Les réformés vus par le cardinal Guido Bentivoglio (1577-1644)
nonce et protecteur de France
The Reformed as seen by Cardinal Guido Bentivoglio (1577-1644), nuncio and protector of France
p. 57-79
Résumés
C’est à la suite de l’assemblée générale des réformés tenue à Loudun en 1619 que le cardinal Guido Bentivoglio, nonce auprès le roi de France, envoie à l’attention du cardinal-neveu Scipione Borghese une relation sur l’organisation des Églises huguenotes. Le texte, désormais disparu dans sa version originale, est aujourd’hui connu grâce à une version imprimée liégeoise publiée en 1635 et quelques rares copies manuscrites, dont celle conservée à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Il s’agit d’une source importante qui décrit à destination de la curie romaine la situation d’un royaume où, après l’édit de Nantes, deux Églises chrétiennes sont obligées de coexister, sans toutefois que les tensions déclenchées par les guerres de Religion aient complètement disparu.
It was following the general assembly of the Reformed held in Loudun in 1619 that Cardinal Guido Bentivoglio, nuncio to the King of France, sent a report on the organisation of the Huguenot churches to the attention of his cardinal nephew Scipione Borghese. The text, which has now disappeared in its original version, is known today thanks to a printed version from Liège published in 1635 and a few rare handwritten copies, including the one kept in the National and University Library in Strasbourg. It is an important source which describes for the Roman curia the situation of a kingdom where, after the Edict of Nantes, two Christian churches were obliged to coexist, although the tensions triggered by the Wars of Religion had not completely disappeared.
Texte intégral
1À la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, un endroit certainement familier à Yves Krumenacker, se trouve un tout petit manuscrit dédié à un événement de l’histoire huguenote1. L’illustre auteur en est le cardinal Guido Bentivoglio, nonce en France dans ces années où les conflits entre Louis XIII et sa mère Marie de Médicis deviennent de plus en plus dramatiques, alors que le pontificat de Paul V Borghèse touche à sa fin. Le texte, envoyé en 1619 au neveu du pape et cardinal Scipione Borghèse, décrit la situation d’un royaume où désormais, à la suite de l’édit de Nantes, deux Églises chrétiennes sont obligées de coexister sans que les tensions déclenchées par les guerres de Religion aient été complétement apaisées2. Il s’agit d’une source importante, qui essaie d’informer la Curie romaine de l’organisation administrative et religieuse des Églises réformées, sans oublier de mentionner les membres de l’aristocratie qui la guident et la défendent, le « parti huguenot ».
Une vie entre diplomatie et défense de l’orthodoxie
2Du cardinal Guido Bentivoglio, né à Ferrare en 1599, mort à Rome en 1644, on connaît l’engagement dans le réseau diplomatique du siège pontifical, d’abord comme nonce en Flandres de 1607 à 1616, puis en France de 1616 à 16213. À partir de son Histoire de la guerre de Flandres, une œuvre qui avait joui en son temps d’un grand succès, il consigne dans ses écrits toute l’expérience accumulée lors de ses séjours auprès de deux pièces cruciales de l’échiquier européen au début du xviie siècle. Au xixe siècle, Eduard Fueter avait critiqué cet ouvrage qui, selon lui, se limitait à une simple description de la guerre d’Indépendance des Provinces-Unies, un événement sur lequel on ne possédait auparavant que des récits qui se perdaient dans les détails4. Pour l’historien suisse, Bentivoglio avait certes réalisé une narration d’un style uniforme et accessible, mais son mérite historique n’allait guère au-delà. Pour sa réhabilitation, il a fallu attendre Raffaele Belvederi qui, à partir de l’analyse ponctuelle de tout son corpus scripturarum, a montré comment, chez le cardinal Bentivoglio, les qualités de diplomate et d’historien s’étaient unies au talent de l’écrivain5.
3Si l’originalité de la Relation des Provinces Unies des Pays-Bas est de mener de front l’histoire des idées et de la culture et l’histoire politique et diplomatique, la même démarche se retrouve dans les autres ouvrages publiés par Bentivoglio6. Dans ces textes, le diplomate pontifical, pendant ses deux nonciatures dans les Flandres et à la cour de Louis XIII, montre sa compréhension aiguë des forces politiques qui se partagent l’Europe de son temps7. D’abord, il ne se laisse pas aveugler par la force espagnole, et il discerne bientôt dans la puissance économique des Hollandais la source d’un dynamisme politique, qui tiendra finalement en échec la monarchie espagnole. De son observatoire bruxellois, Bentivoglio est le témoin de l’affaire de la succession de Clèves, il envisage les conséquences et les complications de la fuite d’Henri II de Bourbon, prince de Condé, et tout en évoquant la situation religieuse dans les Flandres, il n’oublie pas le problème religieux en Angleterre et en Irlande.
4Quand en 1616 Bentivoglio fait son entrée à la cour de France en tant que nonce, il est donc un diplomate parfaitement au fait de l’ensemble de la politique européenne et très à l’aise dans les discussions d’ordre confessionnel8. Au milieu des agitations entre Marie de Médicis et Louis XIII, Bentivoglio conserve un flair politique intact. Il voit les divisions du royaume, dont la faiblesse est due à la turbulence des Grands et à la rébellion latente ou déclarée des huguenots. Il discerne vite l’ambition du grand aumônier Armand Jean du Plessis de Richelieu, dont la première entrée au Conseil coïncide avec son arrivée en France, mais il profite de son aide pour éliminer l’influence de l’abbé Louis Rucellai sur la reine-mère9. Et ce faisant, il favorise l’influence de Richelieu lui-même.
5Concernant les protestants, ce qu’il exprime dans sa Brieve relation des Huguenots de France est conforme aux vues du cardinal de Richelieu : le roi ne sera pas maître de son royaume tant que les huguenots, avec leurs places de sûreté, formeront une « république » dans l’État10. Mais il est persuadé que si le roi sait mettre un terme à ses hésitations, il en viendra facilement à bout. D’ailleurs, Bentivoglio ne se confine pas dans une neutralité strictement diplomatique, et il discute à l’occasion avec les dirigeants catholiques, religieux ou ecclésiastiques : Pierre de Bérulle, un des représentants majeurs de l’École française de spiritualité et fondateur de la Société de l’Oratoire ; le père capucin Joseph (François Leclerc du Tremblay), au service du cardinal de Richelieu ; le cardinal François de La Rochefoucauld, grand aumônier de France, conseiller d’Henri IV et promoteur des réformes tridentines dans l’Église catholique de France ; Henri de Gondi, évêque de Paris, premier cardinal de Retz et inspirateur de la guerre que Louis XIII mène contre les huguenots.
Loudun, une ville de rencontre
6Le fait qui motive la rédaction du rapport de Bentivoglio sur les huguenots est la convocation et le déroulement de leur assemblée politique à Loudun en 161911. Les historiens connaissent principalement ce rapport dans sa version imprimée et traduite en français dès 1642 par Pierre Gaffardy, frère mineur de l’observance de saint François, dédiée à François Sublet de Noyers, secrétaire d’État à la guerre et proche collaborateur de Richelieu. Quant au manuscrit original, il brille par son absence dans le Fondo Borghese aux Archives apostoliques du Vatican, mais il en existe quelques exemplaires dont l’exemplaire strasbourgeois et un autre conservé à la Bibliothèque municipale Gambalunga de Rimini12.
7Le nonce Bentivoglio a bien saisi l’importance de ce qui s’est passé dans la petite ville de Loudun, située à l’ouest du royaume, en Poitou, entre les vallées du Martiel et du Négron, un lieu où les dirigeants et les représentants des communautés huguenotes de France ont choisi de se réunir pour leur assemblée périodique. Lieu périphérique, mais avec une forte valeur symbolique – que le cardinal de Richelieu veut plus tard faire disparaître en détruisant le château et l’enceinte fortifiée – Loudun a été atteinte par le vent de la réforme dès la première moitié du xvie siècle. C’est d’abord dans la clandestinité que sa communauté réformée grandit, puis Loudun devient, au fil des guerres de Religion, un champ de bataille entre une importante garnison huguenote et des ecclésiastiques locaux. De plus, sa position géographique au sud de Saumur et sa proximité avec la route principale reliant Tours à Poitiers, l’exposent aux troupes et aux émeutes13.
8Depuis la Saint-Barthélemy14, il y a dans la ville plus de calvinistes que de catholiques, si bien que le 25 février 1589, Loudun ouvre ses portes à Henri de Navarre15. Lorsque ce dernier devient roi, les protestants de Loudun manifestent leur déception à sa conversion (1593), tandis que les catholiques triomphent. Après l’échec de l’assemblée des protestants de Saumur en 1595, le roi lui-même encourage une nouvelle réunion à Loudun le 1er avril 1596, mais les défiances se réveillent et raniment les mauvaises passions entre les factions. Dès que l’on parvient à une transaction, à Loudun, l’assemblée reprend, accueillant les conseillers d’État Méry de Vic (1560-1622), vicomte d’Ermenonville et baron de Fiennes et Moran, et Soffray de Calignon (1550-1606), chancelier du roi de Navarre, mais l’assemblée est bientôt transférée à Vendôme et à Saumur. Avec l’édit de Nantes, une ère de liberté s’ouvre pour tous les réformés du royaume, un événement marqué à Loudun par l’ouverture d’un collège d’humanités lié à l’école municipale, au moment de l’anéantissement de la Ligue16.
9En 1601, les réformés continuent de s’assembler à Saumur, tout en considérant Loudun comme une de leurs places de sûreté. Henri IV, qui permet aux réformés la tenue de leurs synodes provinciaux, détermine quelles Églises (communautés) doivent composer chacune de ces assemblées. Au synode provincial ouvert le 10 avril 1610 à Loudun, toutes les Églises assemblées déclarent ne garder que les académies ou collèges de Montauban, de Saumur, de Nîmes, de La Rochelle et de Sedan, institutions florissantes et bien organisées pour la formation de la future élite. Parmi les mesures adoptées, le synode de Loudun décide qu’il ne convient pas de laisser subsister la peine du fouet dans les écoles, un choix qui bannit certains châtiments corporels dans le cadre d’un système pédagogique qui repose encore sur la discipline et les punitions.
10Le nouveau roi, Louis XIII, témoigne de sa faveur aux Loudunais qui se dépêchent de lui prêter serment de fidélité. Avec l’autorisation de la cour, le 25 mai 1611, les réformés tiennent une assemblée générale de leurs Églises à Saumur, à laquelle le consistoire loudunois envoie Marc-Antoine Marreau de Boisguérin (1557-1633), gouverneur de la ville et du château de Loudun, Pierre Pasdeloup pour la noblesse, et Jacques Belhomme, receveur des tailles de la ville, pour le Tiers-État17.
11Érigée en duché non héréditaire par Henri III en 1579 au profit de Françoise de Rohan, la ville a aussi accueilli le 10 février 1616 la rencontre entre Henri de Condé, des dirigeants huguenots et des délégués de la reine-mère pour mettre fin à une énième révolte des nobles. Parmi les émissaires, se trouvent Jacques-Auguste de Thou (1553-1617) ; Charles II de Cossè, duc de Brissac (1562-1621) nommé maréchal de France par Henri IV en 1594, lieutenant général de Bretagne ; Méry de Vic et le comte Paul Phélypeaux de Pontchartrain (1569-1621)18.
12Les négociations aboutissent à l’accord du 3 mai 1616 entre Marie de Médicis et ses adversaires, les princes rebelles menés par Condé, qui, malgré l’accord de Sainte-Menehould du 15 mai 1614, a repris les armes contre la reine et ses favoris. La paix est conclue à Loudun en même temps que sont réaffirmés les principes de l’édit de Nantes. La régente accepte les demandes des huguenots, renvoie le garde des sceaux Nicolas Brulart (1544-1624), marquis de Sillery, et Jean-Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642), duc d’Épernon, en plaçant le prince de Condé à la tête du conseil privé. Mais même cette trêve n’est que temporaire, à tel point que, dès le 1er septembre, la reine donne l’ordre d’arrêter le prince de Condé, ravivant ainsi la guerre civile.
13Suite au coup de majesté du 24 avril 1617, au cours duquel a lieu l’assassinat de Concino Concini, Louis XIII prend le pouvoir et exile sa mère au château de Blois19. Le 22 février 1619, la reine s’enfuit et se réfugie au château d’Angoulême, déclenchant une révolte contre son fils, une guerre provisoirement apaisée par le traité homonyme négocié par Richelieu.
14C’est dans ce climat politique que Louis XIII accorde aux réformés, le 24 mai de la même année, la permission de tenir à Loudun une assemblée générale à l’automne, à peu près au moment de la libération du prince de Condé de la forteresse de Vincennes. Dans l’esprit du roi, la nouvelle réunion de réformés délégués de chaque province va nommer les députés généraux « qui doivent résider près de Sa Majesté pour la poursuite et sollicitation de leurs affaires », afin de remplacer ceux qui arrivent à la fin de leur mandat20. Grâce à la renommée acquise auprès du roi et l’engagement constant et fidèle de ses habitants, l’assemblée générale des réformés de France est convoquée à Loudun le 12 septembre et présidée par Henri Ier de Clermont d’Amboise (1573 ?-1627), marquis de Gallerande, et par Nicolas d’Espinay, vice-président21. Au cours des séances, à partir du 7 novembre 1619, les huguenots exposent leurs revendications, mais au bout de six mois, le 14 avril 1620, ils dissolvent leur assemblée en remerciant le roi d’avoir écouté leurs demandes sans avoir obtenu tout ce qu’ils souhaitaient. La stratégie royale est en effet de minimiser l’importance ou l’efficacité de ce type d’assemblée, surtout après la mort de Concini et l’affaire du Béarn. Si, aux yeux des catholiques, la force des protestants réside dans leur attitude synodale, pour Guido Bentivoglio, la compréhension de ces organismes représentatifs huguenots est une clef pour se mêler plus efficacement aux dynamiques confessionnelles du royaume de France.
Un regard avant tout politique
15C’est avec une grande attention portée aux mécanismes de pouvoir que le nonce Bentivoglio rédige son rapport sur l’assemblée de Loudun. Il le met au point après son retour de Tours à Paris, comme il en informe le cardinal Borghèse dans sa lettre du 7 novembre 161922. Son souci était celui de bien répondre aux attentes romaines de recevoir des informations précises, claires et complètes sur la condition contemporaine des huguenots engagés dans l’assemblée de Loudun, dont les effets pouvaient avoir à son avis des conséquences pour l’État français.
16Après une brève introduction, il présente d’abord le gouvernement des huguenots en matière de religion, puis il décrit plus longuement l’organisation interne de la communauté réformée, en détaillant ses organes représentatifs et ses gouvernants de l’échelon local à l’échelon central23.
17Au début, il rappelle quelques données historiques : le courant réformateur (« hérésie ») s’est enraciné très tôt dans le royaume de France de François Ier, il s’est développé sous Henri II et François II, puis s’est répandu sous Charles IX. Les années Henri III correspondent à un moment d’arrêt et le nonce ne manque pas de souligner combien la Sainte-Ligue a entraîné, dans le domaine religieux, beaucoup plus de problèmes que de solutions (il fait probablement référence ici aux doctrines monarchomaques)24.
18Avec l’avènement d’Henri IV, un roi motivé par l’intention de réaliser la paix dans le royaume, la liberté de conscience et une série d’avantages ont été accordées aux communautés huguenotes. Avec ce constat, le nonce développe une réflexion politique très élaborée : selon lui, le courant religieux calviniste a été véhiculé en France par un courant opposé à la monarchie, tandis que la pleine liberté de conscience réclamée par les huguenots masque en fait un projet de séparation de l’État (ou plutôt de la dynastie des Valois).
19Selon Bentivoglio, afin d’atteindre cette division, il faut faire coïncider les deux sphères d’influence, la sphère purement religieuse et la sphère civile. Pour la première, les huguenots sont déjà si bien organisés que l’autorité royale a dû rattraper son retard par une série de mesures. En ce qui concerne le domaine civil, le nonce estime que l’intention des protestants est de former un gouvernement politique opposé à la monarchie, un processus similaire à ce qui se passe dans le domaine religieux avec l’opposition à la monarchie spirituelle de l’Église catholique. Comment ces institutions sont-elles structurées ? Bentivoglio explique qu’il s’agit de formes représentatives par niveau : d’abord des communautés locales, les « Églises » (un mot que Bentivoglio juge impropre et d’usage profane), puis les consistoires, les colloques, les synodes provinciaux et enfin les nationaux.
20Il n’y a là aucune improvisation, mais il s’agit juste de l’application concrète et fidèle des instructions établies par Jean Calvin dans ses écrits, la Discipline ecclésiastique et la Confessio Gallicana, approuvées à l’occasion du premier synode national des Églises réformées de France qui s’était réuni à Paris dans la clandestinité en 1559. La base de l’organisation huguenote est l’assemblée des fidèles de l’Église locale qui élit les membres du consistoire ou conseil des anciens, une instance où l’équivalent de l’autorité épiscopale assume à la fois la fonction d’autogouvernement « quasiment démocratique » de l’ensemble des fidèles, et reçoit la mission de discipliner et de contrôler leur conduite de vie25. Dans le détail, les consistoires sont composés de ministres, d’anciens et de diacres dont le nombre varie proportionnellement à la population des fidèles. Les ministres sont responsables du culte et ils exercent la fonction de prêcher et d’administrer les sacrements.
21Il revient aux anciens de surveiller et de sauvegarder la discipline, la moralité et la bonne exécution des tâches qui leur sont confiées, tandis que les diacres se consacrent à la distribution de l’aumône dans les conditions ordinaires et extraordinaires. Le consistoire est amené à traiter des questions relatives à la profession de foi et à la discipline ecclésiastique d’une communauté, mais si pour les premières, il ne peut qu’appliquer les décisions prises par le synode national, il peut résoudre directement les secondes. Si le consistoire ne parvient pas à se prononcer seul, il pourra faire appel aux conseils et à l’expérience des autres communautés, partagés à l’occasion des colloques trimestriels (ou au moins semestriels) et dans les synodes provinciaux une ou deux fois par an.
22Dans les colloques se réunissent quatre ou six Églises, représentées chacune par un ministre et un ancien, tandis que les synodes provinciaux regroupent plusieurs colloques, toujours représentés par un ministre et un ancien. La compagnie est présidée par un ministre qui, choisi à tour de rôle parmi ceux des diverses Églises ou communautés, propose les sujets à traiter, une règle également appliquée dans les synodes provinciaux. Seuls deux ou trois ministres et anciens parmi eux sont envoyés au synode national afin de limiter le nombre des interventions et faciliter les conditions de débat. Ce système, réparti en plusieurs instances, du niveau local au niveau national, apparaît au nonce comme bien structuré et rationnel. Le principe du vote individuel est adopté dans les consistoires, tandis que dans les colloques, les synodes provinciaux et nationaux, on procède en considérant l’avis de chaque Église.
23Après avoir terminé la description du cadre organisationnel, Guido Bentivoglio examine la répartition géographique de la « religion prétendue reformée », selon l’expression des catholiques. Les provinces ne coïncident pas avec celles du royaume, car les huguenots en ont créées plusieurs dans un espace idéalement et physiquement divisé par la Loire26. La partie méridionale qui est selon Bentivoglio « la plus infectée par l’hérésie », comprend le Poitou, la Charente (l’ancienne « Sciantongia » ou Saintonge), la Guyenne, le Languedoc et le Dauphiné. Des députés sont envoyés des seize provinces pour participer aux synodes nationaux, formés essentiellement de ministres (dont le caractère est principalement religieux et cultuel), et aux assemblées générales (aux traits éminemment politiques) où trois types de personnes sont présentes.
24Les provinces recensées sont l’Ile de France, la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, l’Anjou, le Bas-Languedoc, les Cévennes, une partie du Languedoc, le Dauphiné et la Provence. Ce découpage territorial est valable pour les assemblées politiques, mais pas pour les synodes nationaux dans lesquels, par exemple, La Rochelle n’est considérée que comme une ville. La question du Béarn, situé hors des provinces royales, reste à régler pour le nonce car elle est récalcitrante à se soumettre aux règles des édits et à la restitution des biens aux ecclésiastiques27.
25Dans toutes les provinces, il y a plus de sept cents Églises réformées, chacune dotée de ministres. Le calvinisme, au détriment de toutes les autres doctrines, est la seule (secta) admise en France où, selon l’estimation du nonce, sur une population de quinze millions, un peu plus d’un million sont huguenots, estimation légèrement exagérée28.
26Mais la préoccupation majeure de Bentivoglio concerne le projet politique et les véritables intentions des réformés, face auxquelles il exprime sa perplexité dans la deuxième partie de son rapport. Son hypothèse paraît logique : le parti huguenot prône une république populaire par opposition à la monarchie29. Selon le nonce, il s’agit d’une forme de gouvernement fondamentalement différente de l’actuel gouvernement du royaume, qui sape les fondements mêmes du pouvoir royal et n’accepte trêves et compromis qu’en vue d’atteindre une déstabilisation générale.
27Parmi les étapes qui devaient conduire à une coexistence pacifique des deux confessions, il y a d’abord eu l’octroi de deux cents places de sûreté et des chambres mi-parties (dans la majorité des parlements) pour montrer à la minorité huguenote la bienveillance de la monarchie. Henri de Navarre, devenu roi de France, a également accordé aux réformés de se rencontrer dans une assemblée politique générale tous les trois ans afin de désigner quelques délégués, dont deux spécialement désignés pour protéger leurs intérêts et veiller à l’application de la loi par le pouvoir royal. Selon Bentivoglio, ceux-ci ont abusé de leur rôle et de leurs prérogatives, profitant des principes de liberté dont ils étaient les porteurs et les défenseurs (liberté de conscience, de gouvernement et de religion), et ils sont devenus des factieux.
28Ceci s’est aggravé à la mort d’Henri IV quand, lors des étapes fragiles de la succession, les huguenots ont réussi à s’imposer et pérenniser ce qui était transitoire. Ainsi, les conseils provinciaux et les assemblées politiques générales calqués sur le modèle des Provinces-Unies se sont transformés en organes représentatifs du parti huguenot, en interaction avec les autres institutions de l’État. Le risque est d’aboutir à la création d’un conseil supérieur ordinaire qui, comme en Flandres, deviendrait le dépositaire de la souveraineté et le garant de l’union territoriale. Examinant l’aspect politique du projet huguenot, Bentivoglio perçoit le risque d’une dissolution du système monarchique.
29La reprise des relations diplomatiques avec l’Espagne provoque beaucoup d’inquiétude chez les huguenots, qui craignent la perte de l’autonomie locale et le pouvoir aristocratique des États féodaux, toujours en opposition avec la politique unificatrice de la couronne. Le nonce du pape reconnaît clairement ce nœud qui n’a pas encore été résolu depuis des décennies voire des siècles : la répartition du pouvoir entre les seigneurs territoriaux et la figure unificatrice du roi. La question confessionnelle semble également rester en retrait, ou être plutôt escamotée par convenance et intérêt, à cause d’ambitions dynastiques et d’une hésitation entre contrôle et autonomie.
30Du point de vue religieux, le gouvernement politique de la communauté huguenote s’organise sous forme représentative et synodale. Dans chaque province est convoqué un conseil composé des représentants des trois ordres sociaux qui évoquent ceux de l’État : les gentilshommes (semblables aux nobles), les ministres du culte (comme le clergé) et le Tiers-État. Le conseil reste en charge trois ans et s’occupe des affaires politiques, mais en cas de problème, des cercles (la réunion de trois provinces voisines), puis des conseils des autres provinces sont mobilisés, jusqu’à impliquer finalement l’assemblée générale si un sujet concerne tous les huguenots. Cette procédure par étapes a été mise en place à l’occasion du problème de la souveraineté béarnaise, d’abord discuté dans les cercles et finalement porté à l’attention des deux assemblées générales en Béarn puis à La Rochelle30.
31Bentivoglio souligne que la méthode suivie dans les assemblées politiques est la même que dans les assemblées religieuses, de manière à garantir une organisation sans faille et le parfait déroulement des débats. Un président placé à la tête de l’assemblée la convoque avec l’autorisation du roi ou directement sur demande des huguenots, il règle les interventions qui doivent être équilibrées dans le temps et selon la représentation de chaque province, afin que toutes les décisions prises soient avantageuses à la fois pour la seule province et pour l’ensemble d’entre elles.
32En revanche, cette formule, déjà éprouvée, ne s’est pas avérée très efficace, car on se contente d’élire des députés tous les trois ans et d’en nommer six parmi lesquels le roi en choisit deux pour rejoindre son conseil. L’assemblée épuise ainsi sa tâche et se dissout. Le nonce indique que les huguenots ne veulent plus se limiter à cela, mais souhaitent avoir plus de poids dans le choix des deux administrateurs, pouvoir débattre aisément de leurs problèmes et ne pas dissoudre l’assemblée avant d’avoir reçu des réponses satisfaisantes. Le débat porte aussi sur le lieu de la rencontre qui, selon eux, ne peut être choisi que par le roi et qu’ils doivent d’abord considérer comme sûr. Pour cette raison, en l’absence d’alternatives, La Rochelle a souvent été choisie comme place forte imprenable et garantie. Mais c’est toujours au souverain de convoquer des assemblées politiques générales tous les trois ans, et c’est aussi lui qui, officieusement, convoque les assemblées provinciales où sont élus les députés pour les assemblées générales : tout ce qui se passe en dehors de ce périmètre, entre norme et coutume, est une violation des ordres et de l’autorité royaux.
33Encore au début du xviie siècle, Bentivoglio enregistre le grand nombre de places fortes situées dans différentes parties du royaume et que les souverains ont concédées, avant tout pour garantir l’exercice du culte. À côté de ce type de concessions territoriales, s’ajoutent les places de mariage, liées aux places de sûreté et dépendantes d’elles, très disséminées dans les territoires au sud de la Loire. Pour entretenir ces institutions, la couronne investit six cent mille francs par an, un chiffre qui permet de comprendre combien de soldats peuvent être engagés, bien qu’en temps de paix leur nombre diminue et que les fonds soient dépensés par les gouverneurs pour satisfaire leurs propres besoins. Deux cent mille francs sont utilisés pour l’entretien des ministres du culte, une somme qui sert à compenser d’autres dépenses à des fins politiques. La population réformée elle-même est impliquée dans la collecte de fonds pour la subsistance de ses propres institutions, bien que l’on estime que le souverain verse encore trois cent mille francs d’aides et de pensions. La cohabitation confessionnelle a donc un impact direct sur les finances de l’État qui doit prévoir d’inscrire au bilan des charges fixes dans la perspective d’un investissement budgétaire qui devrait garantir un retour dans la fidélité et un maintien de la paix sociale.
34Dans toutes les places, les gouverneurs sont huguenots et désignés par le roi, sauf à La Rochelle qui, n’étant pas une place de sûreté, ne dispose pas d’un gouverneur, mais qui prend la forme d’une république libre grâce à une série de privilèges reçus dans le passé. C’est un lieu où la sécurité des huguenots est garantie avant tout par une position géographique entre terre et mer, défendue par sa morphologie et ses fortifications, et prête à affronter de longues batailles et des sièges.
35De La Rochelle, les huguenots gardent ouvertes les voies de communication avec l’Angleterre, tandis que de Sedan, territoire gouverné par Henri de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon et prince du lieu, ils peuvent rejoindre l’Empire germanique et les Provinces-Unies (désormais sous l’autorité informelle du prince d’Orange) et, via Genève et les cantons suisses, se rendre jusqu’à Berne. Bentivoglio, fort de son expérience comme nonce à Bruxelles, souligne que ces États sont critiques à l’égard du roi christianissimo et, au contraire, favorables aux huguenots. Il estime que ces derniers ont raison de cultiver cette relation, car leurs forteresses ne sont pas équipées pour résister à de longs sièges.
36Pourtant, les meilleurs soldats sont recrutés dans les Cévennes et en Languedoc, deux régions qui garantissent des contributions ponctuelles, malgré les faibles revenus de la population au moment des guerres civiles. Le nonce observe très justement que la force de ces troupes a augmenté en raison des troubles internes aux catholiques français, à tel point qu’elles ne manquent pas une occasion de se rebeller contre le roi, s’associant avec les catholiques les plus turbulents.
37Parmi les principaux représentants du parti huguenot, Bentivoglio mentionne le duc de Bouillon ; Henri II de Rohan (gouverneur du Poitou) ; Henri Ier de La Trémoille ; Maximilien de Béthune, duc de Sully ; François de Bonne (1543-1626), lieutenant général du roi en Dauphiné (1597), seigneur puis duc de Lesdiguières (1611) et pair de France, dernier connétable de France (1622-1626) ; Gaspard III de Coligny, duc de Châtillon et maréchal de France ; Jacques Ier Nompar de Caumont, duc de La Force et gouverneur du Béarn. Bien que tous ces hommes ne soient plus à la tête des provinces, le nonce souligne que tous sont estimés pour leur âge, leur valeur et leur expérience. Il n’en reste pas moins que Bouillon est considéré comme un fraudeur et un transfuge, contrairement à Lesdiguières qui, aux yeux de tous, est un homme sincère et généreux. Mais la discorde se répand parmi les Grands, attisée par les jalousies et l’ambition, à tel point que les autres huguenots ne leur font pas confiance, les ministres alimentant les soupçons de la population contre les responsables, aussi bien qu’entre eux-mêmes et le peuple.
38Le nonce Bentivoglio tire alors une série de conclusions. Tout d’abord, il insiste sur le fait que le calvinisme a introduit le projet d’une sécession à l’intérieur de l’État français, puisque le parti huguenot vise une forme républicaine de gouvernement à établir sur les ruines de l’Église catholique et de la monarchie. L’espoir de l’ecclésiastique et diplomate est une intervention de la Providence divine qui, en protégeant la France, préserverait à la fois l’Église et la monarchie, et éteindrait le parti huguenot. Cet objectif ne peut se concrétiser que grâce à l’intervention de Louis XIII, un succès que le nonce relie à la prédiction faite jadis par son père Henri IV d’un avenir brillant pour son héritier. Du père au fils, le scénario a complètement changé, et le nonce prend soin de se montrer immédiatement solidaire du nouveau dessein politique du jeune Bourbon. Son avis sonne comme une prémonition : la division créée entre les chefs huguenots, dont certains sont critiqués pour leur âge (Lesdiguières est décrit comme décrépit, Bouillon comme vieux et malsain), constitue une fissure interne à l’unité de la cause huguenote.
39Depuis son observatoire privilégié, Bentivoglio s’attache à faire parvenir à Rome des informations au plus près de la réalité, ou du moins de ce qu’il croit en percevoir. Selon lui, le zèle religieux des huguenots diminue, ainsi que la crédibilité de leur doctrine. L’adhésion à leur foi a abouti à la création d’un parti politique qui envisage un gouvernement impie et injuste et qui, miné en lui-même par la violence et la confusion, se fragmente en différents groupes : la noblesse, le peuple et les ministres. Aux yeux du nonce, ces divisions ressemblent à une hydre, un monstre à plusieurs têtes que le roi de France espère anéantir pour faire triompher à nouveau le catholicisme, surtout dans les territoires gagnés au calvinisme et donc profanés par l’hérésie.
40Louis XIII possède toutes les qualités : il est jeune (il vient d’avoir dix-huit ans), jouit d’une excellente santé de corps et d’esprit, et il s’est déjà montré très sensible à la religion catholique en combattant le vice et en protégeant la vertu, en imitant la piété et la justice de saint Louis, son prédécesseur dont il porte le nom. Une bataille et même une guerre nouvelle attendent le roi, mais cette fois-ci, à la différence de l’époque des derniers Valois, la majorité des princes du sang sont catholiques, ainsi qu’une bonne partie des élites, des parlements et des municipalités. Le vent a tourné, et Bentivoglio désire manifester son soutien au courant qui domine.
41Après cette réflexion éminemment politique, Bentivoglio scelle son rapport par une brève note sur le catholicisme en France. Il constate d’abord que l’ensemble de la structure ecclésiastique s’est améliorée pour ce qui concerne les mœurs, la morale, la formation et surtout le choix des candidats à la prêtrise ou à la vie religieuse, désormais plus orientés vers la discipline et la piété. C’est un temps de redressement pour les catholiques, voués au service du souverain et de l’Église, un temps de retour à ces objectifs communs qui ont survécu pendant des siècles et que le nonce, après la parenthèse huguenote, rêve de réanimer avec force et sans délai.
42Bentivoglio quitte Paris en 1621 et assiste de Rome à la suite des événements ; il n’en est plus un protagoniste. En réalité, le parti huguenot reprend les armes lors des guerres de Rohan qui se terminent en 1628 par la prise de La Rochelle, héroïquement défendue, et par l’édit de Nîmes de 1629 qui réaffirme l’octroi des libertés religieuses déjà prévu par celui de Nantes, tout en confisquant les places de sûreté.
43Ainsi finit le parti politique des huguenots qui, pendant plus d’un demi-siècle, a inquiété la monarchie française, mais certaines tensions avec l’aristocratie demeurent. L’histoire du protestantisme français, qui dans ses premières décennies avait coïncidé avec celle des huguenots, commence à s’en distinguer sous Louis XIII sans jamais s’en détacher complètement : le nom de « huguenots » continue à désigner les protestants français de façon polémique, mais leur mouvement politique se dissout peu à peu31.
44Cardinal de la sainte Église romaine, nonce et protecteur de France, Guido Bentivoglio accompagne son point de vue d’une mine d’informations qui, sans être originales, répondent à l’aspiration d’objectivité qui caractérise l’action diplomatique et que cette Relation veut laisser transparaître32. La richesse de connaissances que recèlent ses œuvres, publiées ou manuscrites, stimule de nouveaux approfondissements, à partir de sa correspondance encore largement inédite. C’est le même Bentivoglio, à la fois humaniste, distingué et politicien avisé, personnalité au parcours exceptionnel, qui donne le goût d’aller puiser à d’autres sources pour la connaissance de cette première moitié du xviie siècle.
Annexe
Breve relazione degli ugonotti di Francia fatta dal cardinal Bentivoglio in tempo della sua nunziatura appresso il re christianissimo Luigi XIII inviata a Roma alla santità di papa Paolo V sotto li 7 di novembre 1619. In occasione dell’ultima assemblea generale dei medesimi ugonotti in Ludun33
L’heresia de nostri tempi cominciò a nascere sotto il re Francesco I, andò crescendo, ma quasi lacerante sotto Arrigo II si manifestò in publico et prese forza nella tenera età di Francesco II, et s’augmentò poi grandemente et come per tutto il regno sotto la puerizia di Carlo IX ne crebbe, ne diminuì in tempo di Enrigo III. Dalla Lega naque danno più tosto che benefizio alla religione et finalmente Enrigo IV doppo esser succeduto alla Corona con l’asse, stanco dei pericoli della guerra et desideroso d’avicinarsi meglio per le vie della pace, stabilì affatto la libertà della conscienza et concesse ad altri vantaggi grandi in favore degli ugonotti del regno. Per fazione entrò principalmente l’heresia in Francia et per fazione vi s’è mantenuta et non si può dubbitare che sotto il pretesto di poter havere libere le coscienze gli ugonotti non habbino introdotto nello Stato una separazione dallo Stato.
Questa separazione apparisce in due modi, l’uno nelle cose che han riguardi alla religione et l’altro in quelle che riguardano direttamente lo Stato. Nelle prime gl’ugonotti han formato di già intieramente un governo a parte alla toleranza del quale è stato necessario che per la celerità dei tempi concessa l’autorità regia con vari editti. Nelle seconde si vede ch’essi hanno il medesimo fine il quale è di formare similarmente un governo popolare politico a parte che sia altrettanto contrario alla monarchia temporale del re quanto l’altro è contrario alla monarchia spirituale della Chiesa.
Consiste l’uno e l’altro di questi governi in radunarle di moltitudine et parlando prima del governo della chiesa loro (per usar questo nome sì impropriamente et si profanamente usato da loro) essi hanno le radunanze di ciascuna chiesa a parte de più chiese insieme, di quelle di una provincia intiera e di quelle finalmente che sono sparse per tutto il regno, le prime si chiamano col nome di concistori, le seconde de colloqui et l’altre col nome de sinodi provinciali e di sinodi nazionali.
I concistori sono composti di ministri, d’anziani e di diaconi, che sono più e meno in numero secondo che sono maggiori o minori le chiese. I ministri fanno l’officio di predicare o di amministrare quei sacramenti che sono ricevuti fra gli heretici in Francia. Gli anziani sopraintendono a molte cose che hanno riguardo alla disciplina et al contener le persone nell’offizio et i diaconi a distribuir l’elemosine ogni settimana per ordinario et più spesso ancora secondo l’occorrenze. Il concistoro suole adunarsi le più voci prevagliono nel risolver le materie e tutte le materie si ridducono o alla professione della fede o alla disciplina ecclesiastica. In quelle che toccano alla professione della fede non si può risolver niente senza l’autorità del sinodo nazionale, ma in quelle che riguardano la disciplina, il concistoro quando non può risolvere da se medesimo entra in communicazione con l’altre chiese vicine per via di colloqui et sinodi provinciali et perciò a questo fine i colloqui si tengono di tre mesi in tre mesi o almeno due volte l’anno et i sinodi provinciali ogn’anno una o due volte al più.
I colloqui sono composti di quattro o sei o più chiese et i sinodi provinciali sono composti a proporzione parimente di più colloqui. Per quest’ordine dunque passano le materia, cioè da concistori ai colloqui e dai colloqui ai sinodi provinciali et finalmente dai sinodi provinciali ai nazionali che si tengono per ordinario da due anni in due anni.
Dai concistori sole andare un ministro et un anziano ai colloqui et il medesimo numero dalle chiese di ciascuno colloquio ai sinodi provinciali, ma che tutto un sinodo provinciale suole poi solennemente esser inviato un numero di due o tre ministri o d’altrettanti anziani al sinodo nazionale per non far troppo grande il numero di quelli che vi debbono intervenire.
In ciascuno collegio presiede un ministro al quale spetta proporre le materie e si va mutando l’ordine di far che preceda scambievolmente hor una chiesa, hor un’altra et ciò si fa non solo nei colloqui, ma nei sinodi provinciali per ritener l’equalità alchè si ha riguardo sopra ogni cosa. Nei concistori le voci seguitano le persone, ma nei colloqui e nei sinodi provinciali e nazionali le voci seguitano il numero delle Chiese e non quello delle persone perché l’esser più o meno in nome di una Chiesa non fa se non una voce di quella Chiesa. Nei sinodi nazionali la consacrazione dipende hora da una, hora dall’altra provincia, et sono convocati hor in questa, hor in quella secondo la congiunzione de tempi e l’occasione delle materie.
Nel dividere le provincie gl’ugonotti non hanno seguitato l’ordine della divisione commune di quel regno, ma d’una essi ne hanno fatte molte, e di molte una secondo che la Francia è più infetta d’heresia in questa che in quella parte. Le più infette provincie sono di là del fiume Leyra che divide quasi per mezzo la Francia e tra quelle particolarmente il Poitu, la Sciantogna, la Ghinea, la Linguadoca et il Delfinato. In questi tempi l’ugonotti dividono la Francia in sedici provincie e conforme il numero di queste provincie s’inviano i deputati ai sinodi nazionali che si formano di soli ministri et alle assemblee politiche generali che si formano di tre ordini di persone come più in particolare si dirà in altro luogo. Le provincie dunque sono le seguenti, cioè l’Isola di Francia, Borgogna, Normandia, Bretagna, Angiù, Berri, Poitu, Sciantogna, la Roccella, Bassa, Ghinea, Alta Linguadoca, con l’Alta Ghienna, Bassa Linguadoca, le Sevene che è una porzione di Linguadoca, Vinarese porzione pur anche di Linguadoca, Delfinato e Provenza. Nella qual divisione si vede che della Linguadoca fanno quattro provincie, della Ghienna una e mezza, e della Roccella, che è una sola Città fanno un intiera provincia il che segue però solennemente nell’assemblee politiche generali poiché nei sinodi nazionali non è connumerata la Roccella se non per una semplice città. La sovranità di Bearne è una con altre provincie, ma non come provincie della corona di Francia, non havendo voluto entrare in questo numero per non sogettarsi agli editti, in virtù de quali saria bisogno venir alla restituzione de beni che in quel Paese sono ritenuti alle persone ecclesiastiche.
Tutte la Chiese ugonotte che sono sparse per le provincie possono assicurare al numero di settecento et si possono contare l’una per l’altra due ministri per ciascheduna. In tutte viene seguitata la dottrina di Calvino, anzi per evitare la moltiplicità e confusione de tutte sette, non viene permessa in Francia se non la setta sola de calvinisti et quanto al numero degli ugonotti lo fa conto che di quindici milioni di habitanti che contiene la Francia ve ne sia un milione o poco più de ugonotti. E tanto basti haver detto brevemente del primo punto che ha riguardo il governo degli ugonotti in materia di religione.
Intorno all’altra separazione di governo nelle cose che riguardano lo Stato, si vede chiaramente che gli ugonotti cospirano a formare un governo come si è detto di republica popolare che direttamente s’opponga alla monarchia. Da principio furono concedute loro alcune piazze per haverli tanto più il sospetto che si volesse far resistenza contra di loro in materia di religione, et fu promeso ancora che di tre in tre anni potessero tenere un’assemblea politica generale per nominar alcuni loro deputati, due de quali havessero a stare in Corte per trattar gli affari di tutto il loro corpo et procurare l’esecuzione degli emissari regi secondo il tenore dei medesimi editti.
Ma essi abusando sempre più ogni clemenza e benignità del sommario lor principe hanno notato facea in modo le cose, che hanno lor mai convertito del tutto i lor primi pretesti di libertà di coscienza, in disegni di libertà di governo et ogni materia di religione in prattiche evidentissime di fattione.
Ciò s’è manifestato sempre più doppo la morte del re defunto perciò nella sua novità del re presente, gli ugonotti valendosi d’una così favorevole congiuntura, hanno introdotto di propria licenza il tener li circoli all’uso delle libertà di garanzia, il far permanenti e stabili i consigli di ciascheduna provincia all’uso delle Provincie Unite di Francia [sic] et finalmente il conciocar di propria autorità l’assemblee politiche generali a fine di prevenire per quel che si può comprendere a formarse una de deputati di tutti il corpo, che pur anco sia permanente et stabile et che rapresenti il medesimo corpo in visione et sommanità. Il che non sarebbe altro che instruir un consiglio superio ordinario a similitudine pur di quello delli Stati generali delle medesime Provincie Unite de Fiandra, dal qual Consiglio viene rappresentata sempre viva et sperante la sovranità della loro unione.
Consiste dunque il governo politico degli ugonotti in radunaze di moltitudine come parimente l’altro delle loro Chiese nel modo che si è mostrato di sopra. In ciascheduna provincia essi hanno un consiglio composto di tre ordini di persone cioè di gentilhomini, di ministri, e di persone del Terzo Stato, e questo consiglio di suol mutare di tre anni, in tre anni. Nel medesimo consiglio si trattano gli affari loro politici che vanno accorrendo di mano in mano et in queste radunanze ecclesiastiche quando già occorresse, che ci intervenga alcun stabile per qualche occasione che lo richiegga.
Ma se un affare è di grande importanza e che una sola provincia non lo possa risolvere da se stessa, la provincia interessata ricorre al circolo, et chiama le provincie più vicine conprese sotto quel circolo, et sepur anche non potesse quel circolo risolver quello che bisognasse per l’importanza della materia, chiamasi un altro circolo, et così un altro, sinchè viene alla convocazione della assemblea generale intiera quando la materia è si grande che debba trattarsi et risolversi con l’interposizione et authorità de tutto il corpo degli ugonotti. I circoli non sono più che tre, ciascuno di loro sotto di sè comprendendo un numero di province, e gli ugonotti hanno introdotto questi circoli per poter unir insieme tanto più presto hor una parte, hor un’altra di provincie conforme al bisogno et tanto più presto bisogno l’assemblea generale il che si è veduto particolarmente quest’anno nell’affare du Bearne, per occasione del quale prima andarono gli ugonotti di circolo in circolo e poi finalmente si radunarono in assemblea generale due volte, la prima in Ortes nel medesimo paese du Bearne e la seconda nella Roccella.
Nel convocare e tenere l’assemblee politiche servano l’istesso ordine che servano nelle radunanze ecclesiastiche così nel constituire un presidente come nella pluralità delle voci e nel regolare una egualità esattissima, sì che una provincia non possa aquistar alcuna prerogativa sopra dell’altra. Venuta l’assemblea generale o si tenga con permissione del re o si chiami dall’ugonotti d’autorità propria, si trattano prima negli consigli di ciascheduna provincia le materie proprie della medesima provincia la quale invia poi li suoi deputati che sono di tre ordini sopra detti all’assemblea generale, dove con authorità commune di tutto il corpo si pigliano le resoluzioni che bisognano in risguardo così di ciascheduna provincia, come del corpo generale di tutte.
Ma nelle passate assemblee che si sono tenute nella debita forma, altro non si faceva, come si accennava di sopra dagli ugonotti, ne altro era loro permesso di fare che di eleggere li deputati per tre anni sino al tempo della nuova assemblea generale al qual fine essi nominavano sei persone et il re poi ne scieglieva due, et fatta questa deputazione et messe insieme in pochi giorni le domande che loro occorreva di fare al re si separavano subito e rompevano l’assemblea.
Hora da qualche tempo in qua pare che pretendono di non voler nominare se non due soli deputati o almeno non consentire dopo se non a quei due che siano più de loro gusto affinché il re non habbia parte nella loro deputazione non vogliono haver tempo prefisso di pochi giorni a far proporre le dimande e non vogliono separarsi nè finir l’assemblea se prima non hanno risposta e sodisfazione sopra le dimande proposte. Onde è avvenuto che non si reputando gli ugonotti sicuri per i modi loro contumaci nel luogo dove s’assembleava si teneva, poiché per anche bisogna che il luogo sia loro assignato dal re, essi l’hanno trasportata di propria licenza da un luogo all’altro dove essi han giudicato star più sicuri. Et finalmente quando non hanno potuto far altro, l’hanno ridotta nella Roccella che è l’asilo più principale delle loro licenze et impunità.
Le assemblee dunque generali politiche di tre anni in tre anni sono permesse dal re agli ugonotti quando si tengono nella debita forma et al fine accennate di sopra e per conseguenza purché sia permesso anco all’hora tacitamente il radunarsi prima insieme gli ugonotti in ciascheduna provincia per poter ciaschuna di loro inviar i suoi deputati all’assemblea generale. Tutto il resto eccede la permissione regia anzi è contro gl’ordini e l’authorità espressa del re.
Hanno gli ugonotti un gran numero di piazze in varie parti del regno che di tempo in tempo con termini limitati i re hanno dato loro in governo per assicurargli maggiormente, come si è detto di sopra, da ogni fonte, che potessero tenere in materia di religione e però si chiamano piazze di sicurezza, alle quali ne sono poi state aggionte dell’altre che si chiamano di maritaggio, come maritate in certa maniera con le prime e come dependesti dai loro presidi non essendosi voluto assegnar presidi a queste di maritaggio. Di qua dalla Loyra gli ugonotti hanno pochissime piazze, ma dall’altra parte ne hanno un gran numero e con maggiori e minori presidi secondo la qualità delle piazze e delle persone che si hanno in governo. Tirano da re il denaro che bisogna per pagare e detti presidi che può montare a seicento mila franchi ogni anno et a proporzione della qualifica di questo denaro, si può far il conto della quantità dei soldati che sono mantenuti in detti presidi se bene ne restano quasi del tutto senza o almeno con pochissimi soldati le piazze di sicurezza in tempo di pace conoscendo all’hora ciaschedun governatore questo denaro pubblico in suo profitto particolare. Tirano altri duecento mila franchi sotto nome di aiuto di poter sostenere i loro ministri, ma di questo denaro tocca ai ministri la minor parte essendo impiegato ordinariamente in altre spese cha han riguardo ai fini politici degli ugonotti, esportando il principal peso del loro sostentamento il popolo ugonotto col contribuire quanto può bastare per quest’effetto et oltre a queste somme communi, si può dir di tutto il corpo degli ugonotti, si fa conto che il re dispensi da trecento mila altri franchi in varie pensioni particolari fra loro.
In tutte le piazze loro di sicurezza son constituiti dal re i governatori, ma bisogna che siano ugonotti. La Roccella però non è piazza di sicurezza, nè vi è governatore alcuno in nome del re. Governasi la Roccella quasi da sé medesima e quasi in forma de repubblica libera col pretesto di molti privilegi havuti dai re passati. Onde appena riconosce l’authorità reggia e per riconoscerla meno e per poter pervenire a maggior libertà si congiunse da principio e si è ristretta sempre più in fazione con gli ugonotti. Ma se bene la Roccella non è piazza di sicurezza, non dimeno in lei consiste una delle maggiori sicurezze degli ugonotti, si forte è il suo sito di terra e di mare, si forte ma stessa per natura e per arte et si abbondantemente provista di tutto quello che può esser di bisogno ad una potente e lunga difesa.
Per via della Roccella hanno gli ugonotti corrispondenza continua in Inghilterra per via di Sedan, terra forte che è in mano del duca di Buglione, l’hanno in Germania e nelle Provincie Unite di Fiandra et l’haveranno hora maggiore col Principe d’Oranges per via d’Oranges, e per via di Ginevra l’hanno grandissima non solo con a città medesima di Geneuvra, ma con i Cantoni heretici delli Sgrizzeri e particolarmente con quello di Berna che è il più potente et il più vicino a Geneuvra. Questi quattro luoghi dunque son altrettanto perniciosi alle cose del re quanto sono profittevoli a quelle degli ugonotti. Nel resto le piazze loro di sicurezza servono più di strepito che di forza essendo quasi tutte di poca considerazione di modo che poche aspetterebbero l’assedio.
Nell’occasioni delle turbolenze levano i megliori soldati dai luoghi montuosi delle Sevene in Linguadoca e mettono insieme denari all’hora per via delle proprie loro contribuzioni e delle represaglie di quei dell’entrate regie et per tutte l’altre strade che suole aprir il disordine e la confusione delle guerre civili. L’audacia particolarmente li rende forti e lo star in perpetue machinazioni, ma sopra tutto le discordie et i movimenti che spesso nascono fra il corpo catholico della Francia, non perdendo essi mai congiuntura che si presenti contro il re o di ricevere in fazione li turbolenti catholici o di unirsi in fazione con loro.
I più grandi fra gli ugonotti sono i duchi di Buglion, di Roan, della Tramaglia e Signi, il maresciallo di Dighieres, Sciataglione e La Forza. Roan è governatore di Poitu, Dighieres luogotenente del re in Delfinato, ma con si grand’autorità che si può quasi più tosto chiamar signore che luogotenente regio di quella provincia, La Forza è governatore del paese di Bearne e gli altri ancorchè non habbino possesso di province sono molto stimati non di meno per molte altre considerazioni. Buglion e Dighieres per età, per valore e per esperienza sono homini di grandissimo credito sebene Buglione è tenuto per huomo fraudolento e di poca fede, là dove Dighieres è stato sempre in opinione di homo generoso e sincero.
Fra questi grandi regnano continue gelosie e l’ambizione li porta spesso a disegni mal ricevuti dagli altri. Onde gli altri ugonotti non se ne fidano molto et i ministri in particolare fomentano i sospetti e nel popolo contro i grandi e nei grandi contro il popolo per far maggiore e più potente in questa maniera il partito lor proprio ministeriale et ciò basti intorno al secondo punto.
Delle cose narrate di sopra si può dunque concludere di nuovo che l’heresia habbi introdotta nello stato di Francia una separazione dello Stato et si può insomma concludere che la fazione ugonotta aspiri manifestamente a repubblica e che habbia disegno di pervenirvi su le rovine della Chiesa e della Monarchia. Ma si può sperare che finalmente Dio protettore delle cause della Francia in maniera che la Chiesa e la Monarchia debbano restar conservate e la fazione ugonotta estinta. E che a questo successo sia riservato il presente re come più volte il re suo padre medesimo ne fece a diversi la predizione. Dighieres è decrepito, Buglion vecchio e malsano, fra gli altri grandi regnaranno sempre varie discordie. Il zelo di religione diminuisce oggi di più negli ugonotti come di più il credito della dottrina Et si vede che la religione ha degenerato hormai intieramente in fazione e la fazione che è fondata sopra un governo empio et ingiusto, pieno di violenza e di confusione che è divisa se vien ben considerata più tosto in tre fazioni che unita in una sola, formandone separatamente una la nobiltà, un’altra il popolo et un’altra i ministri che è appoggiata a forze si debboli che non hanno mai havuto, né hanno sossistenza alcuna considerabile in loro medesime. Questa fazione dico o questa Hidra per meglio dire di più fazioni bisognarà finalmente che cada estinta et si può tener per sicuro che il presente re sia per riportare la gloria di questo successo e cha sia per renderne a Dio le grazie su quegli altari che farà erigere di nuovo alla vera Chiesa in quelle parti del suo regno dove gli ha profanati l’heresia et indegnamente abbattuti. All’incontro il re si trova nel primo fiore degli anni e dotato d’una conplessione eccellente di corpo e di animo, et si vede, che in quest’anni più giovanili è portato manifestatamente da Dio a far guerra al vizio et a proteggere la virtù e sopra ogni cosa ad imitar la pietà e la giustizia del gloriosissimo re San Luigi, il cui nome ritiene e dal cui sangue discende.
I Principi del sangue et gli altri Principi sono tutti ora cattolici come anco sono quasi tutti cattolici gli altri signori più grandi del regno, sono cattolici tutti i parlamenti, cattoliche le città più principali del medesimo regno. L’ordine ecclesiastico megliora sempre più di costumi, di lettere e di persone che si vanno applicando alla disciplina et alla pietà. Il corpo cattolico si riunisce ogni dì meglio et sempre meglio va cospirando al servizio della Chiesa e del re, et finalmente si deve credere che la Francia doppo tanti secoli di unità di governo, mai non potrebbe consentire di havere alcun altro che quello dell’antica et una Chiesa et del solo suo certo, antico, e sovrano monarca.
Notes de bas de page
1 Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg [BNUS], ms. 1806, Breve relazione degli ugonotti di Francia fatta dal Cardinal Bentivoglio (…). Le texte est reproduit ci-dessous en annexe.
2 Aux Archives apostoliques du Vatican (AAV), l’exemplaire original de cette relation n’est pas présent dans le Fondo Borghese, tandis que l’Index 162 de l’Inventaire Garampi la mentionne avec le titre précis de Relazione degli Ugonotti di Francia 7 novembre 1619. À ce propos, je remercie Gianfranco Armando des AAV.
3 Pour sa biographie : Alberto Merola, « Bentivoglio, Guido », dans Dizionario Biografico degli Italiani, 8, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 1966, p. 634-638 ; Alberto Clerici, « Ragion di Stato e politica internazionale. Guido Bentivoglio e altri interpreti italiani della Tregua dei Dodici Anni (1609) », Dimensioni e problemi della ricerca storica, n° 2, 2009, p. 187-223 ; Eva-Bettina Krems, « “... comprotecteur de mes affaires en cour de Rome ”. Anthonis van Dycks
Porträt des Kardinals Guido Bentivoglio », Zeitschrift für Kunstgeschichte, t. 76-3, 2013, p. 315-332 ; Marco Ciatti, Silvia Benassi, Oriana Sartiani, « Lo strano caso del Ritratto del cardinale Guido Bentivoglio di Antoon van Dyck », OPD Restauro, t. 28, 2016, p. 130-149.
4 Eduard Fueter, Histoire de l’historiographie moderne, Paris, F. Alcan, 1914, p. 156.
5 Raffaele Belvederi, Guido Bentivoglio e la politica europea del suo tempo (1607-1621), Padoue, Liviana, 1962.
6 Rengenier C. Rittersma, « Le orrecchie sì piene di Fiandra. Famiano Strada (1572–1649) und Guido Bentivoglio (1577–1644) und ihr Interesse am niederländischen Aufstand », Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, t. 89, 2009, p. 263-284 ; Dieter Kempkens, « Guido Bentivoglios „Della Guerra di Fiandra” und die europäische Zeitgeschichtsschreibung über den niederländischen Aufstand (1598-1648) », Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, t. 100, 2020, p. 313-348.
7 Les dépêches et correspondances envoyées de France ont été rassemblées et éditées par : Luigi De Steffani (éd.), La nunziatura di Francia del cardinale Guido Bentivoglio. Lettere a Scipione Borghese, Florence 1863-1870, 4 vol.
8 Olivier Poncet, « Les cardinaux protecteurs des couronnes en cour de Rome dans la première moitié du xviie siècle : l’exemple de la France », dans Gianvittorio Signorotto, Maria Antonietta Visceglia (dir.), La Corte di Roma tra Cinque e Seicento. “Teatro” della politica europea, Rome, Bulzoni, 1998, p. 466-477 ; Sylvio De Franceschi, La Crise théologico-politique du premier âge baroque. Antiromanisme doctrinal, pouvoir pastoral et raison du prince : le Saint-Siège face au prisme français, 1607-1627, Rome, École Française de Rome, 2009, p. 541-677.
9 Stefano Tabacchi, « Rucellai, Luigi », dans Dizionario Biografico degli Italiani, 89, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2017, p. 78-81. Sur la régente : Id., « Maria de’ Medici, regina di Francia », dans Dizionario Biografico degli Italiani, 70, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2008, p. 205-218 ; Id., Maria de’ Medici, Rome, Salerno, 2012, p. 174-275.
10 Les Relations du Cardinal Bentivoglio traduites et dédiées à Monseigneur de Noyers, Paris, Charles Roüillard, 1642, p. 290-311. En général : Raymond A. Mentzer et Bertrand Van Ruymbeke (dir.) A Companion to the Huguenots, Leyde, Brill, 2016 ; Yves Krumenacker et Olivier Christin (dir.), Les Protestants à l’époque moderne. Une approche anthropologique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.
11 Joseph Dedieu, « Henri de Rohan et les guerres de Religion », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 22, n° 95, 1936, p. 145-168 ; Henri Dubled, « Le duc Henri de Rohan et la révolte des protestants du Midi jusqu’à la paix d’Alès (1617-1629) », Annales du Midi, t. 99, n° 177, 1987, p. 53-78.
12 Biblioteca civica Gambalunga, Rimini, ms. 485, fol. 245 r°-251 v°, Breve Relatione degli Ugonotti di Francia fatta dal Card.le Bentivoglio, in tempo della sua Nuntiatura, appresso il Re Christianissimo Luigi XIII. Je suis en train de procéder à la collation des manuscrits existants et des versions imprimées.
13 Auguste Lerosey, Loudun, histoire civile et religieuse, Loudun, Librairie Blanchard, 1908, p. 62-82.
14 Sur les débuts des guerres de Religion : Hugues Daussy, Le parti huguenot. Chronique d’une désillusion (1557-1572), Genève, Droz, 2014.
15 Edwin Bezzina, « The Consistory of Loudun, 1589-1602: Seeking an Equilibrium between Utility, Compassion and Social Discipline in Uncertain Times », dans Raymond Mentzer, Françoise Moreil, Philippe Chareyre (dir.), Dire l’interdit. The Vocabulary of Censure and Exclusion in the Early Modern Reformed Tradition, Leyde, Brill, 2010, p. 239-271 ; Id., « “La foi sans les œuvres est inutile” : Les protestants de Loudun et la pratique de la charité (1589-1685) », dans Céline Borello (dir.), Les œuvres protestantes en Europe, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 133-147.
16 Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, « Les collèges français, xvie-xviiie siècles. Répertoire 1 – France du Midi », Histoire de l’éducation, t. 10-1, 1984, p. 376.
17 Edwin Bezzina, « Caught between King, Religion, and Social Ambition: Marc-Antoine Marreau De Boisguérin and His Family (ca. 1560-1680) », Sixteenth Century Journal, t. 39-2, 2008, p. 331-356.
18 Jacques-Auguste de Thou, La Vie de Jacques-Auguste de Thou (I. Aug. Thuani vita), éd. Anne Teissier-Ensminger, Paris, Honoré Champion, 2007 ; Yves Krumenacker, « Les nobles, protecteurs du peuple protestant en France (1598-1685) », dans Ariane Boltanski, Franck Mercier (dir.), Le Salut par les armes. Noblesse et défense de l’orthodoxie xiiie-xviie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 195-208.
19 William Monter, « Concini, Concino », dans Dizionario Biografico degli Italiani, 27, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 1982, p. 725-730 ; Gianandrea de Antonellis, « La “Sferza” di Giovan Battista Marino nella polemica antiugonotta », Testo. Studi di teoria e storie della letteratura e della critica, t. 29, 2010, p. 37-51.
20 La citation est tirée du manuscrit de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), érudit aixois et conseiller du Parlement de Provence, actuellement conservé à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, ms. 1799, fol. 492-496.
21 Eugène et Émile Haag, La France protestante, Paris, Joël Cherbuliez, t. 4, 1853, p. 559.
22 L. De Steffani (éd.), La nunziatura, op. cit, t. 3, p. 610 : « Di Parigi, li 7 novembre 1619. Dopo il mio ritorno da Tours a Parigi ho avuto un poco più d’ozio del solito, onde ho potuto fare la congiunta relazione intorno alle cose degli Ugonotti qui di Francia, conforme all’ordine ch’io ne ho ricevuto da Vostra Signoria illustrissima mentre io ero in Tours. Ho cercato di farla breve e chiara il più che ho potuto, affinch’ella possa leggerla comodamente e vedere, in sostanza, tutto quello che occorre in tale materia. Il che ho giudicato che sia per essere caro a Vostra Signoria illustrissima, in questa occasione, particolarmente dell’assemblea che gli Ugonotti tengono ora in Ludun, la quale potrebbe, forse, cagionare in Francia effetti di gran conseguenza ».
23 Andrei Constantin Salavastru, « The discours of resistance in Huguenot political thought. The role of the estates general », Meta, t. 9-2, 2017, p. 654-680.
24 Hugues Daussy, Les huguenots et le roi. Le combat politique de Philippe Duplessis-Mornay (1572-1600), Genève, Droz, 2002 ; Paul-Alexis Mellet, Les Traités monarchomaques. Confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600), Genève, Droz, 2007 ; Andrei Constantin Salavastru, « The theory of contractual monarchy in the works of the Huguenot monarchomachs », Meta, t. 10-2, 2018, p. 512-539.
25 Raymond A. Mentzer, La construction de l’identité réformée aux xvie et xviie siècles : le rôle des consistoires, Paris, Champion, 2006.
26 Yves Krumenacker, « La formation des provinces synodales protestantes dans la France moderne », dans Susanne Rau et Gerd Schwerhoff (dir.), Topographien des Sakralen. Religion und Raumordnung in der Vormoderne, Munich, Dölling und Galitz Verlag, 2008, p. 120-133.
27 Véronique Castagnet-Lars, « Clergé protestant et clergé catholiques face à la “souveraineté de Béarn” (xvie-xviie siècles) », Parlement[s]. Revue d’histoire politique, t. 6-3, 2010, p. 29-43 ; Philippe Chareyre, « Le Béarn, terre d’expérimentation de la Révocation », Lengas [En ligne], 70 | 2011, mis en ligne le 17 avril 2014, consulté le 22 mars 2022. URL : http://journals.openedition.org/lengas/361 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lengas.361. La « question du Béarn » a bénéficié d’une historiographie solide à partir de : Pierre-Édouard Puyol, Louis XIII et le Béarn : le rétablissement du catholicisme en Béarn, la réunion du Béarn et de la Navarre à la France, Paris, E.-L. de Soye et fils, 1872 ; Léon Cadier, Les États de Béarn depuis ses origines jusqu’au commencement du xvie siècle, Paris, Imprimerie nationale, 1888 ; Pierre Tucoo-Chala, La vicomté de Béarn et le problème de sa souveraineté des origines à 1620, Bordeaux, Imprimerie Bière, 1961.
28 Philip Benedict, « La population réformée française de 1600 à 1685 », Annales ESC, n° 6, 1987, p. 1433-1465.
29 Gaston Bonet-Maury, « Le Protestantisme français et la République aux xvie et xviie siècles : 1598-1685 », Bulletin de la SHPF, t. 53-4, 1904, p. 364-384.
30 L’édit de mainlevée (restitution) des biens ecclésiastiques en faveur de l’Église catholique de septembre 1617 ne sera appliqué qu’après le rattachement de la principauté à la France, par la chevauchée de Louis XIII de 1620 : « Plusieurs mesures purent inciter les protestants à se convertir au catholicisme. Ces derniers comprirent qu’il en allait de leur place au sein des institutions béarnaises pour le service du roi. En 1617, le roi de France obtint la promulgation d’un édit de mainlevée stipulant les modalités de restitution des biens ecclésiastiques catholiques » (Véronique Castagnet, « Ordonnances ecclésiastiques et confessionnalisation : le Béarn de Jeanne d’Albret et Henri de Navarre », dans Véronique Castagnet, Olivier Christin, Naïma Ghermani (dir.), Les affrontements religieux en Europe du début du xvie au milieu du xviie siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 231-243).
31 Sur le lien entre mémoire et histoire, voir Philip Benedict, Hugues Daussy, Pierre-Olivier Léchot (dir.), L’identité huguenote : faire mémoire et écrire l’histoire (xvie-xxie siècles), Genève, Droz, 2014.
32 Karl Masseroni, « Il giudizio “in pectore” di un intellettuale erede degli antichi signori di Bologna : il cardinal Guido Bentivoglio », Strenna storica bolognese, t. 39, 1989, p. 309-325.
33 BNUS, ms. 1806. Le manuscrit a été écrit par une seule main avec une écriture calligraphique typique du xviie siècle. Pour sa transcription, j’ai adopté des critères qui proposent une médiation entre le manuscrit et le lecteur d’aujourd’hui. J’ai respecté l’écriture, mais avec quelques changements : l’usage moderne des accents, apostrophes et ponctuation ; j’ai développé les abréviations et corrigé quelques erreurs ; j’ai respecté les paragraphes originaux.
Auteur
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Simona Negruzzo
Université de Bologne

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