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De la colonie à l'État-nation : Constructions identitaires au Maghreb

 | 
François Pouillon
, 
Noureddine Amara
, 
Vittoria Capresi
, 
et al.

Thème 2. Sous l'empire de la nationalité (1830-1960)

La nationalité des Touatis, un évènement à la mesure d’empire : 1901-1830

Noureddine Amara

Résumé

Cet article interroge les effets de la conquête française sur la nationalité des Algériens. 1830 y apparaît comme une succession d’empires au cours de laquelle le lien d’appartenance étatique des Algériens a été redéfini. Si la contrainte juridique participe de cette reformulation, les intérêts d’empire jouent aussi à plein. La nationalité algérienne a été pour la France, comme pour la Porte, une question d’ordre public impérial. Dans les interstices de ces logiques d’État, se niche l'agency des acteurs qui influe en retour sur la « mécanique d’État ». Les multiples interactions qui produisent du droit, qu’il soit flou dans sa pratique ou ferme dans son énonciation, autorisent une lecture régressive de l’évènement 1830. Cette contribution se veut également l’ébauche d’une réflexion sur l’évènement de la conquête française de l’Algérie, sa géographie autant que sa temporalité.

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Extrait du texte

5 juillet 1830, Alger capitule. La date fait événement. La prise d’Alger est célébrée à Paris. Les canons des Invalides (AMAE, 1830) sonnent le tocsin dont les échos lointains résonnent dans toute la Méditerranée. La nouvelle de la chute d’Alger se propage par le flot des écritures diplomatiques, certes. Mais, elle circule aussi, et surtout, comme une traînée de poudre, au rythme des migrations des individus désignés ou vécus comme les destinataires naturels de l’événement, les Algériens. L’annonce a pu surprendre, nourrir les attentes eschatologiques, mais aussi réjouir ; l’accablement a pu être à la mesure du fait, par sa brutalité. Le son persistant des canons et l’odeur de la poudre, encore fumante, rappellent que si le Dey a remis les clefs de la ville, le pays est loin d’être conquis. La Régence d’Alger résonne des bruits de la guerre. Le 5 juillet 1830 n’est pas encore le 5 juillet 1830 : l’événement est en attente (Dosse, 2010). L’encre avec laquelle Hussein Dey et De Bourmo...

© Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 2012

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