Défendre la ville durant la guerre de Cent Ans : le temps des faubourgs
Résumés
Décrit sous des termes variables et fluctuant au Moyen Âge, le paysage péri-urbain, qui s’étend à l’extérieur des murs de la ville fortifiée, zone d’activité économique privilégiée avant la guerre de Cents Ans, devint après les années 1340 un territoire incertain car soumis aux impératifs de la défense. Pour éviter les travaux d’approche ou les tentatives de surprise contre la place-forte, le pouvoir royal ou les municipalités durent se résoudre à détruire des faubourgs opulents. L’ampleur de ces destructions fut conditionnée par les conditions topographiques locales et l’estimation des menaces en prenant en compte, dans le dernier quart du XIVe siècle, le développement considérable de l’artillerie à feu. La profondeur des lignes de défense devant la place fut accrue afin d’éloigner le positionnement des batteries de l’assaillant et renforcer la capacité de l’artillerie de la défense à contrebattre les glacis de la place.
Described in variable and fluctuating terms in the Middle Ages, the peri-urban landscape, which extends outside the walls of the fortified city, an area of privileged economic activity before the Hundred Years' War, became after the 1340s an uncertain territory because it is subject to the imperatives of defense. To avoid approach works or surprise attempts against the stronghold, the royal power or the municipalities had to resolve to destroy opulent suburbs. The extent of this destruction was conditioned by the local topographical conditions and the extent of the threats estimated taking into account, in the last quarter of the 14th century, the considerable development of the artillery fire. The depth of the defense lines in front of the square was increased in order to move away the positioning of the attacking batteries and to strengthen the ability of the defense artillery to counteract the glacis of the square.
Entrées d’index
Mots-clés : artillerie à feu, destruction des faubourgs, feux de guerre, fortification, zone non ædificandi
Keywords : fire artillery, destruction of the suburbs, war fires, fortification, non-ædificandi zone
Texte intégral
Introduction
1Robert Campin, peintre originaire du comté de Hainaut, représente vers 1425 à l’arrière-plan de sa Nativité de la Vierge1, le paysage idyllique d’une ville (fig. 1). Devant une des portes fortifiées de cette dernière, s’ouvre un faubourg aux champs bordés d’arbres ou de haies, de prés clôturés de plessis, paysage d’hiver où les activités agricoles se sont arrêtées. D’un carrefour se détachent deux routes, la première bordée de quelques maisons et auberges, la seconde d’un établissement religieux dont la façade de la chapelle se perçoit, peut-être un hôpital. Cette vision idéale et apaisée n’était pourtant plus celle des années 1400 : les chevauchées anglaises, les incursions des routiers ou des écorcheurs, les impératifs de la défense avaient entraîné la destruction des faubourgs devenus glacis militaire, ainsi que les représentent au xvie siècle les vues de villes (fig. 2).
2Les combats de la guerre de Cent Ans entraînèrent une suite de ruines dues aux raids, aux chevauchées destructrices, aux incendies allumés par des assaillants qui, à défaut d’avoir les moyens de s’emparer des villes, s’efforçaient de prendre leurs faubourgs. Certes les divers territoires eurent à souffrir différemment de ces destructions, proches ou éloignés qu’ils étaient des principaux lieux de conflit ou du centre de rayonnement des compagnies. Paradoxalement les plus importantes destructions, qui n’épargnèrent ni les édifices civils, ni les édifices religieux, furent réalisées par les défenseurs. Quelles en furent les raisons ? Comment estimait-on pouvoir assurer la protection des faubourgs ? La réflexion doit donc être portée sur les conditions de leur mise en défense et sur le rôle joué par l’artillerie, artillerie mécanique ou à feu. Ce dernier aspect, peu abordé jusqu’à présent, nécessite de s’interroger non seulement sur l’histoire des sièges et de la poliorcétique, mais encore sur les politiques défensives mises en œuvre par les villes.
Les mots
3Le paysage péri-urbain, les faubourgs, les dehors de la place, la banlieue, les marges, sont autant de mots qui renvoient à une seconde réalité de la ville, celle qui s’inscrit à l’extérieur de la muraille. La notion de banlieue apparaît dans la première moitié du xiiie siècle à Bayonne, Rouen, Bordeaux vers 1250, etc. La superficie inscrite était variable, entre 400 et plus de 7 000 hectares pour les plus grandes2 mais généralement il s’agissait d’un espace d’une lieue autour de la ville où s’applique la loi urbaine3 : ses limites sont indiquées par des marques symboliques, bornes, croix situées sur les grands chemins où l’on conduit les gens bannis : c’est encore à partir de ces croix que les chemins deviennent des chaussées pavées4. Si la banlieue englobe les faubourgs, elle ne recèle pas les mêmes réalités et d’autre part ne possède pas de réelle identité morphologique. Les faubourgs (suburbium en latin, c’est-à-dire « sous la ville »), constituent un territoire au-delà des murs mais au plus proche de ces derniers, lieu d’implantation souvent d’abbayes, de couvents qui préfèrent s’y implanter ou ne peuvent trouver d’espaces intra muros :
« A Aucerre tout droit dedans la suburbie
Funderent il auxi une riche abaie »5.
4Dans les sources vernaculaires, il est question de « fourbours », « forbours »6, « forbos », « fuerbourc » du latin foris, dehors, et bourg. Le terme de « barri », barrières peut encore y renvoyer même si plus couramment il désigne l’enceinte ou les limites fiscales de la banlieue. La notion de plat-pays qui apparaît dans la littérature dès la seconde moitié du xive siècle7 a un sens plus général, opposant la ville fortifiée et l’espace du monde rural dépourvu de fortifications.
5Les limites des faubourgs peuvent être signifiées par des obstacles matériels, barrières, fossés, levées de terre palissadées, murailles aussi. On a souligné qu’ils constituaient une ceinture nourricière pour les villes, avec leurs cultures maraîchères, leurs vignes et une deuxième zone plus éloignée à dominante céréalière8. Y sont encore concentrées certaines activités polluantes, tanneries, teintureries et les activités artisanales, du bois, du textile, du cuir9. On y a reconnu un ensemble de « structures », de pouvoir (les châteaux et cours seigneuriales et ecclésiales), religieuses (églises paroissiales et couvents des Ordres Mendiants), de production (artisanat, moulins), d’habitat10, habitat moins dense en tout cas qu’à l’intérieur de la ville, car interrompu par des « wareskais », terrains vagues et non construits. Avant 1350, on en chantait encore la beauté11.
6Même si la ville était emmuraillée il n’existait pas au ve siècle de réelle coupure avec les faubourgs. En atteste à côté des portes, le nombre de poternes percées dans les murailles pour y donner accès, jusqu’à 17 sur l’enceinte de Parthenay dont six rapprochées qui donnaient au nord sur la rivière12, 17 portes encore à la fin du xiiie siècle pour Tournai. Les nombreux accès ménagés dans les murailles assuraient ainsi une libre circulation entre le dedans et les dehors, circulations qui furent établies – conjointement parfois avec une occupation résidentielle des tours – au détriment de la fortification.
La guerre de Cent Ans
L’urgence de la fortification
7Les débuts de la guerre de Cent Ans (1339) et les défaites de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) virent la plupart des cités confrontées à la conservation de leurs faubourgs. Ces derniers s’étaient développés lors de l’essor urbain du xiiie siècle le long des principaux axes routiers ou d’une rivière navigable, facilitant les transports ou les activités artisanales et commerciales. Quant aux villes dépourvues de murailles elles s’exposaient à une destruction totale : de celle de Saint-Amand13 en 1340 ne demeurait « maison ne hostel qui ne fust tous ars, ne le comble dou moustier, ne del abbie, ne cloce ou clochier : tous rompus et mis à destruction… »14 ou encore de « le bonne ville d'Orcies15 […] prise et arse, car elle n'estoit point fremée »16.
8Une fortification partielle autour d’une église, d’un monastère, constitua souvent une première réponse. Ainsi Lisieux était-elle encore une ville ouverte, lorsque l’évêque Guillaume Guitard (1349-1358) résolu vers 1357 de faire construire un « fort » englobant le palais épiscopal et la cathédrale, fort pour le financement duquel Charles V accorda vers 1378 des remises sur les impositions17. La cathédrale de Saint-Brieuc fut fortifiée entre 1357 et 1375, alors que la ville restait ouverte18. À Tours, on décida de ne renforcer dans un premier temps que la seule Cité déjà entourée de ses murailles antiques. En 1356, l’abbaye de Saint-Aignan d’Orléans, à l’est du castrum gallo-romain, obtint l’autorisation de fortifier son bourg, mais ces fortifications furent détruites quelque temps plus tard par les Orléanais19. Les abbayes de Saint-Étienne, de la Trinité et du Saint-Sépulcre à Caen furent renforcées après 1346 de murs et de fossés20 : en 1359 et de nouveau en 1363, Charles, régent de France et duc de Normandie, accordait pour deux ans aux religieuses de la Trinité une imposition de 6 deniers par livre levée en leurs terres et foires pour la garde et restauration des fortifications de leur abbaye. Les religieuses pouvaient contraindre leurs hommes à faire la garde et nommer un capitaine pour la défense de l’abbaye21. Peu de temps après 1362, l’église abbatiale Saint-Laumer de Blois fut entourée de fossés et de murs dotés d’un chemin de ronde (« allées »)22 et il en fut de même pour la Madeleine de Chateaudun.
9Le chroniqueur Guillaume de Nangis nous rapporte à la date de 1359 que de nombreux villages se fortifièrent, autour de leur église, de fossés, munissant leurs tours et leurs clochers de hourds à la manière des châteaux, les garnissant de pierres et d’arbalètes pour la défense. La nuit, du haut des clochers des églises, des guetteurs, aidés de jeunes enfants, pouvaient découvrir au loin la venue des ennemis afin de signaler leur arrivée au son de la corne ou des cloches. Aussitôt tous, qu’ils soient dans leurs champs ou occupés dans leurs maisons, se réfugiaient en courant dans l’église23. Ces « forts », « moutiers forts », églises ou couvents fortifiées en Lorraine24, Flandre, Toulousain, etc., constituèrent une première réponse aux menaces de la guerre de Cent Ans.
Fortifier les faubourgs
10Une seconde solution consista à étendre au-delà du noyau fortifié primitif de la Ville ou de la Cité la fortification pour englober en totalité ou en partie des faubourgs, en conservant les plus riches ou les plus importants stratégiquement, ainsi à Besançon (1340), Poitiers (1347), en Toulousain vers 1350 (Toulouse, Cahors, Castres, Carpentras, etc.)25, à Dijon (1355), Tours (1354), Sens (1358), Valenciennes (1347-1370), etc. Dans cette dernière ville un faubourg s’était développé au pied des pentes du mont d’Anzin, sur la rive gauche de l’Escaut en dehors du tracé de l'enceinte du xiie siècle où s’étaient concentrés de nombreux moulins (les « huisines ») et les activités économiques. Occupant une position stratégique sur les hauteurs qui dominaient à l’ouest la ville (fig. 3), le faubourg fut fortifié dès avant 134726 ; en 1364, le comte de Hainaut accordait encore à la ville du bois des forêts domaniales voisines de Vicoigne, Hasnon et Wallers pour « le fortreche des fourbons d'Anzaing », fortifications constituées de palissades, de « garites », soit de petites tourelles destinées à abriter le guet ou les gardes27. En 1366, le maître charpentier de la ville, Jehan Vakenart, y réalisait des « breteskes » et des palissades depuis le Mont de la Chapelle situé au-dehors de la porte Notre-Dame jusqu’au fossé donnant sur l'Escaut, près de la tour Rainewit28. En 1370, un dénommé Jehan de le Buissière, exproprié « pour le fortereche de le ville amender », était indemnisé de 33 livres 10 sous pour sa propriété qui devait se trouvait soit à l’extérieur de la porte Notre-Dame, soit du côté du Mont d’Anzin. Si ces fortifications, qui englobèrent deux faubourgs, ceux de la porte Notre-Dame et d’Anzin, n’existaient plus au xve siècle, sont mentionnées alors dans les faubourgs de nombreuses barrières (ou « bailles »), gardées, fermant les principaux accès29.
11La fortification des faubourgs posait néanmoins de nombreux problèmes, financiers d’abord, toutes les villes n’avaient pas les ressources suffisantes, juridiques ensuite pour permettre l’expropriation de biens appartenant à des particuliers ou à des institutions religieuses. Comme elles n’étaient constituées en grande partie que de simples levées de terre palissadées, des contingents réduits mais déterminés pouvaient facilement les franchir pour s’emparer des portes et faire entrer les assaillants à l’intérieur de l’enceinte. Ainsi à Gourdon en 135530 ou encore à Amiens en 1358 lorsque les Navarrais y pénétrèrent à l’improviste incendiant les maisons et massacrant les habitants31. Aussi et même si des faubourgs anciennement structurés purent être conservés32, la plupart seront-ils détruits.
Détruire les faubourgs
12La destruction des faubourgs fut toujours considérée par les défenseurs comme une mesure ultime : non seulement la ville perdait une partie des activités économiques qui y étaient localisées (moulins, forges, fours à chaux...), et donc de ses ressources, mais se trouvait encore confrontée au relogement de sa population. En 1417, à Tours, 274 chefs de famille (soit plus d’un millier d’habitants) trouvèrent refuge à l’intérieur de la ville33, d’autres villes, comme Amiens, pouvant aussi accueillir les réfugiés des cités voisines34. Leur conservation constituait une réelle menace pour la défense de la cité, car susceptible de devenir un moyen de pression sur les habitants réticents à la perte de leurs biens : c’est pour inciter les bourgeois de Courtrai insurgés à se soumettre qu’en 1325, le comte Robert de Flandre entama l’incendie de leurs maisons des faubourgs35.
13On devait d’abord éviter que l’assaillant puisse s’y loger pour y établir ses quartiers. Si les Anglais en 1344 ne purent s’emparer de Bergerac ils occupèrent les faubourgs le long de la Garonne « où ils trouvèrent vins et viandes à grant fuison, pour yaus et pour toute leur host vivre largement II mois »36. A contrario la ville d’Amiens en 1358 fit incendier les faubourgs pris dans la « nouvelle forteresse afin d’éviter le logement de l'ennemi37. L’arasement et le comblement des édifices devait être parfaitement réalisé, ce qui n’avait été qu’imparfaitement exécuté à Arras à 1414 lors du siège mis par les Français car ces derniers purent prendre leurs logements dans les carrières, les caves et les celliers des maisons détruites38. C’est ce que regrettait le chroniqueur Guillaume de Nangis à propos des faubourgs de Paris en 1340 soulignant que tous les édifices n’avaient pu être détruits ou incendiés (multæ integrae remanerent…)39. La destruction devait être opérée en outre sur toute l’étendue « ou siege porroit estre mis par nodis anemis » (Arras, 1346)40, afin que les édifices ou le sommet des clochers des églises environnantes ne puisse représenter une menace. À Agde en 1356 le couvent des Cordeliers fut démantelé car il exposait les moulins de l'évêque aux traits de l'assaillant41. À Boulogne en 1415-1416, 16 maçons étaient rétribués pour avoir démantelé une maison près du cimentière Saint-Martin « préjudiciable à la ville et au chastel pour le doubte de siege »42.
14Le règlement pour la défense de la ville de Saint-Omer de 1346 prescrivait aux bourgeois d’abattre, dès l’approche de l’assaillant vers Cassel (20 km à l’est de Saint-Omer), les arbres de leurs héritages et de les transporter en ville, en même temps que de détruire tout édifice et église des faubourgs43. À Tours en 1358-59 cette notion fut élargie puisque les maisons et les « lieux fors » des environs de la ville étaient concernés afin d’éviter que l’ennemi ne puisse s’y « loger ne y faire fors »44. En 1356 le comte d'Armagnac, gouverneur du Languedoc, ordonnait la démolition des maisons, hôpitaux, ponts et églises hors des murs de Millau, de Saint-Rome-de-Tarn et de Saint-Sernin-sur-Rance (Aveyron) qui menaçaient les fortifications ou gênaient leur achèvement. À Millau les couvents et les églises des Frères mineurs, des religieux du Saint-Esprit, des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, situés dans le faubourg de l'Ayrolle disparurent en 1366-136745, à Arras, le couvent de la Thieuloye, les Cordeliers, les Jacobins, etc. subirent le même sort, à Amiens le couvent des frères de Saint-Augustin46… À Orléans en 1429 c’est un total de 26 églises qui furent détruites47.
15Les destructions des faubourgs se multiplièrent après 1345, en Normandie48, Picardie (Abbeville en 1355), Artois (Arras, 1346 ; Béthune 1355, Lille en 1339 et 134449, Bourgogne (Auxerre, Sens et Vézelay dans les années 136050 et ailleurs à Lyon (1356), Montpellier (1363)51, Saint-Denis et Reims (1358), etc. Il en fut de même au xve siècle à d'Arras (1414)52, Melun53, en Bretagne (Brest, Rennes, Fougères, Redon, Dinan, Nantes, Vitré54), Normandie (Caen, 141755 ; Rouen, 1417-141856), Le Mans (1418), Picardie (Senlis, 1418, Compiègne, 1430), Metz (1444)57, à Barcelone en 146258, sur la frontière franco-bourguignonne dans le dernier quart du xve siècle (Avesnes et Douai en 1475, Valenciennes et Saint-Omer en 1477, Mons en 1480…)59, etc. Des quartiers furent délaissés pour permettre la contraction de l’enceinte et/ou une meilleure défense, ainsi en Bourgogne (Flavigny), Champagne (Châlons-sur-Marne), Artois, Flandre (Bergues, Béthune), Lorraine (comme à Metz, vers 1380-90, pour les faubourgs de Burey, Stoxey, Chaponrue et Stintefontaine, de part et d’autre du confluent des deux bras de la Seille, déplacés ou détruits)60.
16Il fallait encore dépaver les routes, comme à Harfleur en 1415, qui auraient pu faciliter les approches des assaillants ou la mise en batterie des pièces d’artillerie, mais aussi couper les chemins « d’environ la ville par la ou l’en pourroit monter a cheval » (Langres, 1307)61. Les arbres le long des grands chemins, les haies vives, étaient abattus (Tours, 1358-59) « pour veoir clerement à l'entour »62. Enfin l’inondation des faubourgs (Arras, 1341 ; Harfleur, 1415), obligeait l’assaillant à reculer ses lignes d’approche63
17L'autorisation royale était sollicitée par les échevins pour l’expropriation des édifices gênant la construction de nouvelles murailles ou nuisant à la sécurité de la ville, comme en 1346 à Arras64 et Amiens65, en 1415-1416 à Boulogne66, Tours, etc. À Amiens en 1360 à la suite de la plainte des propriétaires des édifices détruits des faubourgs, le régent (le futur Charles V) déchargea le maire et les échevins d'Amiens de toute poursuite67. L’estimation des biens expropriés était faite par les maîtres maçon et charpentiers assermentés de la ville (Valenciennes, 1370)68 ou par des commissaires nommés par le pouvoir royal par exemple à la suite d’une plainte de l’évêque (Amiens, 1347)69.
L’effroi des feux de guerre
18La grande menace pour les villes était celle des feux de guerre (fig. 4) : Bourbourg (Flandre) fut incendiée par les Français en 1383 par « viretons et par canons et par songnies », soit des projectiles tirant des traits enflammés70. L’incendie des édifices les plus proches des murailles était d’autre part susceptible de gêner considérablement la défense. À propos des espaces vides reconnus par l’archéologie, entre les quartiers urbanisés et la muraille urbaine, on a avancé la thèse soit d’une anticipation de la croissance urbaine, soit de la création d’une aire de circulation, soit de raisons défensives71. Un ensemble de sources oriente clairement vers ces dernières. Ainsi en 1356, une expertise des fortifications d'Agde estimait nécessaire de détruire les maisons appuyées aux murailles et celles situées dans un rayon de 12 cannes (environ 22 m). En 1379-80, à Tours les fenêtres des maisons riveraines des murailles étaient obturées contre les traits72. En 1383 à Lille un ban du Magistrat prescrivait de plaquer d'argile sur deux pouces d'épaisseur toutes les maisons couvertes « de glui, d'estrain ou de rost » (chaume) situées à moins de 100 pieds (30 mètres) des murs et terrées de la ville73. Lors du siège d'Audenarde par Philippe d'Artevelde en 1382, le capitaine de la ville fit « toutes les maisons près des murs abatre ou couvrir de terre pour le trait dou feu des canons ». Cela expliquerait lors de la création de la dernière enceinte d’Orléans en 1488, la conservation côté ville d’une zone non ædificandi de 16 toises, soit une trentaine de mètres74.
La création d’un glacis défensif
19En corollaire s’imposait l’idée de dégager les abords de la place pour permettre à l'artillerie chargée de la défense de les découvrir. La profondeur de la zone à détruire dépendait d’abord de l’assiette topographique de la ville, de l’implantation des fortifications, des armements disponibles et de leurs performances et enfin de l’idée qu’on se faisait des moyens de l’assaillant.
20Les fossés constituaient le premier obstacle : à partir de la seconde moitié du xive siècle on leur donna des largeurs couramment comprises entre 15 et 30 m, ainsi sur l’enceinte de Paris ou du château de Vincennes75, entre 15 et 30 m également au château de Dijon vers 148076, 32 m sur l’enceinte de Rennes en 1421, 24 toises soit autour de 44 m sur celle d’Orléans vers 149077. Les fossés furent précédés par une première ligne qualifiée « arrières-fossés », « doubles-fossés », « faux-fossés », « rerefossés » séparés des premiers par un intervalle variable78. Leurs dimensions étaient plus réduites, de 5 à 10 m de largeur tout au plus pour une profondeur limitée souvent autour de 1,50 m79, ainsi à Tours où ils avaient en 1358 une largeur de 5 m80. Leur rôle était donc subsidiaire : renforcés d’une palissade ils constituaient une première ligne de défense en mesure de gêner les approches de l’assaillant et surtout de briser les tentatives – courantes aux premiers temps de la guerre de Cent Ans – des charges des troupes montées contre les portes.
21Les fouilles de l’enceinte de Charles V à Paris ont restitué des défenses avancées avec fossés, et peut-être doubles-fossés, sur une étendue d’environ 70 m81. Des dimensions similaires peuvent être reconnues pour l’enceinte de Douai sur les fronts orientaux vers la mi-xve siècle où fossés et arrières-fossés d’une dizaine de mètres de largeur étaient séparés par des levées de terre (« crestes », « moyennes crestes ») couronnées de palissades, plantées d’arbres (des cerisiers) et de ronces. Des poternes assuraient la communication entre ces levées, les courtines du corps-de-place et les défenses avancées des boulevards. Un même système défensif avec deux lignes de fossés séparés par des levées de terre renforçait les enceintes de Bruges (fig. 5), Lille, Saint-Omer ou encore de Provins en 1367-137082. La défense offerte par les arrières-fossés pouvait être complétée au niveau du glacis par des haies épineuses, des chevaux de frise, des tranchées barrant les principaux chemins vers la place.
22La profondeur de la zone défensive aménagée au-devant des murailles variait en fonction du relief, du tracé et de l’implantation des fronts comme de l’existence ou non de fossés en eau qui ne nécessitaient pas dans ce cas la multivallation, c’est-à-dire le doublement de l’enceinte principale par des arrières-fossés. Cette zone fortifiée dépendait en outre des moyens en armes dont disposait la défense. Dans tous les cas de figure, murailles et fossés devaient être profilés en fonction d’un commandement des ouvrages depuis la place-forte vers l’extérieur et leur flanquement assurée par une série de pièces d’artillerie adaptées. Au Mans lors de la création des nouvelles murailles de la Cité vers 1360-1380 on donna au glacis défensif une étendue de 50 m83.
23Le règlement pour la défense de la ville de Saint-Omer (1346) prescrivait de tout détruire au-delà des murailles dans un espace couvert par le trait d’une arbalète84. L’arme la plus performante dans cette catégorie – l'arbalète à arc d'acier – avait une portée de 340 à 350 m sous un angle de tir de 45°, mais le tir de but en blanc (tir à l’horizontal) était réduit autour de 70 m. La portée s'accroissait néanmoins dans les niveaux supérieurs des tours, puisque le tireur bénéficiait d’un commandement important, et on peut donc l’estimer entre 80 m à 100. En 1435 à d'Issoudun, on envisageait encore de dégager les abords de la place sur une profondeur de 40 toises, soit près de 75 m85, distance un peu près équivalente.
24Le règlement d'Hugues de Cardaillac (1346) pour la défense du château de Bioule (Tarn-et-Garonne) prescrivait d’utiliser d'abord les arbalètes à tour dont la portée était la plus grande, puis les arbalètes à deux pieds, ensuite les pierres et les canons86. Ces derniers qui avaient à la fois une portée et une précision du tir limitées n’étaient donc utilisés que pour le seul flanquement rapproché des murs. La défense pouvait compter néanmoins sur les armes mécaniques semi portatives, du type « espringale » et arbalète à tour – comme à Bioule – pour le flanquement des glacis de la place87. À partir de la fin du xiiie siècle et jusqu’au dernier quart du xive siècle, l’espringale (fig. 6), dont la portée maximale peut–être estimée entre 300 et 400 mètres, fut considérée comme l’arme à longue portée la plus performante pour la défense des places. L’espringale différait de l’arbalète à tour dans la mesure où elle possédait deux bras autonomes au lieu d’un arc unique : la force propulsive résultait de la torsion d'écheveaux et non plus dans la résistance offerte par un arc de bois, d’acier ou de corne. Disposée à l’intérieur des tours ou provisoirement sur leur terrasse88, elle assurait simultanément le flanquement des courtines du corps-de-place et des glacis. La défense bénéficiait d’une véritable supériorité sur l’attaque qui ne pouvait disposer du même matériel d’artillerie, fragile et difficile à transporter en campagne.
25La création d’un glacis non ædificandi devant la place, réponse générale au début de la guerre de Cent Ans, constitua une réponse appropriée aux tentatives des assiégeants.
L’artillerie à feu
26Vers les années 1370 cependant le développement de l’artillerie à feu et l’accroissement de ses performances techniques allaient constituer une menace nouvelle (fig. 7). Si nous avons estimé la portée des armes à feu jusqu'aux années 1370 à moins de 200 m, à 400 m dans la décennie 1390, à 1 000 m vers 1 400 et 1 500 m vers 1450 – voire à 2 000 m pour des armes de gros calibre – cependant dans la première moitié du xve siècle pour un tir de précision elle restait limitée à 300-400 m au plus, à moins de 200 m pour un tir de brèche89. Mais l’attaque disposait désormais de pièces d’artillerie capables de tirer des projectiles non plus sur un seul angle de tir parabolique, mais sur une trajectoire se rapprochant de l’horizontale90.
27Si les villes, dans les anciens Pays-Bas et les Pays Germaniques en particulier, s’équipèrent du matériel d’artillerie nécessaire – déjà en 1377, le conseil de ville de Frankfort-sur-le-Main (Hesse) demandait aux canonniers des pièces capables de tirer à environ 230 m des boulets de 100 livres, portée qui devait être doublée en 1394, soit 460 m pour la bombarde dite de Frankfort91 – l’attaque allait disposer d’une supériorité sur la défense grâce à l’emploi de pièces d’artillerie de gros calibre (les bombardes) (fig. 8). Ainsi au siège de Tannenberg en 1399 (Prusse-Orientale actuellement Stębark en Pologne), une grosse bombarde fut installée à une distance comprise entre 200 et 250 m, en contrebas de 35 m de l'objectif à atteindre, soit un angle de tir de 8 degrés92. Lors du siège du château de Görlitz (Saxe) par les Hussites en 1422 les canons de gros calibre de l’attaque disposés sur des hauteur le dominant de 20 à 70 m tirèrent des projectiles à 500 mètres de distance qui effondrèrent les bâtiments93. Vers 1431 des bombardes de Görlitz et Nuremberg (Bavière) pouvaient tirer à 2 000 m des boulets de 310 livres94. Au siège de Zürich en 1443, les grosses bombardes étaient disposées à 500 m des murs de la ville pour faire brèche95.
28Même constat en France. Devant Caen en 1417, Henry V disposa une batterie de grosses pièces à 540 m du mur à détruire96. Au siège d’Orléans en 1429, des canons mis en batterie par les Anglais pouvaient atteindre le centre de la cité à plus de 900 m, tandis qu'un projectile de la défense fut tiré à 1 200 m97. D'après un manuscrit composé vers 1430, la portée serait de 1 500 à 2 000 pas, soit de 1 000 à 1 400 m, et des chiffres de 3 000 pas sont encore donnés98 : soit entre 1 125 et 2 250 m. Si l’efficacité de cette artillerie à feu dans l’attaque a parfois été contestée trop rapidement à travers des exemples où cette dernière n’était qu’un élément parmi d’autres de l’ensemble du siège99, bien d’autres exemples prouvent néanmoins le contraire100.
29La destruction des faubourgs s’imposait donc pour permettre à l’artillerie de la défense de prendre sous ses feux les batteries et les approches de l’assaillant. Les fronts les plus vulnérables, en raison de la topographie ou parce que leurs fossés n’étaient pas inondables, reçurent le maximum de pièces d’artillerie. Sur l'enceinte de Bruxelles en 1451-1452, 83 pièces d'artillerie (dont 34 veuglaires et 49 couleuvrines à main) étaient réparties sur les seuls fronts où les fossés étaient à sec101 et non sur ceux qui étaient inondés par les eaux de la Senne, soit sur 4 000 m pour un périmètre total de 8 000 m102. Les voies d’approche potentielles de l’attaque, le long des chemins ou des routes vers les portes, étaient puissamment défendues par le feu des 34 veuglaires dont le tir était recoupé par celui des armes portatives, dans la proportion de trois contre une (fig. 9).
Un paysage recomposé
30Au début de la guerre de Cent Ans la destruction des faubourgs fut un impératif pour les villes dès lors que le temps faisait défaut pour les englober dans de nouvelles fortifications. Laisser l’assaillant s’y établir ou y prendre ses logements aurait créé une menace permanente et nécessité des contingents défensifs complémentaires pour assurer une surveillance constante de l’enceinte. À terme des problèmes de ravitaillement (en nourriture en particulier) auraient pu se poser. Le dégagement des faubourgs éloignait les craintes de voir l’assaillant s’approcher à couvert et tenter par un coup d’action rapide l’escalade des murailles ou le franchissement des terrées. Les glacis défensifs ménagés sur les abords dégagés de l’enceinte éloignaient le risque des incendies, dévastateurs pour des cités construites de bois et de chaume, en permettant leur flanquement par les armes de longue portée, armes mécaniques puis armes à feu.
31Les années 1370-1380 qui virent le développement de pièces d’artillerie tirant des boulets de pierre et l’augmentation progressive de la portée des canons donna à l’attaque une réelle supériorité sur la défense. Cette dernière répliqua par la construction d’ouvrages adaptés à l’artillerie, des fausses braies et des boulevards détachés de l’enceinte, portant des pièces d’artillerie à feu. Parmi ces dernières, comme le montre bien l’exemple parmi d’autres de l’enceinte de Bruxelles, les veuglaires devaient s’imposer puis les serpentines à partir de 1450.
Conclusion
32La destruction des faubourgs des villes, systématiques dans les régions concernées par les épisodes de la Guerre de Cent Ans, allait modifier violemment – et durablement pour les villes frontières – le paysage urbain. Pétrarque (1304-1374) s’en faisait l’écho dans une lettre écrite en 1367, compte-rendu d’un voyage en France et ses confins (Flandre, Brabant, Hainaut et Germanie inférieure) vers 1355. Stupéfait de l’ampleur des destructions il soulignait que du royaume si opulent auparavant, il ne restait plus debout une maison en dehors de celles qui se trouvaient dans l’enceinte des villes : « vix aliquid omnium recognovi, opulentissimum in cineres versum regnum videns, et nullam pene domum stantem nisi urbium aut arcium moenibus cincta esset »103. Les traces de ces destructions – mises au jour par l’archéologie à Dijon104, Paris105, Le Mans106, Marseille et Narbonne107 –, en révèlent encore à côté des sources écrites l’ampleur.
33Le paysage de la ville en fut redessiné, affirmant la puissance du mur d’enceinte et contribuant, pour reprendre l’expression de Bernard Chevalier, à dresser la ville « comme un objet définissable et perceptible au milieu du plat-pays »108.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Musée de Dijon, Inv. CA 150.
2 Bochaca 1997, p. 45 et sq. et 68.
3 Xandry 2014, p. 45 et sq.
4 Archives municipales de Valenciennes, divers 8319.
5 Mignard 1858, p. 228, vers n° 5451.
6 Dans les sources du Nord de la Loire (Bourgogne, Bretagne, Champagne, Picardie, Hainaut) les termes de « forbour », « fourbourg » sont le plus couramment utilisés.
7 Contamine 2002, p. 21, nt. 26.
8 Bouffier et al. 2015, p. 46-47.
9 Ibid., p. 49 ; Abbé 2015, p. 90 et sqq ; Yann 2008, p. 231-238.
10 Koch et al. 2008.
11 Bormans 1898, p. 336 : à propos d’une cité dite Eurewiche en Angleterre en 1327 : « Le plus beal forbos de li citeit » ; Kervyn de Lettenhove 1867-1877, t. 2, p. 112 et 115 : « le plus biel fourbour de toutte la cité ».
12 Cavailles et Baudry 1999, p. 22.
13 Nord (Hainaut).
14 Diller 1991, p. 79.
15 Nord (Flandre).
16 Luce 1870, p. 46 ; Denifle 1899 ; Viard 1926.
17 Lesquier 1928, p. 197-98.
18 Leguay 1981, p. 169.
19 Michaud-Fréjaville 1981, p. 63.
20 Puiseux 1858.
21 Navel 1932.
22 Salamagne 2013, p. 71-72.
23 Géraud 1873, p. 280.
24 Girardot 1986 ; Masquilier et Giuliato 2008, p. 18.
25 Lacroix 2016, p. 93-95.
26 Archives municipales de Valenciennes, CC 698, 1347 : 60 livres à François de Landas et à Aymon du Gardin pour les ouvrages « des bailles des Fourbons » ; Archives municipales de Valenciennes, 720, fol. 11r° : série d’expropriations pour la construction de l’enceinte en 1366-1367.
27 Archives départementales du Nord, B 9737, 1364 : « Pour pluiseurs pieches d'estoffes de bos que messire a fait livrer sur le pieche de terre as fourbons d'Anzaing, entre le molin des Ogelens et alant oultre jusques a le maison de le Bone, lequel bos li ville de Valenchiennes fist mettre en oeuvre a seu frait pour fortefyer lesdis fourbons de garites et de palis ».
28 Caffiaux 1866, p. 103-104.
29 Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 13083, fol. 79r° : « A Willaume de Labie pour I jour et I grant demy carpenter a revestir le baille de Saint-Biettremieu, aultres bailles autour des faubours, viseter et aizier pour mieux clore et ouvrir à cause des gens d'arme à 6 s., 6 d. pour jour sont, 10 s., 10 d. Il est encore fait mention des barrières de Marly, des Petits Malades, des Cornes... ; fol. 86r° : « gharite estans sus le deuve de le rivière des Ogelens empries le portelette d'Ansaing ».
30 Savy 2016, p. 123-124.
31 Géraud 1873, p. 274-275 ; Béghin 2016, vol. 2, p. 341 et sq.
32 Abbé 2015.
33 Chevalier 1974, p. 67.
34 Béghin 2016, vol. 2, p. 439.
35 Géraud 1873, p. 62-63.
36 Kervyn de Lettenhove 1867-1877, t. 4, p 228.
37 Thierry 1850, p. 590 et 609.
38 Champion 1911 (1969), p. 127.
39 Géraud 1873, p. 304.
40 Guesnon 1897-1898, p. 257.
41 Bris et Picheire 1960, p. 127-135.
42 Haingneré, 1882, p. 201.
43 Deschamps de Pas 1887-1891, p. 245.
44 Delaville le Roulx 1878, p. 72 ; Delaville le Roulx 1881, p. 226.
45 Rouquette 1887, p. 101 et 453 et sq.
46 Thierry 1850, p. 652.
47 Vallet de Viriville 1859, p. 270 ; voir d’une manière générale Denifle 1897-1899.
48 Viard 1926.
49 Viard et Déprez 1904, p. 168.
50 Becet 1949, p. 17 ; Timbal 1961, p 184 et sq ; Desportes 1977, p. 816, 834 et sq ; Contamine 1978, p. 43 ; Rigaudiere 1985, p. 32 et sq. ; Guillerme 1990, p. 130 et sq.
51 Reyerson 2000, p. 95 et sqq.
52 Champion 1911 (1969), p. 126-127.
53 Mabire la Caille 2000, p. 91.
54 Leguay 1969, p. 208 et sq. ; Leguay 1980, p. 77 ; Monnier 1977, p. 177.
55 Puiseux 1858.
56 Puiseux 1867, p. 36 et 131.
57 Ager Newhall 1924, p. 105 ; Marot 1941, p. 109-155.
58 Calmette 1902, p. 150.
59 Voir d’une manière générale Deloffre 1985.
60 Trapp et Didiot 2017, p. 75.
61 Claudon 1901, p. 94.
62 Delaville le Roulx 1879, p. 72 et 1881, p. 226.
63 Cardevacque 1891, p. 141 ; Hellot 1881, p. 5-15.
64 Guesnon 1897-1898, p. 237 et 257.
65 Thierry 1850, p. 527 et sq. ; Salamagne 2002, p. 51 et sq.
66 Haingneré 1882, p. 201 : « par le Conseil du Roy, de nosseigneurs estans par decha et du conseil de le ville ».
67 Béghin 2016, vol. 2, p. 350.
68 Archives municipales de Valenciennes, CC 725, 1370, fol. 10r° : « A maistre Jehan Vakenart et Jakemart Oudart pour leur paine et sollaire de aviser et maitre par escript les damages que Jehans de le Buissière avoit eut en sen hiretage des ouvrages que li ville fist faire pour le fortereche renforchier pour 2 los de vin a cascun, 16 s. Audit Jehan de le Buissière payet dou command le prévost et les jurés par l’otroi dou conseil de le ville pour l’amendement et restor de sen hiretage dont on a pris et s’est fyet pour le fortereche de le ville amender, 20 petis frans de Hainaut qui coustèrent parmy 33 s., 6 d. le pieche, 33 £, 10 s ».
69 Thierry 1850, p. 532 : la ville dut indemniser l’évêque.
70 Kervyn de Lettenhove 1867-1877, t. 11, p. 145 et sqq.
71 Koch et al. 2008, p. 444.
72 Delaville le Roulx 1878, p. 72 ; Delaville le Roulx 1888, p. 226.
73 Scrive-Bertin 1890, p. 211 sq.
74 Alix et Durandière 2004, p. 33.
75 Mesqui 1979, p. 162-163.
76 Laborier et Saint-Jean Vitus 2013, p. 140.
77 Alix et Durandière, p. 33.
78 Chevalier 1982, p. 113 et sq.
79 Mesqui 1979, p. 163 ; Salamagne 2002, p. 80-82.
80 Delaville le Roulx 1878, p. 58 et sqq. ; Galinié 1979, p. 235, Toulier 1974, p. 356-57.
81 Van Ossel et Leonelli 1998, p. 186 (restitution).
82 Salamagne 2001, p. 76 et sq.
83 Bernollin et Meunier 2014, p. 131-132.
84 Deschamps de Pas 1887-1891, p. 245.
85 Champollion-Figeac 1841, p. 233.
86 Forestié 1901.
87 Si quatre « espingoles » sont mentionnées dans le règlement pour Bioule, il n’en plus fait mention néanmoins dans l’article récapitulatif 20. Le terme doit renvoyer à un autre type d’arme que celle connue sous le terme d’espringale.
88 Salamagne 1996, p. 109-158.
89 Le remplacement progressif des bombardes par des pièces de calibre inférieur imposa au xvie siècle un rapprochement des batteries de siège pour faire brèche à une cinquantaine de mètres.
90 Déjà souligné par Volker Schmidtchen (Schmidtchen 1990).
91 Rathgen 1928, p. 19 sq. et 52.
92 Ibid., p. 51-52.
93 Ibid., p. 367-369 : le siège qui dura six mois, du 20 mai au 22 octobre, échoua.
94 Ibid., p. 379.
95 Ibid., p. 379, 480.
96 Burne 1956, p. 12.
97 Boucher de Molandon 1892, p. 755.
98 Bonaparte 1862, p. 154.
99 DeVries 2005.
100 Voir Salamagne.
101 Zylbergeld 1980.
102 Ibid., p. 634 et sqq.
103 Nota 2004, p. 259 ; Delachenal 1909, p. 135, nt. 1.
104 Laborier et Saint-Jean Vitus 2013, p. 144.
105 Van Ossel et Leonelli 1998, p. 119.
106 Bernollin et Meunier 2014, p. 128 et sq.
107 Béghin 2016, vol. 2, p. 359.
108 Chevalier 1982, p. 192.
Auteur
Professeur d'histoire de l'Art médiéval, CESR (UMR 7323)
salamagne@univ-tours.fr
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