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Acteurs et économie du développement urbain à Tripoli de la fin de la période ottomane à la fin de la colonisation italienne

François Dumasy

p. 181-192

Résumés

L’auteur étudie depuis la fin de la période ottomane le phénomène de la croissance urbaine de Tripoli, en mettant en évidence les relations entre les capitaux privés et la construction. Il observe la manière dont promoteurs et pouvoirs publics parviennent conjointement, et avec des stratégies qui leurs sont propre, à développer et orienter le marché foncier et analyse les différentes phases du développement urbanistique de la ville. Grâce à ce point de vue original il montre que « la vision d’un État colonial tout puissant se substituant entièrement aux acteurs locaux, telle qu’elle a longtemps régné, de même que l’analyse purement stylistique, sont [...] insuffisante[s] à décrire les mécanismes de la croissance urbaine » et qu’il est nécessaire de prendre en compte tous les acteurs en jeu et leurs motivations respectives, qui parfois s’opposent.

The autor studies from late Ottoman period the phenomenon of urban growth in Tripoli, highlighting the relations between private capitals and construction. He notes the way developers and public authorities manage jointly, by means of strategies of their own, to develop and direct the real estate market and analyzes the different stages of the city’s urban development. Thanks to his original standpoint which shows that “the vision of an all-powerful colonial State replacing entirely the local players, as it has long prevailed, and the pure stylistic analysis as well, are insufficient to describe the mechanisms of urban growth,” that it is necessary to take into consideration all active players and the respective motivations, which sometimes are opposed to one another.

Extrait

1Quels sont les facteurs du développement urbain à Tripoli depuis la fin de l’époque ottomane ? À cette question, la littérature italienne de l’époque coloniale apporte une réponse simple : ce serait l’esprit bâtisseur du colonisateur, incarné par l’Etat, qui aurait permis à Tripoli de passer de moins de 30 000 habitants en 1911 à 115 000 à la veille de la Seconde guerre mondiale. Le passage au fascisme aurait notamment, en dotant l’Etat d’une morale conquérante et d’outils de décision nouveaux, perfectionné ce rôle moteur. Un tel lieu commun a été alimenté par la confusion entre la volonté totalitaire du fascisme et sa réelle capacité d’action. En 1926, l’ouvrage La Rinascita della Tripolitania, paru sous les auspices du gouvernement colonial et très probablement commandé par Giuseppe Volpi, premier gouverneur de la Tripolitaine sous l’ère fasciste (de 1921 à 1925), permet de diffuser ce mythe prométhéen tout en esquissant une théorie du rôle économique de l’Etat : celui-ci, à

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