1 Protagoras, dans le Théétète de Platon 152 a sqq., considérait que la juste mesure des choses était celle qui était obtenue grâce à la perception individuelle (cf. Théétète 152 a : L’homme est la mesure de toutes choses, 152 c : Tels chacun les sent (i.e. les phénomènes comme le souffle du vent, le froid…), tels aussi à chacun ils risquent d’être. Au contraire Socrate, pour qui les sens peuvent être certes de quelque secours, il est vrai très limité (cf. Platon, République V, 543 b sqq.), disqualifie la connaissance par les sens parce qu’à son avis elle n’est pas exacte (cf. Phédon 65 b), l’exactitude n’étant réalisée que par l’esprit en l’absence de tout aspect matériel (cf. Ibid., 65 e.).

2 Erasistrate, dans son Περὶ αἰτιῶν, a pris position dans cette dispute, contre l’empirisme ; cf. le fragment 25 (K. Deichgräber, Die griechische Empirikerschule, Berlin, 1930 ; voir aussi ibid., p. 278).

3 Ancienne médecine, c. 1, Festugière 1, 1 sq. = Littré 1, 570, 1 sq.

4 Ibid., c. 1, Festugière 1, 6 sq. = Littré I, 570, 6 sq.

5 Ancienne médecine, c. 1, Festugière 1, 17 = Littré I, 572, 5. Sur ce qu’il faut entendre par ces deux expressions, cf. Festugière, Hippocrate, l’Ancienne médecine, n. 13, p. 33 sq. Les μετέωρα désignent aussi bien les corps célestes que les phénomènes météorologiques au v^e s, la distinction astronomie/météorologie ne datant que du iv^e s., avec Aristote qui, par l’introduction d’un cinquième élément, l’éther (monde céleste), a restreint les μετέωρα aux phénomènes atmosphériques. Cf. sur ce point W. Capelle, « Ϻετέωρος. Ϻετεωρολογία », Philologus 71, 1912, p. 414-418 ; cf. aussi Idem, « Zur Geschichte der meteorologischer Literatur », Hermès 48, 1913, p. 321-358. Τὰ ὑπό γήν désigne le monde souterrain tel que le décrit Empédocle d’après Platon, Phédon 111 c 4 sqq.

6 Cf. ibid., c. 20, où il cite notamment Empédocle, dont il devait être parfaitement au courant des idées. La même remarque est valable pour l’auteur de la Nature de l’homme qui paraît être au courant des théories des Présocratiques, (Éléates, Ioniens, et Italiotes, au c. 1 notamment) : l’un des adversaires à qui est adressée la polémique, Mélissos de Samos, y est nommément désigné.

7 Cf. Ancienne médecine, c. 1, Festugière 1, 17/2, 1 sqq. = Littré I, 572, 5 sqq. La mantique est dans ce cas (voir Régime dans les maladies aiguës, Kuehlewein c. 8, 113, 7 sqq. = Littré II, c. 3, 242, 3 sqq.). Il en est de même de la foi : on n’a jamais une connaissance certaine des dieux (cf. Xénophane, Diels/Kranz, Die fragmente, frag. B 34 ; Héraclite, ibid., B 5 ; Alcméon, ibid., B 1 ; Protagoras, ibid., B 4 ; Euripide frag. 795 ; Nauck 2). Sur cette question, cf. E.R. Dodds, op. cit., p. 180.

8 Sur φανηρόν, voir Nature de l’homme, c. 1 et le commentaire de J. Jouanna, Hippocrate, La Nature de l’homme, p. 229. Cf. aussi Ancienne médecine, c. 5, Festugière 5, 10 (φανηρόν) ; ibid., c. 6, Festugière 5, 7 ; 6, 4 : deux fois ἐπιφανής : c’est grâce à l’observation des phénomènes relevant du φανηρόν que les découvertes se firent en médecine (cf. le verbe ἐξευρίσκω, découvrir, ibid., p. 6, lignes 7 sqq.).

9 Les Pythagoriciens n’auraient pas eux non plus fondé leurs recherches en diététique, domaine dans lequel ils excellaient, sur le postulat, mais plutôt sur l’observation ; cf. Die fragmente 58 D 1 tome 1, p. 467 ligne 3 sqq. = Jamblique, De vita pythagorica 163.

10 Ancienne médecine, c. 20, Festugière 18, 7. Γραφική désigne, au v^e s. av. J.-C., soit l’art du peintre, soit l’art d’écrire, selon A. J. Festugière (Hippocrate, L’Ancienne médecine, n. 71, p. 60-61). Au contraire, pour L. Edelstein, γραφική, ne désigne ici que l’art d’écrire (Cf. Περὶ Ἀέρων Sammlung der hipp. Schriften, p. 113 et 114, n. 1) ; H. Diller de même, dans « Das Selbstverständnis der griechischen Medizin in der Zeit des Hippocrates », Colloque de Strasbourg 1972, Leiden 1975, p. 91, comprend ainsi l’allusion à γραφική dans Ancienne médecine, c. 20 : « Car il s’agit de composer l’homme à traiter à partir des éléments tout comme on compose un mot à partir des éléments lettres ».

11 Die Fragmente… 31 B 23 = Simplicius, Physique 159, 27.

12 Ancienne médecine, c. 20, Festugière 18, 24 = Littré I, 622, 18.

13 Nature de l’homme, c. 1, Jouanna, 165, 1 sqq. = Littré VI, 32, 1 sqq.

14 Sur cette question, cf. J. Jouanna, Hippocrate. La Nature de l’homme, Introduction, p. 42 sq.

15 Cf. C. Friedrich, « Hippokratische Untersuchungen », Philologische Untersuchungen XV, Berlin, 1899, p. 28-29.

16 Cf. Alcméon de Crotone, (Die Fragmente 24 B 4) ; Ancienne médecine, c. 14, Festugière 12, 6 sqq. = Littré I, 602, 9 sqq.

17 Préceptes, c. 1, Littré IX, 252, 2.

18 Ibid., c. 1, Littré IX, 252, 3.

19 Ibid., c. 1, Littré IX, 252, 2 sqq.

20 Ibid., c. 1, Littré IX, 250, 3.

21 Ibid., c. 1, Littré IX, 250, 3 sq.

22 Ibid., c. 2, Littré IX, 254, 7 sqq.

23 Ibid., c. 2, Littré IX, 254, 8 sq.

24 Cf. sur ce point U. Fleischer, op. cit., p. 83.

25 Bienséance, c. 4, Littré IX, 230, 14 sqq. /232, 1.

26 Préceptes, c. 13, Littré IX, 268, 6 sqq.

27 Ibid., Littré IX, 268, 16.

28 Ibid., Littré IX, 270, 1.

29 Celle-ci est évoquée dans Ancienne médecine, c. 20, Festugière 19, 7-8 = Littré I, 624, 9.

30 Ancienne médecine, c. 20, Festugière 19, 4 = Littré I, 624, 5. Sur cette notion, cf. T.S. Hall, « Idiosyncrasie. Greek medical ideal of uniqueness », Sudhoffs Archiv. Zeitschrift für Wissenschaftsgeschichte 58, 1974, p. 282-302. L’idée d’une médecine personnalisée est éminemment hippocratique : cf. Épidémies 1, Kuehlewein c. 23, 199, 9 sqq. = Littré II, c. 10, 670, 1 sq., où, à côté du concept de nature humaine générale, est posé celui de complexion individuelle. Dans Articulations, c. 8, Kuehlewein 120, 15 sq. = Littré IV, 94, 2, on insiste sur l’individualité des malades et par conséquent des traitements ; voir aussi Fractures, c. 7, Kuehlewein 57, 5 sq. = Littré III, 440, 3-4 : μάλα γὰρ καὶ φύσις φύσιος καὶ ἡλικίη ἡλικίης διαφέρει, grande est la différence entre une constitution et une constitution, entre un âge et un âge ; ibid., c. 35, Kuehlewein 99, 22/100, 1 = Littré III, 536, 21 /538, 1 : il y a de grandes différences entre les traitements et les traitements, entre les constitutions et les constitutions… Citons encore Aphorismes 3, c. 2 sq., Littré IV, 486, 8 sqq. ; c. 14, Littré IV, 492, 3 sqq. ; Régime dans les maladies aiguës, Kuehlewein, c. 34, 125, 8 sqq. = Littré II, c. 9, 296, 1-6 : il y a différentes capacités de résistance à la souffrance, suivant les différentes constitutions ; Épidémies II, 3, c. 2, Littré V, 104, 6 sqq. Aux différentes natures individuelles correspondent différentes posologies de médicaments ; Vents, c. 6, Jouanna 110, 2 = Littré VI, 98, 7 sq. : Le corps diffère du corps, la nature de la nature, l’aliment de l’aliment.

31 Cette notion de type d’individus est signalée par W. Nestle, art. cit., p. 10. Voir aussi le chapitre 23 d’Ancienne médecine, où les individus sont classés par types suivant la configuration des organes.

32 Cf. le critère de l’exactitude, selon Platon, dans le Philèbe 56 b : il s’agit des mesures et des instruments, μέτροις τε καὶ ὀργάνοις. Ce sont les arts qui s’en servent le plus qui sont les plus exacts.

33 Ancienne médecine, c. 9, Festugière 7, 17 = Littré I, 588, 13 sq. Peser, mesurer, chiffrer sont des opérations à caractère spéculatif, puisqu’ils relèvent de cette partie de l’âme qui calcule et qui raisonne, τοῦ λογιστικοῦ τοῦ ἐν ψυχῇ Cf. notamment Platon, République X, 602 e, cité par Festugière, op. cit., Commentaire, n. 41, p. 42.

34 Ancienne médecine, c. 9, Festugière 7, 17 = Littré I, 588, 13 sq.

35 Ibid., c. 9, Festugière 7, 20 = Littré I, 590, 1 sq.

36 Ibid., c. 9, Festugière 7, 22 sq. = Littré I, 590, 3 sq.

37 Ibid., c. 12, Festugière 10, 3 sqq. = Littré I, 596, 5 sq.

38 Cf. infra, p. 105.

39 Cf. Régime, c. 2, Joly 3, 4 sqq. = Littré VI, 470, 3 sqq.

40 Ibid., Joly 3, 22 sqq. = Littré VI, 470, 18 sqq.

41 L’impossibilité de l’exactitude tient également, dans ce traité, à une autre raison d’ordre non méthodique : la mutabilité incontrôlable des facteurs qui entrent en jeu dans la détermination de la mesure juste (Régime, c. 67, Joly 70, 1 sqq. = Littré VI, 592, 1 sqq. ; sur ce point, voir R. Joly, Recherches sur le traité pseudo-hippocratique du Régime, Paris, Les Belles Lettres, 1960, p. 123.). À cause de tels facteurs, on peut seulement se rapprocher de la mesure juste.

42 Régime, c. 4, Joly 6, 7 sq. = Littré VI, 476, 1.

43 Ibid., c. 3, Joly 4, 16 sqq. = Littré VI, 472, 12 sqq. Sur les philosophes qui ont pu influencer Régime, voir R. Joly, Hippocrate, Du Régime, C.M.G., p. 32 : il s’agirait d’Hippon, disciple de Thalès, pour qui l’homme est feu et eau. Contre R. Joly, voir J. Jouanna, Hippocrate, La Nature de l’homme, p. 227-228.

44 L’opposition des tempéraments est traditionnelle dans la Collection hippocratique. Cf. La Nature de l’homme, c. 17 (= Régime salutaire, c. 2) où sont distingués les tempéraments humides et les tempéraments secs. Sur les tempéraments dans la Collection, voir H. L. Dittmer, Konstitutionstypen im Corpus hippocraticum, Diss., Iena, 1940.

45 Chairs, c. 3, Joly 188, 22 sqq. = Littré VIII, 584, 18 sqq.

46 Vents, c. 4, Jouanna 107, II sq. = Littré VI, 96, 1 sqq.

47 Die Fragmente 64 A 4 = Simplicius, Physique 151, 20. Sur les explications matérialistes de la nature humaine au v^e s, voir J. Jouanna, Hippocrate, La Nature de l’homme, Commentaire, p. 223 sq.