Préface

1Depuis quelques décennies déjà, on parle beaucoup d’écologie, de l’importance de la nature, et, dans le domaine des recherches littéraires, l’écocritique se développe même en France depuis quelques années, après son essor dans le monde anglo-saxon. Toutefois l’écologie proprement urbaine et l’attention à la biodiversité en ville sont plus récentes. Les travaux d’écocritique souvent centrés sur une sensibilité à la nature assez générale n’ont guère abordé le domaine urbain. Pourtant, en y regardant de près, on s’aperçoit que des observations de botanistes portaient déjà sur la flore urbaine au xix^e siècle et que les sociétés savantes ont joué déjà à cette époque un rôle dans la formation des citadins et dans le développement de nouvelles sensibilités.

2Ce volume est issu de travaux menés dans le cadre d’un projet financé pendant trois ans par l’I-Site FUTURE. Le sujet retenu – la biodiversité en ville1 – est un sujet d’actualité qui nécessite une réflexion interdisciplinaire et encourage la collaboration de littéraires, écologues et historiens des sciences. Sa spécificité et son empan chronologique (xix^e-xxi^e siècles) imposent aussi une démarche nouvelle, autrefois rare dans certains domaines disciplinaires comme la littérature ou même l’histoire des sciences : la prise en compte d’expériences en cours. C’est pourquoi ce volume, unique en son genre, dans notre collection « Savoirs en texte », réunit des travaux d’écologues et d’historiens des sciences, d’enseignants-chercheurs mais aussi d’ingénieurs, qui rendent compte à la fois de recherches et d’expériences, de pratiques aussi, bien ancrées dans les coutumes, et parfois évoquées par les écrivains.

3L’angle choisi pour aborder la question de la biodiversité en ville – le rôle des sociétés savantes d’autrefois et des associations d’aujourd’hui – a permis de fonder notre programme, très concrètement, sur des expériences et un vécu. Ce livre montrera à la fois des évolutions et une continuité, l’ancrage des sensibilités dans des pratiques, dans une proximité. Les sociétés savantes et les associations sont des relais du savoir et en retour elles refondent celui-ci dans l’expérience et la vie des hommes en ville.