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Marx, analyste de la révolution tunisienne ?

François Pouillon

p. 297-303

Résumés

Les révolutions, notait Marx, appellent la comparaison historique. C’est le cas de la révolution tunisienne qui suggère aux analystes toutes sortes de références au passé. C’est ce que l’on fait ici, en reprenant quelques textes célèbres que Marx a consacrés à la seconde république, et singulièrement à l’analyse des événements qui ont suivi la révolution de 1848. Malgré les différences de tous ordres qui séparent les périodes historiques, les sociétés, les conditions anthropologiques mêmes, l’auteur suggère que ces analyses peuvent servir de modèle pour entreprendre la lecture de la situation politique actuelle en Tunisie.

Revolutions, pointed out Marx, call for historical comparison. The statement applies to the Tunisian revolution which suggests all kinds of past references. This is what is done in this research, by means of citing some of the famous texts of Marx devoted to the Second Republic, and strangely to the events which followed the 1848 revolution. Despite all sorts of differences that separate the historical periods, the societies, even the anthropological conditions, the author suggests that these analyses could serve as a model in reading the present political situation in Tunisia.

Extrait

1Comme toutes les révolutions, la révolution tunisienne appelle naturellement la comparaison : cela tient tout simplement au fait que, événement par essence inattendu et marqué par l’aléatoire et l’accidentel, il faut bien, pour se rassurer, se raccrocher à des précédents. Faute d’avoir prévu – on sait ce qu’il en est des révolutions programmées… –, on se rattrape en évoquant le déjà-vu. Et les acteurs eux-mêmes… Marx l’avait dit dans une page admirable de son 18 brumaire :

Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce : Causidière pour Danton, Louis Blanc pour Robespierre, la Montagne de 1848 à 1851 pour la Montagne de 1793 à 1795, le neveu pour l’oncle.

2Et d’analyser ces étranges résurgences :

[…] Même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait n

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