M.-S. Mzali, à la confluence des familles Mzali, Nouira et Sakka
Itinéraire d’un intellectuel du makhzen
p. 53-72
Texte intégral
Introduction
1L’objet de cette contribution s’inscrit dans la droite ligne de celles de M’hamed Oualdi et Fatma Chalfouh : nous nous y intéressons à la manière dont se constitue le makhzen2, mais également à la manière dont il se régénère.
2Tandis que Fatma Chalfouh (cf. supra, 33-52) étudie le sujet à partir de grandes bases de données, nous proposons un travail de microhistoire en partant de Mohamed-Salah Mzali et en élargissant petit à petit le propos. Cette analyse résulte notamment de l’étude approfondie de son arbre généalogique dont, pour la clarté de la présente démonstration, nous ferons également émerger les ramifications qui s’entrecroisent partiellement et se complètent. Elles permettent d’illustrer la manière dont on entre, on s’ancre et on évolue dans le makhzen. Nous mettrons en exergue, à la lumière de ces analyses, la trajectoire à la fois socialement déterminée et singulière de Mzali, et nous montrerons que celui-ci et certains de ses contemporains peuvent être considérés comme porteurs d’une tentative d’allier makhzen et méritocratie.
Généalogie du pouvoir : du notariat à l’illustration militaire, de l’illustration militaire au makhzen
3Le premier arbre (cf. infra, fig. 1 en annexe) débute avec Chaabane Mzali, qui a notamment deux filles, Zeineb et Rekaya, qui épousent deux frères d’une autre branche de la famille Mzali : respectivement Mohamed3, né vers 1817, et Salah, né vers 18234. Ces deux frères mariés à deux sœurs resteront très proches tout au long de leur vie, ils construiront une tourba (sépulture) commune, un fils de Mohamed épousera la fille de Salah, et c’est d’après la conjonction de leurs prénoms que sera nommé un arrière-petit-fils de Mohamed, à savoir Mohamed-Salah Mzali, objet du colloque5 et auteur des mémoires Au fil de ma vie. Mohamed et Salah sont tous deux notaires et issus d’une famille de notaires. Comme l’explique Hassan El Annabi :
[…] dans la législation musulmane, la preuve de droit commun courante et qui supplante l’aveu ou le serment est le témoignage. Celui qui l’exerce dispose d’une autorité certaine. Il s’agit, en l’occurrence, du notaire. Son titre l’illustre bien d’ailleurs. Il est chahid (témoin véridique) et adl (pluriel uduls), équitable en droit. Évidemment, le notaire ne peut acquérir cette double qualité que s’il remplit un certain nombre de conditions, dont la spécialisation dans le fiqh (droit musulman), la disposition d’une honorabilité irréprochable, la connaissance parfaite de la langue arabe, la maîtrise du style notarial, etc. C’est dire la notabilité que cette profession procure, à une époque où le savoir, particulièrement religieux, est l’apanage d’une minorité […] [et] prédisposait à occuper d’importantes charges de magistrature6.
4C’est ainsi que Salah, qui a fait ses études à la Zitouna et a été nommé notaire pour exercer à Monastir puis à Tunis7, est désigné oukīl et nadhir de la zaouia de Sidi Abdessalem8, avant d’être appelé9 à assurer l’intérim de l’amīr al-liwā ou mirliva10 (général de brigade) Osman. Ce dernier, mamelouk, était depuis 1845 directeur des biens habous du Sahel et venait de recevoir la mission de seconder le général Rachid à la tête du corps expéditionnaire tunisien en Crimée11. Salah Mzali est nommé six jours plus tard youzbachi (capitaine) à la 3e brigade d’infanterie. C’est probablement sous l’autorité d’Osman, de retour de Crimée, que Salah Mzali va gravir les échelons de la hiérarchie militaire. En effet, au sein de l’armée, c’étaient le mirliva ou le férik qui préparaient les brevets de nomination, qu’ils adressaient pour signature au ministre de la Guerre puis soumettaient au bey par l’intermédiaire du Premier ministre. Si le bey acceptait le candidat, il faisait apposer son cachet sur le titre de nomination12.
5Le 2 rabī‘ al-awwal 1278h (7 septembre 1861), Salah Mzali est nommé par Sadok Pacha Bey vice-président du tribunal criminel et militaire de Monastir. Le 16 jumādā ath-thānya 1282h (6 novembre 1865), il est nommé khalifa (khalīf, vice-caïd) de Monastir, qui dépendait alors du grand caïdat du Sahel13. Il sera nommé le 29 safar 1286h (10 juin 1869) amīn alāy (colonel), puis le 17 rabī‘ al-awwal 1300h (26 janvier 1883) amīr alāy ou miralay (colonel-major). Il décède près de deux ans plus tard, le 18 novembre 1884. Salah Mzali accomplit ainsi très exactement le parcours décrit par Khalifa Chater14 : le passage de l’illustration militaire aux charges caïdales15. Sa nomination en tant que khalifa marque son entrée et, comme on le verra, celle de sa famille dans le makhzen. Il faut ajouter à cela que les hauts postes militaires pouvaient, à l’époque, être d’importantes sources de rentes. L’administration militaire était en effet organisée selon :
[…] le système de l’entreprise générale avec un administrateur en chef qui centralise et distribue tout. Pour s’approvisionner, tantôt cet entrepreneur fait appel aux ressources de l’État […] tantôt il concède le marché à un particulier, tantôt il achète directement. Parfois aussi, il fait procéder lui-même à Tunis à la confection des objets nécessaires […] Ce véritable munitionnaire n’a plus qu’à en demander le remboursement au bey16.
6De tels mécanismes assuraient en général des bénéfices – tout à fait licites – pour l’administrateur en rapport avec les montants gérés. Ainsi, avec Salah Mzali, la famille Mzali, qui était déjà une famille de savoir, figurait désormais parmi les familles monastiriennes de l’avoir et du pouvoir.
Alliances matrimoniales et ancrage dans le makhzen local
7Nous avons dit que Mohamed et Salah ont épousé deux sœurs, et que le fils du premier est marié à la fille du second. Hamouda (1848-1895), le second fils de Mohamed, a pris pour épouse Hannouna Nouira, issue de ce qui fut historiquement la plus grande famille caïdale monastirienne, comptant 27 caïds au cours des XVIIIe et XIXe siècles. À ce niveau, très concrètement, on observe donc un phénomène bien connu de renforcement de la présence au sein du makhzen via une alliance matrimoniale avec une famille makhzen plus ancienne. Cette stratégie s’est poursuivie avec le fils de Hamouda Mzali, qui s’appelle de nouveau Mohamed (1870-1952). Celui-ci a épousé Mannana Sakka, également issue d’une grande famille caïdale, quoique plus récente au sein du makhzen que la famille Nouira, voire la famille Mzali elle-même. Tout comme celle-ci, elle doit son entrée dans le makhzen à une ascension préalable dans la carrière militaire. En effet, le père de Mannana, le caïd Mohamed Sakka (1829-1897), s’engage volontairement dans l’armée en 1844 pour atteindre en 1855 le grade de bimbachi (commandant). Il accompagne le mirliva Osman à Constantinople pour participer à la guerre de Crimée. Il y est fait officier de l’Ordre impérial du Medjidié. À son retour à Monastir, il est secrétaire-comptable de l’artillerie du fort. En 1873, il est trésorier comptable dans la même ville. Après le décès de Salah Mzali en 1884, il est nommé pour lui succéder comme khalifa de Monastir. En 1886, le caïdat du Sahel est de nouveau divisé entre un caïdat de Monastir et un caïdat de Sousse. Mohamed Sakka devient alors caïd de Monastir jusqu’à son décès, le 21 juin 1897. Il a alors atteint le grade de lieutenant-colonel. Ainsi, ce dernier, tel Salah Mzali, est entré dans le makhzen par le biais de l’illustration militaire, et lui aussi va marquer l’entrée de sa famille dans le makhzen. La figure 1 infra présente des personnes qui ont exercé des fonctions de caïd, de kahia ou de khalifa17. Ainsi, deux des fils de Mohamed Sakka, ainsi que son gendre, seront caïds ; quatre de ses petits-fils seront également caïds, un cinquième sera kahia et trois de ses petites-filles épouseront un caïd ou un kahia.
8Pour revenir à la famille Mzali, le fils de Mohamed Mzali (1870-1952) et de Mannana Sakka, Mohamed-Salah Mzali, auteur des mémoires, a lui-même épousé une Sakka, sa cousine Nejia, dont le grand-père, le père et l’oncle sont caïds, et dont le frère, Taïeb, sera caïd et inspecteur général des caïdats, communément appelé « caïd des caïds ». Si l’on revient aux enfants de Chaabane Mzali, outre Zeineb et Rekaya déjà mentionnées, figurent Aïchoucha, grand-mère d’Abdelaziz Laroui (grand homme de médias), Khadouja, grand-mère de Habib Bourguiba et arrière-grand-mère de Hédi Khefacha, futur ministre de l’Intérieur de celui-ci, et enfin Mahmoud, grand-père de Mohamed Mzali (1925-2010), Premier ministre de Bourguiba. Ces quelques éléments illustrent comment se font les connexions entre la notabilité et la grande notabilité régionale, et comment peut émerger, au sein de la notabilité, une branche makhzen qui se renforce dans son statut par des alliances matrimoniales judicieusement pensées.
De la région à l’ensemble du territoire : makhzen tribal et makhzen de chancellerie
9Cette stratégie se poursuit avec le père de Mohamed-Salah Mzali, Mohamed Mzali (1870-1952) qui, quelques mois après le décès de son épouse Mannana Sakka le 14 novembre 1944, se remarie le 26 juillet 1945 avec Bakhta Jouini, sœur du caïd Lamine Jouini, belle-sœur et cousine du caïd Moncef Jouini, fille du caïd Mokhtar Jouini, petite-fille du caïd Hassouna Jouini et arrière-petite-fille du caïd Brahim Jouini (cf. infra, fig. 2 en annexe). Il est à noter également que deux des frères de Hassouna Jouini, les caïds Ahmed et Allala Jouini, furent tous deux bachagha de Tunis (commandants de la place militaire)18. Ces secondes noces, en plus de dépasser le cadre de Monastir, consacrent une alliance entre famille makhzen citadine et famille makhzen issue des tribus qui fournissent des contingents à la mehalla du bey et bénéficient, en contrepartie, d’un traitement privilégié.
10Cette stratégie atteint enfin son apogée avec les alliances des enfants de Mohamed-Salah Mzali (cf. infra, fig. 5 en annexe). L’aîné, Réchid19, épouse Lily Djellouli, issue (tant du côté de son père que de sa mère) de ce qui constitue, avec les Ben Ayed, l’une des deux plus grandes familles makhzen tunisiennes20. Un très grand nombre de ses ascendants sont caïds, et elle est à la fois la petite-fille du Grand vizir Taïeb Djellouli et l’arrière-petite-nièce du Grand vizir M’hamed Djellouli. Le cadet, Béchir, épouse Melika Sakkat, fille d’Ali Sakkat, cheikh el-medina puis ministre de la Justice, nièce du Grand vizir Slaheddine Baccouche et d’Abdessalem Baccouche, beau-frère de Lamine Bey21. Le benjamin, Hassan, a épousé Jaouida Annabi, qui appartient à une grande famille bourgeoise tunisoise d’origine algérienne. Cette riche famille, dont le patronyme d’origine était Mrabet, a quitté Alger pour Annaba (alors dénommée Bône), probablement lors du blocus d’Alger en 1827, avant de se fixer à Ras Jebel, en Tunisie. La famille a fourni de nombreux notaires et intellectuels, à l’instar de Mohamed Ali Annabi22, oncle de Jaouida. Elle est également la cousine germaine de Hédi Annabi (1943-2010) qui a notamment été sous-secrétaire général des Nations unies. C’est ainsi que se construit, par renforcement des connexions makhzéniennes à l’échelle du territoire et sur plusieurs générations, l’ancrage dans le makhzen.
Mécanismes de transmission du pouvoir
11Pour autant, les alliances ne suffisent pas. Le makhzen repose sur des mécanismes de transmission du pouvoir auquel, certes, la naissance prédispose ; mais seul l’exercice effectif et continu du pouvoir permet à une famille de pérenniser son appartenance au makhzen et d’échapper au risque d’être reversée dans la notabilité. C’est ainsi que la famille Nouira n’exercera plus aucune fonction caïdale à partir de 181723 ; de même, les descendants des mamelouks seront écartés du pouvoir au début du XXe siècle, comme le démontre la contribution de M’hamed Oualdi (cf. supra, 19-32). Khalifa Chater décrit comment, dans les faits, la charge caïdale se transmet au sein des familles makhzen :
Mohamed Hédi Mrabet, caïd du Jérid, avait été nommé Khalifa de Mahdia, sous l’autorité de son père, caïd dans cette ville. Mohamed Salah Debbiche, caïd des Oulad Ayar était fils de caïd. Mohamed Zouari, caïd des Jelass, inaugura sa carrière, comme secrétaire, sous la direction de son père, caïd de Souk el Arbaa24 [sic].
12En effet, comme nous l’expliquons dans l’ouvrage consacré à la réédition des mémoires de Mohamed-Salah Mzali :
[…] le caïd avait la liberté de choisir ses collaborateurs et, pour peu que l’un de ses proches soit suffisamment éduqué, de l’associer à sa fonction en tant que secrétaire-interprète pour commencer puis khalifa ou kahia. Une fois sa pratique administrative renforcée, il avait toutes les chances d’être remarqué par le souverain et d’être nommé caïd à son tour dans une autre province25.
13Le tableau en annexe illustre très précisément ces mécanismes au sein de la famille Mzali-Sakka. Ainsi, l’on peut voir que Mohamed-Salah Sakka a commencé par être le khalifa de son père à Monastir, et assurer l’intérim de ce dernier à son décès avant d’être nommé caïd de plein exercice aux Souassi, puis dans d’autres caïdats. Hassan Sakka, son jeune frère, a commencé par être secrétaire-interprète de leur père à Monastir, puis khalifa de son frère aux Souassi avant de devenir caïd de plein exercice aux Souassi en y succédant à son frère. Leur beau-frère Mohamed Mzali (1870-1952) a notamment été membre de la Commission de dénombrement des oliviers du caïdat de Monastir sous le caïdat de son beau-père, Mohamed Sakka, puis après un début de carrière dans le privé, il devient khalifa des Souassi sous le caïdat de son beau-frère Hassan Sakka, puis de Mahdia sous le caïdat de son beau-frère Mohamed-Salah Sakka, avant de prendre son envol comme khalifa puis kahia, et enfin caïd.
14On retrouve les mêmes mécanismes à la génération suivante : Taïeb Sakka, d’abord khalifa de Monastir sous l’autorité de son oncle Hassan, cède la place un an plus tard à son cousin Aziz, fils de Hassan, pour devenir kahia de Jammel, toujours sous la responsabilité de Hassan Sakka, avant d’accéder au rang de caïd, puis de caïd des caïds, etc. Ainsi, les dynasties caïdales partagent un certain nombre de caractéristiques avec l’aristocratie occidentale : accès par l’illustration militaire ou par le seul plaisir du prince, quasi-transmission dynastique, vivier pour les charges à la cour avec possibilité de cumul entre ces dernières et l’administration déléguée des provinces, mariages souvent endogamiques, etc. C’est la conjonction des mécanismes d’alliance et de transmission qui constitue la généalogie du pouvoir.
Une autre généalogie : la généalogie du savoir
15À côté de cette généalogie du pouvoir, il en existe une autre, la généalogie du savoir. Nous avons précédemment indiqué que la famille Mzali comptait de nombreux notaires, ce qu’illustre la figure 3 (cf. infra, en annexe), au sein de laquelle tous les noms encadrés en rouge sont ceux de notaires. L’un d’entre eux a émigré et s’est installé à La Mecque ; en reconnaissance de son savoir, il a été surnommé « al-‘ālim » (« le savant »), qualificatif qui deviendra le patronyme de sa descendance : El Alem.
16On y trouve également un cheikh mufti auquel Ibn Abi Dhiaf a d’ailleurs consacré une notice biographique26, ainsi qu’un agrégé d’arabe, second Tunisien à avoir été reçu à ce concours, et premier Tunisien à atteindre le grade de sous-directeur au temps du protectorat, qui plus est à l’Instruction publique. Cette généalogie du savoir, qui se transmet elle aussi de père en fils et se renforce au fil du temps, va se conjuguer – comme pour celle du pouvoir – avec une généalogie similaire chez les Sakka.
17En effet, à son retour de Crimée, Mohamed Sakka seconde, de 1859 à 1862, le colonel Taverne à la direction de l’École militaire du Bardo, première école tunisienne moderne fondée en 1840 pour former les officiers, ingénieurs et fonctionnaires. En 1869, il est désigné – avec le général Salim – pour faire une étude de la situation économique de la Régence. Son fils Mohamed-Salah a étudié à la Grande Mosquée de la Zitouna, a été imam à Monastir (avant d’entrer dans la fonction caïdale), et a étudié le français à partir de 1881. Les fils de ce dernier, Ahmed et Ali, sont respectivement le premier Tunisien musulman docteur en droit (en 1917) et le second Tunisien musulman diplômé de la Faculté de médecine de Paris (en 1916), ainsi que le premier Tunisien à exercer la chefferie de service en France27. Leur frère Taïeb est licencié en droit et exerce la profession d’avocat avant de rejoindre la carrière caïdale.
18C’est ainsi que leur cousin et beau-frère Mohamed-Salah Mzali débute son parcours scolaire et universitaire avec deux grands modèles, ses cousins Ahmed et Ali Sakka. Ces exemples le marquent et le décident à choisir à son tour la carrière universitaire, puisqu’il obtiendra aussi un doctorat en droit en 1921. Rappelons qu’à cette époque, l’économie et les sciences politiques dépendaient du droit dans le cursus universitaire : son doctorat, s’il est en droit, porte donc plus précisément la mention « Sciences économiques », et sa thèse a pour sujet l’évolution économique de la Tunisie28.
19Il est ainsi le premier Tunisien à soutenir une thèse dans cette discipline. Son doctorat apparaît comme la consécration d’une scolarité brillante, voire exceptionnelle. Aux côtés d’une moisson de neuf prix (dans presque toutes les disciplines), il est le premier Tunisien musulman à recevoir le Grand prix d’honneur du lycée Carnot29, après avoir reçu deux ans plus tôt le Grand prix d’honneur du collège Sadiki. Quelques années auparavant, il est reçu premier au concours d’entrée à Sadiki, tout en étant benjamin de sa promotion. Une fois son baccalauréat obtenu, il décide d’entamer une carrière de secrétaire-interprète ; mais au lieu d’emprunter la voie la plus assurée vers le caïdat en se plaçant, comme nous l’avons vu, sous la responsabilité de l’un de ses oncles caïds, il choisit l’administration centrale, à la Section d’État.
20À côté de son emploi principal, il donne des cours au collège Sadiki en raison du nombre insuffisant d’enseignants, dont plusieurs étaient partis dans le contexte de la mobilisation générale en France – nous sommes en 1915. En parallèle de ses tâches d’enseignement et de celles de la Section d’État, il poursuit ses études supérieures à l’Université de Lyon. Il ne se rend en France que pour y passer ses examens. C’est ainsi qu’il obtiendra tour à tour son baccalauréat en droit30, sa licence en droit, et enfin son doctorat, qui recevra même le second prix ex æquo de la meilleure thèse de l’Université de Lyon. Il a alors 25 ans, tandis que les lauréats du premier prix et l’autre second prix ont respectivement 30 et 31 ans.
21Ce qui apparaît de manière très nette lorsque l’on met en perspective ses diplômes et son parcours administratif, c’est une évolution de carrière fondée sur le mérite et non pas sur l’appartenance au makhzen : bachelier en droit en 1917, il est titularisé en tant qu’interprète de 4e classe ; licencié en droit en 1918, il est promu interprète de 3e classe ; docteur en 1921, il devient interprète de 2e classe puis sous-chef de bureau. Il va ensuite poursuivre sa carrière pour devenir sous-chef de service de 2e classe (1924), de 1re classe (1927), hors-classe (1929) jusqu’à être nommé caïd, comme le furent son grand-père et ses oncles, et comme le sont son père et ses cousins.
Méritocratie républicaine
22À la différence de tous les membres de sa famille, Mohamed-Salah Mzali n’accède pas à la carrière caïdale par la voie traditionnelle du parrainage au sein du makhzen, mais par la voie méritocratique républicaine31. Il y accède grâce à ses études et à ses diplômes, après une longue carrière dans l’administration (1916-1934) et après avoir notamment travaillé aux côtés de Tahar Khéreddine, ministre de la Justice. Il sera par la suite appelé lui-même à devenir ministre (1943-1952) puis Grand vizir-président du Conseil (1954).
23Un autre marqueur de sa trajectoire placée sous le signe de la méritocratie est le fait que Mohamed-Salah Mzali a formulé la demande explicite de continuer à cotiser à la Caisse des retraites des fonctionnaires en parallèle de ses fonctions caïdales et ministérielles, alors même qu’il était d’usage qu’anciens caïds et ministres continuent de bénéficier d’un soutien discrétionnaire de la caisse de l’État. De fait, il souhaite devoir ses émoluments à son seul mérite, et selon les règles en vigueur. Il continue même de gravir les grades et échelons des carrières administrative et caïdale : il est fait caïd de classe exceptionnelle en 1941 alors qu’il n’est plus en poste, chef de service de 1re classe en 1942 et caïd hors-cadre en 1952.
24La trajectoire de Mohamed-Salah Mzali illustre ainsi la volonté d’une frange du makhzen de s’appuyer sur le savoir et la méritocratie pour renouveler le makhzen de l’intérieur et renforcer sa légitimité. Le gouvernement constitué par Mohamed-Salah Mzali en 1954 illustre parfaitement cette démarche32. À l’exception de Mohamed Saâdallah, tous les membres du gouvernement ont fait des études supérieures. Tous, sauf Tahar Lakhdar, sont issus du makhzen ou de la très grande bourgeoisie.
25Nous l’avons amplement démontré pour Mohamed-Salah Mzali lui-même, mais c’est également le cas d’autres personnages : Abdelkader Belkhodja, ministre de l’Agriculture, avocat au barreau de Tunis et fils du général Mohamed Belkhodja, ancien caïd, chef du Protocole du bey et conseiller du gouvernement ; Chedly Ben Romdhane, ministre du Travail, docteur en médecine de la Faculté de Paris, ancien délégué à la section tunisienne du Grand Conseil (dont il a présidé la Commission des Affaires culturelles) et issu de l’une des familles les plus en vue de Mahdia ; Mohamed Ben Salem, ministre de la Santé publique, docteur en médecine et gendre du bey ; Mohamed Hadjouj, ministre du Commerce, docteur en médecine, ancien président de la Société des sciences médicales, et par ailleurs fils du général Younes Hadjouj, ministre de la Plume de 1932 à 1935 ; Tahar Lakhdar, ministre de la Justice, docteur en droit ; Noureddine Zaouche, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, pharmacien diplômé de la Faculté de Paris, ancien président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens et issu d’une famille de la haute bourgeoisie tunisienne (il est notamment le neveu d’Abdeljelil Zaouche) ; enfin, Mohamed Saâdallah, ministre des Institutions musulmanes. Seul membre du gouvernement à ne pas avoir fait d’études supérieures, il a cependant enseigné la législation tunisienne au collège Sadiki dans le cadre de l’enseignement post-scolaire. Il est connu pour ses talents d’orateur et ses connaissances approfondies des langues arabe et française. Il a vingt-huit ans de carrière caïdale (il a notamment été cheikh el-medina) et ministérielle à son actif. Comme Mohamed-Salah Mzali, sa nomination en tant que caïd fait suite à seize années de carrière administrative à la Section d’État, qu’il a notamment dirigée.
26Ce gouvernement, qualifié de « ministère d’intellectuels »33, marque la transformation progressive de la classe politique. Au XIXe siècle, cette dernière est constituée essentiellement de mamelouks (Khaznadar, Khéreddine) qui laissent ensuite place à des gouvernements de notables issus de grandes familles patriciennes, familles de chancellerie ou familles d’oulémas comme la famille Djellouli, avec les deux Grands vizirs M’hamed et Taïeb (mentionnés ci-dessus). Mais on peut également citer, dans cette catégorie, les Grands vizirs Mohamed Aziz Bouattour, Youssef Djaït, Mustapha Denguezli ou Khelil Bouhajeb. Slaheddine Baccouche, deux fois Grand vizir (1943-1947 ; 1952-1954), beau-frère de Lamine Bey, fils du général Baccouche, ministre et proche conseiller de Sadok Bey, est probablement le dernier à relever de cette tradition.
27Dans les années 1930, on passe des notables traditionnels aux notables issus du commerce et de l’industrie avec Hédi Lakhoua (famille de maîtres-artisans shawāshī) et M’hamed Chenik (banquier et homme d’affaires). La dernière étape de ces évolutions est représentée par le gouvernement Mzali, constitué de médecins, de pharmaciens, de titulaires de doctorats en droit ou en économie etc., issus de ce que l’on a appelé, dans le cadre de la IIIe République, la « bourgeoisie à talents ».
28Je conclurais en reprenant ce que j’écrivais déjà dans l’ouvrage consacré à Mohamed-Salah Mzali et à la réédition de ses mémoires :
Mieux formés que leurs prédécesseurs, inscrits dans la modernité tout en conservant un ancrage certain dans le makhzen traditionnel […], ces hommes devaient se considérer comme les acteurs d’une régénération du makhzen, les artisans d’une accession progressive de la Tunisie à la modernité et des Tunisiens à la maîtrise de leur destin. Leur parcours illustre la capacité des élites makhzen à se réinventer et à se saisir des outils de l’instruction pour se pérenniser.
Ces parcours, tout au long du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, viennent conforter l’analyse selon laquelle l’élite locale sort du protectorat renforcée, et non pas renouvelée. Ces hommes ont ainsi pensé qu’ils pouvaient – avec d’autres – incarner une nouvelle génération makhzen. Après la génération recrutée « parmi les anciens serviteurs du beylik sur la base d’une certaine intégrité, d’un minimum de compétences et d’un maximum de loyalisme aux nouvelles autorités »34, ils incarnaient la génération qui alliait la naissance aux diplômes. Une manière de passer de la féodalité à la modernité en douceur. Et il n’est pas inutile de rappeler que Mzali avait choisi pour épigraphe de sa thèse de doctorat une citation de Gustave Le Bon : « Respecter les traditions est une condition d’existence pour un peuple, savoir s’en dégager lentement une condition de progrès. »35
Bibliographie
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Chater Khalifa, 1993, « Les élites du pouvoir et de l’argent : le cas de la Tunisie aux XIXe-XXe siècles », Cahiers de la Méditerranée, n° 46-47, 1b, dossier : « Bourgeoisies et notables en Méditerranée (XVIIIe-XXe siècles) », actes de colloque (Grasse, mai 1992), 155-172.
Drevet Raymond É. (commandant), 1922, L’armée tunisienne, Tunis, Ch. Weber & Cie.
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Julien Charles-André, 1972, L’Afrique du Nord en marche. Nationalismes musulmans et souveraineté française, t. 1, Tunis, Cérès Éditions.
Kraïem Mustapha, 1973, La Tunisie précoloniale, 2 vol., Tunis, Société tunisienne de diffusion.
Ibn Abi Dhiaf Ahmed, 1994 [1831-1832], Ithāf ahl al-Zamān bi Akhbār Mulūk Tunis wa ‘Ahd al-Amān (Présent aux hommes de notre temps. Chronique des rois de Tunis et du Pacte fondamental), 8 vol., édition critique de Khaled Kchir et traduction d’André Raymond, Tunis, Alif-Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC).
Mzali Mohamed-Salah, 2023 [1972], Au fil de ma vie, suivi de Jouini Elyès, 2023, Mohamed-Salah Mzali. L’intellectuel et l’homme d’État, Tunis, Cérès Éditions-Beït al-Hikma-IRMC.
Annexe
Tableau. Mécanismes de transmission des charges caïdales36

Source et conception : Elyès Jouini
Figure 1. Généalogie du pouvoir dans les familles Mzali et Sakka

Légende : La famille Nouira a donné 27 caïds à Monastir entre 1759 et 1817. Hannouna Nouira est la petite-fille du caïd Houssine Nouira. Amira Nouira est l’arrière-petit-fils de Houssine. Les familles Haddad (en violet), Mzali (en bleu) et Sakka (en orange) sont les principales familles caïdales monastiriennes entre 1850 et 1950. À l’indépendance, il y a deux Sakka caïds (Aziz et Taïeb) et un kahia (Naceur), un Haddad caïd (Mohamed), deux Mzali caïds (M’hamed et Réchid, fils de Mohamed-Salah), un kahia (Béchir, fils de Mohamed-Salah) et un khalifa (Hachemi, fils de M’hamed). Un arbre complet est disponible sur Rodovid.
* Tima et Med Haddad Jr sont respectivement la fille et le fils du caïd Med Haddad Sr.
Source et conception : Elyès Jouini
Figure 2. Alliance avec la notabilité tribale

Source et conception : Elyès Jouini
Figure 3. Généalogie du savoir au sein de la famille Mzali

Source et conception : Elyès Jouini
Figure 4. Généalogie du savoir au sein de la famille Sakka

Source et conception : Elyès Jouini
Figure 5. Makhzen de chancellerie et grandes familles tunisoises

Source et conception : Elyès Jouini
Notes de bas de page
2Au sens propre, makhzen signifie « magasin, dépôt ». Par extension, le makhzen désigne le dépôt où viennent s’entasser les ressources de l’État et, par métonymie, ceux qui sont au service de l’État. Khalifa Chater (1994, « Introduction à l’étude de l’establishment tunisien : l’État Makhzen Husseinite et ses mutations », Cahiers de la Méditerranée, n° 49, dossier : « La Tunisie, une dynamique de mutation », 1-18) indique que dans la Tunisie ottomane, le concept makhzen a commencé par désigner « la force armée spécialement attachée au souverain et aux hommes du pouvoir et chargée d'exécuter leurs ordres. Les troupes du makhzen constituaient, à l’origine, l’escorte militaire du bey ou des officiers en mission, dans l’intérieur du pays. » À titre d’exemple, parmi les tribus makhzen, celle des Drids assurait le transport (matériel, ravitaillement) et l’appui au mouvement de la colonne. Elle était exemptée d’impôts mais tenue de répondre à toutes les réquisitions du gouvernement. Par extension, « l’usage général considère comme makhzen les élites qui gravitent autour du pouvoir, forment son système de gouvernement, ses instruments de domination de l’ensemble de la société et entretiennent avec lui des relations privilégiées. Telle famille est mekhazni [sic], l'expression consacrée signifie qu’elle fait partie des structures du pouvoir, qui l’ont hissée dans la hiérarchie sociale, puisqu’elle est au service de l’État-dynastie et qu’elle en tire des privilèges d’influence réelle » (ibid., 5).
3Le prénom Mohamed (tout comme Hamouda) étant attribué de manière récurrente dans la famille Mzali (comme dans de nombreuses familles tunisiennes), les mentions d’autres Mohamed Mzali seront systématiquement suivies des dates de naissance et de décès, afin de les distinguer les uns des autres.
4Un recensement de shawwāl 1276h (avril-mai 1860) lui mentionne l’âge de 37 ans, et de 43 ans pour Mohamed.
5Colloque intitulé « Mohamed-Salah Mzali (1896-1984). La Tunisie du makhzen à l’État national » (Carthage, 14-15 décembre 2023), Académie des Sciences, des Lettres et des Arts Beït al-Hikma.
6El Annabi Hassan, 2001, « Les notaires musulmans de Tunisie. De l’association au syndicat, une solidarité en construction (1933-1946) », Cahiers de la Méditerranée, n° 63, 41-51, [en ligne : https://doi.org/10.4000/cdlm.997].
7Décrets beylicaux d’Ahmed Pacha Bey respectivement en date du 17 novembre 1841 et du 4 juillet 1843.
8Décret d’Ahmed Pacha Bey du 17 rajab 1271h (5 avril 1855).
9Décret de M’hamed Pacha Bey (1855-1859) du 10 safar 1272h (22 octobre 1855).
10À la 3e brigade d’infanterie à Monastir.
11Il s’y distinguera et sera nommé commandeur dans l’Ordre impérial du Medjidié. Le mirliva Osman sera nommé en 1860 membre du Conseil des ministres, fait farīq (férik, général de division) en 1864, et nommé gouverneur militaire de toute la région (chef des garnisons militaires de Monastir, Sousse, Sfax, Gabès et Djerba) en remplacement du général Rachid pour faire face à l’insurrection qui secoua cette année-là la Régence, et notamment le Sahel.
12Drevet Raymond É. (commandant), 1922, L’armée tunisienne, Tunis, Ch. Weber & Cie.
13Depuis 1550, les caïdats de Monastir et de Sousse ont été tour à tour distincts puis réunis en un seul grand caïdat du Sahel qui a pu inclure jusqu’à Sfax et Kairouan, voire même distincts mais attribués à un même caïd.
14Chater Khalifa, 1993, « Les élites du pouvoir et de l’argent : le cas de la Tunisie aux XIXe-XXe siècles », Cahiers de la Méditerranée, n° 46-47, 1b, dossier : « Bourgeoisies et notables en Méditerranée (XVIIIe-XXe siècles) », actes de colloque (Grasse, mai 1992), 155-172.
15Khalifa Chater mentionne d’autres exemples – quoique plus tardifs – d’un tel passage de l’illustration militaire au corps caïdal : c’est par exemple le cas de Naceur Ben Saïd, officier formé à Saint-Cyr ayant participé à la Première Guerre mondiale et ayant été nommé caïd par la suite, ou encore d’Ali Brigui, caïd de Matmata (sud tunisien) qui a également émergé au sein de l’armée.
16Kraïem Mustapha, 1973, La Tunisie précoloniale, 2 vol., Tunis, Société tunisienne de diffusion.
17Dans la figure 1 (infra), voir spécifiquement les personnes dont le nom est encadré en rouge. Le kahia et le khalifa, sortes de lieutenants-gouverneurs à la tête des principales villes, assistent localement le caïd dans ses fonctions. Le kahia a un rang plus élevé que le khalifa mais n’a pas pour autant de khalifas sous son autorité. Le kahia est, en quelque sorte, un khalifa auquel est attribué un titre plus prestigieux en raison de services rendus ou du statut plus prestigieux de la ville qu’il administre.
18Selon Mohamed El Aziz Ben Achour, « les Jouini étaient une grande famille de la puissante confédération des Drids (10 000 cavaliers au XVIIIe siècle). Les chefs du clan étaient proches du pouvoir beylical notamment, nous apprend Ibn Abi Dhiaf, sous les règnes d’Ali Pacha Bey (1759-1782) et de son fils Hamouda Pacha Bey (1782-1814). Ils appartenaient au premier cercle du prince. Ils furent bien sûr caïds des Drids mais également d’autres tribus » (entretien privé).
19Dans cet article, nous conservons cette orthographe francisée, à laquelle Réchid Mzali tenait beaucoup.
20Ainsi, en 1831-1832, Ibn Abi Dhiaf (1994 [1831-1832], Ithāf ahl al-Zamān bi Akhbār Mulūk Tūnis wa ‘Ahd al-Amān [Présent aux hommes de notre temps. Chronique des rois de Tunis et du Pacte fondamental], 8 vol., édition critique de Khaled Kchir et traduction d’André Raymond, Tunis, Alif-Institut de recherche sur le Maghreb contemporain) précise que « des membres de ces deux grandes familles occupaient effectivement à peu près tous les gouvernorats de la côte orientale de la Régence ». En ce qui concerne les Djellouli, Mohamed était alors caïd de Sfax, Hassouna de Monastir et Farhat des Mthalith.
21Il est marié à Hallouma, sœur de Lamine Bey.
22Premier polytechnicien tunisien, ancien élève de l’École des Mines de Paris et de Sciences Po.
23Bakkar Nouira, nommé et révoqué cette même année, est le dernier caïd issu de cette famille.
24Chater Khalifa, 1993, art. cit., 161.
25Mzali Mohamed-Salah, 2023 [1972], Au fil de ma vie, suivi de Jouini Elyès, 2023, Mohamed-Salah Mzali. L’intellectuel et l’homme d'État, Tunis, Cérès Éditions-Beït al-Hikma-IRMC, 592.
26Ibn Abi Dhiaf, 1994 [1831-1832], op. cit., biographie 113.
27L'hôpital franco-musulman de Bobigny est fondé en 1935 et, dès sa création, Ali Sakka, devenu professeur de médecine et reconnu pour ses travaux sur la tuberculose, y dirige le service des tuberculeux. Il gère le plus gros contingent de lits (64) avec ceux relevant des maladies cutanées et vénériennes.
28Mzali Mohamed-Salah, 1921, L’évolution économique de la Tunisie (1881-1920), thèse de doctorat en droit/sciences économiques, Tunis, Société anonyme de l’imprimerie rapide de Tunis.
29En cinquante ans, seuls deux Tunisiens musulmans recevront ce prix : Mohamed-Salah Mzali et Tahar Sfar, en 1923.
30Diplôme sanctionnant deux ans d’études supérieures en droit.
31La Tunisie est alors une monarchie, mais les mécanismes décrits ici sont ceux qui sont à l’œuvre au même moment au sein de la puissance protectrice, la République française.
32Voir à ce propos la page qui y est consacrée sur le site www.mzali.net, [en ligne : https://sites.google.com/view/mohamedsalah-mzali/le-ministre/gouvernement-mzali].
33Julien Charles-André, 1972, L’Afrique du Nord en marche. Nationalismes musulmans et souveraineté française, t. 1, Tunis, Cérès Éditions.
34Ferchiou Sophie (dir.), 1992, Hasab wa nasab. Parenté, alliance et patrimoine en Tunisie, Paris, CNRS Éditions.
35Jouini Elyès, 2023, op. cit., 573. La dernière citation s’accompagne d’une note renvoyant à l’ouvrage de Gustave Le Bon (1902, Psychologie de l’éducation, Paris, Flammarion, 77).
36Les annexes ont été conçues par l’auteur. Elles sont également consultables sur www.mzali.net (rubrique « Famille »).
Auteur
Normalien (ENS, Paris), professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine-PSL et administrateur de l’Institut universitaire de France (IUF).
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