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Touaregs et autres Sahariens entre plusieurs mondes

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Hélène Claudot-Hawad

Avant-propos

Texte intégral

1“Le politique dans l’histoire touarègue” constituait le thème de la précédente rencontre aixoise de 1992, tentant de cerner les lieux, les espaces, les temps, les formes du politique dans des contextes historiques déterminés. Un constat avait suscité cette réflexion collective, celui de la surévaluation de la parenté pour interpréter les réalités touarègues ; le corrolaire de cette posture théorique impliquait l’inconsistance du “politique”, son inexistence comme sphère autonome ainsi que l’absence d’interrogations et donc de données sur ce champ particulier. Les travaux publiés dans Les Cahiers de l’IREMAM n° 4 se sont efforcés de nourrir une problématique plus ouverte qui, au-delà du modèle parental et tribal, s’est intéressée aux formes, aux sens et aux mutations des relations politiques nouées à l’intérieur comme à l’extérieur de ce monde complexe.

2La nouvelle table-ronde organisée en juillet 1996 dans le cadre de deux institutions, l’IREMAM et l’AFEMAM, a poursuivi cette réflexion en l’élargissant à l’étude plus générale de la construction des relations individuelles et collectives dont les réseaux structurent l’aire saharo-sahélienne. La question concernait aussi bien l’organisation des rapports inter-personnels et interindividuels que ceux des liens inter-communautaires à des échelles différentes — des espaces sociaux les plus étroits aux espaces sociaux les plus larges — orientant l’analyse sur les relations dans et entre les cadres familiaux, tribaux, confédéraux et sociétaux. Les rapports au sein de la hiérarchie sociale touarègue ainsi que ceux entretenus avec les Etats et le nouvel ordre mondial entraient également dans le thème proposé s’intéressant aux variations réciproques des “limites” qui tracent les contours identitaires des divers groupes, à un moment donné.

3Les diverses contributions publiées dans cet ouvrage collectif alimentent cette réflexion sur les “cadastres” mouvants des identités et des espaces sociaux, politiques, économiques et culturels, où s’inscrivent les lignes de continuité et de changement de cette aire saharienne.

4Certains auteurs ont mis l’accent sur les mutations dues à la confrontation, souvent brutale, entre les formations sociales dites anciennes et la modernité étatique. La recomposition de soi s’est alors réalisée non seulement en intégrant des éléments nouveaux mais également en récupérant des traits sélectifs “autorisés” dont la forme a été empruntée à l’ancien registre identitaire (devenu incapable de s’actualiser dans sa cohérence globale), mais dont l’architecture et la signification ont profondément changé.

5D’autres approches mettent en valeur les mécanismes interactionnels qui définissent tout organisme vivant dans un milieu déterminé. Dans cette perspective, les modèles imaginaires qui servent à penser la fabrication de soi et le positionnement pris par rapport à “l’autre”, n’apparaissent ni innés, ni immobiles, mais construits et “en marche” pour reprendre l’expression touarègue.

6Les “figures” d’identité présentées s’expriment dans des registres variés, relevant du domaine linguistique, de la technique, des relations de “genre”, de la construction de la mémoire, des rapports socio-politiques, de la gestion de l’invisible, de la catégorisation de l’inconnu par rapport au connu... La séparation de ces champs qui concernent des réalités disparates n’est pas toujours fondée. En effet, ces sphères apparaissent souvent corrélatives, structurées autour de principes communs qui canalisent les transformations identitaires sans les rendre nécessairement contradictoires. Ainsi, sont dessinées quelques-unes des configurations changeantes de la palette identitaire, dans une approche qui s’est voulue interdisciplinaire et comparative, cherchant à croiser les perspectives et les regards.

7HCH

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