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L’Empreinte des morts

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Fabrice Galtier

Première partie. Ruines et Monumenta : la mémoire à l’épreuve

Chapitre premier. Les ruines des cités

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Extrait du texte

Les ruines sont une variante de la trace. De manière révélatrice, le mot uestigium, qui signifie d’abord l’empreinte du pied dans le sol, la trace des pas, désigne également les fragments qui subsistent d’une construction1. En tant que traces, les ruines sont dotées d’un statut ontologique ambigu. Leur réalité est en effet conditionnée par la capacité d’un observateur à les identifier, et cette identification implique nécessairement l’établissement d’un rapport d’appartenance. Les ruines ne sont telles que dans la mesure où elles sont ruines de quelque chose. Non seulement leur existence n’a pas de valeur autonome mais elle est soumise à une extrême labilité. Par essence, les restes se situent entre la forme reconnaissable qui les rattache à la structure originelle dont ils sont issus et l’informe indiscernable qui annonce la dernière étape de la destruction, celle de l’effacement définitif2.

Tant qu’ils subsistent, les vestiges d’une ville marquent dans le paysage sa présence révolu...

© Les Belles Lettres, 2018

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