Introduction à la première partie
p. 17-18
Extrait
1« There are but two strong conquerors of the forgetfulness of men, Poetry and Architecture »1. Près de dix-huit siècles avant que Ruskin n’affiche sa confiance dans la capacité des œuvres poétiques et architecturales à vaincre l’oubli, Lucain était déjà amené à considérer quel appui la mémoire des hommes pouvait trouver dans les monumenta issus du savant agencement des pierres ou des mots. En réalité, le poète suivait une tradition qui avait depuis longtemps établi que les vers duraient infiniment plus longtemps que le marbre. Il s’agit là d’un topos auquel fait écho, dans la Pharsale, le recours à la thématique des ruines. Mais ce constat ne doit pas occulter la complexité de la réflexion lucanienne, qui pose le problème essentiel de la relation ontologique entre ce qui reste et ce qui a été. Cette interrogation concerne au premier chef les cités et leurs vestiges, que Lucain ne pouvait évoquer hors du cadre conceptuel qui prévalait en son temps. La perception de la temporal
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