1 Dans cette étude, l’expression « période archaïque » désigne l’histoire de Rome avant les guerres puniques.
2 Sauf mention contraire, les références aux siècles et aux dates doivent être comprises avant J.-C.
3 Sur cette réécriture de l’histoire sous l’impulsion du pouvoir aztèque, voir Léon-Portilla 1963, p. 160-161.
4 Sur l’idée, répandue dans l’historiographie, que les historiens ne pouvaient pas masquer certaines défaites en raison de leur célébrité, voir Niebuhr 1838 [1832], p. 195-196 ; Pais 1920, p. 127 ; et plus récemment Cornell 1989, p. 371 ; Forsythe 2012, p. 32-33. Plusieurs exemples viendront nuancer ce propos.
5 Liv. 2.9-13 ; D.H. 5.31.1-32.4 puis 34.4 ; contra Tac. Hist. 3.72.1.
6 D.S. 19.10.1-2.
7 Eutr. 7.5.
8 Voir infra p. 22.
9 Voir notamment Niebuhr 1842 [1811], p. 7 ; Mommsen 1985 [1854], p. 84-90. Cette lecture est récusée par M. Pallottino dans son ouvrage Storia della Prima Italia, qui invite à resituer la Rome archaïque dans une communauté culturelle italienne (Pallottino 1993 [1984], notamment p. 17-35), et à réfléchir aux continuités de la « culture italique » dans la romanisation. Voir également, dans une perspective comparable, le recueil des articles écrits par G. Colonna entre 1958 et 1998, dont les travaux sont principalement consacrés aux Étrusques (Colonna 2005).
10 Duruy 1848, p. 41-100.
11 Duruy 1848, p. 83.
12 Duruy 1848, p. 77-89.
13 Rollin 1818 [1738-1748], p. 67. Sur cette défaite, voir D.S. 14.43.5 ; Liv. 5.7.2-3.
14 Michelet 1843 [1839], p. 1-202.
15 De nombreux champs disciplinaires se sont appropriés le thème de la crise et de son dépassement depuis 2008. Des linguistes ont étudié les apports de la crise au niveau lexical (voir notamment Leblond 2012 ; Kossov 2012). La crise bancaire et économique de 2008 a notamment suscité une réflexion au sein de la discipline économique ainsi qu’une remise en question, car l’irruption de la crise a parfois été vécue et perçue par l’opinion publique comme un échec de la discipline à prévoir le désastre et à trouver des solutions efficaces pour le dépasser (voir un récapitulatif dans Cartapanis 2011, p. 149-161). Depuis quelques années, les historiens spécialistes de l’Antiquité manifestent un intérêt nouveau pour l’étude des crises, à travers l’analyse des catastrophes et des situations d’exception (voir Golden 2013 ; Toner 2013).
16 Bloch 1946 [1940]. Voir Vaïsse 1994, p. 133-137.
17 Lévy 1976.
18 La bibliographie sur ce combat est abondante. Les savants ont recherché et analysé dans plusieurs articles la topographie du champ de bataille (Scullard 1955, p. 474-475), les protagonistes du combat (Zecchini 1976, p. 118-128) et enfin les causes de la défaite et le déroulement de la bataille (Dorey 1959, p. 1-5 ; Shean 1996, p. 159-187 ; Alexandra 2004, p. 19-33). Aucune étude globale sur l’événement, ses causes et ses conséquences, n’a été publiée à ce jour en langue française.
19 Les travaux menés sur la bataille du lac Trasimène ont essentiellement eu pour objet d’analyser la responsabilité du consul Flaminius dans les causes de la défaite (Caltabiano 1976, p. 102-117 ; Brizzi 1984, p. 35-43 ; Brizzi 1989, p. 109-115 ; Cenerini 1995, p. 129-144).
20 Rosenstein 1990.
21 Pour une discussion au sujet des conclusions de l’œuvre de N. S. Rosenstein, voir infra, p. 306-315.
22 Cavaggioni 2010. Fr. Cavaggioni a poursuivi ses recherches et a publié en 2013 la première étude globale consacrée aux défaites romaines durant la guerre d’Hannibal (Cavaggioni 2013).
23 Voir notamment Tatum 1992, p. 637 ; Dondin-Payre 1992, p. 590 ; Kaster 1997, p. 15.
24 Sur cette relative impunité des commandants vaincus, s’est greffée après N. S. Rosenstein, dans une partie de l’historiographie anglo-saxonne, l’idée que les Romains refusaient l’idée même de défaite. Voir notamment Tatum 1992, p. 637 ; Barton 2001, p. 50 ; McDonnell 2008, p. 67.
25 Voir notamment les limites de cette étude formulées dans le compte rendu de M. Dondin-Payre (Dondin-Payre 1992, p. 588-590).
26 Voir le nombre important de recensions consacrées à cet ouvrage (onze au total). Parmi elles, voir Rich 1991, p. 401-404 ; Tatum 1992, p. 637-641.
27 Le thème de la défaite bénéficie d’un intérêt croissant auprès des chercheurs depuis deux décennies. Par exemple, le VI Coloquio Internacional de Historia Antigua s’est déroulé en 2011 sur le thème des « vaincus dans l’Antiquité ». Cette rencontre a donné lieu au premier échange entre spécialistes de l’Antiquité sur le thème de la défaite (Marco Simón, Pina Polo & Remesal Rodríguez 2012). Voir également la parution d’ouvrages généralistes sur le thème des défaites romaines, comme Chrystal 2015, et la floraison récente de monographies anglo-saxonnes consacrées à des batailles, comme, par exemple, celle de Teutobourg en 9 après J.-C. (Wells 2003 ; Murdoch 2009 ; McNally 2011). La défaite de Carrhes (en 53 avant J.-C.) a également fait l’objet de plusieurs ouvrages et travaux universitaires récents (voir Sampson 2008 ; Traina 2011). La défaite fait également l’objet d’un intérêt croissant parmi les spécialistes de l’histoire grecque. Voir la thèse de doctorat récemment publiée de Th. Boulay sur les poleis et la guerre dans les cités d’Asie Mineure (Boulay 2014).
28 Rich 2012, p. 83-111.
29 Clark 2014.
30 Clark 2014, p. 1 et, en conclusion, p. 208-209.
31 La chronologie dite « varronienne » est adoptée ici par souci de convention.
32 Les savants ont considéré que les civilisations « de bâtisseurs et de philosophes » ne faisaient la guerre que pour se défendre (sur les Égyptiens, voir Origny 1762, p. 321 ; Hanotaux 1940, p. 601 ; sur les Étrusques : Meirat 1964, p. 96 ; Banti 1973, p. 8 ; sur les Mayas : voir la critique de Dew 1999, p. 190). Les ethnologues ont longtemps interprété la guerre, à la suite des travaux de C. Lévi-Strauss, comme un accident résultant de l’échec de l’échange : Lévi-Strauss 2002 [1949], p. 78-79 : « Les échanges sont des guerres pacifiquement résolues, les guerres sont l’issue de transactions malheureuses. »
33 Clastres 2010 [1977], p. 79-93 ; Lévi-Strauss 2002 [1949], p. 78-79.
34 L’origine de la théorie d’un « impérialisme défensif » de Rome avant les guerres de Macédoine remonte à Th. Mommsen (Mommsen 1985 [1854], p. 575-576), alors que W. V. Harris défendait l’idée d’un « impérialisme offensif » (Harris 1979). Voir, depuis, Hermon 1984, p. 259-267 ; puis les contributions dans Champion 2004 (notamment un résumé des débats historiographiques dans Champion & Eckstein 2004, p. 1-10). Les chercheurs invitent désormais à trouver des alternatives à ce débat, aujourd’hui perçu comme réducteur (voir notamment Erskine 2010, p. 36-39).
35 Voir Eckstein 2006, p. 244-316.
36 Voir notamment cette approche traditionnelle dans Alcan 1914, p. 126-134, en particulier p. 133. Quelques études anciennes avaient pourtant étudié le peuplement et la culture de l’Italie ancienne, comme l’ouvrage en plusieurs tomes de G. Micali (Micali 1824). La prise de distance par rapport au romanocentrisme des études est sensible en archéologie, discipline dans laquelle des thèses sont actuellement en cours concernant des territoires ou des objets d’études auparavant délaissés (par exemple l’étude du Samnium dans une dimension autre que militaire). Dans ce contexte d’émulation archéologique, la thèse de St. Bourdin a apporté une synthèse historique nécessaire sur ces peuples de l’Italie centrale et septentrionale. Son étude a resitué avec justesse les Romains dans leur contexte latin et italien, tout en questionnant la conflictualité territoriale en Italie dans une perspective non romanocentrée (Bourdin 2012).
37 Voir principalement Briquel 1990a ; Briquel 1997 ; 2001 ; 2006 ; 2008.
38 Sur la diplomatie romaine, « l’autre instrument de la conquête » (Auliard 2006), longtemps délaissée par les études au profit de l’armée, voir les travaux pionniers de Cl. Auliard (Auliard 1991, p. 49-57 ; Auliard 1992, p. 1-16). Depuis, les recherches sur la diplomatie romaine se sont portées notamment sur l’espace des négociations (Torregaray Pagola 2006, p. 223-258 ; Stouder 2009a, p. 173-185), sur l’articulation entre la guerre et la diplomatie à l’époque républicaine (Caire & Pittia 2006 ; Stouder 2006, p. 209-222). Voir les contributions récentes sur ce sujet dans Grass & Stouder 2015.
39 Rosenstein 1990 ; Cavaggioni 2010 ; Cavaggioni 2013 ; Clark 2014.
40 Voir, notamment, infra p. 469. Pour élargir la réflexion sur les critères de l’historicité chez les Anciens, voir l’ouvrage récent de P. Courroux, consacré à l’étude de la vérité et de la fiction chez les chroniqueurs médiévaux (Courroux 2016).
41 L’idée d’une prééminence du récit de Tite-Live a conditionné de nombreuses études anciennes. Voir notamment la présentation des sources dans la Storia dei Romani (vol. 1) de G. De Sanctis qui, si elle consacre des développements aux autres auteurs, réaffirme la fiabilité plus grande du récit livien devant Denys d’Halicarnasse et Diodore de Sicile (De Sanctis 1980 [1907], p. 35-46).
42 Pour une approche nouvelle des fragments de Denys d’Halicarnasse, voir Pittia 2002a ; Pittia 2002b.
43 Voir notamment De Sanctis 1980 [1907], p. 40 ; et infra p. 168-173. Voir, au contraire, quelques tentatives de réhabilitation ponctuelles du récit événementiel de Diodore, concernant surtout l’épisode de la prise de Rome par les Gaulois (Amat Séguin 1987, p. 823-846 ; Engerbeaud 2014, p. 5-28).
44 Lévy 1976, p. 40-42.
45 Le Grand Robert de la langue française définit la défaite comme « un échec subi par une armée : perte d’une bataille », puis comme un « échec » polysémique. Ses antonymes sont le succès, la victoire et le triomphe (Robert, Rey-Debove & Rey 2003 [1967], p. 654).
46 Martin 2012, s.v. défaite.
47 Mignard 1848, v. 1942 : On dit que sovant vient surefait au defait, « On dit souvent que l’excès amène au malheur. » Voir Godefroy 1901, p. 455.
48 Rey 1995, vol. 1, p. 775 s.v. défaire.
49 En témoigne cet extrait des Cent nouvelles nouvelles datant du xve siècle : Le pouvre François, (…) de ses armes desgarny, voyant l’autre armé et de trois ou quatre archiers accompaigné pour le desffaire, a luy se rendit, « Le pauvre Français, (…) sans armes, voyant l’autre armé et accompagné de trois ou quatre archers pour le vaincre, se rendit à lui » (Sweetser 1966, p. 55 [chronique no 5]).
50 Commynes 1925 [1524], p. 345 : Comment il fut conclud entre le roy et le duc de Bourgongne de la mort et deffaicte de monsr le connestable et comme il fut prins et mys ès mains du roy et son procès faict à Paris, « Comment il fut conclu entre le roi et le duc de Bourgogne de la mort et de la défaite de monseigneur le connétable et comment il fut pris et mis entre les mains du roi et comment son procès fut fait à Paris. » Voir Martin 2012, s.v. défaite.
51 Dans le sens de dé-faire ; voir Martin 2012, s.v. desfaiture.
52 Dans Le Livre du chevalier de la Tour-Landry en 1472 (Montaiglon 1854, p. 113).
53 Voir Stevenson 2010 [1998], p. 457.
54 Sur la « révolution militaire » de l’époque moderne et sur la codification de la tactique de guerre entre États européens, voir p. 70-71.
55 Voir notamment les premières histoires romaines, rédigées dès le xviiie siècle (Rollin 1818 [1738-1748] ; Le Bas 1837 ; Duruy 1848 ; Ségur 1851). Voir également Montesquieu 1817 [1734].
