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R2. Réaliser des campagnes d’exploration la production de connaissances nécessitant le développement de technologies adaptées
p. 35-37
Texte intégral
Justification
1L’objectif est la production de connaissances publiques qui viendront combler les lacunes identifiées par l’expertise collégiale et précisées ensuite (voir R1). Les campagnes d’exploration constituent un préalable nécessaire à la fois à la définition d’un politique minière sous-marine et au développement de projets spécifiques d’exploitation. Il s’agit très schématiquement de trouver des zones abritant des dizaines de millions de tonnes d’encroûtements pour un projet d’exploitation sur vingt ans produisant de 4 500 à 10 000 t/an de cobalt (et des métaux associés : par exemple nickel, manganèse, platine, titane…).
2Un des enjeux réside dans une caractérisation approfondie des sites d’intérêt déjà identifiés et donc des avantages comparatifs de ces zones : Kaukura dans la partie ouest des Tuamotu, chaîne de Tarava, partie ouest de la ZEE (nodules).
Horizon temporel
3La réalisation de R2 est tout d’abord affaire de très court terme ; elle s’inscrit aussi dans le long terme, en lien avec les financements engagés et la volonté politique.
4À court terme, avec une campagne ciblée de validation des données existantes sur les encroûtements du secteur des Tuamotu (bathymétrie, prélèvements de croûtes en grande quantité et prélèvements de faune), qui peut être planifiée en un à deux ans. Avec un solide programme d’analyse des échantillons, elle permettra de confirmer le potentiel de la ressource, son exploitabilité, son étendue éventuellement exploitable, d’aborder l’aspect de la répartition spatiale de la biodiversité. Elle décidera et orientera très sensiblement la suite de l’exploration géologique et biologique et de l’évaluation des ressources. Cette campagne est prioritaire.
5À plus long terme (cinq ans), suivant les résultats de la précédente campagne, l’étude des sites et l’évaluation des ressources pourraient être entreprises sur des cibles identifiées. D’autres campagnes de recherches pourraient également être conduites pour l’exploration géologique et biologique d’autres régions de la ZEE, mobilisant et contribuant à l’amélioration des techniques d’exploration.
Propositions d’actions
- Réaliser une campagne de cartographie et surtout de prélèvements systématiques d’encroûtements pour disposer d’un volume d’échantillons suffisant pour l’analyse et la caractérisation géotechnique et métallogénique des encroûtements (une campagne dédiée avec des moyens existants peut être montée rapidement).
- Pour l’exploration, développer un outil de forage et de prélèvement d’échantillons de qualité (carottes, taux de récupération et longueur adaptée aux roches dures) pour mesures de l’épaisseur de l’encroûtement et surtout de sa teneur en métaux par analyses en laboratoire (et/ou par des mesures in situ). Il s’agit là d’une réelle innovation technologique. Il est question de concevoir un système complet qui pourrait instrumenter un ROV4 ; ce système manque aujourd’hui dans la panoplie mondiale des outils d’exploration profonde.
- Lancer une étude conceptuelle du système de ramassage (fragmentation, broyage, enlèvement) en tenant compte des techniques développées pour les amas sulfurés et les nodules (riser et système de ramassage). Pour cela, il faut au préalable disposer d’une bonne caractérisation géotechnique des encroûtements et d’une connaissance la plus précise possible de leur géométrie (épaisseur et extension latérale).
Contraintes et conditions
6Trois points importants :
- Contrainte de temps : la programmation du temps-navire pour réaliser une campagne océanographique peut prendre plusieurs années.
- Condition nécessaire : monter une équipe-projet pilotée par un organisme de recherche.
- Financement : la première campagne devrait logiquement être réalisée dans un cadre service public (type « Extraplac » ou « Zepolyf »).
7Les instances étatiques et les institutions de la recherche doivent jouer un rôle moteur, en bonne articulation. L’ensemble constitue un programme pluri-annuel de campagnes d’exploration de la ZEE de Polynésie française qui peut être monté dans le cadre d’une « stratégie nationale sur les ressources profondes en mer » conforme aux mesures annoncées lors du Comité interministériel de la mer (Cimer) du 22 octobre 2015 concernant « la planification à moyen et long terme d’exploitation des grands fonds marins ». Très en amont, des coopérations peuvent aussi être recherchées dans un cadre européen ou en partenariat avec le privé (industriels) et des organismes étrangers, y compris dans un cadre régional avec les autres îles très dynamiques dans ce domaine, voire avec le Japon.
Articulations avec les autres recommandations
8R2 suppose que la R1 soit réalisée, afin de pouvoir intégrer les nouvelles données dans le système d’information. Ses résultats constituent un préalable à la définition d’une politique minière sous-marine dont le volet recherche et développement technologique est décrit en R5.
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9I-2, III-1 à III-4
Notes de bas de page
4 Remotely Operated Vehicle.
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Les ressources minérales profondes en Polynésie française / Deep-sea mineral resources in French Polynesia
Ce livre est cité par
- Andréfouët, Serge. Adjeroud, Mehdi. (2019) World Seas: an Environmental Evaluation. DOI: 10.1016/B978-0-08-100853-9.00039-7
- Tilot, Virginie. Willaert, Klaas. Guilloux, Bleuenn. Chen, Wenting. Mulalap, Clement Y.. Gaulme, François. Bambridge, Tamatoa. Peters, Kimberley. Dahl, Arthur. (2021) Traditional Dimensions of Seabed Resource Management in the Context of Deep Sea Mining in the Pacific: Learning From the Socio-Ecological Interconnectivity Between Island Communities and the Ocean Realm. Frontiers in Marine Science, 8. DOI: 10.3389/fmars.2021.637938
- Dégremont, Marlène. (2022) LSMPA Sovereignties in New Caledonia and French Polynesia: Territorialities, Alliances and Powers in Oceania. Oceania, 92. DOI: 10.1002/ocea.5331
Les ressources minérales profondes en Polynésie française / Deep-sea mineral resources in French Polynesia
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