Péché d’Adam, péché originel :
La petite musique des catéchismes diocésains (France xviie-xviiie siècles)
Adam's sin, original sin: The little music of diocesan catechisms (France 17th-18th centuries)
p. 23-50
Texte intégral
1Les travaux sur les catéchismes français de l’époque moderne ne sont pas très nombreux. Le chanoine Hézard leur avait consacré la troisième partie de son étude1. Mettant en évidence la circulation de modèles qui inspiraient les évêques lorsqu’ils décidaient la publication d’un nouveau manuel pour leur diocèse, il suggérait une ébauche de généalogie des catéchismes diocésains2. À ma connaissance, cette tentative n’a trouvé de prolongation que dans le très précieux catalogue issu des enquêtes conjointes menées à l’Institut catholique de Paris et à la Bibliothèque nationale3. Il permet de confirmer et préciser l’affirmation du premier, que « plusieurs évêques n’ont fait qu’adopter pour leur catéchisme diocésain celui qu’un autre diocèse avait déjà expérimenté »4. Quelques « manuels » paraissent avoir connu un succès institutionnel qui les distingue des autres : le catéchisme de Soissons (1716) repris à Arles, à Boulogne-sur-Mer, à Grasse, à Laon, au Puy-en-Velay, à Lectoure, à Sens et à Vienne ; viennent ensuite celui de Rouen (1730) repris par les diocèses de Bayeux, de Cahors, de Dijon, de Lisieux et de Sens, et celui de Meaux (1687) repris à Châlons-en-Champagne, à Grenoble, à Lisieux, à Mâcon et à Mirepoix. Mais peut-être convient-il d’être plus attentif encore à certains catéchismes qui connurent de très nombreuses rééditions, marque d’une diffusion encore plus large et indépendante de leur adoption officielle dans d’autres diocèses : connurent un large succès, celui de Joachim de La Chétardie, publié initialement en 1688 pour le diocèse de Bourges et réédité plus de vingt-cinq fois5 ; celui de Claude Joly pour le diocèse d’Agen en 1668, qui eut une trentaine d’éditions jusque dans les années 17606 ; celui de Bossuet pour le diocèse de Meaux avec un nombre équivalent d’éditions entre 1687 et 17817 ; celui de Languet de Gergy pour le diocèse de Sens avec vingt-huit éditions8. Mais le « best-seller » reste probablement le catéchisme de Montpellier, sous l’autorité de Charles-Joachim Colbert : au moins cent dix-sept éditions entre 1702 et 17889.
2D’ultimes statistiques achèveront de justifier le recours aux catéchismes pour mesurer la place et le sens du péché originel dans la culture religieuse portée par la pastorale : sur le long terme, leur production connaît une croissance spectaculaire. La décennie 1670 marque le véritable début des catéchismes diocésains avec au moins 45 publications. La dernière décennie de l’Ancien Régime en voit paraître trois fois plus : au moins 146. Les cinq décennies de 1730 à 1779 représentent une période de hautes eaux : respectivement 78, 87, 93, 85 et 94 publications10. Cette croissance quasi continue de la production traduit probablement la constance avec laquelle les autorités, épiscopale d’abord, royale ensuite, veillent depuis les dernières décennies du xviie siècle à l’accomplissement de ce devoir pastoral11. Elle reflète aussi un besoin : celui de fournir le matériel pédagogique non seulement aux curés et aux paroisses, mais aussi à un nombre croissant de petites écoles au cours du xviiie siècle. Ces manuels constituent probablement le vecteur le plus diffusé du savoir théologique minimum requis par la pastorale, et aussi celui dont la présence auprès des fidèles est la plus régulière et permanente : « Le catéchisme n’est pas une chose indifférente dans un Diocèse : c’est le canal ordinaire par où la connaissance de la Religion passe dans tous les esprits : c’est le livre le plus nécessaire, le plus populaire, le plus répandu et par conséquent le plus digne d’attention », écrivait un bourgeois de Sens en 173312. Il paraît donc légitime de les examiner pour comprendre en quoi le dogme du péché originel peut façonner ce que l’on pourrait appeler « l’anthropologie commune » des catholiques de la seconde modernité et quelle place il tient dans l’économie générale de leur représentation du monde, on pourrait dire : de leur « épistemè ».
3Les études historiques les plus récentes se sont attachées surtout aux méthodes catéchétiques, à la forme de ces livres et à leur taille qui varie considérablement selon le public visé, à leur contenu en s’intéressant particulièrement à leur plan et à la manière dont ils organisent la présentation de la doctrine chrétienne, plus rarement à certains contenus théologiques13. Force est de reconnaître que le caractère lapidaire des catéchismes diocésains qui visent d’abord à endoctriner au sens étymologique du terme, la brièveté et la grande homogénéité de leurs définitions qui évacuent en apparence toute possibilité de débat, n’invitent guère à une étude théologique approfondie. À ma connaissance, aucune de ces études n’aborde la question du péché originel. Cette absence est-elle significative, et de quoi ? Ce point de la théologie a-t-il jusqu’à présent paru peu digne aux historiens modernistes de prendre place dans leur questionnement ? Ou bien faut-il n’y voir que le juste reflet d’un désintérêt de la pastorale de cette époque, et dans quelle mesure refléterait-elle alors le discours des théologiens contemporains ? Pour répondre à ces questions, j’ai opéré un sondage dans une douzaine de catéchismes diocésains, les uns représentant des « best-sellers » du genre, les autres reproduisant des modèles assez largement diffusés ou, au contraire, témoignant de l’autonomie épiscopale en la matière14. À cette sélection qui paraît assez représentative du genre, ont été joints quatre catéchismes « privés » afin d’établir ponctuellement une comparaison avec l’autre genre principal des catéchismes à l’époque moderne : dans l’ordre chronologique des éditions françaises utilisées, ceux de Bellarmin15, de Louis de Grenade16, de Claude Fleury17. Enfin, un catéchisme pour enfants produit par la Compagnie de Jésus et imprimé à Lyon au début du xviie siècle18.
4Dire que le péché originel occupe peu de place dans les catéchismes de notre corpus19, en termes de bibliographie matérielle, est un euphémisme, même si cette part est extrêmement variable : de 0,15 % du nombre de pages dans le Petit catéchisme de Besançon (1746) à 10 % dans « l’Abrégé de la foi » du Catéchisme de Montpellier (édition de 1722). Il faut aussitôt souligner que ce dernier apparaît tout à fait exceptionnel : mis à part « l’Abrégé de l’Histoire sainte » qui clôt le manuel grenoblois de 1786 en consacrant à la faute du premier couple, une page entière sur quinze (soit 6,67%), dans aucun cas on ne trouve plus de 4,5 % d’un catéchisme qui lui soit dédiée. Dans plus de la moitié des cas, cette part n’excède pas 2 %. Elle varie également, y compris dans un même recueil diocésain, selon le niveau du catéchisme : le plus souvent, la part du péché originel y croît en proportion inverse de la taille du manuel. Le catéchisme de Mgr de Beauvau à Nantes (édition de 1723) en fournit une excellente illustration : dans le Troisième catéchisme qui, par sa taille (491 pages), s’adresse à un public adulte et familier de la lecture, voire aux curés ou aux prêtres chargés de la catéchèse, les développements sur le sujet occupent un peu plus de quatre pages, soit 0,8 % du manuel, dans le Catéchisme pour les jeunes enfants (16 pages) 3,12 %, dans l’Abrégé de la foi (4 pages) 4 %, et dans le Second catéchisme (95 pages) 4,2 %. Le contraste est encore plus flagrant dans les Devoirs du Chrétien publiés par Claude Joly pour le diocèse d’Agen (édition de 1677) : 8,33 % de l’Abrégé de la doctrine chrétienne (soit une page sur douze) lui sont consacrés, mais seulement 0,26 % des Devoirs proprement dits (soit une page sur 383). Dans notre corpus, seul celui de Meaux (édition de 1698), inverse les proportions : 1,85 % dans le Premier catéchisme, 3,28 % dans le second. L’écart est faible. On le retrouve, quoique inversé, dans le catéchisme de Claude de Saint-Georges pour le diocèse de Lyon (édition de 1715) : 1,7 % pour le Catéchisme des jeunes enfans, 1,10 % pour le Catéchisme des enfans qui ont communié ou sont en état de communier. Un premier constat semble donc se dessiner : le péché originel est un élément incompressible de la doctrine, alors même que son expression est réduite au minimum nécessaire quels que soient le format et le public des manuels de catéchisme. Il en résulte que les manuels les plus sommaires, ceux pour le public le plus jeune, lui donnent plus de place que les traités plus développés qui accordent plus d’importance à d’autres points qui requièrent l’adhésion, et surtout paraissent plus aisés à développer. Paradoxalement, cette place discrète conforte les propos de Jean Delumeau sur la centralité du péché du premier couple dans le christianisme moderne20. Tout se passe comme si le péché originel devait être cru sans poser de questions, parce qu’elles n’ont de toute façon pas d’autre réponse que : « c’est ainsi ». Aucune évolution chronologique significative ne se dégage de notre corpus : si l’on ne considère dans leur première édition que les quatre manuels qui auront le plus de succès par la suite, celui de Montpellier (1701 et 5,6 % sur l’ensemble du recueil) fait écho à celui d’Agen (1668 et 4,3 %), tous deux encadrent ceux, contemporains, de Meaux (1687 et 2,5 %) et de Bourges (1688 et 2,15 %).
5Cette pesée globale, quelle que soit la pertinence du constat auquel elle aboutit, ne suffit pas et demande à être à la fois affinée et complétée par une analyse plus approfondie de l’économie générale des manuels. Le nombre d’occurrences du thème du péché originel donne une indication de la fréquence avec laquelle le lecteur croisera le sujet. Ou plus exactement, un catéchisme ne se prêtant pas le plus fréquemment à une lecture cursive, elle fournira une indication des chances qu’aura le lecteur d’être ramené au mythe fondateur, au sein d’une lecture soit aléatoire du recueil, soit déterminée par l’interrogation du moment. Dans les deux cas, cette fréquence renvoie à la plus ou moins grande centralité du péché originel dans la présentation de la doctrine. Cet examen fournit un curseur qui permet de situer les catéchismes sur cette échelle de 1 à 10, selon le nombre des occurrences :
Nombre d’occurrences | Catéchismes |
1 | Sens (1669), Verdun (1684) |
2 | Grenoble (1712) |
3 | Lyon (1715) |
4 | Bordeaux (1747) |
5 | Agen (1677), Bourges (1703), Besançon (1746) |
6 | Nantes (1723), Bayeux (1753), Toul (1777) |
7 | Montpellier (1722) |
8 | Grenoble (1786) |
9 | Aucun manuel |
10 | Meaux (1698) |
6La correction la plus évidente apportée par ce classement concerne le Catéchisme de Montpellier dont nous avons déjà remarqué que le pourcentage de ses pages consacrées à la faute du premier homme le distingue nettement des autres volumes de notre corpus. Œuvre de l’oratorien François-Aimé Pouget, composé à la demande de Charles Joachim Colbert qui sera l’un des quatre évêques appelants de 1717, il est pour cette raison considéré habituellement comme le catéchisme de référence des jansénistes du xviiie siècle. Et les idées reçues sur le pessimisme janséniste, qui ont la vie dure, pourraient conduire à ne pas s’étonner de son intérêt particulier pour la faute d’Adam, qui a fait le malheur du genre humain en le condamnant à sa condition mortelle. Cependant, même s’il est l’un de ceux qui reviennent le plus souvent sur le sujet, il est nettement distancé par le recueil de Bossuet. Et si l’on considère seulement les catéchismes de perfectionnement, les plus développés, il se trouve, avec cinq occurrences, dans le même groupe central que ceux de Bourges, de Nantes, de Bayeux et de Grenoble (1786). En revanche, les catéchismes de Toul (six occurrences) et de Meaux (dix occurrences dont sept dans le manuel de perfectionnement) se dégagent plus nettement. Mais leur lecture laisse une impression très différente. Les sept mentions de Bossuet se réduisent au strict nécessaire : le péché originel se fait entendre à plusieurs reprises, il est toujours en arrière-plan et rappelé plus souvent à l’attention du lecteur mais sans s’attarder, sans s’appesantir. En revanche, Mgr Drouas de Boussey, évêque de Toul de 1754 à 1773, est à l’origine du manuel qui, dans notre corpus diocésain, traite du péché originel avec le plus de précision. Les leçons XIII à XVI de la première partie lui sont dédiées (« Du péché d’Adam et Eve », « De la punition d’Adam et Eve », « Du péché originel », « Suite des effets du péché originel »), là où le Catéchisme de Montpellier ne consacrait que deux leçons à « Adam et Eve et leur péché » puis à la « Punition d’Adam et Eve. Péché originel ». Or, Claude Drouas n’est pas réputé avoir été particulièrement janséniste ni jansénisant. La présentation qui est donnée du péché originel ne constituerait donc pas forcément le marqueur discriminant d’une tendance théologique ou d’une sensibilité religieuse.
7Cette impression est confirmée par l’examen du discours catéchétique, aussi bien en ce qui concerne la sémantique que la localisation des explications sur le péché originel dans le plan des manuels. Notre survol rapide et partiel confirme les conclusions que Jean de Viguerie tirait de l’examen d’une dizaine de catéchismes diocésains, tous différents de notre sélection, à l’exception de celui de Meaux21. Les catéchismes du xviie siècle suivent peu ou prou un plan en trois parties principales, inspiré de Canisius. On y retrouve, dans l’ordre et indépendamment des variantes toujours possibles22, l’exposé sur les trois vertus théologales au sein duquel l’explication du symbole des Apôtres est intégrée au passage sur la Foi, puis celui sur les commandements de Dieu et, le plus souvent, ceux de l’Église, enfin la présentation des sept sacrements. Les évêques du xviiie siècle semblent avoir souvent pris plus de libertés et cherché « à faire un catéchisme original »23 si bien que l’on pourrait difficilement dégager un modèle dominant, au-delà du constat qu’ils commencent systématiquement par la présentation des grands « Mystères » du christianisme : Trinité, Incarnation, Rédemption. Il semble cependant que, par exemple avec les Devoirs du Chrétien de Claude Joly pour le diocèse d’Agen, un plan en partie dérivé de celui de Canisius, ait connu un succès durable24 : « Ce que le Chrétien est obligé de croire », « Ce que le Chrétien est obligé de faire », « Ce que le Chrétien doit éviter », « Ce que le Chrétien doit recevoir », « Ce que le Chrétien doit demander », plan repris au xviiie siècle avec de multiples variations. De même, le Catéchisme de Montpellier ne présente qu’une variante de l’organisation canisienne : la première partie correspond à un exposé des Mystères, la seconde traite à la fois des vertus et des commandements, la troisième des sacrements et de la prière.
8Pour notre propos, il suffira de constater que les demandes et réponses sur le péché originel trouvent plus fréquemment et plus logiquement leur place dans certaines parties que d’autres. L’explication du Symbole des Apôtres donne lieu le plus généralement à quelques demandes et réponses à ce sujet, mais l’occasion de l’évoquer varie. Claude Joly en traite de façon assez elliptique pour la première fois à propos du quatrième article du Symbole : « Qui a souffert sous Ponce Pilate, qui a été crucifié, est mort et a été enseveli », de même que Bossuet dans la leçon III de sa deuxième partie sur les vertus théologales, dans laquelle il rassemble l’explication des huit premiers articles du Symbole. En revanche, La Chétardie en traite dès le premier article, à propos de la création de la Terre qui est l’occasion de traiter de la « création de l’homme et de sa chute ». Ce dernier parti correspond à celui de Pouget pour le Catéchisme de Montpellier : les deux leçons consacrées au péché d’Adam et Ève viennent après celles sur la Création.
9Le deuxième « lieu » où le péché originel est évoqué, le plus souvent très rapidement, est le baptême : seuls deux catéchismes de notre corpus ne relient pas le baptême à la restauration de l’homme dans son innocence première, ceux de Sens (1669) et de Verdun (1684), ce dernier se présentant comme un abrégé. La formulation utilisée par Claude Joly (Agen, 1677), probablement inspirée de catéchismes antérieurs, se retrouve quasiment à l’identique dans les autres volumes de notre corpus :
D. Pourquoy le baptesme est-il le plus necessaire de tous les sacrements ?
R. Parce qu’on ne peut être sauvé sans être baptisé.
D. Est-il aussy necessaire aux petits enfans ?
R. Ouy, c’est le baptême qui enlève le péché originel, avec lequel nous venons au monde25.
10La plupart des auteurs ajoutent à ce premier effet essentiel du baptême, le second, selon la formule le plus souvent reprise, empruntée ici au Catéchisme de Bordeaux : « Le baptême est un sacrement qui efface le péché originel & qui nous fait chrétiens, enfants de Dieu et de l’Église26. » Curieusement, c’est dans son Premier catéchisme, et non pas dans le Second, pourtant conçu pour « ceux qui sont plus avancés », que Bossuet revient à deux reprises sur le fait que le baptême ouvre la voie au salut. Dans la leçon XIII consacrée aux sacrements en général :
D. Qu’est-ce que le baptême ?
R. C’est un sacrement qui nous fait chrétiens et enfants de Dieu
D. Ce sacrement est-il nécessaire aux petits-enfants ?
R. Oui, pour effacer en eux le péché originel avec lequel nous naissons tous27.
11Puis il y revient de façon plus explicite dans la leçon XVII entièrement consacrée au seul baptême, soulignant l’idée de renaissance à une nouvelle vie28 :
D. Qu’est-ce que fait le baptême en celuy qui est baptisé ?
R. Il le nettoie du péché originel et des autres péchés qu’il peut avoir commis depuis sa naissance, s’il a atteint l’usage de la raison29.
D. Que fait encore en nous le saint baptême ?
R. Il nous fait enfants de Dieu et nous donne droit au Royaume des Cieux, comme à notre vrai héritage.
[…]
D. Pourquoi appelle-t-on le baptême une seconde naissance ?
R. Parce qu’il efface le péché que nous avions apporté en naissant au monde, et nous donne une nouvelle vie30.
12Le troisième « lieu » du péché originel se niche assez naturellement mais pas systématiquement, dans les chapitres ou les leçons sur le péché : il est alors défini en premier lorsqu’est présentée la typologie des péchés, avant les péchés mortels et les péchés véniels qui font le plus souvent l’objet de développements beaucoup plus longs. Le manuel de Bellarmin consacre six chapitres au péché (chapitres XVI à XXI), dont un entier au péché originel (chapitre XVIII), mais il n’en a pas traité auparavant, sinon, et encore de manière implicite, dans le chapitre sur le baptême. La plupart des catéchismes diocésains se contentent ici d’être brefs, car ils ont déjà défini le péché originel, soit dans l’explication du Symbole des Apôtres, dans la partie de « ce qu’il faut croire », soit dans les premiers chapitres consacrés aux Mystères, le récit de la création de l’homme et de sa chute précédant ceux sur l’Incarnation et la Rédemption. Ainsi, dans son Second catéchisme, Bossuet se montre très bref dans la quatrième leçon (« Du péché et de la justice chrétienne ») de sa quatrième partie (« Des commandements de Dieu et de l’Église ») parce qu’il en a déjà précisément traité dans sa première partie sur « les premiers principes de la religion » : « D. Qu’est-ce que le péché originel ? R. C’est celuy que nous apportons dès notre origine, c’est à dire en naissant31. »
13Les pages suivantes dénotent une certaine originalité : plutôt que de détailler la typologie des péchés mortels et véniels, l’évêque de Meaux consacre une leçon aux « péchez d’omission », une aux « sept péchez capitaux » (topique de la plupart des catéchismes ») et une à « la tentation » et à « la concupiscence » qui développe la doctrine catholique sur un point de controverse majeur aussi bien avec les Protestants qu’en interne avec les tenants de l’Augustinus. En revanche, bien qu’il ait déjà consacré huit pages à la création de l’homme et à sa chute, dans la première partie de son catéchisme, La Chétardie (Bourges 1703) y revient encore dans la quatrième partie (« ce que nous devons éviter »). La première sous-partie, intitulée « Instruction sur le péché » est divisée en dix paragraphes dont le deuxième livre en un peu plus d’une page, une synthèse sur le péché originel et sur la « convoitise ». Cette répartition répond à la distinction que tous les catéchismes ne font pas explicitement, parce qu’elle est relativement subtile, entre « péché d’Adam » traité avec le récit de la Création et « péché originel », perversion native héritée du premier. Le Catéchisme de Bourges la présente en termes clairs :
D. Qu’est-ce que le Péché originel ?
R. Celui que nous avons hérité de notre premier Père & que nous portons en venant au monde.
D. Quand le contractons-nous ?
R. Au moment que notre âme s’unit à notre corps dans le sein de nos Mères32. D’où vient que les Saints ont regardé le jour de leur naissance comme un jour d’affliction, et non de joie, suivant la remarque des premiers Docteurs de l’Eglise33.
14La métaphore de la maladie se poursuit encore dans les réponses suivantes : « D. Quel est le remède au Péché originel ? R. Le baptême, dans lequel le Sang de notre divin Réparateur nous purifie de cette vieille lèpre ». La scène du péché d’Ève est encore rappelée à propos de la tentation, lorsque la Chétardie en définit les causes :
Il y en a trois : 1. le Monde, 2. Le Diable, 3. La chair. Le monde est la pomme ; la chair, Eve ; le Diable, le Serpent : Ainsi tout péché est une réitération du premier et les mêmes excuses subsistent : le Serpent m’a trompé ; la Femme m’a séduit ; le mauvais exemple m’a entraîné. Telles sont les feuilles de ce vieux figuier dont les enfants d’Adam pallient encore leurs crimes, & cachent leur nudité, ouvrant leurs yeux, pour voir le bien qu’ils ont perdu & le mal qu’ils ont fait. Qu’aurait fait Adam, si Dieu touché de sa pénitence, l’eût remis dans le paradis & dans sa première dignité ? C’est où nous en sommes par la grâce du Sauveur ; que ne devons-nous donc pas faire quand la suggestion se renouvelle34 ?
15Les catéchismes, en situant l’essentiel des explications sur le péché originel dans leurs premiers chapitres, donnent donc à voir clairement le rôle de ce mythe fondateur : sans le récit de la chute, les Mystères chrétiens perdent tout fondement. Les récits du premier péché se terminent toujours sur la promesse faite à Adam du salut en la personne du Rédempteur. Il y a donc un lien nécessaire, ontologique, entre péché d’Adam, péché originel et Incarnation. Les catéchismes insistent volontiers sur la déréliction de l’humanité après le péché, à la fois par contraste avec la béatitude de la vie dans l’Eden avant la tentation fatale, et pour glorifier la mission rédemptrice du Christ. Le Catéchisme de Toul, l’un des plus tardifs de notre corpus (1777), est aussi l’un de ceux qui insistent le plus sur les conséquences de la chute, en les énumérant au fil d’une petite dizaine de pages, en termes identiques pour décrire la condition du premier couple expulsé du Jardin, et celle des hommes en raison de l’héritage qu’ils apportent au monde en naissant : d’une part « les peines du corps » : « les travaux pénibles, la faim, la soif, le chaud, le froid, les douleurs, les maladies, la mort & beaucoup d’autres », d’autre part « les maux de l’âme », tous subsumés sous deux principaux : d’une part « l’ignorance à l’égard de l’entendement » (c’est-à-dire « la privation de la connaissance claire que l’on aurait eue de Dieu, de soi-même et de ses devoirs »), d’autre part « la concupiscence dans la volonté » (c’est-à-dire « l’inclination déréglée qui nous porte à aimer ou à rechercher les biens de la terre, les honneurs et les plaisirs des sens au préjudice de nos devoirs »)35. Quant à la nécessité du « Médiateur », du « Rédempteur » ou encore du « Sauveur » en la personne du Fils de Dieu pour sortir les hommes de leur soumission au Démon, elle est une évidence qui s’impose, dans des termes proches, à travers tous les catéchismes :
D. Etoit-ce une chose absolument nécessaire que les hommes eussent ce Rédempteur et ce Médiateur ?
R. Oui. Sans ce Médiateur ils étoient perdus à jamais comme les démons.
D. De quel caractère devoit être ce Médiateur ?
R. Il devoit être Dieu & homme tout ensemble : sans cela il n’auroit pas été capable de satisfaire à Dieu pour les pechez des hommes36.
16Le seul doute théologique perceptible entre les catéchismes, ne concerne évidemment pas la nécessité de l’Incarnation, mais celle de la Passion comme unique voie possible de la Rédemption. Ce serait peut-être l’un des principaux discriminants entre des catéchismes que l’on pourrait dire « rigoristes » ou « doloristes » et d’autres plus soucieux de célébrer la bonté de Dieu. Et force est de reconnaître que ce « rigorisme » l’emporte largement, peut-être pas toujours là où une culture théologique, peut-être un peu superficielle, pourrait l’attendre37, et sans qu’une évolution chronologique ne se dégage avec netteté. Depuis le Catéchisme de Louis de Grenade jusqu’à celui de Nantes (1723), la majorité des manuels de notre corpus manifestent le souci d’affirmer la nécessité de la Passion du Christ. Le Catéchisme de Mgr Alleman de Monmartin (Grenoble, 1712) est l’un des diocésains qui s’y attarde le plus, dans sa treizième leçon (« Que le Médiateur devoit être Dieu & Homme » qui suit celle « De la chute d’Adam & du péché originel » : on y démontre que nul autre que le Christ, Dieu et homme, ne pouvait satisfaire à Dieu pour l’énormité de la faute originelle, devenue celle de tous les hommes :
D. Pourquoi ce Médiateur devoit-il être homme ?
R. Afin de pouvoir souffrir & mourir en la place des hommes.
D. Pourquoi ce Médiateur devait-il être Dieu ?
R. Afin que la dignité de sa Personne rendit ses souffrances & sa mort d’un prix & d’un mérite infini.
D. Un Ange ou un Homme n’auroit-il pas pu satisfaire à Dieu pour le péché des Hommes ?
R. Non, toutes les créatures ensemble ne pouvoient lui satisfaire.
D. Pourquoi toutes les créatures ne pouvoient-elles satisfaire à Dieu ?
R. Parce que toutes les créatures ne pouvoient offrir à Dieu une satisfaction égale à l’injure que les Hommes lui avoient faite.
D. Faut-il que la satisfaction soit égale à l’injure ?
R. Oui, c’est ce qu’on appelle satisfaire.
D. Que falloit-il donc pour satisfaire à la justice de Dieu pour le péché des Hommes ?
R. Il falloit offrir à Dieu une satisfaction égale à l’injure que les Hommes lui avoient faite par le péché.
D. Que falloit-il, afin que la satisfaction fut égale à l’injure que Dieu avoit reçûë par le péché ?
R. Il falloit offrir à Dieu une satisfaction qui fut d’un prix infini.
D. Pourquoi falloit-il que la satisfaction fut d’un prix infini ?
R. Parce que l’injure ou l’offense que les hommes avoient commise contre Dieu, étoit infinie.
D. Comment l’injure ou l’offense que les Hommes avoient commise contre Dieu, étoit-elle infinie ?
R. Parce que cette injure ou cette offense attaque la Majesté infinie de Dieu & que la grandeur d’une injure ou d’une offense se mesure par la grandeur de la personne qui est offensée38.
17Dans cette perspective, la faute d’Adam détermine complètement la Passion du Christ : celui-ci est, pour ainsi dire, condamné à la Croix par le premier homme. Mû par la nécessité ontologique de la faute et de sa gravité, Dieu n’est plus libre et donc, n’est plus tout-puissant. C’est peut-être pour préserver le premier attribut divin, celui qui est énoncé dès le premier article du Symbole, que certains auteurs, envisagent que la rédemption aurait pu passer par un autre canal que le sacrifice du Fils de Dieu. Partant, ils se soumettent à l’exigence de rendre compte des souffrances du Golgotha. Claude Joly pose la question dès son manuel pour le diocèse d’Agen. Après avoir reconnu que, par sa Passion, le Christ avait satisfait « en rigueur à la justice de son Père », il ajoute qu’il l’avait également fait « pour nous témoigner l’excès de son amour & pour nous exciter à l’aimer ». Puis il pose l’hypothèse :
D. Etoit-il nécessaire que nostre Seigneur endurast toutes ces peines & qu’il mourust en Croix pour nous racheter ?
R. Non, il pouvoit racheter tous les hommes avec une seule goutte de son sang & une seule parole.
D. Comment notre Seigneur pouvoit-il racheter tous les hommes avec une seule parole ?
R. Parce qu’estant Dieu, toutes ses actions estoient d’un mérite infini39.
18Mais la question des raisons du choix divin, celui de la mort dans l’ignominie et les souffrances, n’est pas posée. Le lecteur est donc ramené à la première proposition ; celle de la satisfaction « en rigueur » à la justice de Dieu. Il est probable que le Catéchisme d’Agen a inspiré plus tard Jean-Baptiste de La Salle dans ses propres Devoirs du Chrétien, et plus tard encore, les Catéchismes de Toul (1777) et de Grenoble (1786). Le manuel adopté par l’évêque de Verdun à la fin du xviie siècle, tout en posant lui aussi l’hypothèse de la « Rédemption à moindre coût », apporte une réponse à la question que les autres curieusement ne posent pas. Cette réponse se déploie en deux temps. D’une part, le Christ a non seulement choisi de mourir « pour nous montrer son amour, exciter le nôtre envers luy & nous donner une grande horreur du péché ». D’autre part, il a choisi de souffrir « comme jamais homme vivant n’a tant souffert, soit dans le corps, soit dans l’âme… pour nous donner un admirable exemple de patience ». La réponse est empreinte de stoïcisme40.
19En 1668, alors que va s’amorcer la « crise de la conscience européenne », on publie encore la traduction du Catéchisme de Louis de Grenade, dans lequel un chapitre entier est consacré à la démonstration toute scolastique : « Combien ce que la Religion chrétienne nous enseigne du péché originel est conforme à la lumière de la raison41. » Mais au tournant des xviie et xviiie siècles, cette position n’est plus aussi aisément tenable. Aucun de nos catéchismes diocésains ne prétend plus rendre compte rationnellement du mythe du péché originel. Certes, comme l’écrit Jean Delumeau, le péché originel constitue l’explication apportée au problème du mal : « nous avons expliqué l’énigme », proclame Bossuet dans l’oraison funèbre de Louise de La Vallière42, à l’instar des philosophes chrétiens contemporains tels que Malebranche43. Mais cette explication, pour nombre d’auteurs de catéchismes, dès le dernier tiers du xviie siècle, demeure inexplicable et ils n’hésitent pas à le dire. Elle est l’un des ces Mystères sur lesquels se fonde le christianisme sans qu’il soit possible d’en rendre compte rationnellement, et en l’occurrence, comme l’écrit encore Jean Delumeau, « une sorte de deus ex machina utilisé à tout instant comme raison ultime et définitive de tout ce qui va mal dans notre univers »44. Il ne leur reste donc plus qu’une alternative. La première solution est celle de l’argument d’autorité, bien exprimé avec sa brutale simplicité par Pouget dans le Catéchisme de Montpellier qui pose l’objection moderne :
D. Comment se peut-il faire que nous naissions coupables d’un péché commis depuis tant de siècles ?
R. Dieu l’a révélé : cela nous suffit. Nous devons le croire, sans qu’il soit nécessaire d’examiner si nous le comprenons ou non45.
20L’autre « solution » est de s’en tenir fermement à la proclamation du triomphe de la foi sur la raison et d’aboutir au célèbre dialogue de sourd auquel se livreront Jean-Jacques Rousseau et Christophe de Beaumont après la publication de l’Émile en 1762 : « Le péché originel explique tout sauf son principe et c’est ce principe qu’il s’agit d’expliquer46. » Elle est formulée par La Chétardie pour le manuel du diocèse de Bourges : « D. Le péché originel est-il aisé à comprendre ? R. Non, mais sans cette connaissance, l’Homme est quelque chose de plus incompréhensible47. » Et les catéchismes en restent-là, ignorant superbement les remises en cause que les notions de péché et péché originel subissent au siècle des Lumières. Il ne reste donc plus qu’à chanter, avec les disciples de Jean-Baptiste de La Salle, célébrant Noël et la naissance du Médiateur :
Adam déchu par son crime
Avait changé notre sort,
Le monde était la victime
Du démon, de la mort.
Mais, ô faute salutaire,
Crime illustre et glorieux,
Qui nous donne un Dieu pour frère
Et qui fait les hommes Dieu.
La paix succède à la guerre,
Dieu se déclare pour nous,
Et du bonheur sur la terre,
Le Ciel doit être jaloux48.
Annexe
Tableau I : le poids du péché originel dans le discours catéchétique
Catéchisme | Localisation du péché originel | % |
Catéchismes privés | ||
Petit catéchisme Lyon 1619 | Leçon III (2 Questions, 2 Réponses, 45 mots) ; Leçon XV (1Q1R, 17 mots) ; Leçon XVI (1Q1R, 32 mots) soit environ 1 p. sur 31. | 3,23 |
Bellarmin 1620 | Chapitre XVII sur 22 soit 4 pages sur 367. | 1,09 |
Louis de Grenade 1668 | Troisième partie : chap. II à VI, chap. XXVI § 1, troisième traité dialogue I soit 19 p. sur 118 ; Quatrième partie : chap. III et IV soit 5 p. sur 166 ; Total catéchisme : 24 p. sur 617 ; Abrégé du Catéchisme : troisième partie chap II et III soit 5 p. sur 208. | 3,89 2,40 |
Fleury 1683 | Première partie (Abrégé de l’Histoire sainte), Leçon II sur 29 soit 1 p. sur 62 ; Seconde partie (Abrégé de la doctrine chrétienne), Leçon IX sur 39 et 4 lignes soit 1/7 p. sur 5. | 1,62 0,24 |
Catéchismes diocésains | ||
Sens 1669 | Leçon VI sur 44 soit 3 p. sur 132. | 2,27 |
Agen 1677 | Abrégé de la doctrine chrétienne : Leçon V soit 1 p. sur 12 ; Les devoirs du Chrétien : Première partie, Instruction VI (1/5 p.), Instruction XIII (1/2 p.) ; Troisième partie, Instruction I (2Q2R) ; Quatrième partie, Instruction II (1Q1R) soit 1 p. sur 383. | 8,33 0,26 |
Verdun 1684 | Leçon VI sur 14, 2 pages sur 79. | 2,53 |
Meaux 1698 | Premier catéchisme : Leçons IV ( ½ p.) et XVII (2/3 p.) sur 54 ; Second catéchisme : - L’Histoire sainte : Leçon II sur 8 (1 p.) ; - 1ère partie Doctrine Xne : Leçons III, IV, V sur 6 (5 p.) ; - 2de partie Doctrine Xne : Leçon III (1Q1R) et Leçon VII (2Q2R) sur XII (1/2 p.) soit 6,5 p. sur 183. | 1,85 3,28 |
Bourges 1703 | Première partie : Leçon I, § 8 (6,5 p.) ; Deuxième partie : Leçon IV (1Q 1R, 1/6 p.) ; Quatrième partie : § 2 (1 p. ¼) et § 9 (1Q1R, ¼ p.) soit 7 p. sur 724 ; Sommaire des vérités de la foi (1/5 p. sur 6). | 0,97 3,33 |
Grenoble 1712 | Première partie : Leçons X à XIV soit 5 Leçons sur 131, et 10 p. sur 512. Abrégé pour les petits enfants : Leçon VIII sur 19 (1 p. ¾ sur 36). | 1,95 5 |
Lyon 1715 | Catéchisme pour les jeunes enfants : Leçons X (1Q1R, 1/6 p.) et XI (1Q1R, 1/6 p.) ; Catéchisme des enfants qui sont en état de communier : chapitre IV Leçon II soit 1 p. sur 91. | 1,7 1,10 |
Montpellier 1722 | Première partie : Leçons VI à IX (5 p. ½ sur 134) ; Abrégé du catéchisme pour les petits enfants : Leçon IV (1 p. sur 33) ; Abrégé de la Foi : p. 169-170 (1 p. sur 10). | 4,1 3 10 |
Nantes 1723 | Catéchisme pour les petits enfants : ½ p. sur 16 ; Second catéchisme : Leçon VI (4 p.), Leçon XVIII ( ¼ p.) soit 2 Leçons sur 39 et 4 p. ¼ sur 95 ; Troisième catéchisme : Leçon V (4 p.), Leçon II (1/4 p.) soit 4 p. ¼ sur 491 ; Abrégé de la foi : 4 lignes (1/6 p. sur 4 p.). | 3,12 4,5 0,8 4 |
Besançon 1746 | Abrégé : Leçons II (1Q1R) et IV (1Q1R) soit ¼ p. sur 9 et 2 Leçons sur 6 ; Petit catéchisme : Partie II, Instruction XVII (2Q2R) et Partie III Instructions II et III (2Q2R) soit ¼ p. sur 160 et 3 Instructions sur 70. | 1,2 0,15 |
Bordeaux 1747 | Leçon IX (4Q4R ½ p.) ; Leçon XI (1 ligne) soit ½ p. sur 104. | 0,48 |
Bayeux 1753 | Abrégé de la doctrine chrétienne : Leçons VIII (1Q1R) et XIX (2Q2R) sur 22 soit ½ p. sur 24 ; Catéchisme ou Abrégé de la foi : chapitre III, Leçons III (2 p.), V (2Q2R), ch. IV, Leçon II (2Q2R), ch. VIII, Leçon I (1 p .) soit 3 chapitres sur 10 et 3,5 p. sur 231. | 4,17 1,5 |
Toul 1777 | Première partie, Leçons XII à XVI (9 p.) ; Deuxième partie, Leçon XLIII (1Q1R) ; Troisième partie, Leçon III B (1,5 p.) ; soit 6 Leçons sur 138 et 10,5 p. sur 316. | 3,32 |
Grenoble 1786 | Abrégé de la doctrine chrétienne : Leçon V (1 p. sur 38) ; Abrégé de la doctrine chrétienne : 2Q2R ; Les devoirs du Chrétien : Première partie : Instruction VI (1/5 p.), Instruction XIII (1/2 p.) Troisième partie, Instruction I (2Q2R) soit 1 p. sur 431 ; Abrégé de l’Histoire sainte : § 2 (1 p. sur 15) soit 3 p. sur 602. | 2,6 0,23 6,67 0,5 |
Tableau II : les occurrences du péché originel dans l’économie des catéchismes
Petit catéchisme Lyon 1619 | Trois occurrences : - Leçon III sur la vie et la Passion du Christ (entre la Leçon sur l’Incarnation et celle sur la Résurrection et la Pentecôte) ; - Leçon XV sur le péché, entre la Leçon sur la confession et celle sur la contrition et l’attrition ; - Leçon XVI sur l’attrition et la contrition, qui précède la dernière sur la préparation à la communion. |
Bellarmin 1620 | Trois occurrences : - Chapitre III sur le Credo (entre Chapitre sur le signe de croix et celui sur l’oraison dominicale), pour expliquer la raison de la Passion du Christ ; - Chapitre X (entre celui sur les conseils évangéliques et celui sur les vertus en général) à propos des effets du baptême ; - Chapitre XVII qui lui est consacré entièrement, entre celui sur les vices et les péchés en général, et celui sur le péché mortel. |
Louis de Grenade 1668 | Neuf occurrences : Catéchisme ou introduction au Symbole de la Foy : - Troisième partie, Chapitres II à VI : « Combien ce que la Religion chrétienne nous enseigne du péché originel est conforme à la lumière de la raison », « Pourquoy il a plu à la bonté immense de Dieu de donner des remèdes aux maux de l’homme et de laisser le diable en son obstination », « Que ny l’Homme, ny l’Ange, ny aucune autre pure créature ne pouvoient dans la rigueur de la justice satisfaire pour la debte commune du genre humain », « Que dans la rigueur de la justice le Fils de Dieu seul pouvoit acquitter la debte du genre humain & que ce moyen a esté très convenable pour nous obtenir cette grâce », « Combien la manière de la satisfaction faite par nostre Sauveur, a de proportion & de conformité aux lois de la justice » ; - Quatrième partie, Chapitres III et IV : « En quel estat l’homme a esté réduit par le péché », « De la première espérance de salut qui nous a esté donnée après le péché » ; Abrégé du catéchisme : troisième partie, Chapitres II et III : « Du rapport qu’il y a entre l’œuvre de la rédemption & celle de la création », « Du mal qui est commun à tous les hommes & de leur chute malheureuse dans Adam ; Que la doctrine du péché originel sert pour découvrir combien estoit nécessaire l’Incarnation & la Passion de nostre Seigneur qui y ont apporté remède ». |
Sens 1669 | Une seule occurrence : Leçon VI (« Des avantages du premier homme en sa création & de sa chute dans le péché), entre celle sur « L’excellence de l’homme » et celle sur « L’incarnation et la Rédemption des hommes ». |
Agen 1677 | Six occurrences : Abrégé de la doctrine chrétienne : - Leçon 5 (« Du péché du premier homme » »), entre celle sur la création du monde et celle sur la rédemption et le mystère de l’Incarnation ; - Leçon 13 (« Des sacrements en général. Du baptême »), entre celle sur la prière et celle sur la confirmation. Devoirs du chrétien : Première partie : - Instruction VI (« De la foi »), entre celle sur les devoirs du chrétien et celle sur la suite de la foi ; - Instruction XIII (« Du quatrième article du Symbole ») Troisième partie : - Instruction I (« Du péché originel »), avant celle sur le péché actuel Quatrième partie : - Instruction II (« Du baptême »), entre celle sur les sacrements en général et celle sur la confirmation. |
Verdun 1684 (Abrégé) | Une seule occurrence : Leçon VI de la Première partie (« Ce qu’il faut croire ») : « Du mystère de la Rédemption »), entre les deux Leçons sur l’Incarnation, et celle sur l’Église. |
Meaux 1698 | Neuf occurrences : Premier catéchisme, trois occurrences : - Leçon IV (« Du mystère de l’Incarnation et de la Rédemption du genre humain ») entre celle sur la Trinité et celle sur le Symbole des Apôtres et la prière ; - Leçon XIII sur les sacrements, entre celle sur les commandements de l’Église et celle sur la pénitence et l’eucharistie ; - Leçon XVII sur le baptême, après celle sur « la manière de servir et répondre à la sainte Messe » et celle sur la confirmation. |
Meaux 1698 | Second catéchisme, six occurrences : - Abrégé de l’Histoire sainte, Leçon II « La chute d’Adam et le Sauveur promis », entre celle sur la création du monde et de l’homme et celle sur la corruption du monde et le déluge ; - Première partie,Leçons III (« De la chute de l’homme ») et IV (« Des effets du péché d’Adam »), entre celle sur « la création de l’Ange et de l’homme » et celle sur « la réparation du genre humain et le Rédempteur » ; - Seconde partie : Leçon II sur les huit premiers articles du Symbole, entre celle sur la foi et le Symbole, et celle sur les quatre derniers articles du Symbole ; Leçon VII sur « la personne de Jésus-Christ et le mystère de la rédemption », entre les Leçons sur le troisième article du Symbole et celle sur les articles V, VI, VII ; - Quatrième partie, Leçon IV sur « le péché et la justice chrétienne », entre celle sur les commandements de l’Église et celle sur « les péchés d’omission et le précepte de l’amour de Dieu » ; - Cinquième partie, Leçon I sur les sacrements en général et Leçon II sur les « sacrements en particulier », avant les « instructions particulières sur les sacrements de pénitence, d’Eucharistie et de mariage ». |
Bourges 1703 | Cinq occurrences : - Première partie (« Ce que nous devons croire »), Leçon I « Du Symbole en général », « première partie du Symbole », article I, § 8, « La création de l’homme & sa chute », avant la « seconde partie du Symbole » sur l’article II ; - Deuxième partie (« Ce que nous devons recevoir ») : Leçon IV (« Du nombre des sacrements et de leur utilité »), § « Du Baptême » ; Leçon II p. 172 « Effets, unité et nécessité du baptême », entre celle sur la « Bénédiction des Fonts & le temps de conférer ce sacrement : son ministre et sa forme » et celle sur « les cérémonies et obligations du Baptême » ; - Quatrième partie (« Ce que nous devons éviter »), « Instruction sur le péché », § 2 « Du péché originel & de la convoitise » (p. 440-441) et « Instruction sur les péchés capitaux », § 9 « Les tentations » (p. 483-484) ; - Sommaire des veritez de la foi (p. 684). |
Grenoble 1712 | Deux occurrences : - Première partie (« Des mystères que nous devons croire ») : p. 30-33, Leçons X (« De la création d’Adam & Eve » ») et XI (« De la chute d’Adam & du péché originel »), entre celles « Des anges et des hommes » et « De la promesse du Médiateur », (« Que le Médiateur devoit être Dieu & Homme ») ; - Quatrième partie (« Des sacrements »), Leçon II « Du baptême » p. 296, entre celle sur les « sacrements en général » et celle sur les « cérémonies du baptême ». |
Lyon 1715 | Trois occurrences : Catéchisme pour les jeunes enfants : - Leçon X (« Du péché »), entre celle sur le « Paradis, le Purgatoire et l’Enfer » et celle sur « les sept péchés mortels » ; - Leçon XI (« Des sacrements ») entre celle sur « la Grâce » et celle sur « « la confession » ; Catéchisme des enfants qui ont communié ou sont en état de communier, Chapitre IV (« Des Sacrements »), Leçon II (« Du baptême ») entre celle sur les sacrements en général, et celle sur la confirmation. |
Fleury 1718 | Trois occurrences : Abrégé de l’Histoire sainte : - Leçon II « Du péché du premier homme », entre la Leçon sur la Création et celle sur « le déluge et la loi de nature » ; Abrégé de la doctrine chrétienne : - Leçon III « De l’Incarnation du Verbe & de la Rédemption du genre humain », entre celle sur la Trinité et celle sur la Résurrection ; - Leçon XXI « Du baptême » entre celle sur les sacrements en général et celle sur la confirmation. |
Montpellier 1722 | Sept occurrences : Catéchisme ou abrégé de la doctrine chrétienne : - Première partie, Leçons VII (« D’Adam et Eve et de leur péché ») et VIII (« Punition d’Adam et Eve. Péché originel »), entre celle sur la « création de l’homme » et celle sur « la promesse du Messie et la nécessité de sa venue » ; Leçon XXXIV « De la rémission des péchés », entre celle sur « la communion des saints » et celle sur « la mort et le jugement particulier ». |
Montpellier 1722 | - Seconde partie, Leçon II (« Des péchés en général ») entre celle sur l’ « idée générale de la vie chrétienne » et celle sur les « péchés capitaux en particulier et les vertus opposées à ces péchés » ; - Troisième partie, Leçon III (« Du baptême ») entre celle sur les sacrements en général et celle sur les promesses faites au baptême. Abrégé du catéchisme pour les petits enfants, Leçon IV sur Adam et Eve et leur péché, entre celle sur les anges et les démons, et celle sur la promesse de la Rédemption. Abrégé de la foi, p. 169-170, p. 175. |
Nantes 1723 | Six occurrences : Premier catéchisme, p. 9. Second catéchisme : - Leçon VI (« Du péché d’Adam & de la Rédemption »), entre celle sur « la création de l’homme » et celle sur « l’état du monde avant Jésus-Christ » ; - Leçon XVIII consacrée au baptême, première de 6 Leçons sur les « sacrements », et après une Leçon de récapitulation des précédentes. Troisième catéchisme, « Du Symbole des Apôtres » : - Leçon V (« Du péché ») après celle sur la création et celle sur « l’état du monde avant l’Incarnation » ; - Leçon II « Du baptême », après celle sur les sacrements en général et avant celle sur les « promesses faites au baptême ». Abrégé de la foi : p. 605. |
Besançon 1746 | Cinq occurrences : Abrégé des principaux mystères de la foi : - Leçon II (« L’Incarnation »), entre celle sur la Trinité et celle sur les « suites de l’Incarnation », avant les sacrements ; - Leçon IV « Les sacrements »), avant celle sur le « Saint Sacrement de l’autel ». Petit catéchisme contenant les vérités du christianisme : - Seconde partie (« Ce que le Chrétien doit pratiquer »), Instruction XVII (« Du péché ») entre celle sur les 7e, 8e et 9e commandements de l’Église, et celle sur les « péchés capitaux et quelques autres » ; - Troisième partie (« Ce que le Chrétien doit recevoir »), Instructions II (« Du sacrement de baptême ») et III (« Des effets du baptême »), entre celle sur les sacrements en général et celle sur les parrains et marraines. |
Bordeaux 1747 | Quatre occurrences : Catéchisme ou abrégé de la doctrine chrétienne : - Leçon IX (« Sur le péché »), entre celle sur les commandements de l’Eglise et celle sur les sacrements en général ; - Leçon XI (« Sur le baptême »), avant celle sur la confirmation. Abrégé du catéchisme en faveur des jeunes enfants : - p. 69 : sur le péché ; - p. 70 : sur le baptême. |
Bayeux 1753 | Six occurrences : Abrégé de la doctrine chrétienne : - Leçon VIII (« Le baptême et la confirmation »), entre celles sur l’Église et sur l’eucharistie ; - Leçon XIX (« Le péché »), entre celle sur « les commandements de Dieu et de l’Église », et celle sur « la mort et le jugement ». Catéchisme ou abrégé de la foi : - Chapitre III (« Du Symbole des Apôtres ») : Leçon III (« Création et chute de l’homme »), entre celle sur les anges et les démons, et celle sur « En Jésus-Christ son Fils unique notre Seigneur » ; Leçon V (« Est descendu aux Enfers… »), avant celle « d’où il viendra juger… ». - Chapitre IV (« Des sacrements »), Leçon II (« Du baptême »), entre celle sur « les sacrements en général » et celle sur « la confirmation » ; - Chapitre VIII (« Du péché »), Leçon I (« Du péché originel »), avant celle sur « le péché actuel ». |
Toul 1777 | Trois occurrences : - Première partie, Leçons XIII à XVI (« Du péché d’Adam et Eve », « De la punition d’Adam et Eve », « Du péché originel », « Suites des effets du péché originel ») ; - Deuxième partie : Leçon XLIII (« Du péché mortel et du péché véniel »), après celle sur « le péché » et avant celle sur « les péchés capitaux » ; - Troisième partie (« Des sacrements »), Leçon III (« Du baptême »), entre celle sur « les sacrements en général » et celles sur la « suite du baptême » et « la confirmation ». |
Grenoble 1786 | Huit occurrences : Abrégé de la doctrine chrétienne - Leçon 5 (« Du péché du premier homme » »), entre celle sur la création du monde et celle sur la rédemption et le mystère de l’Incarnation ; - Leçon 13 (« Des sacrements en général. Du baptême »), entre celle sur la prière et celle sur la confirmation ; Abrégé de la doctrine chrétienne (p. 5) ; Devoirs du chrétien Première partie : - Instruction VI (« De la foi »), entre celle sur les devoirs du chrétien et celle sur la suite de la foi ; - Instruction XIII (« Du quatrième article du Symbole ») ; Troisième partie : - Instruction I (« Du péché originel »), avant celle sur le péché actuel Quatrième partie : - Instruction II (« Du baptême »), entre celle sur les sacrements en général et celle sur la confirmation ; Abrégé de l’Histoire sainte - Leçon II (« La chute d’Adam & le Sauveur promis »). |
Notes de bas de page
1 Chanoine Hézard, Histoire du catéchisme depuis la naissance de l’Église jusqu’à nos jours, Paris, 1900.
2 Ibid., p. 209-216.
3 Catéchismes diocésains de la France d’Ancien Régime conservés dans les bibliothèques françaises, sous la direction d’Antoine Monaque, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2001.
4 Hézard, op. cit., p. 211.
5 Catéchisme ou abrégé de la doctrine chrétienne. Imprimé par l’ordre de monseigneur l’illustrissime et révérendissime P.P. archevêque de Bourges. Pour être seul enseigné dans son diocèse, Bourges, François Toubeau, 1668 ; Catéchismes diocésains…, op. cit., p. 67-71.
6 Les Devoirs du chrestien. Dressez en forme de catéchisme & publiez par l’authorité de l’illustrissime et reverendissime pere en Dieu Claude Joly, evéque & comte d’Agen. En faveur des curez & fideles de son diocese…, Agen, Jean Gayau, 1668 ; Catéchismes diocésains…, op. cit., p. 31-35.
7 Catechisme du diocese de Meaux. Par le commandement de monseigneur l’illustrissime et réverendissime Jacques Benigne Bossuet evesque de Meaux, conseiller du Roy en ses conseils, cy-devant précepteur de Monseigneur le Dauphin, premier aumosnier de Madame la Dauphine, Paris Sébastien Mabre – Cramoisy, Meaux Veuve de Claude Charles, 1687 ; Catéchismes diocésains…, op. cit., p. 103-108.
8 Catechisme du diocese de Sens. Par monseigneur Jean-Joseph Languet, archevêque de Sens. Pour être seul enseigné dans son diocese, Sens, André Jannot, 1731 ; Catéchismes diocésains, op. cit., p. 172-175.
9 Instructions générales en forme de catéchisme, ou l’on explique en abrégé par l’Ecriture-sainte & par la tradition, l’histoire & les dogmes de la religion, la morale chrétienne, les sacremens, les prieres, les cérémonies & les usages de l’Eglise. Imprimées par ordre de messire Charles-Joachim Colbert, evêque de Montpellier. A l’usage des anciens & nouveaux catholiques de son diocése & de tous ceux qui sont chargez de leur instruction. avec deux catechismes abregez, à l’usage des enfans, Paris, Augustin Leguerrier, 1702 ; Catéchismes diocésains…, op. cit., p. 111-131.
10 D’après la liste chronologique publiée dans Catéchismes diocésains…, op. cit., p. 223-225.
11 Nelson-Martin Dawson, « La législation sur l’enseignement du catéchisme en France aux xviie-xviiie siècles : rencontre de diverses volontés », Raymond Brodeur et Brigitte Caulier (dir.), Enseigner le catéchisme. Autorités et institutions xvie-xxe siècles, Paris, Cerf, Québec, Presses de l’Université Laval,1997, p. 11-121.
12 Cité par Jean-Robert Armogathe, « Les catéchismes et l’enseignement populaire en France au xviiie siècle », Images du peuple au xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1973, p. 103.
13 On peut relever notamment, outre les études déjà citées : Henri Holstein, « L’Église d’après les manuels de catéchisme depuis le Concile de Trente », Catéchèse, n° 13, octobre 1963, p. 479-490 ; Jean-Claude Dhotel, Les origines du catéchisme moderne d’après les premiers manuels imprimés en France, Paris, Aubier, 1967 ; Elisabeth Germain, Parler du salut ? Aux origines d’une mentalité religieuse : la catéchèse du Salut dans la France de la Restauration, Paris, 1967 ; Raymond Darricau, « Les catéchismes du xviiie siècle dans l’Ouest », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 81, 1974, p. 599-614 ; Adolfo Etchegaray-Cruz, « Le De catechizandis rudibus de saint Augustin et le renouveau catéchétique du xviie siècle », Studia Patristica, Berlin, 1976, p. 422-427 ; Catéchismes, mémoire d’un temps : 1687. Les manuels diocésains de Paris et de Meaux, Cahiers de l’ISPC, n° 1, par François Brossier, Serge Duguet, Élisabeth Germain, Jean Joncheray, Paris, Desclée, 1988 ; Pierre Colin, Elisabeth Germain, Jean Joncheray et Marc Venard (dir.), Aux origines du catéchisme en France, Paris, Desclée de Brouwer, 1989 ; Jean de Viguerie, « Les catéchismes enseignés en France au xviiie siècle. Première approche », RHEF, t. LXXXII (1996), p. 85-108 ; Raymond Brodeur et Brigitte Caulier (dir.), Enseigner le catéchisme. Autorités et institutions xvie-xxe siècles, Paris-Québec, Presses de l’Université Laval - Cerf, 1997.
14 Abrégé du catéchisme de Verdun, à Verdun, chez la Veuve de Didier Fanart, imprimeur du Roi & de son Excellence l’Evêque & C. de Verdun, Prince du S. E. (après 1684) : probablement une variante de l’édition signalée dans Catéchismes diocésains…, p. 195, n° 1241, avec mandement d’Hippolyte de Béthune ; Catéchisme ou instruction chretienne pour le diocèse de Sens imprimé par l’ordre de Monseigneur l’Archevesque, A Sens, chez Louis Prussurot, imprimeur de mondit Seigneur, au nom de Jesus, M. DC. LXIX, avec mandement de Louis-Henri Pardaillan de Gondrin (Catéchismes…, n° 1039) ; Catéchismes ou abrégés de la doctrine chrétienne imprimez par l’ordre de Monseigneur l’illustrissime et reverendissime P. P. Archevesque de Bourges, A Bourges, chez François Toubeau, imprimeur-libraire de Monseigneur l’Archevesque et du Clergé, M. DCC. III. Il s’agit du célèbre catéchisme composé par Joachim de La Chétardie, avec un mandement de Léon Potier de Gesvres (Catéchismes…, n° 296) ; ont été aussi utilisées les éditions de 1690 et 1736 ; Catéchisme du diocèse de Meaux par le commandement de l’Illustrissime & Révérendissime Jacques Benigne Bossuet, Evêque de Meaux, Conseiller du Roi en ses Conseils, cy-devant précepteur de Monseigneur le Dauphin, Premier Aumosnier de Madame la Dauphine, A Paris, chez Sebastien Mabre-Cramoisi, Imprimeur du Roi, ruë Saint Jacques, M. DC. XCVIII (Catéchismes…, n° 577) ; Catechisme ou les principales vérités de la doctrine chrétienne sont expliquées imprimé par Ordre de Monseigneur l’Evêque & Prince de Grenoble pour être seul enseigné dans son Diocese, A Grenoble chez François Champ, Libraire de Monseigneur l’Illustrissime et Reverendissime Evêque & Prince de Grenoble, à la Place Saint André, aux trois Vertus, M. DCC. XII, avec mandement d’Ennemond Allemand de Montmartin (Catéchismes… n° 450) ; Catéchisme du diocese de Lyon imprimé par Ordre de Monseigneur Claude de Saint George, archevêque et Comte de Lyon, Primat de France, A Lyon, chez Pierre Valfray, imprimeur ordinaire du Roy, de Monseigneur l’Archevêque et du Clergé, rue Merciere, M. DCC. XV, avec mandement de Claude de Saint-Georges (Catéchismes…, n° 530) ; Catechismes du diocese de Montpellier imprimez par l’ordre de Messire Charles Joachim Colbert eveque de Montpellier pour être seuls enseignez aux enfans de son Diocèse, A Brusselle ; Chez François Foppens, au S. Esprit, MDCCXXII (Catéchismes…, n° 663, avec une variante dans le titre) ; Catechisme du diocèse de Nantes par le commandement De Monseigneur l’Illustrissime et Reverendissime Messire Gilles de Beauvau, evesque de Nantes, composé par le sieur Mesnard, prêtre directeur du séminaire de Nantes, A Nantes, chez Nicolas Verger, Imprimeur Libraire de la Ville, de la Police & du College, grande rue, au nom de Jesus, 1723 (Catéchismes…, n° 748-750) ; Catéchisme ou abrégé de la doctrine chrétienne imprimé par l’Ordre de Monseigneur l’Illustrissime et Reverendissime Paul d’Albert de Luynes Evêque de Bayeux Pour être enseigné seul dans son diocèse, A Bayeux, chez Gabriel Briard, imprimeur de Monseigneur l’Evêque & du Clergé, M. DCC. LIII, avec mandement de l’évêque (Catéchismes… : n° 183, « reprise du Catéchisme de Rouen 1730 » ; Catéchisme en faveur de la jeunesse du diocèse de Besançon, divisé en quatre parties : 1. Ce qu’il faut croire. 2. Ce qu’il faut pratiquer. 3. Ce qu’il faut demander. 4. Ce qu’il faut recevoir. A la fin, les prières du matin & du soir. Avec une méthode pour bien entendre la sainte Messe, réimprimé & corrigé par ordre de Monseigneur de Durfort, Archevêque de Besançon, Prince du Saint-Empire, A Besançon, chez Metoyer, Imprimeur-Libraire, Grand’rue, M. DCC. LXXVI (cf. Catéchismes diocésains…, op. cit. : n° 232 : « par Jobelot, supérieur du séminaire de Besançon ») ; Catéchisme du diocèse de Toul, imprimé par ordre d’illustrissime et révérendissime seigneur Claude Drouas, evêque, comte de Toul, prince du S. Empire, A Nancy, chez les Freres Leseure, Libraires, rue Saint-Dizier, n° 341, M. DCC. LXXVII, avec mandement de Claude Drouas de Broussey de 1763 (Catéchismes… : n° 1170) ; Premier et second catéchismes du diocèse de Nantes, pour les plus jeunes Enfants & pour ceux qu’on prépare à la première Communion, imprimés par ordre de Monseigneur l’Illustrissime & Révérendissime Jean-Augustin de Fretat de Sarra, Evêque de Nantes, pour être seuls enseignés dans son diocèse, à l’exception de tous autres, A Nantes, chez Despilly, seul cessionnaire du Privilège de Monseigneur l’Evêque, haute grande-rue, près celle de Beau-Soleil, M. DCC. LXXXIII, (Catéchismes… : n° 765 : « par Jean de La Noë-Mesnard, directeur du séminaire de Nantes ») ; Catéchisme du diocèse de Grenoble contenant l’abrégé de la Doctrine Chrétienne pour les Enfants, les prières du matin et du soir, imprimé par ordre de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime évêque et prince de Grenoble pour être enseigné seul dans son diocèse, A Grenoble, chez Veuve Giroud & Fils, Imprimeur-libraire de Monseigneur l’Evêque et du Clergé ; à la… du Palais, 1786 (Catéchismes… : n° 467, « reprise du catéchisme de Claude Joly (Agen, 1668) et de celui de Bossuet pour l’histoire sainte »).
15 Catechisme et ample déclaration de la doctrine chrestienne, composé par l’ordonnance de N.S.P. le Pape Clement VIII, par l’Illustrissime & Reverendissime Cardinal Bellarmin et traduit d’Italien en François par le commandement du R.P. en Dieu, Messire François Pericard, Evesque d’Avranches, de la traduction de Robert Crampon, parisien, secretaire dudit sieur Evesque, A Cambray, de l’imprimerie Jean de la Riviere en la ruë de l’Arbre d’Or, M. DC. XX (Catéchismes diocésains…, op. cit. : n° 169, considéré par les auteurs du catalogue comme catéchisme du diocèse d’Avranches, semble une reprise cambraisienne de l’édition parisienne de 1616 chez Claude Chappelet).
16 Le catéchisme ou introduction au Symbole de la Foy ou il est traité des excellences de la religion chrestienne & de ses principaux mysteres : avec un abrégé du mesme catechisme, et un traité de la maniere de proposer la doctrine de la Religion Chrestienne aux nouveaux fidelles. Composé en Espagnol par le R.P. Louis de Grenade, de l’Ordre de saint Dominique. Traduit de nouveau en françois par M. Girard Conseiller du Roy en ses conseils, A Paris, chez Pierre Le Petit, Imprimeur & Libraire ordinaire du Roy, ruë saint Jacques, à la Croix d’or, M. DC. LXVIII.
17 Catéchisme historique, contenant en abrégé l’histoire sainte et la doctrine chrétienne, par Claude Fleury, Prieur d’Argenteuil & Confesseur de Louis XV. Nouvelle édition, précédée d’un Avertissement, où l’on rend compte de quelques corrections qu’on a faites au texte de l’Auteur, à l’usage des colleges des Pays-Bas, A Bruxelles, de l’Imprimerie Académique, M. DCC. LXXVIII.
18 Petit catéchisme familier pour instruire les Enfans aux fondemens de la religion chrestienne, A Lyon, chez Loys Mugut en ruë Merciere, M. DCXIX. La plupart des catéchismes de notre corpus semblent plutôt s’adresser aux curés comme appui à leur catéchèse ou à un public laïc adulte comme manuel de référence. Ce manuel lyonnais et celui de Claude de Saint-Georges, au début du xviiie siècle, sont les seuls volumes intégralement destinés aux enfants. On en trouve cependant dans certains recueils comme celui de Bossuet. Ces versions pour enfants ne se distinguent guère des « Abrégés » que par des formulations plus concises, et un système de questions-réponses plus sommaire, sans approfondissement.
19 Le plus généralement, les catéchismes réunissent en un seul volume, deux ou trois manuels : par exemple, un « Abrégé de la doctrine chrétienne » et un catéchisme appelé parfois « les devoirs du Chrétien » (c’est par exemple le cas du catéchisme d’Agen publié par Claude Joly en 1674 et souvent réédité et repris dans d’autres diocèse) ; par exemple encore, celui de Meaux publié par Bossuet en 1687 qui eut également une abondante postérité, se décompose en un « Premier » et un « Second catéchisme » destinés l’un aux « petits enfants », l’autre aux premiers communiants. L’effort d’adaptation aux publics d’âges différents peut aller plus loin encore : le catéchisme de Mgr de Beauvau à Nantes 1723 en comprend trois de respectivement 16, 95 et 491 p. et se clôt sur un « Abrégé de la foi » de dix pages. Il a paru plus pertinent d’effectuer le calcul du pourcentage de la place accordée au péché originel dans chacun des manuels qui composent chaque « catéchisme diocésain », plutôt que sur la globalité du volume : on voit en effet apparaître dans certains cas des différences sensibles qui peuvent interroger.
20 « Nous avons sans doute quelque mal aujourd’hui à mesurer la place que le péché originel a tenue dans les esprits et à tous les niveaux sociaux. Cette place était certainement beaucoup plus grande que celle qu’occupe aujourd’hui la notion de « lutte des classes », qui n’est pas réellement vécue par une large fraction des populations. C’est un fait qu’au début de la modernité européenne, le péché originel et ses conséquences occupent le devant de la scène. », Le péché et la peur. La culpabilisation en Occident xiiie-xviiie siècle, Paris, Fayard, 1983, p. 277.
21 Viguerie, art. cit., p. 92-93.
22 Par exemple, Bossuet dans son Second catéchisme pour ceux qui sont les plus avancés dans la connaissance des mystères, commence par un « Abrégé de l’Histoire sainte », puis consacre la « Première partie de la doctrine chrétienne » à une « instruction générale » et un exposé des « premiers principes de la religion ». Après quoi seulement, viennent les trois parties du modèle canisien, avec quelques variantes encore : l’espérance ouvre une troisième partie principalement consacrée à la prière, et celle sur les sacrements est suivie d’instruction spécifiques sur la pénitence, l’eucharistie et le mariage.
23 Viguerie, art. cit., p. 93.
24 Il est notamment repris pour le Catéchisme de Bourges par le sulpicien Joachim de la Chétardie, avec une variante dans la cinquième partie « contenant ce que nous devons méditer ».
25 Les devoirs du Chrétien…, op. cit., p. 184-185.
26 Catéchisme ou abrégé de la doctrine chrétienne…, op. cit., « Onzième leçon. Sur le baptême », p. 28.
27 Catéchisme du diocèse de Meaux…, op. cit., p. 28.
28 Idée qui est parfois exprimée avec une plus grande précision théologique, comme dans le Catéchisme abrégé pour le diocèse de Vabres : « c’est un sacrement institué par Jésus-Christ, qui régénère, c’est-à-dire qui fait renaître les hommes de la mort du péché originel à la vie de la grâce », Catéchisme abrégé de la doctrine et institution chrestienne du S. Concile de Trente, traduit en langue vulgaire pour l’usage du diocèse de Vabres, A Tolose, par Fr. Boude, imprimeur à l’enseigne de Saint Thomas d’Aquin, devant le collège des Pères de la Compagnie de Jésus, M. DC. XLVIII, p. 59.
29 Ce type de formule semble directement inspiré par le Catéchisme du Concile de Trente : « Le premier effet du baptême est d’effacer toutes sortes de péchés si énormes qu’ils soient, soit celui que nous avons contracté par notre naissance, soit ceux que nous avons commis par le mauvais usage que nous avons fait de notre propre volonté… Car comme dit saint Augustin dans le livre qu’il a écrit du baptême des enfants, par la génération charnelle, on ne contracte que le péché originel, mais par la renaissance spirituelle, non seulement le péché originel est pardonné, mais même ceux qu’on a commis depuis volontairement… », traduction nouvelle, A Paris, chez Guillaume Desprez, rüe S. jacques à S. Prosper, M. DC. LXXIII, p. 206-208. Alors que le manuel tridentin veut armer les curés en leur fournissant une argumentation théologique, notamment dans la perspective de la controverse, les catéchismes diocésains ne manifestent explicitement aucune préoccupation de ce genre.
30 Catéchisme du diocèse de Meaux…, op. cit., p. 43.
31 Ibid., p. 156.
32 Le Catéchisme de Sens établit plus explicitement encore le lien si lourd de conséquence entre péché d’Adam, péché originel et procréation : « D. D’où vient que cette punition ne s’est pas terminée en la personne d’Adam, mais a passé à ses descendants dans toute la suite des siècles ? R. C’est qu’estans tout en luy, comme les branches dans leur tige, nous nous trouvons coupables de la mesme faute & héritiers de sa désobéissance & de sa rebellion » D. Quand contractons-nous ce péché ? R. Nous en sommes infectez dès le moment de notre conception au ventre de notre mère & c’est pour cela qu’on l’appelle péché originel », Catéchisme ou Instruction chrétienne…, op. cit., p. 19.
33 Catéchisme de Bourges, op. cit., p. 440.
34 Ibid., Quatrième partie, « Instruction sur les péchés capitaux, …§ 9. Des tentations », p. 483-484.
35 Catéchisme du diocèse de Toul…, op. cit., p. 31-32.
36 Catéchisme du diocèse de Montpellier…, op. cit., p. 26.
37 Ainsi, le Catéchisme de Montpellier présente « le supplice de la Croix, le plus infâme et le plus douloureux qu’il y eût alors » (op. cit., p. 44), comme une évidence qu’il n y a pas lieu d’interroger.
38 Catéchisme où les principales vérités de la doctrine chrétienne sont expliquées…, op. cit., p. 36-38.
39 Les devoirs du Chrétien…, op. cit., p. 42
40 En arrière-plan du discours des catéchismes, on devine une culture théologique héritière, sur ces deux questions de la nécessité de l’Incarnation et de la Passion sanglante, des débats et jeux d’école depuis le Cur Deus homo d’Anselme de Cantorbéry. L’apparente divergence des catéchismes est toute relative et résulte probablement plus des contraintes du genre que de l’attachement à des positions théologiques nettement différenciées. En effet, un consensus semble s’être établi depuis le xiiie siècle sur l’idée que la double nécessité évoquée ci-dessus relève plutôt de la « haute convenance » que de la « stricte nécessité », Jean Rivière, art. « Rédemption », dans A. Vacant, E. Mangenot, E. Amman, Dictionnaire de Théologie Catholique, t. XIII, Deuxième partie, col. 1912-2004.
41 Il s’agit du chapitre II de la troisième partie , p. 334-338.
42 Cité par Jean Delumeau, op. cit., p. 292.
43 Giuseppe Riconda e Mario Ravera, « Elementi per une discussione », dans G. Riconda et al. (dir.), Il peccato originale nel pensiero moderno, Brescia, 2009, p. 26.
44 Jean Delumeau, op. cit., p. 282.
45 Catéchisme du diocèse de Montpellier…, op. cit., p. 25.
46 Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, Duc de St. Cloud, Pair de France, Commandeur de lʼOrdre du St. Esprit, (16 octobre 1762), A Amsterdam, Marc Michel Rey, 1763. Proviseur de Sorbonne, etc.
47 Catechisme de Bourges…, op. cit., « Instruction sur le péché,… § 2. Du péché originel et de la convoitise », p. 441. On notera la proximité de cette formulation avec ce passage des Pensées de Pascal : « Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine. Et cependant, sans ce mystère le plus incompréhensible de tous nous sommes incompréhensibles à nous mêmes. » (http://www.penseesdepascal.fr/Contrarietes/Contrarietes14-moderne.php, consulté le 25.06.2021). Je remercie Sylvain Milbach de me l’avoir fait remarquer. Rien n’interdit de penser que La Chétardie ait lu les Pensées.
48 Cantique Sur la naissance de Jésus-Christ, dans Œuvres complètes, Rome, 1993, p. 1465.
Auteur
-
Bernard Hours
LARHRA UMR 5190 Université de Lyon Jean Moulin Lyon 3

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