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La politique des chaires au Collège de France

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Wolf Feuerhahn

Idéaux et pratiques de la transformation des intitulés

Le Collège de France et « la liberté de transformation » des chaires

Émergence et perpétuation d’une autodéfinition

Wolf Feuerhahn

Texte intégral

   

Depuis l’origine, une disposition essentielle a maintenu la vigueur créatrice de cette communauté savante : les chaires ne sont pas permanentes. De ce fait, lors de départs à la retraite, le renouvellement se fait en fonction des derniers développements de la science. Les nouveaux membres sont élus par l’Assemblée des professeurs : aucun grade universitaire n’est requis de celui qui se présente aux suffrages ; seules comptent l’importance et l’originalité de ses travaux. La possibilité de transformer les chaires est un principe qui évite la rigidité des grilles de disciplines. Ainsi, le Collège s’adapte en permanence à l’évolution des sciences et demeure un pôle d’animation de la communauté scientifique1.

1Le Collège de France, sur son site internet, son annuaire, à travers la collection des leçons inaugurales se caractérise par la liberté de transformation de ses enseignements. Cette autodéfinition n’est pas une simple formule affichée mais a eu et a toujours son efficace propre. Elle renvoie à tout un ensemble de croyances que le monde savant partage par-delà sa diversité doctrinale : celles d’une liberté dans la pratique de l’enseignement et de la recherche. Qu’on en dénonce les limites dans les faits ou qu’on la pense à l’œuvre, dans tous les cas, on tient cette valeur pour cruciale.

2En tant que tels, ces types de mots d’ordre sont des actes qui contribuent à modifier les contextes. Je ne veux pas dire par là que les slogans seuls font l’histoire, mais que mobilisés, interprétés, acclimatés par les acteurs dans des situations diverses, ils contribuent aussi à forger les esprits et les pratiques et à infléchir les circonstances comme les productions savantes elles-mêmes.

3Le poids des devises mises en exergue par le monde savant doit être pris en considération pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’il s’agit d’un milieu où les acteurs prêtent beaucoup d’attention aux expressions qu’ils emploient ; ensuite parce que nous nous situons dans un espace où l’expression de la parole est fortement ritualisée. C’est un fait dans le monde savant en général. C’est aussi le cas au Collège de France. La publication des leçons inaugurales à partir de 1949 a d’ailleurs accentué le statut de genre de ce rite initiatique, dont F. Waquet a si bien étudié les tropes (Waquet, 2010).

4L’objectif est donc celui d’une anamnèse qui ne souhaite pas séparer la reconstitution de l’émergence d’un discours de l’histoire de ses mobilisations. J’en donnerai quelques exemples, mais l’ouvrage en fournit bien d’autres.

1893 : une historiographie renanienne du Collège

  • 2  Sur le Mémoire historique et littéraire sur le collège royal de France de l’abbé Goujet, voir l’in (...)

5En 1893, Abel Lefranc publia une Histoire du collège de France. Il ne s’agissait pas du premier ouvrage de ce genre. Elle succédait aux mémoires de G. Duval (1644) et de C.-P. Goujet (1758)2. Elle s’en démarquait toutefois très nettement et ne proposait plus du tout la même présentation de l’histoire de cette institution. Dans son livre, Lefranc dénonce la focalisation exclusive de ses prédécesseurs sur « la vie et les œuvres des professeurs » et leur négligence « de l’institution elle-même » (XI). Or, parmi les deux caractéristiques de l’histoire du Collège de France, Lefranc retient son « admirable unité » (VIII), la prévalence de « l’antique corporation » (VIII) sur les volontés individuelles, au point qu’il considère avec Charles Waddington que son histoire est « en quelque sorte celle de l’esprit humain lui-même » (IX).

6Mais c’est une autre caractéristique qu’il cite en premier : celle d’incarner la liberté (VII). Il pense ainsi pouvoir « affirmer que l’émancipation intellectuelle, la plus précieuse de celles dont s’enorgueillisse le monde moderne, date vraiment de ce moment » de fondation du Collège (VII). L’exceptionnalité de l’institution domine le tableau qu’il dresse de son histoire.

  • 3  16 CDF 239/1a.

7Dès sa préface, Lefranc fait explicitement référence aux « pages éloquentes consacrées à diverses reprises par M. Ernest Renan à la maison qui lui fut si chère et dont il a défini si magnifiquement la raison d’être et la mission », et présente Renan comme celui qui, ayant « fait l’honneur d’assister à la conférence [qu’il a] donnée au cercle Saint-Simon, en mars 1890, sur les origines du Collège de France », l’aurait incité à mener ce travail (XIV). L’éloge de Renan, tout juste décédé à la parution de l’ouvrage, est repris dans la conclusion. Lefranc en fait « la personnification par excellence du Collège de France » et rappelle « en quels termes magnifiques il en a parlé, avec quelle éloquence et quelle énergie il en a défini le rôle et revendiqué les libertés » (p. 344). D’ailleurs, après la publication, les gratifications ne tarderont pas. Dès 1893, A. Lefranc reçoit le prix Saintour attribué par le Collège de France et est nommé au mois de juin « secrétaire agent comptable » de l’institution3.

  • 4  Annuaire du Collège de France, 1901, p. 6.

8À ce titre, il sera l’artisan de l’Annuaire qui paraît à partir de 1901 et dans lequel l’exceptionnalité du Collège est à nouveau soulignée. Pour caractériser sa vocation, A. Lefranc reprend les phrases de Renan et contribue ainsi à les ériger en seconde devise de l’institution. Le commentaire d’Abel Lefranc ne pourrait être plus clair sur le statut qu’il leur confère : « Nulle formule ne saurait définir plus exactement le caractère gardé par le Collège de France depuis les premiers temps de son existence jusqu’à notre époque, à travers quatre siècles d’un aspect si différent »4.

9L’annuaire de 1901 donne d’ailleurs toutes les précisions institutionnelles sur la procédure de cooptation en vigueur (p. 6). Il insiste en particulier sur la priorité donnée depuis le règlement de 1873 à la question du maintien ou de la transformation du titre de la chaire sur la discussion des candidats possibles.

Les professeurs du Collège de France sont choisis et nommés à la suite des formalités suivantes :
Lorsqu’il survient une vacance, le Ministre, dans le mois qui suit, invite l’assemblée à lui faire connaître les considérations scientifiques qui peuvent justifier le maintien du titre de la chaire ou en nécessiter la transformation.

Parce qu’elle n’est pas signée, cette notice qui ouvre l’annuaire acquiert ainsi rang de vérité institutionnelle. Apogée de sa fulgurante carrière, Abel Lefranc est d’ailleurs élu professeur de « Langue et littérature française moderne » en 1904 à 41 ans. On reviendra sur le contexte de son élection vécu par l’assemblée comme dramatique.

  • 5  Voir la contribution de Jeanne Peiffer à ce volume.
  • 6  Archives du Collège de France. Registre de délibérations des professeurs, 1824-1840 (2 AP 4), p. 5 (...)

10Mais sans vouloir créer de faux suspense, on peut donc d’ores et déjà dire à titre de première impression que, si le discours de la libre transformation des chaires n’existe pas en 1758 chez l’abbé Goujet, il se forme au cours du siècle suivant et va se cristalliser au début du xxe siècle. À la lecture des archives ressort surtout le fait que la pratique des transformations apparaît avant l’idéal et le règlement censé le garantir. Ainsi que J. Peiffer l’a mis en évidence5, c’est sous l’emprise de l’Université de Paris que le Collège royal a vu sa fonction singularisée et la pratique du changement de destination des chaires émerger. Des arguments relatifs au développement de nouvelles branches du savoir commencent à apparaître au début du xixe siècle, comme par exemple lorsqu’en 1830 il est question de créer une chaire de minéralogie et de géologie6. Cependant ni le règlement de 1828 ni celui de 1857 ne vantent la libre transformation des chaires.

1873 : le primat des titres des chaires

11Les choses changent véritablement en la matière avec le règlement du 1er février 1873 qui fait prévaloir la question du maintien ou de la transformation du titre de chaire sur celle d’un candidat :

  • 7  Règlement de 1873, article 16.

Lorsqu’il survient une vacance, le ministre, dans le mois qui suit, invite l’assemblée à lui faire connaître les considérations scientifiques qui peuvent justifier le maintien du titre de la chaire ou nécessiter sa transformation. Cette première question résolue, l’annonce de la vacance est insérée au journal officiel, et la discussion des titres des candidats est ouverte un mois après la publicité donnée à cet avis7.

Pourquoi cette modification eut-elle lieu ? Deux événements semblent avoir joué un rôle central : la mainmise du pouvoir politique sur le Collège de France et le discours sur la spécificité de l’institution développé à la même époque par Ernest Renan.

  • 8  Le décret du 9 mars 1852 imposait que, pour chaque chaire ouverte, les deux candidats retenus par (...)

12Dès mars 1852, quatre mois après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le Collège de France comme tous les établissements publics d’enseignement avait vu son fonctionnement étroitement contrôlé8. En 1856, le ministre de l’Instruction publique, Gustave Rouland, exigea que le Collège en tire les conséquences et revoie son règlement. Le courrier qu’il adressa alors à l’administrateur Stanislas Julien était particulièrement clair :

  • 9  Lettre de G. Rouland à S. Julien du 12 décembre 1856 (Archives Collège de France : 12 CDF J11).

Les principes d’après lesquels le décret du 9 mars 1852 a déterminé les rapports nouveaux des Etablissements d’enseignement public avec l’autorité supérieure, ont rendu inapplicables plusieurs des dispositions contenues dans le règlement donné au Collège de France par ordonnance du 26 juillet 1829. Il est donc indispensable de modifier ce règlement et Je vous prie de convoquer M.M. les Professeurs que vous voudrez bien inviter à en préparer la révision. Les articles qui se rapportent aux formalités à remplir pour la présentation des candidats aux chaires vacantes doivent être mis en harmonie avec la législation nouvelle. En même tems l’intervention efficace du Ministre a besoin d’être nettement indiquée pour tout ce qui concerne le remplacement ou les suppléances, l’ordre régulier des cours, le choix des agents du Collège, la distribution des logements9.

Le règlement de 1857 entérina ce contrôle politique. Dès lors, « l’assemblée » n’était plus maîtresse en son domaine et l’administrateur ne pouvait plus la réunir quand il le souhaitait.

13Les années 1860 furent marquées par ce fait institutionnel. En témoigne l’assemblée du 9 février 1868, au cours de laquelle les professeurs tentèrent de profiter de la libéralité de leur ministre de tutelle, Victor Duruy, pour modifier le règlement. Dans un courrier qui lui était adressé, ils faisaient valoir une définition du Collège de France qui tranche avec celles qui valaient auparavant :

  • 10  Dans une lettre adressée à Jacques Toupoint et reproduite dans l’Histoire du Collège de France par (...)
  • 11  4 AP 154 (brouillon du courrier adressé au ministre de l’Instruction publique à la suite de l’asse (...)

Cependant Votre Excellence n’ignore pas quel est le rang que le Collège de France a toujours occupé dans le corps enseignant et qui lui appartient en raison même de ses origines et de ses attributions.
Il n’a point comme les facultés pour tâche de préparer la jeunesse aux diverses carrières qui s’ouvrent devant elle, en l’initiant aux connaissances généralement acceptées ou consacrées. Son rôle est purement spéculatif et par conséquent d’un ordre plus élevé. Il est chargé d’ouvrir à la science des voies nouvelles et autant qu’il est en son pouvoir, de la faire avancer, sans autre but que la vérité, sans autre intérêt que l’honneur de l’esprit humain.
Aussi l’histoire du Collège de France se trouve-t-elle, en quelque sorte, confondue avec celle des progrès des connaissances humaines. Dès qu’une science nouvelle, qu’un nouvel ordre de recherche, commence à se faire jour, il est représenté dans notre glorieuse institution, dont Erasme a pu dire10, que la France est plus heureuse de la posséder que si toute l’Italie était devenue sa conquête11.

  • 12  4 AP 154.

Pourquoi une telle autodéfinition du Collège de France émergea-t-elle toutefois à ce moment précis ? Lors de cette même assemblée, les professeurs s’étaient interrogés sur la succession de la chaire de Langues hébraïque, chaldaïque et syriaque et de son titulaire Salomon Munk, et M. Bréal avait fait valoir le droit de Renan à se porter candidat12. Ceci conduisait à relancer « l’affaire Renan ». Car, avant Munk, c’était Ernest Renan qui occupait cette chaire dont il avait été destitué en 1864 après sa leçon inaugurale où il avait présenté Jésus comme un « homme incomparable » (Renan, 1862, p. 23), suivie de la publication de la Vie de Jésus en 1863. Or Renan avait très tôt, bien avant d’être admis en son sein, stylisé l’irréductibilité du Collège de France. Ses textes des années 1850 ajoutés à d’autres des années 1860 venaient d’être regroupés en un volume de Questions contemporaines (1868).

14Quelques citations témoignent du rôle central de Renan dans l’émergence de l’autodéfinition du Collège qui est restée jusqu’à nos jours. Outre la fameuse formule extraite du compte rendu d’un ouvrage de Charles Waddington sur Ramus publié en 1856, on trouve dans le discours d’ouverture de Renan ainsi que dans les Questions contemporaines quelques expressions frappantes :

  • 13  Renan, 1862, p. 7.

En créant au Collège de France un asile pour la science libre, le roi François Ier posa comme loi constitutive de ce grand établissement la complète indépendance de la critique, la recherche désintéressée du vrai, la discussion impartiale, ne connaissant d’autres règles que celles du bon goût et de la sincérité13.

  • 14  Ibid., p. vi : « Avant-propos » au discours d’ouverture (daté du 23 février 1862).

Que deviendront les études sérieuses si elles n’ont au Collège de France un sanctuaire inviolable ? Que deviendra la haute culture de l’esprit humain, si les expositions générales, seules admises en présence d’un public nombreux, étouffaient les enseignements d’une forme plus sévère, dans un établissement surtout qui est destiné à continuer l’école des grands travaux scientifiques14 ?

  • 15  « L’instruction supérieure en France » (1er mai 1864), reproduit in Renan, 1868, p. 108-109.

François Ier, au lieu de combattre directement par des mesures administratives l’esprit routinier de l’université, créa à côté d’elle un établissement rival, où les études nouvelles que l’on repoussait trouvèrent un asile. Que faire pour rendre le Collège de France à cette haute destination ? Reprendre l’esprit de François Ier et de Henri II, y appeler les hommes qui, dans les sciences physiques et mathématiques, ou dans les sciences historiques et philologiques, sont en voie de créer. Qu’aucune branche nouvelle d’études ne se manifeste en France sans qu’immédiatement elle soit représentée au Collège par son fondateur. Il n’est nullement nécessaire que les chaires du Collège de France représentent le cadre encyclopédique de l’enseignement. Ce qui est essentiel, c’est qu’elles représentent l’état du mouvement scientifique15.

De façon générale, les Questions contemporaines sont construites sur un double diagnostic. En France, l’enseignement supérieur aurait été trop négligé au profit de l’enseignement primaire (Renan, 1868, p. v-vi). Or pour Renan, « c’est l’Université qui fait l’école » (ibid., p. vii). À cela s’ajoute que l’Allemagne n’aurait pas commis cette erreur et la victoire prussienne à Sadowa en serait l’indice indubitable :

On a dit que ce qui a vaincu à Sadowa, c’est l’instituteur primaire. Non ; ce qui a vaincu à Sadowa, c’est la science germanique, c’est la vertu germanique, c’est le protestantisme, c’est la philosophie, c’est Luther, c’est Kant, c’est Fichte, c’est Hegel (ibid.).

La comparaison avec l’Allemagne structure tous les jugements de Renan et il charge le Collège de France de faire en France ce que les universités allemandes auraient réalisé de l’autre côté du Rhin. Renan rêve que la France ait « demain, autour du Collège de France, un mouvement scientifique que Berlin nous envierait » (Renan, 1868, p. ix).

15L’invocation de la fondation du Collège en 1530 présentée comme opposée à une Université sclérosée est inséparable d’un diagnostic sur la situation universitaire de la fin des années 1860 : Renan raille la rhétorique et les mondanités qui domineraient les facultés auxquelles il oppose un modèle germanique très idéalisé. Cette mise en concordance de divers temps fait du projet de Renan une sorte de programme pour une nouvelle Renaissance dont le Collège de France fournirait l’avant-garde.

  • 16  4 AP 159 (assemblée des professeurs du 6 mars 1870).
  • 17  Règlement de 1828, art. 23 ; règlement de 1857, art. 11.
  • 18  Règlement de 1873, art. 16.
  • 19  4 AP 153, p. 14 : dans sa lettre au ministre citée plus haut, l’assemblée réclamait simplement « l (...)
  • 20  4 AP 153, p. 21 (assemblée du 15 novembre 1868).
  • 21  Fonction qu’il exercera jusqu’en 1892. Cf. Surprenant, 2013.

16C’est donc dans un moment vécu comme critique par l’institution que se forge l’autodéfinition du Collège comme un lieu de la science en voie de se faire. Il faudra plusieurs étapes pour qu’elle soit érigée en deuxième devise de l’institution. Après la réélection de Renan en 187016, l’adoption d’un nouveau règlement en 1873 en est une. Celui-ci modifiait les procédures d’élection. La priorité pour l’assemblée n’était plus la « présentation d’un [comme en 1828] ou de deux [selon le règlement de 1857] candidats pour la chaire vacante »17, mais d’abord de faire connaître au ministre « les considérations scientifiques qui peuvent justifier le maintien du titre de la chaire ou nécessiter sa transformation »18. La question des candidats n’était abordée qu’une fois cette question tranchée. L’accent était ainsi mis sur le renouvellement des titres de chaires. L’histoire des discussions relatives à ce nouveau règlement est peu documentée, mais quelques indices témoignent toutefois de ce virage important eu égard à la définition que l’institution donnait d’elle-même. Lorsqu’au début de l’année 1868, les professeurs protestaient contre le règlement de 1857, ils réclamaient un simple retour à celui de 182819, mais dès le mois de novembre ils discutèrent d’une rumeur : « M. Berthelot mentionne un autre bruit : c’est que les chaires du Collège de France n’auraient plus de titre permanent. De cette façon, les chaires étant toujours nouvelles, le Ministre nommerait les professeurs. M. Lévêque fait observer que le Ministre a dit quelque chose d’analogue à la réception du premier Janvier »20. De même qu’en 1773 le changement de destination des chaires n’avait pas été une décision interne à l’institution mais avait été imposé par l’Université, il semblerait que la primauté accordée à la question du maintien ou de la transformation des titres de chaires sur celle des candidats éventuels soit la réponse de l’assemblée à une volonté politique : pour éviter que la nomination des professeurs lui échappe, elle aurait repris à son compte la volonté ministérielle d’un renouvellement permanent des titres de chaire. L’élection de Renan au rang d’administrateur du Collège de France en 188321 ainsi que l’histoire de l’institution publiée par Abel Lefranc, qui s’inscrit explicitement dans sa filiation, semblent témoigner de l’appropriation de cette volonté politique.

1890-1910 : comment un mot d’ordre devint-il une devise ?

17Deux événements ultérieurs, eux aussi perçus comme menaçant la singularité et l’identité du Collège de France, jouèrent un rôle non négligeable pour la pérennisation de cette autodéfinition de l’institution.

Le spectre de l’affaire Dreyfus

  • 22  Cf. Compagnon, 1997, p. 193-198, et la contribution de C. Surprenant à ce volume.

18Le premier eut lieu en 1904. L’année précédente, Émile Deschanel, titulaire de la chaire de « Langue et littératures françaises modernes », avait été admis à la retraite. Posa alors sa candidature pour lui succéder Ferdinand Brunetière, professeur à la Sorbonne, antidreyfusard, célèbre pour avoir publié en 1895, à son retour d’une visite au pape, un article retentissant qui proclamait « la faillite de la science » (Brunetière, 1895)22.

  • 23  Assemblée du 31 janvier 1904 (4 AP 332).
  • 24  Chaire d’histoire de la littérature latine.
  • 25  Chaire de langue et littérature slaves.
  • 26  Chaire d’économie politique.

19Cette candidature polarisa l’assemblée des professeurs et monopolisa la discussion préalable sur le maintien ou la transformation du titre23. L’administrateur, Émile Levasseur, partisan du maintien, fit valoir toute une série de critères bien éloignés de l’exigence d’innovation scientifique : il rappelait que « cette chaire existe depuis très longtemps », qu’« elle est une de celles qui attirait au Collège de France le grand public », qu’« on ne comprendrait pas qu’on n’y enseignât pas la littérature des siècles voisins de nous tandis que l’on y enseignerait l’histoire des origines de notre langue ». Autour de lui se groupèrent Gaston Boissier24, Louis Léger25 et Paul Leroy-Beaulieu26. Face à eux, Louis Havet, titulaire de la chaire de « Philologie latine », demanda sa transformation en « chaire d’Histoire de France ». Havet fit valoir le principe de libre transformation, car il considérait comme « regrettable que lors d’une vacance les précédents fassent présumer le maintien de la chaire », que « les professeurs [soient] induits à concentrer leurs regards sur les filières existantes. » Et il concluait par un rappel de ce qu’il considérait comme la mission du Collège de France : « Et le Collège, au lieu d’assumer la direction de l’esprit scientifique en France, s’abandonne à une inertie qui est une abdication. » Il ne cachait pas que sa proposition était un moyen de répondre aux urgences du moment :

  • 27  4 AP 333 h.

Dans la circonstance actuelle, la transformation permettra d’écarter, sans vote comparatif sur les personnes et avec une plus entière liberté du suffrage, un candidat […] dont la personne est respectable et dont le talent de parole est merveilleux, mais dont la méthode doctrinale est en opposition directe avec celle qui doit caractériser l’œuvre collective du Collège de France. Le critique en question, par un enchaînement logique plein de rigueur, refuse d’abord le caractère scientifique à l’exégèse puis à toutes les sciences historiques et philologiques puis à la géologie ; ensuite, par la théorie de la faillite de la science, il diminue les sciences qu’il consent à reconnaître comme telles. La fonction du Collège est de suivre la même logique en ordre inverse, de faire entrer progressivement – cela se peut – les certitudes des sciences déductives ou expérimentales dans la géologie, dans les sciences historiques, dans l’exégèse. Il a été créé pour défendre à l’avance l’esprit de Richard Simon contre l’esprit de Bossuet27.

Pour Louis Havet, l’institution était donc touchée en son cœur, et il ne manquait pas d’opposer deux figures historiques antithétiques pour souligner les enjeux du vote.

  • 28  4 AP 332 c.

20Concernant sa proposition de transformation, il en minimisait la portée : elle consisterait en une simple substitution de termes (« à littérature on substituera Histoire »). Quant à l’objet de la chaire, « notre passé national », il ne serait pas modifié28.

  • 29  Assemblée du 31 janvier 1904 (4 AP 332).

21Preuve s’il en est que cette candidature interrogeait la spécificité et la fonction de l’institution dans le paysage académique français, les défenseurs du maintien firent valoir à Havet que transformer un titre pour éviter un candidat, c’était faire peu de cas de « l’indépendance et de la liberté » de ses collègues29.

22Le maintien fut voté, mais lors de l’assemblée suivante (13 mars 1904), ce ne furent ni Ferdinand Brunetière ni Gaston Deschamps, le suppléant d’Émile Deschanel, qui furent élus, mais Abel Lefranc. En votant pour ce dernier, les adversaires de Brunetière permirent l’élection du secrétaire et historiographe du Collège qui s’était montré fidèle gardien du legs de Renan.

La « nouvelle Sorbonne » : une menace

  • 30  Étrangement, on ne trouve pas trace dans les archives de rivalités entre le Collège de France et l (...)

23Il est un événement structurel qui présenta une menace bien plus importante pour le Collège de France : la fondation de la Nouvelle Sorbonne30. La profonde transformation du monde académique français opérée par la jeune IIIe République posa frontalement la question de la légitimité du Collège de France. À partir du moment où l’Université devenait un lieu qui, lui aussi, se voulait ouvert à la science en train de se faire, et s’inspirait de l’organisation universitaire allemande, comment justifier du maintien du Collège de France à ses côtés ?

24Le 18 octobre 1908, le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts demanda à l’administrateur Émile Levasseur de réviser le décret du 1er février 1873 qui régissait le Collège de France et évoqua explicitement les changements qui affectaient le monde universitaire :

  • 31  12 CDF J78.

depuis la publication de ce décret, des transformations profondes se sont accomplies dans l’organisation de notre enseignement supérieur. Les Universités ont été créées et se sont rapidement développées. Placé à côté de l’Université de Paris, le Collège de France conserve toute sa raison d’être, non seulement par ses traditions, qui sont glorieuses, mais par le rôle incessant qu’il exerce. J’estime que sa prospérité est indispensable à la prospérité intellectuelle et scientifique de notre pays. Mais je crois aussi qu’il serait utile, dans une refonte du Décret de 1873, d’accentuer tout ce qui le différencie des autres établissements d’enseignement supérieur, de fortifier les dispositions qui lui permettront d’accomplir de mieux en mieux, et dans toute son étendue, sa fonction propre, c’est-à-dire la recherche et l’exposition des vérités scientifiques, sans aucune préoccupation de préparer ni à des diplômes, ni à des grades, ni à des carrières déterminées. À cet égard un de vos plus illustres prédécesseurs, Ernest Renan (Questions contemporaines), a défini le rôle du Collège de France dans des études qui, par leur justesse et leur lumineuse clarté, conservent toute leur valeur31.

À en croire cette lettre, recourir aux formules de Renan constituait désormais une évidence, y compris pour la puissance publique. Ce qui chez Renan était avant tout un espoir rencontrait ainsi la volonté politique de clarification du paysage des institutions académiques et donc un puissant adjuvant.

  • 32  Le 31 janvier 1909.
  • 33  12 CDF J47. Voir aussi : 2 CDF 3/12.

25En réponse à cette demande d’affirmation de la singularité du Collège de France, une commission fut créée32, d’intenses discussions eurent lieu, dont nous possédons les passionnantes transcriptions33. Un projet de règlement précédé d’un procès-verbal des discussions fut envoyé au ministre. L’article 16 y était toutefois maintenu identique à celui du règlement de 1873 :

  • 34  12 CDF J78, document imprimé p. 6.

Lorsque survient une vacance, le Ministre, dans le mois qui suit, invite l’assemblée à lui faire connaître les considérations scientifiques qui peuvent justifier le maintien du titre de la chaire ou nécessiter sa transformation.
Cette première question résolue, l’annonce de la vacance est insérée au Journal officiel, et la discussion des titres des candidats est ouverte un mois après la publicité donnée à cet avis34.

  • 35  12 CDF J80, document confidentiel p. 9.

Ce document était accompagné d’un « rapport » justifiant les choix opérés par la commission. S’agissant de l’article 16, il était simplement rappelé la différence entre une « transformation », initiative qui relève de l’assemblée du Collège de France et une « création » par le « ministre qui s’inspire à la fois des désirs exprimés par le Parlement et des besoins de la science »35.

  • 36  12 CDF J81, p. 9 (2 juin 1910).
  • 37  Ibid.
  • 38  12 CDF J78, p. 12. Le ministre ne cite pas explicitement Havet, mais sa périphrase renvoie clairem (...)
  • 39  4 AP 371, 5 juin 1910.
  • 40  12 CDF J82 (lettre du 16 juin 1910 d’Émile Levasseur au ministre de l’Instruction publique et des (...)
  • 41  Nous n’en avons pas trouvé trace dans les archives.
  • 42  Règlement du Collège de France, Paris, Imprimerie nationale, 1911, p. 9-10.
  • 43  « Les cours devraient être désignés simplement par le nom du professeur, pourraient être groupés s (...)

26Mais, en réponse, le ministre considéra que ce projet n’accentuait pas assez « ce qui différencie le Collège de France des autres établissements d’Enseignement supérieur »36. Bien qu’il ne critiquât pas l’article 16, il faisait valoir que si le Collège de France « [voulait] tout à la fois rester fidèle à ses plus glorieuses traditions et affirmer le caractère original de son organisation et de son rôle qui est d’être un établissement de libre recherche, de libre progrès, sans aucune préoccupation de préparer ni à des examens, ni à des concours, il [fallait] que le décret que nous élaborons non seulement l’autorise, mais en quelque sorte l’oblige à d’incessantes transformations »37. Le ministre remettait également à l’ordre du jour la proposition de Louis Havet de « désigner le candidat le plus apte à faire œuvre de découverte dans une voie scientifique quelconque » qui avait été rejetée par la commission38. L’assemblée se réunit trois jours plus tard (le 5 juin). Havet, conforté par la lettre du ministre, « rappelle qu’il avait rendu la proposition plus applicable en subdivisant les chaires du Collège en groupes »39. Si dans la lettre que l’administrateur adressa le 16 juin au ministre, la proposition de Havet n’était pas retenue (et deux arguments étaient avancés pour cela : « le choix serait bien difficile avec la diversité des candidatures et ne serait pas compatible avec l’existence de laboratoires déterminés »40), l’exigence politique l’emporta toutefois. Sans qu’on sache comment41, le règlement décrété le 21 mai 1911 propose une rédaction toute différente. L’article 15 s’ouvre en effet ainsi : « Lorsque les crédits affectés à l’un des enseignements du Collège de France deviennent libres par suite de décès, de la retraite, démission, du professeur qui en était chargé, ou pour toute autre cause, l’assemblée est convoquée dans un délai minimum d’un mois pour examiner à quel enseignement et à quel ordre de recherches il conviendrait de les affecter »42. En introduisant la notion de crédit susceptible d’être affecté à tout enseignement, le règlement semblait affirmer la volonté de renouvellement radical des titres et éviter l’inertie. En mentionnant des « ordres de recherches », il paraissait aussi reprendre la proposition de L. Havet consistant à les regrouper en domaines distincts43. Dans l’article qu’il publia dans le Journal des débats pour expliquer la réforme au grand public, l’administrateur Émile Levasseur résuma ainsi ce changement :

  • 44  Émile Levasseur, « Au Collège de France », Le Journal des débats, 3 juin 1911 (archives du Collège (...)

D’après le règlement de 1873, quand une chaire devenait vacante, le ministère demandait au Collège s’il y avait lieu de la maintenir ou de la transformer ; plusieurs professeurs étaient d’avis que c’était à la transformation qu’il fallait le plus songer, parce que le Collège de France avait pour principale mission d’ouvrir l’enseignement public aux nouveautés scientifiques dûment reconnues. La question du choix ne se posera plus. L’assemblée des professeurs présentera les deux candidats les plus capables de remplir la mission du Collège de France sans se préoccuper du titre de la chaire vacante. Toutefois, là aussi, il faut régler la liberté. Si le champ était ouvert chaque fois à toutes les sciences faites et à faire, la diversité infinie des candidatures rendrait impossible un choix judicieux. On déterminera préalablement chaque fois à quel ordre de recherches la chaire doit être affectée, détermination large d’ailleurs. Il est évident que si un professeur d’épigraphie disparaît, l’assemblée ne proposera pas d’ouvrir la carrière des candidatures aux sciences chimiques, parce que le Collège n’aurait pas de laboratoire à fournir à un nouveau professeur de chimie44.

  • 45  Voir la contribution de Céline Surprenant à ce volume.

De même que l’idée selon laquelle il y aurait des « enseignements fondamentaux »45 auxquels il ne serait pas possible de renoncer, l’inertie générée par les infrastructures lourdes de la science contemporaine venait dans la pratique limiter le renouvellement total de la carte des enseignements. Ceci ne devait pas empêcher l’émergence de l’autodéfinition du Collège de France comme un lieu de l’innovation, de la science en train de se faire. À cet égard, ce règlement témoigne que la définition promue par Renan valait désormais devise de l’établissement. L’institution garantissait ainsi sa pérennité à une époque de profond bouleversement du paysage de l’enseignement supérieur français.

***

27Si la pratique du changement de destination des chaires ne s’amorce pas avant 1773 et sous la contrainte de l’Université de Paris, la théorie en est encore plus tardive. La cristallisation de l’autodéfinition du Collège de France comme un établissement protecteur de la science en train de se faire s’est produite en réaction à des situations interprétées par les acteurs de l’établissement comme des crises : la mainmise politique opérée par Napoléon III dès 1852, la suspension puis la destitution de Renan entre 1862 et 1864 ; la polémique sur la « faillite de la science » et la candidature de Ferdinand Brunetière au Collège de France en 1904, et enfin la profonde transformation de l’Université de Paris. Le règlement de 1911 témoigne aussi de ce que, loin d’être une décision propre aux seuls professeurs, la volonté de garantir un renouvellement radical des titres de chaire lors de chaque retraite ou décès était avant tout politique. Il s’agissait, pour la puissance publique, de justifier le maintien de l’établissement alors que l’université refondée se voulait elle aussi un lieu d’innovation.

Notes

1  Voir http://www.college-de-france.fr/site/fr-about-college/ (consultation le 9 mai 2016).

2  Sur le Mémoire historique et littéraire sur le collège royal de France de l’abbé Goujet, voir l’introduction ainsi que les contributions de R. Mandressi et J. Peiffer à ce volume. Après une première partie, relativement courte, « où l’on trouve l’état des sciences en France sous François Ier, l’établissement du Collège Royal & ses progrès », la quasi-totalité des trois volumes publiés par Goujet est constituée d’une suite de notices biographiques. Ces dernières sont certes organisées selon ce que Goujet nomme les neuf « classes » figurées sur le Tableau, mais il insiste sur leur caractère immuable et leur stabilité.

3  16 CDF 239/1a.

4  Annuaire du Collège de France, 1901, p. 6.

5  Voir la contribution de Jeanne Peiffer à ce volume.

6  Archives du Collège de France. Registre de délibérations des professeurs, 1824-1840 (2 AP 4), p. 55-60 : assemblée extraordinaire du 24 octobre 1830 (rapport de M. Ampère « sur les avantages qui résulteraient de l’établissement d’un cours de Minéralogie et de Géologie au Collège royal de France »). Bien que ce rapport soit favorable à l’établissement d’un cours de minéralogie et de géologie au Collège royal de France, il ne définit pas cette institution comme un lieu de la « science en train de se faire », mais comme étant « chargé[e] de ce haut enseignement dont nous venons de parler, enseignement dont les applications à l’utilité de la société, pour être moins immédiates, n’en sont peut être que plus importantes, et qui ne saurait être complet qu’autant que les diverses branches de la géologie seront enseignées par un professeur qui en fasse l’unique et exclusif objet de ses leçons et de ses travaux » (p. 59). Utilité et complétude, voilà alors les critères décisifs pour Ampère.

7  Règlement de 1873, article 16.

8  Le décret du 9 mars 1852 imposait que, pour chaque chaire ouverte, les deux candidats retenus par le Collège ne soient pas les seuls en lice, mais que l’Académie dont relevait la chaire propose également deux noms et que le Président de la République puisse en proposer un. Dans les faits, ni l’Institut ni le Président n’useront de leur droit de nommer des candidats, mais l’Institut discutera désormais – et ce jusqu’à nos jours – des choix effectués par le Collège. Je dois ces informations à Antoine Compagnon qui en a fait part dans sa communication sur l’évolution du règlement entre 1852 et 1857 (journée d’étude du 15 janvier 2016, « Collège de France : lettres patentes, règlements, statuts »).

9  Lettre de G. Rouland à S. Julien du 12 décembre 1856 (Archives Collège de France : 12 CDF J11).

10  Dans une lettre adressée à Jacques Toupoint et reproduite dans l’Histoire du Collège de France par Goujet.

11  4 AP 154 (brouillon du courrier adressé au ministre de l’Instruction publique à la suite de l’assemblée du 9 février 1868). Voir aussi 4 AP 153, p. 11, pour sa retranscription.

12  4 AP 154.

13  Renan, 1862, p. 7.

14  Ibid., p. vi : « Avant-propos » au discours d’ouverture (daté du 23 février 1862).

15  « L’instruction supérieure en France » (1er mai 1864), reproduit in Renan, 1868, p. 108-109.

16  4 AP 159 (assemblée des professeurs du 6 mars 1870).

17  Règlement de 1828, art. 23 ; règlement de 1857, art. 11.

18  Règlement de 1873, art. 16.

19  4 AP 153, p. 14 : dans sa lettre au ministre citée plus haut, l’assemblée réclamait simplement « la remise en vigueur » des articles 23 et 24 sur les procédures électorales. Le 3 mai 1868, une commission chargée de ces questions règlementaires avait été formée (4 AP 153, p. 7).

20  4 AP 153, p. 21 (assemblée du 15 novembre 1868).

21  Fonction qu’il exercera jusqu’en 1892. Cf. Surprenant, 2013.

22  Cf. Compagnon, 1997, p. 193-198, et la contribution de C. Surprenant à ce volume.

23  Assemblée du 31 janvier 1904 (4 AP 332).

24  Chaire d’histoire de la littérature latine.

25  Chaire de langue et littérature slaves.

26  Chaire d’économie politique.

27  4 AP 333 h.

28  4 AP 332 c.

29  Assemblée du 31 janvier 1904 (4 AP 332).

30  Étrangement, on ne trouve pas trace dans les archives de rivalités entre le Collège de France et l’École pratique des hautes études. Une étude serait à mener sur les relations entre ces deux institutions (la seconde ayant été pourvoyeuse de nombreux enseignants du premier, notamment dans les enseignements philologiques et historiques). La seule mention repérée se trouve dans le procès verbal de l’assemblée du 15 novembre 1868 au cours de laquelle A. Maury évoque une rumeur selon laquelle on voudrait « relier l’École pratique des hautes études au Collège de France et à l’École des langues orientales » (4 AP 153, p. 20).

31  12 CDF J78.

32  Le 31 janvier 1909.

33  12 CDF J47. Voir aussi : 2 CDF 3/12.

34  12 CDF J78, document imprimé p. 6.

35  12 CDF J80, document confidentiel p. 9.

36  12 CDF J81, p. 9 (2 juin 1910).

37  Ibid.

38  12 CDF J78, p. 12. Le ministre ne cite pas explicitement Havet, mais sa périphrase renvoie clairement à la proposition de ce dernier : « Un des professeurs avait proposé que, lorsqu’une vacance se produit, tous les candidats qui croient avoir des titres à enseigner au Collège de France fussent appelés à les faire valoir sans se préoccuper de la domination de la chaire vacante » (12 CDF J81, p. 9-10). Sylvain Lévi avait soutenu sa position (12 CDF J80, document confidentiel p. 13).

39  4 AP 371, 5 juin 1910.

40  12 CDF J82 (lettre du 16 juin 1910 d’Émile Levasseur au ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts). Sur le rôle des laboratoires dans l’inertie des titres de chaire, voir la contribution de Yann Renisio dans ce volume.

41  Nous n’en avons pas trouvé trace dans les archives.

42  Règlement du Collège de France, Paris, Imprimerie nationale, 1911, p. 9-10.

43  « Les cours devraient être désignés simplement par le nom du professeur, pourraient être groupés sur l’affiche sous les rubriques d’Études mathématiques, Études classiques, Études orientales, etc. » (12 CDF J80, document confidentiel p. 11-12).

44  Émile Levasseur, « Au Collège de France », Le Journal des débats, 3 juin 1911 (archives du Collège de France : 2 CDF 3/12 z).

45  Voir la contribution de Céline Surprenant à ce volume.

Auteur

Wolf Feuerhahn est chargé de recherches au CNRS, membre du LabEx Hastec et de PSL, directeur-adjoint du Centre Alexandre-Koyré et co-directeur de la Revue d’histoire des sciences humaines (RHSH). Historien des sciences, il travaille sur l’histoire transnationale de l’organisation, du partage et de l’étiquetage des savoirs en Europe (xviiie-xxie siècle). Sur ces questions, il a notamment édité La Fabrique internationale de la science. Les congrès scientifiques entre 1865 et 1945, Revue germanique internationale, 2010, avec P. Rabault-Feuerhahn ; Les Sciences de l’homme à l’âge du neurone, RHSH, 2011, avec R. Mandressi ; Humanités environnementales. Enquêtes et contre-enquêtes, Publications de la Sorbonne, 2017, avec G. Blanc et É. Demeulenaere.

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