Annexe 6. Destinations migratoires par communauté
p. 284-290
Texte intégral
1Les destinations sont représentées dans les cartes suivantes, selon le critère du nombre d’événements de mobilité pour chaque lieu.
2La communauté de San Juan se distingue par l’importance des destinations internationales puisque 77 % des individus ont migré au moins une fois vers l’étranger contre 65 % vers des destinations régionales et seulement 22 % à l’échelle nationale. Située sur la frontière sud, elle est fortement tournée vers le Chili (fig. 1). En termes de distance-temps, la ville chilienne de Calama est plus accessible que les centres urbains d’Oruro et, a fortiori, de La Paz. Par ailleurs, dans cette région, les traditions d’échanges économiques, sociaux et culturels avec le littoral chilien, province bolivienne jusqu’à la fin du XIXe siècle, sont très anciennes. Parmi les cinq communautés, c’est aussi celle où la migration vers l’Argentine est la plus prégnante (Buenos Aires et Mendoza) même si, depuis la crise économique qui a frappé ce pays en 2001, les flux migratoires se sont réorientés vers le Chili ou les proches localités boliviennes.
3L’aire des destinations migratoires de Palaya (fig. 2), communauté située le plus à l’ouest de notre zone d’étude, également en position frontalière avec le Chili, est structurée par deux axes. À l’échelle régionale, qui reste l’aire préférentielle des flux migratoires pour 83 % des migrants (contre 28 % hors de la région et 39 % à l’étranger), la localité très proche de Llica et celles du département de Potosí (Uyuni, Tupiza) constituent des pôles migratoires privilégiés. Cette tendance est liée au fait que cette zone en Bolivie a bénéficié très tôt d’une politique d’éducation. Dès lors, plusieurs membres de la communauté de Palaya sont des professeurs ruraux qui partent résider sur leur lieu de travail soit dans le bourg de Llica, soit dans des zones rurales un peu plus éloignées. De même qu’à San Juan, le deuxième axe de polarisation est le Chili où les populations partent depuis longtemps notamment pour travailler dans le secteur agricole de l’oasis de Pica ou bien à Iquique. Enfin, située à l’extrême ouest de l’Altiplano sud, Palaya est la seule communauté où aucun migrant n’a cité l’Argentine comme lieu de destination.

Figure 1. Destinations migratoires entre 1955 et 2008 des migrants de San Juan (40 individus, soit 131 événements migratoires recensés).
Source : élaboration propre, entretiens 2007-2008, en collaboration avec S. Coursière

Figure 2. Destinations migratoires entre 1947 et 2008 des migrants de Palaya (18 individus, soit 59 événements migratoires recensés).
Source : élaboration propre, entretiens 2007-2008, en collaboration avec S. Coursière

Figure 3. Destinations migratoires entre 1934 et 2008 des migrants de Chilalo (31 individus, soit 98 événements migratoires recensés).
Source : élaboration propre, entretiens 2007-2008, en collaboration avec S. Coursière

Figure 4. Destinations migratoires entre 1938 et 2008 des migrants d’Otuyo (25 individus, soit 63 événements migratoires recensés).
Source : élaboration propre, entretiens 2007-2008, en collaboration avec S. Coursière

Figure 5. Destinations migratoires entre 1948 et 2008 des migrants de Candelaria (25 individus, soit 95 événements migratoires recensés).
Source : élaboration propre, entretiens 2007-2008, en collaboration avec S. Coursière
4Les communautés de Chilalo et d’Otuyo (fig. 3 et 4), dans la zone Intersalar, ont en commun d’avoir une aire de destinations migratoires plus restreinte puisque la migration internationale y est la moins représentée (respectivement 29 % et 12 % des migrants). Chilalo est la communauté dont l’extension de l’aire migratoire en Bolivie est la plus réduite (84 % des migrants ont migré à l’échelle régionale contre 45 % en dehors de la région), et en particulier dans des localités relativement proches d’Uyuni, Atocha ou Oruro. Comme l’indique la figure 3, le Chili y devient une destination attractive au cours des dernières années depuis qu’une nouvelle filière s’est mise en place grâce à l’installation d’un membre de la communauté dans la ville d’Iquique. L’aire des migrations à Otuyo, à l’inverse, a une extension plus élargie en Bolivie (56 % des migrants ont migré dans la région et 80 % en dehors), avec des flux préférentiels vers la ville de La Paz.
5Candelaria est un cas très différent. L’aire de destinations des migrants (fig. 5) est très dispersée, surtout à l’échelle régionale (85 % contre 52 % hors de la région et 40 % à l’étranger). Les populations de Candelaria sont des mineurs de longue date et, de fait, leurs trajectoires de mobilité résidentielle épousent les contours de la géographie minière du pays, notamment dans les départements d’Oruro et Potosí. La polarisation sur les centres urbains de Cochabamba ou les plaines tropicales correspond à la relocalisation des mineurs qui ont participé à la colonisation agricole de l’Oriente dans les années 1960, phénomène qui a drainé une partie des populations boliviennes vers les plaines de l’est de l’Alto Béni et de Santa Cruz (CODEPO, 2004 ; Blanchard, 2005).
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