Sonder la face cachée des séismes
p. 110
Résumé
Dans des zones de subduction, 80 % de l’énergie sismique est libérée en mer, parfois à proximité de côtes très peuplées comme sur le pourtour de l’océan Pacifique. D’où l’intérêt de mesurer précisément l’activité sismique dans ces zones vulnérables.
Texte intégral
1Les grands séismes n’ont pas lieu n’importe où. Ils surviennent surtout dans les régions péripacifiques, dites « de subduction », comme au Japon, au Chili, en Indonésie ou au Vanuatu. Cette dernière zone est étudiée dans les années 1970 par des sismologues de l’Orstom qui se heurtent alors à un problème trivial : dans cette partie du monde, il n’y a pas assez de terres émergées pour poser leurs appareils de mesure.
2Ils s’associent alors à une équipe de l’université du Texas, à Austin, qui développe des sismomètres sous-marins autonomes. Une petite prouesse technique car ces instruments enregistrent une très grosse quantité de données, données qui ne peuvent être transmises à travers la colonne d’eau et qui doivent être stockées sur place jusqu’à ce que les chercheurs les récupèrent… ce qui nécessite des batteries très performantes. En outre, comme ces appareils sont posés au fond des mers, ils doivent à la fois supporter la pression et pouvoir être remontés à la surface pour livrer leurs informations. Par bien des points, les sismomètres sous-marins ressemblent donc plus à des robots que leurs analogues terrestres.
3Après avoir testé les prototypes américains, les chercheurs commencent à développer leurs propres instruments dont le dernier né, actuellement en cours de test au large de Nice, est équipé de batteries au lithium et dispose d’une autonomie d’au moins trois ans. À titre de comparaison, les générations précédentes, utilisées actuellement en recherche, ont une durée de vie de six mois. L’IRD en possède quarante. Déployés en réseau, ils ont permis de connaître la géométrie précise de la zone de subduction du Vanuatu. En Équateur, ils ont été utilisés pour suivre les répliques du grand séisme de 2016 et mieux comprendre le transfert des contraintes tectoniques, notamment vers la frontière colombienne, lieu potentiel d’une future rupture sismique.
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