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Structures de l’imaginaire dans l’Énéide

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Joël Thomas

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Joël Thomas

A Arlette

Texte intégral

1A un moment où notre monde se trouve, dans tous les domaines, en pleine mutation, les sciences humaines se doivent de connaître, et même, si possible, de précéder cette évolution. Elles ne faillissent d’ailleurs pas à cette tâche : les recherches de la critique littéraire contemporaine font apparaître un foisonnement d’idées, une rénovation profonde, dont on ne peut nier ni la richesse ni l’intérêt, bien que l’on puisse être quelquefois embarrassé devant la confusion et l’exubérance d’une science encore adolescente. Cette réflexion sur les processus de création restera d’ailleurs un des comportements caractéristiques de notre fin de XXe siècle, puisqu’elle tend même, parfois, à prendre le pas sur la création pure, plus hésitante : un observateur aussi pénétrant que Roland Barthes n’allait-il pas jusqu’à définir ce métalangage, cette écriture sur l’écriture, comme le fait marquant de notre génération ? L’Antiquité classique est un domaine particulièrement propice à de telles investigations, à la fois par les résonances et les implications de son champ culturel dans le nôtre et par la qualité exceptionnelle de ses artistes ; à un moment où, des horizons les plus divers, semble renaître un intérêt sans cesse accru pour le monde de l’Antiquité, ne convient-il pas que les latinistes se dotent d’outils méthodologiques qui les aident à toujours mieux comprendre et faire comprendre les messages de ces phares de l’humanité qu’ont été Virgile, Sénèque ou Lucrèce ? C’est le désir profond de contribuer à cette tâche qui nous a conduit à mener cette étude sur les « Structures de l’Imaginaire dans l’Enéide » ; elle a été animée par un double souci de servir et Virgile et les recherches de la critique littéraire générale, en tentant de montrer comment une œuvre de génie et un véritable renouveau de la critique pouvaient se vivifier et s’éclairer l’un l’autre. En ce qui concerne les choix que nous avons dû opérer parmi les différentes voies qui s’offraient à nous, nous renvoyons à notre Introduction générale : nous dirons simplement que des approches aussi essentielles que la psychologie des profondeurs, et l’étude structurelle de l’Imaginaire, à la suite des travaux de Carl-Gustav Jung, Gaston Bachelard, Charles Baudouin, Charles Mauron, Paul Diel, Mircea Eliade, Gilbert Durand, se révélèrent très vite fructueuses, et comme en harmonie avec l’univers virgilien ; elles apparaissent bien comme de nouvelles clefs permettant de pénétrer plus avant dans l’œuvre, sans doute parce qu’elles retrouvent une conception fondamentale du monde et de l’être humain, et que l’œuvre de Virgile est le reflet de cette conception. A une époque où, dans beaucoup de domaines, les notions d’éclatement, d’« atomisation », reviennent comme autant de limites à notre connaissance de l’homme et de l’univers, un des aspects les plus féconds et les plus enthousiasmants de cette recherche anthropologique nous a semblé être son ouverture à toutes les activités humaines, sa volonté d’atteindre à l’essentiel par delà le particulier ; c’est pourquoi nous serions comblé si cette étude n’était pas seulement lue par des latinistes — à leur intention, nous l’avons voulue aussi rigoureuse que possible —, et si elle pouvait intéresser un plus vaste auditoire; ce serait alors la preuve que nous avons réussi à transcrire dans les pages qui suivent un peu de la joie et de l’enrichissement que cette recherche nous a procurés, et nous souhaitons sincèrement les communiquer à notre tour : on n’est jamais déçu, en la compagnie de Virgile.

2Nous avons été encouragé dans la voie que nous avons choisie par les réactions des personnalités qui ont bien voulu porter un jugement sur cette thèse : cela a été une grande satisfaction pour nous que de voir un anthropologue de renom, M. Gilbert Durand, et un virgilien aussi éminent que M. Jacques Perret se rejoindre dans son approbation.

3Nos remerciements iront d’abord à notre directeur de thèse, M. Jean-Paul Brisson, dont la largeur de vues, la bienveillance et le dévouement constant nous ont été précieux : qu’il trouve ici l’expression de toute notre gratitude, et de notre amitié ; à M. Gilbert Durand, pour les perspectives qu’il nous a découvertes, et pour la chaleur et le soutien qu’il nous a apportés avec sa générosité coutumière ; à M. Jacques Perret, dont l’approbation nous a beaucoup honoré, et dont l’amabilité et le dévouement nous ont profondément touché ; à notre ami M. Yves Dauge, pour ses stimulants conseils, sa culture, son sens de la synthèse ; à MM. Henry Bardon, Pierre Grimal, Claude Moussy ; à notre ami M. Jean Leygue ; à M. et Mme Jean Lavaud.

© Les Belles Lettres, 1981

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