Les fortifications tardives de Château-Thierry (XVIe siècle) : une phase majeure disparue
The late fortifications of Château-Thierry (16th century): a major but lost phase
Résumés
Les fortifications médiévales de Château-Thierry ont fait l’objet d’études approfondies et très documentées. Malgré cela, une ultime phase d’adaptation aux techniques de la guerre moderne est restée complètement inaperçue, jusqu’à ce que l’examen croisé des sources et des données archéologiques révèle son existence. Longtemps considérée comme une phase négligeable, succession d’opérations ponctuelles sans projet global, les fortifications du XVIe siècle de Château-Thierry ont été délaissées en faveur d’autres problématiques historiographiques. Aujourd’hui, l’occasion nous est donnée d’exposer les motifs qui nous conduisent à considérer qu’il s’agit, en réalité, d’une phase de transformation majeure conçue à l’échelle de l’agglomération. Sa disparition, tant physique qu’archivistique, a contribué à la rendre longtemps imperceptible.
The medieval fortifications of Château-Thierry have been the subject of in-depth and well-documented studies. However, a late phase of adaptation to early modern period’s warfare remained completely unnoticed, until the cross-over study of historic sources and archaeological data revealed its existence. Long considered a negligible stage, merely a succession of one-off works without an overall project, the 16th century fortifications of Château-Thierry were neglected in favor of other historiographical topics. Today, we have the opportunity to expound on the reasons which lead us to consider that this is in fact a major phase of transformation, city-wide designed. Its disappearance both from landscape and records, led to making it invisible for a long time.
Entrées d’index
Mots-clés : Aisne, Château-Thierry, château, ville-forte, xvie siècle, époque moderne, fortification bastionnée, bastion, cavalier, ravelin, tenaille, artillerie, démantèlement
Keywords : Aisne, Château-Thierry, castle, fortified town, 16th century, Early Modern Period, bastion fortification, bastion, cavalier, ravelin, tenaille, artillery, dismantling
Texte intégral
1. Introduction
1La question du démantèlement des fortifications à Château-Thierry est l’occasion d’aborder un sujet jusqu’à présent peu considéré : celui des défenses tardives de l’agglomération. Paradoxalement, cette ultime phase monumentale est complètement passée inaperçue auprès des historiens de la ville, au contraire des phases militaires antérieures. La désaffection progressive de la ceinture fortifiée de la ville et du château au XVIIe siècle, puis un démantèlement plus actif au cours des XVIIIe et XIXe siècles, ont contribué à faire ressurgir l’état médiéval des défenses collectives au détriment de son développement final du XVIe siècle. Cet état médiéval a longtemps focalisé l’attention des chercheurs. L’oblitération d’une majeure partie des défenses héritées du XVIe siècle et la faible documentation archivistique disponible ont grandement contribué à rendre invisible cette phase, pourtant parfois pressentie par les études récentes. Les données archéologiques recueillies au gré des opérations préventives menées par l’Unité d’Archéologie de Château-Thierry (UACT) ont contribué à alimenter un bruit de fond en faveur d’une phase d’adaptation moderne des fortifications d’une importance insoupçonnée. La question du démantèlement des fortifications finales de Château-Thierry est aussi le moyen d’aborder celle de ce dernier grand chantier militaire, des raisons de son imperceptibilité et d’apporter des éléments permettant de lever en partie le voile sur son évolution et sa chronologie.
2. Les fortifications après 1504 : terra incognita
2.1. L’état de la recherche sur la question
2Outre les travaux des érudits et antiquaires du XIXe siècle, l’histoire des fortifications de Château-Thierry bénéficie d’une solide monographie publiée en 2013 par Fr. Blary et adossée à un grand nombre de données tant archivistiques qu’archéologiques1. Jusqu’à présent, les études se sont essentiellement concentrées sur la question des origines du château, de l’émergence de l’agglomération médiévale et de leur évolution conjointe au cours de la période. La question des fortifications au cours du XVIe siècle n’a, pour ainsi dire, pas été abordée.
3L’opinion commune était que l’ultime phase d’amélioration des défenses, et notamment la mise en œuvre d’une politique d’adaptation à l’artillerie, était imputable à Antoine de Bourgogne, entre 1478 et 15042. Particulièrement actif sur le plan urbanistique, il est considéré comme l’auteur naturel des dernières mutations des enceintes castrale et urbaine. Toutefois, les améliorations de cette période sont généralement jugées comme des travaux d’urgence ponctuels destinés à conserver opérationnels des éléments défensifs médiévaux en cours d’obsolescence3. On considère qu’à partir de cette ultime phase, le système fortifié tombe petit à petit en désuétude sans plus connaître de chantiers de transformation importants. Après Antoine de Bourgogne, seul le duc d’Alençon est signalé par les historiens comme réalisant des travaux au château, entre 1566 et 1584. Mais ceux-ci touchent avant tout à son habitabilité, renforçant l’idée d’un désintérêt pour les ouvrages de la défense.
4Entre Antoine de Bourgogne et François, duc d’Alençon, il y a un hiatus de 62 ans. Or, durant ces six décennies, le château de Château-Thierry passe successivement en la main des rois de France Louis XII (1504-1515) et François Ier (1515-1526), puis est confié en apanage aux ducs de Bouillon, Robert III de La Marck (1526-1536) et Robert IV de La Marck (1536-1556). On sait que François Ier entreprend des travaux de réfection du pont sur la Marne et des fortifications attenantes, vers 1519, travaux pour lesquels une taxe exceptionnelle sur le sel est établie pour six ans4. Les La Marck sont, quant à eux, des hommes de guerre particulièrement actifs et des bâtisseurs de fortifications, comme en témoigne le vaste chantier de renforcement de leur place de Sedan5. Il serait pour le moins surprenant, avec une telle succession de personnages, que les fortifications de Château-Thierry aient été totalement délaissées.
2.2. Le dispositif défensif urbain à la fin du XVe siècle
5Au sortir de la guerre de Cent Ans, les défenses de Château-Thierry restent polarisées par le site castral. L’extension maximum de la clôture urbaine semble avoir été atteinte sous Thibaut IV, comte de Champagne, dans le deuxième tiers du XIIIe siècle. Les importants travaux qui sont entrepris sur l’enceinte du château ont un retentissement sur le chantier des fortifications de la ville, résultant en un système très homogène sur le plan architectural, régulièrement flanqué de tours semi-circulaires et doté de portes de type philippien (fig. 1). Le rattachement au domaine royal au début du XIVe siècle amène son lot de travaux sur les fortifications, avec notamment une reprise des portes. Lorsqu’il confirme et modifie la charte de commune, en 1301, Philippe le Bel ne fait pas mention des fortifications urbaines comme d’une prérogative municipale, suggérant en cela qu’il s’agit d’un domaine sur lequel le roi a la haute main6. Toutefois, en 16957, l’état des défenses de la ville est manifestement du ressort des maire et échevins de Château-Thierry. De plus, l’affermage et la location de certains éléments se font, à cette époque, au bénéfice de la commune. Par conséquent, si les fortifications ont été un temps l’affaire du roi, elles sont devenues, de fait, celle de la commune entre le XIIIe et le XVIIe siècle.
6Bien que la clôture de Château-Thierry ne connaisse pas d’agrandissement substantiel après le XIIIe siècle, elle continue de faire l’objet de grands chantiers d’aménagements. Dans le cours du XIVe siècle, les murailles est et ouest sont intérieurement doublées par d’importants ouvrages de terrassement8. En direction de la Marne, la ville dispose d’un fort défendant la tête de pont – le fort Saint-Jacques – et qui, avec l’extension des murailles, se situe intra muros au moment où éclate la guerre de Cent Ans. Cette petite forteresse commandait la chaussée du pont, mais peut-être était-elle seulement tangente à celle-ci, comme c’est le cas du fort des Tourelles de Vernonnet, à Vernon, en Normandie. En 1429, le fort Saint-Jacques existe toujours, mais n’est plus en état de servir pour un usage militaire9. Les quelques années d’occupation anglaise et le climat d’insécurité global ont laissé Château-Thierry dans un état démographique et économique déplorable. Dans la deuxième moitié du XVe siècle, la seigneurie est ballotée d’apanages en rattachement direct à la couronne, générant une instabilité peu favorable à la mise en place d’un grand chantier de réfection des défenses. La situation se stabilise à partir d’Antoine de Bourgogne et s’améliore encore avec l’érection en duché-pairie en 1566, puis par l’arrêté des « vingt lieues » du 14 août 1577 incluant Château-Thierry dans les sources d’approvisionnement en vin de Paris10.
3. Les données disponibles sur la clôture urbaine de l’Époque moderne
3.1. L’apport des sources iconographiques
7Les plus anciennes vues cavalières de Château-Thierry appartiennent au XVIIe siècle : un dessin à la plume de Joachim Duviert daté de 160911, un dessin par Claude Chastillon publié en 167212 (fig. 2) et un autre par Christophe Tassin de 163113. Les difficultés inhérentes à ce type de documentation ont déjà été soulignées par Fr. Blary dans sa monographie14. Sans être fantaisistes, ces représentations offrent un point de vue global limité de la morphologie de la ville et du château. D’après ces sources, les fortifications sont, à cette époque, rétablies, mais apparaissent dans un état médiéval. Les éléments majeurs concordent avec la réalité connue – notamment le nombre de tours de la courtine sud du château –, ce qui est moins le cas avec le reste du tissu urbain. Ainsi, le quartier de la Poterne, développé entre la rive droite de la Marne et l’angle sud-est des fortifications urbaines, le Jeu de paume et le Jeu d’arquebuse15 n’apparaissent absolument pas sur les vues de Chastillon et Tassin.
8Toutes ces vues représentent la ville selon un point de vue situé sur la rive gauche de la Marne. Le château est systématiquement en arrière-plan et le front nord des défenses n’est jamais visible. Sa morphologie, essentielle pour la compréhension du développement des fortifications tardives, n’est pas dépeinte par ces sources. Elles montrent une ville close, dominée par la masse du château qui la surplombe et dotée de deux principaux faubourgs : celui de Saint-Crépin à l’ouest et celui d’outre-Marne au sud, sur la rive gauche de la rivière. Au début du XVIIe siècle, le système fortifié urbain est donc encore une composante représentative de la cité et de son château, mais l’iconographie ne fait pas ressortir de caractères propres à l’architecture militaire du XVIe siècle.
9Sur les faubourgs, le dessin de Duviert donne quelques détails. Il représente le portail sud du faubourg d’outre-Marne et une portion de mur périphérique à l’ouest. Sans constituer une fortification stricto sensu, il s’agit néanmoins d’une clôture qui ceinture le faubourg. Elle est associée à un ouvrage fossoyé, dont la mémoire s’est conservée dans la toponymie avec le nom de « rue du fossé Malingre ». Le portail sud et le fossé sont également représentés sur une copie réalisée par Lecart16 d’une vue en coupe de la chaussée et du pont de la Marne du XVIIe siècle (fig. 3). Toutefois, les diagnostics archéologiques réalisés en 2018 et 2023 sur le tracé supposé du fossé du faubourg n’ont pas livré de données déterminantes en dehors d’une portion de petit fossé, discontinue. À l’ouest, la vue insiste sur la barrière naturelle que constitue le ru des Praillons, entre le faubourg Saint-Crépin et le village Saint-Martin. Cette emphase est confirmée par les récents diagnostics archéologiques réalisés en 2023 dans ce secteur de la ville par l’Unité d’Archéologie de Château-Thierry17 et qui démontrent que ce cours d’eau constituait une véritable barrière naturelle jusqu’à son endiguement au XIXe siècle.
10Le manuscrit inédit de Lecart, que nous venons de mentionner, constitue une remarquable source de données iconographiques sur Château-Thierry avant 1870. Il rassemble un grand nombre de vues originales ou de copies de documents figurés, parfois disparus. Sur la question des fortifications tardives, il est plus prolixe au sujet du château, pour lequel il fournit des détails à propos de structures en élévation, aujourd’hui disparues ou considérablement diminuées. C’est le cas, par exemple, de la porte dite Saint-Thibaut permettant de franchir le fossé Sec qui sépare les différents enclos castraux. Son aquarelle permet de discerner que cette porte, probablement construite initialement sur le modèle des portes à tours de flanquement circulaire – telles que la porte Saint-Pierre de Château-Thierry –, a subi des modifications importantes. L’accès est encadré par deux ailes en quart de rond qui se prolongent, au nord et au sud, par une muraille descendant jusqu’au plancher du fossé et couvrant la totalité du front oriental de la haute-cour (fig. 4). Ce véritable mur-bouclier englobe le pied de l’ancienne tour maîtresse, transformée en cavalier d’artillerie vers la fin du XVe ou le début du XVIe siècle18. Cette évolution de la porte par la création de murs réduisant drastiquement la conception médiévale du flanquement en faveur de la production d’un front uni, sans saillant, se retrouve ailleurs. En Normandie, on peut citer les cas de la porte des Champs des châteaux de Caen et de Dieppe19, très modifiées entre la toute fin du XVe et le XVIe siècle et dont la configuration médiévale est totalement gommée par l’adjonction de murs constituant un front aussi uni que possible, percé de canonnières à la française dans le cas de Dieppe. Dans les Ardennes, le château de Sedan dispose également d’une porte flanquée de murs en ailes englobant les anciennes tours de flanquement médiévales. Cette campagne de modification qui s’étend globalement entre 1530 et 1572 est l’œuvre des La Marck, et notamment de Robert IV20. La coïncidence des dates et du personnage avec Château-Thierry n’est pas sans relation avec notre sujet. Nous y reviendrons plus loin.
11Pour terminer ce rapide tour d’horizon, n’omettons pas de mentionner le cadastre napoléonien21 qui présente des traces parcellaires aujourd’hui disparues pouvant indiquer le tracé de terrassements avancés (contrescarpes, redans, etc.) devant l’ancienne porte de Beauvais et auprès du Jeu de l’arquebuse.
3.2. L’apport des textes
12Sur le sujet des fortifications en général, les sources écrites sont inégalement préservées. Dès le Moyen Âge, le château dispose d’une base documentaire substantielle, tandis que la ville souffre de lacunes particulièrement importantes22. L’ensemble disponible est donc relativement limité et s’amenuise encore pour l’Époque moderne. Cependant, il n’est pas inexistant.
13La situation des archives modernes est bien résumée en conclusion de l’enquête sur l’état des défenses de la ville en 1695 : « Il est deub a la dite ville huict ou dix livres de surcens dont les titres sont perdus ou es-mains des anciens eschevins qui ont gardé et dont nous n’avons point de connessance »23. Outre cet aveu de négligence dans la tenue des archives municipales, il est un des documents majeurs concernant les fortifications tardives. L’arrêt est dressé entre le 18 novembre et le 26 décembre 1695. Ce document, quoique court, donne un panorama assez détaillé des ouvrages de la ceinture urbaine, section par section. Précisons qu’il exclut le château. L’inventaire décrit un système fortifié en voie d’abandon généralisé : tours, remparts, corps de garde sont majoritairement vacants, en mauvais état, voire ruinés. Des portions de remparts sont utilisées comme passages publics. Dans le courant du XVIIIe siècle, les fortifications tombées à l’abandon sont démantelées au gré du développement urbain. Le bastion de Beauvais, au nord-ouest du château, est dépouillé de son parement en 1753 afin d’employer les pierres de grès pour le pavement des rues24. Les murailles du côté de la Marne sont supprimées à l’occasion du tracé de la route royale numéro trois, entre 1760 et 178025.
14À partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle, le château ne semble pas mieux loti que la ville. Il tombe définitivement dans le giron des ducs de Bouillon, pour qui il ne constitue plus qu’une résidence de second ordre. En 1804, l’abbé Hébert indique dans son manuscrit inédit que les :
« (…) tours ne servoient plus que pour l’ornement du château, car leurs caves ou appartemans bas, avoient été remplis de décombres et leurs entrées murées apparemment à l’occasion de ce changement de maître (…) »26.
15À l’aube du XVIIIe siècle, toutes les fortifications de Château-Thierry sont globalement tombées dans un état d’abandon, mais leur description témoigne d’un dispositif défensif préexistant bien développé. Les fossés sont dotés de contrescarpes, les portes sont défendues par des corps de garde et des pont-levis, et des « plates-formes » d’artillerie existent.
16Le siège de la ville par le duc de Mayenne en 1591 occasionne la production de deux descriptions détaillées du déroulement des opérations. Il s’agit des textes disponibles les plus instructifs sur l’état des fortifications au sortir du XVIe siècle. En effet, les précédents épisodes militaires que connait la ville n’occasionnent pas de récits semblables : en septembre 1544, Charles Quint s’en empare sans combattre27 ; en mai 1589, le duc de Guise prend la ville et le château. Selon Catherine de Médicis, seuls les six mortes-payes de garnison, soutenus par les serviteurs présents au château, offrent un semblant de résistance28. En 1591, la ville est, cette fois, prête à se défendre. Elle dispose d’un parc d’artillerie de quatre grosses pièces et d’un nombre indéterminé de plus petites. Elle peut compter sur la présence de cuirassiers, de mercenaires suisses29 et de la compagnie bourgeoise de l’Arquebuse30.
17La première relation est celle du gouverneur militaire de Château-Thierry, Claude Pinart, vicomte de Comblizy31, ayant assuré le commandement de la place durant le siège. Il y justifie son action et les conditions de la reddition de la ville. Le deuxième récit est rédigé par le maréchal de Villeroy, présent dans le camp des assiégeants. Il livre une verte critique de Comblizy et ne cache pas la mauvaise opinion qu’il a de la ville « qui a toujours esté estimée, comme certainement elle est, une des plus mauvaises places du Royaume »32. Le déroulé des événements concorde d’un récit à l’autre. On peut le résumer ainsi. L’armée du duc de Mayenne arrive devant Château-Thierry par la route de Soissons. Elle renonce, cependant, à mener l’assaut par le nord, contourne la ville et s’empare assez facilement des faubourgs. Les deux auteurs s’accordent sur la faible résistance de ces faubourgs. Comblizy affirme que c’est faute d’hommes pour les défendre33. Villeroy déclare que c’est par surprise qu’ils sont pris34. S’ensuit un duel d’artillerie entre les batteries de la Ligue et celles de Château-Thierry, entrecoupé de pourparlers. En dépit du très grand nombre de coups tirés, les assiégeants n’arrivent à réaliser qu’une seule brèche exploitable, près du couvent des Cordeliers, au nord-ouest de la cité. Celle-ci est conquise par les mercenaires espagnols de Mayenne, principalement à cause de la faible garde qui s’y trouve. Grâce à cette tête de pont, les assiégeants prennent la ville, puis obtiennent la reddition du château, deux jours plus tard, achevant un siège de 16 jours.
18Dans leurs diverses descriptions, Villeroy et Comblizy donnent de précieux détails. Ainsi, ce dernier mentionne le ravelin devant la porte Saint-Crépin (ou porte de la Prison)35. Or, ce type de défense avancée est typique du développement des fortifications bastionnées au cours du XVIe siècle36. Le ravelin de la porte Saint-Crépin ne se conçoit que dans un ensemble fortifié dont les éléments se répondent mutuellement. Le bastion de Beauvais, mentionné en 1695, procède de la même logique. Au cours des deux récits, on saisit au vol des mentions de « tour des Munitions », de « flancs », de « canonnières » et de « remparements », évocatrices d’un dispositif défensif en adéquation avec les usages de la poliorcétique moderne. Toutefois, sous la plume de Comblizy à nouveau, on apprend qu’au moins un ouvrage de flanquement du château, employé pour la manœuvre d’une grande couleuvrine, n’est pas encore remparé et, par conséquent, vulnérable au tir d’une batterie ennemie37. En 1591, la mutation du dispositif défensif de Château-Thierry n’est donc pas encore parachevée, certains ouvrages restant à compléter. À l’issue du siège, le duc de Mayenne met en place une contribution exceptionnelle afin de fournir les subsides nécessaires à la réparation des défenses38. L’heure n’est pas encore au démantèlement, mais on ignore dans quelle mesure cette aide a été effectivement mise en œuvre.
3.3. Vestiges en élévation, vestiges archéologiques
19En dépit de la désaffection des fortifications de l’agglomération dans le tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, puis du démantèlement d’un grand nombre d’ouvrages au cours des XVIIIe et XIXe siècles, Château-Thierry continue de disposer, à ce jour, outre son château, de nombreux vestiges de sa clôture autour du vieux centre-ville. Ce constat démontre à lui seul que les différentes campagnes de démantèlement et de récupération des matériaux, parfois menées avec zèle39, ne sont pas parvenues à oblitérer totalement le capital architectural militaire de la ville.
20Au nord du château, les vestiges du bastion de Beauvais constituent l’un des témoins majeurs du dernier état des fortifications de Château-Thierry. L’ouvrage est édifié au pied de l’escarpe du château, sur le tracé de l’ancien égout fortifié du XIVe siècle qui permettait de vidanger les cuisines et le grand bassin de la haute-cour40. Sa pointe est orientée vers le nord-ouest, en direction de la porte de Beauvais, aujourd’hui disparue. Sa datation est généralement imprécise. En France, le système bastionné commence à être mis en application en 1540-1544, au château de Guise et à Montreuil-sur-Mer. Selon toute vraisemblance, l’édification du bastion de Beauvais – et du ravelin de la porte Saint-Crépin – ne peut être antérieure à cette date. Par nature, le bastion n’est opérationnel que lorsqu’il flanque – et est flanqué – par des ouvrages semblables. Sa présence suppose donc celle d’autres dispositifs en mesure d’assurer le feu croisé avec lui.
21La porte Saint-Jean est l’ouvrage médiéval en élévation le mieux conservé du château. Si cette structure du XIIIe siècle présente un état globalement situé dans les XIVe-XVe siècles, elle bénéficie de campagnes d’amélioration ultérieures. Le principal apport de l’Époque moderne consiste en un ouvrage terrassé revêtu d’un glacis maçonné, englobant le pied de la porte Saint-Jean, doté d’un pont-levis avancé à double tablier – charretier et piétonnier – flanqué de deux échauguettes circulaires. Il remplace les dispositions antérieures du franchissement médiéval41. Le manuscrit de Lecart en donne des représentations, avant sa démolition en 184642. Ce pont-levis avancé n’est pas aligné avec l’axe du passage principal de la porte Saint-Jean. Ce dispositif correspond aux principes de la fortification moderne, afin qu’on ne puisse emporter d’un seul coup de canon ou de pétard plusieurs éléments de barrages disposés en enfilade43.
22À l’intérieur du château, la porterie Saint-Thibaut présente un certain nombre de vestiges significatifs. En premier lieu, il subsiste la souche du pont-levis qui commandait l’accès à la haute-cour. Comme pour la porte Saint-Jean, il s’agit d’un pont-levis à double tablier – charretier et piétonnier. Le module et le style sont comparables d’une structure à l’autre, ce qui laisse envisager un chantier commun. Une opération de sondages archéologiques, réalisée par S. Ziegler et M. Jouannetaud44 en 2016, a mis en évidence au moins deux phases majeures de transformation de ce secteur. Tout d’abord, on constate le doublement du mur d’escarpe du fossé Sec, avec la mise en place, au nord de la porterie, d’un mur parallèle environ 8 m en arrière du premier, et d’une épaisseur d’environ 2,20 m en élévation (2,45 m en fondation), faisant passer l’épaisseur de l’ensemble d’un peu moins de 2 m à environ 12 m. L’espace entre les deux murs est comblé par un apport de terres contenant du mobilier de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Ce chantier est associé, à la même période, à la modification d’une des tours de l’enceinte médiévale nord pour y installer une latrine (fig. 5). Le système de remparement observé correspond aux usages ayant cours dans la défense de Château-Thierry depuis le XIVe siècle. Toutefois, l’exemple comparatif de Sedan montre que, sous les La Marck, le doublement des courtines médiévales du château, par une méthode semblable, est essentiellement réalisé à partir du milieu du XVIe siècle. Les artefacts mis au jour correspondent davantage à cette chronologie.
23Un deuxième chantier majeur voit la mise en place d’un système casematé souterrain postérieur aux phases de réfection de la porterie Saint-Thibaut et du mur d’escarpe du fossé Sec. Immédiatement au nord du sas de la porterie, en partie installé sur le mur de doublement de la muraille de l’escarpe, un escalier voûté en berceau permet d’atteindre les casemates inférieures. Ce poste bat le pied du pont-levis au moyen de fentes de tir en trou de serrure disposées en éventail. L’étude de Fr. Blary a démontré qu’une galerie complétait la défense du fossé en desservant des casemates et une poterne logées dans la contrescarpe et sous la souche du pont dormant – représenté par Lecart. Ce système complexe de feux croisés battant le fossé Sec est représentatif de l’adaptation aux usages de la guerre de position moderne.
24À l’extérieur du château, et particulièrement au sud, une succession de terrasses subsiste, souvent nommées « fausses-braies » par un certain nombre d’auteurs, dans une acception médiévale du terme. Cette qualification vernaculaire ne s’adosse pas réellement à des mentions médiévales explicites. Au regard de l’hypothèse d’une adaptation du château aux usages de l’artillerie, on doit bien admettre que cette interprétation doit être sérieusement réévaluée, tant d’un point de vue morphologique que chronologique. Encore une fois, on s’appuiera sur l’exemple comparatif de Sedan sous les La Marck qui, lorsqu’il commence à se munir de bastions à partir des années 1553-155945, se dote également de remparts terrassés au pied des courtines initiales.
25Enfin, en dehors du château, mais dans sa proximité immédiate, la porte Saint-Pierre de la ville est associée à une courtine renforcée formant un mur-bouclier en glacis d’environ 7,50 m d’épaisseur (contre 2 m pour la courtine médiévale initiale). Ce renforcement spectaculaire couvre toute la portion de muraille entre la porte, à l’est, et la tour de la Poudrière, à l’ouest. Celle-ci forme un saillant important, d’un peu plus de 36 m, par rapport au front de courtines du château. À l’intérieur, la courtine supporte manifestement un rehaussement important du terrain destiné à construire une plateforme de plain-pied avec le chemin de ronde des courtines. À l’extérieur, cet ensemble était prolongé par un terrassement plan d’un peu plus de 20 m de long, bordé par le fossé urbain, que franchissait un pont de pierre dont les vestiges ont été observés en 201846 (fig. 6). Ce genre de dispositif conduisant à l’avancement du fossé au-devant des murailles est, là encore, caractéristique des développements de la fortification tardo-médiévale à moderne47. Il se constate sur une assez large assiette géographique, par exemple à Lamballe, en Bretagne, où les murailles de la ville bénéficient, avant 1597, d’un remparement interne et d’un long espace découvert entre le pied des murs et le fossé urbain48.
4. Les fortifications tardives : hypothèses actuelles
4.1. La perspective d’une conception globale
26L’ensemble de données que nous venons succinctement de présenter laisse entrevoir la perspective d’un véritable chantier de mise à niveau des fortifications de Château-Thierry, conçu et mis en œuvre comme un projet global (fig. 7 et 8). En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, les fortifications bastionnées du XVIe siècle ne sont réellement opérationnelles que dans le cadre d’une conception d’un plan de défense collectif très intriqué. Fr. Blary souligne, à juste titre, que le château est l’élément moteur de la mutation des fortifications au Moyen Âge. Il l’est manifestement encore au cours du XVIe siècle49. On identifie deux raisons à cela. La première est d’ordre pratique. Par sa dimension, le château représente à lui seul la majeure partie de la défense nord de l’agglomération. Sa mise à jour est particulièrement sensible pour l’ensemble du système. La seconde est d’ordre économique. Le château est juridiquement indépendant de la ville. Ce sont les seules volonté et ressources de son détenteur qui dictent sa politique de transformation militaire. La commune, par son mode de fonctionnement, pâtit d’une plus grande inertie. Même si elle a vraisemblablement la charge de l’entretien de sa propre défense à l’Époque moderne, elle n’est manifestement pas à l’initiative des plans d’amélioration des fortifications. À l’évidence, elle les accompagne néanmoins, dans le sillage du château.
27C’est le front nord du couple château-ville qui semble le plus concerné par le déploiement d’un programme de modernisation des défenses. Les différents ouvrages attribuables à la période comprise entre le dernier quart du XVe siècle et le deuxième tiers du XVIe dessinent un plan d’ensemble comprenant : une grande tenaille, une petite tenaille commandant la grande, un cavalier régissant le tout. La morphologie des courtines dans ce secteur produit ce que les ingénieurs militaires modernes nomment un « angle retiré »50, c’est-à-dire une portion de front formant un angle rentrant, permettant à une partie d’être flanquée par l’autre. De plus, elle fait face aux principales voies d’accès terrestres et à un large espace dégagé hors-les-murs, le parc du Château.
28Dans le cadre de la fortification bastionnée, la mise en défense d’un « angle retiré » s’effectue en réalisant une tenaille qui consiste en un ouvrage médian assurant le flanquement des angles des deux extrémités et en renforçant celles-ci par un demi-bastion51. Ici, les angles extrêmes correspondent respectivement aux portes de Beauvais, à l’ouest, et Saint-Pierre (ou de la Barre), à l’est. La configuration médiévale de la porte Saint-Pierre et de ses ouvrages connexes permet de l’employer comme s’il s’agissait d’un demi-bastion et justifie à la fois la présence du mur-bouclier frontal et du terrassement interne entre la tour de la Poudrière et le château, créant de facto une plateforme d’artillerie assurant un flanquement rasant vers l’ouest.
29La morphologie finale de la porte de Beauvais n’est pas connue, mais le cadastre napoléonien de 1824 laisse entrevoir une ligne de force dessinée par les parcelles en avant de la porte évoquant le fantôme d’un dispositif en demi-bastion dont l’orillon regarde vers l’est. La distance entre la pointe d’un angle extrême et l’orillon du pseudo-bastion opposé est de l’ordre de 372 à 400 m, ce qui est bien supérieur à la portée efficace de la plus grande pièce disponible à Château-Thierry avant 159152. Néanmoins, la position des ouvrages est suffisante pour assurer un tir croisé au niveau de « l’angle retiré ». Le rôle de l’hypothétique ouvrage occidental dans la grande tenaille est annulé par le bastion de Beauvais qui forme la pointe ouest de la petite tenaille. Il permet d’augmenter la surface de feu croisé avec les ouvrages de la porte Saint-Pierre, améliorant grandement la défense de « l’angle retiré ».
30Vers l’ouest, le bastion de Beauvais bénéficie d’un flanc aménagé spécialement pour la mise en batterie de la grande couleuvrine du château. C’est, au moment du siège de 1591, une construction récente dont la maîtrise d’ouvrage est attribuée à François de la Noue, mais que Comblizy affirme être inachevée, le remparement de terre interne n’ayant pas encore été réalisé53. Enfin, le cavalier de la tour Thibaut commande l’ensemble, juste au-dessus de « l’angle retiré », assurant un surcroît de feu croisé sur le rentrant. Il commande les plateformes des ouvrages de la tenaille et défend l’accès depuis la porte Saint-Jean. En cela, ce cavalier répond à tous les critères attendus pour une fortification de ce type54 et complète donc parfaitement le dispositif défensif septentrional.
31Sur le front oriental de l’agglomération, la portion de murailles entre la porte Saint-Pierre et la tour des Sœurs – nommée « Grosse Tour des Munitions » en 159155 – forme également un « angle retiré » particulièrement aisé à défendre, la Marne verrouillant la partie sud du dispositif. La tour des Sœurs56 est peut-être défendue par un ouvrage avancé en forme de redan, accolé au quartier de la Poterne et couvrant en partie le Jeu d’arquebuse situé sur la contrescarpe des fossés. Son possible écho parcellaire semble persister sur le cadastre de 1824. Les échevins mentionnent une « plateforme » dans ce secteur en 1695, terme qu’ils utilisent aussi pour désigner le bastion de Beauvais.
32La défense du front occidental est rendue plus complexe par la présence du faubourg Saint-Crépin. C’est d’ailleurs par ce front que l’armée de la Ligue parviendra à percer une brèche et prendre la ville en 1591. La description de cet épisode montre que cette section de murailles, située auprès du couvent des Cordeliers, est couverte par les ouvrages du château, d’un côté, et verrouillée par le ravelin de la porte Saint-Crépin, de l’autre.
33La campagne de fortifications tardive de Château-Thierry vise probablement deux objectifs. Tout d’abord, il s’agit d’assurer la défense de « l’angle retiré » du château, donnant sur le fossé Sec et constituant une faiblesse majeure. Le développement d’un dispositif en tenaille, l’accroissement des feux croisés sur l’angle et la mise en œuvre de structures permettant le maintien des défenseurs en poste (tour à latrine sur l’angle rentrant) démontrent l’importance accordée par les maîtres d’ouvrages au renforcement de ce secteur. Ensuite, il s’agit d’améliorer les fronts ouvrant sur les faubourgs, eux-mêmes mal défendus. Il est probable qu’au cours du XVIe siècle, on ait opportunément employé certains travaux réalisés sous Antoine de Bourgogne, comme le cavalier de la tour Thibaut. D’autres ouvrages sont clairement bâtis après celui-ci : les casemates de la porterie Saint-Thibaut, le bastion de Beauvais, le flanc du sire de La Noue audit bastion, etc. Au moment du siège de 1591, les défenses de Château-Thierry ont été grandement améliorées, mais le chantier général reste à parfaire.
4.2. Effacement du paysage urbain
34Paradoxalement, le formidable chantier qu’a dû représenter l’évolution des fortifications de Château-Thierry au XVIe siècle n’a pas laissé de traces à sa mesure. En comparaison des fortifications médiévales, il en a même laissé bien peu. Son effacement est d’abord physique. L’enquête de 1695 dévoile qu’à cette date le système fortifié est dans un état de quasi-abandon. Ses éléments s’érodent sous l’effet d’une lente ruine ou sont activement abattus pour des besoins d’urbanisme localisés. Par leur nature, ces fortifications souvent terrassées, fossoyées ou avancées, revêtant un noyau antérieur, sont grignotées avec l’extension du tissu urbain ou les travaux d’endiguement de la Marne. Elles sont donc les premières à être supprimées, faisant ressurgir concomitamment les vieilles murailles médiévales57.
35Le silence sur cette phase de fortification dans les études historiques est le reflet de l’absence de ses vestiges dans le paysage urbain. Il témoigne également des lacunes documentaires à ce sujet, peut-être imputables à la mauvaise tenue des archives communales, mais aussi au contexte d’instabilité politico-militaire que connait Château-Thierry au XVIe siècle.
36Cette disparition quasi-totale a sans doute incité les quelques auteurs qui ont envisagé l’existence de fortifications tardives à n’y voir qu’une phase négligeable de l’histoire militaire de l’agglomération.
5. Conclusion
37Le bref panorama que nous venons de dresser permet d’envisager l’hypothèse d’un chantier de fortification raisonné, au cours du XVIe siècle, visant à combler les défauts hérités de la configuration médiévale des défenses et à adapter le dispositif à l’usage de l’artillerie à feu. Comme durant toute son histoire, c’est le château qui semble être le moteur de cette mutation des défenses d’agglomération. Détenu par de grands personnages, actifs sur les questions militaires, et dans le contexte des guerres contre le Saint-Empire et des guerres de Religion, le site castral est manifestement renforcé entre 1478 et 1580. Le front nord est l’objet des principales attentions en la matière. La ville suit cet effort de modernisation en améliorant la porte du Pont et en se dotant d’au moins un ravelin à la porte Saint-Crépin et d’une « plateforme » d’artillerie vers la tour des Sœurs. La démultiplication des détenteurs de la châtellenie au cours du XVIe siècle et les aléas dans la conservation des archives communales contribuent sans doute à disperser la documentation concernant le chantier d’extension des fortifications. Les difficultés de gestion par la ville, associées au désintérêt des ducs de Bouillon pour leur château au XVIIe siècle, justifient un abandon généralisé, puis un démantèlement opportuniste aux XVIIIe et XIXe siècles, faisant ressurgir intensément les anciennes murailles médiévales. La redécouverte, au XXIe siècle, de l’existence d’une ultime phase de fortification tardive n’est qu’un premier jalon dans une enquête historique et archéologique qui doit se poursuivre.
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Notes de bas de page
1Blary 2013.
2Blary 2018, p. 106 et 107.
3Blary 2013, p. 347.
4Poquet 1839, p. 323-325.
5Peyran 1826, p. 123.
6Blary 2013, p. 339.
7Voir, ci-dessous, « 3.2. L’apport des textes ».
8Blary 2013, p. 341-345. À l’ouest, le chemin de ronde sur la terrée est nommé « ruelle des Arbalètres ». L’ancien Jeu d’arbalète était entre le pied des remparts près des Cordeliers et la ruelle conduisant aux Chesneaux, répétant une configuration qui peut être vue ailleurs (cf. note 48) (Pommier 1923, p. 103).
9Blary 2013, p. 310.
10Blary 2013, p. 584.
11Bibliothèque nationale de France, Est, C 57 825.
12Bibliothèque nationale de France, Estampes, m. 73 731.
13Tassin 1638, p. 212. Les vues cavalières de Chastillon et de Tassin sont des copies l’une de l’autre, sans qu’il soit toutefois possible de déterminer quel est l’original de la copie.
14Blary 2013, p. 55 et 56.
15Delbarre 1853, p. 9.
16Lecart 1828-1870, Tome 1, p. 240.
17Diagnostics sous la direction de Marjolaine Jouannetaud (rapports en cours).
18Par tradition, on attribue l’arasement de la tour maîtresse du château, son remblaiement et sa conversion en cavalier à Antoine de Bourgogne (Blary 2018, p. 103).
19Beck 1986, p. 119.
20Congar 1961.
21Archives municipales de Château-Thierry, cadastre napoléonien présumé de 1824.
22Blary 2013, p. 53.
23Archives municipales de Château-Thierry, côte Remparts.
24Pommier 1923, p. 90 et Poquet 1839, p. 188.
25Blary 2013, CD-ROM, p. 26.
26Blary 2018, p. 131.
27Blary 2013, CD-ROM, p. 19.
28Bègue 1979, p. 201 et 202.
29Guérin 1876, p. 22.
30Delbarre 1853, p. 8. La compagnie existe en 1548, lorsqu’elle bénéficie de privilèges de la part d’Henri II. Elle remonte probablement au Moyen Âge, sous la forme d’un collège d’arbalétriers bourgeois, comme on en trouve à Senlis, Paris ou Rouen (Pommier 1923, p. 103).
31Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 3980, f°318-320.
32Pape 1790, p. 27-35.
33Guérin 1876, p. 12.
34Pape 1790, p. 28.
35Guérin 1876, p. 12.
36Errard 1622, p. 65-68 et De Ville 1666, p. 168-177.
37Guérin 1876, p. 16.
38Blary 2013, CD-ROM, p. 21.
39Blary 2018, p. 131.
40Blary 2018, p. 126.
41Ces dispositifs ont été mis au jour lors du diagnostic de la rue du Château, dirigé par M. Jouannetaud en 2018-2019 (rapport en cours).
42Blary 2013, p. 214 et 215, et Lecart 1828-1870, Tome 1, p. 45 (voir note 16).
43De Ville 1666, p. 221.
44Ziegler, Jouannetaud 2023, p. 111-114.
45Prégnon 1856, p. 207-214.
46Fouilles préventives et surveillances de travaux des Points d’Apport Volontaires (PAV) enterrés, dirigées par M. Jouannetaud, UACT (opération en cours).
47De Ville 1666, p. 126.
48Guérin 2019, p. 20-22.
49Blary 2013, p. 345.
50De Ville 1666, p. 158.
51De Ville 1666, p. 159-161.
52La pièce manœuvrée sur le bastion de Beauvais est qualifiée de « grande coullevrine » par Comblizy. Il s’agit donc d’une pièce de 16 livres et d’un calibre de 130 mm. Elle fait sans doute partie des quatre principales pièces que l’acte de reddition prévoie comme devant être laissées dans le château (Guérin 1876, p. 16 et 21). Jean Errard donne pour ce type de pièce une portée efficace en tir tendu de 600 « pas communs », soit environ 196 m, pour une portée maximale d’environ 400 m (Errard 1622, livre premier, p. 5).
53Guérin 1876, p. 16. François de La Noue, homme de guerre huguenot, fait partie de l’entourage proche de François de France, duc d’Alençon, à partir de 1573 et jusqu’à son départ pour les Pays-Bas en 1580 : il meurt en 1591.
54De Ville 1666, p. 114-119.
55Guérin 1876, p. 12.
56En 1695, ce segment est déclaré comme occupé par l’Hôtel-Dieu, de fondation royale, mais un mur le sépare de ce dernier.
57Dans le cadre des guerres de la Sixième Coalition, la remise en état de défense du château, en 1814, n’a pas laissé, elle non plus, de vestiges remarquables.
Auteur
Directeur, Unité d’Archéologie de Château-Thierry (UACT)
thomas.guerin@ville-chateau-thierry.fr
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