1 Q. Cic., Pet., 29-32.
2 Bruhns 1990, p. 578.
3 J. Hellegouarc’h fait toutefois observer que, si « les amici sont, parmi les membres de la suite d’un personnage, ceux qui appartiennent à la classe dirigeante [et] les clientes ceux de la plèbe », cette distinction est souvent mise à mal dans la pratique, qui voit notamment l’attribution à des clients de la qualité d’amicus en période de campagne électorale (Hellegouarc’h 1963, p. 54-56).
4 Cf. M. Corbier : « À Rome, comme ailleurs, on épouse (ou l’on marie à son fils) la sœur, la fille, la nièce d’un parent ou d’un ami, ou au contraire d’un “ennemi” avec qui on veut faire la paix à cette occasion » (Corbier 1990b, p. 18 ; cf. Corbier 1991a, p. 136) ; voir aussi S. Treggiari, qui considère pour sa part que la création d’un lien de parenté par alliance entre mâles a été présentée comme le principal objectif et la principale conséquence du mariage par « the male-monopolized literary tradition » (Treggiari 1991c, p. 108-109).
5 Moreau 1990, p. 3.
6 Cf. Dixon 1985a, p. 368-369 (voir p. 369 : « The resources of two families were required for those who wished to reach or remain at the top of the political tree »).
7 Hellegouarc’h 1963, p. 66.
8 Syme 1987b, p. 320-323 = Syme 1979-1991, t. VI, p. 234-237 ; cf. Saller 1987, p. 29-30 ; Saller 1994, p. 37.
9 Cf. S. Dixon : « The marriage, once contracted, entailed reciprocal obligations in addition to the dowry » (Dixon 1985a, p. 367).
10 Moreau 1990, p. 5-7 ; Thomas 1980, p. 352, n. 22.
11 Moreau 1990, p. 16-19.
12 Moreau 1990, p. 21.
13 Il est vrai toutefois que l’on ne pouvait pas compter avec la même assurance sur l’appui des parents par alliance les plus proches et sur celui des adfines des cercles les plus lointains (cf. David 1990, p. 499).
14 Sur ces différences profondes entre les deux formes de societas que sont la parenté, par le sang ou par alliance, et l’amicitia, voir Harders 2010a, p. 44-46.
15 Q. Cic., Pet., 26.
16 Hellegouarc’h 1963, p. 48 ; cf. p. 53.
17 Sur la suffragatio, voir Hellegouarc’h 1963, p. 158.
18 Sur l’idée qu’une stratégie « présuppose une vision à long terme », cf. Badel 2012, p. IX.
19 L’identification de la nature de ces calculs, donc des intentions des acteurs, constitue à la fois une condition sine qua non pour la mise en évidence d’une stratégie et une difficulté parfois insurmontable, les sources n’apportant qu’exceptionnellement des informations explicites à ce sujet. Cf. Badel 2012, p. VIII.
20 Pour la genèse du concept de stratégie, familiale ou matrimoniale, cf. Badel 2012, p. V-VII.
21 Cf. Bourdieu 20002, notamment p. 162-186. Pour un autre exemple de mise en œuvre de cette approche par P. Bourdieu, voir Bourdieu 1972, p. 1105-1125.
22 Barry 2008, p. 155-159. L. Barry met l’approche bourdieusienne au nombre des méthodes fonctionnalistes ou hétéronomes d’analyse des systèmes d’alliance et de parenté, méthodes qu’il décrit et discute dans son ouvrage (p. 134-143) et auxquelles il observe que l’on peut reprocher de « chercher à expliquer l’origine d’un système par les visées et les motivations conscientes des acteurs qui s’y trouvent impliqués » (p. 140, cf. 138), autrement dit de « déplacer l’élément réellement “structurant” d’un système du cœur du phénomène à l’extérieur de ses “frontières institutionnelles” et, par conséquent, en lui déniant toute autonomie, [de] le reléguer à un rôle auxiliaire, [de] l’asservir aux contraintes externes propres à d’autres instances sociales » (p. 140).
23 Barry 2008, p. 135.
24 Andreau et Bruhns 1990, p. X. Les deux auteurs notent que « le mot “stratégies” est particulièrement bien adapté aux sociétés à structure complexe, qui n’imposent qu’un petit nombre d’interdits et laissent un large choix aux personnes et aux groupes », et parmi lesquelles figure la société romaine (ibidem, p. XIX), ce à quoi on peut ajouter que dans les alliances conclues au sein de sociétés à structure complexe, « ce ne sont plus les femmes qui sont échangées et qui circulent, mais des dots, des patrimoines, du bétail, des statuts et des titres, selon l’enjeu prédominant et historiquement défini », soit des éléments de nature à susciter l’élaboration de stratégies (Bonte, Izard 1991, p. 42 ; cf. Bonte et Copet-Rougier 1990, p. 259).
25 Moreau 1990, p. 15-16, 19.
26 L’emploi des termes factio ou partes pour désigner les forces politiques en question n’est pas sans poser problème. J. Hellegouarc’h a montré que les partes sont des groupes « exerçant leur activité dans le domaine de la politique générale du pays », « beaucoup plus vastes que les factiones », le mot désignant « toujours à l’époque républicaine les deux grands groupes entre lesquels se partage le pays et à l’intérieur desquels agissent des formations plus restreintes » (Hellegouarc’h 1963, p. 113). Quant au terme factio, à connotation fortement péjorative (Hellegouarc’h 1963, p. 101-104 ; Ross Taylor 1977, p. 48-52), il est employé « chaque fois qu’un ou plusieurs hommes politiques utilisent tous les moyens matériels qu’ils ont à leur disposition, c’est-à-dire leur fortune personnelle (diuitiae) et le groupe de leurs amis et clients (opes), pour parvenir à une conquête personnelle du pouvoir » (Hellegouarc’h 1963, p. 104 ; Hellegouarc’h observe toutefois (p. 105) que « si une factio peut résulter de l’union pour un même but de plusieurs personnages importants et de rang à peu près équivalent, à l’origine elle est essentiellement personnelle et vient du groupement, autour d’un chef ou princeps, de l’ensemble de ses amis, hôtes et clients sur lesquels s’exerce son influence »). Il apparaît donc qu’une même force politique peut être qualifiée par les savants modernes, selon les phases de son existence, de factio – terme à utiliser toutefois avec précaution en raison de sa valeur péjorative – ou de partes. Aussi, pour ne pas entraver la lecture par les incessantes mises au point qu’imposerait l’utilisation de ces termes latins pour désigner les différentes forces politiques actives au cours de la période étudiée, nous emploierons, bien évidemment sans établir d’équivalence entre eux et les précédents, les termes français « faction » (qui combine l’idée d’une organisation informelle avec celle d’une activité subversive ou, du moins, dangereuse pour la paix civile) et « parti » (sans méconnaître le fait que le type de groupe que ce mot désigne habituellement de nos jours se distingue à plusieurs égards de celui que l’on trouve dans la Rome républicaine).
27 Voir, à titre d’exemple, Nep., Att. 10, 2, à propos de l’année 43 av. J.-C., ou Vell., 2, 75, à propos de Livia Drusilla.
28 Sur la difficulté à manœuvrer dans l’environnement politique instable de cette époque, cf. Paterson 1985, p. 21-22.
29 Plut., Caes. 1 ; Suet., Iul. 1.
30 C. Meier indique que Pompée souhaitait mettre ses compétences militaires au service du Sénat en échange de la reconnaissance par celui-ci de sa qualité de meilleur général de la cité et qu’il ne voulait aucunement remettre en cause l’hégémonie de l’oligarchie conservatrice ; les plébiscites de 67 et 66 n’en suscitèrent pas moins le mécontentement et l’inquiétude de celle-ci (Meier 1966, p. 289-290).
31 Cf. C. Meier : « Erst von da an gab es den fast unversöhnlichen Gegensatz zwischen den beiden Mächten [(Pompée et les optimates)], der die weitere Geschichte so verhängnisvoll bestimmte » (Meier 1966, p. 289).
32 Plut., Pomp. 43.
33 Plut., Cato mi. 30 ; Pomp. 44.
34 Plut., Cato mi. 30. Pour une analyse des raisons qui, par ailleurs, rendaient une entente entre Pompée et les optimates irréalisable à l’époque, cf. Meier 1966, p. 289-292.
35 Sall., Cat. 38.
36 Hor., Odes, 2, 1, 1-8.
37 Plut., Pomp. 47 ; cf. Caes. 13. Pour le rapprochement de l’analyse de Caton et de l’œuvre de Pollio, voir Syme 1967, p. 22, 460-461 ; Syme 1986b, p. 442.
38 Pour des exemples de savants convaincus que les divorces étaient particulièrement fréquents à cette époque, voir Treggiari 1991c, p. 473-474 ; à leurs noms peuvent être ajoutés Humbert 1972 (cf. p. 87, 92-94) et Bradley 1991 (voir notamment p. 129-130, 161), qui intitule un chapitre de son ouvrage « Dislocation in the Roman family » ; cf. Harders 2010b, qui, reprenant l’expression « dislocation of the Roman family », écrit : « Death, divorce, and remarriage had enormous effects on family structure, depriving the majority of children of stable family constellations to attach to » (p. 53 ; cf. Bradley 1991, p. 131-139, 165-172). B. D. Shaw livre pour sa part une analyse plus nuancée : « Without doubt, divorce was a legal device used to end many marriages, but even amongst those persons most prone to use it, divorce does not seem to have attained a dominant position in the termination of most marriages » (Shaw 2002, p. 239 ; cf. Corbier 1991b, p. 57-63 et 76-78, où la question de la fréquence des divorces est prudemment laissée de côté). Pour d’autres facteurs ayant contribué à la fragilisation des alliances matrimoniales, Humbert 1972, p. 94-102 et Bruhns 1994, p. 87-88 (sur ce dernier, voir la note suivante).
39 Bénabou 1990, p. 125 ; cf. Kunst 2000, qui écrit, à propos des deux derniers siècles de la République (p. 33) : « (…) die wachsende Rivalität innerhalb der Oligarchie [erzwang] kurzfristige Zweckbündnisse zwischen einzelnen Familien, die durch familiäre Verbindungen abgesichert wurden, um ihre politischen wie ökonomischen Kräfte zu bündeln »). Pour Bruhns 1994, p. 87-88, le principe de parenté cognatique (ou bilatérale) en vigueur dans la société romaine républicaine ne pouvait que favoriser la multiplication des liens et les alliances de court terme et horizontales (« kurzfristige und horizontale Allianzen », plutôt que sur plusieurs générations) et apparaît à ce titre comme l’un des éléments structurants de la « politische Grammatik der römischen Republik », caractérisée par la variété et l’intrication des relations et des enjeux, donc par l’importance des fluctuations et la fréquence des recompositions.
40 L’abandon de cette forme d’union semble avoir eu lieu au iie siècle av. J.-C. (Treggiari 1991c, p. 21 ; voir aussi p. 20-21 à propos de Cic., Flac. 84 ; cf. Dixon 1992, p. 73-74 ; sur la pratique du mariage sine manu aux siècles antérieurs, voir Balsdon 1962, p. 179-180 ; Gardner 1986, p. 13-14 ; Treggiari 1991c, p. 33-34), sans toutefois conduire à sa disparition complète (Moreau 1986, p. 178 constate la persistance du mariage cum manu au ier siècle av. J.-C.).
41 Sur le problème de l’existence à Rome de deux types de mariages, l’un cum manu, l’autre sine manu, ou au contraire d’un seul mariage contracté, selon le cas, cum ou sine manu et dans lequel la conuentio in manum était distincte du mariage proprement dit, voir Wołodkiewicz 2005, p. 221-232, cf. Roswadowski 2005, p. 161-164 (sur le trinoctium et sur le problème de la conuentio in manum usu : Giunti 2004, p. 185-218).
42 Sur les dispositions juridiques évoquées ici et sur celles, inscrites dans la loi Voconia, qui restreignaient la possibilité de concentrer des richesses importantes entre les mains des femmes, mais aussi sur les voies permettant de contourner les unes et les autres, voir l’introduction de la sous-partie I. B., infra, p. 73-76, où sont exposés les moyens permettant de tirer profit d’un mariage sur le plan financier.
43 Cf. Kaser 19712, p. 326-327. Pour S. Treggiari, « nothing shows that any verbal formula was essential » (Treggiari 1991c, p. 447) et « the requirements for valid divorce were disputable even to legal experts » (ibidem, p. 449).
44 Kaser 19712, p. 326-327.
45 Kaser 19712, p. 327, cf. p. 325 ; voir aussi Astolfi 20022, p. 424-425. Le divorce n’entraînait pas, en effet, la dissolution de la manus.
46 Sur les motifs pouvant justifier un divorce à l’époque royale et dans les premiers siècles de la République, cf. Kaser 19712, p. 61-62, 82 ; Treggiari 1991c, p. 461-462.
47 Pour les différents motifs invoqués à cette époque, voir Treggiari 1991c, p. 461-465.
48 Plut., Pomp. 42.
49 Cf. Derouet 1990, p. 276 : « (…) on peut estimer que la possibilité de plusieurs unions successives pour une même personne sans décès des conjoints précédents a orienté davantage vers des stratégies conçues dans le court terme, et a donné aux choix matrimoniaux une dimension plus individualiste et plus conjoncturelle (…) ». Sur cette communis opinio, plus particulièrement au sujet de la fréquence des divorces et pour le Haut-Empire, et sur son origine, voir aussi Raepsaet-Charlier 1982, p. 161-163 et 167-168 et Späth 1994, p. 170-171, cf. 162-165, 174-176, 179-180.
50 Il convient de préciser que, sans être exhaustif, M. Humbert ne se contente pas des exemples illustres habituels ; toutefois, ce savant inclut dans les cas de remariage qu’il recense aussi bien ceux qui suivent un divorce que ceux qui suivent un veuvage, ce qui impose de nuancer les conclusions qui en sont tirées quant à la fragilité des mariages aristocratiques (Humbert 1972, p. 80-87).
51 Ce n’est pas le cas pour la période impériale, pour laquelle existe l’importante étude de M.-T. Raepsaet-Charlier sur les deux premiers siècles de notre ère (Raepsaet-Charlier 1992), à laquelle s’ajoutent des travaux circonscrits à des groupes plus restreints au sein de l’aristocratie sénatoriale (cf. Rémy 1990).
52 C’est en fait le cas, plus généralement, des ouvrages et articles traitant des différents aspects de la vie familiale au sein de l’aristocratie romaine (cf., entre autres, Bradley 1991, p. 131-139, 165-169).
53 Corbier 1990a, p. 237 ; cf. Raepsaet-Charlier 1993, p. 248.
54 Il est vrai que S. Treggiari a recensé, comme d’autres avant elle, la totalité des divorces aristocratiques survenus sous la République et au début de l’Empire (Treggiari 1991c, p. 516-519), mais elle ne peut en tirer de conclusions quant à la fréquence du phénomène, étant donné qu’elle ne connaît pas le nombre de mariages conclus au cours de ces périodes. C’est pourquoi son étude n’apporte pas de réponse à la question de la fréquence des divorces dans l’aristocratie romaine, laquelle est d’ailleurs restée en suspens depuis (treize ans après la parution de l’ouvrage de S. Treggiari, M. Corbier faisait le constat que le problème restait entier : voir Corbier 2004, p. 78).
55 Adfinitas. Die Verwandtschaften der senatorischen Führungsschicht der römischen Republik von 218 – 31 v. Chr., 2 vol., Passau, Karl Stutz, 2009.
56 Zmeskal 2009, t. 1, p. 405-445.
57 Cf. la mise en garde de J. Maurin contre les généralisations imprudentes (Maurin 1982, p. 832-833).
58 À ce sujet, cf. R. Syme : « The more that is discovered about persons of note at Rome, the more marriages come to light or have to be postulated » (Syme 1986b, p. 320 ; voir aussi p. 20 : « The more that is known about any senator, the more consorts accrue »).
59 Il est par ailleurs probable que de nombreux membres de l’aristocratie, non seulement des femmes, mais aussi des hommes, notamment des fils cadets, voire des branches entières de familles sénatoriales soient inconnus de nous, du fait qu’ils n’ont pas pu jouer un rôle politique de premier plan, voire sont restés à l’écart des affaires de la cité (Wikander et Wikander 1979, notamment p. 1-2 et 8-12).
60 Kaser 19712, p. 314-315.
61 Suet., Aug. 63.
62 Sur les nuances à apporter à l’idée selon laquelle les pères de famille romains faisaient un usage rigoureux de l’ensemble des prérogatives que leur conférait la patria potestas, voir Treggiari 1982, p. 35-44 ; Saller 1994, p. 114-132, cf. Saller 1988, p. 395-399 et Saller 1993, p. 89-104. Il convient toutefois de se garder de négliger, à force d’en nuancer les modalités de mise en œuvre, les pouvoirs conférés par la puissance paternelle, comme l’a montré E. Cantarella (Cantarella 2003, p. 291-298).
63 T. Späth remarque, en s’appuyant sur Cic., Att., 5, 4, 1, qu’à l’époque où il cherche un troisième mari pour sa fille Tullia, alors âgée de 25 à 28 ans, soit en 51 av. J.-C., Cicéron écarte l’un des époux envisageables car il craint qu’il ne soit impossible de le faire accepter à celle-ci (Späth 2010, p. 164 ; on trouve une idée semblable chez S. Treggiari (Treggiari 2007, p. 83), selon qui Tullia avait alors près de 27 ans).
64 Cf. S. Dixon : « (…) whatever the legal position, it was the custom for mothers – particularly those of some standing – to be consulted in the [marriage] negotiations by the mid-second century B. C., and if this expectation were not met, mothers felt themselves injured » (Dixon 1983, p. 105) ; voir aussi Dixon 1988, p. 62-63, 215 ; Treggiari 1991c, p. 134 ; Clark 1996, p. 44.
65 Treggiari 1991c, p. 133 ; Clark 1996, p. 44-45 ; Späth 2010, p. 159-165. Toutefois, selon K. Ermete, les deux femmes auraient agi en bonne intelligence avec Cicéron (Ermete 2003, p. 224-225).
66 Un cas de figure fréquent à Rome, où les jeunes gens en âge de se marier étaient la plupart du temps orphelins de père (Saller 1991, p. 36-37 ; Saller 1994, p. 120-121 ; Corbier 2001, p. 107 ; Scheidel 2009, p. 36, 40).
67 Kaser 19712, p. 314 et n. 30.
68 App., Civ., 5, 53.
69 Nep., Att. 5.
70 Plut., Pomp. 9 ; Syll. 33.
71 Harders 2010b, p. 53 : « (…) adults and children who were living under the same roof did not necessarily belong to the same legal and familial groups. (…) children lived with stepparents, they were fostered by side kin or elder siblings (…) They were brought up in formidable “patchwork families” which can neither be described in strict agnatic terms nor be paralleled with the nuclear family ».
72 La méthode que nous avons suivie semble la plus pertinente pour l’étude d’une société à système complexe d’alliance dans laquelle la parentèle, par définition égocentrée (Barry et alii 2000, p. 729), joue un rôle structurant (sur ce type de configuration, voir Barry 2008, p. 119-123), comme l’est à plusieurs égards celle de la Rome du ier siècle av. J.-C. (Barry 2008, p. 481-484). En outre, du fait qu’elle prend en considération l’inégale étroitesse ou efficacité des liens de parenté identifiables, elle tient compte des apports introduits récemment dans l’étude des stratégies familiales, notamment sous l’influence des travaux d’analyse des réseaux (Badel 2012, p. XIV-XV ; cf. Lemercier 2005a, p. 97), ainsi que de certaines insuffisances de ces derniers (Lemercier 2005b, p. 9). Précisons ici que l’un des principes sur lesquels repose l’analyse des réseaux est la prise en compte, dans l’étude des lignes de connexion unissant les individus les uns aux autres, de la nature et de l’intensité des interactions qui empruntent ces voies plus que de leur longueur (Dedieu et Moutoukias 1998, p. 11-15).
73 Dans certains cas – à savoir en premier lieu pour les notices des Aemilii –, nous avons préféré à la RE les Römische Adelsparteien und Adelsfamilien (1920) de F. Münzer.
74 Cela a été possible surtout pour l’ascendance agnatique, le nom des épouses des aristocrates romains étant rarement connu (cf. Andreau et Bruhns 1990, p. IX. ; Corbier 1990a, p. 228). S’appuyant notamment sur des discours de Cicéron, P. Moreau fournit une explication au déficit d’informations disponibles dans les sources sur les dames de l’aristocratie romaine, à savoir qu’il existait à Rome « une réticence à nommer publiquement les femmes » (Moreau 2006, p. 304-306). P. Moreau (ibidem, p. 305-306) observe que cette réticence éclaire le passage du commentaire d’Asconius à l’In Pisonem (Ascon., p. 10, l. 19-22 Clark) dans lequel celui-ci déclare ne pas avoir pu identifier la belle-mère de Pison – mentionnée sans son nom par Cicéron au paragraphe 26 de son discours – « sans doute parce que, en ce qui concerne les maisons et les familles, les historiens n’ont pas transmis les noms des femmes, à moins qu’il ne s’agît de personnages en vue, de la même manière que ceux des hommes » (uidelicet quod auctores rerum non perinde in domibus ac familiis feminarum, nisi illustrium, ac uirorum nomina tradiderunt).
75 En d’autres termes, c’est l’intégralité des lignes paternelle et maternelle de chacun des personnages directement impliqués dans la conclusion d’une alliance matrimoniale qui a été prise en compte, celles-ci étant définies comme les lignes constituées respectivement par les ascendants du père et de la mère et pouvant inclure en même temps des ascendants en ligne directe et des collatéraux (Barry
et alii 2000, p. 727).
76 Il convient de signaler que l’extension du cercle des adfines que l’on acquérait par un mariage au sein de la parentèle de son conjoint était très vaste. P. Moreau a ainsi montré que les limites étroites de l’adfinitas reconnue comme telle par les textes juridiques ne correspondent absolument pas à celles valables dans la pratique, lesquelles englobent jusqu’à certains adfines du conjoint, tout en restant d’autant plus floues que les Romains ne mesuraient pas les degrés de la parenté par alliance comme ils le faisaient pour la parenté par le sang (Moreau 1990, p. 5-15 ; cf. Hellegouarc’h 1963, p. 66). Un mari ou un beau-père pouvait donc espérer recevoir l’appui de parents éloignés de son épouse, ou de son gendre ou de sa bru.
77 C’est-à-dire d’anciens titulaires d’une magistrature curule ou de l’édilité plébéienne (cf. infra, n. 24 p. 47). Sur le prestige conféré par les imagines et sur l’utilisation qui était faite de celles-ci, voir l’introduction de la sous-partie I. A., p. 46-50.
78 Comme l’écrit P. Bourdieu, à l’occasion d’un mariage, « les deux groupes procèdent à une enquête systématique visant à établir l’univers complet des variables caractéristiques non seulement des deux conjoints (…) mais aussi de leur groupe (…) » (Bourdieu 20002, p. 164).
79 La section A. 1. et la sous-section B. 1. a. du chapitre II font exception : dans la première, les alliances matrimoniales sont étudiées dans un ordre qui est fonction de l’étroitesse du lien de parenté qu’elles consolident ; dans la seconde, elles le sont en fonction de la date des événements que l’on peut considérer comme ayant été à l’origine de leur conclusion.