La modélisation « libérée »
p. 194
Résumé
Les nouvelles approches de modélisation et simulation informatiques permettent d’évaluer par des expérimentations virtuelles les conséquences de décisions politiques, de catastrophes naturelles ou de mesures sanitaires. Mais elles restent souvent l’affaire d’experts en informatique, parfois très déconnectés des réalités de terrain.
Texte intégral
1En 2006, au Vietnam, une équipe travaille sur la simulation d’une épidémie de grippe aviaire. L’objectif est alors de visualiser la propagation du virus H5N1 entre les villages et de saisir l’impact des décisions politiques sur le cours de l’épidémie. L’équipe découvre alors que la propagation observée des épidémies de grippe aviaire ne peut être simulée que si le virus est capable de survivre dans l’eau et pas seulement dans les populations d’oiseaux sauvages. Une condition dont la véracité est confirmée par des études de laboratoire, prouvant l’intérêt d’une approche que l’équipe appliquera plus tard à la gestion des secours en contexte de catastrophe naturelle.
Modélisation de la crue du Fleuve Rouge à Hanoï.

© IRD
2Un changement de problématique et d’applications qui incite les chercheurs à trouver une forme de généralisation commune aux différents types de phénomènes étudiés. Ils décident ainsi de créer un logiciel tout-terrain capable de modéliser une gamme potentiellement infinie de phénomènes dynamiques grâce à la programmation d’objets informatiques appelés « agents », dans des domaines aussi variés que l’épidémiologie, l’évolution de l’occupation des sols, la gestion des ressources partagées ou encore la mobilité́ urbaine.
3En 2010, ils mettent en ligne GAMA (http://gama-plaform.org), un logiciel libre de modélisation et de simulation des phénomènes spatialisés. Il fonctionne avec un langage unique et intuitif, GAML, imaginé spécialement par l’équipe pour être manipulé facilement par des non-experts. Pour les chercheurs, il s’agit de rendre accessible au plus grand nombre la modélisation et de démocratiser cette approche par modèles, en offrant en particulier des outils de visualisation permettant de réaliser des analyses poussées des phénomènes simulés, que ce soit sous forme de cartes animées, de représentations réalistes en 3D ou de jeux sérieux, dans lesquels des agents artificiels sont remplacés par des individus bien réels capables d’interagir avec la simulation. GAMA est aujourd’hui utilisé par environ 2 000 modélisateurs dans le monde.


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