1 Les connaissances sur l’urbanisme et la culture matérielle de la Rome archaïque continuent de progresser avec les résultats des fouilles menées sur le Palatin et sur l’aire archéologique de Sant’Omobono (voir Cifani 2008, p. 165-173). Les monumenta romains antérieurs au iii^e siècle sont principalement connus ou identifiés à travers des mentions indirectes de textes écrits à des périodes postérieures. Cette période est également caractérisée par la rareté des inscriptions.

2 L’expression est empruntée au titre de l’ouvrage collectif Autocélébration des élites locales dans le monde romain, paru en 2004 (Cébeillac-Gervasoni, Lamoine & Trément 2004).

3 Voir Aberson 1994, p. 230-231.

4 Pour une étude récente sur le triomphe à Rome et sur la célébration de la victoire plus généralement, voir les contributions dans Lange & Vervaet 2014.

5 Contrairement à Athènes, où plusieurs indices laissent suggérer l’existence de cérémonies publiques pour les morts de la guerre à l’époque classique. Voir notamment le tumulus de Marathon, traditionnellement interprété comme étant le tombeau des 192 Athéniens tués lors de la bataille de 490 (voir Alcock 2002, p. 78). Thucydide rapporte également l’oraison funèbre qu’aurait prononcée Périclès en hommage aux morts athéniens à l’issue de la première année de la guerre du Péloponnèse, indépendamment de la victoire ou de la défaite (Thuc. 2.35-46).

6 Sur le « tombeau de Fabius » et sur ses fresques, datées traditionnellement de la fin du iv^e siècle ou du début du iii^e siècle avant J.-C., voir Coarelli 2011, p. 156-160. Voir également le « tombeau Arieti », dont les fresques renvoient à la même problématique (Coarelli 2011, p. 160).

7 Voir Mora 1999, p. 131.

8 Cooley 2011, p. 250.

9 Selon l’opinion de Mora 1999, p. 131.

10 Voir principalement Pais 1913, p. 19-20 ; Wiseman 2008, p. 235.

11 Rüpke 1995b, p. 184-202.

12 Crawford 1974 (RRC), n^o 234/1 (pl. XXXV).

13 Broughton 1951, p. 150 (Cic. Off. 3.109 ; Senect. 12 ; Liv. 9.1.1 ; Flor. 1.11 ; etc.).

14 Voir Mommsen 1865-1875, vol. 2, p. 306 ; puis Crawford 1994, p. 266.

15 Ce revers monétaire reproduit exactement celui d’un statère d’or romanocampanien, frappé à Capoue entre 290 et 240 (Grueber 1910, n^o 75 [pl. LXXIV.22]). D’après H. A. Grueber, ce statère pourrait commémorer à Capoue la fin de la troisième guerre samnite en 290 (Grueber 1910, p. 282). Cette même scène apparaît au revers de plusieurs monnaies frappées par les Italiens au cours de la guerre sociale (par exemple : HNI 408 ; 425). Voir également une variante de cette scène sur le revers d’une monnaie de C. Sulpicius Galba, frappée en 106, dans Crawford 1974 (RRC), n^o 312/1 (pl. XLI).

16 CIL 10.6638 = Inscr. It. 13.2.15 : C. C(omitialis) [Al]liens (is) die(s).

17 Sur le dies Alliensis et son interprétation, voir infra p. 271.

18 Suét. Gramm. 17.

19 Respectivement CIL 9.4192 et CIL 10.6639.

20 Voir infra p. 41-44.

21 Cadiou, Magallon Botaya et alii, 2008.

22 Cadiou & Navarro Caballero 2008, p. 13 ; Quesada Sanz 2008, p. 26.

23 Voir Quesada Sanz 2008, p. 21.

24 Dans le contexte de l’Italie préromaine, nous devons renoncer à considérer les armes comme des marqueurs ethniques (voir Adam 2006, p. 245-267, en particulier p. 251-254).

25 Cette épée a été découverte lors des fouilles du sanctuaire italique de Fonte Decina. L’inscription en latin archaïque mentionne un artisan, Trebios Pomponios, qui aurait réalisé cette épée de conception laténienne à Rome (Nicosia, Tondo & Sacco 2014, p. 484 : Tr (ebios) Pomponio(s) C. [f.?] [m]e fecet Roma[i]).

26 L’objet est daté approximativement de la fin du iv^e siècle ou des premières années du iii^e siècle (Nicosia, Tondo & Sacco 2014, fig. 1, 2 et 3).

27 Aussi l’interprétation des dépôts votifs d’armes dans les sanctuaires italiques doit-elle être prudente. En effet, un dépôt d’armes identifié dans le sanctuaire samnite de Pietrabbondante, et semble-t-il contemporain de la fin du iv^e siècle et des guerres contre Rome, pose des difficultés d’interprétation importantes sur lesquelles nous reviendrons prochainement (voir infra p. 204-206).

28 Cadiou & Navarro Caballero 2008, p. 16 ; Gomez-Pantoja & Morales Hernandez 2008, p. 37-58.

29 Malgré cette difficulté, plusieurs tentatives de localisation de champs de bataille républicains ont été entreprises. Voir notamment Sommella 1967.

30 Cf. infra, p. 391-458.

31 Sur Ausculum, voir Salmon 1932, p. 44-51 ; sur Cannes, voir notamment Scullard 1955, p. 474-475.

32 Sur l’étude des deux monuments qui commémorent in situ la bataille de Chéronée en Béotie (338 avant J.-C.), voir Ma 2008, p. 72-91.

33 Par exemple, des traces de guerre pourraient avoir été identifiées lors des fouilles de l’oppidum des Caisses de Jean-Jean dans les Bouches-du-Rhône. Effectivement, le site aurait été incendié entre la fin du ii^e et le début du i^er siècle avant J.-C., et plusieurs balles de fronde portant des traces d’impact ont été découvertes sur le versant méridional de l’oppidum. Cependant, cette identification doit rester prudente (voir Marcadal & Paillet 2017, p. 282-286). Sur les traces de guerre identifiées plus généralement dans les oppida du sud de la Gaule, voir Verdin 2008, p. 228-229, et p. 232.

34 Les textes présentent Satricum comme une cité latine (D.H. 5.61.3 ; D.S. 7.5.9), conquise par les Volsques à l’époque de Coriolan (Liv. 2.39.3 ; D.H. 8.19.1 ; Plut. Cor. 28.4).

35 Gnade 2002, p. 49-50.

36 Voir Gnade 2002, p. 51 et p. 153-156, avec quelques réserves méthodologiques pleinement justifiées.

37 Sur le concept de frontières dans l’Antiquité et sur les marqueurs de frontières en Italie à travers plusieurs études de cas, voir Bourdin 2012, p. 434-513.

38 Sur l’historiographie des marqueurs de frontières en Italie, voir Bourdin 2012, p. 439-444.

39 Bourdin 2012, p. 450-459.

40 Voir, par exemple, infra p. 190-195.

41 Bourdin 2012, p. 22-25.

42 Voir infra. p. 206-214.

43 Sur les incertitudes nombreuses concernant l’œuvre de Philinos, voir plus généralement le chapitre de Scuderi 2002, p. 275-299.

44 Pol. 1.14-15.

45 Voir infra p. 195-197. Sur les Mémoires de Pyrrhus, voir Brown 1947, p. 688.

46 Caire 2000, p. 243.

47 Sur Hiéronymos de Cardia, voir Vattuone 2002, p. 217-222 ; sur l’utilisation de cette source par Plutarque au sujet de la bataille d’Ausculum, voir Engerbeaud 2013, p. 65-66.

48 Lévêque 1957, p. 22-26.

49 Voir infra p. 195.

50 Sur ces représentations, voir Nicolet 1962, p. 463-517.

51 Ces deux cratères sont aujourd’hui conservés au Musée national samnite de Montesarchio, sur l’acropole de l’antique Caudium. Ils sont attribués au Pittore della Libagione. Le premier a été découvert dans la tombe 1005 de la nécropole de Caudium et daté d’entre 350 et 330 avant J.-C. (Trendall 1983, p. 198 n^o 300c ; Capini & Nista 2000, p. 30-31, fig. 35 ; Cinquantaquattro 2003, p. 39). Sa décoration met en scène un guerrier revêtu d’un cardiophylax tridiscal, armé d’une hache et d’un bouclier, qui s’apprête à frapper un ennemi au sol vêtu d’une cuirasse. Le deuxième cratère, découvert dans la tombe 2207, est décoré d’une scène peinte semblable (Fariello 2007, p. 28).

52 Stewart 1993, p. 264-269.

53 Chaniotis 2005, p. 57-62.

54 Les souverains hellénistiques recherchent en permanence une légitimité et détournent à leur profit l’héritage victorieux d’Alexandre (Stewart, 1993, p. 264-269 et p. 312-321).

55 Syll.³ 392. Voir infra p. 214-216.

56 Pour une traduction, voir Kent 1953, p. 151 ; et pour un commentaire récent, voir Bridges 2015, p. 89-96.

57 Hdt. 8.97-103.

58 Gagé 1933.

59 R.G. 26.2 : (…) Germaniam (…) pacaui.

60 Sur les Parthes représentés sur le Grand Camée de France, voir Schneider 2010 [2007], p. 68-69.

61 Hdt. 8.24-25.

62 Hdt. 8.52-55.

63 Bédarida 2003 [1990-2000], p. 68.

64 Nigro & Neisser 1983, p. 467-482. Voir également Bloch 1995a, § 44 pour une application dans le champ ethnologique.

65 Des travaux en psychologie cognitive ont démontré que l’exercice autobiographique constitue une mise en scène de soi dont les ressorts sont proches du récit d’événements historiques. Les souvenirs les plus traumatisants et les plus positifs sont remémorés par le sujet en « mode spectateur », au même titre que la perception d’événements historiques (Frank & Gilovich 1989, p. 399-403 ; Ross et alii 1989, p. 639-651 ; Libby & Eibach 2002, p. 167-179). Voir également Nigro & Neisser 1983, p. 467-482 ; Fitzgerald 1988, p. 261-273 ; Bloch 1995a, § 7 et § 43 ; Bergougnian 2009, p. 19.

66 Brédart & Van der Linden 2003, en particulier p. 93-119 sur la problématique des faux souvenirs.

67 Bédarida 2003 [1990-2000], en particulier p. 68.

68 Sur ce cas d’étude, voir Bloch 1995a, § 15-44 ; Bloch 1995b, p. 69-83 ; et en complément Bloch 1998, p. 100-113.

69 Les survivants, réfugiés durant deux ans dans la forêt, reconstruisent à l’issue de cette période de crise leur ancien village.

70 Ce récit constitue la « version canonique » de l’événement, réappropriée par les survivants eux-mêmes, et transmise aux nouvelles générations. Bloch 1995a, § 18 et sur l’interprétation anthropologique d’une partie de ce récit, concernant la « résurrection des maisons » détruites par le feu, voir Bloch 1995b, p. 69-83.

71 Bloch 1998, p. 100-113.

72 Clastres 2011 [1974], p. 161-185.

73 Voir infra p. 409.

74 Voir en premier lieu la réflexion de L. Pareti sur les légendes orales de Rome (Pareti 1969, p. 119-242). Pour un point sur ces débats, voir Poucet 1985, p. 65-68 et plus récemment Forsythe 2005, p. 74-77. Voir également les nuances formulées par E. Gabba concernant l’apport de la tradition orale pour la constitution des récits écrits de l’histoire des premiers siècles de Rome (Gabba 2001, p. 590).

75 Poucet 1985, p. 66.

76 Sur le socle indo-européen sur lequel reposeraient ces récits, voir Dumézil 1973 ; Briquel 2004, p. 152-154.

77 Voir McAdoo et alii 2006, p. 661-669.

78 Bloch 1995a, § 23-24.

79 Voir infra p. 392-398.

80 Voir les premiers questionnements sur la transmission orale de souvenirs d’événements historiques dans la synthèse que consacre E. Pais à l’histoire des cinq premiers siècles de Rome (Pais 1913, p. 21-33). Voir après lui Ciccotti 1927, en particulier p. 28 au sujet de la légende de Coriolan.

81 Fabius Pictor, contemporain de la guerre d’Hannibal, serait le premier historien romain. Voir infra p. 164.

82 Bloch 1995a, § 40-44.

83 Pol. 2.18.3 et 2.22.5 ; Liv. 5.48.8-9.

84 Eutr. 7.5.

85 À travers plusieurs mentions indirectes des textes, nous savons que la plus ancienne histoire de Rome a été probablement rédigée dans la dernière décennie du iii^e siècle. Voir infra p. 164.

86 Voir infra p. 392-398.

87 Effectivement, les premiers annalistes, de Fabius Pictor à la fin du ii^e siècle, avaient consacré une partie minoritaire de leurs récits à l’histoire archaïque et centraient leurs narrations sur des événements plus proches chronologiquement et jugés plus glorieux pour Rome. Voir Richardson 2012, p. 159-163.

88 Heurgon 1971, p. 219-223 ; Chassignet 1996b, p. XXI-XXII.

89 Liv. 4.34.6-7.

90 Cornell 1986, p. 67-86 ; Richardson 2012, p. 9-10.

91 Sur l’analyse structurale des récits, voir Genette 1972.

92 Les récits de fiction et les récits historiques présentent des similitudes de construction nombreuses. En 1965, A. C. Danto initie une réflexion sur l’interprétation narrativiste de l’historiographie (Danto 1965). Voir, après lui, Ricœur 1983, notamment p. 90.

93 Sur la question de la vérité historique traditionnellement opposée à la fiction littéraire, voir Veyne 1971, p. 50-85, et, sur l’histoire comme « remémoration poétisée du passé », voir Ricœur 1985, notamment p. 337.

94 Voir infra, p. 185.

95 Liv. 6.12.2-6.

96 Concernant le rabaissement des « peuples italiques » à la guerre, voir Liv. 3.67.1-5 ; 5.28.8 ; et infra p. 99-102.

97 Les historiens ont pendant longtemps fondé leur méthode d’analyse sur le discernement du « vrai » et du « faux » (Ciccotti 1927, p. 16-22), afin d’ôter l’embellissement (la superstructure narrative) des faits historiques (dits structurels). Sur cette méthode, théorisée par des savants anglo-saxons, voir Cornell 1986, p. 85-86 ; Cornell 2005 [1986], en particulier p. 61-62 ; Cornell 2004, p. 129. L’étude diachronique des récits de l’histoire romaine, à travers la réévaluation de toutes les traditions d’un même épisode, pourrait constituer une méthode complémentaire, laquelle demeure, bien entendu, soumise à des limites.

98 Voir les contributions dans Brozius 2003. Sur les archives publiques et privées de Rome à la fin de l’époque républicaine, voir Andreau, Bats et alii, 1994.

99 Frier 1979 ; Mora 1999, p. 125-133.

100 Voir, par exemple, Plin. H.N. 35.7.

101 Liv. 8.40.4-5.

102 Mora 1999, p. 92-125.

103 Contre une idée répandue (voir supra p. 12).

104 Tac. Hist 3.72.1.

105 Voir infra p. 121-124.

106 D.S. 19.72.6-7 ; Liv. 9.23.4-5.

107 Contra De Sanctis 1980 [1907], p. 35-46.

108 Par souci de commodité, nous emploierons désormais Ab Vrbe condita pour abréger Ab Vrbe condita libri.

109 Voir infra p. 175-177.

110 Non seulement il n’y a pas eu de volonté politique, mais les autorités étaient dans l’incapacité de promouvoir ce projet, aussi bien à l’époque républicaine que sous le Principat, où les formes de falsifications historiques sont susceptibles de varier d’un règne à l’autre.

111 Voir, par exemple, au cours du récit des guerres samnites : Liv. 8.40.1-5 ; 9.23.5.

112 D.H. 20. C Pittia, p. 372-382 [Strat. et Souda s.v. ὑστερίζειν]. Voir Engerbeaud 2013, p. 73-76 et infra p. 195-197.

113 Denys renseigne sur le fait qu’une tradition avait établi une analogie entre le fondateur de la res publica et celui de la plèbe romaine, tous deux nommés L. Iunius Brutus (D.H. 6.70.1). Ce choix de Denys, qui identifie le premier tribun de la plèbe à un L. Iunius Brutus plébéien, n’a pas été suivi par Tite-Live. L’établissement d’une correspondance entre les deux individus nous interroge, et elle pourrait être, éventuellement, le fait d’une tradition plébéienne.

114 Plut. Rom. 17.6-7. Voir le texte cité infra, p. 401.

115 La plus ancienne attestation d’une tradition paysanne de la petite fille dévorée par les loups remonte à une mention littéraire d’Egbert de Liège, en 1023 (Berlioz 1991, p. 246-263).

116 Parmi ces variantes paysannes, les loups obligent parfois la fillette à se dénuder, à brûler ses affaires, à dévorer la moitié de sa grand-mère, à boire le sang de sa grand-mère, etc. Voir Saintyves 1990 [1923], p. 229 note 2 ; Zipes 1993 [1983], p. 4 et Verdier 2004, pour une synthèse récente sur ce sujet.

117 Bettelheim 1976 [1975], p. 285-310.

118 Voir infra, p. 409.

119 Voir infra p. 444-458.

120 Pittia 2002a, p. 105.

121 Büttner-Wobst 1906, p. 112.

122 Flusin 2002, p. 555.

123 Voir l’exemple de la bataille d’Ausculum, dont l’issue évolue en fonction des siècles (Engerbeaud 2013, p. 61-80).

124 À la p. 54 (sur cet auteur, voir également infra, p. 401).