROQUE, B. BODO & F. VIÉNOT (eds) Michel-Eugène Chevreul. Un savant, des couleurs ! MNHN/EREC. 1997, 45-59, Paris ISBN 2-85653 50308

    Texte intégral Bibliographie Références bibliographiques Auteur

    Texte intégral

    1Au cours du XIXe siècle qu’il a presque entièrement traversé, Chevreul a accompli une œuvre scientifique considérable et publié environ 800 notes, mémoires et ouvrages sur les sujets les plus divers que son esprit encyclopédique et son exceptionnelle longévité lui ont permis d’aborder. Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle, puis Directeur de cet établissement, Directeur de l’Atelier des teintures à la Manufacture des Gobelins, il fut membre de l’Académie des Sciences et de nombreuses académies et sociétés savantes, en France comme à l’étranger. Pourtant, le titre dont il était le plus fier était celui de « Doyen des Etudiants de France ». Son centenaire fut fêté comme un événement national, et l’entretien accordé à Nadar à cette occasion nous est resté.

    2Dix ans de travaux sur les graisses animales aboutirent en 1823 à la publication des Recherches chimiques sur les corps gras d’origine animale qui fondèrent sa notoriété où il exposa la première théorie scientifique de la saponification. Ensuite il mena des recherches relatives à la vision des couleurs qui portèrent sur les modifications de la perception qu’entraîne la vision simultanée ou successive de deux couleurs, puis il établit une classification des couleurs fondée sur les cercles chromatiques.

    3L’exposition Il y a cent ans, Michel-Eugène Chevreul 1786-1889 (Fig. 1), présentée dans le « Hall Dufy » de la Bibliothèque Centrale du Muséum du 30 octobre au 20 novembre 1989, a été organisée sous le patronage de l’Académie des Sciences par le Muséum national d’Histoire naturelle et la Manufacture Nationale des Gobelins avec le concours de la Ville d’Angers. Elle a rassemblé des documents (lettres autographes, manuscrits, éditions originales des principaux ouvrages...), des échantillons et des instruments scientifiques provenant de son laboratoire ainsi qu'un retirage des nombreuses photos prises par Nadar à l’occasion de son centenaire.

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    Figure 1. Affiche annonçant l'exposition commémorative au Muséum en 1989. (Cliché P. Lafaite).

    4A l’entrée, le plâtre de sa statue par Edmont Fagel, qui sera sculptée dans le marbre et érigée en 1901 au pied du Labyrinthe dans le Jardin des Plantes, nous invite à la visite et à observer les objets et documents regroupés autour de plusieurs thèmes (Fig. 2).

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    Figure 2. Vue générale de l'exposition commémorative dans le Hall Dufy de la Bibliothèque centrale du Muséum. Au centre : plâtre de la statue par Léon Fagel conservée aux Gobelins. (Cliché de l'auteur).

    Les débuts : d'Angers au Muséum

    5La naissance à Angers en 1786 de Michel-Eugène Chevreul est évoquée par une photographie contemporaine de sa maison natale qui existe toujours, quoique modifiée, rue des Deux Haies au no 11. Sa famille a produit de nombreux médecins et chirurgiens dont son père Michel Chevreul. A 17 ans, il quitte Angers pour venir suivre à Paris les cours de chimie de Nicolas Vauquelin qui le remarque et le prend comme préparateur dans son laboratoire au Muséum où il deviendra « aide-naturaliste » en 1810. Il s’y exerce à diverses recherches sur les colorants végétaux, indigo, garance, gaude... et acquiert une formation solide auprès d’un maître exemplaire. La première vitrine présente des échantillons de garance et d’indigo, conservés au Laboratoire de Chimie du Muséum, des fruits de l’indigotier, de la pâte d’indigo ainsi qu’une planche d'Indigofera anil de l’herbier de Lamark (1789 ; coll. Lab. Phanérogamie du Muséum), plante tropicale dont l’indigo est extrait. Il s’agira pour Chevreul d’étudier la qualité, la stabilité des colorants des diverses sources, et leurs transformations sous l’action de réactifs chimiques divers : « Expériences chimiques sur l’indigo par M. Chevreul », « Substances amères formées par la réaction de l’acide nitrique sur l’indigo », « Analyses chimiques d'Isatis tinctoria (pastel) et Indigofera anil (indigotier) », tels sont les titres d’articles publiés par Chevreul à cette époque dans les Annales de Chimie (Coll. Lab. Chimie du Muséum).

    Chevreul au Muséum : la chimie des corps gras

    6En 1812 survient un fait qui va rendre Chevreul célèbre : un travail confié par Vauquelin sur un savon de graisse de porc et de potasse. A cette époque, la chimie des corps gras n’existe pas encore. On sait qu’il s’agit de substances insolubles dans l’eau, brûlant avec une flamme volumineuse ; on sait préparer des savons, mais la composition des corps gras, comme celle des savons et les réactions mises en jeu sont inconnues. L’apport de Chevreul sera essentiel. Il étudie les graisses d’homme, de mouton, de porc, d’oie, de beurre, les huiles de spermaceti, de dauphin et de poisson... En quelques années il découvre que les corps gras sont formés de deux espèces chimiques, un acide gras lié à un alcool. Il définit les principaux acides gras, décrit leurs propriétés chimiques, leurs caractéristiques (aspect, point de fusion...), décrit en détail leurs différents sels, détermine leur composition centésimale en appliquant un outil précieux, l’analyse élémentaire, conçue par Lavoisier et mise au point par Thénard et Gay-Lussac. Enfin il leur donne des noms : acides stéarique, oléique, margarique, butyrique, caprique... Egalement, il nomme glycérine (glycérol) l’alcool formé lors de la saponification et déjà décrit par Scheele sous le nom de « principe doux ». A partir de sels biliaires, il ré-isole, après Fourcroy et Poulletier de la Salle, le cholestérol, l’analyse et le nomme (cholestérine). Il donne une explication scientifique à la saponification qui transforme les corps gras en sels d’acides gras et alcool. Il développe le concept d’espèce pure et définie, sans lequel il n’y aurait pas de chimie organique.

    7Certains des échantillons que Chevreul avait préparés avant 1823 nous sont parvenus et sont conservés au Laboratoire de Chimie du Muséum. Leur analyse en 1989, au moyen des techniques modernes (chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse) montre la qualité des résultats qu’il a obtenu avec des moyens matériels sommaires et la valeur de sa méthodologie pour séparer les acides gras. Un échantillon d’acide stéarique de mouton renferme 93 % d’acide gras saturé en C-18 et un échantillon d’acide margarique de graisse d’homme, 90 % d’acide gras saturé en C-16, appelé aujourd’hui acide palmitique à cause de sa présence en grande quantité dans l’huile de palme. Les échantillons d’acides butyrique et caproïque obtenus à partir de savons de calcium et de zinc ont tous les deux une pureté supérieure à 98 %. Pour les insaponifiables, un échantillon de cholestérine de mouton (cholestérol) a une pureté de plus de 90 %.

    8Ses travaux, communiqués régulièrement à l’Académie des Sciences qui en publiait les Comptes-Rendus, ont été regroupés dans un ouvrage édité en 1823 par F.G. Levrault, sous le titre Recherches chimiques sur les corps gras d’origine animale avec en exergue la devise reprise de Malebranche, que Chevreul se plaisait à citer : « On doit tendre avec effort à l’infaillibilité sans y prétendre ». Ces travaux ne seront pas seulement académiques, puisqu’en 1825 il dépose avec Gay-Lussac un brevet d’application sur la fabrication de bougies stéariques. Le brevet tournera court à cause de la mauvaise qualité des mèches. Malgré une tentative pour en améliorer la qualité, le problème ne sera résolu que par De Milly et Motard, qui imprègnent d’acide borique des mèches de coton. Ils fonderont la « Manufacture de Bougies de l’Etoile » et, reconnaissants, ils offriront en 1886 les bougies destinées à éclairer le banquet du centenaire et la réception à l’Hôtel de ville. Chevreul, quant à lui sera toujours désintéressé, renonçant aux bénéfices des applications de ses découvertes, estimant que ce n’était pas là le rôle de l’homme de science.

    9Outre un certain nombre d’échantillons d’acides gras et de cholestérol isolés par Chevreul (Fig. 3), il était intéressant de montrer des intruments et la verrerie (flacons et cornues) provenant de ses laboratoires au Muséum et aux Gobelins, ainsi que des vues de son laboratoire (Fig. 4). Parmi les instruments, – un réfractomètre, – un colorimètre de Dubosc servant à mesurer les différences d’intensité de solutions colorées, – un alcoomètre centésimal, aréomètre fonctionnant sur le principe d’Archimède possédant une gradation spéciale destinée à indiquer la richesse en alcool d’un mélange d’alcool et d’eau, imaginé par Gay-Lussac et fabriqué par lui pour Chevreul, – un saccharimètre soleil, polarimètre destiné à mesurer la teneur en sucre de solutions et qui peut être utilisé pour déterminer le pouvoir rotatoire de composés chimiques en solution, – un spectroscope de Bunsen modifié par Dubosc, permettant d’observer visuellement, sous la forme d’un spectre de couleurs la composition d’un faisceau lumineux vu à travers un prisme qui disperse les couleurs. Tous ces appareils sont des appareils de mesure et d’analyse.

    Chevreul enseignant et administrateur

    10Au Muséum comme aux Gobelins, Chevreul enseigne. L’annonce de ses cours est placardée dans différents endroits de Paris. Des affiches nous en sont conservées : en 1844 le cours professé au Muséum, qui a lieu trois fois par semaine dans le grand amphithéâtre du Jardin du Roi, portera sur les sels. Il y a succédé à Vauquelin, en 1830, comme Professeur de Chimie. Le cours aux Gobelins traite des teintures et du contraste des couleurs.

    11A plusieurs reprises, et au total pendant 29 ans, il aura la responsabilité de la direction du Muséum. A ce titre, il aura à affronter deux crises graves, dont l’une concerne la sauvegarde des Collections pendant les bombardements prussiens de Paris en 1870. Le compte-rendu de l’Assemblée des Professeurs du Muséum du 17 janvier 1871 nous en informe : la séance fut presqu’entièrement consacrée à la constatation des dégats occasionnés par les bombardements de Paris assiégé et aux mesures de conservation prises sur les ordres de Chevreul, alors Directeur et qui le restera jusqu’à la fin de la guerre, puis de nouveau jusqu’en 1879. Une caricature du temps le montre, continuant ses expériences dans son laboratoire encombré du Muséum, impertubablement, pendant que les bombes explosent dans le voisinage (Fig. 5). Un obus tombe dans le petit laboratoire annexé à sa bibliothèque. Celle-ci, dans la maison qu’il occupe au Muséum, renferme un amoncellement de livres, d’objets en cours d’étude, de statuettes. Son bureau-laboratoire n’est pas moins encombré de fioles, flacons et burettes pour des expériences en cours. Peu de portraits de Chevreul jeune nous sont restés sinon une gravure de Grégoire et Deneux et un médaillon en plâtre par son condisciple, le sculpteur David d’Angers. Il avait alors cinquante-trois ans.

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    Figure 3. Échantillon de cholestérol préparé par Chevreul avant 1823 et conservé aux Gobelins. (Coll. laboratoire de Chimie du Muséum).

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    Figure 4. Vitrine présentant des instruments scientifiques utilisés par M.-E. Chevreul ou ses collaborateurs au Muséum. (Coll. laboratoire de Chimie du Muséum).

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    Figure 5. M.-E. Chevreul dans son laboratoire au Muséum pendant les bombardements de 1870-1871. Dessin par Michelet, paru dans un numéro spécial du Journal des Journaux. (Bibliothèque Centrale MNHN Paris).

    Chevreul à la Manufacture des Gobelins

    12La nécessité d’avoir un chimiste compétent à la tête de l’Atelier des teintures aux Gobelins et l’expérience remarquée, acquise sur les colorants par Chevreul à ses débuts, ont conduit à sa nomination comme Directeur de ces Ateliers en 1824. Il améliora la qualité de nombreuses teintures, qui étaient souvent extraites de végétaux : des bois tinctoriaux de cette époque sont encore conservés aux Gobelins, ainsi que des échantillons de colorants (Fig. 6). Une vue de l’Atelier des teintures nous montre les conditions précaires de travail.

    13Mais l’attention de Chevreul fut vite attirée par les phénomènes de perception des couleurs et les effets produits en nous par leur juxtaposition. Appliquant sa méthode expérimentale, qu’il appelait alors « méthode a posteriori », il fut conduit à donner une explication générale des phénomènes de contraste qui fut formulée sous le titre De la loi du contraste simultané des couleurs et publiée en 1839 chez Pitois-Levrault. Il s’agit « des modifications qui se passent en nous quand nous percevons la sensation simultanée de deux couleurs » : « deux zones colorées juxtaposées paraissent aux yeux plus ou moins différentes de zones isolées » (contraste des couleurs). Enfin dit-il, « mettre une couleur sur une toile, ce n’est pas seulement colorer la toile de cette couleur, mais aussi colorer de la complémentaire l’espace contigu ». Des planches, d’une grande fraîcheur ont été conservées au Muséum, qui illustrent ces observations. Le titre complet de l’ouvrage indiquait que Chevreul envisageait de nombreuses applications de sa théorie :... et de l’assortiment des objets colorés, considéré d’après cette loi dans ses rapports avec la peinture, les tapisseries des Gobelins, les tapisseries de Beauvais pour meubles, les tapis, la mosaïque, les vitraux colorés, l’impression des étoffes, l'imprimerie, l’enluminure, la décoration des édifices, l’habillement et l’horticulture. La Bibliothèque du Muséum possède plusieurs ouvrages d’applications possibles de ces théories aux étoffes de soie ou à l’arrangement des massifs de fleurs au Jardin des Plantes.

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    Figure 6. Flacons de pigments présentés à l'exposition.

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    Figure 7. Grand cercle chromatique pour les couleurs franches d'un mètre de diamètre et réalisé avec des laines teintes. (Coll. Manufacture des Gobelins).

    14Son souci de précision et de clarté vont conduire Chevreul à définir et nommer les couleurs selon une nomenclature raisonnée en les rapportant à des types classés d'après une méthode simple, soit d’un point de vue purement scientifique, soit du point de vue de l’application. Il expose ce moyen dans un long article publié dans les Mémoires de l’Académie des Sciences en 1861, avec une construction chromatique hémisphérique lui permettant, dit-il, de définir 14 400 tons. Il en résultera également, les cercles chromatiques qui nous restent sous la forme d’un atlas de dix cercles contenant 72 couleurs franches ou pures pour le premier puis, pour les neuf autres de couleurs rabattues de noir de dizième en dizième donnant 720 tons, et publié en 1864 (Planche). Les Gobelins ont également conservé un cercle chromatique pour les couleurs franches, d’un mètre de diamètre et qui a été réalisé avec des laines teintes (Fig. 7).

    15Toute une série de gammes chromatiques, ensembles de tons d’une même couleur, était présentée dans l’atlas. En plus Chevreul avait fait réaliser pour les Gobelins, une collection d’écheveaux de laines teintes de toutes les nuances et conservées dans des tiroirs aménagés spécialement aux Gobelins : chaque tiroir correspondait à une gamme chromatique. Des applications nombreuses ont été tirées de cette classification, jusqu'à la classification des vins rouges selon le vinocolorimètre de Salleron conservé au laboratoire de Chimie du Muséum.

    16Poursuivant l’œuvre de Chevreul dans le domaine de la classification des couleurs, la Manufacture des Gobelins a développé récemment un nouveau nuancier, structuré avec les trois dimensions perceptives de la couleur : tonalité, clarté et chroma, incluant la collection de base des coloris de Chevreul, mais mieux adaptée aux nécessités actuelles et tenant compte des recherches scientifiques et techniques contemporaines. Le développement sur ordinateur, par l’intermédiaire d’un colorimètre est envisagé. Deux panneaux isochromes d’échantillons en laine, disposés selon ce nouvel espace perceptif, l’un rouge, l’autre brun étaient exposés.

    Les cérémonies du centenaire

    17Pendant les cérémonies du centenaire, le 31 août 1886, au cours desquelles pas moins de cinquante-deux discours sont prononcés, la statue monumentale de Chevreul, due au sculpteur Guillaume, est présentée dans les nouvelles Galeries de Zoologie du Muséum. Une photographie montre cette statue qui est maintenant érigée à l'entrée du jardin des plantes d’Angers. Le buste en bronze, de Guillaume, est conservé à la Bibliothèque du Muséum. Une médaille est gravée par Roty. Des gravures publiées dans les journaux du temps, dont Le Monde illustré montrent la retraite aux flambeaux à travers les grands boulevards de Paris, la reception à l’Hôtel de ville de Paris et le banquet de mille couverts (Fig. 8), au menu riche en graisses animales et cholestérol...

    18Le Journal illustré va lui, dans son édition du 5 septembre 1886, faire paraître le premier reportage accompagné de photographies publié par un journal français (Fig. 9). L’entretien et les photographies sont de Felix Tournachon, dit « Nadar » et de son fils Paul. Nadar est connu pour avoir photographié les gens célèbres de son époque et réalisé les premières photographies aériennes, prises d’un ballon. Ses questions à Chevreul portent sur les conceptions du savant, sa manière de vivre : son secret de longévité ? « C’est une question de méthode... Il est facile de le connaître et, peut-être plus difficile de le suivre ». Il n’a bu que de l’eau, pas d’alcool, de tabac, de café, il a le dégoût des légumes, mais aime le chocolat.

    19Il exprime sa philosophie : « La curiosité de connaître est le point de départ de toute science. C’est pourquoi j’ai toujours tenu au titre, qui est pour moi le plus beau, de Doyen des Etudiants. » Et aussi sa foi en la méthode expérimentale : « Je persisterai dans ce qui a été de tout temps et toujours de plus en plus ma croyance raisonnée, c'est-à-dire passée expérimentalement par les faits : à savoir que l’homme fait lui-même sa destinée par l’observation des phénomènes naturels qui l’entourent et de lui-même ».

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    Figure 8. Centième anniversaire de la naissance de M.-E. Chevreul. Retraite aux flambeaux et banquet à l'Hôtel de Ville de Paris, dessin de Marc Aurèle paru dans Le Monde illustré du 11 septembre 1886. (Coll. Bibliothèque Municipale d'Angers).

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    Figure 9. Centième anniversaire de la naissance de M.-E. Chevreul. Première page du numéro du Journal Illustré daté du 5 septembre 1886 consacré à trois entretiens de M.-E. Chevreul avec Nadar et illustré de nombreuses photographies de Paul Nadar (voir p. 129). (Bibliothèque Centrale MNHN Paris).

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    Figure 10. Première page de L'illustration datée du 13 avril 1889. (Bibliothèque Centrale MNHN Paris).

    20Il dit son désir d’être convaincu et de convaincre son interlocuteur : « Il faut n’affirmer qu’un fait dont on a la certitude positive » et ajoute « Il ne suffit pas de dire, il faut prouver, il faut faire voir. Je veux faire voir, parce que c’est quand je vois que je crois. » C’était le but de cette exposition, de faire voir, afin que les visiteurs croient à l’importance de Chevreul dans le développement de la Science (Fig. 10). Et sans doute, un de ses apports les plus importants au niveau des idées est, comme le rappelle Marcelin Berthelot dans un discours prononcé en 1901 lors de l’inauguration de la statue de Chevreul au Muséum, qu’aux « notions imparfaites et flottantes régnant à son époque et qui tendaient à confondre sous des appelations vagues tout un ensemble de composés analogues, il a substitué des idées claires, précises fondées sur une logique rigoureuse » (Fig. 11).

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    Figure 11. Signature de M.-E. Chevreul (Bibliothèque Centrale MNHN Paris).

    Bibliographie

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    Chevreul, M. E., Chevreul, M. E., Lamoureux, Chardon, A., Chardon, C., Digeon, R. H., Baillière H., , , , , & . (1864). Des couleurs et de leurs applications aux arts industriels à l’aide des cercles chromatiques (1–). [s.n.]. https://doi.org/10.5479/sil.1077416.39088019378835
    Chevreul, M. E, M. E Chevreul, Lamoureux, Alfred Chardon, Charles Chardon, Digeon René Henri, Baillière Hippolyte, et al. “Des Couleurs Et De Leurs Applications Aux Arts Industriels À l’aide Des Cercles Chromatiques”. []. [s.n.], 1864. https://doi.org/10.5479/sil.1077416.39088019378835.
    Chevreul, M. E, et al. Des Couleurs Et De Leurs Applications Aux Arts Industriels À l’aide Des Cercles Chromatiques. [], [s.n.], 1864. Crossref, https://doi.org/10.5479/sil.1077416.39088019378835.

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    Références bibliographiques

    Berthelot, M., « Notice historique sur la vie et les travaux de M. Chevreul, Membre de l’Académie », Mémoires de l’Académie des Sciences, 1904, p. 17-64.

    Chevreul, M.-E., « Analyse chimique de l’Isatis tinctoria et de l’Indigofera anil », Annales de Chimie, 68, 1808, p. 284-299.

    Chevreul, M.-E., Recherches chimiques sur les corps gras d’origine animale, Levrault, Paris, 1823.

    Chevreul, M.-E., Considérations sur l’analyse organique et ses applications, Levrault, Paris, 1824.

    Chevreul, M.-E., De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assortiment des objets colorés, Pitois-Levrault & Cie, Paris, 1839.

    Chevreul, M.-E., Théorie des effets d’optique que présentent les étoffes de soie, Firmin Didot Frères, Paris, 1846.

    Chevreul, M.-E., « Exposé d’un moyen de définir et de nommer les couleurs d’après une méthode précise et expérimentale avec l’application de ce moyen à la définition et à la dénomination des couleurs d’un grand nombre de corps naturels et de produits artificiels », Mémoires de l’Académie des Sciences, 33, 1861, p. 3-924.

    10.5479/sil.1077416.39088019378835 :

    Chevreul, M.-E., Des couleurs et de leurs applications aux arts industriels à l’aide des cercles chromatiques, Baillière & Fils, Paris, 1864.

    Chevreul, M.-E., Histoire des principales opinions que l’on a eues de la nature chimique des corps de l’espèce chimique et de l’espèce vivante, Firmin Didot Frères, Paris, 1869. (Extrait des Mém. Acad. Sci., t. 38).

    Chevreul, M.-E., De la méthode a posteriori expérimentale et de la généralité de ses applications, Dunod, Paris, 1870.

    Chevreul, R., « Mon aïeul Michel-Eugène Chevreul », Mém. Acad. Angers, 9, 1986, p. 203-208.

    Kersaint, G., « La vie et l’œuvre de Chevreul. Aperçu chronologique », Bull. Soc. Chim. France, 1964, p. 1657-1662.

    Malloisel, G., Œuvres scientifiques de Michel-Eugène Chevreul, Doyen des étudiants de France, Ed. Comité du Centenaire, Paris, 1886.

    Nadar, N.P, « L'art de vivre cent ans. Trois entretiens avec Monsieur Chevreul photographié à la veille de sa cent et unième année », Le Journal illustré, 5 septembre 1886, p. 282-288.

    Auteur

    Bernard Bodo

    Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle. Il est spécialiste de la Chimie des substances naturelles.
    63, rue Buffon
    75005 Paris

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    Ce livre est cité par

    • MOLLON, JOHN. (2006) Monge: The Verriest Lecture, Lyon, July 2005. Visual Neuroscience, 23. DOI: 10.1017/S0952523806233479

    Ce chapitre est cité par

    • Viénot, Françoise. (2002) Michel-Eugène Chevreul: From laws and principles to the production of colour plates. Color Research & Application, 27. DOI: 10.1002/col.10000
    • Vi�not, Fran�oise. Chiron, Alain. (2001) Michel-Eug�ne Chevreul and his colour classification system. Color Research & Application, 26. DOI: 10.1002/1520-6378(2001)26:1+<::AID-COL5>3.0.CO;2-3

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    Bodo, B. (1997). À travers l’exposition « il y a cent ans, Michel-Eugène Chevreul 1786-1889 ». In G. Roque, B. Bodo, & F. Viénot (éds.), Michel-Eugène Chevreul (1‑). Publications scientifiques du Muséum. https://doi.org/10.4000/books.mnhn.514
    Bodo, Bernard. « À travers l’exposition “il y a cent ans, Michel-Eugène Chevreul 1786-1889” ». In Michel-Eugène Chevreul, édité par Georges Roque, Bernard Bodo, et Françoise Viénot. Paris: Publications scientifiques du Muséum, 1997. https://doi.org/10.4000/books.mnhn.514.
    Bodo, Bernard. « À travers l’exposition “il y a cent ans, Michel-Eugène Chevreul 1786-1889” ». Michel-Eugène Chevreul, édité par Georges Roque et al., Publications scientifiques du Muséum, 1997, https://doi.org/10.4000/books.mnhn.514.

    Référence numérique du livre

    Format

    Roque, G., Bodo, B., & Viénot, F. (éds.). (1997). Michel-Eugène Chevreul (1‑). Publications scientifiques du Muséum, European renewable energy council. https://doi.org/10.4000/books.mnhn.454
    Roque, Georges, Bernard Bodo, et Françoise Viénot, éd. Michel-Eugène Chevreul. Paris: Publications scientifiques du Muséum, European renewable energy council, 1997. https://doi.org/10.4000/books.mnhn.454.
    Roque, Georges, et al., éditeurs. Michel-Eugène Chevreul. Publications scientifiques du Muséum, European renewable energy council, 1997, https://doi.org/10.4000/books.mnhn.454.
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