Optimiser les savoirs agricoles

1C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures, et dans les pratiques ancestrales que l’on peut puiser pour imaginer les techniques agricoles de demain. Tel est l’esprit des grands programmes « jachère » conduits dans les années 1990 par l’IRD dans des pays sahéliens touchés par la désertification, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso. L’idée ? Recenser les pratiques agricoles traditionnelles et les optimiser pour répondre aux besoins de la croissance démographique.

Cordon pierreux contre l’érosion, Gabon.

2Au Burkina Faso, les chercheurs ont ainsi étudié de près le zaï, une technique grâce à laquelle les paysans parviennent à revégétaliser de façon spectaculaire une terre sèche. Elle consiste à quadriller le sol avec des petites rigoles et à ne planter qu’au croisement de ces traits. Ce qui permet de travailler la terre de façon ciblée, en apportant de l’eau et de la matière organique juste à l’endroit où la plante pousse. Les chercheurs ont optimisé cette pratique en ajoutant des bactéries ou des champignons capables de désagréger la matière organique et donc de libérer plus rapidement les nutriments utiles pour la plante.

Chenal d’irrigation, Niger

3Une autre approche a été d’utiliser les termites comme engrais biologique en leur faisant dégrader les résidus de cultures. La poudre ainsi produite a par exemple permis de faire pousser des plants de tomates au Burkina Faso. Les chercheurs ont en outre développé des techniques de régénération naturelle assistée pour faciliter la pousse de nouveaux arbustes sur les terres cultivées ; et empêcher le vieillissement des populations d’arbres, qui constituent à la fois des havres de biodiversité et des protections naturelles contre l’érosion hydrique et éolienne. Ces différents savoirs ont été valorisés par le Comité scientifique français de la désertification, et repris dans le cadre du projet « Grande muraille verte » lancé en 2008.