Chapitre V. Le patronage littéraire : un intérêt partagé

1Mécène agit en patriote, c’est un fait. En aristocrate aussi. Comme souvent, l’action résulte d’une multiplicité de causes. Moins impliqué dans la vie politique de son époque, Mécène n’en aurait sans doute pas moins été un protecteur des lettres. Tout au plus, la signification de ce patronage en aurait en partie été modifiée. Car Mécène n’inventa rien. Son intérêt pour les arts relevait d’ailleurs peut-être de la tradition familiale : une inscription mentionne en effet une société de cantores graeci, des musiciens participant à des jeux grecs lors de cérémonies publiques et dont le patron se nommait lui-même Mécène1. Compte tenu de la rareté de ce gentilice, il est tentant d’y voir un aïeul de Caius Mécène (si tant est que l’inscription lui soit antérieure, ce qui n’est pas acquis), un designator, c’est-à-dire un entrepreneur de spectacles. Quoi qu’il en soit, il y avait eu avant lui des patrons littéraires. Le patronage était d’ailleurs une des caractéristiques de la société