Préface
p. 9-11
Texte intégral
1S’il est un lieu fameux où la Science a pu se développer en France (et pour certaines disciplines y éclore), c’est bien le Muséum national d’Histoire naturelle. D’abord Jardin royal des plantes médicinales, il fut créé, en 1626, sous Louis XIII à l’initiative de Guy de La Brosse, pour contrebalancer le pouvoir excessif que s’était arrogé, au fil du temps, la Sorbonne, illustrant ainsi une fois de plus la querelle des Anciens et des Modernes.
2Puisqu’il s’agissait de plantes médicinales, constituant alors une très grande partie de la thérapeutique, on fit bien sûr appel à des médecins mais aussi à des apothicaires. Au XVIIème puis au XVIIIème siècles l’enseignement pharmaceutique était l’un des plus complets qui se pût trouver.
3Philippe Jaussaud, Professeur de pharmacie et de toxicologie à l’École nationale vétérinaire de Lyon, a patiemment rassemblé une documentation historique remarquable sur les pharmaciens au Muséum depuis le Jardin des plantes médicinales jusqu’aux heures difficiles mais combien exaltantes de la Révolution française où le Muséum fut créé (1793) alors que tout le système des Académies, des Chaires universitaires, avait été mis à bas.
4J’ai, personnellement, lu ce manuscrit avec beaucoup d’intérêt car il fourmille de détails sur certaines grandes étapes du progrès des sciences.
5L’immense élan donné au progrès de la Chimie par Lavoisier et quelques-uns de ses collègues et disciples à la fin du XVIIIème siècle, fut relayé au Muséum. Mais, en plus des pharmaciens qui occupèrent des chaires au Muséum, dont certains marquèrent définitivement l’Histoire (tel Vauquelin), il y en eut d’autres, plus discrets, qui entretinrent des liens fructueux avec leurs collègues de la rue de l’Arbalète (École de pharmacie). Tout au long du XIXème siècle et jusqu’au début du XXème, les pharmaciens jouèrent un rôle important dans le développement des sciences chimiques et naturelles. Les grands organismes de recherche n’existaient pas encore, permettant de procurer à des savants (on dirait maintenant chercheurs) les conditions matérielles nécessaires pour qu’ils poursuivent, sans soucis majeurs, leurs recherches. Les pharmaciens exerçaient leur métier dans leurs officines, à l’hôpital, dans les Écoles de pharmacie ou dans les ateliers de préparation de médicaments. Les temps ont certes bien changé même si les conditions d’exercice ne sont pas toujours les meilleures.
6Cet ouvrage n’intéressera pas seulement les pharmaciens curieux de l’histoire de leur discipline, mais aussi le large public (de plus en plus large, heureusement) qui essaye de discerner les chemins, souvent méconnus, qui nous ont conduits là où nous sommes. Merci à Philippe Jaussaud d’avoir su confectionner un tel ouvrage.
Auteur
Directeur de l’Institut de Chimie des Substances naturelles (C.N.R.S.), Membre de l’Académie des Sciences.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Michel-Eugène Chevreul
Un savant, des couleurs !
Georges Roque, Bernard Bodo et Françoise Viénot (dir.)
1997
Le Muséum au premier siècle de son histoire
Claude Blanckaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi et al. (dir.)
1997
Le Jardin d’utopie
L’Histoire naturelle en France de l’Ancien Régime à la Révolution
Emma C. Spary Claude Dabbak (trad.)
2005
Dans l’épaisseur du temps
Archéologues et géologues inventent la préhistoire
Arnaud Hurel et Noël Coye (dir.)
2011
Michel-Eugène Chevreul
Un savant, des couleurs !
Georges Roque, Bernard Bodo et Françoise Viénot (dir.)
1997
Le Muséum au premier siècle de son histoire
Claude Blanckaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi et al. (dir.)
1997
Le Jardin d’utopie
L’Histoire naturelle en France de l’Ancien Régime à la Révolution
Emma C. Spary Claude Dabbak (trad.)
2005
Dans l’épaisseur du temps
Archéologues et géologues inventent la préhistoire
Arnaud Hurel et Noël Coye (dir.)
2011
