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Le Héros et la déesse

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Judith Rohman

Deuxième partie. Énée, les troubles du héros

Chapitre premier

L’élu du destin

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Extrait du texte

Dans l’Énéide, Énée a un rapport unique au destin, au point qu’on a pu dire qu’il l’incarne1. Mais le destin est l’expression dans le récit de la norme de l’épopée romaine, qui selon G. B. Conte, fait primer le collectif sur l’individuel2. Le poids du destin sur Énée reflète, dans le déroulement du récit, les contraintes qui pèsent sur l’homo diuus, le fondateur : s’oublier soi-même pour se dévouer à l’État à naître. Comment cette tension s’exprime-t-elle en termes d’effet-personne ? Est-ce que le destin dépersonnalise Énée au point de rendre quasi inexistant l’effet-personne ?

I. Primus inter pares

Énée est le protagoniste de l’Énéide. En tant que tel, il est le personnage sur lequel se concentre, a priori, l’intérêt du narrateur et du lecteur. Ce statut de première importance lui est conféré par sa mission, voulue par le destin, celle de (contribuer à) fonder Rome. C’est en effet sur ce thème que se clôt le proème :

Tantae molis erat Romanam condere gentem (Én., I, 33)

Tant c’était pé...

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