1 Briquel dans Hinard 2000, p. 185.
2 Voir aussi Meunier 2017, où nous avions déjà commencé à esquisser un tel tableau de l’historiographie moderne.
3 Machiavel prend même le parti de louer la présence d’un conflit social dans une cité, signe selon lui d’un État libre et en bonne santé, par opposition implicite à une société maintenue dans la docilité par un prince trop autoritaire : « Je dis que ceux qui condamnent les tumultes entre les nobles et la plèbe me semblent blâmer ce qui fut la cause première du maintien de la liberté de Rome et accorder plus d’importance aux rumeurs et aux cris que ces tumultes faisaient naître qu’aux bons effets qu’ils engendraient », Machiavel 1531, cité dans la traduction de Fontana et Tabet 2004, p. 69.
4 Citons entre autres les œuvres de Louis-Jean Lévesque de Pouilly – qui prononça en 1722 à l’Académie française une communication intitulée Sur l’incertitude de l’histoire des quatre premiers siècles de Rome, suscitant une vive controverse –, de Louis de Beaufort – Dissertation sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine, Utrecht, 1738 – ou de Pierre-Charles Levesque – Histoire critique de la République romaine, Paris, 1807.
5 Ces précurseurs de la critique poursuivaient en effet, chacun à leur manière, l’objectif de « détruire des préjugés invétérés sur l’histoire des premiers siècles de la République, sur la morale des Romains, leurs vertus, leur politique extérieure, leur constitution et le caractère de leurs hommes célèbres », Levesque 1807, vol. 1, page de titre.
6 On trouvera un résumé de ces différentes hypothèses « ethniques » au sein de l’historiographie moderne dans Richard 1978, p. 1-77, et plus récemment, mais aussi plus succinctement, dans Cornell 1995, p. 242-244.
7 Niebuhr 1830, p. 2. Voir aussi Meunier 2017.
9 Niebuhr 1830, p. xii : « C’est précisément pour les temps dont il faut deviner l’histoire plutôt que l’apprendre, […] qu’il suffit de mettre au jour quelques vestiges, quelques restes dont la corrélation puisse être saisie, pour retrouver aussi une entière certitude sur d’autres choses qu’il ne nous est plus permis de retirer des décombres, ou dont les fondations mêmes ont été extraites du sol ».
10 Une attitude similaire, bien qu’un peu plus prudente, est adoptée au siècle suivant par G. De Sanctis, qui semble avoir longuement médité l’œuvre de Mommsen (voir De Sanctis 1907, p. 1-40)
12 Mommsen 1889, Dr. pub. VI.1 (trad. Girard), p. 162 = Staatsr. III 1887, p. 145. Voir aussi, entre autres, Ihne 1853, p. 1-31 et Cornell 1995, p. 258 sq.
14 Il est intéressant de constater que la vieille opposition entre points de vue traditionnaliste et critique s’est encore traduite par la publication dans le monde anglophone, à dix années d’intervalle, de Cornell 1995 et de Forsythe 2005, et par la publication dans le monde francophone, à six années d’intervalle, de Poucet 1985 et de Grandazzi 1991, même s’il s’agit dans ces derniers cas de tendances globales au niveau interprétatif et non d’oppositions méthodologiques fondamentales : les principes de la critique historique, fondements de nos disciplines, sont en effet désormais appliqués par tous et ce n’est que dans un second temps que les avis peuvent diverger.
15 Constatation déjà soulignée par Forsythe 1999, p. 7 ; voir aussi Gabba 2000, passim.
16 Citons notamment, et sans prétention à l’exhaustivité, Bloch 1965 ; Momigliano 1967 ; Heurgon 1993 [1969] ; Palmer 1970 ; Ferenczy 1976 ; Richard 1978 ; Raaflaub 20052 [1986] ; Mitchell 1990 ; Olschi 1992 ; Cornell 1995 ; Oakley 1997 et 1998 ; Stewart 1998 ; Forsythe 2005 ; Howarth 2006 ; Lanfranchi 2015 ; Mignone 2016.
17 Par exemple sur la législation agraire (Forsén 1991 ; Manzo 2001 ; Hermon 2001 ; Roselaar 2010 ; pour un point de vue plus archéologique, voir Cifani 2009 et 2016), sur la problématique des dettes (Finley 1965 ; Zehnacker 1990 ; Lintott 1999 ; Meunier 2016 ; Bernard 2016) ou encore sur des revendications politiques particulières, comme les lois licinio-sextiennes ou la question de l’accession plébéienne aux magistratures supérieures (Fritz 1950 ; Pinsent 1975 ; Beck et al. 2011 ; Pellam 2014).
18 Smith 2006a ; Terrenato 2006, 2007 et 2019 ; Farney 2007. Dans ce dernier cas, la recherche a fait d’importants progrès dans la compréhension non seulement des concepts identitaires chez les peuples de l’Antiquité, mais aussi des mécanismes de transition entre différents modèles d’organisation socio-politique (clanique, gentilice ou civique principalement) et des permanences qui ont subsisté.
19 Voir l’excellent résumé de cette discussion dans Raaflaub 20052 [1986]a, p. xi-xii.
20 Burck 1967 et 1992 ; Chausserie-Laprée 1969 ; Luce 1977 ; Lipovsky 1981 ; Dangel 1982 ; Moore 1989 ; Miles 1995 ; Jaeger 1997 ; Feldherr 1998 ; Bernard 2000 ; Chaplin 2000 ; Utard 2004 ; Pausch 2011 ; Vasaly 2015.
21 Forsythe 1999, p. 8. Voir aussi la discussion nuancée de cette critique par Vasaly 2015, p. 31-35, qui, tout en admettant certains excès de « l’approche littéraire », argumente pour revaloriser celle-ci, montrant par l’exemple de l’épisode de T. Manlius Torquatus qu’elle n’est pas nécessairement sans intérêt pour l’historien.
23 Miles ne cite aucun exemple, mais l’on ne peut que songer en premier lieu aux travaux de Soltau 1897 et Klotz 1941, les plus illustres représentants de l’école allemande à l’origine de la Quellenforschung. Voir au sujet de ce courant l’intéressante synthèse de von Ungern-Sternberg 2015.
24 Voir entre autres Burck 1967 et 1992. L’influence de cette école est aussi clairement perceptible dans la première partie de l’ouvrage de Luce 1977, p. 3-138. Sur la Quellenkritik et les problèmes que pose aux savants la recherche des sources annalistiques de Tite-Live, voir notamment Richardson 2015 (qui se concentre sur la relation entre Fabius Pictor et Tite-Live) et von Ungern-Sternberg 2015, p. 167-171.
25 Miles 1995 ; Chaplin 2000 ; Pausch 2011.
29 Voir entre autres Walsh 1961 ; Wiseman 1995, 1998, 2004 et 2008 ; Forsythe 1999 ; Piel et Mineo 2010 et 2011. Il convient aussi de mentionner ici les « commentaires » réalisés sur l’œuvre livienne – en particulier Ogilvie 1965 et Oakley 1997-2005, auxquels on peut ajouter Kraus 1994, pour ce qui concerne la première décade – qui se sont retrouvés face à la nécessité d’aborder les deux dimensions, littéraire et historique, de l’Ab Vrbe condita et sont représentatifs de la difficulté d’une telle entreprise.
30 Voir Forsythe 2005, p. 158 : « Every developement was described as a consequence of the plebeians’ contending with the patricians. Though this late annalistic thesis has generally recognized problems – it is simplistic and stereotypical, and has anachronistic elements borrowed from the social, political, and economic conditions of the late republic – it has nonetheless been adopted with only minor modifications by most modern scholars ».